Les poèmes de 1870 d'Arthur Rimbaud sont au programme du baccalauréat de français pour quelques années. L'année passée déjà, du moins l'année scolaire passée, Adrien Cavallaro faisait un conférence en liaison avec ce programme qui était disponible en vidéo sur Youtube. Cette fois, il s'agit d'une émission radio où il est invité avec une enseignante et où il répond à diverses questions d'une journaliste.
Je vais aller droit dans le vif du sujet. Je n'ai pas envie d'y mettre les formes : une suite décousue de remarques qui vont à l'essentiel vaudra mieux que des développements soporifiques.
Le vers "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" est cité en introduction et c'est même le prétexte à une réponse de l'enseignante dont le nom s'écrit avec un "-d", et pas avec le t de "Favart". Elle parle aussi d'identification du lecteur au personnage de "dix-sept ans" du poème.
Il y a déjà deux problèmes qui se posent.
Certes, les lycéens peuvent considérer que Rimbaud avait à peu près leur âge, mais j'aurais plutôt cité "Sensation", "Credo in unam", "Au Cabaret-Vert" ou bien "A la Musique". Le poème "Roman" décrit un mauvais poète, un piètre amoureux, nettement persiflé par les vers de Rimbaud, et le vers : "On n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans" n'est pas un propos naturel dans la bouche d'un adolescent. Comme l'a souligné Christophe Bataillé, ce n'est pas un adolescent qui prend du recul et va naturellement s'exclamer : "ah la la qu'on n'est pas sérieux quand on a dix-sept ans". Justement, s'il n'est pas sérieux, il n'aura pas ce recul. Si l'adolescent connaît cette formule, c'est parce qu'elle lui est rabâchée aux oreilles par les personnes d'âge mûr. On a une lecture traditionnelle de ce vers qui est un contresens puisqu'on lit ce vers comme une revendication de jeunesse désinvolte. Mais le poème est tout autre : un poète distant raconte l'aventure d'un jeune de dix-sept ans assimilé au lecteur et non au poète et la conclusion est plutôt une condamnation de ce manque de sérieux. Le manque de sérieux du personnage a été tourné en dérision. Et si Rimbaud peut revendiquer un manque de sérieux, son modèle est plutôt le moi du jeune dans "A la Musique" que celui du "vous" dans "Roman".
Le poème est mal choisi, le slogan est interprété à contresens.
Il y a un deuxième problème qui s'y enchâsse, c'est celui de l'identification du lecteur. Certes, le vouvoiement tend à légitimer ce propos. Mais... mais... mais... Dans le poème, l'identification est clairement posée comme celle du lecteur au personnage : "Vous êtes..", alors que dans la lecture qu'on en impose traditionnellement ce serait Rimbaud qui se mettrait à distance dans ce "vous", et le lecteur s'identifierait à ce personnage pris comme une projection de Rimbaud. Or, le concept d'identification du lecteur est en réalité un concept moderne qui ne correspond plutôt à la littérature commerciale pour la jeunesse. Rimbaud ne pensait pas du tout son poème à partir de ce concept d'identifcation du lecteur, et il avait raison, parce que ce concept n'a aucun sens. J'ai moi-même découvert les poésies de Rimbaud quand j'étais adolescent et j'ai lu en classe de troisième au collège le poème "Roman". Jamais je ne me suis identifié au héros du récit. C'est un concept anglo-saxon tout pourri le concept d'identification au personnage principal d'un récit, ça n'a aucun sens. Le héros peut être de mon âge, peut être vieux, peut être jeune, je ne m'identifierai que si son histoire me rappelle la mienne. Certes, si on a envie de se rêver une autre vie, on va, mais après la lecture, en-dehors de la lecture, imaginer des suites où on s'implique, on va se mettre dans la peau du personnage et imaginer comment on réagirait, et cette fantaisie de projection est plus propre aux adolescents qu'aux lecteurs d'âge mûr. Mais, là, dans "Roman", vous en connaissez beaucoup des lecteurs qui, à un quelconque moment de leur vie, se sont identifiés à un jeune de dix-sept ans qui voit une fille au bras de son père, qui lui écrit des sonnets et qui sans s'expliquer retourne boire dans les cafés ? Qui s'identifie au personnage du poème ? Et comme les filles sont majoritaires dans les lycées, laquelle s'identifie à la jeune demoiselle qui fait trotter ses petits bottines ?
Non, mais il faut arrêter le sketch. Arrêtez avec cette théorie du lecteur qui s'identifie au personnage principal, voire au personnage principal de son genre sexuel, ou au personnage principal qui témoigne avoir son âge ! Arrêtez ça !
J'ajoute que les contextes adolescents n'ont rien à voir. Les jeunes actuellement ont un rapport décomplexé à la sexualité qui n'a déjà pas beaucoup à voir avec celui de leurs grands-parents ou arrière-grands-parents, et là on se trouve dans la société corsetée de 1870 avec un émerveillement pour une femme à ombrelle, ou pour une jeune fille au bras de son père... Pourquoi nous pondre que ça va parler aux adolescents actuels ? ça n'a aucun sens.
