Nous avons déjà vu que nombre de prétendus spécialistes de la versification ne tenaient aucun compte des documents d'époque et parlaient des accents du vers français, des quatre accents de l'alexandrin français
La première réfutation à ce sujet relève de l'histoire littéraire, les arts poétiques et traités de versification avant le XIXème siècle ne parlent pas des lubies de théoriciens de la versification qui improvisent, même Banville et Ténint ne parlent pas d'accent, quoique, dans le cas de Ténint, il y a eu visiblement adaptation de la théorie de l'alexandrin tétramètre à une conception plus classique de la césure ou coupe comme repos dans le vers
Dans le cas du trimètre, vous être un élève de lycée et on vous parle de trimètre : vous consultez soit une note explicative de bas de page sur un trimètre dans un poème ou bien vous consultez un ouvrage de vulgarisation contemporain sur la versification La définition est là, et les vers dont on vous dit qu'ils sont des trimètres collent à la définition, il ne vous vient pas à l'esprit qu'on pourrait discuter de tout cela au coup par coup, vers après vers, candidat au titre trimètre après candidat
A l'Université, 99,9% des élèves, des professeurs de lettres, y compris ceux qui donnent des cours de stylistique et de versification, ne font pas autre chose que ce que fait l'élève de lycée
99,9% des agrégés, des premiers à l'Agrégation même, ne font pas autre chose
Et c'est pareil en khâghne, hypokhâgne, en Sorbonne comme en Navarre
Et c'est encore le cas de 99,9% des gens qui publient sur Rimbaud
Et quand ils soupçonnent que la versification n'est pas si simple, ils disent qu'ils ont mal à la tête, laissent le sujet à d'autres
Dans le cas donc du trimètre, il faut distinguer les siècles d'Ancien Régime du XIXème
Il y a un avant et un après Hugo, un avant et un après 1827 plus précisément
Evidemment, le trimètre a été associé à Victor Hugo, et en même temps le trimètre de Suréna de Corneille est suffisamment connu que pour avoir ces superbes et généreuses considérations, fines d'esprit et d'intelligence : "oui, le trimètre romantique est appelé à tort romantique, il est connu des classiques, témoin Corneille, mais c'est vrai que les romantiques vont y recourir plus abondamment"
Voilà le genre de propos peu sérieux auxquels on s'en tient, et ça n'a pas encore changé à l'heure actuelle
J'ai déjà donné les moments clefs qui montrent le basculement qui fait qu'un petit nombre de procédés propres à Chénier (dans une moindre mesure à Roucher et Malfilâtre) sont devenus courants chez les romantiques
Il s'agit de faire pareil avec le trimètre
La première question, c'est de se demander s'il n'y a pas eu de discussions de gens du XVIIème siècle sur l'invention du trimètre dont témoigne au moins un vers de Corneille
Une partie considérable de notre patrimoine littéraire a beau être en vers, je ne connais aucune synthèse sur la question, ne fût-ce que pour dire qu'effectivement ils n'ont pas laissé de traces écrites sur le sujet
Mais, du coup, on sait que les arts poétiques et traités n'en parlent pas Si aucune conversation courante ne tourne autour du trimètre, il faut nécessairement que le trimètre soit identifié comme ostentatoire, de manière à être perçu par le public, soit des lecteurs, soit le public d'un théâtre
Il convient donc de préciser les contours d'un trimètre ostentatoire, il convient également de dater l'émergence du phénomène et de répertorier les trimètres avérés en ce sens
La métricométrie FMCPS6 appliquée aux alexandrins le confirme, pas plus que les autres alexandrins, les trimètres n'autorisent l'une des cinq configurations exclues après la sixième syllabe métrique : pas d'enjambement de mots (M), pas de "e" féminin à la 6ème ou 7ème syllabes de l'alexandrin (F et s), pas de préposition monosyllabique à la 6ème syllabe (P), pas de proclitiques monosyllabiques (déterminants du nom d'une syllabe ou pronoms d'une syllabe précédant le verbe) à la 6ème syllabe Je passe sur les détails complémentaires qui confirment que les constantes essentielles de l'alexandrin sont respectées de la même façon qu'il y ait trimètre ou non
En ce cas, la mesure demeure celle de l'alexandrin qui formate le poème dans son ensemble, et le trimètre n'est qu'un rythme que prend un des alexandrins, comme tous les alexandrins ont leurs particularités propres
