lundi 26 février 2018

Confidences

Je continue de travailler sur les résidences de Rimbaud à Paris. Je vais prochainement mettre la suite de mon compte rendu d'un article de Daniel Courtial en ligne. Je parlerai de la rue de Buci, de la rue Victor-Cousin, de l'appartement de Charles Cros rue Séguier. Pour la rue Monsieur-le-Prince, il risque d'y avoir du correctif. Grâce à Daniel Courtial, l'hypothèse d'une résidence à l'Hôtel d'Orient, actuel Hôtel Stella, est en train de tomber au profit d'un hôtel de Saône-et-Loire qui aujourd'hui n'existe plus. Il faut étudier tout le détail technique, ça prend du temps. Pour l'Hôtel des Etrangers, j'ai parfois du mal à déchiffrer les photographies des calepins, ça prend aussi du temps, mais pour l'instant l'idée c'est que c'était l'entresol qui était effectivement loué ou sous-loué (à un certain Joseph David). En effet, les zutistes avaient un piano qu'il ne devait pas être évident de faire monter dans les étages proprement dits. Le rez-de-chaussée était constitué de boutiques, d'une cuisine, d'une salle à manger, mais l'entresol il est question d'un garni faisant office de table d'hôtes. Il y a aussi la mention "maître d'hôtel" et le chiffre 2 dans la colonne "portes et fenêtres à l'usage des locataires"., C'est une pièce à feu. Le locataire Joseph David est aussi présent dans une location du premier étage.
Je n'ai, comme je m'y attendais, aucun retour à propos de ma page de présentation de la prose liminaire d'Une saison en enfer. C'était un article d'un genre nouveau. Les gens se tiennent calfeutrés et il n'est pas question de me reconnaître ou de m'inclure dans la classe supérieure des spécialistes rimbaldiens. Je m'en suis fait une raison. Le cas le plus marrant, c'est "Voyelles". Si plusieurs personnes s'étaient mises, dès 2003, à plancher sur ma piste de réflexion, ils auraient trouvé plein de choses et auraient pu prétendre à un degré de mise au point supérieur à ce que j'avais écrit. Le résultat, c'est qu'ils m'ont laissé creuser l'affaire, y revenir de loin en loin, et puis là c'est tellement puissant qu'on ne peut que demander "Mais pourquoi avoir ignoré cela depuis 2003 ?" Faire exprès de ne pas me citer en considérant que, comme ça, tout ce que je dirai ne sera acté que comme postérieur à leur prise de parole, c'est complètement à côté de la plaque comme démarche, c'est justement le meilleur moyen d'être ridicule. Mais bon, c'est fait, on n'y peut rien.
Au plan d'Une saison en enfer, c'est la même chose qui est en train d'arriver.
Je sais que des gens diront : Mais il fait un énième article sur la prose liminaire, ou bien ils diront "Mais 90% de sa page idéale", cela a déjà été dit. Oui, mais il faut mesurer deux choses. D'une part, les 10% d'inédit sont exceptionnels. C'est quelque chose de dire que le poète oppose la valeur de la révolte à la valeur de la vie et qu'il déploie deux fois explicitement la métaphore : "ma vie" = "mon trésor" d'un côté, et "Gagne la mort" de l'autre. D'autre part, ces 90% sont ordonnés de façon à ruiner définitivement les 50% ou même 90% de discours en plus que les rimbaldiens ont mis sur cette prose liminaire (la beauté du Mal de Baudelaire, la charité qui ne serait pas forcément chrétienne, les lâchetés qui seraient non des lâchetés, mais des poèmes en retard, Satan qui prônerait la charité et le festin ancien au moyen de pavots, etc.). Je ne comprends pas le manque d'intuition dans le monde rimbaldien, alors que c'est l'auteur qui, par excellence, demande à ses lecteurs d'avoir la lumière qui éclaire les parois internes du crâne. Je formule la thèse du livre Une saison en enfer. Je dis en toutes lettres que, ne se contentant pas de choisir entre les deux pôles opposés religion et Satan, le poète veut éviter la charité de la religion et la mort par révolte soumise au démon.
Dans la foulée, ceux qui ont lu la quatrième partie de l'article plus fouillé sur la prose liminaire se rendent compte que je domine de plus en plus les oppositions systématiques du texte. Normalement, le lecteur doit tiquer quand je parle des "autres vies" comme des possibles à opposer à la vie chrétienne. J'ai l'air de ne parler que de la prose liminaire, mais quelque chose de très puissant est en train de s'organiser, de prendre forme.
C'est difficile de croire que plein de gens écrivent sur Rimbaud, que plusieurs livres sortent chaque année à son sujet ou bien que chaque année amène son lot de travaux universitaires, quand on voit l'inexistence des réactions face à ce que je produis. Je ne comprends pas.
