Dans sa poésie en vers, si je fais jouer ma mémoire, Rimbaud affectionne à deux reprises de recourir au mot "aqueduc". Une mention est faite dans le poème "Chant de guerre Parisien", où un politicien verse de fausses larmes en faisant son "cillement aqueduc". La formulation est alambiquée, mais, en gros, tel un acteur, Favre cligne des yeux comme pour presser la grosse poire de son globe oculaire et en faire jaillir des gouttes d'eau feintant ses remords et ses regrets. L'expression rime avec l'expression "Grand Truc" qui reste elle-même assez débattue dans le milieu de la critique rimbaldienne. Le poème "Chant de guerre Parisien" suggère par son titre la reprise avec démarcation parodique du "Chant de guerre circassien" de François Coppée, mais surtout la forme d'une succession de quatrains d'octosyllabes pour traiter avec un humour imagé la guerre franco-prussienne fait toute une série d'allusions au volume Emaux et camées de Théophile Gautier qui prône l'art pour l'art et le mépris de l'actualité politique par le poète, ce dont Rimbaud prend le contre-pied, mais cette forme de quatrains d'octosyllabes avait une actualité poétique immédiate avec les Idylles prussiennes de Banville et d'autres poèmes d'octosyllabes de cette époque qui réagissaient au drame de la guerre franco-prussienne. Une autre mention du mot "aqueduc", cette fois au pluriel, apparaît dans le poème "Michel et Christine". Ce poème semble dater du mois d'août 1872. Il a des liens intertextuels étroits avec le poème "Malines" des Romances sans paroles de Verlaine qui est daté du mois d'août 1872, en impliquant une station dans cette ville belge à cette date précise, mais en plus, le manuscrit de "Michel et Christine" est à rapprocher du manuscrit du poème "Juillet" qui date visiblement du même été en Belgique et qui évoque une station bruxelloise en juillet 1872. Le motif ferroviaire est présent dans les trois poèmes ici cités de Verlaine et Rimbaud ("Malines", "Juillet" et "Michel et Christine"). Toutefois, rien n'impose de considérer que le poème "Michel et Christine" décrit un cadre belge qui nous échapperait encore quelque peu.
Dans "Michel et Christine", la mention du mot "aqueducs" est compréhensible dans le contexte décrit. L'orage fait monter les eaux, les aqueducs peuvent déborder, il est préférable de s'en éloigner. Rappelons, au passage, que les aqueducs ne sont pas automatiquement des ponts, ils font tout un parcours, en principe souterrain, et il faut évidemment songer, l'orage charriant des débris, du bois, au phénomène d'embout.
Mais, pourquoi parler des "aqueducs" pour raconter la menace du ruissellement de l'eau de pluie qui déborde de partout ?
Les commentaires de "Michel et Christine" se contentent de signaler que c'est un élément plausible du décor de l'idylle pastorale. Je peux supposer que c'est assez vrai en peinture, mais j'ignore ce qu'il en est pour la poésie de l'Antiquité ou pour la poésie de la Renaissance ou pour la poésie classique. Car, c'est en tant que mots que je veux voir associés les termes "idylle" et "aqueducs" bien présents dans "Michel et Christine". L'aqueduc est-il si présent que cela en peinture ? Et si présent dans les peintures représentant une idylle ou une pastorale ? Effectivement, il me semble en avoir déjà vu de ces tableaux et l'aqueduc est un élément clef de l'architecture romaine, qui a le mérite de ne pas venir des grecs, d'être spécifique aux romains, et qui a le mérite d'être dans la campagne. C'est une sorte de ruine antique qui suggère la grandeur passée et qui ennoblit la campagne. Ceci dit, j'aimerais déjà retrouver des tableaux avec des scènes de pastorale, d'idylle, où les aqueducs figurent dans le paysage. Je ne trouve pas cela évident, alors qu'à son époque Rimbaud ne pouvait consulter comme moi tant et tant de représentations de tableaux. Lisait-il les salons de Théophile Gautier, Denis Diderot, Charles Baudelaire, et consorts ? Il n'a pu en lire qu'une faible proportion, mais la piste reste à explorer.