Le trimètre ne devient pas la mesure du vers, il est juste une marque originale qui enrichit les effets de la versification d'ensemble en alexandrins, ce qui invite à lire des effets de sens à la césure normale, au-delà du simple constat assez pauvre en soi que le vers peut être rythmé en trois parties égales et non seulement de manière binaire
Mais le trimètre est à ce point ostentatoire que la plupart des lecteurs oublie la primauté du formatage d'ensemble du poème Ils vont lire tout le poème en alexandrins, sauf le trimètre qu'ils liront autrement, alors qu'il faut lire tout le poème en alexandrins, y compris le ou les trimètres, mais ressentir la tension particulière du trimètre
A cette aune, le trimètre est à ranger parmi les procédés d'enjambements à la césure pour un alexandrin, et pas comme une forme de substitution, compensation, etc
L'émergence du procédé dépend de ce que nous répertorions
Mais personne n'a répertorié scrupuleusement les trimètres d'une quelconque époque que ce soit
On se contente d'en égrener deux, trois exemples
Et jamais aucun travail de synthèse sur la question du trimètre, jamais aucun travail de recensement à partir de la quantité éparse de travaux antérieurs sur la versification
Je vais écarter ici la question des vers mesurés de Jean-Antoine de Baïf parfois évoquée, à tort cependant, car il me faudrait affiner encore mes outils d'analyse et posséder ce qu'il y a de mieux en établissement du texte et documentation pour le faire
Je n'arrive pas à mettre la main sur mon Adolescence clémentine de Clément Marot, j'ai aussi La Chanson de Roland à consulter
En effet, l'alexandrin n'est devenu le vers courant en poésie qu'à partir du milieu du XVIème siècle Deux oeuvres célèbres attestent de cette transition : Les Amours (au sens large) de Ronsard et Les Antiquités de Rome de du Bellay
Or, il y a déjà une césure dans le décasyllabe littéraire, une césure après la quatrième syllabe, et là encore il y a moyen de faire souffrir ceux qui parlent de l'alexandrin tétramètre, parce qu'ils ont évidemment bien sagement éviter d'expliquer le succès médiéval du décasyllabe littéraire
A tous ceux qui, comme Quicherat, pensent que le mot "hémistiche" veut dire "moitié de vers", "moitié de ligne", on rappellera cruellement que la césure du décasyllabe littéraire sépare un segment de quatre syllabes d'un segment de six syllabes, et qu'on n'a pas de raison géniale et profonde pour cesser de parler d'hémistiches, alors que cela pourrait être le cas dans la configuration trimètre considérée comme ils le font comme purement substituée à la mesure normale de l'alexandrin
Et, ce qui m'intéresse beaucoup, c'est que le poète, qu'il pratique l'alexandrin ou le vers de dix syllabes, va chercher la variété des rythmes, les effets étonnants
Or, le décasyllabe littéraire possédait son espèce de trimètre, l'équivalent quasi exact du vers célèbre de Suréna de Corneille, sauf que le trimètre de Corneille offre trois parties syllabiquement égales, dont la deuxième enjambe la césure en son milieu, et précisément en son milieu, alors que le décasyllabe littéraire propose un trimètre avec une partie de quatre syllabes formée par le premier hémistiche, et puis deux parties sensiblement équivalentes de trois syllabes chacune qui réunies forment le second hémistiche
J'ai repéré ce procédé dans L'Adolescence clémentine Il me semble qu'un tel vers se rencontre mais moins tranché dans le volume collectif des poètes lyonnais qu'ils attribuèrent à une probable fille de joie Louise Labé (les femmes de commerçants ne savaient pas écrire à l'époque, seules les femmes nobles pouvaient être poétesses)
Et il y en a un exemple, répété, dans La Chanson de Roland, dans une énumération de nationalité avec des "poitevins", etc
Et il y en a un exemple, répété, dans La Chanson de Roland, dans une énumération de nationalité avec des "poitevins", etc
L'exemple de cette chanson de geste offre bien sûr le cas limite entre fait exprès et conséquence involontaire d'une symétrie du genre de l'énumération
De telles comparaisons ne sont pas inintéressantes, car elles posent la question du bien-fondé d'analyses arbitrairement appliquées aux alexandrins
Si l'alexandrin a quatre accents, quelle est la loi de stabilité du décasyllabe ?
Pourquoi si la règle de constitution syllabique suffit pour le décasyllabe ne suffira-t-elle plus pour l'alexandrin ?
Pourquoi dans un cas un réglage de deux accents et une règle quantitative des accents, et pourquoi dans l'autre, non?
