dimanche 21 février 2021

Oraison du soir : blague, poème sérieux ou blague sérieuse ?

Le poème "Oraison du soir" semble faire l'objet d'un débat entre rimbaldiens. Selon Michel Murat, il s'agirait d'une "mise en scène majestueuse des fonctions naturelles dans leur rôle d'échange cosmique". C'est ce qu'il a écrit dans son livre L'Art de Rimbaud. Etonnamment, Yves Reboul, qui, je suppose, réagit suite à sa lecture du livre de Murat, abonde en ce sens. Le sonnet serait "loin d'être le poème purement fumiste qu'on a pu croire".
Pour l'instant, j'ai déjà déterminé que ce sonnet par la césure de son premier vers et les images de son premier quatrain réécrivaient des passages du poème "Un voyage à Cythère" de Baudelaire, et j'ai fait remarquer que la distribution des rimes ciblait clairement le recueil Philoméla auquel Rimbaud a repris des termes clefs. Or, le poème "Les Chercheuses de poux" présente la même configuration. Steve Murphy a souligné, mais sans s'y appesantir, que le poème "Les Chercheuses de poux" s'inspirait du poème "Le Jugement de Chérubin" du recueil Philoméla de Catulle Mendès, tandis que, j'ignore qui en a fait la remarque le premier, mais il y a une réécriture évidente du "Crépuscule du matin" vers le début du poème. Et ce n'est pas tout ! Comme la césure du premier vers "tel qu'un" renvoie au poème "Accroupissements" envoyé à Demeny par lettre le 15 mai 1871 avec son luxe de comparaisons et une césure sur la forme "comme un" utilisé par Baudelaire à deux reprises (sans compter les distributions de part et d'autre de la césure), la réécriture du "Crépuscule du matin" renvoie à la même réécriture du "Crépuscule du matin" dans "Les Sœurs de charité".
Il n'existe aucune étude de référence au sujet du poème "Les Sœurs de charité", mais c'est pourtant un poème avec une forte influence de Baudelaire. Le poème "Les Sœurs de charité" est rapproché en général de poèmes de la section "Fleurs du Mal" homonyme du recueil, et notamment du poème "Les Deux bonnes sœurs", mais les deux premiers quatrains sont des reprises de Musset et Baudelaire avec en particulier l'adolescent brun qui se tord agité érotiquement dans son lit. Le premier vers des "Sœurs de charité" s'inspire lui aussi de Baudelaire et par exemple de "J'aime le souvenir de ces époques nues..." Le troisième quatrain sonne clairement comme une démarcation de passages du poème "Bénédiction". La particularité de composition des "Sœurs de charité", c'est qu'on a quelques quatrains sur la Femme où le poète a l'air de s'impliquer, alors que les trois premiers quatrains et les quatre derniers maintiennent le poète dans les limites du conteur qui décrit le sort du "jeune homme", ce qui rend le poème assez étrange. Les trois quatrains de prise à parti de la Femme peuvent faire songer aux quatrains de prise à parti du lecteur dans la préface en vers des Fleurs du Mal. Les quatre derniers quatrains sont ceux qui concentrent l'idée d'une réécriture des "Deux bonnes sœurs", mais le vers : "Ah ! sans cesse altéré des splendeurs et des calmes," a tout l'air de s'inspirer des mentions "calmes" et "splendeurs" à la rime du sonnet "La Vie antérieure". Enfin, "Les Soeurs de charité" et "Famille maudite" ont pour particularité de mesurer la distance de quarante alexandrins, tout comme la "Préface" aux Fleurs du Mal, sachant que le poème "Famille maudite" surtitré "d'Edgar Poe" suppose un renvoi à Baudelaire. Dans sa préface à l'édition des Fleurs du Mal de 1868, Gautier dit explicitement que nommer Edgar Poe, c'est nommer Charles Baudelaire.
Dans la notice qu'il consacre au poème dans le Dictionnaire Rimbaud qu'il a dirigé, bien qu'il souligne que "le propos général est facile à suivre", Alain Vaillant ne cite qu'une seule fois Baudelaire, au sujet des "Deux bonnes sœurs" et de l'appel à la mort sur la page entière de deux colonnes qu'il consacre à l'analyse minutieuse du poème. Je cite les deux premiers quatrains des "Sœurs de charité" :
Le jeune homme dont l'œil est brillant, la peau brune,
Le beau corps de vingt ans qui devrait aller nu,
Et qu'eût, le front cerclé de cuivre, sous la lune
Adoré, dans la Perse, un génie inconnu,