Il existe une série de tableaux de Vernet représentant des moments du jour à Rome, matin, midi, soir et nuit, série qui a été imitée par Géricault, Lallemand et d'autres poètes. Dans ces tableaux, l'instant de midi correspond à un ciel pluvieux, couvert, sinon orageux, et l'instant du soir est flanqué du motif de l'aqueduc, le décor romain pouvant suggérer un cadre pour les idylles. Mais j'ai du mal à trouver ces rapprochements très convaincants en l'état actuel de mes recherches.
Malgré tout cela, pour parler de mon impression personnelle, cet emploi du mot "aqueducs" me fait l'effet de l'inattendu dans le poème, je n'arrive pas à admettre qu'il puisse s'expliquer par une simple référence à la pastorale où nous aurions l'éternité des troupeaux face à la persistance d'un vieux motif antique usé par le temps, mais toujours témoin d'une lointaine grandeur passée.
Par ailleurs, "Michel et Christine" s'inspire de "Malines", à moins que l'ordre de création soit inverse et que "Malines" ne lui fasse écho, ce qui amène une première fois à se poser la question de sa relation éventuelle avec le séjour belge des deux poètes. Or, le premier vers de "Michel et Christine" reprend un "Zut alors" cité par Baudelaire dans son volume grinçant La Belgique déshabillée. La période de composition et les liens avec le manuscrit du poème "Juillet" : désorganisation des rimes de quatrains, quasi le même nombre de quatrains, mêmes pliures des manuscrits et tache commune à ces deux manuscrits signalée à l'attention par Jeancolas, tout autant d'éléments qui confortent l'impression que ce poème a, au moins, un peu à voir avec le séjour belge des deux poètes.
Plus fort encore, Verlaine a commis bien plus tard un poème avec des "Malins de Malines" qui permet de subodorer que la césure dans "Michel et Christine" se trouve après la quatrième syllabe. Le poème de Verlaine est le numéro XXIV du recueil
Invectives, il s'intitule "Hou ! Hou !" Tout en vers de cinq syllabes, son refrain, peu plaisant pour les amateurs belges de poésie, fait écho au poème d'août 1872 des
Romances sans paroles : "Bruxelles, Chevaux de bois" :
Belges que vous êtes,
Chantez, mes amours,
De vos grands poètes
L'on rira toujours.
Le refrain varie pour son verbe à l'impératif : "Peignez", "Causez", "Venez".
Mais surtout, le poème de Verlaine est dominé par le vers de onze syllabes, et si la césure n'est pas immédiatement sensible, au lieu d'être comme il conviendrait après la cinquième syllabe, les calembours invitent à la reporter à la frontière des quatrième et cinquième syllabes :
Swells de Brussels et gratin de la Campine,
Malins de Malines, élégants de Gand,
A Linos, Orpheus et leur race divine,
Jetez le caleçon, relevez le gant.
Beaucoup vont penser qu'il n'y a pas de césure dans ces quatre vers de onze syllabes. Notez pourtant que dans le premier vers on a un écho interne entre "Swells" et la seconde syllabe de "Brussels", qui donne du sel à une blague alambiquée et "gratinée". Dans le second, on a également une reprise avec calembour de "Malins" à "Malines" où évidemment il faut entendre le mot "Mal". "Swells de Brussels", cela fait quatre syllabes, "Malins de Malines", cela en fait six, mais "Swells", c'était une seule syllabe reprise dans la seconde de "Brussels". Ici, si on écarte la fausse variation de masculin à féminin, on a la reprise du mot "Mal" exactement de la même façon de la première à la quatrième syllabe du vers de onze syllabes. Cela peut sembler arbitraire comme relevé, dans la mesure où si nous continuons ainsi nous devons ensuite couper le nom "Orpheus", puis le mot "caleçon". Notons tout de même que si nous effectuons de tels découpages, le mot "Or" est souligné à la césure artificielle du vers 3, la forme "-al" de "caleçon" crée une rime interne avec la forme "-al" de "Malines" et le "caleçon" devient un objet qu'on jette en l'air par-delà la césure.
Tout cela a l'air gratuit, seuls les deux premiers vers sont convaincants. Mais en écartant le refrain en vers de cinq syllabes, penchons-nous sur les trois autres quatrains en vers de onze syllabes du poème "Hou ! Hou !"
Mais las ! j'oublie, et vous êtes pittoresque,
En même temps qu'esthétique et musical.