Autre exemple, face à des travaux qui rapprochent par exemple Rimbaud de Nietzsche en s'extasiant des ressemblances, des points de convergence, je dis "Mais bon sang ! Ces deux auteurs ne se sont pas connus l'un l'autre!" Il y a un risque d'erreur dans ces rapprochements aléatoires qui ne privilégient pas les contextes (ou le contexte selon l'auteur abordé).
Rimbaud était dans le bain de la culture philosophique française du dix-neuvième siècle, culture dont nous nous sommes délestés à l'heure actuelle. Il est vrai qu'on ne critique pas sans raison les insuffisances, parfois la superficialité de la philosophie française du dix-neuvième siècle, mais outre que la philosophie politique est tout de même un point fort en soi de la culture française c'est le bain culturel des auteurs du dix-neuvième siècle.
J'ai cité récemment un extrait de Madame Gervaisais des frères Goncourt pour montrer une sorte de résonance possible avec la lettre à Demeny du 15 mai 1871 et celle à Izambard du 13 mai. Là, j'ai acheté un livre paru au Livre de poche en 1994. Il s'agit d'une anthologie de textes de philosophes français du dix-neuvième siècle. L'ouvrage porte le titre, il est vrai peu inspiré, "Philosophie France XIXe siècle" et le sous-titre "Ecrits et opuscules". L'ouvrage revient sur le discrédit qui frappe cette époque de la philosophie française et il offre des textes de Maine de Biran, Royer-Collard, Théodore Jouffroy, Victor Cousin, Edgar Quinet, Taine, Renan, Barrès, Foucher de Careil, Bonald, Lamennais, Leroux, Maret, Janet, Destutt de Tracy, Barthélémy-Saint-Hilaire, Proudhon, Saint-Simon, Comte, Jenny d'Héricourt, Clémence Royer, Renouvier, Ravaisson, Boutroux.
La thèse de Félix Ravaisson tient en un livre de petit format actuellement disponible. Il parle de l'habitude comme d'une seconde nature, et c'est un maître à penser de Bergson que Bergson au passage n'aurait pas bien compris. Aucun texte de Fourier n'est cité, mais j'ai depuis très très longtemps envie de lire tout ce qu'a écrit Fourier pour voir si ça n'entre pas en résonance avec des passages précis de Rimbaud. Vacherot non plus n'est pas cité, alors qu'il était maire de Paris au moment de la Commune, et que son histoire est intéressante. Il avait écrit un livre sur la République qu'un historien de la Commune, William Sherman, présente comme un catéchisme pour les républicains pré-communards, mais Vacherot n'a pas adhéré à la Commune, il a déçu, il a été considéré comme un traître et il a gagné une réputation réactionnaire dès lors. Il n'en reste pas moins qu'il faut regarder de près ce qu'il écrivait avant la Commune, puisqu'il était un penseur de la cause républicaine.
Là, dans cet ouvrage "Philosophie France XIXe siècle", j'ai trouvé le premier extrait de Maine de Biran pas bien terrible, celui de Royer-Collard m'a impressionné et paru puissant, celui de Jouffroy un ton en-dessous du précédent m'a fortement fait songer à des manières d'écrire, à des formules de Rimbaud dans ses lettres dites "du voyant". L'éternel problème, c'est que pour en rendre compte il me faudra une relecture. Il y est question du moi et du sensualisme dans ces premiers textes que j'ai lus.
Aujourd'hui, ce sont les Laeticia Boudou qui ont gagné, c'est désespérant, ou, plus grave, les mensonges systématiques des américains sur l'Ukraine, la Syrie, la Libye, l'Irak, le Kosovo, l'ex-Yougoslavie, la Russie, la prétendue pertinence de l'Union européenne et de l'Otan, la prétendue influence des russes sur les élections américaines, etc, etc. Le monde est en train de devenir fou. Mais, au-delà de la gratuité de l'acte artistique chez nos contemporains, apprenons que Rimbaud n'existe pas que pour la frime. Ce que je montre, c'est que Rimbaud ce n'est pas "je fais mon petit cri dans mon coin", je montre qu'il se saisit de toute la matière intellectuelle de son époque. Il faisait de l'art avec une ambition intellectuelle, avec le désir d'asseoir de la connaissance. Il n'étudiait sans doute pas les philosophes pour montrer qu'il en était un ou qu'il avait la classe de quelqu'un qui aurait vingt ans d'expérience en ces matières, mais il s'emparait des choses pour que cela réponde à ses questions à lui, il arrivait à en faire quelque chose, car il arrivait à en tirer de l'essentiel et à s'orienter. Rimbaud orientait sa poésie en fonction de ce que la culture avait de meilleur. Ce n'était pas de la vanité.

