vendredi 1 janvier 2021

Bonne année covid-21

L'année 2021 sera encore chargée à mon avis.

En attendant les nouvelles merdes, voici un petit article sur le "Suprême Clairon".


Des historiens ne s'intéressant pas du tout à la poésie connaissent parfois le nom de Paul Déroulède. Il est très célèbre pour son appel à la revanche après la défaite franco-prussienne. Il a fondé la Ligue des patriotes, une sorte d'ancêtre à la Ligue du Lol qui lui a repris l'appellation très militaire de "Ligue". Plus sérieusement, c'est par le milieu des étudiants en faculté d'Histoire que j'ai appris que Déroulède était parfois surnommé "le boucher de la Commune". Je n'ai pourtant pas l'impression que cette expression ressorte si souvent que cela à son sujet, mais c'est un fait qu'il a participé à la répression lors de la Semaine sanglante.
Or, Paul Déroulède est connu également en tant que poète, et suite à la défaite il a fait publier un recueil intitulé Chants du soldat et au début de ce recueil figure un poème très célèbre intitulé "Le Clairon". Ce recueil a eu un énorme succès de vente qui, fatalement, s'est appuyé sur le désir de revanche lié aux événements tout récents. Et son poème "Le Clairon" a été mis au programme scolaire, est devenu une sorte d'institution poétique pour l'éducation de la jeunesse sous la troisième République. Je ne saurais pour l'instant dire à quel mois près le volume Chants du soldat a été mis en vente en France en 1872. Je possède un volume rélié de 1884 avec la cent-septième édition des Chants du soldat mais jointe à deux recueils ultérieurs de 1875 et 1881 : Nouveaux Chants du soldat (89ème édition de 1883) et Marches et sonneries (34ème édition de 1884). Seul le recueil Chants du soldat nous intéresse.
En général, les rimbaldiens préfèrent ne considérer que les recueils de poètes aujourd'hui encore considérés comme importants. On le voit. Des gens qui consacrent leur vie à montrer qu'ils s'intéressent à Rimbaud, que ce soient des critiques universitaires, ou que ce soit des gens comme Circeto qui cherchent à dire constamment qu'ils existent et qu'ils sont la flamme des lecteurs de Rimbaud, ne supportent pas l'idée d'un Rimbaud influencé par ses lectures constantes de Banville ou Glatigny. Pourtant, Rimbaud n'avait pas notre accès contemporain aux livres, et les bibliothèques avaient des contraintes horaires. Il faut quand même se représenter un monde avec d'anciennes formes de latrines, un monde où, chez lui, Rimbaud, qui devait déjà cacher les auteurs licencieux, genre "hugot", au jugement réprobateur de sa mère, quand il n'écrivait pas et ne travaillait pas pour l'école, lisait et relisait les mêmes recueils de poésies. Et il devait les connaître intimement. Qui plus est, Rimbaud ne dissociait pas les activités littéraires de la prise d'informations sur l'actualité de son temps. Il n'y avait pas un cloisonnement où il aurait écouté la radio ou suivi un journal télévisé, avant de retourner à ses recueils de poésies. Rimbaud lisait la presse quotidienne où figuraient des recensions sur l'actualité des théâtres, des concerts, des publications. Il lisait des poèmes de second ordre, mais qui étaient le reflet des préoccupations tant politiques qu'idéologiques et littéraires de son temps. En janvier 1872, il est à Paris au milieu d'une sélection de poètes parisiens, mais tous ces gens-là doivent se construire socialement et tous lisent la presse et savent que l'opinion acclame les discours revanchards non seulement d'un Coppée, mais d'un Paul Déroulède. Et Paul Déroulède n'est pas tout à fait le premier venu, puisque c'est le neveu d'Emile Augier, lequel est cité dans le sonnet zutique de Rimbaud intitulé "Paris", et lequel Augier est encore le fils de Victor Augier, avocat et homme de lettres, et le petit-fils de Pigault-Lebrun, romancier et dramaturge à cheval sur les XVIIIe et XIXe siècles.
Il faudrait chercher quand le poème "Le Clairon" de Déroulède a été publié et diffusé pour la première fois. Son succès est-il venu de la publication du recueil ? Quels poèmes ont-ils préparé le succès du recueil par des parutions en amont dans la presse ?
Le recueil Chants du soldat s'ouvre par une dédicace datée de "Janvier 1872" même.
A ceux qui m'ont appris à aimer ma patrie
A mon père, à ma mère,
                              Paul Déroulède.