Il en ira différemment des idées de fugue et de révolte, mais "Roman" est vraiment un mauvais point de départ pour ce développement sur des préoccupations adolescentes où le lecteur va pouvoir se retrouver à la lecture des poésies de Rimbaud. Il vaut mieux faire parler les intuitions plutôt que de se raccrocher à la mention explicite des "dix-sept ans" dans un poème...
Parler de ce qu'un adolescent va ressentir à la lecture de "Sensation", de "Au Cabaret-Vert", de "Ma Bohême", de ce qu'en fait de révolte la remise en cause de la parole d'autorité donne comme exemple dans "Morts de Quatre-vingt-douze..."
Je passe sur la séquence très cliché : "belle sincérité", "sincérité éprouvée", "sincérité préparée". Nous avons alors l'amorce d'un sujet de débat qui revient à quelques reprises dans l'émission : jusqu'où peuvent aller les élèves à l'oral ? En réalité, ils vont recracher des lectures faites en classe, et la manière d'appréhender Rimbaud sera un reflet nécessaire de celle de l'enseignant qu'ils auront eu en classe. Ce sera un reflet des interprétations du professeur de lycée ou des quelques lectures admises par les ouvrages édités autour du programme du Bac, mais ce sera un reflet aussi de ce qu'ils sont capables de faire quand ils analysent un texte. Les lycéens auront un niveau d'étude des rimes assez limité, ils n'auront aucune science approfondie dans l'étude des strophes, leur étude des rejets et contre-rejets à l'entrevers seront faibles et surtout inexistantes à la césure. Ils ne savent déjà pas spontanément identifier les hémistiches, puisqu'on leur a toujours enseigné que l'alexandrin est un vers de douze syllabes. Et, évidemment, plus loin dans cette émission radiophonique, la question va se poser des sources aux poèmes de Rimbaud, et la journaliste va se demander dans quelle mesure les élèves peuvent parler des sources aux poèmes de Rimbaud, puisque c'est à peine explicité qu'ils n'ont pas lu les poésies de Victor Hugo, de Banville et bien d'autres poèmes plus obscurs encore...
Les lycéens maîtrisent une liste de figures de style, ils maîtrisent les registres en principe, ils ont une capacité à traiter de pour dire vite la psychologie que supposent les énoncés. Ils peuvent dire des choses intéressantes sur les thèmes en jeu et les traits d'esprit. Quant à l'analyse des effets littéraires au sein des formes grammaticales déployées, elle sera dérisoire, et ne sera pas facilitée par une méconnaissance évidente des termes adéquats pour en parler.
Cavallaro répond à son tour à la même question sur l'intérêt pour des élèves de lycée d'étudier les poésies de Rimbaud en classe. Mais, s'il y a déjà un défaut d'identification à des situations amoureuses codées du dix-neuvième siècle, de quelle identification parle-t-on ? Sans redoublement, un élève de classe de première a entre seize ans et demi et dix-sept ans et demi au moment où il passe l'épreuve de français en juin/juillet. Il est confronté à la lecture d'un poète un an plus jeune : Rimbaud avait entre quinze ans et demi et seize ans quand il a composé tous ces poèmes, et ces poèmes témoignent d'une maîtrise de la langue et des règles de versification qui dépasse de très loin ces jeunes. Comment faites-vous pour croire un seul instant que l'identification va de soi ?
Evidemment, ne pensez pas que puisque l'identification ne va pas de soi il faut renoncer à enseigner Rimbaud : le problème, c'est que vous mettez cette idée d'identification des lycéens au cœur de votre enseignement. Certes, les lycéens seront persuadés à vie que ça marche et ils auront une représentation mentale à ce sujet, mais en réalité c'est du pipeau complet sans aucun recul critique.
Cavallaro parle ensuite de la figure de Rimbaud à partir de la photographie de Carjat qui accroît la beauté naturelle du visage de Rimbaud qui passe alors de plutôt beau à très beau, image qu'on peut trouver sur des chemises à manches courtes. Heu ? Pourquoi pas son effigie sur une bouteille de coca-cola tant qu'on y est, la bouteille de coca-cola illustrée chez Monsieur Hachette ? Oui, les lycéens ont pour la plupart des physiques ingrats et sont préoccupés par les changements dans leur corps, ils vont se demander quelle serait leur vie s'ils avaient la beauté affichée par cette photographie : en quoi cela pourrait-il leur être utile ? Super, le renvoi à la poésie de Rimbaud ! Super !
En réalité, cette photographie détourne de la poésie, parce que si vous lisez un poème torride de Victor Hugo : "Elle était déchaussée...", est-ce que vous avez moins d'effets comme l'ont les adolescents qu'à la lecture de "Roman", "Au Cabaret-Vert", etc. Vous vous perdez dans une croyance stérile en l'identification de la jeunesse en Rimbaud. C'est du pipeau complet.
