mardi 31 mai 2022

Mon soutien rimbaldien aux habitants du Donbass

[EDIT : j'inclurai plus tard quelques liens vidéos ou internet]

Opéré la semaine passée, je préfère attendre un peu avant de reprendre les publications rimbaldiennes.
Parlons de la guerre en Ukraine.
On le sait, on en a déjà parlé, il y a un problème de nazisme en Ukraine, et plus précisément les américains et l'Otan en général apprécient la motivation de la minorité nazie en Ukraine et ils les ont mis à des postes de commandement importants dans l'armée, tandis que le bataillon Azov devenu régiment a été intégré dans l'armée régulière, régiment ouvertement nazi et qui n'est pas le seul bataillon nazi en Ukraine, il y en a d'autres, mais celui-ci est le plus célèbre. J'ai déjà précisé aussi qu'en ce mois de mai 2022 il n'est pas impossible de voir des drapeaux spécifiquement nazis sur la place de l'Hôtel de Ville à Paris.
Pendant que les ânes qui regardent la télé traitent Poutine de nazi, l'Otan soutient et arme, en connaissance de cause, un bataillon qui arbore fièrement des insignes nazis et qui en étale d'autres symboles encore par l'abandon aux propos débridés, par l'exhibition de tatouages ou par des gestes de la main.
Sur certains médias, il est vrai très à droite, mais c'est le paradoxe de notre époque, Adrien Bocquet a pas mal témoigné de son travail d'infirmier militaire sur le front ukrainien pendant ce conflit. Il a révélé qu'à Butcha même il y a eu de la mise en scène des ukrainiens et il a ramené des tas de vidéos d'ukrainiens qui persécutent et tuent des prisonniers russes en violation des accords de Genève. J'ai déjà vu de telles vidéos sur le net. Vous en trouvez ne fût-ce qu'en épluchant les articles du site Donbass Insider. Il semble que le journal Libération ait voulu traiter cet Adrien Bocquet d'affabulateur. Il y a un parti nazi en Ukraine, très influent en 2014, qui s'appelle Svoboda, Liberté si on traduit, et en France c'est un journal qui s'appelle Libération, mais censé partir d'opinions politiques de gauche cette fois, qui s'occupe de combattre la vérité sur l'Ukraine et le Donbass pour ne pas dire plus... Drôle de monde ! Il faut dire qu'en France on a réélu pour un second mandat un individu louche qui a fait campagne en 2017 avec le titre osé Révolution. La novlangue est dépassée et de loin. C'est l'oxymore, le nouveau langage. On dit un mot pour décrire si pas son inverse du moins une réalité opposée.
Je trouve assez scandaleux que vous, les gens qui regardez la télé, vous ne soyez pas alertés par le fait que des ukrainiens se battent avec des insignes nazis et qu'on leur fournisse des armes. C'est quand même impressionnant ! Des gens vous disent : "Au nom de la gauche ou au nom de la démocratie occidentale, ne vous occupez pas de cet aspect-là des choses, et au contraire soutenez-les ! " Et vous vous exécutez ! Vous êtes sérieux ? vous n'avez pas dans un coin de vos têtes un turboréacteur pour vous dire que quelque chose n'est pas normal, qu'on vous cache une belle embrouille, qu'on vous manipule ? Puis, quelle facilité à ranger au placard vos saintes et saines indignations !
Bon, on va continuer un petit peu, j'en aurais des choses à vous montrer.
Je savais que des comiques russes piégeaient parfois des politiques avec des appels téléphoniques. Aussi incroyable que cela puisse paraître, ils ont piégé le second président Bush américain, qui a 75 ans, en se faisant passer pour Zelensky. Bush a tout de même senti que les questions étaient gênantes, mais il répondait quand même, incapable visiblement de mettre un terme soudain à l'entretien téléphonique et de prendre une initiative ferme. On remarquera qu'il explique à Zelesnky que sa mission est de tuer le plus de russes possible. Bush s'est déjà fait remarquer par un laspus à la Joe Biden ces derniers jours en citant l'invasion par l'initiative d'un seul homme de l'Irak au lieu de citer l'Ukraine, lapsus qui a été relayé mais peu commenté d'ailleurs, mais ici cette phrase sur la nécessité de tuer le plus possible de russes il faut tout particulièrement y prêter attention.
En fait, nous n'appartenons pas tous exactement aux mêmes générations, aux mêmes profils de générations, mais nous avons à peu près tous subi le lavage de cerveau de la guerre froide. Moi, je l'ai subi étant gosse. En plus, j'habitais la ville belge de Florennes, là où une base militaire accueillait les missiles américains tournés contre l'URSS. J'ai vécu à Florennes de 1974, mon année de naissance (ouais je suis tigre de bois comme Rimbaud, et en plus de 18 à 20 octobre même pour le zodiacal je suis proche de Rimbaud, dommage que l'astrologie ce soient des conneries), mais bref, j'ai vécu à Florennes de 1974 à 1986... Mais, malgré ce lavage de cerveau, dans le temps présent, de 2014 à 2022, j'arrive à voir qu'on veut me manipuler sur ce qu'il se passe en Ukraine et me donner une image négative des russes. Puis, j'ai subi d'autres manipulations. Vous pensez bien que je n'avais aucun recul à propos de la première guerre en Irak, lors de l'invasion du Koweit. Je n'avais pas non plus de recul sur la guerre en Yougoslavie et le faux charnier de Timisoara n'a pas eu d'impact sur mon avis sur Ceaucescu. Mon premier problème a été la guerre du Kosovo en 1999 où là j'ai clairement vu que l'Otan mentait complètement au sujet des serbes. Même si les serbes avaient eu des choses à se reprocher en 1995, mais les croates et les bosniaques aussi, la guerre du Kosovo j'ai bien compris qu'ils étaient les victimes et que c'était une complète imposture de l'occident. D'ailleurs, je me suis du coup intéressé au cas de la Yougoslavie, et j'ai bien compris aussi que ce n'était pas du tout ce qu'on nous avait racontés. La seconde guerre en Irak en 2003, j'ai bien compris que le lien avec le World Trade Center était mensonger, que la fiole sur les armes massives c'était du pipeau complet et il y avait la France qui s'était retirée. Malgré ces mensonges, on pouvait se dire à la limite que tout dépendra de ce que feront les américains finalement avec ces programmes de guerre. Mais, à la fin des fins, Irak 2003, Afghanistan, Libye, Syrie, on découvre que les américains mentent même sur leurs objectifs et qu'ils s'inscrivent dans une continuité d'échecs géopolitiques patents. Les guerres des américains et donc de l'Otan sont tout le temps des mensonges, les raisons invoquées pour faire les guerres cachent toujours autre chose qui devient évident après des échecs dramatiques, parce qu'en plus il faut voir les situations qui en résultent de toutes ces guerres, ce à quoi ajouter