La plaquette "Plus de sang" de François Coppée et sa pièce Fais ce que dois, le recueil Chants du soldat, les Tableaux du siège de Gautier, Paroles du vaincu de Léon Dierx, mais aussi les Idylles prussiennes de Banville ou Les Cuirassiers de Reichshoffen de Bergerat, tout ces poèmes ont une importance pour ne fût-ce que comprendre l'état d'esprit de Rimbaud à la fin de l'année 1871 et au long de l'année 1872. Le Banville que Rimbaud fréquente est certes l'auteur des Cariatides et des Odes funambulesques, mais il est aussi l'auteur tout récent des Idylles prussiennes. A la suite de Banville, Glatigny critique énormément les bourgeois et il a écrit Le Fer rouge, ses Châtiments à lui où on comprend qu'il est républicain et contre le second Empire. Mais Glatigny qui publie à la fin de l'année 1871 dans Le Rappel, organe de presse hugolien, n'a pas adhéré à la Commune. Il l'a dénoncée dans ses lettres. Toutes ces nuances sont souvent perdues de vue. Il y a mille façons de critiquer le bourgeois, mille points de départ pour le critiquer. Aujourd'hui, on nous impose de croire que quand Rimbaud critique le bourgeois dans un poème très marqué par l'influence de Banville et Glatigny, c'est parce qu'il a des idées communalistes et on nous soutient que les idées de la Commune de Paris sont proches du marxisme. La réalité est évidemment plus nuancée et impose même certains démentis. C'est au nom d'un continuum satirique qu'on peut avoir la critique du bourgeois par Banville, puis par Rimbaud, même si les deux poètes ne sont pas sur le même plan politiquement. Quant à l'interprétation marxisante de la Commune, elle est aujourd'hui clairement admise comme erronée par les historiens. Il y a une autre notion qui pose problème, celle de patriotisme. Rimbaud oppose Paris à la France dans les lettres du "voyant", ce qu'on dit être une opposition entre l'universel et un nationalisme étriqué, sans peut-être tenir assez compte des nuances du contexte d'emploi. Ce n'est pas Rimbaud lui-même qui pose l'idée d'opposer l'universel au repli national. Dans le même ordre d'idées, quand Rimbaud se réjouit de voir l'occupation militaire prussienne à Vouziers en 1873, plusieurs rimbaldiens ont écrit que notre poète manquait d'humanité, qu'il n'était pas solidaire de la patrie. Mais c'est plus compliqué que ça. En 1873, Rimbaud se désole d'un pays qui construit son patriotisme sur la négation des martyrs de la Commune et particulièrement de la Semaine sanglante. On ne peut pas attribuer comme on le fait généralement une pensée anachronique à Rimbaud selon laquelle le sort des français ne l'intéresse pas. Rimbaud a eu "horreur de la patrie", parce qu'il y a eu un drame très précis et qu'il y a désormais un clivage entre les traumatisés de la Semaine sanglante et ceux qui considèrent que les versaillais ont fait un nettoyage utile à la nation, parmi lesquels Emile Zola. Il n'y a pas à trancher dans un débat entre des idées abstraites considérées comme absolues. Il faut prendre la peine de regarder de près ce qu'il s'est passé. Non ! Rimbaud n'est pas inhumain quand il plaisante sur la pression de l'armée prussienne auprès de la population ardennaise. Sa réaction s'explique par des conflits hideux de son époque qui ne se sont pas arrêtés par la victoire militaire des versaillais. Et non Rimbaud n'a pas un rejet métaphysique de la patrie, il rejette uniquement l'idée patriotique prônée par le camp vainqueur versaillais.
Il y a enfin une autre raison de bien étudier le contexte d'une époque. J'ai déjà dit que le sonnet "Voyelles" célébrait les morts de la Commune. Les rimbaldiens, critiques qui publient ou amateurs revendiqués, ont des idées assez méprisantes au sujet de Rimbaud. Pour eux, si Rimbaud réemploie des carcasses d'expressions des poèmes "Paris se repeuple" et "Les Mains de Jeanne-Marie" dans "Voyelles", c'est que ces expressions ont un aspect sonore intéressant qu'il peut réexploiter. On est face à une définition de la poésie délestée du sens pour n'être qu'un bijou, un colifichet dirait Amédée Pommier. Le "clairon" est à l'honneur dans le dernier tercet et il s'agit d'une référence limpide à la trompette du Jugement dernier et comme l'a vu le critique Barrère il s'agit d'une reprise du poème "La Trompette du Jugement" qui clôt la première version de La Légende des siècles de 1859 avec une inversion de l'expression hugolienne "clairon suprême" utilisée dans ce poème et dans "Eviradnus".
Le motif du "clairon" n'est pas seulement important parce qu'il est mentionné par Hugo, parce qu'il est mentionné dans "Paris se repeuple". C'est un motif qui a du sens au début de l'année 1872 (et pour ceux qui croient le poème "Voyelles" de 1871, ce sera encore plus vrai), à cause d'événements tragiques récents, d'une part la guerre franco-prussienne, de l'autre la guerre civile.