Nous passons ensuite à la question de l'établissement des textes, elle est amenée par une question peu claire avec la mention "bibliographie" qui ne me paraît pas appropriée. Il s'agit de la question de la délimitation de recueils factices dans les poésies de Rimbaud. Je me permets de faire remarquer qu'en 2010 sur le blog "Rimbaud ivre", j'ai publié un article conséquent "La Légende du Recueil Demeny" où j'ai démenti les travaux de Pierre Brunel et de Steve Murphy qui imposaient l'idée que Rimbaud avait remis une espèce de recueil à Demeny à des fins de publication, article sur lequel les rimbaldiens et notamment la revue Parade sauvage ont observé le plus profond silence. Quelques années plus tard, certes avec l'excuse d'avoir été un étudiant sous la direction d'André Guyaux qui ne défendait pas non plus l'idée d'un recueil en 1870, Cavallaro qui travaille avec les intervenants de la revue Parade sauvage, notamment dans le Dictionnaire Rimbaud de 2021 qu'il a codirigé, va bientôt éditer les poésies de Rimbaud et je vois qu'il place plein de jalons pour dire que "Le Cahier de Douai" n'est pas un recueil avec des arguments et un recul critique qui sont une portion de ce que j'ai développé avec rigueur dans mon article de 2010./ Je rappelle que dans le cas de l'Album zutique, on se plaît à attribuer la mise au point sur la chronologie des contributions à Bernard Teyssèdre, alors même que le livre de Teyssèdre cite en bibliographie l'article que j'ai produit avant le sien, un article paru dans la revue Rimbaud vivant. Avec sans-gêne, les universitaires de la revue Parade sauvage passent leur temps à attribuer les mises au point à Teyssèdre. Prenez le livre La Littérature à l'ombre, Sociologie du Zutisme paru aux Classiques Garnier en 2012. Son auteur, Denis Saint-Amand, professeur d'université dans ma ville natale, Namur, est devenu le codirecteur de la revue Parade sauvage peu d'années après. Le livre est assez mince, il se finit à la page 166, puisque nous n'avons qu'une double page blanche ensuite qui colle à la troisième de couverture. Le livre est divisée en quelques parties : "préface" et "prélude", puis surtout "Genèses d'une clique" pages 23 à 68, "Une dissidence conviviale : vie du Zutisme" pages 69 à 92, "L'Album zutique" pages 93 à 148, "Les clystères de Paris", "Bibliographie" et "Index".
Prenons l'Index. Si nous écartons les mentions de personnes du XIXe siècle, de personnalités du XXe, voire des chercheurs ou universitaires qui forcément furent liés à la découverte et à la diffusion originelle de l'Album zutique, vous avez une liste très fermée de critiques rimbaldiens qui sont cités, sachant qu'il faut écarter aussi des universitaires non rimbaldiens, notamment le préfacier Jacques Dubois lié à la formation universitaire de Saint-Amand. Parmi cette poignée de critiques rimbaldiens, peu d'entre eux sont cités au point que leur soit consacrée plus d'une ligne dans l'Index. Vous avez un tout petit nombre de personnes et je suis le premier à défiler : Ducoffre David, deux lignes pour dix renvois de pages. Vous avez ensuite Daniel Grojnowski mais pour seulement quatre renvois. On peut laisser de côté la mention de Lefrère en tant qu'il était le biographe de référence, trois lignes pour seize renvois de pages. Vous avez ensuite Steve Murphy : quatre lignes pour vingt-cinq renvois. Pakenham est un peu particulier à citer, puisqu'il est lié à l'époque de diffusion originelle de l'Album zutique. Si nous l'incluons, trois lignes d'index lui sont consacrées pour vingt renvois. Il y a enfin le nom de Bernard Teyssèdre qui a droit à deux lignes pour huit lignes. Seul Steve Murphy et Michael Pakenham sont plus en relief que moi selon cet Index où je ne recense bien sûr pas les mentions de Rimbaud, Valade ou Verlaine eux-mêmes. J'ai laissé de côté les trois lignes consacrées à Pascal Pia pour seize renvois, puisqu'il est cité parmi les découvreurs pour dire vite du manuscrit.
Mais, attardons-nous sur les renvois qui me concernent : 19, 93, 106, 107, 110, 111, 114, 119, 125, 134.
On retrouve une méthode que j'ai constatée chez d'autres rimbaldiens : citer tardivement un rimbaldien. Mais ici, il ne s'agit pas exactement de ne citer quelqu'un que quand une aura sur ce qu'il y a à dire d'important a déjà été mise en place. Le fait important, c'est que j'ai été évincé des deux premières parties : "Genèse d'une clique" et "Une dissidence conviviale : vie du Zutisme". Vous me direz que ce n'est pas un problème, je suis plus nettement reconnu comme un spécialiste de l'analyse des contributions elles-mêmes, puisque je suis cité massivement dans la seule partie intitulée : "L'Album zutique". Mais attendez, il faut aller voir ça de plus près.