de lourds tributs d'humains, humains civils. Les américains et l'Otan ont tué en pagaille. On ne peut pas regarder aujourd'hui la guerre en Ukraine et accorder à nouveau aux américains un blanc-seing avec les seuils de tolérance différents que nous avons chacun selon nos sensibilités. Sur ces trente dernières années, il est clair comme de l'eau de roche que les guerres américaines et guerres donc de l'Otan ne sont fondées que sur des mensonges avec une manipulation éhontée et efficace des médias. Chaque fois, dès que la guerre est passée avec ses dégâts irréversibles, les vérités qu'il étaient interdites au départ sont admises. Les américains se servent uniquement de ces guerres pour asseoir d'ailleurs maladroitement leur hégémonie mondiale et essayer de faire de la domination politique et économique mondiale. Leur maladresse vient de ce qu'ils ne jouent pas une partition où il serait un pays parmi d'autres dans le monde, mais de ce que toutes leurs actions sont pensées pour qu'ils soient les seuls maîtres du monde.
Il est clair comme de l'eau de roche et leurs livres le prouvent (Brzezinski auquel s'oppose Kissinger du coup, Huntington), que les américains veulent transformer la Russie (multiethnique qui plus est) en une Yougoslavie qu'ils dépèceront avant de passer au prochain gros morceau, la Chine, puisqu'une fois la Russie envahie, investie, ils encercleront automatiquement la Chine. Il est clair comme de l'eau de roche qu'avec l'Union européenne et l'Otan les américains assujettissent les pays d'Europe de l'ouest selon des intérêts politiques qui leur sont exclusifs. Les européens pourraient se procurer en hydrocarbures, matières premières auprès des russes, des chinois et par-delà auprès de quelques pays africains. Les européens ne seraient en aucun cas perdants dans une construction Europe et Asie réunissant l'Europe de l'ouest, la Russie et la Chine. Il est clair comme de l'eau de roche que c'est une pensée anglo-saxonne, avec le Royaume-Uni s'alignant sur son enfant américain, qui pense que l'Europe de l'ouest a vocation à être le croupion ou le paillasson des Etats-Unis.
Vous continuez de prendre les russes pour des sauvages du VIe siècle qui déferleraient sur l'Europe à la façon des Huns. Vous continuez de confondre la Russie avec l'URSS au point d'oublier que l'Ukraine n'était pas rien dans l'URSS, au point d'oublier que Staline était géorgien, Kroutchev ou Brejnev ukrainiens, et ainsi de suite.
En tout cas, soyez bien conscient que vous avez un problème de racisme dans votre russophobie. Les américains ont un très haut niveau de racisme antirusse, très très haut niveau, les médias européens ont relayé un discours spécifiquement raciste contre les russes, avec des actions à rougir de honte. On a dépossédé des gens de leurs biens simplement parce qu'ils étaient russes, je m'en fous que ce soit des oligarques malhonnêtes, on leur a pris leurs biens dans une logique mafieuse raciste, point barre. On a interdit d'exercer leurs professions ou leurs innocentes passions des sportifs, des artistes interprètes et des joueurs d'échecs, et ainsi de suite. Ce qui se passe actuellement en occident, c'est l'abandon à un racisme antirusse défouloir de haute volée avec la bénédiction des politiques et des médias. Racisme décomplexé qui va jusqu'à envisager qu'il soit normal de tuer des russes sur le sol historique des luttes de la Seconde Guerre Mondiale avec des insignes nazis et des allemands qui fournissent du matériel et qui iraient jusqu'à fournir des chars pour lesquels ils n'ont pas renoncé aux noms de félins, puisque nous sommes passés des "panzers" et tigres de la II GM aux Léopards. Et vous ne trouvez pas ça choquant. Vous pouvez admettre passivement de regarder une vidéo de Bush jr qui dit à ce qu'il croit le président ukrainien que le but est de tuer un maximum de russes. S'il dit ça à Zelensky, cela en dit long sur l'âme damnée qu'est Zelensky, d'ailleurs.
Mais vous voulez le fond de cette ignominie. C'est que ce racisme antirusse est si exacerbé qu'il s'agit non seulement d'une guerre où l'Otan fidèle à son principe du zéro mort fait une guerre avec son matériel et ses moyens techniques mais en faisant des ukrainiens les substituts humains, donc de la chair à canon, mais le cynisme va plus loin encore. Ecoutez bien ceci. La pensée des élites américains, ces gens qui veulent que le monde soit là pour partager leurs valeurs démocratiques, ces gens qui veulent que pour entrer dans l'Union européenne on partage leur idéal de la démocratie, bref la pensée de ces gens, c'est de faire que beaucoup de russes soient tués par un peuple lui-même slave et quelque peu russe. C'est tout bénef pour eux. Car soyez certains d'une chose : les américains et l'Otan se réjouissent et se régalent du fait que meurent aussi énormément d'ukrainiens. Et c'est effectivement ce qui est en train de se passer d'ailleurs. La Russie ne communique pas trop sur ses pertes, mais il y en a de conséquentes évidemment. Il faut aussi parler des armées des républiques autoproclamées de Donetsk et Lougansk, elles n'ont pas la qualité militaire de l'armée russe, et ces deux armées ont essuyé de très nombreuses pertes. Moi, ces gens de ces deux républiques, je les aime à fond depuis 2014. Il n'y pas que leurs 10000 morts de 2014 à 2022 qui me font mal et qui vous vous laissent indifférents (mais vous vous ne méritez aucune estime de qui que ce soit). Et donc il y a l'armée ukrainienne. Et là, il est peu temps d'expliquer certains faits militaires.
L'Ukraine est un pays un peu plus grand que la France. Il existe d'ailleurs plusieurs communautés avec à l'ouest des hongrois, ruthéniens, moldaves peu désireux d'être recrutés de force dans une guerre qui n'est pas la leur. Il y a plusieurs profils d'ukrainiens. La partie politiquement problématique avec un taux de nazisme, c'est la partie tout à l'ouest entre Lvov et Kiev, avec les régions de Volhynie et de Galicie. Sur le reste du territoire, il y a d'autres profils d'ukrainiens qui sont visiblement dépassés par ce qui se passe, et puis donc à l'est, en particulier dans le Donbass il y a des ukrainiens qui n'auraient jamais dû être ukrainiens, car ils ont des origines russes et ont été mis là dans un pays inventé.
Mais, parlons des faits militaires.
