Voici un lien vidéo de la conférence entre Zelesnky et Trump, 49 minutes en langue originale anglais, avec des sous-titres.
Il manque l'accueil sur le perron de la Maison blanche avec la pique sur les habits : "vous êtes venus bien habillés aujourd'hui !" C'est déjà un avertissement.
Il faut aussi étudier le mobilier. Les seconds de Zelensky sont mis hors-champ sur leur divan. On va avoir un cadrage Zelensky, Trump et Vance. Les fauteuils du président américain et de l'ancien président ukrainien sont jaunes, mais aussi trop grands. Zelensky est plus petit que Trump. De plus, c'est un ancien comédien propulsé chef d'état, et ça se voit aussi dans les attitudes corporelles. On se rappelle le film de Martin Scorsese où Biden vient saluer les Rolling Stones et on a des Rolling Stones comme des enfants en pâte tout ébahis d'être à côté d'un chef d'état, comme si c'était un grand homme. Ici, Zelesnky a clairement la tête d'un employé qui sait qu'il est convoqué avant un licenciement. Il tourne la tête de manière évasive, puis sans aucune exactitude des instants tout à coup il regarde Trump avec concentration. Il est dans l'errance la plus folle. Zelensky est plus petit, donc il occupe mal son fauteuil et est rapidement infantilisé et il se tient en avant de sa chaise dans une position incommode pour parler avec Trump à côté. On voit le dossier loin derrière lui, Trump étant présenté plus de face avec un meilleur cadrage.
Il y a une mise en scène préalable pour exécuter Zelensky et Zelensky le sait. Le piège n'est pas d'arriver au clash en soi. Le piège, c'est que quoi qu'il arrive il va être révélé au grand public, du moins du côté de ceux qui ont un cerveau et qui ne sont pas dans le refoulement instantané de la mauvaise foi, que Zelensky n'est pas le grand homme qu'on nous a vendu pendant des années. S'il se tait, il est foutu, s'il va au clash, toute une batterie d'attaques est prête à l'emploi. Le clash était envisagé, il y a eu une étude psychologique faite à l'avance, et Zelensky est un ancien comédien et pas un politique rompu à la maîtrise de soi dans ce genre d'événement.
Trump parle dès le début des terres rares, je passe rapidement sur ce sujet où il y aurait pas mal de choses dire. Ce qui est intéressant pour le clash à venir, c'est que Trump fait un éloge des combattants ukrainiens qui ont résisté trois ans. C'est évidemment discutable, vu que la population est clivée (minorités hongroises et autre, importante communauté plus proche des russes qui reste encore) et que les ukrainiens sont plutôt comme des pixels de jeu vidéo qui acceptent passivement de mourir sans se révolter. Je rappelle qu'ils font la guerre pour s'emparer des terres (le Donbass et la Crimée) d'une population russe qu'il déteste, alors que s'ils aiment ce qu'ils sont ils lâchent l'affaire, gardent leurs terres historiques et s'occupent de faire grandir leur peuple. Là, ils se sont suicidés en perdant tout, terres, démographie et avenir épanoui. Mais, peut-être mis en confiance par cet hommage, qui fait partie d'une règle du jeu diplomatique de toute façon, Zelensky s'engouffre dans la brèche et dit ce qu'il avait prévu de dire : Poutine est un tueur ("killer", répété deux fois) et un terroriste, et il ne peut pas y avoir de compromis.
Dès les premières secondes, Zelensky s'est sabordé tout seul. Cela semble contredire ce que Trump venait de dire sur l'imminence d'un accord, mais en réalité vu l'accueil sur le perron : "vous êtes bien habillé aujourd'hui" qui cible l'habit militaire qu'affiche constamment Zelensky, ce dérapage était prévu et on laisse Zelensky en prendre l'entière responsabilité. Trump a fait un éloge des soldats ukrainiens puis a dit : "Maintenant, il faut en finir !" Zelensky n'a pas écouté ce mot-clef : nous sommes là pour tourner la page. Dès les premiers mots, il affiche qu'il n'y aura pas de compromis et il a une tenue militaire. Tout le clash est programmé dès cet instant. Trump et puis Vance ne vont pas manquer de lui tomber dessus. Trump va prendre à témoin la salle un peu plus tard que Zelensky a trop de haine pour Poutine, que les négociations vont être compliquées, et après la conférence où le repas de midi prévu a fini dans le couloir pour le personnel et les journalistes Trump a congédié Zelensky en justifiant sa décision ainsi : Zelensky n'était pas prêt pour des négociations de paix.
Zelensky s'est fait virer de manière orchestrale.