A la page 19, je suis cité dans une note de bas de page et je suis pris dans une énumération de rimbaldiens sinon verlainiens : Aroui, Ascione, Bernadet, Chambon, Claisse, Ducoffre, Lefrère, Murphy, Pakenham, Reboul, Rocher, Teyssèdre et Whidden. Notez que cette fois Grojnowski n'est pas mentionné. Mais, dans l'index, le verlainien Bernadet sur une ligne a trois renvois, Aroui, Ascione, Claisse et Reboul n'en ont que deux, Rocher a une ligne de quatre renvois, Chambon a droit à trois renvois, et Whidden est un peu le cas particulier puisque même s'il n'a qu'une ligne d'Index il a droit six mentions, mais trois (17, 19, 20) dans l'introduction intitulée "Prélude", sachant que Whidden était un codirecteur de la revue Parade sauvage avant l'arrivée de Saint-Amand et que Whidden est surtout cité parce qu'ayant dirigé un volume collectif sur l'Album zutique, plutôt que pour ses analyses mêmes.
Passons aux mentions qui vont des pages 93 à 134, toutes comprises dans la partie sur "l'Album zutique". Je suis cité dans le texte et en note à la page 106, puis exclusivement dans les notes de bas de page avec une exception à la page 119. J'y vois une pratique assez discrétionnaire vu la masse de découvertes que j'ai pu faire, y compris avant 2012, au sujet de l'Album zutique. Dans la Bibliographie, Saint-Amand recense cinq de mes articles. Je remarque que les deux mentions de Chevrier ne concernent pas les sonnets en vers d'une syllabe. Mais passons au cas de mentions de Teyssèdre. Il est finalement assez peu cité pour son "imposant essai", et quelques mentions sont simplement faites en passant, ainsi à la page 17. Teyssèdre est mentionné dans la partie "Genèse d'une clique" dont je suis exclu, pages 25, 30 et 35. Le passage important est à la page 30. Alors qu'il recense mon article de la revue Rimbaud vivant dans sa bibliographie, et alors que cet article est référencé dans le livre de Bernard Teyssèdre, voici ce que permet d'écrire Denis Saint-Amand, futur codirecteur de la revue Parade sauvage à cette page 30, dans le texte principal et en note. Voici d'abord, ce qui est écrit dans le développement même de l'ouvrage :
[...] Bernard Teyssèdre a proposé de reculer la date de naissance du Cercle au quinze octobre, en se fondant en partie sur un témoignage d'Henri Mercier recueilli par Rodolphe Darzens[1] : la démonstration du chercheur, à l'image de celles qu'il propose ponctuellement concernant chacun des poèmes rimbaldiens copiés dans l'Album, est aussi brillante que passionnante, qui présente un puzzle cohérent fondé sur une admirable "méthode contextuelle", et seul le doute qui entoure certaines des sources à partir desquelles elle se met en place impose qu'on garde à l'esprit son statut hypothétique.
La note [1] développe l'analyse du témoignage de Mercier en attribuant la découverte à Teyssèdre. Saint-Amand, largement à tort, est sceptique quant à la conclusion qui s'impose. Mais, le problème, c'est que ce que s'attribue Teyssèdre, c'est ce que j'ai dit en toutes lettres dans mon article paru dans la revue Rimbaud vivant où j'ai appuyé sur la date à laquelle Charles de Sivry est sorti de Satory qui coïncide avec l'emplacement de son intervention zutique à proximité d'une mention de date et c'est moi et moi seul qui ai découvert que selon le témoignage de Mercier Rimbaud n'avait pas connu le docteur Antoine Cros avant le mois d'octobre. Teyssèdre a pillé mes découvertes, avec d'autant plus d'effronterie qu'un aveu implicite figurait dans la bibliographie. J'ai constaté à plusieurs reprises, et malgré certains courriels de ma part pour obtenir des explications, que les rimbaldiens se complaisent à couvrir cette captation de découverte critique. Teyssèdre était un imposteur et son ouvrage a été écrit à plusieurs, avec implication de Jean-Jacques Lefrère, expert en photographies sur son temps libre.
Bernard Teyssèdre est encore une fois cité pour sa "méthode microcontextuelle" en note au bas de la page 131. J'ai dénoncé les errements de la méthode dans un article paru dans les actes du colloque Les Saisons de Rimbaud, montrant que Teyssèdre suivait trop aveuglément l'ordre de défilement des poèmes en colonnes sur les pages de l'Album zutique. Teyssèdre n'a pas appliqué une méthode sienne, il a plagié mes découvertes et il a imité mon approche sur quelques points où effectivement il a tenu des considérations inédites. Lefrère, Teyssèdre et d'aut'res qui ne veulent sans doute pas être nommés avaient compris l'importance de mes propos sur la chronologie des contributions, mon antériorité étant indiscutable au plan des publications, puisque Teyssèdre cite l'article où j'ai l'antériorité dans son essai lui-même.
A la page 125, en note de bas de page, Saint-Amand cite mes interventions sur le blog "Rimbaud ivre": "différents billets publiés sur le blog de Jacques Bienvenu". en évoquant des réflexions que j'avais sur la chronologie des contributions et précisément au sujet de l'intervention de Charles de Sivry dans l'Album zutique, je supposais simplement que Charles de Sivry pouvait se moquer du titre "Fais ce que dois" de la comédie de Coppée avant même sa première, puisque la pièce était attendue, et j'ignorais à l'époque que le texte de la comédie "Fais ce que dois" avait été publiée dans Le Moniteur universel en octobre 1870, découverte que j'ai faite par la suite. Mais, si Saint-Amand sait le rôle que j'ai joué au sujet du témoignage de Sivry dans la chronologie des contributions zutiques, pourquoi attribue-t-il cela à Teyssèdre à une autre page de son livre ?