Et surtout, sans qu'il soit acceptable de dire brutalement et trop facilement que le trimètre du décasyllabe et celui de l'alexandrin n'ont rien à voir, cela nous invite précisément à sentir la différence entre ce qu'est une mesure d'un vers et ce qu'est un rythme dans un vers qui, fortement ostentatoire, invite une partie du lectorat à ne plus prendre en compte la règle de base de formation du décasyllabe ou de l'alexandrin
Car il est évident qu'un vers comme celui-ci que j'invente: "Américains, Australiens, Africains", les gens vont voir son côté ternaire, plutôt que la base binaire d'un décasyllabe "Américains, / Australiens, Africains"
Je citerai mes vers de Marot et Turold une autre fois
J'en viens donc au relevé des trimètres ostentatoires ou "trimètres apparents"
Mon relevé est maigre et, même si j'ai énormément lu, il est tributaire pour l'essentiel des travaux antérieurs
J'ai toutefois découvert un vers d'Aubigné qui n'est jamais cité par personne et j'ai trouvé mention d'un vers de Corneille antérieur à celui de Suréna dans un article sur Corneille datant du XIXème siècle
Cornulier me précise que cet autre trimètre de Corneille est cité dans Souriau, mais je n'ai jamais lu celui-ci, et que mon vers d'Aubigné a été relevé par un certain Rochette que je ne connaissais même pas de nom
Et je précise que je n'ai jamais lu non plus le livre d'Elwert, qui soit a été embarqué par un professeur d'Université, soit il a été mal rangé
L'université de Toulouse le Mirail a un fantastique réservoir de bouquins, qu'on peut trouver soit dans la Grande Bibliothèque, soit dans la petite Bibliothque d'UFR (celle de Lettres Modernes), et j'ai trouvé aussi des livres à la faculté de Droit qui possède d'ailleurs un ancien fonds littéraire non référencé informatiquement
Un truc marrant, si vous voulez consulter la revue Parade sauvage qui est divisé en numéros normaux, numéros de bulletins et numéros de colloques, demandez à être conduit vous-même devant les rayons pour accéder au volume qui vous intéresse, ils vous soutiendront qu'il n'y est pas ou que vos références ne correspondent pas à ce qu'ils ont
Mais bref, j'en reviens à notre sujet
Si je signale un vers comme une découverte mienne et qu'il s'avère que le vers a déjà été relevé, ce n'est pas pour cela que la société doit se croire à l'abri de mes critiques cinglantes, puisqu'il n'en reste pas moins que, d'une part, les vers en question n'ont bénéficié d'aucune promotion parmi les chercheurs et spécialistes de la question, et que, sans ma découverte, qui m'a demandé du travail et de la patience, il n'y aurait pas avant longtemps redécouverte capitale d'un élément essentiel pour toute mise au point sur ce genre de sujet
Enfin, au-delà de la découverte de tel ou tel vers, je propose ici un effort de synthèse comme jamais, j'offre les arguments logiques, et je crée des modélisations précises pour qu'enfin on fasse la différence entre un authentique trimètre en termes d'histoire littéraire et ce qui n'est trimètre que dans la tête du lecteur
Voici donc le plus ancien trimètre apparent que j'ai pu trouver, ainsi que Rochette :
Traîner les pieds, mener les bras, hocher la tête, (Aubigné, Les Tragiques, II, v.1283)
Mais un autre m'a échappé toujours dans Les Tragiques d'Agrippa d'Aubigné, et qui a lui aussi été relevé par Rochette :
Jamais le bien, jamais rançon, jamais la vie, (Aubigné, Les Tragiques, VI, v.474)
Je vais consulter les éditions que je possède de ce vers, mais voici encore de remarquables précisions que je glane par une recherche sur internet :
Note 41 de l'article de Marie-Hélène Prat "Dire Les Tragiques, Les rythmes du texte dans Vengeances, Jugement" (Styles, Genres, Auteurs, 3 La Chanson de Roland, Aubigné, Racine, Rousseau, Balzac, Jaccottet) :
Très peu de vrais alexandrins ternaires on notera que le vers 474 de Vengeances, "jamais le bien, jamais rançon, jamais la vie", est issu d'une structure binaire classique plusieurs fois modifiée : "jamais nulle rançon et jamais nulle vie" dans la première édition, "jamais le bien, jamais nulle rançon ni vie" dans la seconde"
C'est assez comique, l'auteur ne se rend même pas compte que ce qu'il y a sans doute de plus important dans tout son article, c'est cette note de bas de page tristement refoulée Et nous aimerions avoir le relevé de ce qu'elle pense les "vrais alexandrins ternaires" dans les deux dernières parties des Tragiques d'Aubigné Nous n'en avons que deux pour l'instant, non pas sur les deux dernières parties, mais sur l'ensemble énorme de vers des Tragiques tout entier Il convient désormais de vérifier si l'édition de l'autre vers à varier, il a sans doute pour lui l'antériorité, mais le commentaire sur les modifications de ce second vers sont capitales Nous avons la preuve d'un procédé conscient, d'une recherche concertée, mais aussi nous avons la preuve que la césure normale intervient dans la genèse de ce vers et qu'elle demeure comme limite à ne pas franchir, et on observe ce que je pressentais depuis le départ au sujet du vers célèbre de Corneille En effet, il existe une quantité considérables de vers de tragédie chez Corneille ou Racine qui supposent une répétition au sein du premier hémistiche, du genre "Hélas, sergent, Hélas", "Ô Dieux, prions, ô Dieux," etc, etc
Et il suffit bien évidemment de placer une troisième répétition dans le second hémistiche pour former un trimètre, j'étais sûr que le trimètre de Corneille partait de là, les modifications du vers d'Aubigné en donnent la preuve, surtout le passage de la deuxième version à la leçon finale
Encore, c'est le David Ducoffre détesté unanimement par la société qui fait la mise au point, et vlan, qui c'est le meilleur?