La guerre n'a pas commencé le 24 février 2022, la guerre dure depuis 2014 à cause d'ingérences américaines. Je ne vais pas revenir sur les premières phases du conflit, mais donc depuis huit ans l'Otan forme l'armée ukrainienne, lui envoie du matériel, et depuis 2014 ce sont les ukrainiens appuyés par l'Otan qui ne respectent ni les accords de Minsk ni le gel des combats sur les lignes de front. Sans parler du fait que les américains et ukrainiens prévoyaient eux-mêmes d'attaquer les républiques autoproclamées pour les faire rentrer de force dans l'Ukraine, il y a eu une installation importante de fortifications, genre ligne Maginot dans les terres du Donbass que les insurgés n'avaient pu récupérer en 2014. Il faut parler de fortifications, et bien sûr aussi de tranchées complémentaires qui elles sont du coup très peu protectrices. Une part considérable de l'armée ukrainienne est massée dans cette partie du Donbass que la Russie et les gens du Donbass entendent bien récupérer.
Vous vous rendez compte qu'on vous cache quelque chose d'énorme dans les médias. Depuis le 24 février, les soldats de l'armée ukrainienne ont l'interdiction formelle de quitter ces positions. Ils sont exposés à des tirs d'artillerie qui sont distribués de façon à ne pas permettre le sommeil ou le repos. Ils sont quasi encerclés depuis le début du conflit, et bientôt l'encerclement sera complet. S'ils ne sont pas encore définitivement encerclés, ils sont donc à subir des bombardements constants depuis plus de trois mois maintenant et les ravitaillements et informations ne remontent guère jusqu'à eux. Il y a quelques jours, après la reddition des soldats dans l'usine d'Azovstal à Marioupol il y a eu des vidéos nombreuses de soldats ukrainiens à ces endroits qui se plaignaient de leurs conditions intenables, qui se disaient abandonnés. A noter que s'ils se plaignent ou se rendent, il est facile de les qualifier de déserteurs et de ne pas payer de pensions à leurs familles. A noter qu'il y a l'armée régulière, mais aussi la levée en masse avec déjà les minorités qui se demandent ce qu'elles font là (ruthéniens, hongrois, etc.), mais encore plein d'ukrainiens qui sont là à subir un bombardement alors qu'ils ne savent même pas se servir d'une arme.
On ne vous en parle pas de ça dans les médias ? Vous croyez qu'à la guerre le militaire il est tout le temps de carrière.
Pour le plaisir des américains, de vous européens de l'ouest et de l'Otan, on envoie ces gens à la mort, et ça peut durer longtemps avec son lot d'atrocités, plus de trois mois déjà.
Ces ukrainiens n'ont aucune change de gagner dans le Donbass contre les russes.
Passons maintenant à d'autres faits militaires, puisque la guerre ne se déroule pas que dans le Donbass. C'est simplement que la guerre dans le Donbass, c'est ce qu'il y a de plus important et qu'on ne vous explique guère. On préfère vous parler des initiatives ukrainiennes sur le reste du territoire en vous cachant ce qu'est en importance leur massacre dans le Donbass.
Alors, parlons-en des autres faits.
Au début du conflit, fin février, il y a eu une armée russe dirigée sur Kiev. Depuis le début, on nous raconte que l'opération russe a échoué, que les ukrainiens ont repoussé les russes, etc., et certains expliquent même que c'est l'Otan avec son information qui a piégé les russes.
Remettons certaines pendules à l'heure. Un chef des services secrets allemand s'est retrouvé piégé à Kiev lors de la soudaine irruption russe, à tel point qu'il a fallu une opération spéciale pour le récupérer. Si cette histoire est exacte, elle prouverait que l'Otan et l'Ukraine n'avaient pas prévu l'attaque sur Kiev, c'est un premier point. Mais, avec intelligence, on peut aller plus loin. Donc, l'Otan prétend avoir tendu un piège en faisant croire aux russes que la ville n'était pas défendue. Mais, où est dans ce cas le traquenard ? Les russes n'ont pas été massacrés à Kiev. Où est le piège prétendu ? Les ukrainiens ne les ont pas repoussés, les russes se sont repliés eux-mêmes. Par ailleurs, il est clair que les russes n'ont pas apporté tous les moyens et le matériel pour envahir Kiev. Il y a eu une opération de diversion sur Kiev et une opération tendant à désorganiser l'état-major du commandement militaire ukrainien. Il ne faut pas chercher plus dans l'opération sur Kiev. La seule réussite ukrainienne possible pour l'instant, c'est la reprise un temps de la ville de Kharkov et de sa région, mais ça pourrait ne pas durer. Quant aux russes, leur erreur initiale, ce fut d'aller trop loin dans le sud avec des chars tombant en panne d'essence, mais ça c'est dans les zones entre Odessa et Mikolaiev. Sur ce front avancé dans le sud, les ukrainiens font savoir qu'ils osent pas mal de contre-attaques, mais ces contre-attaques s'éteignent toutes en un ou deux jours, et sont en réalité une catastrophique boucherie pour les ukrainiens qui s'y essaient.
Maintenant, nos occidentaux qui font la guerre à l'abri derrière la chair des ukrainiens se moquent du manque de progression des russes sur le terrain. On précisera que toute l'armée russe n'est pas envoyée en Ukraine, les militaires russes sont moins nombreux que l'armée ukrainienne. Cela devrait un peu éveiller votre suspicion sur les discours occidentaux qui accusent les russes d'invasion sur un coup de sang. Depuis trois mois, vous ne vous dites pas que c'est bizarre que les russes ne mettent pas le paquet vu qu'on vous les a vendus comme les gros méchants ? Mais peu importe ce que vous trouveriez à répondre. Intéressons-nous au fait que le front n'évolue guère.
Premièrement, on l'a déjà dit, il y a les fortifications et une bataille essentielle dans le Donbass, je ne m'y attarde pas.
Deuxièmement, vu que cette guerre est conduite côté ukrainien par l'Otan, il y a une redoutable surveillance par les satellites américains, et cela a une conséquence très gênante pour les russes : la difficulté de passer les rivières sans être repérés. Dans les années 80, on plaçait un ponton on passait vite fait. Ici, ce n'est pas possible. La surveillance des satellites américains permet des interventions rapides. Il faudra patienter, contourner, utiliser des barges... Nous verrons à l'avenir. Il faut noter que parfois la configuration des cours d'eau se retourne aussi contre les ukrainiens qui doivent eux-mêmes pouvoir se replier en cas de défaites, sauf qu'ils ont parfois la rivière Donets dans le dos.