vendredi 23 février 2018

Une page de présentation idéale de la prose liminaire d'Une saison en enfer pour un éditeur

J'ai voulu m'essayer au rôle d'éditeur de référence du livre Une saison en enfer de Rimbaud. Je livre ici le texte d'un document Word qui fait à peine plus d'une page. Il s'agit d'une notice de présentation de la prose liminaire sans titre d'Une saison en enfer. Ce n'est qu'un début.
J'ai renoncé à évoquer les erreurs de lecture de mes prédécesseurs, ce qui m'aurait amené à établir tout un dossier explicatif. Je n'ai pas pu tout traiter, j'ai ainsi renoncé à une analyse des effets formels qui m'aurait pourtant beaucoup plu.
Ce que je dévoile, c'est le sens littéral de cette prose liminaire, la problématique du livre Une saison en enfer et l'articulation entre ce texte d'ouverture et la suite du récit. Je prétends que cela n'a jamais été fait auparavant et ceux qui me liront pourront s'en rendre compte. Personne n'a jamais écrit sur un quelconque extrait du livre Une saison en enfer une page respectant tout uniment le triple impératif d'être éclairante, belle et précise comme celle qui va suivre. Je n'ignore pas la modestie, mais vous pourrez juger que c'est elle qui n'est pas digne de me connaître. Surtout, il faut imaginer que, pour la première fois, les lecteurs peuvent lire un texte qui leur expose clairement l'ambition littéraire de l'unique livre qui ait été mis sous presse par une action décisive de Rimbaud lui-même. Pour la première fois, un lecteur ne se dit pas seulement que ce récit est joliment écrit, qu'il a une violence intense, tout en se désespérant que son sens lui en demeure résolument obscur. Ici, il saura de quoi ça parle.

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La prose liminaire du livre Une saison en enfer


À la différence de l’ « Avertissement » des Déserts de l’amour, la prose liminaire sans titre qui lance, tel un prologue, le livre Une saison en enfer fait partie intégrante de la fiction. Le poète, qu’il faut considérer ici en tant que personnage plutôt qu’auteur, livre en quelque sorte la raison qui a présidé à l’assemblage des « feuillets » formant le corps du récit. Il faut s’imaginer cette ouverture comme la dernière composition du livre, elle a une valeur rétrospective et se ponctue par un envoi à Satan. Le poète dresse un bilan, ce qu’appuie la dominante du recours au passé composé. Un contrepoint oppose le passé lointain d’un bonheur initial, décrit dans le premier alinéa, à la damnation des six alinéas suivants, en impliquant une réflexion sur la valeur de la vie et ce qu’il est permis d’en attendre. Bien que la joie de départ ait été envisagée comme enivrante, elle supposait une concorde entre les êtres qui, nous allons le voir, n’allait pas de soi, et surtout elle est d’emblée réduite à un souvenir incertain, autrement dit suspectée d’être un leurre. Le basculement s’opère au second alinéa quand le poète s’attaque à la valeur suprême de ce monde idyllique. Pour lui, « la Beauté », allégorie résumant la triade Beau = Bon = Vrai dans une société d’obédience chrétienne, n’est pas à la hauteur d’un rapport érotique authentique et libéré. Il se dresse alors contre les valeurs civiques et religieuses de l’ordre social, et exprime une révolte qui atteint rapidement un paroxysme. Le trésor qu’il a confié aux sorcières n’est autre que sa vie même qu’il a soustraite à l’univers du festin : « ma vie » = « mon trésor ». Nous assistons à une inversion des valeurs : appel à la « haine » et à la « misère » contre l’amour et l’abondance de biens, rejet des vertus théologales (espérance, charité) ou cardinales (justice), transformation en « bête féroce » opposable à la civilisation, célébration du « malheur » contre « Dieu » et contre une idée de « bonheur établi », désir de mort. Le défi prend une tournure plus fine, quand il s’agit non de se livrer au crime et à la folie, mais d’en interroger la perception, les limites troubles. Les souffrances de cette vie de révolte remontant jusqu’aux approches du présent correspondent à l’expérience de la saison infernale. L’avènement du « printemps », saison d’espoir et de renouveau, ne guérit pas le poète, mais le fait renchérir dans l’esprit de dérision. En revanche, le sentiment d’imminence de la mort, lors d’un événement présenté comme récent, a provoqué un réveil du poète qui a décidé de reconsidérer l’importance de la vie. Cela a donné l’occasion d’une réévaluation de la situation initiale, mais le rejet est immédiat de la valeur placée au fondement de cet état de grâce. Le poète récuse sans appel la notion de charité chrétienne et découvre ainsi que le bonheur initial ne fut qu’une illusion versée sur lui avec le catéchisme et les eaux du baptême. Malgré ce rejet du sentiment chrétien, Satan exprime sa colère et essaie une dernière ruse. Son impératif « Gagne la mort » doit se lire comme l’inversion de la formule « perds la vie » et un mensonge sur la hiérarchie des valeurs entre vie et révolte. Le poète identifie parfaitement l’endormissement de sa conscience, il évoque la couronne de pavots, mais sa réponse se montre sournoise à l’égard de son maître, puisqu’il le traite avec désinvolture et ironie. Faussement soumis, il lui dédie une suite de feuillets qui, s’ils forment le récit croustillant de la vie d’un damné, se révèleront le cheminement d’un poète qui parvient à en finir avec l’enfer sans revenir à Dieu pour autant. Ce manque de franchise a une conséquence pour le lecteur, puisque celui-ci apprécie un projet précis, mais ignore avec Satan qu’une solution est à l’œuvre dans les feuillets qu’ils vont lire et qui ne sont pourtant présentés que comme un amusement sans queue ni tête pour se faire pardonner de sensibles réticences à un complet abandon dans la carrière du Mal.

