lundi 18 janvier 2021

"Nuls" dans Belmontet un intertexte aux "Douaniers", "vibrements" dans Gautier un intertexte aux "Voyelles" ?

Ne m'en voulez pas ! L'article commence par l'enquête sur les tercets des "Douaniers", car c'est suite à cette enquête que je suis arrivé à ce potentiel intertexte pour "Voyelles" !

Les spécificités de versification permettent souvent d'identifier des cibles parodiques des poèmes de Rimbaud. Le sonnet "Rêvé pour l'hiver" s'inspire du sonnet "Au désir" de Sully Prudhomme qu'il a lu et relu selon son témoignage même deux mois auparavant, et les tercets de "Rêvé pour l'hiver" et "Ma Bohême" sont en même temps l'un la réécriture d'un sizain du poème "A une Muse folle" conclusif des Cariatides et l'autre la réécriture d'un sizain du poème "Le Saut du tremplin" conclusif des Odes funambulesques du même Banville, avec reprise de mots à la rime : "élastique(s)"::"fantastique(s)". Les sonnets à verts courts : "Jeune goinfre" en vers de deux syllabes, "Cocher ivre" en vers d'une syllabe et même "Paris" en vers de six syllabes reprennent des modèles. Rimbaud songe quelque peu au sonnet de Rességuier : "Fort / Belle, / Elle / Dort /...", mais aussi au sonnet d'Alphonse Daudet du Parnassiculet contemporain : "Le Martyre de saint Labre, sonnet extrêmement rhythmique" tourné contre Verlaine. Et, en même temps, les vers d'une ou deux syllabes font allusion aux facéties acrobatiques du métromane Amédée Pommier, ami de Barbey d'Aurevilly, cet autre ennemi de Verlaine et des parnassiens à l'époque. Plein de mots des poèmes en vers d'une syllabe des contributions zutiques sont des reprises directes de vers de Pommier.
Dans le cas du poème "Oraison du soir" et de deux "Immondes", Rimbaud a repris une forme spécifique à une majorité de sonnets du recueil Philoméla de Catulle Mendès. Il n'y a guère qu'Emmanuel des Essarts qui a repris cette forme dans quelques sonnets du premier volume du Parnasse contemporain, et on peut citer aussi quelques sonnets de Valade et Mérat dans leur anonyme Avril, Mai, Juin. Les reprises de mots confirment rapidement que le sonnet s'inspire bien de Philoméla, tandis qu'une spécificité à la césure du premier vers permet d'identifier une autre source avec "Un voyage à Cythère" de Baudelaire, tout en soulevant avec soi l'idée que des poèmes antérieurs de Rimbaud ont contribué à la genèse de "Oraison du soir" : "Accroupissements", "Mes Petites amoureuses" et "Le Cœur supplicié".
Je ne traiterai pas ici des cas particuliers de non alternances des rimes féminines et masculines dans "Voyelles" et les "Conneries" zutiques. En revanche, dans la suite paginée par Verlaine, figure le sonnet "Les Douaniers" au-dessus d'une transcription du sonnet "Oraison du soir" et la spécificité métrique des "Douaniers", c'est que les rimes des tercets sont à l'envers. Normalement, une rime doit se trouver à la dernière place d'un module, sinon à l'avant-dernière.
Dans un quatrain aux rimes croisées ABAB, B est la rime de module, et la rime A sature les autres vers qui ne doivent pas demeurer en plan. Dans un quatrain aux rimes embrassées ABBA, l'analyse est toujours la même, sauf que la rime de module B remonte à l'avant-dernier vers. Tel est le discours de Cornulier que nous suivons dans l'analyse des formes versifiées.
Pour un sizain, la forme canonique est AABCCB, la rime B est celle des deux modules de trois vers, la rime A sature le premier module, la rime C sature le second module. C'est cette forme qui est suivie dans le cas du sonnet marotique avec les tercets AAB CCB. En revanche, la forme la plus consacrée dans les tercets de sonnets est la construction AAB CBC, où la rime B de module remonte à l'avant-dernier vers de tercet. On voit ici une application du principe explicité par Cornulier de la remontée de la rime conclusive à l'avant-dernier vers. Cela n'est pas immédiatement apparent, mais les quatrains ABBA et les tercets de sonnets AAB CBC, représentent respectivement le quatrain canonique et le sizain canonique, tous deux à peine altérés par la possibilité de faire remonter la rime de module à l'avant-dernier vers.
Toutefois, les poètes ont ignoré cette loi de l'avant-dernier vers pendant des siècles. Banville n'en dit pas un mot dans son Petit traité de poésie française et on remarque que les poèmes en sizains purs sont en général rimés en AABCCB, mais jamais en AAB CBC. L'esprit de cette loi particulière s'était visiblement perdu.
Cependant, au dix-neuvième siècle, les poètes vont commencer à dérégler la distribution des rimes dans les tercets. Deux principes vont se croiser : il est possible de faire rimer les tercets sur deux rimes, ou bien il est possible de conserver trois rimes mais de les distribuer aléatoirement.
Dans le cas de tercets sur deux rimes, la distribution en trois modules AB est la plus régulière, mais elle n'a pas été exploitée avant le recueil Philoméla de Mendès en 1863, sous réserve de vérifications du côté du recueil Amours et Priapées d'Henri Cantel. Toutefois, même dans ce cas, il peut y avoir débat entre une distribution en trois modules AB AB AB qui rend impertinente la distribution en tercets, et une confrontation entre deux modules ABA BAB, où la syntaxe soulignerait un rempart de pertinence de la distribution en tercets. Banville a auparavant essayé les tercets monorimes AAA BBB, principe qu'il étend aux quatrains AAAA BBBB CCC DDD. Etrangement, Musset a essayé les sonnets sur deux rimes qui n'ont plus aucune symétrie de distribution : AAB ABB, etc. Ce principe sera celui de "Poison perdu" avec une organisation que Musset n'a osé qu'à une seule reprise et qui n'a eu que quelques occurrences supplémentaires sous la plume de Mérat et Valade dans leur recueil Avril, mai, juin.
