Dans son livre L'Art de Rimbaud paru en 2002, Michel Murat a repris un de ses articles les plus anciens pour en faire le chapitre "Un maître du sonnet". J'ai lu l'article sur le sonnet entre 1996 et 1999, il m'est impossible de le comparer au résultat final.
Murat déclare dans son avant-propos (pages 8-9) : "J'ai limité l'étude des superstructures à un chapitre sur le sonnet. L'usage des strophes chez Rimbaud n'est en effet pas très original, sauf dans les poèmes en vers courts de 1872-1873 ; les remarques sur ce point accompagnent donc l'étude du vers et celle de la rime."
Je ne suis pas d'accord avec ce discours sur plusieurs points.
1) Même dans un emploi peu original des types de strophes, il y a des choses précises à dire.
Nous avons le discours en rimes plates : la traduction de Lucrèce plagiée de Sully Prudhomme avec une irrégularité de bouclage pour les quatre derniers vers, "Les Etrennes des orphelins" (modèle chez Hugo et Coppée du récit de longue haleine équivalent d'un récit en prose) "Credo in unam" ou "Soleil et Chair" (modalité du discours d'où les rimes plates, mais avec une irrégularité bien commentée par Benoît de Cornulier), "Le Forgeron" (récit comparable à ceux de La Légende des siècles et prédominance du discours), "Les Remembrances du vieillard idiot" (allusion à Hugo et parodie de Coppée, création d'un "poëme moderne", d'un récit en vers de longue haleine digne d'un romancier, prédominance de la réflexion), "Les Poètes de sept ans".
Nous avons les quatrains et les sizains qui ont une histoire, et nous avons le mélange déconcertant des quatrains et des sizains dans "Les Premières communions".
Nous avons les triolets enchaînés, une rareté partagée par "Les Prunes" de Daudet, par deux poèmes de Banville à ne pas confondre avec ses poèmes en un seul triolet, et aussi par Armand Silvestre.
Nous avons le monostiche attribué à Ricard.
Nous avons les dizains à la manière de Coppée, tout en rimes plates...
Nous avons certaines énigmes : pourquoi ce retour des trois quatrains (Murat relevant qu'il s'agit d'un type avec des poèmes de Cros et "Clair de lune" en tête des Fêtes galantes ? Pourquoi neuf quatrains d'alexandrins dans "Bal des pendus", "Ophélie" et "A la Musique" ?
Pourquoi des irrégularités dans certains poèmes en quatrains ?
Il y a à dire sur les distiques de "L'Angelot maudit" et sur les tercets graphiques des "Effarés".
La forme des "Petites amoureuses" et des "Reparties de Nina" vient de la "Chanson de Fortunio" de Musset.
D'où vient cette façon de Rimbaud de répéter certains vers, certains strophes, d'où vient cette idée d'en faire un moyen de bouclage pour certains poèmes ? Et des questions se posent aussi pour les parties numérotées ou les lignes de pointillés.
Que dire des formes des poésies citées dans Un cœur sous une soutane ?
Rimbaud a inventé d'après Baudelaire le quintil autonome sur deux rimes ABABA avec "Accroupissements", "J'ai mon fémur !..." et "L'Homme juste". Baudelaire pratiquait le quatrain allongé d'une répétition, mais il commençait à amoindrir la répétition.
Et cela peut enrichir la réflexion sur le retour du mot "Catéchistes" à la rime dans un sizain des "Premières communions".
Pourquoi une organisation de sizain inversé dans "Les Corbeaux" à moins qu'il ne s'agisse d'un quatrain soudé à un distique comme type de strophe complexe ?
2) Il y a des poèmes en vers longs en 1872-1873, il y a une étude à faire sur la relation du défaut de rimes au modèle attendu pour les quatrains.
3) Les vers de 1872-1873 supposent une analyse en fonction des vers de chanson, et il faut opposer certains états d'un même poème, notamment "Chanson de la plus haute Tour".
J'ajoute ici que les rimbaldiens sous-évaluent les continuités. Les romantiques ont pratiqué les vers courts en pratiquant l'identification à la romance et à la chanson, cela commence avec les "ballades" de Victor Hugo, Lamartine y fait volontiers des concessions, et il y a à méditer sur l'insertion de passages en vers courts dans des poèmes longs où prédomine l'alexandrin. Desbordes-Valmore compose des "romances". Le mot "chanson" apparaît pour diverses poésies, avec Musset et d'autres, avec des références à Ronsard, etc. Banville jouera sur cette référence avec ses Stalactites. Hugo intitule un recueil Chansons des rues et des bois. Verlaine joue pleinement avec la référence musicale dans ses vers, et Cros y participe aussi. Rimbaud passe un cap au plan de l'irrégularité des strophes et des mesures, mais il ne faut jamais perdre de vue que c'est dans la continuité des prédécesseurs parnassiens et romantiques.