La prose liminaire d'Une saison en enfer : quelle lecture, quels enjeux ? (quatrième partie)



J’ai publié sur mon blog « Enluminures (painted plates) » les trois premières parties d’une analyse de la prose liminaire du livre Une saison en enfer en tenant compte de ce qui a été publié sur le sujet jusqu’à présent. Ces trois premières parties furent mises en ligne le 6, le 8 et le 10 décembre 2017. Une suite était annoncée. Je propose donc les liens nécessaires pour que le lecteur puisse se reporter rapidement à ce qui a déjà été publié, mais je vais commencer cette reprise par un petit exercice de synthèse qui, à la limite, peut dispenser les plus pressés et paresseux de remonter dans le passé de mon activité critique.

Liens des articles déjà mis en ligne
Je vais effectuer ma synthèse à partir d’une relecture de deux ouvrages anciens. D’un côté, je m’appuie toujours principalement sur le livre de 1975 de Margaret Davies sur Une saison en enfer. Celui-ci a des défauts, mais aussi deux grands mérites, le premier celui d’être le meilleur point de vue jamais écrit sur le sens du livre Une saison en enfer, le deuxième celui de prouver qu’une lecture proche de la mienne a existé pour la prose liminaire avant que les travaux de Brunel et Molino n’entraînent la critique rimbaldienne dans des problématiques viciées. D’un autre côté, je vais m’appuyer rapidement sur les notices et notes de Cecil Arthur Hackett dans son édition des œuvres de Rimbaud de 1986.
Dans les notes qui accompagnent le texte de la prose liminaire d’Une saison en enfer, Cecil Arthur Hackett procède en deux étapes. Il offre une petite note de synthèse, puis il fait suivre une série d’observations sur des détails du texte. Je m’empresse de citer la première moitié de la note de synthèse :

Dans ce prologue, Rimbaud se tourne vers le passé et évoque brièvement les principaux thèmes de l’œuvre : la jeunesse, la révolte, le temps, la souffrance, la mort. Ici comme ailleurs, il met l’accent tout d’abord sur la vie, sa propre vie ; ensuite sur « la Beauté », la littérature, qu’il méprise désormais. […]