Impétueux avec des douceurs virginales
Et noires, fiers de ses premiers entêtements,
Pareils aux jeunes mers, pleurs de nuits estivales,
Qui se retournent sur des lits de diamants ;

[...]
Citons maintenant la séquence entre deux blancs qui va des vers 3 à 11 du poème "Le Crépuscule du matin" :
C'était l'heure où l'essaim des rêves malfaisants
Tord sur leurs oreillers les bruns adolescents ;
Où, comme un œil sanglant qui palpite et qui bouge,
La lampe sur le jour fait une tache rouge ;
Ou l'âme, sous le poids du corps revêche et lourd,
Imite les combats de la lampe et du jour.
Comme un visage en pleurs que les brises essuient,
L'air est plein du frisson des choses qui s'enfuient,
Et l'homme est las d'écrire et la femme d'aimer.
Les rapprochements sont aisés entre "Le Crépuscule du matin" et "Les Sœurs de charité". "Le Crépuscule du matin" n'est pas n'importe quel poème de Baudelaire, il figure dans l'anthologie Les Poètes français de Crépet à laquelle Baudelaire a contribué pour plusieurs notices, et un vers de "Crépuscule du matin" pourrait très bien avoir inspiré un vers des "Etrennes des orphelins", maintenant que nous savons que cinq mois plus tard, Rimbaud a composé "Credo in unam" en s'inspirant d'un recueil quelque peu pornographique publié sous le manteau : Amours et Priapées d'Henri Cantel.
Il va de soi que le début des "Chercheuses de poux" reprend à son tour "Le Crépuscule du matin", la réécriture est particulièrement patente avec le passage d'un "essaim des rêves malfaisants" à un "essaim des rêves indistincts :
Quand le front de l'enfant, plein de rouges tourmentes,
Implore l'essaim blanc des rêves indistincts,
[...]
Dans son livre Rimbaud dans son temps, Yves Reboul a publié une étude sur "Les Chercheuses de poux" où il conteste la pertinence d'une parodie d'un poème de Mendès. Je ne suis donc évidemment pas d'accord à nouveau avec Reboul. Je ne suis pas d'accord pour une minimisation de la signature "Léon Dierx" au bas de "Vu à Rome", je ne suis pas d'accord non plus pour éloigner "Oraison du soir" de son caractère de blague où j'envisage un rôle clef des réécritures de Baudelaire et de Mendès, et je ne suis pas du tout partant pour une lecture des "Chercheuses de poux" sans la référence au "Jugement de Chérubin", nom d'ange qui plus est, avec en prime l'idée qu'il n'est pas exclu que le premier vers du sonnet "Oraison du soir" fasse allusion à Chérubin et Figaro.
Mais, revenons-en au seul sonnet "Oraison du soir".
Pour moi, les quatrains sont une blague satirique sérieuse. Le point délicat, c'est l'expression "aux mains d'un barbier". Certes, l'expression signifie une dépendance, le fait d'être à la merci de quelqu'un. L'expression verbale "vivre aux mains de..." a de fortes connotations négatives. Le problème, c'est que le poète se décrit plutôt heureux dans son ivresse comme un poisson dans l'eau. Il est "aux mains d'un barbier", mais il empoigne avec ses mains (pardon du pléonasme) "une chope". Il ne dit pas qu'il est aux mains d'un barbier, mais qu'il est comparable à quelqu'un "aux mains d'un barbier".
Le second quatrain développe clairement des images de l'amour colombier qui viennent des poèmes de Baudelaire et de Mendès. Le poème "Un voyage à Cythère" est sollicité, mais il en est d'autres, par exemple "Mille Rêves en moi..." semble faire écho aux "Mille pensers" du poème "Le Flacon" idéal à rapprocher de la soulographie du sonnet rimbaldien.
Au passage, la variante "sous les cieux gros", je sais qu'elle se trouve dans un autre poème, soit c'est un poème de Rimbaud qui m'échappe, soit c'est dans un poème de Baudelaire. Non, apparemment, ce n'est pas dans la poésie de Baudelaire. L'expression se trouve dans un poème d'un autre auteur, mais lequel ?
Peu importe.
Je passe maintenant aux tercets, aux six derniers vers. Le poète a ravalé ses rêves et il a tellement bu de chopes qu'il a envie de pisser. Il y a des difficultés d'interprétation sur le fait qu'il choisisse de ravaler des rêves qui ont déjà exercé des "coulures" agréables, mais aujourd'hui je vais me contenter de réfléchir sur le fait qu'il pisse copieusement.
Autant je propose une lecture de "Voyelles" en tant que sonnet païen, autant l'idée d'une "mise en scène majestueuse des fonctions naturelles" me paraît suspecte dans "Oraison du soir", poème que je perçois comme nettement satirique.
Le poète se moque du recueillement de la prière du soir, c'est un premier point. Ensuite, il s'assimile à un Dieu devant ses croyants. Et ce Dieu serait une sorte de soleil. D'ailleurs, l'appellation "grands héliotropes" me semble désigner plus volontiers les "tournesols", les "Hélianthes", que les héliotropes proprement dits. Quand je lis le sonnet, visuellement, je me représente plus volontiers des tournesols que des héliotropes. Les héliotropes ornementaux que nous connaissons aujourd'hui semblent étrangers à l'univers de Rimbaud. Ce sont des héliotropes péruviens ou des héliotropes aux fleurs violettes, ce qui était un phénomène récent à l'époque de Rimbaud. Les héliotropes sont toutefois des plantes odorantes qui pourront être volontiers placées sur des plates-bandes à proximité de gens buvant à l'extérieur. Je n'ai donc pas les moyens de trancher. on peut très bien lire le sonnet en songeant à des héliotropes. Cependant, je ne serais pas contre une enquête sur le vocabulaire du dix-neuvième siècle. Le fait de dire "grands héliotropes" rend tentante l'idée d'une allusion aux tournesols. Ceux-ci sous leur nom ancien d'hélianthes sont cités dans le poème "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs" à proximité d'une scène où un chien basset pisse lui-même dans les fleurs de plates-bandes, en soirée :
Toujours les végétaux Français,
Hargneux, phtisiques, ridicules,
Où le ventre des chiens bassets
Navigue en paix, aux crépuscules ;