Passons à l'analyse du sonnet.
Murat ne relève pas certains faits majeurs.
L'alternance du poème "Rêvé pour l'hiver" est à relier au poème en sizains "A une Muse folle" de Banville et au poème "Au Désir" du recueil Les Epreuves de Sully Prudhomme que Rimbaud venait de lire. Rimbaud se différencie ici de poèmes de Baudelaire comme "La Musique", Baudelaire s'inspirant du poète classique du XVIIe qu'était François Maynard. Il ne relève pas non plus que les deux tercets de "Ma Bohême" sont un décalque d'un sizain du "Saut du tremplin" de Banville.
Il n'a pas relevé non plus que "Oraison du soir" et deux "Immondes" ont une organisation sur deux rimes à la Pétrarque sur le modèle de Catulle Mendès dans son recueil Philoméla, avec une antériorité de Charles Nodier impliquant le mot "hysope". Murat relève le modèle pétrarquiste et soutient sans en donner un seul exemple que Ronsard produisait des sonnets de la sorte à ses débuts.
Murat constate un paradoxe : Rimbaud a augmenté en régularité dans le cas des sonnets, ce qui est l'inverse de ses habitudes. Et Murat parle d'une pratique du sonnet libertin. Benoît de Cornulier est réservé quant à cette appellation de sonnet libertin puisque ce n'est pas parce que les quatrains sont des rimes différentes que le sonnet est irrégulier ou non contraint.
Il faut ajouter ceci. Les poètes ont redécouvert les sonnets de Ronsard et du Bellay, du XVIe siècle dans le cours de la décennie 1820, mais fondamentalement la référence du sonnet leur vient des poètes du XVIIe siècle. Je cite ici un sonnet que Corneille a exploité dans sa première comédie Mélite et on y relève que, si les rimes sont identiques pour les deux quatrains, nous avons non pas des rimes embrassées, mais des rimes croisées. Je vous cite ce poème où la prétention de galanterie des deux premiers vers ou du quatrième m'échappe quelque peu :
Après l'œil de Mélite, il n'est rien d'admirable ;Il n'est rien de solide après ma loyauté.Mon feu, comme son teint, se rend incomparable,Et je suis en amour ce qu'elle est en beauté.Quoique puisse à mes sens offrir la nouveauté,Mon cœur à tous ses traits demeure invulnérable,Et bien qu'elle ait au sien la même cruauté,Ma foi pour ses rigueurs n'en est pas moins durable.C'est donc avec raison que mon extrême ardeurTrouve chez cette belle une extrême froideur,Et que sans être aimé je brûle pour Mélite ;Car de ce que les Dieux, nous envoyant au jour,Donnèrent pour nous deux d'amour et de mérite,Elle a tout le mérite, et moi j'ai tout l'amour.
On remarquera la reprise de "mérite" à la césure du dernier vers, juste après son exhibition à la rime. Ces quatorze vers montrent aussi la netteté prosodique typique du classicisme dans l'unité mélodique des hémistiches. Il y a plusieurs vers où les hémistiches sont opposés l'un à l'autre par balancement, mais même au-delà les unités sont sensibles. La principale exception est au premier hémistiche du vers 12 : "Car de ce que les Dieux", on peut y adjoindre quelque peu le premier hémistiche du vers 9 : "C'est donc avec raison...", et encore !
Quelque part, les quatrains de rimes identiques embrassées renvoient peut-être en idée au modèle de la chanson, et en tout cas à un modèle ronsardien antérieur au classicisme.
Murat n'a pas traité de "Poison perdu", poème qui posait alors un problème d'attribution, nous en reparlerons une autre fois.
Passons aux pages consacrées par Murat aux proscriptions à la césure.