Il y a aussi une autre façon de pratiquer les tercets sur deux rimes, on peut garder la rime B pour les modules et faire une saturation des quatre autres vers avec une seule rime A : AAB AAB ou AAB ABA.
Pour les tercets sur trois rimes, Mendès a essayé une formule italienne courante interdite en français, la distribution ABC ABC dans Philoméla. D'autres ont essayé la pure distribution en rimes plates AAB BCC. Mais, très vite, parmi les possibilités, deux peuvent nous intéresser, celles qui inversent les modèles canoniques : la forme ABA BCC est une inversion de la forme canonique AAB CBC. Cette forme a l'intérêt si elle est exploitée à la suite de deux quatrains de rimes croisées de donner l'impression que le sonnet est quelque peu à l'anglaise : composé de trois quatrains et d'un distique ; et il convient alors d'approfondir l'analyse pour éprouver si c'est bien cela qu'a visé le poète. Et, enfin, il y a l'inversion du modèle marotique fidèle à l'esprit du sizain pur, puisque les tercets ABB ACC sont l'inversion du modèle AAB CCB. Dans ce cas d'inversion ABB ACC, si cette fois les quatrains sont à rimes embrassées, le lecteur pourra être tenté d'y lire une suite de trois quatrains avec distique final.
Le sonnet "Les Douaniers" est précisément un sonnet où les quatrains sont en rimes embrassées et les tercets une inversion de la forme marotique : ABBA BAAB CDD CEE.
Dans cette inversion, la loi qui permet à la rime conclusive de module de remonter à l'avant-dernier vers est excédée, puisque la rime qui relie les tercets entre eux, notée C ici, est à l'attaque de chacun des tercets. La rime conclusive est "à l'initiale" des modules si vous me permettez de m'exprimer ainsi par commodité. Et, comme je l'ai dit pour le cadre général, il faut s'interroger si, en composant "Les Douaniers", Rimbaud veut seulement que les tercets soient à l'envers ou créer l'effet de succession de trois quatrains. La syntaxe ne flatte pas l'idée de trois quatrains, mais la question doit être posée. Enfin, il faut envisager la question de l'effet de sens d'une telle inversion.
Ce constat sur "Les Douaniers", je l'ai fait depuis longtemps, mais j'ai voulu le reprendre. Et je savais encore quelques autres choses. Je savais que, l'inversion du modèle marotique, Rimbaud pratiquait cela dans quelques sonnets de 1870, ainsi que la séquence de tercets en rimes plates, et je savais que cette forme d'inversion du modèle marotique était courante dans le premier volume de 1866 du Parnasse contemporain. Et puis, j'ai cette ancienne idée que le sonnet qui se termine par un distique, ça vient de l'influence des sonnets anglais imités par Sainte-Beuve.
Et c'est là que j'ai eu une déconvenue. J'ai relu le volume Vies, Poésies et pensées de Joseph Delorme, mais les sonnets, même quand ils sont imités de poètes de langue anglaise, n'ont pas une distribution des rimes permettant de dégager un distique final. Il me reste à relire les autres recueils de Sainte-Beuve, mais il me faudra le faire sur internet cette fois. Je serais étonné de ne pas trouver, cette idée a dû me rester dans l'esprit suite à mes recherches anciennes. Toutefois, tant que je peux étudier des sonnets, livre en main, j'ai vérifié avec le volume des Cariatides de 1864 et je me suis rendu compte que Banville ne se permet pas une seule fois une telle excentricité.
Je n'oublie pas le cas de Musset que je dois lui-même passer en revue à ce sujet. Il faut bien comprendre qu'il y a eu une phase d'excentricités dans les années 1830 qui s'est calmée avant de reprendre de plus belle avec notamment Baudelaire et Banville en initiateurs dans les années 1850. Il va de soi que le recueil Les Fleurs du Mal contient quelques cas de tercets avec ce principe d'inversion ABB ACC, de mémoire "La Vie antérieure", mais ce n'est pas le seul exemple. Quant aux Odes funambulesques, je dois les relire. Mais ce qui m'intéresse, c'est de cerner au-delà de Baudelaire et du Parnasse contemporain de 1866, s'il ne me manque pas une autre pièce du puzzle, je songe à relire Glatigny et d'autres bien sûr. Mais, pour l'instant, je cherche l'origine de cette pratique, avant Baudelaire lui-même. Sainte-Beuve, Musset et Gautier sont les trois meilleurs candidats qui me viennent à l'esprit.
Comme Lamartine, Hugo et Vigny ont boudé le sonnet, et vu que, spontanément, je n'associe pas Nerval aux excentricités dans la distribution des rimes de sonnets, il me restait donc à reprendre l'enquête au sujet de Gautier. Je sais que Gautier a commencé par se permettre quelques compositions irrégulières avant de s'assagir. Et, en fait, en attendant une relecture attentive de Musset, je suis en train de me rendre compte que c'est Gautier et non Sainte-Beuve qui a initié le modèle des tercets inversés ABB ACC.
Il l'a fait dans la section "Fantaisies" de son recueil de Premières poésies qui suit son poème en douzains Albertus.
Pour l'instant, je n'ai pas de solution tranchée sur les sources au poème "Les Douaniers".