Toujours, après d'affreux desseins
De Lotos bleus ou d'Hélianthes,
Estampes roses, sujets saints
Pour de jeunes communiantes !
Tout le monde aura cerné le double sens du verbe "Naviguer". Le ventre des chiens bassets est au niveau des végétaux, mais il s'y ajoute une idée de liquidité...
Dans le quatrain suivant, le jeu de mots "desseins" pour "dessins" ne retiendra pas notre attention. En revanche, nous avons l'idée de "sujets saints" qui est à rapprocher de la scène de prière détournée dans "Oraison du soir". Agnès Rosensthiel, citée par Alain Bardel dans sa page "Panorama critique" consacrée au poème "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs" sur son site, a identifié l'image de Grandville à laquelle Rimbaud fait ici allusion au sujet des "Hélianthes".
Lien pour consulter la page "Panorama critique" ! L'illustration y figure. L'ouvrage lui-même de Grandville peut être consulté sur le site Gallica de la BNF, avec sa "Leçon philosophique sur la botanique", etc., mais ce n'est pas le sujet ici.
Ce qui m'intéresse, c'est qu'à côté des "Hélianthes", nous avons les "Lotos bleus". Or, dans le premier Parnasse contemporain, Catulle Mendès a publié un poème intitulé "Le Mystère du Lotus", qui, dans ce contexte de rapprochement avec "Oraison du soir" favorisé par la médiation d'un quatrain de "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs", a l'intérêt de raconter une colère du dieu hindou Kâla qui prend la forme d'une pluie diluvienne, un peu comparable à une scène de l'Ancien Testament. Dans cette description ample, nous avons à un moment donné la description des cents têtes d'un serpent géant qui s'inclinent devant le dieu Kâla :
Clairs et resplendissants de métaux lumineux,
Les mille chefs du grand Çécha, comme une ombrelle,
S'abaissent vers ton front qui se reflète en eux !
Je précise bien qu'en s'abaissant vers ce front ils ne sont pas arrosés par le dieu.
Vers la fin du poème, un grand Lotus sort de l'étang et donc de ce dieu Kâla tutoyé, et je relève une attaque de vers "Doux comme..." comparable au vers 12 du sonnet "Oraison du soir" ("Doux comme le Seigneur...") :
Tu médites, auguste, à travers la querelle
Des noirs remous ! portant les œuvres dans ton flanc,
Tu sens frémir au loin ta forme corporelle !

Et de ton pur nombril, mystérieux étang,
Le grand Lotus, berceau des trois Mondes, s'élève,
Doux comme le soleil des jours d'automne, et blanc !