Fin de la digression : on en revient au problème présent. Cavallaro parle de ses doutes sur l'assimilation des poèmes remis à Demeny à un recueil, sans parler de la cause de cette erreur avec l'assimilation erronée à un "cahier" au début du vingtième siècle, et surtout sans parler de mon article paru sur le blog Rimbaud ivre : "La Légende du Recueil Demeny". Même si cet article était cité sur le présent blog, on comprend que cela pose problème de ne pas le citer, puisqu'un chercheur s'attribue alors la paternité de raisonnements. Certes, les cadres ne s'y prêtent pas avec l'émission radiophonique, le cadre de l'Education nationale qui ne partage certainement pas l'esprit de révolte d'un Rimbaud, etc. Mais je suis très curieux de la suite, d'autant que quelque part mon article de 2010 a quelques défauts si je ne m'abuse. Par exemple, il y a un gros doute sur le fait que Rimbaud ait remis les quinze premiers feuillets en septembre et les sept sonnets dits du "cycle belge" séparément en octobre. La thèse de Guyaux d'un ensemble remis en une seule fois a des arguments de poids : le témoignage d'izambard en faveur de transcriptions lors du second séjour, le problème de déterminer si Rimbaud se baladait avec tous ses manuscrits quand il a été incarcéré à Mazas, d'autant que contrairement à la seconde fugue, on ne sait pas si son départ du foyer maternel est pensé comme définitif, etc. Il y a surtout le cas compliqué du poème "Rages de Césars" si jamais comme l'envisage avec pertinence Ascione dans l'édition du centenaire dirigée par Borer Rimbaud fait allusion à l'incendie du 14 octobre 1870 du château de Saint-Cloud par les prussiens, ce qui voudrait dire que des poèmes du premier ensemble manuscrit ont été composés après le 14 octobre et sont contemporains de sonnets dits du cycle belge. Mieux encore, "Rages de Césars" peut être postérieur à certains sonnets du "cycle belge" et on pense à "Rêvé pour l'hiver" daté peut-être fictivement du "7 octobre". Voilà, vous venez de lire un argument inédit...
Dans cette émission radiophonique, on parle de "chercheurs"... C'est quoi un chercheur si la critique universitaire décide pour des raisons de convenances sociales de taire les travaux de rimbaldiens considérés, et pas toujours à bon droit, comme sulfureux ? Dans mon ancien article, il y a aussi un autre doute sur l'insertion du "Dormeur du Val" dans l'ordre initial remis à Demeny, mais peu importe.
Continuons !
Je constate que Cavallaro parle du témoignage d'Izambard sur les versos qui demeurent vierges, sujet que j'ai traité à fond et avec plusieurs arguments cumulés pour démentir l'apparence d'un recueil, j'ai aussi expliqué qu'Izambard en disant "pour être imprimés" ironisait sur son élève, qu'il y avait donc du second degré, et que justement il ne parlait pas de recueil.
Notez aussi qu'il existe un doute sur le fait que les sept sonnets du cycle belge aient été transcrits après les quinze autres feuillets. Ils peuvent avoir été transcrits avant. Rimbaud a pu rédiger d'abord pour Demeny les sept sonnets récents, puis se lancer dans le recopiage de poèmes plus anciens. Cela serait plus en phase avec le témoignage d'Izambard puisque Rimbaud écrit sur les versos des quinze feuillets opposables au cycle belge et finit même par utiliser le crayon à défaut d'encre...
Je note que Cavallaro n'envisage pas du tout de telles hypothèses, pas plus qu'un quelconque rimbaldien, fût-ce pour les répudier par une contre-argumentation.
Je suis très curieux de voir les expertises à venir des rimbaldiens sur les poèmes remis à Demeny. Les arguments que j'accumule, ils vont les redécouvrir indépendamment de tout ce que j'écris ici ?
Je constate aussi que Cavallaro parle la langue de bois : "on ne peut pas l'affirmer". Il met en doute qu'il y ait un recueil, mais il ne va pas jusqu'à affirmer que ce n'en est pas un. Normal, il ne mobilise pas tous les arguments. Mais pourquoi il ne prend pas un argument massue pour faire tomber l'idée. Dans son témoignage, Izambard ne parle pas de recueil. L'ensemble n'est pas paginé alors que tout peut se mélanger en tant que feuillets volants. Rimbaud signe au bas de plusieurs poèmes, ce qui ne correspond pas à la confection d'un recueil. Rimbvaud parle de "vers" et non de recueil dans sa lettre de juin 1871 à Demeny.
En écoutant cette émission, je ne peux accorder aucune autorité d'expert à Cavallaro, strictement aucune, je ne vois qu'un discours diplomatique. Il a la conviction visiblement que ce n'est pas un recueil, mais il ne domine pas le sujet. Ou il s'interdit de le dominer...
On passe ensuite aux thèmes de cet ensemble.