Ce qui est remarquable, c’est que l’éditeur ne définit pas le propos, il énumère des thèmes. Parmi les notes pour le détail du texte, Hackett ajoute : « Rimbaud entame une confession… », mais tout cela reste un petit peu en suspens, sans logique charpentée. La démarche de Margaret Davies est bien plus pertinente. Elle envisage un plan dialectique thèse-antithèse-synthèse. La thèse est l’illusion du « festin » relayé dans un souvenir hypothétique, l’antithèse est la manifestation de la révolte et la synthèse est la troisième voie que va chercher à opposer le poète au dualisme de l’enfer et du paradis terrestre. Ce refus d’un dualisme a entraîné des lecteurs philosophes à envisager que Rimbaud finalement combattait le dualisme lui-même, alors qu’il s’agit bien concrètement d’un axe chrétien du Bien et du Mal qui est rejeté. Margaret Davies a peut-être simplement sous-évalué l’importance du refus de la mort, ce qui a empêché son analyse d’arriver à une pleine compréhension des enjeux.
La plupart des gens qui étudient Une saison en enfer exposent les choses dans le même flou que le fait le critique anglais Cecil Arthur Hackett en 1986, Bandelier, Frémy, Coelho, etc. Le plan thèse-antithèse-synthèse qui est fondé et qui a été clairement exposé par Margaret Davies n’a guère été repris. Il l’a été quelque peu par Yoshikazu Nakaji, mais celui-ci a faussé le plan, à cause de deux idées erronées. Nakaji a parlé d’anti-rituel pour la révolte du poète, ce qui pourrait être une reprise de l’idée de conversion à une messe noire déjà formulée dans le livre de Margaret Davies. Mais cette révolte ne s’impose pas comme un rituel. Qui plus est, Nakaji emploie le terme d’anti-rituel, ce qui implique que le festin de « Jadis » ait lui-même été un rituel, ce qui est encore moins recevable. Les conceptions de Nakaji sur le rituel et l’anti-rituel ne sont pas la seule erreur. Nakaji développe aussi l’idée que le combat présenté comme « spirituel » n’est peut-être qu’une « immense dérision ». Il faut prendre en compte l’opposition entre la confiance dans l’œuvre que manifeste le travail de Margaret Davies et la perplexité de maints lecteurs, ce dont Hackett offre une formulation clef dans son édition de 1986. D’un côté, Margaret Davies choisit de prendre au sérieux le texte en considérant qu’il n’est pas question « de raconter tout simplement une histoire personnelle », mais qu’il s’agit de mettre en scène le « combat spirituel dans ce qu’il a d’essentiel pour les hommes », c’est cela qui « fournirait le sujet du récit ». Sa thèse se fonde sur une phrase remarquable de la section « Adieu » : « Le combat spirituel est aussi brutal que la bataille d’hommes ; » la critique souhaite alors « préciser la nature du combat spirituel », sa portée, et sa manifestation par des « effets formels » dans son étude. D’un autre côté, Hackett ne tranche pas, mais il formule tout de même au sujet des affirmations de succès de la section finale « Adieu » une réticence capitale pour l’histoire de la critique rimbaldienne : « Que dire de cette conclusion dramatique qui, sans substance véritable, sans explication, se contente d’affirmer ? » Et au sujet de la prose liminaire, Hackett n’excluait pas l’exposition d’un projet, mais il mettait en doute sa mise en œuvre par le biais d’un conditionnel : « il voudrait, en effet, montrer qu’un damné peut être sauvé, et par ses propres moyens. » Ce qui est dit est très juste, mais le conditionnel invite à penser que le programme n’a pas été rempli par le poète. De là, l’idée que ce texte n’est qu’une grimace dérisoire. La mise en avant de la notion de « dérision » comme clef de lecture dans le travail de Nakaji pose problème, elle enferme le propos de Rimbaud dans une certaine gratuité, vanité. Enfin, nous avons vu que Molino a piétiné la structure dialectique de la prose liminaire, puisqu’au lieu de considérer que le poète voulait éviter la mort en ne concédant rien à la charité chrétienne pour autant, il nous a entraîné dans une idée selon laquelle Rimbaud chercherait à découvrir une charité non chrétienne pour les hommes, ce qui est un contresens manifeste. Victimes des erreurs d’interprétation de Molino, les nouvelles lectures de la prose liminaire et même du livre Une saison en enfer n’ont jamais retrouvé la précision de la dialectique exposée par Margaret Davies, laquelle pourtant n’a guère laissé d’autres travaux convaincants sur les poésies de Rimbaud. Murat a continué de s’inscrire dans le fourvoiement quand il a ajouté des chapitres à son livre L’Art de Rimbaud. Les nouvelles études de Nakaji ont contredit sa thèse pourtant plus juste de 1987 sur la notion de charité. Sur la toile, dans son « Anthologie commentée » du site Arthur Rimbaud, le poète, Alain Bardel constate bien l’opposition de deux options de vie contradictoires, mais il ne cerne pas la dialectique autour du danger de mort qui consiste à rejeter l’échappatoire par le « festin » et la « charité », mais aussi la « mort » elle-même et donc le fardeau des « pavots » sataniques. Si Bardel semble peu influencé par la lecture de Molino au plan de sa lecture de la prose liminaire, il la subit malgré tout quand il évoque le motif de la charité, où l’opposition de Rimbaud n’apparaît plus comme nettement déclarée, la notion de « charité » n’étant même plus comprise comme spécifiquement chrétienne.
Reprenons donc le mouvement de la prose liminaire.
Nous venons d’ouvrir un livre intitulé Une saison en enfer. Nous anticipons quelque peu quelques grandes lignes du récit. Le poète va évoquer une vie infernale qui appartient au passé, il va raconter une épreuve qu’il a dépassée. Le paradoxe, c’est que, pour un chrétien, l’enfer relève de la damnation éternelle. Comme le disait Hackett que nous citions plus haut, le poète veut nous montrer que le damné peut échapper à la sanction fatale. Or, si le premier mot du texte est l’adverbe « Jadis », nous n’effectuons pas un plongeon dans le passé qu’est cet enfer, mais dans le passé antérieur à cet enfer, ce que confirme l’association de ce « Jadis » à un bonheur irénique. L’enfer commence inévitablement par la rupture avec ce monde de concorde édénique, c’est-à-dire au second paragraphe. Et le poète parle alors de son existence comme d’une chose précieuse : « ma vie était… » J’en déduis que, lors de la rupture, la formule : « Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié ! » implique que nous interprétions la métaphore « mon trésor » de la façon suivante : « ce bien précieux qu’est ma vie » : « Ô sorcières, ô misère, ô haine, c’est à vous que mon trésor a été confié ! » Il n’y a donc pas à chercher à identifier le trésor en apportant nos hypothèses gratuites au texte de Rimbaud. Ce « trésor » s’est alors retrouvé en péril, le poète cherchant la mort :

J’ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils. J’ai appelé les fléaux, pour m’étouffer avec le sable, le sang.