On a déjà bien remarqué que Coppée et plusieurs autres faisaient pleurer la patrie sur les morts face à la Prusse, mais ne parlaient de la Commune qu'en tant qu'erreur hideuse à rejeter, comme s'il n'y avait pas eu de morts, ou comme si les communards mouraient plus de leur fourvoiement que des balles versaillaises. Il va de soi que le poème "Les Corbeaux" est une réplique à ces manipulations littéraires malsaines. Le sonnet "Voyelles" est également une réplique à cela, et pour le faire sentir, qu'il nous suffise de parler donc du recueil de Paul Déroulède Chants du soldat. Ce recueil n'offre pas vraiment des sources à plusieurs réécritures dans les poésies de Rimbaud pour l'année 1872, mais il y a tout de même un cas singulier qui vaut la peine d'être cité.
Le recueil Chants du soldat est composé de 21 poèmes. Nous retrouvons les mots clefs "vaincu" et "vainqueur" qui ont du sens pour tous, mais qui ont un sens particulier pour les vaincus de la Commune que sont Rimbaud et Verlaine. Le recueil de Déroulède commence par un "Vive la France !" qui n'inclut pas les morts qui ont pu dire : "Vive la Commune !" Le premier vers de "Vive la France !", le premier hémistiche même contient la mention verbale "vaincue" qui ne fait évidemment pas par hasard écho au titre de la plaquette de Dierx Paroles du vaincu, puisque c'est le mot du sentiment omniprésent de la défaite pour tous ceux qui sont rassurés depuis qu'un terme a été mis à la guerre civile : "Oui, France, on t'a vaincue..." Il est clair comme de l'eau de roche que dans l'expression des "Corbeaux" : "Morts d'avant-hier...", Rimbaud dénonce cet art de l'ellipse d'un Déroulède et de quelques autres. Le recueil de Déroulède se termine par un poème intitulé "Vae Victoribus" ("malheur aux vainqueurs"). Il s'agit d'une inversion de l'expression cruelle "Vae victis" ("malheur aux vaincus") attribuée à Brennus après son sac de Rome. Là encore, Rimbaud et Verlaine, entre autres, ne peuvent que lire cet appel avec ironie, puisqu'en se plaignant de la victoire des prussiens Déroulède a lui aussi été un cruel vainqueur massacrant des patriotes parisiens lors de la Semaine sanglante.
Nous pouvons même aller plus loin. Dans le premier quatrain, si mal écrit, de "Vive la France !" et donc du recueil Chants du soldat, Déroulède parle d'une opposition entre Français, mais d'une opposition qui ne renvoie même pas à la guerre civile, comme si elle n'avait pas eu lieu et n'était pas liée aux oppositions ambiantes :
Oui, France, on t'a vaincue, on t'a réduite même,
Et comme il n'a pas eu pour preuve le succès,
A ton courage encore on jette l'anathème,
Et les Français s'en vont rabaissant les Français.
Le second vers de ce quatrain est du charabia, tandis que pour le rythme le second hémistiche du premier vers et le quatrième vers sont particulièrement faibles. Mais c'est bien sûr pour les omissions que ce quatrain n'a pu que particulièrement agacer Rimbaud, Verlaine et d'autres.
Je ne vais pas citer trop longuement, mais je voudrais aussi insister sur les parallèles importants entre le magistère de Déroulède et le magistère d'un Rimbaud. J'emploie l'expression "magistère" à dessein, puisque Rimbaud veut être un voyant. Déroulède s'adresse en poète à la patrie, il se réclame d'une fonction sociale importante. Ce n'est pas parce que Victor Hugo a autrement de talent que Déroulède qu'il faut ignorer que Déroulède prend la pose du mage qui dit son fait à la société, et vu le sujet qu'il traite Déroulède tient des propos qui engagent l'avenir de la France. Déroulède doit donner à voir ce que peut devenir ou pas le pays. Il est là comme un prophète qui explique la défaite et comment y remédier. Hugo parle souvent de l'avenir en tant que visionnaire autoproclamé dans ses recueils. Rimbaud le fait bien évidemment dans "Paris se repeuple", mais "Paris se repeuple" n'est pas que l'application d'un procédé de poète romantique à un événement majeur d'actualité. Quand Rimbaud parle de l'avenir dans "Paris se repeuple", il songe bien sûr aux discours politiques tout aussi autoproclamés visionnaires des politiques, d'une population en soutien des versaillais, et par conséquent le parallèle est obligé avec le discours des poètes Coppée et Déroulède qui rêvent un avenir au pays sans place ni souvenir pour la Commune. Je ne débattrai pas ici sur la datation du poème "Paris se repeuple" et ses probables remaniements. Je me contente de souligner le parallèle en citant le vers 8 du poème "Vive la France !" de Déroulède, c'est parfaitement suffisant pour comprendre qu'il y avait un contexte de composition aux poèmes de Rimbaud que sont "Paris se repeuple", "Voyelles" ou "Les Corbeaux".
Que tout un avenir soit brisé sous ce fer !
On peut citer d'autres vers, les accusations de lâcheté, la métaphore de l'orage pour les morts, l'appel au "devoir", etc.
Non, France, ne crois pas ceux qui te disent : lâche,
[...]