Pour la couleur aucun ne vous vaut que presque
Et votre Rubens marche mal votre égal.
Ce second quatrain est remarquable. Les trois premiers vers permettent d'imposer sans problème le découpage que j'ai artificiellement proposé pour le quatrain précédent. "Mais las ! j'oublie", "En même temps", "Pour la couleur" : on n'a aucune difficulté à scander un premier membre de quatre syllabes dans chacun des trois premiers vers. Le seul qui pose problème, c'est le nom propre "Rubens", ce qui fait déjà envisager qu'il y a une corruption de la césure qui est faite exprès pour les noms propres "Orpheus" et "Rubens". Notons aussi que le vers "Malins de Malines, élégants de Gand," invitait expressément le lecteur à chercher des rimes internes qui concernaient la rime comme l'hypothétique césure. Force est de constater que l'hypothétique rime en "-al" à l'hypothétique césure du premier quatrain est cette fois une rime "-al" indiscutable à la rime dans le second quatrain de vers de onze syllabes du poème "musical"::"égal" après "Mal-ines" et "cal-eçon".
Je me doute bien que de telles acrobaties sont difficiles à admettre ou à prendre au sérieux et que je vais encore affronter un haut degré de scepticisme. Poursuivons l'inspection.
L'esprit vous étouffe et les bords de la Senne
N'ont que ceux de la Sprée en ça pour rivaux
Et, de par Léopold, KÖNING DER BELGEN,
Vos mots sont bien au niveau de vos travaux.
La mention de la Senne crée bien sûr une équivoque avec l'idée du grand fleuve parisien, en sachant que la Senne est une rivière belge qui ne saurait être comparée à la Seine. Ce n'est pas tout. La ville de Bruxelles a été créée dans une vallée traversée par la Senne et comme les gens pestaient contre cette rivière insalubre accusée notamment d'apporter le choléra, la Senne, le plus important cours d'eau bruxellois, a disparu de l'espace urbain suite à d'importants travaux de voûtement qui eurent lieu de 1867 à 1871, soit très peu de temps avant le séjour de Rimbaud et Verlaine en juillet-août 1872. Je ne peux pas dire tout ce que me suggèrent les vers de Verlaine, mais notons au passage que la mention en majuscules du roi des belges fait décidément écho au poème "Juillet" qui évoque un "agréable palais de Jupiter", à savoir le palais royal de Léopold II. Cette fois, dans ce quatrain, nous avons une logique inverse. Les trois premiers vers admettent mal une césure après la quatrième syllabe, mais celle-ci s'impose très bien à un dernier vers qui dit la platitude et qui contient une rime interne dans son hypothétique second hémistiche : "Vos mots sont bien / au niveau de vos travaux." La mention "vaut" du précédent quatrain finit par donner l'impression que Verlaine songe au mot "veaux", sachant que, dans "Malines", il invite un troupeau de boeufs à bien dormir, ce qui n'est pas sans écho possible avec le présent refrain "Belges que vous êtes..." Quant à la platitude, elle est ciblée également dans le poème "Juillet" de Rimbaud qui commence par la mention "Platebandes" dans son orthographe manuscrite particulière.
Si nous appliquons notre césure à la quatrième syllabe, un troisième nom propre est brisé à la césure "Léopold", et le mot "étouffe" chevauchant la césure permet de mimer un étranglement entre deux hémistiches. Resterait alors la suspension un peu ridicule "N'ont que ceux de".
Passons au dernier quatrain en vers de onze syllabes du poème.
Enfin c'est vrai, que vous sonnez la diane
Et nous aller "annexer" ainsi que dû.
Heureusement, comme l'on dit, que la douane
Est là, pour une fois, bons messieurs, sais-tu ?