En 1870, Rimbaud a composé le sonnet "Le Châtiment de Tartufe" avec une suite de rimes plates AAB BCC, qui est évidemment à effet de sens au plan du déshabillage : "- Peuh ! Tartufe était nu du haut jusques en bas !" Quant à l'inversion du modèle marotique ABB ACC, elle concerne deux sonnets de satire contre le second Empire. Le procédé est exploité dans le sonnet "Le Mal" et dans cet autre intitulé "Rages de Césars". Dans "Le Mal", Rimbaud ne s'est pas préoccupé d'un potentiel dégagement de trois quatrains, puisque les deux quatrains sont à rimes croisées, quand les tercets ont la forme ABB ACC. Seule l'inversion des tercets a retenu son attention et il en fait clairement un symbole de désordre, puisque le sonnet s'intitule "Le Mal". La fonction satirique de renversement vaut aussi pour "Rages de Césars". L'inversion permet de dire que quelque chose échappe à l'ancien Empereur : "- Et regarde filer de son cigare en feu, / Comme aux soirs de Saint-Cloud, un fin nuage bleu." Et dans "Rages de Césars" également, les quatrains sont en rimes croisées, ce qui exclut l'analyse en trois quatrains et un distique final, bien que, cette fois-ci, du point du vue du découpage des phrases, les points de suspension à la fin du vers 12 aurait pu favoriser cette analyse : "Il repense peut-être au Compère en lunettes..." Il faut dire qu'il y a tout de même un détachement des deux derniers vers comme un persiflage excédant la rime de module en "-ettes".
Maintenant, l'existence de ces deux sonnets de 1870 fait barrage à l'idée que Rimbaud, quand il compose "Les Douaniers" s'intéresse de près à une singularité d'un poète qu'il veut épingler. En plus, le poème "Les Douaniers" reprend une rime "retraités"::"Traités" d'un poème de 1870 ("A la Musique"). Pour l'instant, il faut se contenter de considérer que les tercets sont une inversion du modèle marotique à des fins satiriques. Sur un autre plan, les quatrains du sonnet "Les Douaniers" sont cette fois en rimes embrassées, mais les antécédents de 1870 invitent à demeurer sur la réserve quant à l'idée d'une volonté de créer une allusion à un troisième quatrain. Au plan de la syntaxe, les deux derniers vers ne sont pas non plus isolés en distique.
J'ai encore d'autres idées importantes pour trouver les sources au sonnet "Les Douaniers". La mention au pluriel "les Fausts et les Diavolos" a son importance, le nom de Diavolo semble viser Hugo, ce qu'Yves Reboul a développé dans l'article de référence sur ce sonnet. Mais, il y a d'autres faits troublants. Ce sonnet côtoie "Oraison du soir" sur le manuscrit de la main de Verlaine. Or, nous avons des reprises lexicales d'un sonnet à l'autre : "empoignent" pour "Empoignant" et l'expression "Pipe aux dents" pour celle à l'entre "une Gambier / Aux dents".
Le poème "Les Douaniers" pourrait-il s'approcher du secteur des sources au sonnet "Oraison du soir" avec Philoméla et Les Princesses, car je pense aux parodies de Verlaine, avec Mendès, Banville et Baudelaire ?
Les faits troublants ne s'arrêtent pas là. La mention des "faunesses" à la rime du premier vers du premiers tercet impose d'autant mieux un rapprochement avec "Tête de faune" que le vers 8 : "Quand l'ombre bave aux bois comme un mufle de vache", fait précisément lien entre le "Baiser d'or du Bois" et un quatrain du poème "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs" envoyé à Banville :
Trouve, aux abords du Bois qui dort,
Les fleurs, pareilles à des mufles,
D'où bavent des pommades d'or
Sur les cheveux sombres des Buffles !
Il est clair que, dans "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", dans "Tête de faune" et dans "Les Douaniers", Rimbaud fait allusion à un texte bien connu de Banville, un texte peut-être de Banville lui-même, et ce texte est antérieur à l'envoi de la lettre à Banville du 15 août 1871, et même probablement antérieur aux poèmes de Rimbaud de 1870, mais n'anticipons pas.
Enfin, dans le sonnet "Les Douaniers", Rimbaud casse à la césure l'expression "débris d'Empire" qui sont pris dans une énumération où il est question de "retraités" et aussi de "marins" et plus encore de "Soldats", et tous gens sont déclarés "nuls, très nuls" par comparaison aux "Soldats des Traités", périphrase pour "Douaniers". Cette façon d'injurier m'étonne un peu, elle n'est pas la plus vive et en même temps elle est assez familière, mais elle semble surtout un tic de langage que notre poète imiterait exprès.
Dans l'Album zutique, Rimbaud a composé deux montages de citations de Belmontet à partir de trois recueils distincts. Cependant, parmi les autres recueils non exploités par Rimbaud, il existe un recueil Poésies de l'empire français où j'ai repéré l'emploi de "nuls" comme sorte de renvoi injurieux définitif, mais fait dans les formes. L'expression se rencontre à la page 66 au beau milieu du poèmes en rimes suivies "La Jeunesse dorée de 1845", sachant que dans "Les Douaniers" nous avons une mention au pluriel à la rime "jeunesses". Or, ce poème est dédié "Au général Sourd, baron de l'Empire" et cela nous vaut une note 1 de bas de page où il est écrit ceci :
Tout le monde sait que le brave général, honorable débris de nos vieilles gloires, n'a qu'un bras ; l'autre est resté sur le champ de bataille. Le général Sourd est le type vivant de nos temps héroïques.
Le terme "débris" est repris par Rimbaud dans une expression brisée à la césure, mais, dans son poème, Belmontet après une suite assez pataude il faut le dire brise lui-même une expression à la césure avec un mot de la famille de "débris" :
Tu soutins jusqu'au bout l'effort de la bataille,
Et meurtri, mais brisant les carreaux, beau tableau !
Tu cédais au lion les champs de Waterloo !...
C'est l'homme exemplaire d'hier pour la France d'aujourd'hui, nous soutient Belmontet en son poème. Rimbaud prend le contre-pied de ce principe en vantant, avec ironie, l'actualité des douaniers.
Par son exaltation et sa célébration de modèles, le poème de Belmontet peut faire songer au "Forgeron" de Rimbaud dans son style oratoire. Et, si nous songeons à l'opposition aux douaniers et à la question d'une jeunesse prise à témoin, les vers suivants du poème de Belmontet doivent encore être cités pour leur expansion d'influence au-delà des frontières (note : Cynégire est un frère d'Eschyle, qui, selon la légende, la main coupée, continuait à poursuivre les vaisseaux perses, finissant par s'accrocher avec les dents :
[...]