Murat énumère trois types de cas aux pages 34 et 35 de l'édition de 2002 de son ouvrage. Et Murat fixe cela en fonction de la thèse Critique du vers dont je dois achever de faire le compte rendu sur mon blog, ce qui ne saurait plus guère tarder :
Murat parle d'abord d'un premier cas de césure sur "une préposition ou une conjonction dissyllabique, comme devant, parmi, tandis que. En réalité, bien qu'ils ne soient pas nombreux, ces profils apparaissent à l'occasion dans les vers des poètes classiques. Il faut ajouter des cas où on peut hésiter à lire le mot tête de la préposition comme un nom : "en faveur de...", etc. Ce cas trisyllabique se présente dans Mélite. Il faut dire aussi dans le cas de certaines conjonctions "ainsi que", que parfois on peut les confondre avec l'adverbe "ainsi" et le début d'une conjonction en "que". Et comme la langue évoluée, il y aurait des études fines à produire sur le sujet.
Au sujet de "tandis que", en voici un exemple dans l'avant-dernière réplique de la comédie Mélite justement :
Entrons donc, et tandis que nous irons le prendre [...]
Corneille, versificateur romantique avant l'heure ?
J'ai déjà cité sur ce blog une césure après la préposition "Après" dans rien moins que Iphigénie de Racine.
Mais, Murat enchaîne avec un point 2 plus discutable. Il parle d'une "Séquence de deux mots grammaticaux en 5ème et 6ème positions", il dit que cela apparaît dans les années 1830 avec des suites du type préposition + relatif, et il cite un vers des Voix intérieures pour illustrer son propos :
Toi que l'homme par qui notre siècle commence
L'exemple est très mal choisi, puisque les formes "de qui", "par qui", "de quoi", etc., ne sont pas proscrites à la césure chez les poètes classiques. On en trouve chez Molière, Corneille et d'autres.
Dans "par qui", "de quoi", etc., le pronom est dans une position rythmique conclusive...
Murat prétend ensuite que ce point 2 a évolué et qu'on découvre "Après 1850", "sous la plume de Baudelaire" des combinaisons de deux mots grammaticaux avec en 6ème syllabe un proclitique à voyelle pleine (un déterminant ou un pronom préverbal). ET Murat de citer deux vers consécutifs du "Voyage" qui clôt Les Fleurs du Mal :
Criant à Dieu, dans sa furibonde agonie :O mon semblable, ô mon maître, je te maudis !
L'analyse de Murat est fausse. C'est la seule pratique de la césure sur proclitique "6ème" qui est nouvelle chronologiquement, soit qu'on parte de Victor Hugo et de Cromwell, soit qu'en évitant Hugo, Musset et quelques autres, on parte des premières audaces de Baudelaire. Le poème "Le Voyage" ne figurait d'ailleurs pas dans l'édition 1857 des Fleurs du Mal. Les exemples ci-dessus exhibés, de 1861, sont donc tardifs : "dans sa" ou "ô mon". Notons que le deuxième vers procède de l'allusion au trimètre, ce qui vaut référence à Hugo. Murat cite encore les deux vers exhibés par Verlaine dans son article de 1865 sur Baudelaire, quand il lui attribue à tort la paternité du procédé :
Exaspéré comme un ivrogne qui voit doublePour entendre un de ce concerts, riches de cuivre
Il s'agit là encore d'exemples tardifs de deux poèmes publiés en 1861 dans la seconde édition des Fleurs du Mal : "Les Sept vieillards" et "Les Petites vieilles". Il me semble que les deux poèmes, tout comme "Le Cygne" sont dédiés à Victor Hugo, le réel inventeur de ces procédés métriques !
Murat soutient ensuite que dans ces deux vers cités par Verlaine le premier est rythmé 48 et le second 84, c'est la fameuse théorie du semi-ternaire de Martinon que Cornulier adapte à dans Théorie du vers. Murphy n'est pas d'accord pour identifier ici des semi-ternaires, nous avons cité cela dans un compte rendu récent sur le livre L'Art de Rimbaud. Mon avis va être encore différent.