Troisièmement, l'Otan a fourni comme jamais de l'armement antichar à un pays en guerre. Les armes antichars ne sont pas offensives, résolument défensives. Ce point aussi contribue à ralentir la progression russe. Toutefois, la Russie n'a pas d'urgence à gagner cette guerre, ce n'est pas elle qui craint nos pénuries de pétrole, gaz et huile de tournesol. En plus, ce qu'il y a d'un peu bête, c'est qu'au fur et à mesure des défaites ukrainiennes les russes qui ont déjà un matériel antichar d'exception reconnu récupère les armes antichars de l'Otan. En fait, l'Otan fait des dons gratuits d'armes à la Russie, et bref dans cette guerre d'usure où irrémédiablement les ukrainiens lâchent du terrain en abandonnant les cadeaux américains au sol, je vous laisse imaginer la difficulté qu'auront les ukrainiens à venir récupérer des territoires défendus par la surabondance vertigineuse d'armes antichars passés de l'Otan à la Russie via ces mêmes ukrainiens. Ils sont vraiment les dindons de la farce occidentale, ces ukrainiens.
Quatrièmement, il faut comprendre que les ukrainiens étaient obsédés par le symbole du Donbass et par l'emploi des fortifications qu'ils y avaient installés. Puis, comme les ukrainiens les plus motivés viennent de l'ouest et ne considèrent pas les gens du Donbass comme des êtres humains ils se réjouissaient de s'en servir comme boucliers humains. Bref, les ukrainiens sont dans l'idée qu'ils peuvent faire une guerre efficace dans le Donbass en empêchant les russes d'investir un peu de leur territoire. Mais il y a une énorme contrepartie à cela. Pour faire la guerre à l'est de l'Ukraine, il faut être éloigné des frontières polonaise, roumaine et moldave, l'aide logistique américaine est irrémédiablement moins efficace à l'est de l'Ukraine. Il faut faire la guerre au milieu d'une population hostile, même si on s'en sert comme boucliers en s'en moquant, tandis qu'à l'ouest le soutien de la population leur serait acquis. Puis les fortifications, elles ne se déplacent pas, on ne peut pas réorganiser les lignes de front en fonction de certains aléas. Et, bien sûr, l'Ukraine étant un pays un peu plus grand que la France et en plus étalé en longueur, il y a le problème d'approvisionnement, de fourniture en munitions, de communications même. On l'a vu avec l'usine d'Azovstal à Marioupol. La ville a été libérée assez rapidement, l'usine a tenu quelques semaines, mais la reddition était programmée. Beaucoup de soldats à Marioupol étaient très motivés, notamment le régiment Azov, mais, comme utilisation militaire, on a vu mieux... On a surveillé leur terrier quelques semaines avec un minimum d'effectifs en attendant qu'ils se rendent.
Là, dans le Donbass, la ville de Lyman a été libérée, aujourd'hui c'est la ville de Severodonetsk qui est en train de passer sous contrôle russe, sachant que désormais la république de Lougansk a été quasi intégralement délivrée...
Bref, malgré le grand argument que l'armée ukrainienne s'abrite derrière des civils proches des russes, scandale jamais dénoncé dans nos médias d'ailleurs, il ne vient pas à un moment l'idée à l'occident que dans une guerre avant de penser à investir un territoire il faut détruire la force militaire ennemie ? Il ne vient pas à un moment à nos militaires otaniens l'idée que la Russie est dans des conditions idéales pour gagner cette guerre tant que les troupes ukrainiennes s'amassent aux frontières est de l'Ukraine, frontières avec la Russie ? Pourquoi voulez-vous que les russes aillent directement à Kiev ou à Lvov ? Ils vont détruire un maximum de gens de l'armée ukrainienne et après ils envahiront le territoire en se préoccupant plus sereinement de cet autre problème de l'hostilité des civils plus ou moins prononcée selon les régions. Oui, des militaires ukrainiens formés en-dehors de l'Ukraine actuellement prendront le relais. Ils viendront mourir dans la deuxième partie quand l'armée historique et les recrutés de force seront déjà à peu près tous finis.
Et au passage vous commencez à vous dire que la guerre en Ukraine peut durer un an et demi, voire trois ans ? Parce que là vous êtes tout surpris, vous vous dites : "vivement que ça s'arrête !" avec une hypocrisie crasse puisque vous vous en fichez d'armer les ukrainiens pour leur propre mort. Il y a une situation économique qui craint, alors vous ne voulez pas que ça dure trop longtemps. Mais vous trouvez évident que cette guerre doive finir rapidement ? Moi, pas ! D'ailleurs, vous envoyez des armes. Imaginez que la Russie dise : "on a récupéré le Donbass, donc on arrête l'opération !" Qu'est-ce qui se passerait à votre avis ? Ben oui, ils seraient sans arrêt harceler par des attaques aux nouvelles frontières. Par la force des choses, les russes risquent d'être obligés d'envahir toute l'Ukraine, Galicie et Volhynie comprises. On est dans une dynamique sans fin. Les occidentaux sont des espèces d'animaux qui n'écoutent jamais quand on leur dit : "Non !" Ils essaient toujours de passer un doigt, puis un bras, un pied, etc. Ils ne comprennent que la force ! Et les ukrainiens de l'ouest sont complètement tabanards. Vous la voyez s'arrêter comme ça sur un cessez-le-feu, cette guerre ? Vous y croyez ? Les accords non respectés de Minsk I et II, ils ne sont pas venus après des cessez-le-feu ? Où en sommes-nous maintenant ?
En plus, quand vous aurez lâché les ukrainiens, vous croyez que ça va être gérable de se récupérer des réfugiés galiciens ou volhyniens qui traiteront les européens de lâches... Les américains croient que l'Ukraine va être un Afghanistan pour la Russie. Moi, je ne crois pas, le Donbass va devenir russe, on va avoir une zone-tampon avec une assimilation progressive au moyen des passeports russes, puis la zone spécifiquement ukrainienne, au moins de Lvov à Kiev, mais un peu au-delà, ça va être une confrontation où vous croyez que de belles paroles de conciliation pourront enfin marcher ? Vous percutez les conneries que vous encouragez ? Ah ! vous allez nous faire à nouveau de beaux Bossuets ! Mais votre déni de réalité, il va jusqu'où ? C'est sûr que vous ne vous arrêterez pas non plus à penser la Transnistrie, ou le fait que 25% des populations lettones et estoniennes sont russes.
Allez, croyez-y à vos âneries, et sermonnez bien la Chine. Taiwan, on va voir ça, ouais !
Les Etats-Unis ne gagnent pas tellement les guerres et quand la Russie aura gagné en Ukraine et que la Chine aura récupéré Taiwan, tandis que l'économie mondiale se redessinera, vos enfants ils vous diront : "Merci ! Vous avez tout compris !" Et on verra la solidarité des américains envers les européens à ce moment-là ! Parce que jusqu'à plus ample informé, pour tenir sa place dans le monde, il faut peut-être avoir un accès aux matières premières, aux hydrocarbures, à l'électricité nucléaire (n'en déplaise aux écolos qui prônent le gaz de schiste américain et le racisme antirusse...), etc.
Cette guerre et cette situation économique mondiale actuelle, je crois que c'est la facture qui arrive du déni de réalité des européens, ça risque de faire mal.