C’est au moment de la menace du « dernier couac ! » que le poète a pris conscience que véritablement sa vie était un trésor. Et, comment mieux en faire un trésor, que de faire coïncider sa vie avec un « festin », lequel ne rend pas seulement heureux, mais nourrit, alimente le principe de vie ! Ceci dit, le poète rejette d’emblée l’inspiration divine de la « charité ». Satan intervient, il ne proteste pas contre le rejet de la charité, mais contre le refus de la mort. L’expression « Gagne la mort » est une malice du démon, puisqu’il s’agit de l’expression inversée « perds la vie », mais on voit à quel point le texte est structurée, puisque l’expression « Gagne la mort » confirme l’équation « ma vie » = « mon trésor », et on voit qu’il est question d’identifier les valeurs. Au moment de mourir, le poète comprend que la valeur n’est pas dans la révolte, mais dans la vie. Et notez bien que dans la section « Matin », nous avons au milieu du texte l’affirmation « je crois avoir fini la relation de mon enfer[,] » et en clausule la formule : « Esclaves, ne maudissons pas la vie. » N’est-ce pas là une preuve éloquente de la structure dialectique élaborée du récit rimbaldien ?
Cette dialectique, seule Margaret Davies en approchait, mais pas complètement, d’autant que Margaret Davies elle-même commet un contresens important sur le texte qui est la voie royale qui a amené à la thèse de Jean Molino selon lequel la phrase « Cette inspiration prouve que j’ai rêvé ! » vise non le « festin ancien », mais les alinéas d’expression d’une révolte féroce. En effet, dans son livre, Davies a écrit : « cette vision de sa vie, comme un festin n’était que de l’égoïsme, les aimables pavots ont été les péchés capitaux. » En réalité, il y a deux rêves distincts dans la prose liminaire. Il y a d’un côté le faux souvenir du « festin » ancien, tromperie de la religion avec sa notion de charité, et il y a de l’autre l’ivresse infernale de la couronne de pavots, la révolte satanique. Notre approche exceptée, aucun commentaire ne semble faire la séparation entre le rêve du « festin » et les « pavots ». Davies manque elle-même une opposition utile à la juste compréhension de la dialectique qu’elle tend à dégager dans son analyse. Pour Davies, la thèse était un premier alinéa d’illusion d’une vie dans un festin ancien. L’antithèse était la désillusion et la révolte. La synthèse est le dépassement du dualisme du paradis et de l’enfer. Mais elle formule l’idée que l’illusion du festin ancien venait de ce que le poète n’était dès le départ qu’un égoïste, et ce serait Satan lui-même qui aurait coloré l’illusion initiale d’un festin « où s’ouvraient tous les cœurs ».
Telle n’est bien sûr pas notre lecture.
Reprenons. Le « Jadis » se situe avant la « saison » infernale. Or, ce « Jadis » est présenté comme un souvenir incertain, ce qui veut le situe en-dehors de l’existence même. Par conséquent, nous comprenons que toute la vie du poète a été une saison et une révolte infernales. Le paradis était avant la naissance, avant en tout cas l’apparition de la conscience chez l’homme. Le paradis, c’est le faux souvenir du baptisé admis dans la communauté chrétienne avant tout âge de raison, et c’est ce qu’explicite le poète dans la suite de son récit : « Je suis esclave de mon baptême », phrase où noter une mention « esclave » à mettre en relation avec la clausule : « Esclaves, ne maudissons pas la vie. » Le poète déclare encore : « Parents, vous avez fait mon malheur et vous avez fait le vôtre. Pauvre innocent ! – L’enfer ne peut attaquer les païens. » L’enfer commence donc le soir où le poète a insulté la « beauté », mais ce soir-là, c’est contre son baptême même que le poète s’est révolté. Et le souvenir du « festin », ce n’est que l’image de la famille chrétienne à laquelle il appartient, à laquelle il est soumis. Et c’est là qu’il faut encore apprécier tout la forme ramassée du groupe nominal flanqué d’un possessif « ma vie » : « ma vie était… », ma vie était celle d’un membre de la chrétienté, d’un membre d’une société bien définie. Et quand Rimbaud parle de « vies » au pluriel, expression qui est aussi le titre d’un poème en prose en trois parties numérotées du recueil des Illuminations, il le fait parce qu’il diffracte l’unité de la vie chrétienne en plusieurs possibilités, en plusieurs échappatoires, en une liberté qui irradie dans tous les sens : « A chaque être, plusieurs autres vies me semblaient dues. […] Devant plusieurs hommes, je causai tout haut avec un moment d’une de leurs autres vies. – Ainsi, j’ai aimé un porc. » Il ne s’agit pas de