Trump marque aussi des points par un discours de compassion sur les morts. On n'est plus dans la rhétorique de se battre jusqu'au dernier ukrainien des "démocrates" et consorts. On a un mot pour ceux qui meurent, même si ça vient de Trump et que c'est un politique. Car les autres, ils s'en moquaient éperdument de dire du bien des morts et de marquer par une émotion de la voix une compassion.
Trump annonce donc qu'on est tout proche d'un accord pour que cela cesse, et Zelensky enchaîne avec des mots qui réécrivent ce que vient de dire Trump. Zelensky parle de garanties de sécurité contre l'agresseur russe et de soutien de l'Amérique à l'état ukrainien (perfidement assimilé à un peuple avec femmes et enfants, au mépris des centaines de milliers de morts, au mépris des russes du Donbass que Porochenko se délectait publiquement de bombarder, au mépris des crimes de guerre dont on ne vous parle jamais ou qu'on attribue aux russes, etc.), il ne parle pas de négociations de paix, il fait une réécriture verbale pour se donner toute latitude de considérer l'accord autrement qu'il est posé par Trump et bien sûr l'autre partie adverse ! Zelensky s'embourbe nettement quand après avoir dit que si Poutine veut arrêter la guerre lui veut lui dire qu'on ne fait pas de compromis avec un tueur et un terroriste. Zelensky a été mal préparé à cette réunion, même s'il est visible qu'il est venu dans le but de ne pas accepter une fin de guerre. Tout ce qu'il vise, c'est un cessez-le-feu provisoire. Son erreur est de croire qu'il peut pianoter avec la proposition américaine actuelle. Son autre erreur, c'est qu'il parle en même temps de protection aérienne, de fabriquer des drones. Il fait ce qu'il y a de pire. Il parle aussi du "fou russe" et attribue à Poutine d'avoir enlevé des enfants, alors qu'il s'agit d'enfants russes du Donbass que les ukrainiens persécuteraient et que les russes protègent justement, véritable inversion accusatoire habituelle à l'Ukraine et à l'occident. Pourquoi essayer de salir les russes avec ce sujet qui n'a rien à faire là ? Il enchaîne toujours sur du hors-sujet en parlant des conditions de détention des prisonniers ukrainiens, en exhibant des photographies qui doivent moins abuser Trump que le public qui suivra la conférence. Il y a encore là de l'inversion accusatoire... Zelensky est complètement à côté de ses pompes. Il devait s'interdire de lancer ces sujets-là.
Trump et Vance le laissent parler sans réagir, mais ils ne vont que mieux rebondir tout à l'heure.
Il y a une séquence de questions des journalistes qui commencent vers quinze minutes. Là aussi, c'est intéressant. De nouveau, Trump appuie sur le compassionnel pour les morts inutiles des deux côtés. L "needlessly" a son importance quand on étudie tout l'historique du conflit. Il y a aussi une question à Zelensky : s'il croit au soutien de Trump. Zelensky répond qu'il croit Trump à ses côtés comme le sont les Etats-Unis depuis le début et il repart dans son discours mécanique : "arrêter Poutine et libérer le territoire". Pour des négociations de paix, Zelensky fait comme si les accords de Minsk n'existaient pas, comme si ce n'était pas au contraire l'Ukraine et l'occident qui ne les avaient pas respectés, et il faut une réduction de cette guerre à de la conquête de territoire, sans parler des gens du Donbass et de leurs opinions propres, sans parler des autres garanties sur l'usage du russe, la non-intégration de l'Otan, etc. Zelensky vient à des négociations, sans rien à proposer à l'adversaire qui n'est qu'un ennemi. Il commet aussi l'erreur de croire que les Etats-Unis sont en situation de force dans ce conflit face à la Russie, ce qui n'est pas du tout le cas. Cerise sur le gâteau, en parlant directement avec Trump Zelensky qui fait du cirage de pompes encore alors que le clash monte en puissance va énumérer les présidents américains qui selon lui n'ont rien fait et finir par Trump en disant "enfin, il est là, lui qui fait quelque chose !" C'est savoureux quand on sait comment finit la conférence.
Il ne manque pas la question d'un journaliste qui souligne que Zelensky ne veut pas faire de compromis et Trump dit qu'il y en aura nécessairement. On a bien une progression par paliers de la conférence qui relève d'une mise en lumière de l'absence de bonne volonté de Zelensky. Il ne va réagir diplomatiquement à aucun de ces signaux très forts qui ont balisé la rencontre.
Lors de la séance de questions, Trump concède qu'il est encore question d'envoyer quelques armes, mais que la paix doit être la priorité. Sous son précédent mandat, Trump avait envoyé des missiles javelins. Il ne peut pas se dédouaner, il doit garder la continuité de cette action-là et ne pas donner complètement raison à la Russie, il rappellera d'ailleurs l'envoi des javelins à l'époque plus loin dans la conférence, mais c'est aussi du coup une sérieuses déconvenue pour ceux qui veulent traiter Trump d'agent russe. Tout se retourne contre le parti de Zelensky. Il n'a rien à quoi se raccrocher.