Oh ! c'était admirable alors !... c'est pour cela,
Quand on le voit passer, Sourd, qu'on dit : Le voilà !
Le voilà ! c'est-à-dire : admirez dans cet homme,
Bronze égal à l'airain de la place Vendôme,
Admirez sur ce front ciselé, mais si fier,
O Français d'aujourd'hui, notre France d'hier.
Moderne Cynégire, il représente l'ère
D'amour patriotique et d'élan populaire
Où comme un feu du ciel en tous lieux nous passions
Pour allumer partout les hautes passions,
L'enthousiasme ardent pour la grandeur humaine,
Et toutes les splendeurs de la vertu romaine ;
Où dans la vieille Europe, au loin remise à neuf,
Nous semions les grands droits né de quatre-vingt-neuf ;
Et du sang de la France arrosant ces semences,
La révolution faisait des pas immenses.
La jeunesse d'alors, pleine d'un feu divin,
Diamant dont l'éclat ne brillait pas en vain,
Etincelante d'âme, adorant la patrie,
Elevait jusqu'aux cieux sa belle idolâtrie.
S'immoler pour la France était le grand bonheur : 
Chacun plus que la mort craignait le déshonneur.
C'est alors, général, fils du peuple, âme forte,
Que, se précipitant où le danger l'emporte,
Ta valeur, sur ton corps écrite par le feu,
Montait de grade en grade au niveau de ton Dieu.