mercredi 11 mai 2022

Et ça s'enfonce !

Dans l'article précédent, je parlais de la présence du drapeau à bandes rouge et noir qui accompagne les drapeaux ukrainiens à bande jaune et bleu dans les manifestations ukrainiennes à Paris de ces dernières semaines, de ces derniers jours. Or, ce même 11/05/2022, il y avait carrément le drapeau de Pravy Sektor sur la place de l'Hôtel de Ville à Paris. Je ne vous mets pas la photo que je possède, mais donc au-delà des deux bandes rouge et noir il y a un motif sur le drapeau. Ce motif a des variantes stylistiques dans la réalisation. Il s'agissait ici d'un motif doré et non argenté par exemple...
Les nazis ukrainiens défilent librement avec leurs symboles nazis en France, dans le pays basque espagnol, en Italie... Après, on dirait qu'il y a des tensions qui naissent. Les basques ou d'autres sont prêts à en découdre avec les nazis ukrainiens, car il y a encore des européens en occident que le nazisme authentique exaspère.

mardi 10 mai 2022

Marioupol libérée

 Pour les rigolos parmi mes lecteurs, je précise que je suis de très près tout ce qui se passe au Donbass. En 2014, j'intervenais dans des commentaires d'articles du site Les Crises, mais aussi dans des commentaires d'articles de grands titres de journaux mis en ligne où, par exemple, je soulignais la présence de drapeaux nazis dans les vidéos, genre quand un politique était jeté par la foule dans une poubelle qui essayait en plus d'y mettre le feu. Je précise qu'à Paris en 2022 on voit des manifestations d'ukrainiens où le drapeau national jaune et bleu est accompagné de drapeaux avec une présentation similaire de deux bandes, l'une rouge et l'autre noire. Il vous est facile de trouver sur le net des journaux bien en vue qui vous dédramatisent cela et vous le minimisent en tant que symbole de lutte contre les russes. Eh bien, si vous vous demandiez naïvement si ce n'était pas le drapeau d'un autre pays que l'Ukraine dont vous auriez ignoré les liens avec le conflit, il se trouve que ce drapeau est celui de "L'armée insurrectionnelle ukrainienne". Et sous ce drapeau, cette armée a d'abord collaboré avec l'Allemagne avant de s'y opposer, parce que nécessité faisait loi. Il s'agit d'un drapeau nationaliste d'extrême-droite d'une partie de l'Ukraine seulement, de l'ouest de l'Ukraine (Galicie et Volhynie pour l'essentiel). Et ne nous faites pas rire avec le malentendu selon lequel les ukrainiens ont accueilli Hitler en libérateur. Outre que l'Histoire doit s'étudier dans sa complexité et un pays dans la diversité de ses composantes, il n'y a rien de comparable entre le devenir des finlandais dont on connaît l'alliance en 40-45 et les motifs sur leurs équipements militaires, car oui la Finlande se battait pour son indépendance, et les délires nazis des ukrainiens de l'ouest actuellement. Vous avez tout de même un problème de schizophrénie si, d'un côté, vous considérez que le parti d'extrême-droite qui était au second tour de l'élection présidentielle est nazi en tant que telle, tandis que vous minimisez le caractère extrêmement répandu dans la société ukrainienne de symboles nazis, tatouages, sigles militaires, gestes du bras et de la main. Cette société d'ukrainiens de l'ouest radicalisés a beaucoup massacré en 40-45 et quand nous sommes en 2022 ce n'est pas un malentendu de l'époque de l'invasion allemande. C'est une persistance... diabolique pour faire allusion au célèbre dicton en latin. 
Et en 2014, je les ai vues les vidéos où les ukrainiens du pouvoir en place empêchaient les célébrations du 9 mai...
Certes, vous n'avez pas à vous dire que la population ukrainienne fortement imprégnée de nazisme va débouler dans vos pays pour vous envahir, mais c'est en volant au secours de leurs visées politiques infâmes que vous êtes en train de courir le risque réel d'une troisième guerre mondiale.
On joue à dire que Poutine menace le monde de guerre nucléaire. Il faut arrêter d'être sot ! D'abord, vous oubliez que les dirigeants européens de l'Otan ont lancé le sujet, avec Le Drian en France, avec un ministre luxembourgeois qui a parlé de tuer Poutine en même temps que Bruno Le Maire parlait de faire une guerre économique à la Russie (c'était peut-être une idée tactique géniale qui consistait à ce que Poutine ne sache plus où donner de la tête nucléaire). Dès que Zelensky, au tout début du conflit, acceptait des négociations, les européens avec les américains en tête annonçaient des envois d'armes qui, forcément, étaient un moyen de communication pour refuser l'arrêt de cette guerre. C'est de la duplicité otanienne ce à quoi on assiste. Mais, que la Russie réponde par la menace nucléaire en réaction aux propos de dirigeants européens ou qu'elle en prenne la première l'initiative, le message consiste à décourager tout le monde de s'attaquer à la Russie. Les véritables fous qui songent à une guerre nucléaire, ce sont les américains, eux jettent de l'huile sur le feu, et dans la foulée les dirigeants européens inféodés à Washington.
Après, on dirait que vous avez d'étranges limites dans le raisonnement, vous vous posez des problèmes à deux branches, des questions qui ne reçoivent la réponse que par oui ou par non.
Si vous pensez comme moi que les principaux torts dans cette guerre viennent de l'Otan, si vous pensez comme moi que les pays de l'Union européenne seront les principales victimes des sanctions économiques, plus que la Russie, que les Etats-Unis ou que la Chine, vous êtes évidemment contre le fait d'envoyer des armes à l'Ukraine. Mais ce qui m'espante, c'est que vous ayez l'esprit assez simpliste pour une fois que vous avez décidé de comprendre que Poutine est le méchant et de vous y tenir vous refusiez d'admettre qu'il est dangereux d'armer l'Ukraine. Vous voulez mourir pour l'Ukraine ? Ce n'est pas le danger de la guerre pour vous le problème. Vous croyez qu'armer l'Ukraine ça va de soi, c'est faire un petit sermon à la Russie. Vous êtes non plus français, belges ou que sais-je ? J'apprends avec stupeur que vous êtes des américains, pas même des américains, mais des américains impliqués dans le business militaro-industriel et les ressources premières. Vous gagnez des fortunes là-dedans et vous avez à cœur que les Etats-Unis soient la première puissance mondiale et placent des bases de l'Otan en Ukraine. Je ne savais pas !? Vous donnez raison aux militaires de l'Otan, au complexe militaro-industriel américain. Vous pensez faire partie des riches américains qui vont exploiter à leur profit les ressources de la Russie. Il y a un court-circuit logique qui me dépasse. Je n'en reviens pas que vous soyez aussi fous.
Ah oui, vous vous dites qu'il serait très bien et pas très gênant à vos entournures démocratiques d'avoir des européens et américains qui obtiennent des chinois leurs produits à bas prix pour avoir tout le bénéfice à la vente pour vous, qui obtiennent des russes les matières premières à bas prix pour que le bénéfice aille à vos oncles milliardaires. OK, je ne voyais pas ça ainsi ! Vous me surprenez !
Et moi, je vous le dis, les gentils, c'est les gens du Donbass qui veulent être rattachés à la Russie. Ne vous faites aucune illusion là-dessus. Il y a des corrompus bien sûr dans les dirigeants de ces deux républiques. Des gens de Marioupol ont une trompeuse et aberrante nostalgie de l'Union soviétique, et alors ? Cela doit justifier vos cris d'orfraie, cris déshumanisés ? Bien sûr qu'il y a un certain dirigisme de la société en Russie, pays qui intervient dans le conflit par solidarité qui plus est. Même si Poutine a des scores électoraux non truqués, c'est une réalité aussi qu'il y a de l'intimidation en faveur de Poutine qui vient assurer un surplus à une majorité déjà acquise, comme si on n'avait pas confiance dans le peuple, mais là les méchants c'est les américains, les imbéciles c'est les européens, les séparatistes, c'est non pas les ukrainiens du Donbass mais les ukrainiens de l'ouest et de Kiev qui veulent nier le droit des gens au Donbass qui plus est, et les  victimes depuis des années c'est le Donbass et bientôt les pays de l'Union européenne économiquement. Il vous manque combien de cases pour avoir du bon sens ?