C'est un éclair divin de cette époque sombre,
Que ces martyrs voulant leurs supplices moins courts.

[...]
Mais ils marchaient, ayant pour guide le devoir.

Et Paris affamé n'a jamais défailli !

Mais sur le sol sanglant où le vainqueur se vautre,
[...]
Chacun des vers cités ne peut que faire réagir Rimbaud, et ce n'est pas dû à leurs mérites littéraires.
Et, puis, nous enchaînons avec le second poème intitulé "Le Clairon". Il s'agit d'un poème en sizains d'heptasyllabes. Il nous raconte l'histoire du soldat qui guide la "fête" de l'armée en les encourageant de sa "fière trompette", et lui-même est courageux à participer ainsi à toutes les batailles. Mais, ce jour-là, la première balle prussienne est pour lui. Et même si aucun indice de réécriture n'est sensible de la part de Rimbaud, je voudrais minimalement citer ce sizain du milieu du poème avec le mot "suprême" à la rime :
A la première décharge,
Le Clairon sonnant la charge,
Tombe frappé sans recours ;
Mais, par un effort suprême,
Menant le combat quand même,
Le Clairon sonne toujours.
Je n'ai nul besoin de prétendre que ceci est une source au sonnet de Rimbaud. Il est parfaitement suffisant de l'envisager comme une illustration de ce que les mots "clairon" et "suprême" pouvaient signifier aux oreilles d'un lecteur de poésies en 1872.
Dans le sizain qui suit, Déroulède fait rimer "mort" et "encor", mais cela a moins choqué Rimbaud que Banville cette fois... Le poème "Le Clairon" joue sans doute, au moyen de répétitions, sur le motif de Roland appelant du cor avec la lente agonie qui se poursuit en ses sizains :
Et cependant le sang coule,
Mais sa main, qui le refoule,
Suspend un instant la mort,
Et de sa note affolée
Précipitant la mêlée,
Le vieux Clairon sonne encor.