[...]
Je n'en cite pas plus, car c'est toujours mes doigts qui travaillent, jamais mes lecteurs qui se reportent aux documents.
Enfin, il me reste une dernière zone d'énigmes. J'ai insisté sur le fait que Catulle Mendès était le premier, cas à part d'un sonnet d'Alfred de Musset, à avoir pratiqué l'organisation des rimes ABA BAB à la Pétrarque dans des sonnets français, et il l'a fait massivement dans son recueil Philoméla, ce qui permet de considérer que Rimbaud fait forcément allusion à cet auteur parnassien dans "Oraison du soir" et deux "Immondes". Cependant, au-delà du sonnet d'Alfred de Musset, mon dossier s'est enrichi après ma lecture des Poètes français de Crépet. Deux sonnets de F. de Gramont sont cités qui ont cette configuration de rimes dans les tercets, et j'ai tout un recueil de 1851 à consulter. Enfin, il y a surtout un sonnet de Charles Nodier qui lui aussi a des rimes des tercets ABA BAB, et il offre une occurrence en prime du terme "hysope" à la césure.
Cependant, malgré l'énormité de la coïncidence, je n'arrive pas à effectuer un rapprochement pertinent.
Enfin, je rappelle que la mention "hysopes" impose deux références bibliques. L'une est explicite dans le poème : "Doux comme le Seigneur du cèdre et des hysopes," citation d'un passage de l'Ancien Testament, livre des Rois. Cornulier a soulginé dans son article déjà ancien consultable en ligne "L'Ange urine" l'autre référence biblique patente du présent sonnet, avec l'expression latine du Psaume 51 : "Asperges me, Domine hyssopo et mundabor qui se traduit : "Asperge-moi avec l'hysope, Seigneur, et je serai purifié". Le sonnet "Oraison du soir" ne parle pas d'aspersion avec l'hysope, mais l'aspersion n'est pas purificatoire, plutôt blasphématoire, et, par contraste avec "Le Mystère de Lotos", les héliotropes sont les doux croyants d'un dieu qui les maltraite.
En revanche, je n'ai pas compris les rapprochements opérés par Cornulier avec l'oraison jaculatoire et du coup l'éjaculation. Le mot "éjaculation" ne peut pas être appelé par "jaculatoire" qui n'est pas un mot du sonnet, et l'oraison jaculatoire serait une prière brève, mais en quoi le sonnet de Rimbaud insisterait-il sur une brièveté de la prière ? Le sonnet est au contraire dans l'exagération ("trente ou quarante chopes"). Quand on a bu plusieurs chopes et qu'on n'est pas une petite pisseuse, puisque dans "Oraison du soir" on comprend que le poète ne pisse pas plus régulièrement à cause de la bière, sa vessie a résisté, quand on a bu plusieurs chopes donc, il est normal d'avoir un jet copieux dont on ne voit pas la fin.
Il y a un mélange de l'érotique et du scatologique dans "Oraison du soir", mais je ne comprends pas non plus le parti que Cornulier et Murphy pensent tirer de l'idée d'une masturbation. Autant l'idée érotique est importante, avec l'idée de sécrétions au plan du second quatrain, autant je n'arrive pas à comprendre pourquoi il faudrait mécaniquement assimiler le fait de pisser copieusement à la masturbation. Il y a une logique qui m'échappe. Je ne vois pas l'intérêt de dire : pisser, c'est comme éjaculer, on émet un liquide par la verge. Je ne comprends pas les implications comiques que cela pourrait avoir.
En attendant, le poème est clairement quelque peu fumiste, et il est bien sûr sérieux non pas à hauteur d'une conception de la vie, mais à hauteur d'un traitement satirique qui nous échappe encore un peu.

7 commentaires:

  1. J'ai oublié de citer le dizain zutique alors que c'était important à mes yeux : "Je préfère sans doute..." avec les chiens qui s'occupent des plates-bandes de jacinthes et cette "toux des flacons noirs".
    Un autre point, j'ai signalé à l'attention, quasi pour la première fois (faudrait que je vérifie) mes sources baudelairiennes pour "Les Soeurs de charité". On est d'accord qu'il n'existe pas une étude de 15 pages ou plus sur ce poème qui serait considérée comme référence. En 2009, pour la revue Europe, avant de faire le choix d'une synthèse d'idées zutiques que tout le monde a initialement méprisé, y compris "Lys" ou la raison des vers d'une syllabe par un article de Verlaine, j'avais proposé un article sur "Les Soeurs de charité". Cela fait longtemps que j'ai ça sous le pied, mais il me faudrait un contexte pour développer à fond ça sous forme d'article.