Vous voulez être intelligents avant de réfléchir, avant d'être bien renseignés, vous voulez vous prévaloir d'une intelligence dispensée de penser. On vous tait la dimension géopolitique du conflit, donc vous consentez. On a bouché les cases de votre réflexion sur le sujet. Défense de soulever ce couvercle, de toute façon vous êtes intelligents avec la meute !
Réveillez-vous !


Remarques pour aborder les questions de versification dans la poésie rimbaldienne : 1) la prosodie.

Avant-propos :

Après une dizaine de jours de vacances, je reprends le blog. Je vais sans aucun doute faire une série sur la diabolisation anormale de la Russie et de Poutine dans nos médias, et je mettrai cela en résonance avec le traitement de la Commune après sa répression dans la presse et parmi les grands écrivains. Parce que là, on atteint des sommets de manipulation par les médias. Et puis vous êtes en train de devenir des "collabos" au sens fort du terme, et vous ne vous rendez compte de rien !
Mais je compte d'abord publier quelques articles sur la poésie même de Rimbaud.
Nota Bene : Plutôt que de tenter une mise à jour, je vais, en ce qui concerne l'article ci-dessous, créer un article complémentaire avec un relevé des hiatus ou faits parents dans les poèmes de Musset, Rimbaud, Verlaine, voire quelques autres. Une mise à jour par à-coups successifs prendrait du temps. Par exemple, j'ai sous le coude un exemple d'emploi de l'expression "va et vient" sans aucun trait d'union dans un sonnet des Poëmes saturniens, l'expression vaut pour un seul mot comme la locution "peu à peu", ce qui élimine le reproche de hiatus : "Chaque alouette qui va et vient m'est connue." La césure est placée après le nom "qui", ce qui est déjà quelque peu une césure acrobatique, une légère audace, mais Verlaine aurait été particulièrement audacieux s'il avait placé la césure au milieu de l'expression "va et vient" en en soulignant le hiatus... Cette citation vient du poème "Après trois ans". Il va de soi que dans ce vers le lecteur sensible aux césures est à la fois sensible au suspens du pronom "qui" et au suspens qui le suit immédiatement de la forme "va et vient" qui comporte donc un hiatus toléré en poésie. Rien de tout cela n'est innocent.