Notons que la journaliste revient sur le sujet précédent en demandant à l'enseignante si l'élève doit parler ou non des intentions de publication, et l'enseignante répond avec bon sens et mesure évidemment, en soulignant que si on en parle ça doit être motivé, justifié, et cela concerne plutôt l'introduction d'un commentaire. Mais ces sujets appartiennent aux spécialistes des poèmes. L'élève ne peut guère que reconduire l'enseignement reçu. J'en suis la meilleure preuve. D'où je parle, malgré mes nombreux articles sur Rimbaud, je serai refoulé par l'éducation nationale ou le consensus universitaire si j'affirme une idée neuve. En 2010, mon discours sur "La Légende du Recueil Demeny" a été passée sous silence, parce que ça dérangeait le monde en principe libre des études rimbaldiennes. Pourquoi vouloir nous faire croire que le lycéen est si libre que ça d'exprimer ses convictions à partir du moment où c'est argumenté ? Vous illustrez l'inverse à mon égard.
Nous revenons alors sur les thèmes. J'évite d'en débattre, il est normal que cela reste dans le flou et que le lycéen se prenne en charge.
Sur le travail de la langue, du vocabulaire, etc., je me dis quand même que, sans outils et contexte, je ne vois pas très bien comment le lycéen peut aisément méditer sur l'émancipation formelle des poésies. L'émancipation n'est pas celle des Illuminations ou des vers de 1872...
Pour les sources d'inspiration, on parle de Banville. La journaliste qui a l'air d'être assez informée et qui se pose des questions qui ne sont pas celles d'un programme pour lycéens s'enthousiasme sur le sujet et déclare que Rimbaud donc lit les poètes de son époque, etc.
Je passe sur le fait que Cavallaro lise au premier degré la demande d'être publié dans le second Parnasse contemporain, ce qui ne va pas de soi, puisque si effectivement il prend l'initiative il anticipe très clairement une fin de non-recevoir qui prouve que Rimbaud a d'autres attentes moins retentissantes en envoyant ce poème. Ce qui m'amuse, c'est que sur ce blog, et cela concerne parallèlement le blog Rimbaud ivre de Bienvenu, en ce moment même, il est question de l'influence de Banville sur les poèmes remis à Demeny. Or, les rimbaldiens ne vont pas plus loin que le constat que Rimbaud a envoyé une lettre à Banville le 24 mai, que la rime "Ophélie"/"folie" est reprise à Banville, ainsi que trois rimes de "Ma Bohême". Aucun rimbaldien n'a jamais relevé à ma connaissance que "aux cailloux des chemins" était un hémistiche de Banville, que les mentions "mauvais goût", "passe une demoiselle aux petits airs charmants", "on va sous les tilleuls verts de la promenade", "Fort sérieusement discutent les traités", "En somme", "Je ne sais pas pourquoi", "jambon", etc., étaient une ribambelle de citations de vers de Banville, plus volontiers des Cariatides, sinon des Odes funambulesques. Aucun rimbaldien ne dit que "Rêvé pour l'hiver" est une réécriture de "A une Muse" à la fin des Cariatides et que l'ensemble des tercets de "Ma Bohême" est une réécriture précise de tout un sizain du "Saut du tremplin", poème conclusif des Odes funambulesques. Aucun rimbaldien ne développe l'idée que Rimbaud a appris à écrire des adverbes de la longueur d'un hémistiche : "Silencieusement" ou sinon d'un vers court : "Aimablement" dans "Ce qui retient Nina", à force de lire les vers de Banville qui n'est pas le premier à le faire, mais qui en fait sa marque de fabrique contrairement à Victor Hugo.
Aucun rimbaldien n'est au courant que "Ma Bohême" s'inspire des vers et aussi de l'appendice en prose du recueil Les Nuits d'hiver de Murger, que le poème "Ophélie" a pour source le poème intitulé "Ophélie" de Murger, que "Par les beaux soirs d'été..." s'inspire aussi d'un poème de Murger, lequel a inventé le concept littéraire de la bohème et était un ami cité par Banville dans ses Stalacites. Aucun rimbaldien ne cite non plus Auguste de Châtillon comme source aux poèmes "Les Effarés" et "Au Cabaret-vert". Si aucun rimbaldien ne maîtrise ces sources, vous pensez bien que les lycéens n'ont aucune raison d'en parler au bac, sauf si l'information leur a été fournie par leur enseignant ou mieux par les éditions parascolaires qui valent état des lieux.
Aucun lycéen n'identifiera "Rolla" comme source dans le cas de "Credo in unam". D'ailleurs, aucun rimbaldien autre que moi n'a jamais identifié que "Ce qui retient Nina" s'inspirait de la "Chanson de Fortunio" et de sa suite immédiate la "Réponse à Ninon" dans les recueils de Musset. Glatigny n'est certainement pas connu des lycéens, l'est-il des professeurs de lycée ?
Il restera la marque hugolienne reconnaissable dans plusieurs poèmes, à condition que les élèves y aient été familiarisés.