prôner la métempsycose. Le poète envisage que l’être humaine peut se réaliser en-dehors de la conformité à un unique modèle de vie chrétienne, et l’expression « j’ai aimé un porc » ne vise pas, même si le glissement a l’air de s’imposer mécaniquement, la relation avec Verlaine, mais elle cible la réalité basse de l’être humain, dans le langage du mépris même de l’église, qu’on pense à « pourceau d’Epicure » notamment, pour dire autre chose sur la dignité de la vie. Car le poète parle en plus d’un « dû » et même de plusieurs (« plusieurs autres vies me semblaient dues »). Il ne faut pas hésiter à y voir une reprise de l’exploration de soi et de l’inconnu qu’est le « Je » dans les lettres dites du « voyant ». Le choix des caractères italiques dans « autres vies » conforte le rapprochement avec la thèse exposée du « Je est un autre ».
Revenons à la prose liminaire. Il n’y est pas alors encore question d’opposer plusieurs vies émancipées à la vie bien moulée, bien conforme du festin du baptême. En revanche, la révolte contre la « Beauté » et la « justice » étaient encore assez bien compris à l’époque de Margaret Davies et de Cecil Arthur Hackett. Des rapprochements indus avec les poèmes de Baudelaire n’avaient pas encore fait leurs beaux dégâts sur les lectures du « combat spirituel » de Rimbaud. Dans une note de son édition de 1986, Hackett écrit au sujet de l’expression « je me suis armé contre la justice » : « Allusion à la révolte de Rimbaud contre l’ordre bourgeois ». En revanche, il confond la « Beauté » avec la « Muse », à cause d’un rapprochement avec des vers de La Maison du berger de Vigny. En revanche, Davies creuse la question de la « Beauté » et développe une conclusion plus intéressante, que personne n’a reprise par la suite apparemment. Elle envisage d’abord qu’il peut s’agir de la « beauté féminine » et cela impliquerait chez le poète la découverte de son homosexualité, hypothèse farfelue qui contamine également l’interprétation du « vice » dans Mauvais sang, le vice étant interprété comme l’homosexualité par quelques commentateurs quand il s’agit d’un renvoi explicite au titre lui-même : « vice » = « mauvais sang » de gaulois, de païen, etc. Davies passe ensuite à une seconde hypothèse. Il serait question de la « beauté de l’Art [celle] adorée par le poète du Parnasse », ce que Davies réduit encore entre parenthèses à la « réussite littéraire ». Mais, la critique réagit et elle finit par considérer que « puisque rien dans le texte ne permet de préciser, c’est plutôt le concept abstrait de la Beauté, c’est-à-dire l’idéal qu’elle incarne, qui est visé ici. » Laissons tomber la précision « c’est-à-dire l’idéal qu’elle incarne » qui si on veut bien y réfléchir n’est pas très claire. J’ai toujours été un partisan spontané d’une telle lecture. Je ne vois pas ce que la Beauté de l’art pour l’art ferait là, ni l’éternel féminin. Il est évident que la « Beauté » va de pair avec la « justice » de l’alinéa suivant, avec la « charité » bientôt dressée en « clef » du festin où la « Beauté » avait ses entrées. Beaucoup de lecteurs pensent que cette « Beauté » est une prostituée et ils ricanent si on envisage que l’acte sexuel n’a pas été consommé avec le poète. Pourtant, c’est ce que dit clairement le texte. Le poète assoit la Beauté sur ses genoux et il l’injurie aussitôt, donc il n’y a pas eu de rapport sexuel. Ensuite, et ceci confirme qu’il n’est pas question de la Beauté du Mal et muse vénale de Baudelaire, cette femme n’est pas venue sur les genoux du poète, c’est le poète qui l’a assise sur ses genoux, en en espérant beaucoup puisqu’à ce festin tous les cœurs ont le don de s’ouvrir, mais le cœur de la beauté ne s’est pas ouvert aussi brutalement que le poète le désirait. Assise sur les genoux, la situation n’est pas devenue si inconvenante que bien des lecteurs le pensent, la relation est restée toute de retenue, pleine d’une bonne éducation, toute civile dans l’odeur de sainteté du baptême. Le poète n’a pas deviné une des « autres vies » convoitées à ce moment-là, et c’est ce qui l’a poussé à une révolte instinctive, car cela ne lui a pas semblé normal. Les lecteurs de Rimbaud font à peu près tous un contresens redoutable. Ils se disent que Rimbaud écrit un petit épisode un peu leste, mais ils attribuent la friponnerie à la « beauté » et non au poète qui passe alors pour le jeune inexpérimenté. Les lecteurs se disent presque que le puceau Rimbaud est déçu dans ses attentes et qu’il avait trop idéalisé la Femme, alors qu’elle n’est pas si extraordinaire que ce que ses rêves lui ont fait croire. Ce