Pensais-tu, quand, ployant sous tant de gloire acquise,
Au pas accéléré l'Europe était conquise ;
Quand, semant sous vos pas ses principes nouveaux,
La révolution fécondait vos travaux ;
Pensais-tu, quand partout, de lumière suivie,
Votre ardente jeunesse allait jetant sa vie ;
Quand, au bruit des vivat bien plus que des canons,
L'histoire enregistrait tant d'admirables noms,
Pensais-tu qu'après elle une ère si hardie
Ne laisserait qu'un sang de race abâtardie ?
Bien des chardons sont nés de ces splendides fleurs.
La Jeune France, hélas ! a les pâles couleurs.
Cette belle amazone, à l'air chevaleresque,
Qui prenait vers les cieux un vol si pittoresque,
Oisive, l'œil sans feu, ne s'exaltant pour rien,
A le teint d'un phtisique et le cœur d'un vaurien.
Que tu dois en pitié prendre ces jeunes hommes,
Toi dont le glaive pur nous fit ce que nous sommes,
Quand tu vois sans grandeur, sans idole et sans foi,
Les jeunes d'aujourd'hui passer plus vieux que toi !
Quand sur nos boulevards, si pauvres d'énergie,
Tu vois, flétris et lourds, ces héros de l'orgie
Traîner en beaux habits si mollement coquets
Leurs ennuis paresseux fatigués de banquets !
Ils n'ont rien dans le cœur puisse se satisfaire :
Faire mal parler d'eux est leur unique affaire.
Que tu dois en toi-même, ô vaillant général,
Mépriser ces grands nains, si nuls, sans nerf moral,
Ces générations, de nos gloires sorties,
Dont le plaisir dissout les âmes amorties,
Qui marchent au scandale avec des fronts moqueurs,
Qui foulent d'un pied vil nos lauriers de vainqueurs,
Et qui, se pavanant dans leurs vices prospères,
Démentent sans pudeur les grandeurs de leurs pères !
Etait-ce pour nourrir leur vanité sans but
Que les rois, de ton temps, nous payaient leur tribut ?
[...]
Il n'est plus de patrie, il n'est plus de grande âme.
Ces rusés conquérants de tout honneur de dame
N'ont de l'ambition, loin des nobles accords,
Que pour flétrir le cœur et cultiver le corps.
Le jour, d'un vil tabac s'enivre leur paresse ;
La nuit, leur sang brûlé veille encor dans l'ivresse ;
Vieillards anticipés, dans leurs goûts indécents,
Ils n'ont jamais compris que le culte des sens.
[...]
Leur probité se rouille. Heureux, encor novices,
Ceux qui ne jettent pas leur honneur dans leurs vices !
Il en est dont l'orgueil, levant d'adroit impôts,
Pour briller, de leurs clubs, font d'élégants tripots.
Le faste est le besoin de ces nullités vides.
[...]
La jeunesse elle-même, en cette ère néfaste,
N'a pour se distinguer que les combats du faste ;
Mais cet art d'habiller l'homme d'un vernis faux
Mène souvent au crime à travers les défauts.
[...]
O jeunesse dorée ! accroupie à présent,
Hors des forces du cœur dont Dieu te fit présent,
Dans les brutalités d'une vie animale,
Quand donc secoûras-tu ta paresse anormale ?
[...]
Ou jeunes parvenus, ou jeunes descendants,
Pourquoi ne pas subir d'illustres ascendants ?
[...]