Nous retrouvons l'idée d'une mise en relief facile d'un vers de onze syllabes aux hémistiches de quatre et sept syllabes : "Enfin c'est vrai", "Et nous aller", "Heureusement", sauf pour un vers où ce qui semble chevaucher maladroitement la césure n'est autre que le célèbre "une fois" : "Est là, pour u-ne fois", juste avant des mentions : "bons messieurs, sais-tu ?" qui font songer aux poèmes "Bruxelles, Simples fresques" des
Romances sans paroles. Songeons que le poème de Verlaine ne déparerait sans doute pas le volume de Baudelaire
La Belgique déshabillée. Quant aux vers de onze syllabes avec une césure après la quatrième syllabe, j'ai dû en repérer six environ dans les oeuvres complètes de Verlaine, toujours en lien avec Rimbaud. Il suffit de citer "Crimen amoris" qui est l'exemple parfait d'un poème de Verlaine sur Rimbaud en vers de onze syllabes avec une césure après la quatrième syllabe. Ce type de vers de onze syllabes n'existe pas avant Verlaine et Rimbaud.
Maintenant, si nous appliquons cette césure aux vers de "Michel et Christine", nous n'allons pas trouver le résultat si probant pour chaque vers du poème, mais tout de même il y a des phénomènes intéressants à observer.
Par exemple, le vers suivant devient une allusion à un précoce et célèbre enjambement de mot de Banville daté de 1861 :
Chevauchent lent+ement leurs pâles coursiers !
Voici le vers de Banville :
Elle filait pensiv+ement la blanche laine ("La Reine Omphale").
Rimbaud jouerait, qui plus est, sur la graphie "-ent" prononcée différemment dans "Chevauchent" et dans les deux occurrences de l'adverbe "lentement". Ce procédé sur les graphies autour de la césure canonique du décasyllabe, Rimbaud en abuse dans le poème "Juillet" précisément :
Cage de la + petite veuve...
Kiosque de la + Folle par affection
Ombreux et très + bas de la Juliette.
Qui dort ici- + bas au soleil. / Et puis,
Bavardage + des enfants et des cages.
Fenêtre du + duc...
Poison des + escargots...
Surtout, le dernier vers de "Michel et Christine", même si on ne veut pas y admettre la présence d'une césure, procède du même découpage par calembour que le second vers de "Hou ! Hou! " du poème de Verlaine. Face à "Malins de Mal+ines", nous avons :
- Michel et Christ+ine, - et Christ ! - fin de l'Idylle.
La reprise "et Christ" impose de relire "Christ" dans le nom "Christine". Cerise sur le gâteau, "Christ" est pour ainsi un antonyme de "Mal". On trouve également un écho au principe des reprises de Verlaine : "Swells" / "Brussels", "élégants de Gand", "Malins de Malines", avec la succession "Christine" / "Christ".
Le réseau de coïncidences est beaucoup trop dense. Il faut forcément y consacrer notre attention.
Je ne vais pas commenter ici les autres césures de "Michel et Christine", je vais seulement relever que la mention "aqueducs" est prise dans deux premiers vers du second quatrain où la césure après la quatrième syllabe s'admettrait facilement, comme si discrètement le poète orchestrait un débordement de la césure qui n'a pas encore commencé au niveau des aqueducs, mais qui va arriver :
O cent agneaux, de l'idylle soldats blonds,
Des aqueducs, des bruyères amaigries,
[...]
L'hypothèse de tels jeux formels peut rebuter un grand nombre de lecteurs, mais il apparaît sensible qu'il existe des liens entre tous ces poèmes que nous venons d'évoquer et cela plaide au passage pour une lecture de "Michel et Christine" en lien avec le séjour belge des deux poètes.
Pourtant, tout comme Isabelle Rimbaud et bien d'autres lecteurs, j'identifie tout naturellement un discours de prophétie révolutionnaire logé dans les images compliquées de "Michel et Christine". Le lien à "Malines" de Verlaine doit être creusé et aussi son lien à toute une desciption railleuse du monde moderne dans les poèmes contemporains de Rimbaud et Verlaine pour la période 1872-1873. Je pense depuis longtemps que le poème "Mouvement" des
Illuminations, en quatre séquences, s'inspire des deux quatrains et deux tercets du sonnet "Les Conquérants" de José-Maria de Heredia. Si le recueil du poète d'origine cubaine
Les Trophées n'a été publié qu'en 1885, le sonnet "Les Conquérants" a été publié en 1869 dans le recueil collectif parnassien
Sonnets et eaux-fortes et sa célébrité était déjà importante à l'époque comme l'atteste la notice de Verlaine sur Heredia dans la rubrique des
Hommes d'aujourd'hui. Or, le dernier quatrain de "Juillet" de Rimbaud et "Mouvement", le poème en vers libres, se font écho entre eux. Après les "Paysages belges", Verlaine proposera une série "Aquarelles" sur l'Angleterre dans ses
Romances sans paroles et Rimbaud va composer un important nombre de proses sur les villes, le cadre métropolitain, les ponts, etc., qui décrivent des parcours urbains, un peu à la façon de Verlaine dans ses premières lettres sur Londres à des correspondants français à la fin de l'année 1872 et au début de 1873. Mais ne nous égarons pas sur de nouvelles pistes que nous ouvrons.