Premièrement, Cornulier a établi l'égalité des mesures comme la base de la versification dans Théorie du vers, autrement dit quand Cornulier parle d'un changement de césure dans les décasyllabes de "Tête de faune" il tend la verge pour se faire battre, et c'est pareil avec cette idée saugrenue du semi-ternaire. Vous êtes un maestro de l'explication rythmique si vous arrivez à faire passer l'allure ternaire imprécise du vers "Exaspéré comme un ivrogne qui voit double" pour un semi-ternaire 48. Je dis bien une forme ternaire imprécise, puisque je ne crois pas à un découpage ternaire net en 444 : "Exaspéré / comme un ivro/gne qui voit double". Il n'y a jamais d'enjambement du type "ivro/gne" à la césure d'un vers de Baudelaire ou d'Hugo, donc on ne voit pas au nom de quoi ce découpage serait justifié ici. On peut l'envisager mais pour constater à la limite que le poète fait exprès de s'y dérober. Mais quand on compare avec le vers précédemment cité du "Voyage" : "Criant à Dieu dans sa furibonde agonie", on constate que "furibonde" exclut à jamais l'allusion à un trimètre. Au vers suivant, le "e" de "maître" exclut aussi cette identification. On prétendre que "Criant à Dieu dans sa furibonde agonie" et "Exaspéré comme un ivrogne qui voit double" sont deux rythmes 48 et "Pour entendre un de ces concerts, riches de cuivre" un 84, mais la lecture 84 ou 48 est exclue pour "Ô mon semblable, ô mon maître, je te maudits !" Puisque la symétrie "Ô mon semblable, ô mon maître" oblige à percevoir comme un troisième membre "je te maudits", ce que renforce une autre symétrie l'initiale verbale du "m" par rapport à "maître". On pourrait aller plus loin en comparant "mon" et "je" et du coup "maître" faux nom et "maudits" soupçon d'un nom nouveau.
Enfin, bref ! Le plus trimètre des quatre vers est le moins susceptible d'être 48 ou 84, ça lui est même impossible. Or, Cornulier dit que le cerveau ne perçoit pas les rapports du double au simple entre les syllabes, donc les mesures 84 et 48 sont impossibles et n'ont aucune réalité métrique.
Cornulier a repris une étude rythmique flasque à la théorie accentuelle du vers de Martinon que pourtant il dénonce, et je rappelle qu'il y a des vers chahutés à la césure qui ne sont pas des alexandrins, mais des décasyllabes, où dix n'est pas un multiple de trois. Vous avez de tels vers chez Marceline Desbordes-Valmore (enjambement historique d'un mot à la césure en 1830), chez Baudelaire : "Je suis comme un peintre...", etc. Et en 1833, le vers suivant de Pétrus Borel : "Adrien que je redise encore une fois" ne permet aucune analyse en trimètre ou semi-ternaires 48 ou 84 : "Adrien que / je redise en/cor une fois". Je pense ouvertement que les pages de Théorie du vers de Cornulier et de Critique du vers de Gouvard sont des thèses insoutenables avec un illusoire rapport statistique, ici démenti par le vers de Borel, bonnes à mettre à la poubelle.
D'ailleurs, quand est-ce que Cornulier a parlé pour la dernière fois de la thèse du semi-ternaire ? J'ai l'impression qu'il y a dix-huit ans que ça a disparu des radars. Il faut dire que je trouve ça tellement absurde que je n'y fais pas attention.
Mais Baudelaire ne fait que piquer des tours à Hugo et à quelques suiveurs du début des années 1830. Philothée O'Neddy a pratiqué l'engrappement trisyllabique dans Feu et flamme en 1832 ou 1833 : "est-ce que", et une autre forme équivalente. Surtout, l'engrappement trisyllabique est pratiqué par Victor Hugo dès ses Odes et ballades avec la forme "comme si". Le "un de ces" de Baudelaire est une variante du procédé, et le "comme un" de Baudelaire est une variante aussi, mais même pas inventée par Baudelaire, inventée par Musset à la rime "Comme une / Aile de papillon". Dans "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", Rimbaud pratique un effet similaire à la rime : "[...] Dans une / Cabane de bambous [...]", ce qui a l'air d'indiquer que, contrairement à Verlaine, il a compris la véritable origine de tels procédés.
Murphy veut que le monde entier attribue le procédé à son poète préféré qui est Baudelaire, et Verlaine sert à justifier une façon de poser. Ben non, ça ne se passe comme ça ! C'est encore une comédie des critiques littéraires à combattre, tout comme les prétendus recueils paginés, organisés, tout comme l'impossibilité de déchiffrer deux vers de "L'Homme juste" ad vitam ad nauseam, et ainsi de suite. A suivre ces raisonnement, Cornulier, Gouvard, Bobillot et je ne sais combien d'étudiants en thèse ont raté l'occasion de produire des ouvrages brillants sur l'histoire du vers avec de nouvelles perspectives, parce que ça jure par les deux yeux que j'ai des tonnes de choses à dire qui ne sont dites nulle part.