Ainsi donc, général, cette tourbe dorée,
Par qui la folle vie est la seule adorée,
Doit frapper ton esprit d'une immense douleur,
La voyant chiffonner son drapeau sans couleur !
Dissipatrice, nulle, en sa chute hâtée,
N'osant pas croire en Dieu, n'osant pas être athée !
Libertine, perdant et ses jours et ses nuits
A l'étourdissement de ses obscurs ennuis !
Voilà donc la jeunesse incapable et sans lustre
Qui succède aux héros de ton époque illustre !
[...]
Le poème se termine en signalant les exceptions et en célébrant les conquêtes en Afrique :
[...]
Fils de la Liberté, cette mère des forts,
Nos soldats font en eux revivre nos grands morts.
Là, c'est Lamoricière et sa fougue bretonne,
Là, c'est Bedeau qui pense ou Cavaignac qui tonne,
Et tant d'autres enfin, dans les rangs les plus bas,
Dont l'héroïsme obscur marque toujours le pas.
Leur sang tout plébéien fait pousser pour l'histoire
De nouveaux noms mûris au feu de la victoire.
Que de braves, changeant leur épée en flambeau,
Luttent à qui rendra l'honneur français plus beau !

                                                               Paris, 1846.
Il va de soi qu'il n'est pas question de lire "Les Douaniers" comme le contrepoint du poème de Belmontet. Rimbaud n'a sans doute aucune raison ni envie de défendre la jeunesse dorée de 1845. En revanche, les comparaisons dans la manière rhétoriques sont essentielles. Il va de soi que le sonnet de Rimbaud traite d'un sujet d'actualité politique et qu'il s'intéresse aux bonapartistes tout particulièrement. Dans le poème de Belmontet, l'idée de nullité est appliquée à la jeunesse de 1845 par contraste avec le modèle d'une épopée unissant la Révolution française à l'Empire de Napoléon Premier. Le constat de nullité est quelque peu martelée : "si mollement coquets", "si nuls", "nullités", "nulle", à quoi ajouter les mentions de "rien" et la rime "riens"::"vauriens", etc. Dans le sonnet de Rimbaud, il me semble désormais bien acquis que l'expression "nuls, très nuls" est un effet oratoire qui fait bonapartiste. On observe aussi que ce sont les "débris d'Empire" et les "Soldats", parmi lesquels le général Sourd, qui sont considérés comme nuls, mais ils ne le sont pas en regard de la jeunesse, mais des douaniers. Dans le poème de Belmontet, il est question d'exalter le présent pour dénoncer une dérive du présent, mais selon un certain triangle. Les soldats du passé montrent la nullité de la jeunesse présente, mais il reste l'exemple de soldats dans des campagnes en Afrique. Dans le sonnet de Rimbaud, le triangle est posé différemment : les soldats du passé n'étaient pas terribles en comparaison de l'efficacité des douaniers actuels dont les "jeunesses" sont des victimes. Le sonnet est ironique et le déplacement est quelque peu absurde, mais il dénonce aussi une rhétorique d'opportunisme. Les douaniers sont finalement plus utiles ou plus efficaces que les soldats, ce qui fait s'effondrer le discours revendiqué des valeurs, bien qu'il soit mobilisé pour dénoncer les "faunesses", "jeunesse" et "Délinquants". La rhétorique fait ressortir la valeur instrumentale des modèles érigés. L'intérêt des douaniers est pratique, c'était déjà le cas des soldats de l'Empire, mais cela était maquillé par une tactique moralisatrice. Rimbaud opte pour une célébration et une comparaison qui sont absurdes, et cela à des fins satiriques assez évidentes. Ce poème de Belmontet invite en tout cas à reconsidérer la recherche de sources au sonnet "Les Douaniers", en particulier au plan des reprises lexicales, et il reste à creuser les liens de ce poème avec "Tête de faune" et "Oraison du soir".
En attendant, nous en sommes toujours à la question du modèle marotique inversé dans les tercets.
Dans les sonnets de la section "Fantaisies" des "Premières poésies" de Gautier, ensemble daté de la période "1829-1832" en fin de recueil, j'ai relevé au milieu de huit sonnets consécutifs, deux sonnets inversant le modèle marotique :
Ne vous détournez pas, car ce n'est point d'amour
Que je veux vous parler ; que le passé, madame,
Soit pour nous comme un songe envolé sans retour,
Oubliez une erreur que moi-même je blâme.

Mais vous êtes si belle, et sous le fin contour
De vos sourcils arqués luit un regard de flamme
Si perçant, qu'on ne peut vous avoir vue un jour
Sans porter à jamais votre image en son âme.

Moi, mes traits soucieux sont couverts de pâleur ;
Car, dès mes premiers ans souffrant et solitaire,
Dans mon cœur je nourris une pensée austère,

Et mon front avant l'âge a perdu cette fleur
Qui s'entr'ouvre vermeille au printemps de la vie,
Et qui ne revient plus alors qu'elle est ravie.
Les sonnets de 1870 de Rimbaud n'ont pas les mêmes rimes pour les quatrains, ce qui fait qu'ils sont plus proches de Baudelaire et du Parnasse contemporain de 1866. En revanche, les quatrains de Gautier sont à rimes croisées, et dans la foulée nous constatons que le sizain inversé n'implique pas la possibilité du découpage en un troisième quatrain suivi d'un distique. En revanche, la négativité du sonnet justifie l'idée d'une inversion symbolique.
Lorsque je vous dépeins cet amour sans mélange,
Cet amour à la fois ardent, grave et jaloux,
Que maintenant je porte au fond du cœur pour vous,
Et dont je me raillais jadis, ô mon jeune ange,

Rien de ce que je dis ne vous paraît étrange
Rien n'allume en vos yeux un éclair de courroux,
Vous dirigez vers moi vos regards longs et doux,
Votre pâleur nacrée en incarnat se change :

Il est vrai, - dans la mienne, en la forçant un peu,
Je puis emprisonner votre main blanche et frêle,
Et baiser votre front si pur sous la dentelle.