Un autre fait intéressant, la séance des questions a réactivé le clivage politique entre Trumpet Zelesnky avec une passe d'armes sur "j'aime ce journaliste et sa question" face à "je répondrai à une question plus sérieuse si je peux". Ces moments ne furent pas anodins.
En fait de sérieux, Zelensky repart dans la propagande de l'inversion accusatoire sur les accords non respectés, alors que toute personne un tant soit peu informée sait que Porochenko ancien président ukrainien, Merkel et Hollande ont eu l'imbécillité crasse d'avouer publiquement que les accords de Minsk ne furent qu'une tromperie pour réarmer l'Ukraine et gagner du temps, et que c'est eux qui n'ont pas respecté ces accords. Et le pire, c'est que Zelensky ne s'aperçoit pas qu'au moment même il est déjà en train de transformer en cessez-le-feu et combat militaire ce qui est annoncé comme des négociations de paix. Il trahit ce qu'il est en train de faire en reprochant à l'adversaire d'avoir fait ce qu'il fait là à l'instant. Il est hallucinant de bêtise première.
Trump le laisse dire, mais là le visage est fermé et rouge ocre. Partie pliée.
Faux-cul, Zelensky parle de la bonne volonté de Trump pour arrêter la guerre en l'opposant aux tirs balistiques qu'il reproche à Poutine, il oppose la présence actuelle de Trump qui agit à l'inaction des anciens présidents, sauf que la paix qu'il demande à Trump c'est une victoire ukrainienne et une reddition russe !!! Et ce qu'il néglige, c'est que Trump a un passif avec Zelensky, à cause de l'affaire Hunter Biden, à cause du soutien qu'apportait Zelensky à Biden contre Trump avant le coup de théâtre que fut pour lui les élections. Et ça ne va pas rater, tout en contrôle de soi, Trump va expliquer qu'il a subi avec Poutine de fausses accusations d'ingérence russe dans les élections et la politique américaine, etc. Trump va faire entendre la cloche dans une sorte de discours en parallèle sans s'attaquer directement à l'Ukraine.
Dans son discours de propagande, Zelensky joue sur les ambiguïtés mal connues des occidentaux en disant que Poutine ne respecte pas la nation ukrainienne. En réalité, l'Ukraine comme république puis état est une invention soviétique qui regroupe des terres russes et un territoire ukrainienne, et les vraies terres russes ne sont pas que le Donbass et la Crimée. Notez que Trump a refusé de répondre à une question sur l'avenir d'Odessa, et ici Zelensky tend le bâton pour se faire battre et il va y avoir donc de l'à-propos dans les réactions de Trump et Vance qui vont reprocher à Zelensky de ne pas respecter les Etats-Unis en leur faisant leur propagande, en ne disant jamais merci pour l'aide fournie, en faisant du chantage permanent, en menaçant le monde d'une troisième guerre mondiale avec leur intransigeance. Sur le manque de respect de Zelensky pour les américains, désormais le public américain est en grande partie édifié.
Le truc qui ne vient jamais sur la table, c'est que Zelensky pousse à la guerre à la demande de commanditaires américains et anglais (Boris Johnson). Trump ne met pas ce sujet sur la table, et face aux accusations de Trump Zelensky va se garder jusqu'au bout de dire que les américains ont forcé les ukrainiens à faire cette guerre. Cela serait mal vu de Biden et consorts à ce moment de faiblesse, et Trump a tout de même préparé l'hypothèse où Zelensky se lâche en se démarquant à plusieurs reprises de ses prédécesseurs et en traitant régulièrement Biden d'imbécile (ce qu'il est de toute façon au sens clinique du terme).
Je n'en suis qu'à vingt-six minutes de mon revisionnage, mais je ris beaucoup des commentaires dans nos médias qui minimisent ce qu'il se passe. Trump dit aussi des énormités : l'Union européenne inventée contre les Etats-Unis, alors que c'est justement une création américaine pour coloniser l'Europe. Ce qui est vrai, c'est que les éliminés des élections se servent actuellement de leur ascendant sur les dirigieants européens pour tenter de contrecarrer le président américain élu.
Je passe plus rapidement sur la suite. Il y a une dégradation évidente qui s'apparente bien à une dispute non contrôlée qui éclate, mais quand même le terrain était préparé du côté de la Maison Blanche.