Il est là, couché sur l'herbe,
Dédaignant, blessé superbe,
Tout espoir et tout secours ;
Et sur sa lèvre sanglante,
Gardant sa trompette ardente,
Il sonne, sonne toujours.

Puis, dans la forêt pressée,
Voyant la charge lancée,
Et les Zouaves bondir,
Alors le Clairon s'arrête,
Sa dernière tâche est faite,
Il achève de mourir.
Comme d'habitude, il faut que je me retienne avec toutes les suggestions qui se déclenchent dans mon esprit : le corps agonisant "couché sur l'herbe" prenant déjà la pose de ceux qui "dorment" sur les "champs de France" ou de ceux qui sont enchaînés "dans l'herbe" par la "défaite sans avenir", la "note affolée" dont le message ne vaut pas celui du "faune affolé" de "Tête de faune" sachant que le poème suivant parle de "forêt meurtrie", la "lèvre sanglante" d'une âme s'échappant par son cor qui est un "sang craché" mais pas pour la même cause que dans "Voyelles", etc. Désolé, quand je lis, je ne suis pas passif. La lecture est pour moi un instant de profit.
Maintenant, ma lecture d'ensemble du recueil de Déroulède ne me semble guère favoriser les rapprochements avec les poèmes que Rimbaud a pu composer en 1872. J'ai quelques vers à relever pour leurs césures ou quelques strophes, mais cela intéresse l'histoire de la poésie en général. Je n'ai pas la sensible impression que Rimbaud a franchement lu ce recueil et je m'en tiendrai volontiers à l'idée que ce qui importe, c'est le succès ultérieur du poème "Le Clairon" et le fait que l'expression "Suprême Clairon" ne peut pas avoir le sens aussi mince que tous les amateurs de Rimbaud lui prêtent depuis 1886. L'expression doit être lue au sens fort qu'elle pouvait avoir en 1872 et qu'elle devrait avoir de tout temps, car après tout il est même question de son sens littéral.

Tout le monde semble lire "Suprême Clairon" comme si cela ne voulait dire que le dernier clairon. Mais l'adjectif "suprême" correspond quelque peu à un superlatif et, malgré toutes les pintades du monde, suppose quelque chose de solennel et de tragique, comme dit si bien Robert.
Hugo avait écrit "clairon suprême" dans sa "Trompette du jugement". Rimbaud a inversé les mots. En principe, un adjectif placé devant le nom est renforcé dans son effet et il est tend même à fondre sa signification au nom qu'il qualifie (comparer un homme petit et un petit homme, un homme grand et un grand homme, un homme jeune et un jeune homme). L'antéposition n'est pas anodine. Et comme si cela ne suffisait pas, Rimbaud a ajouté des majuscules à ces mots sur sa transcription manuscrite autographe.
Comment est-il possible que des lecteurs qui pensent que "Voyelles" est un sonnet majeur dans l'histoire de la littérature peuvent se contenter de lire passivement "suprême clairon" comme dernier clairon et allusion au clairon du jugement dernier, sans que cela n'engage plus avant leur lecture ? Cela me dépasse. Qui plus est, je rappelle que le "rayon violet de Ses Yeux" sur lequel la critique herméneutique se penche, c'est le "Suprême Clairon" lui-même. Ce blocage à la lecture sera-t-il jamais dépassé parmi mes contemporains ?

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