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  2. Le rapprochement est connu entre ce vers de "Crépuscule du matin" :
    L'Aurore grelottante en robe rose et verte"
    et les deux vers des "Etrennes des orphelins":
    Et la nouvelle année, à la suite brumeuse,
    Laissant traîner les plis de sa robe neigeuse,
    Sourit avec des pleurs, et chante en grelottant...

    En clair, Rimbaud a lu "Le Crépuscule du matin" dans l'anthologie Les Poètes français tome IV de Crépet avant de composer "Les Etrennes des orphelins".
    L'anthologie contient un sonnet de Nodier aux tercets ABA BAB, avec le mot "hysope" à la césure. Comme mécaniquement, Rimbaud qui a identifié les rimes de sonnets de "Philoméla" va faire remonter le mot "hysope" dans sa mémoire et l'exploiter, bien que le sonnet de Nodier n'ait rien à voir avec sa création.
    F. de Gramont qui aimait traduire des italiens, Pétrarque en 1842, Sannazar dans ses Chants du Passé, pratique le sonnet désordonné quatrain tercets quatrain, et compose plusieurs sonnets aux tercets ABA BAB, dont deux sont cités dans l'anthologie Crépet, le tome même contenant le sonnet de Nodier. Pourtant, dans le recueil, cette prégnance des tercets ABA BAB est moins sensible. Ils sont vraiment épars. En tout cas, c'est de ce poète légitimiste que Gautier vantait pour sa maîtrise de la sextine que Mendès est parti pour sa suite de sonnets pétrarquistes dans "Philoméla".

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  3. Pour l'instant, la lecture des sonnets des Chants du passé ne m'est guère profitable (j'ai, mais c'est vraiment ténu, songé à "La Rivière de Cassis" pour le traitement d'un poème parmi ceux classés en "rythmes"). J'ai le sonnet CXXXIII "A la table du Skalde..." où le poète boit à la coupe runique sous le ciel du nord, et pense à la trinité, mais c'est nul comme rapprochement.
    A part ça, je relève l'hétérométrie du sonnet CXXXIX. Pour les quatrains, alternance d'alexandrins et d'octosyllabes, mais pour les tercets, on n'a pas la solution de Mainard adoptée par Baudelaire dans "La Musique" et "Le Chat" d'alterner jusqu'au bout sans se soucier du changement de strophe, ni la solution de Prudhomme "Au désir" reprise par Rimbaud "Rêvé pour l'hiver" jouant sur la modulation de strophe et donc de tercets.
    Gramont nous fait une alternance irrégulière de tercet à tercet, mais elle a un sens, elle est en fonction de l'organisation des rimes sur le mode AAB CBC. Les deux vers à rime B sont des octosyllabes.

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    1. Et voilà, j'ai trouvé un sonnet sur le modèle de "Au Désir" et "Rêvé pour l'hiver". J'en suis au cinquième livre des Chants du passé, sonnet CCLI.
      Pour info, j'ai trouvé des tercets sur deux rimes, un à la Musset ABA BBA, et quelques-uns ABA ABA. J'ai aussi un sonnet annoncé sonnet mais allongé de plusieurs tercets avec un enchaînement de rimes à partir du vers 14, ça rebondit de tercet en tercet.
      Mais, pour le contenu, les rapprochements avec Rimbaud ne semblent pas devoir s'imposer.

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  4. Rimbaud s'est inspiré de Philoméla (et de Baudelaire) pour conjointement "Oraison du soir" et "Les Chercheuses de poux" (je laisse de côté deux "Immondes"). Nouvelle indice en ce sens. Dans "Philoméla", un sonnet à tercet ABA BAB "Invitation à la promenade" contient à la rime "croisées" et "rosées" et plus loin la mention non à la rime "doigt rosé". Dans "Les Chercheuses de poux", non seulement on a la rime "croisée"::"rosée", mais encore l'adjectif "rosés" un peu plus loin.

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    1. Et ensuite pour le rythme érotique Le sonnet suivant Le Japacani confirme la pertinence à nouveau de la série des rapprochements.

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    2. J'hésitais à le relever, mais le sonnet "Canidie" aux tercets cette fois AAB CBC, parle d'un pleur d'amour qui lave du péché, puis le sonnet dans le goût ancien qui contient le mot-rime "écarlatine" repris dans "Vu à Rome" a des tercets ABA BAB et lui aussi l'idée de laver les péchés.

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