***

Il existe évidemment un débat pour dire que la poésie n'est pas le vers et que la poésie peut aussi bien être en vers qu'en prose. Nous enfonçons alors des portes ouvertes. Mais ce débat suppose que l'opposition entre le vers et la prose soit en revanche objectivable, autrement dit soit appréciable à partir de critères nets et précis.
Il faut recenser selon moi trois grands critères métriques et deux critères prosodiques complémentaires.
Je commence par les critères prosodiques. Il s'agit de la proscription du hiatus et de la proscription du "e" languissant à l'intérieur du vers.
Le hiatus en poésie, c'est quand deux voyelles ne sont pas séparées par une consonne ou un "e". Il existe des mots à l'intérieur desquels deux voyelles forment un "hiatus", par exemple : "créer", "créatif", "béant", etc. On ne s'interdit pas d'employer de tels mots. La règle du hiatus ne vaut qu'entre deux mots distincts. Elle vaut aussi pour la conjonction "et" très courante, puisque le "t" n'est jamais prononcé. Mais, certaines locutions considérées comme un seul mot font exception : "va-et-vient" ou "peu à peu". Notez en passant que dans "va et vient" je parle d'un hiatus avant le "et" et non d'un hiatus après le "et", du genre" : "Je vais à Paris et à toi." Bref, la règle de proscription est simple, mais si on écrit de la poésie il faut bien connaître les cas particuliers.
Cette règle ne concerne pas toute l'histoire de la poésie française, mais elle concerne les poésies qui vont du milieu du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle. Déroger à cette règle est un phénomène remarquable. Nous pouvons constater des écarts volontaires dans Musset ou bien évidemment dans les poésies de Rimbaud.
Pour un expert en versification, je n'ai jusque-là rien dit de vraiment intéressant, encore que peu de spécialistes doivent être au courant des écarts volontaires d'un Musset. Cependant, pour en finir avec la question du hiatus, je précise ici une idée qui m'est chère, que j'ai depuis des années, une dizaine d'années au moins, et que je n'ai jamais développée comme je le souhaitais sous la forme d'un article détaillé. A la lecture de textes en prose, je me suis rendu compte que si les hiatus ne sont pas proscrits ils n'ont tout de même pas tendance à proliférer. En lisant de la prose, personne ne se dit : "Tiens, il y a beaucoup de hiatus, donc c'est de la prose." Ce n'est pas le critère le plus pertinent pour opposer le vers et la prose, et surtout vu que les hiatus ne sont pas envahissants en moyenne dans la prose la différence à l'oreille ne risque pas vraiment d'être sensible. J'imagine que la relative rareté (relative, car cette rareté n'est pas non plus ahurissante) des hiatus dans la prose a contribué à leur proscription et j'imagine encore que dans le cas de la poésie latine avec une versification où prédomine l'opposition de seulement cinq voyelles entre leurs formes dites "brèves" et leurs formes dites "longues" les hiatus étaient plus sensibles à l'oreille qu'en français. Je n'émets là que des hypothèses de travail. En revanche, dans le débat sur les comédies en prose de Molière, il est parfois soutenu qu'il y a des vers blancs au milieu de la prose et que cela préparerait le terrain à une adaptation en vers. Je ne crois pas du tout à la pertinence de cet argument. Les comédies en prose de Molière n'ont pas été mises en vers (cas à part du Dom Juan à titre posthume par le frère du grand Corneille), cela suffit à considérer comme peu probable que le texte en prose était écrit de manière à être facilement adapté en vers. Mais il y a plus. Il me semble que les comédies en prose ont la proportion habituelle de hiatus de tout texte en prose un peu travaillé. Finalement, l'argument du hiatus permettrait réellement d'évaluer si l'écrivain crée de la prose en tant que telle ou s'il le fait en songeant au modèle de la poésie en vers classique. Je pense qu'il y a un article sérieux à publier sur le hiatus dans les comédies en prose de Molière. Certes, ce n'est pas un sujet vital, mais c'est quand même une mise au point sur un sujet stylistique qui a son importance, et puis il y a le cas des poètes qui ont pratiqué la prose. Rimbaud est passé du vers à la prose en gros, et on peut étudier la question des hiatus dans Une saison en enfer, les poèmes considérés comme étant écrits en vers libres "Mouvement" et "Marine", puis les poèmes en prose, "Les Déserts de l'amour", voire quelques autres textes. On peut faire des statistiques sur la part des hiatus dans ces écrits en prose. Puis, il y a une conclusion toute simple à la clef, que je crois pouvoir faire intuitivement à la lecture, mais c'est que Rimbaud écrivant en prose ne se pose même pas la question du hiatus. On peut toujours s'attaquer à un texte de Rimbaud et ne pas constater au démarrage la présence de hiatus, mais plus la lecture progresse, plus on en rencontre, et on voit bien qu'ils surgissent aléatoirement. En passant à la prose, il me semble que Rimbaud a purement et simplement cessé de songer à l'importance de la proscription du hiatus.
Je sais que j'ai affaire à un public qui se moque éperdument des hiatus, des césures, de la longueur des vers. Je vous connais ! Vous ne voyez pas l'intérêt d'écrire en vers, moins il y a de règles, mieux ça vous convient, et l'évolution de Rimbaud et de l'histoire de la poésie justifie votre mépris... Je vous connais malgré vos silences sur la question. Il n'en reste pas moins que, puisque nous sommes là à chercher à lire des choses sur le mystère de la prose de Rimbaud, autant faire un sort à ce sujet du hiatus. Pendant plusieurs siècles, les poètes ont pris soin de les éviter dans leurs vers, et ça demande du soin, de l'attention, des efforts soutenus pour n'en laisser passer aucun, et donc dans la prose Rimbaud ne s'est pas amusé à reconduire cette règle, à moins de relevés ponctuels, mais relevés ponctuels qui seront bien délicats à légitimer, puisque la règle n'est sensible que si l'évitement est systématique. Un exemple de ce qu'on peut mettre en lumière. On sait que dans les poèmes en prose des Illuminations Rimbaud joue à terminer ses compositions par des allusions bancales à l'alexandrin : "La musique savante manque à notre désir" ("Conte"), "J'ai seul la clef de cette parade sauvage" ("Parade"), "Arrivée de toujours, qui t'en iras partout" ("A une Raison"), "C'est aussi simple qu'une phrase musicale" ("Guerre"),... Aucune de ces quatre phrases ne peut faire un alexandrin classique. Le "e" de "savante" imposerait une césure épique bannie depuis le Moyen Âge. Les formes "cette" et "une" enjamberaient entre les hémistiches, le "e" surnuméraire de "Arrivée" pose problème. Contrairement à Cornulier et aux métriciens, j'identifie des faits exprès dans ces entorses. Cornulier échoue complètement à identifier deux alexandrins dans le verset ou alinéa central de "A une Raison" : "Ta tête se détourne : le nouvel amour ! - Ta tête se retourne, le nouvel amour !" (ponctuation de mémoire), ce qui m'a toujours sidéré. Pour moi, il est évident que Rimbaud fait des allusions exprès trahies par des entorses tout aussi volontaires.
Dans le cas de "Aube", le premier alinéa et le dernier ont la réputation de former deux octosyllabes. En réalité, ils sont à une telle distance l'un de l'autre qu'on n'a pas à parler de deux octosyllabes, puisque l'écho est inenvisageable à la lecture. Toutefois, quand on regarde la composition dans son ensemble, le regard est attiré par les alinéas brefs de début et de fin et le constat s'impose qu'ils ont une même longueur syllabique : "J'ai embrassé l'aube d'été." / "Au réveil il était midi." Le parallèle est d'autant plus saisissant que les deux phrases n'ont pas la même allure rythmique, le même patron syntaxique, tandis que pourtant on peut comparer "été" et "midi" au plan du sens comme au plan de la reprise d'une voyelle aiguë "é"/[e] dans un cas, "i"/[i] dans l'autre. Nous pouvons également comparer "Au réveil" et "aube" avec l'amorce du phonème "au"/[o] et la même idée d'éveil, "réveil" d'un côté, et lever métaphorique du jour de l'autre. Ces parallélismes entrent dans les arguments qui me font dire depuis longtemps que la lecture traditionnelle du poème "Aube" est erronée. Non, le réveil à midi ne rabaisse pas le récit qui a été fait en le reléguant dans le domaine du rêve, le réveil à midi est la suite logique du fait d'avoir embrassé l'aube d'été, une consécration. Mais, pour dire que Rimbaud n'a pas composé deux octosyllabes, même sans rime, il y a un autre argument, le hiatus entre auxiliaire et participe passé : "J'ai embrassé".