Moi, je peux vous en lancer des sujets. Allez, un sujet sur l'unité mélodique des hémistiches. Comparez les cas où la syntaxe fait que les deux hémistiches sont un seul groupe de mots, les cas de débordements, les cas où ça ne coïncide pas avec la mesure métrique, et quand l'unité n'y est pas comment on a un tassement à la césure et la tendance minimale à éviter celui d'une syllabe. On étudie les juctapositiuons, coordinations et subordinations, puis les incises, les apostrophes, puis on étudie la relation sujet et verbe dans une proposition principale, puis à verbe conjuguée, puis dans les modalisations verbale et les infinitives ou subordonnées, puis on étudie la relation du verbe à ses compléments, puis celle des compléments à l'intérieur du nom avec les épithètes. On étudie le répertoire des mots grammaticaux qui favorisent ou le nom le décrochage à la césure. Les critères actuels, c'est la version simplifiée définitive, les gradations au-delà on ne les a plus. On étudie aussi comment un rejet n'est pas sensible de la même manière selon la configuration avoisinante et on réfléchit si c'est la césure qui fait la perception du vers ou la façon de fracasser le premier hémistiche en cours, ou bien de lancer bizarrement le second hémistiche.
C'est ça lire des vers !
Au lieu de ça, on est restés quarante ans sur les proclitiques d'une syllabe, sur le traitement du "e", sur les enjambements de mots et sur les prépositions d'une syllabe, ce qui est loin d'épuiser l'histoire du vers. C'est même une infime partie des vers à déguster.
Bref, le point 2 de Murat lié à la thèse du semi-ternaire vole en éclats tant au plan théorique qu'au plan des relevés chronologiques.
Le troisième point est celui des proclitiques d'une syllabe prépositions, déterminants ou pronoms préverbaux. Celui-là est le seul point fondé sur les trois, mais à la fin de notre analyse il se retrouve tout seul.
A propos du mot "que", je précise qu'il se trouve à la césure dans la fable "La Carpe et les carpillons" du fabuliste du XVIIIe Florian, que Verlaine a étudié à l'école étant jeune... Il est vrai que c'est en fonction d'un recours à la suspension de parole.
Il y a quelques compléments à fournir au travail de Cornulier, j'y travaille.
Murat précise aussi qu'il va s'intéresser aux rejets d'épithètes. Or, les rejets d'épithètes, je suis l'unique détenteur d'un récit d'évolution historique à ce sujet dans la décennie 1820 avec en amont la publication d'un recueil d'André Chénier en 1819, les premières audaces de Vigny et ce que cela a déclenché chez Victor Hugo, et je travaille actuellement à peaufiner une histoire complète du trimètre romantique dont je suis encore une fois le seul détenteur.
Et donc, au sujet des épithètes, j'étudie la poésie classique et la poésie de la Renaissance. Je sais que les rejets ou contre-rejets d'épithètes sont rares chez Corneille, j'en trouve un ou deux à l'époque du Menteur, je vais remettre la main dessus, mais là j'étudie aussi les variantes des pièces de Corneille. Par exemple, dans Mélite, il y a eu un unique rejet d'épithète dans les éditions de 1633 à 1657, avant une correction définitive, Tircis disant : "Dépêche, ta longueur importune me tue." Je vais passer tout cela au crible. Dans mon souvenir, du Bellay en pratique plus volontiers que Ronsard, et nous n'en trouvons qu'au début dans les comédies de Molière. Il n'y en a pas, il me semble, chez Racine, et même chez Mathurin Régnier il faut se lever tôt pour en trouver, même chez André Chénier d'ailleurs j'ai eu du mal à les retrouver.
J'ai un autre sujet de réflexion sur le vers, les enjambements qui grammaticalement font pont, je vous en parlerai ultérieurement. Et je vous ferai aussi un bel article sur les épithètes.
Pour l'instant, pour des enjeux de susceptibilité ou de fantasmes, il est interdit de détrôner Baudelaire sur les questions de versification interdit de renouveler complètement le travail de Théorie du vers de Cornulier, interdit de faire le constat évident que Rimbaud nous a remis des liasses manuscrites sans ordre.
Malheureusement, s'il n'en reste qu'un, je serai le poil à gratter....
Vous avez le premier critique littéraire qui consomme la littérature comme un chien son os à moelle. Vous êtes battus d'avance, soyez-en certains ! Moi, je suis un consommateur.
Et vive l'os à moelle tête !
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