Pour les césures, l'éducation nationale est réfractaire à l'étude des vers au collège et au lycée. Pour l'éducation nationale, les vers n'ont pas de règles, c'est comme du "slam" et rien d'autre. Les vers ou les vers libres modernes, c'est du pareil au même pour l'éducation nationale. Une strophe, ce n'est rien qu'un nombre de vers séparés par des blancs.
Le sujet des rimes, il faudrait un vrai travail de l'enseignant sur le sujet, alors que ça manque de travaux universitaires.
Prenons les rimes et la question des influences.
On peut faire un bel article où on classe les rimes de Rimbaud. Comment identifier des sources d'inspiration pour ses rimes ? Moi, j'ai des idées. Déjà, vous pouvez relever toutes les rimes qui comportent des mentions de noms propres et les comparer à des emplois antérieurs des noms propres par d'autres poètes : Cybèle, Astarté, Endymion, Thésée, Quatre-vingt-treize, Italie, Tuileries, etc. Vous pouvez citer des rimes où les mots sont plus recherchés et où fatalement quand vous trouvez la rime chez un prédécesseur, surtout si elle est rarissime, vous avez une forte probabilité pour que Rimbaud s'en soit inspiré directement. Les recoupements dans un même poème permettent évidemment de bien établir la réalité des sources : "Bal des pendus" reprend d'évidence des rimes à plusieurs quatrains de "Bûchers et tombeaux" et "Ma Bohême" à plusieurs des Odes funambulesques. Vous pouvez identifier des rimes clichés, mais même les clichés sont à rapprocher d'auteurs plutôt que d'autres : "mère"/"amère", rime typiquement hugolienne, à tel point que j'ai des idées originales de rapprochements rimbaldiens quand j'investigue du côté des Feuilles d'automne, etc., alors qu'en fait personne ne songe à explorer de telles pistes lointaines. On peut répertorier des tendances. Vous avez plusieurs rimes impliquant un participe présent, partez explorer les poètes qui utilisent plus volontiers des participes présents à la rime. Rimbaud fait souvent rimer l'adverbe "là" avec des mots vagues : pronom "cela", murmure musical : "tra la la", mention "gala", et cherchez d'où vient cet abandon à des rimes un peu bien familières. Notez combien Rimbaud a tendance à mettre à la rime des mots qui ont des signes orthographiques équivalents pourtant non nécessaires à l'enrichissement phonétique : "fêlées"/"mêlées", etc. Rimbaud pratique plein de rimes approximatives pour le son des voyelles ou pour la règle orthographique. Il n'y a pas que la rime "d'or"/"dort", il y a partout des "t" en fin de rime qui posent problème : "Forgeron"/"front", "partout"/"fou", et d'autres encore que vous ne soupçonnez pas.
La rime "d'or"/"dort", notez qu'on en a un équivalent dans le poème de Jean Reboul "L'Ange et l'enfant" et qu'on peut citer des vers de Victor Hugo, de Gautier, de Musset, etc.
Pour le mot "comme" à la rime, il faut citer Hugo, Musset, Banville et même Gautier qui le commet dans ses "Premières poésies", en même temps donc que Victor Hugo dans un poème des Feuilles d'automne.
J'ose croire que les lycéens sauront spontanément commenter les mots à la rime "papas"/dadas" et "piuopious". On peut relever aussi chez Rimbaud une tendance à rester figé dans une expression. Six fois l'adjectif "petit" dans "Roman"... Ce ne serait pas une des raisons pour lesquelles Demeny et Izambard ne croyaient pas au génie singulier de Rimbaud ? il voyait cette négligence et pas le génie qui passait à travers... Dans "Les Etrennes des orphelins", pièce qui n'est pas au programme, Rimbaud passe de "frileux" à la rime avec "cieux" à la rime féminine correspondante : "brumeuse"/"neigeuse". Avec l'expérience, un poète évite ses facilités, cette façon de se faire dominer par l'écho, mais quelque part n'est-ce pas paradoxalement une émancipation que de s'abandonner à ces réflexes pour produire malgré tout quelque chose de joliment inspiré ? La maîtrise n'aurait-elle pas tué l'expression si Rimbaud l'avait privilégiée ?
Rimbaud reprend plusieurs fois une rime dans un même poème, parfois avec un retour d'un même mot, et parfois il reprend même à peu de vers d'intervalle les deux mêmes mots à la rime, surtout évidemment dans les poèmes en rimes plates.
Rimbaud reprend aussi parfois une rime d'un poème à l'autre, deux poèmes contemporains qui n'ont pas le même sujet.
Il faut parler des rimes sur des monosyllabes aussi, des rimes jeux de mots, puis il y a ces rimes où les échos vont au-delà. Que pensez-vous de la rime "parfumées"."enfumées", où la séquence "-fum-" participe de la confusion magique des odeurs ?
Que pensez-vous de ces rimes où entre les deux mots une seule lettre change ? Dans "Bal des pendus" : "sandale" et "scandale".
Il y a énormément à dire sur les rimes, mais le travail n'a jamais été effectué par les universitaires, cas à part du livre L'Art de Rimbaud de Michel Murat et de la thèse de Jacques Bienvenu sur l'évolution de mauvaises rimes ou de consonnes d'appui dans la confrontation à Banville. Vous croyez que les lycéens feront autre chose qu'ânonner une information prise au vol pendant les cours ?