J'estime bien sûr que Rimbaud a fait exprès de produire deux alinéas de huit syllabes et que l'allusion à l'octosyllabe est recherchée dans la composition, même si elle n'est pas déterminée, pas perceptible à la simple récitation du poème en prose, mais le hiatus permet d'indiquer aussi que dans tous les cas Rimbaud ne retourne jamais complètement dans l'écriture en vers au milieu de ses proses. Je considère que c'est un flou artistique recherché et que très probablement Rimbaud qui pendant plusieurs années avait évité les hiatus dans ses vers et notamment au plan des passés composés (je pourrais me lancer à la recherche d'exemples à citer) avait remarqué le hiatus à "J'ai embrassé" et qu'il l'a laissé tel pour dire que l'allusion à l'octosyllabe devait demeurer une certitude instable à la lecture.
Passons au deuxième cas prosodique. Il s'agit de la proscription du "e" languissant. Les métriciens parlent de proscription du "chva". J'ignore ce que veut dire "chva", je l'ai déjà su, mais je l'ai oublié. Je préfère privilégier une expression que les poètes du Moyen Âge et surtout du XVIe siècle employaient : le "e" languissant. Il s'agit du cas du "e" qui placé directement après une voyelle est placé devant une consonne, ce qui nous oblige à prononcer le seul "e" comme une syllabe à part entière dans un poème.
Je ne parle pas de n'importe quel emploi de "e". Je ne parle pas du "e" féminin en général de fin de mot. Je peux employer "île", "captive" dans un poème ou bien leurs variantes au pluriel "îles", captives". Nous avons plein de syllabes dans les vers dont la voyelle est un "e" féminin. Ce qui est proscrit, c'est le "e" instable qui forme une voyelle à lui seul, comme dans "vie", "dragée", et surtout comme à la fin de tous les participes passés féminins du type "-ie", "-ée", etc. Nous pouvons employer "vie" ou "infinie" au milieu d'un vers à condition que le mot suivant commence par une voyelle. En revanche, jamais nous ne pouvons employer au milieu d'un vers, le pluriel "vies", le pluriel "entrées", ni les participes passés féminins que nous avons à foison des types : "nourries", "finies", "repérées", etc., etc. Ces mots au pluriel ne peuvent être employés qu'à la rime. Je n'ai jamais relevé dans un quelconque ouvrage une mention d'un tel état de fait, ou alors ça a échappé à mon attention. C'est pourtant un fait étonnant, et j'ajouterais d'autres configurations : "joue(s)", "moue(s)", "roue(s)", etc.
Ce critère n'est pas permanent. Il concerne à peu près comme la proscription du hiatus la poésie littéraire qui va du milieu du XVIe siècle à la fin du XIXe siècle.
Nous pourrions l'étudier là encore dans le cas des comédies en prose de Molière ou dans le cas des proses de Rimbaud (Une saison en enfer, Illuminations, "Les Déserts de l'amour",...).
Dans le cas de la poésie en vers, il convient d'étudier plusieurs configurations intéressantes.
Sa mise en place a été progressive. Il faut considérer ses dernières occurrences dans les premières poésies de Ronsard et du Bellay (deux dans Les Antiquités de Rome si je ne m'abuse). Au début du XVIe siècle, l'orthographe était assez débattue, et il existait des impressions de poèmes en vers où le "e" était remplacé par un signe apostrophe, ce qui ne va pas sans poser la question de la légitimité d'éditions modernisées qui ne tiennent pas compte de ce genre de subtilités.
Il est intéressant également d'apprécier à quel point au vingtième siècle nous éditions des vers au mépris des règles les plus élémentaires de la versification. Le cas le plus courant est le traitement de l'adverbe "encore". Nombre d'éditeurs ne prêtent aucune attention à la forme "encor" importante à la syllabation du poème en vers. J'ai un autre cas troublant à relever, celui d'une modernisation de l'orthographe du mot "châle". Dans ses poésies, Sainte-Beuve l'écrivait "schall". On édite actuellement Vie, poésies et pensées de Joseph Delorme avec un ou deux vers faux.
Mais, avant la proscription, le "e" languissant comptait pour une syllabe. Or, dans deux de ses derniers poèmes en vers, dont "Fêtes de la faim", Rimbaud n'a pas respecté la règle de proscription, mais il a créé un état de vers moderne inconnu de du Bellay et Ronsard, puisque le "e" languissant manifeste ne compte pas pour la mesure : "Pains couchés aux vallées grises". Rimbaud en fait un vers de sept syllabes dans "Fêtes de la faim", alors que le "e" languissant selon le décompte d'un du Bellay ferait huit syllabes.
Il est à remarquer que les critères prosodiques permettent de différencier les vers du XVIe siècle et ceux de la seconde moitié du XIXe siècle. En effet, même si les poètes ont assoupli les règles à la césure au XIXe siècle, et au-delà même de ce qu'autorisaient les poètes du XVIe, en revanche, ils ont plus longuement respecté les proscriptions du hiatus et du "e" languissant, les atteintes à ces règles étant au demeurant plutôt rares.
J'en ai fini avec les règles prosodiques strictes.
En revanche, il faut parler rapidement d'une autre règle prosodique, la proscription de la cacophonie. Cette proscription consiste à éviter la répétition immédiate d'une même syllabe. Par exemple, il me souvient que dans un de ses commentaires Fongaro épingle la cacophonie "parmi mille féeries profanes" dans la prose d'Une saison en enfer. Cette proscription n'a de toute façon pas lieu d'être dans la poésie en prose, mais elle n'a pas du tout ce caractère d'évidence que certains puristes lui prêtent dans la poésie en vers. Malherbe et Pierre Deimier, au début du XVIIe siècle, l'ont mise en avant, non sans intention maligne dans le cas de Malherbe, mais cette règle prosodique est relative et n'a pas du tout le caractère systématique qu'ont eu les deux règles précédentes. Cette idée de cacophonie est par ailleurs quelque peu discutable. On comprend aisément la raison de la proscription du "e" languissant pour la mesure du vers, un "e" s'entend au milieu d'un vers ! On peut à la limite concevoir la proscription du hiatus, sa proscription sera l'indice d'une haute attention à l'harmonie vocale du vers, même si un hiatus ne jure pas réellement aux oreilles, du moins la plupart du temps. Je suis très sceptique quant au caractère recevable de la proscription du redoublement de syllabes identiques. Il faudrait faire un sondage dans les tragédies de Racine, mais il suffit de citer un de ses vers les plus célèbres : "Pour qui sont ces serpents qui sifflent sur vos têtes ?" Ce vers est constitué de sept monosyllabes purs "Pour / qui / sont / ces / qui / sur / vos", d'un monosyllabe relatif en fin de vers "têtes", sachant que le "e" compte pour l'alternance des rimes masculines et féminines, et pourtant le poète fait se succéder "ces" et "ser". On peut dire que le [r] suffit à opposer la deuxième syllabe à la première, il n'en reste pas moins qu'il n'est pas évident d'opposer la cacophonie "parmi mille" que suppose Fongaro à un passage en prose de Rimbaud à la cacophonie du célèbre vers racinien : "ces serpents". Je ne veux pas soutenir que le redoublement immédiat d'une syllabe ne soit pas sensible à l'oreille, mais ce qui est certain c'est que parler automatiquement de cacophonie n'a aucun sens, sauf si on s'en est préalablement autopersuadé (sauf si on se l'est autosuggéré si vous préférez).
Ce sera tout pour cette fois. Je traiterai la prochaine fois les arguments métriques. Je dirai un mot de la rime et en profiterai pour glisser des remarques sur l'assonance et l'allitération. Je parlerai de la strophe, et bien sûr je parlerai de la mesure (vers, hémistiches), mais si je finirai par les configurations à la césure je parlerai aussi du simple constat d'égalité qui est le critère clef pour opposer le vers à la prose.