Trump parle au milieu de la conférence d'un gâchis en cours, martelant le mot gâchis qu'il répète je crois trois quatre fois en anglais (mass, mess, pas expert du mot que je reprends d'après la traduction). Rubio a été invité à parler, et il va évoquer la réunion de Munich où était Vance, et Rubio intervient sur une question sur la confiance à apporter dans le cas de pays qui censurent la vérité, ce qui glisse du cas ukrainiens au cas des dirigeants européens, et dans cette transition Vance prend à son tour la parole, alors que normalement les prises de parole ne concernent que les présidents et les journalistes dans ce profil de conférence. C'est Vance qui met sur la table que Zelensky n'est pas respectueux des américains, ce qui fait un lien inaperçu avec ce que disait Zelensky du non respect de la nation ukrainienne par Poutine. En clair, Vance puis Trump disent à Zelensky qu'ils ne vont pas parler pour la défense de Poutine qui n'est pas là, mais eux ils voient qu'ils accueillent quelqu'un qui leur dicte sa vérité, ce qu'ils vont ressentir dans le futur, sa conception des accords de paix comme reddition russe. Vance souligne le double jeu de Zelensky qui vient prendre ce qu'il y a à prendre à la Maison blanche sur une négociation de paix, mais en parfait meneur d'un double jeu et traître démarche ailleurs aux Etats-Unis pour lever des conscrits américains et les entraîner non dans la paix, mais dans la guerre.
Zelensky explose dans son discours délirant continu, parlant de 700.000 russes déjà morts, etc. Ce qui n'a aucun sens. Il y a 70.000 morts russes, ce qui est déjà beaucoup, et vu les vidéos de frappes d'iskanders, de drones, etc., et vu les territoires perdus, les combats urbains où les russes finissent toujours par l'emporter, vu les chaudrons et le fait que les ukrainiens ne battent jamais en retraite, on a déjà des centaines de milliers de morts ukrainiens, peut-être 500.000, et on a des prisonniers en pagaille, avec des échanges contrairement à ce que dit Zelensky qui au début étaient de plus de prisonniers ukrainiens que de russes en retour, mais une disproportion évidente de prisonniers et de blessés. Le nombre de blessés pourrait n'être pas un bon indicateur du nombre proportionnel de morts ukrainiens, tant certaines armes ont réduit en poussière d'un coup des combattants. On n'est pas dans la proportion deux blessés pour un tué dans ce conflit. Il y a trop d'armes qui réduisent les corps en poussière. Mais il est vrai qu'il ne faut pas s'exagérer les morts ukrainiens non plus, vu que le point de rupture n'est toujours pas atteint (sachant qu'une population civile tourne encore, et qu'une partie de la population est soit côté russe, soit à l'étranger en occident). Maintenant, les va-t-en guerre spéculent cyniquement sur le patriotisme ukrainien pour qu'ils meurent jusqu'au dernier, car il faut qu'ils croient que l'Ukraine peut encore renouveler ses troupes en continuant cette guerre, alors qu'elle est de plus en plus à bout de souffle et que c'est l'éternelle coïncidence du réel que les négociations de paix interviennent avant qu'on voie qu'il n'y a plus de soldats ukrainiens en quantité suffisante, avant que le front ne s'effondre d'un coup. On le voit à la fin de la conférence. D'un coup, le ton change, mais parce que par signes (un mouvement de tête remarquable de Trump est à noter à un moment donné quand Zelensky parle) la Maison blanche a sonné la fin. D'un coup, Vance attaque sur le manque de respect, puis Trump. Zelensky s'égare en accusant Vance de parler fort, ce que Trump ne laisse pas passer. Trump rappelle crûment la réalité : on peut sauver ce qu'il reste à sauver, vous n'avez pas les cartes. La dispute a l'air d'un échauffement naturel des esprits, mais en réalité Trump et Vance patients ont sonné la fin de la récré, d'où la précipitation des remarques fermées à la fin de leur part. C'est Zelensky seul qui a suivi une progression dans cette conférence, disant toujours la même chose, mais contrôlant de moins en moins son arrogance. De l'autre côté, il y a eu un calme contenu très longtemps, puis à la fin le ton est monté et on interrompt l'imposteur.
Retour sur l'une des deux autres conférences de la semaine avec Macron (il y eut aussi l'autre taré de Starmer). J'ai beaucoup rigolé avec le coup de klaxon de Macron le matin et l'absence d'accueil (c'est l'après-midi où il a eu un accueil). J'ai aussi bien rigolé de ces mots dans nos médias sur un président français que le monde nous envierait. Il faut quand même le faire. Trump a balancé que Macron après un repas entre présidents sur la Tour Eiffel avait raconté des mensonges le lendemain dans la presse, et Macron traité en prime de "smart customer" a ri comme s'il pouvait être fier de sa petite manigance. Il s'est discrédité aux yeux du monde entier. Il y a trente ans en Europe même c'était inimaginable qu'un président rie fièrement d'être dénoncé pour une telle imposture. C'est dire l'état de ce pays qui va très mal.
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