Ce que je suis en train de vous montrer, c'est que votre programme pour le lycée autour de la poésie de Rimbaud il est superficiel à un point vertigineux. Vous croyez que c'est riche, nourri, plein de connaissances solides, et ça ne l'est pas tant que ça. La manière d'enseigner sur plusieurs années dans le secondaire et même dans le primaire est complètement à revoir...
Il y a tout un problème de fond qui n'est pas affronté.
A noter que "Credo in unam" réponse au poème "L'Exil des dieux" de Banville, c'est une idée que je n'ai pas vue suivant, je l'ai formulée, mais j'ignore qui d'autre. Dire que plusieurs poèmes de l'ensemble remis à Demeny sont inspirés tout particulièrement des Châtiments de Victor Hugo, c'est là encore une spécificité de mon propre discours à laquelle ajouter que Rimbaud le fait par des sonnets, genre non encore pratiqué par Hugo à ce moment-là.
J'ignore si l'identification des rimes était si immédiate que ça à l'époque. A propos de "Rêvé pour l'hiver", personne avant ou après moi n'a fait le rapprochement avec la forme du poème "Au désir" de Sully Prudhomme.
Pour les innovations de Rimbaud, comment les lycéens pourront en parler sans délivrer une information toute faite de leurs cours ? Le "je" à la césure dans "Ma Bohême" et "Au Cabaret-Vert" va passer à la trappe vu que l'éducation nationale refoule l'analyse de l'alexandrin en hémistiches. Et, de toute façon, comment les élèves font pour savoir quand Rimbaud innove ou non ? Quand j'étais en seconde, j'avais un enseignement à peu près chronologique de l'histoire de la littérature française, ça se poursuivait mais en plus négligé en classe de première. Et on ne parlait pas du tout de la forme. Les lycéens ont reçu cet enseignement chronologique sur les quatre années de collège, mais cela est-il repris en classe de seconde ou première ? Ou est-ce que c'est considéré comme acquis ? Les élèves ne pourront certainement pas parler de la forme pour les césures, les rimes et les vers. Ils ont déjà une moindre maîtrise des formes grammaticales que les générations du siècle précédent. Et comme les générations antérieures n'apprenaient pas à composer en vers ou composaient des rédactions qui n'avaient rien à voir avec les exercices d'application littéraire du siècle de Rimbaud, je ne vois pas très l'enseignement qui est visé ici. Les lycéens vont avoir un petit peu de culture générale et s'ils la placent bien à l'oral du baccalauréat ils seront bien classés dans la compétition pour les notes. Après, il y a un enseignement sur la méthode du commentaire, sur la méthode de la dissertation, mais la confrontation aux poèmes de Rimbaud ce n'est pas du tout votre programme qui va en faire sortir quelque chose. Moi, je n'y crois pas.
Oui, il y aura le commentaire fait en classe avec quelques mises à l'épreuve qui peut déclencher l'intérêt d'élèves pour la poésie, qui peut révéler à plusieurs élèves une méthode pour apprécier les finesses implicites de la grande littérature.
Puis la dialectique : révolte et déférence à la fois, jusqu'à quel point c'est le discours vague qui consiste à entretenir la chèvre et le chou ? Est-ce que c'est un véritable apprentissage de la dialectique aux élèves ? Est-ce qu'on n'habitue pas les lycéens à imposer comme nécessité première des dialectiques qui ne sont pas la bonne approche pour un texte littéraire ?
Je n'en suis qu'à vingt-quatre minutes sur les cinquante-et-une de l'émission. J'ai envie de m'arrêter là. J'ai déjà dit pas mal de choses.
J'ai déjà écouté l'émission, j'aurais bien évidemment des choses à redire sur l'interprétation des poèmes, sur l'interprétation du "Dormeur du Val" comme toujours.
J'ai oublié de mentionner Coppée, j'ai aussi oublié certaines idées, notamment sur les rimes. Mais bon, j'y reviendrai et ça ne change rien.
RépondreSupprimerPour Gautier et "Bal des pendus", je vous annonce une suite. Rimbaud s'est directement inspiré de "Bûchers et tombeaux", là c'est la preuve qui permet de délier tout le reste, il s'est inspiré du coup aussi du "Souper des armures" qui suit immédiatement dans Emaux et camées.
Mais, vu que "Bal des pendus" est en alexandrins et vu le sujet, je me suis dit que ce n'était pas possible de ne rien trouver dans "La Comédie de la mort" dont le titre pourrait s'appliquer au poème de Rimbaud. Je vous annonce que j'ai trouvé, et il y a aussi quelque chose à dénicher dans les Poésies diverses de 1838 qui accompagnèrent la publication de cette "comédie", mais à ses débuts Gautier avait fait le même acte un poème de drôlerie sur le macabre "Albertus" à côté de poésies, et j'ai trouvé des éléments dans "Albertus", mais aussi un que je m'étais juré de trouver figure bien dans une des "premières poésies".
Les futures éditions de Rimpbaud vont être truffées d'adresses internet dans leurs notes désormais...