Mais - ce n'est pas assez pour un amour de feu ;
Non, ce n'est pas assez de souffrir qu'on vous aime,
Ma belle paresseuse, il faut aimer vous-même.
Dans cet autre sonnet, l'idée d'une distribution en trois quatrains de rimes embrassées suivis d'un distique devient possible, y compris au plan du découpage phrastique. Toutefois, le troisième quatrain aurait une paire de rimes distincte des deux précédents quatrains et l'exemple du précédent sonnet nous invite à nous méfier de l'idée d'une allusion à une suite de trois quatrains. L'inversion a également une fonction symbolique. L'union doit se jouer au-delà du poème avec l'invitation à aimer, et cette irritante absence d'amour peut justifier l'inversion, signe d'un désordre en amour.
Pour les six autres sonnets de cette suite, Gautier adopte à trois reprises la forme marotique AAB CCB ("Aux vitraux diaprés...", "Quelquefois, au milieu de la folâtre orgie,...", "Poëte, dans les cœurs mettre un écho sonore,...") et à deux reprises la forme ronsardienne AAB CBC ("Qu'est-ce que ce bonheur...", "Avant cet heureux jour..."). En revanche, pour le dernier sonnet, Gautier adopte la forme inversée du modèle ronsardien dans ses tercets : ABAB ACC. Et la lecture en trois quatrains n'est pas permise, puisque les deux quatrains sont à rimes embrassées :
Vous partez, chers amis ; la brise ride l'onde,
Un beau reflet ambré dore le front du jour ;
Comme un sein virginal sous un baiser d'amour,
La voile sous le vent palpite et se fait ronde.

Une écume d'argent brode la vague blonde,
La rive fuit. - Voici Mante et sa double tour,
Puis cent autres clochers qui filent tour à tour ;
Puis Rouen la gothique et l'Océan qui gronde.

Au dos du vieux lion, terreur des matelots,
Vous allez confier votre barque fragile,
Et flatter de la main sa crinière de flots.

Horace fit une ode au vaisseau de Virgile ;
Moi, j'implore pour vous, dans ces quatorze vers,
Les faveurs de Thétis, la déesse aux yeux verts.
L'enquête n'est pas terminée, mais il faut donc bien dissocier la pratique du sizain inversé dans les tercets du modèle anglais en trois quatrains et un distique. Quant à l'idée d'une influence de ces sonnets sur "Le Mal", "Rages de Césars" ou "Les Douaniers", elle est assez dérisoire.
En revanche, parmi ces huit sonnets, il en est qui retient toute mon attention, le premier ! On sait que le mot "vibrements" dans "Voyelles" est un mot rare qui avait statut de néologisme de Gautier dans ses écrits de jeunesse. Le mot "vibrement" apparaît dans la nouvelle fantastique très connue "La Cafetière", mais il apparaît aussi au pluriel au vers 9 du premier de nos huit sonnets, apparition que le rend symétrique de son occurrence au vers 9 du sonnet "Voyelles". Et si on prolonge la comparaison, on peut se demander s'il n'y a pas un discret parallèle de mouvement d'ensemble des compositions !
Aux vitraux diaprés des sombres basiliques,
Les flammes du couchant s'éteignent tour à tour ;
D'un âge qui n'est plus précieuses reliques,
Leurs dômes dans l'azur tracent un noir contour ;

Et la lune paraît, de ses rayons obliques
Argentant à demi l'aiguille de la tour,
Et les derniers rameaux des pins mélancoliques
Dont l'ombre se balance et s'étend alentour.

Alors les vibrements de la cloche qui tinte,
D'un monde aérien semblent la voix éteinte,
Qui par le vent portée en ce monde parvient ;

Et le poëte, assis près des flots, sur la grève,
Ecoute ces accents fugitifs comme un rêve,
Lève les yeux au ciel, et triste se souvient.
L'idée d'un être humain exilé sur Terre et qui se souvient des cieux, c'est une partition jouée par Rimbaud dans son poème "Credo in unam". L'idée de cet exil est à rapprocher du poème "L'Homme", le second des Méditations poétiques de Lamartine, avec alors un plan de pensée chrétienne assez strict. Si on poursuit les comparaisons avec le sonnet "Voyelles", les "vitraux diaprés" du premier vers sont l'équivalent de l'énumération des cinq voyelles colorées. L'extinction des soleils couchants au vers s'oppose aux "naissances latentes". L'attaque du second quatrain fait contraster l'apparition de la Lune et l'éclat blanc du jour qui chasse l'obscurité chez Rimbaud. Mais, on a, au-delà de l'éventuelle comparaison entre les "glaciers" et les "pins", un parallèle entre la mention "Argentant" qui vaut éblouissement du blanc par une lumière du ciel et la mention de "l'ombre" qui "se balance" avec l'effet du "E blanc" sur les tentes et les glaciers, et le refuge encore assurée par les ombelles qui frissonnent. Il était déjà question de "sombres basiliques" au premier vers, et dans la comparaison des vers 9 avec le mot rare en commun "vibrements" on voit comment s'oppose un mysticisme chrétien à une extase sans le décor des églises : "Alors les vibrements de la cloche qui tinte," face à "U, cycles, vibrements divins des mers virides," sachant que le sonnet de Gautier confirme l'idée d'un dialogue entre le monde d'en haut et le monde d'en bas, dont les tercets de "Voyelles" rendent l'articulation par le passage du tercet du "U vert", terres et mers, au tercet du "O bleu-violet", plan de la vision du ciel métaphysique. Dans le poème de Rimbaud, nous avons le pluriel des "fronts studieux" et la révélation finale du regard, qui n'aura pas la couleur verte du sonnet de Gautier cité plus haut, mais la couleur violette. Or, dans ce sonnet de Gautier occupé par le mot "vibrements" en son milieu, le poète écoute cette voix du ciel en la percevant comme un rêve, cela étant formulé au vers 13, symétrique donc de "Silences traversés des Mondes et des Anges", du côté du poème de Rimbaud, et pour le dernier vers Gautier ne dit pas ce que le poète voit, mais il le décrit scrutant le ciel et se souvenant, ce qui est parallèle à la fin de "Voyelles" où la révélation suppose un regard scrutateur tourné vers le ciel et une connaissance qui équivaut à la puissance de révélation du poète exilé de Gautier.