n’est pas ça, le texte ! La « beauté » fait partie d’un monde bien ordonné dont elle respecte les codes, et c’est le poète qui était entreprenant et ouvert à une expérience de débauche en-dehors du cadre légitime. Sinon comment expliquer que l’injure à la « Beauté » soit suivie d’un refus de la « justice », d’un défi aux « bourreaux », d’un rejet des vertus théologales « charité » ou « espérance », etc. ? Rimbaud s’attaque très clairement à l’équation Beau = Bien = Vrai. Et dans cette révolte, le poète s’oppose clairement à la notion de civilisation, puisqu’il se transforme en « bête féroce », son antithèse. Il faut le dire et le répéter, la « beauté » qu’il vient d’injurier, est une femme hautement civilisée ! Personnellement, ça me fait bouillir d’être le seul rimbaldien à comprendre cela. Tous les lecteurs se maintiennent avec résolution dans le contresens à ce sujet, malgré toutes les preuves apportées par l’environnement textuel de cet épisode un peu leste. Cette idée de bestialité est d’ailleurs capitale, nous retrouvons l’idée de l’autre vie, celle qui n’est pas « ma vie » comme « festin où s’ouvraient tous les cœurs », celle de l’ouverture du « dérèglement de tous les sens » et de la formule « j’ai aimé un porc ! » Dans les années soixante, quand la musique de sauvages qu’est le rock se répand, un groupe anglais choisit de se nommer « The Animals », c’est ça la métaphore du « porc », de la « bête féroce », c’est un pied-de-nez aux airs indignés de la bonne société. Ce pied-de-nez peut encore être pris en bonne part quand il s’agit du groupe qui a chanté « The House of the rising sun », « Hear me cryin’ » ou « Don’t le met be misunderstood », mais il est sulfureux quand il s’agit des frasques de la vie rimbaldienne. Ce que je ne comprends pas, c’est que les lecteurs ne font pas jouer les oppositions élémentaires : « bête féroce » contre « justice » ou « charité » et donc contre « la beauté ». Ce sont des oppositions métaphoriques mécaniques, les enjeux de sens n’ont rien de compliqué à percer, et cela permet d’éviter aux lecteurs de partir dans un contresens sur un détail du texte, puisque les échos entre les alinéas permettent de bien considérer les articulations cohérentes entre les éléments du récit.
En choisissant le « malheur » comme son « dieu », le poète renonce au « bonheur », mais songeons que plus loin dans la confession le poète exprime une révolte contre une notion plus précise de « bonheur établi », contre une certaine vie « domestique » ou bien domestiquée. Et si le poète dit avoir « joué de bons tours à la folie », il faut sans doute aussi comprendre la relativité des points de vue. La « folie » est en grande partie définie en fonction de l’équilibre moral de la société qui définit le Beau, le Vrai, le Bien. Rimbaud dira plus loin que « Monsieur Prudhomme est né avec le Christ ». Même la raison du monde nouveau, de bourgeois voltairiens par exemple, est héritière des siècles chrétiens. La « folie » va de pair avec la prétention satanique à une « absence de facultés descriptives ou instructives », puisqu’il s’agit d’explorer l’inconnu de la confusion, toujours selon les préceptes de la lettre dite « du voyant » du 15 mai 1871, en s’opposant au monde satisfait qui n’a rien fait et qui s’est interdit les visions par morale étriquée.
Et revenons sur ce « Jadis ». Nous avons dit, plus haut, et ceci n’est pas une idée de Davies ou d’un de nos prédécesseurs dans l’analyse du texte, que ce « Jadis » était récusé en tant que souvenir incertain, ce qui le plaçait en-dehors de ce monde, au-delà de l’existence humaine de l’individu. Nous comprenons que l’enfer commence dès le refus du baptême et que chez le poète la révolte a été assez immédiate. Je veux dire qu’un tel prologue ne dit pas simplement : « Pendant tout un temps, j’ai été en enfer ! » mais « toute ma vie jusqu’à présent, j’ai été en enfer », puisque le festin dont je croyais me souvenir n’était qu’un rêve. Et finalement, le poète s’ouvre seulement à une deuxième saison de sa vie quand il sort de l’enfer. Voilà qui rajoute à l’intensité du drame. Ceci confirme pleinement notre analyse selon laquelle la « saison en enfer » ne débute pas au « printemps » avec un « affreux rire de l’idiot ». La première saison du « Jadis » n’a jamais existé, la vie n’a été jusque-là qu’une seule saison infernale, et enfin une seconde saison commence.
Dans une dernière partie consacrée à la prose liminaire, j’achèverai de rendre compte des lectures qui en ont été faites, puis j’enchaînerai sur d’autres sections d’Une saison en enfer.

A suivre donc…