Le point de départ de ma réflexion, c'est la mention intrigante des "aqueducs".
La technique de fabrication des aqueducs romains fut perdue au Moyen Âge, mais on en observe une petite résurgence durant l'Ancien Régime. Ceci dit, j'ai un peu l'impression que c'est surtout dans la seconde moitié du dix-neuvième siècle qu'on en a vu fleurir un certain nombre de modernes. Les plus connus en France sont même postérieurs au poème de Rimbaud, ce qui pourrait laisser entendre que Rimbaud ferait plutôt allusion à un contexte d'époque où il était question d'en réinstaller un peu partout. En tout cas, je me pose la question. De tels projets étaient en tout cas bien relancés à l'époque, et comme la Belgique était selon Baudelaire une caricature bourgeoise de la France, comme la Belgique encore était un pays industriel qui suivait le modèle anglais et qui avait été pionnier sur le continent dans les installations ferroviaires, que pouvait-il bien se passer en Belgique et du côté de Bruxelles ? Plus haut, je parlais avec l'ami Verlaine de la Senne, rivière qui passe près de Malines et qui fait depuis 1871 un parcours souterrain dans la ville de Bruxelles, car elle était réputée insalubre.
Il se trouve que du côté de Bruxelles, il y avait un important aqueduc qui venait d'être construit. Il reliait Braine-l'Alleud, à côté de Waterloo pour situer, à Bruxelles sur vingt kilomètres. Malines et Waterloo, cela ne correspond pas aux mêmes directions, mais c'est déjà un indice qui m'intéresse. Précisons que, dans le poème, il est question d'invasions sur toute l'Europe ancienne, ce qui peut favoriser l'idée d'une allusion à Waterloo dans le poème. Je ne formule bien entendu qu'une simple hypothèse pour encourager à de nouvelles réflexions sur le poème. La butte surmontée d'un lion poyur symboliser la défaite de Napoléon se trouve précisément sur le territoire de Braine-l'Alleud, point de départ de l'aqueduc moderne. Et les longues Solognes auraient des échos possibles avec "Waterloo, morne plaine".
Par ailleurs, je pars du principe que Rimbaud et Verlaine avaient très peu de livres sur eux lors de leurs escapades belges entre le 7 juillet et le 7 septembre 1872. Une recherche dans la pressé d'époque, genre la revue
L'Illustration européenne, etc., ne pourrait-elle pas nous faire accéder à un article intéressant sur les aqueducs ?
Ce mot "aqueducs" est selon moi le plus étonnant dans "Michel et Christine", mais aucun commentaire connu du poème ne s'acharne à en justifier l'emploi. Steve Murphy et Yves Reboul ne s'y intéressent pas réellement. Les "aqueducs" sont-ils un signe antique ou bien un signe de modernité tout comme le "railway" auquel sont comparées les longues Solognes ? Pourquoi Rimbaud a-t-il trouvé pertinent de parler des "aqueducs" dans cette idylle qui tourne mal, ça ne peut pas être une simple question de pluviométrie. L'aqueduc arrive à Bruxelles par le bois de la Cambre dont il est question dans "Bruxelles, Chevaux de bois", sachant qu'on a les chevaux, de Waterloo ?, dans "Michel et Christine", sachant qu'on a dans les deux poèmes la figure du couple, sachant que plus haut nous avons rapproché le refrain de "Hou ! Hou !" de celui plus célèbre du poème des
Romances sans paroles. Enfin, l'aqueduc de Braine-l'Alleud ne fait que longer Waterloo, mais ce dernier permet des équivoques "water l'eau" en liaison avec le mot "aqueduc", calembour toutefois absent en tant que tel du poème "Michel et Christine".