Voilà, pour le voyage rimbaldien du jour, je vais passer pour faire la quête. Vous pouvez me mettre quelques pièces, ça m'aidera à continuer à vous approvisionner en rapprochements fascinants.
A votre bon cœur !

4 commentaires:

  1. Quelques coquilles, mais je suis assez content des ces développements.

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  2. Une exception sur la distribution ABA BAB dans les tercets, le sonnet "Le Fils du Titien" de Musset l'adopte avant Mendès. Et c'est fait exprès : "Lorsque j'ai lu Pétrarque..."
    En revanche, dans ses recueils de poésie, Musset ne pratique pas vraiment les inversions comme c'est le cas de Gautier. Musset pratique plus volontiers la distribution sur deux rimes, plusieurs fois non symétriques ABA ABB, parfois avec une rime de module et une rime qui sature les autres vers : AAB ABA. Toutefois, dans les Poésies posthumes, dans une série de poèmes "A George Sand", le II a une inversion du modèle marotique dans ses tercets : "sourire", "inconnus", "nus", "lyre", "écouté", "douté". Et cela se retrouve dans le second de deux sonnets "Aux critiques du Chatterton d'Alfred de Vigny" : "humaines", "Océan", "analysant", "pleines", "demain", "main". Les sonnets pour Vigny, tournés aussi contre l'auteur Planche, furent composés en 1835, mais publiés en 1865. Le sonnet à George Sand n'a été publié qu'en 1873 (inconnu de Rimbaud donc) et, composé en 1833 suite à la publication de Lélia, il est postérieur aux sonnets de Gautier. On note tout de même l'effet d'époque.

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    1. Assez peu de sonnets de Gautier dans les "Poésies diverses" de 1838, un ensemble qui a compté pour Baudelaire et qui est proche de "La Comédie de la mort".
      D'abord, une suite de trois sonnets : "Versailles", "La Caravane", "Destinée". "Versailles" en rimes plates AAB BCC, "La caravane" en ronsardien AAB CBC, "Destinée" en ronsardien inversé ABA ACC. Plus loin, deux autres : "Sonnet" et "A deux beaux yeux". "Sonnet", rimes plates AAB BCC, "A deux beaux yeux" marotique inversé ABB ACC.
      **
      Recueil suivant Espana. Les sonnets sont épars.
      Sainte Casilda marotique inversé ABB ACC (à noter un poème en 14 vers à rimes suivies lui succède, j'ai oublié d'en relever un autre chez un autre poète récemment), "Sur le Prométhée du musée de Madrid" re-belote ABB ACC, "Perspective", pareil ! En revanche, le conclusif "Adieux à la poésie" est en ronsardien AAB CBC.
      **
      Préface à Emaux et Camées sonnet d'octosyllabes à marotique inversé ABB ACC.
      Parmi les reliques, sonnet "Avec ce siècle infâme...", encore ABB ACC (publié en 1832 dans Albertus). Partiellement intéressant à rapprocher des "Douaniers".
      Sonnets bouts-rimés de 1861 : encore ABB ACC.
      Bon, c'est clair, le principe du marotique inversé est une caractéristique type des sonnets de Gautier !

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    2. Je termine le relevé.
      En quittant Tolède sonnet bouts-rimés ABA BBA.
      A Maxime du Camp AAB BCC
      A la Présidente ABB ACC (bouts-rimés)
      Sept sonnets à Marie Mattéi deux ABB ACC, un AAB CCB, un ronsardien inversé ABA ACC, un ABB ABA, un ABA AAB, un ABA BCC.
      Autres sonnets : j'en dénombre 15 car il faut écarter un quatre quatrains (!). Sur les 15, ça diminue, mais tout de même 4 marotiques inverés ABB ACC. Aucun sur les peu de sonnets pour Carlotta Grisi.
      Douzain de sonnet à la princesse Mathilde (publié en 1869) : 4 ABB ACC.
      "Vous étiez sous un arbre..." o jlt 70, mais publié bien après ABB ACC.
      "Le vingt-sept mai Pour l'anniversaire de naissance de la princesse M" (Versailles, 27 mai 1871), ABA BBA. Mais publié plus tard, inconnu de Rimbaud !
      Bouts-rimés de 1864. Parmi ceux-ci, 14 sonnets, et parmi ceux-ci, 3 ABB ACC.

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