Je peux donc reprendre désormais avec cette preuve en mains le répertoire des trimètres classiques et surmonter le constat d'étrangeté qui invitait à attribuer l'invention à Corneille, avec une simple coïncidence du côté d'une antériorité d'Agrippa d'Aubigné qui aurait pu passer pour involontaire et simplement liée à l'émulation énumérative
Le trimètre pouvait naître accidentellement d'un engouement pour les énumérations et rallonges symétriques dans une pratique du vers plus libertaire en fait d'enjambements, mais voilà la preuve par les variantes que ce n'est pas un accident
Précisons encore que cette citation de Marie-Hélène Prat vient d'un volume consacré au concours d'Agrégation de Lettres Modernes de je ne sais plus quelle année Or, vous constatez qu'au concours on propose une oeuvre pour le Moyen Âge, puis une pour chaque siècle suivant
Le problème, c'est que si Aubigné a un pied dans le XVIème siècle, Les Tragiques ont été publiées au XVIIème siècle, en 1616, ce qui coïncide avec les décès de Cervantès et Shakespeare
Précisons encore que l'oeuvre engagée et protestante d'Aubigné n'a pas eu bonne presse et qu'elle est restée méconnue sous l'Ancien Régime Ce sont d'autres ouvrages d'Aubigné qui sont cités à l'attention dans les notices consacrées à Aubigné aux XVIIème et XVIIIème siècles Et, bien sûr, la versification "réactionnaire" des Tragiques ne favorisait pas sa reconnaissance à l'époque
Ceci dit, la maîtresse de Louis XIV était la petite-fille d'Aubigné, puisque la descendance d'Aubigné s'est tournée vers le catholicisme
Corneille et les autres n'ignoraient sans doute pas le texte des Tragiques d'Aubigné
Ajoutons encore que le fameux "comme" à la césure, qui vient d'Hugo qui en a fait une signature caractéristique qu'on essaie comme d'habitude d'attribuer à ce profiteur de Baudelaire, s'inspire très vraisemblablement du "comme" à la rime au tout début des Tragiques d'Aubigné
Ceci dit, il reste que le trimètre chez les romantiques a été plus volontiers associé au nom de Corneille, mais l'important c'est que la genèse vient apparemment d'Aubigné, ce dont deux vers et les variantes de l'un témoignent
Corneille a ensuite repris le procédé et d'autres ont suivi le temps d'une mode
L'oeuvre de Corneille suscitant un continuel intérêt au XIXème siècle, les romantiques ont repéré cette mode cornélienne ancienne du trimètre et l'ont ranimée
J'en viens donc au relevé tel quel des trimètres authentiques d'écrivains d'Ancien Régime :
Traîner les pieds, mener les bras, hocher la tête, (Aubigné, Les Tragiques, II, v.1283)Jamais le bien, jamais rançon, jamais la vie, (Aubigné, Les Tragiques, VI, v.474)Voyez le Roi, voyez Cotys, voyez mon père : (Corneille, Agésilas, IV, 1, v.1349)Toujours aimer, toujours souffrir, toujours mourir. (Corneille, Suréna, I, 3, v.268)A moi, Monsieur, à moi, de grâce, à moi, Monsieur : (Molière, trimètre répété à deux reprises lors de la première entrée du Ballet des nations dans Le Bourgeois gentilhomme en 1670)
Maudit château ! maudit amour ! maudit voyage ! (La Champmeslé [ou La Fontaine], Ragotin, V, 1684)
L'édition originale des Tragiques date de 1616, mais il va me falloir chercher les dates des éditions suivantes en fonction des remaniements
La tragédie Agésilas a été représentée en 1666, la comédie Le Bourgeois gentilhomme en 1670, Suréna en 1674 et de mémoire Ragotin est un peu postérieur (1684)
Je précise que je ne connais personne qui ait jamais songé comme je l'ai fait à considérer que le vers répété du Bourgeois gentilhomme était un trimètre Malgré la célébrité de la pièce, l'idée n'a effleuré l'esprit à personne On remarquera qu'elle coïncide avec mon idée de genèse à partir des répétitions du premier hémistiche et que la thèse reçoit l'appui du vers remanié des Tragiques
L'ensemble de ces trimètres date du XVIIème siècle, le XVIIIème n'en offre pas de connu pour l'instant
Le vers concerne essentiellement le théâtre avec des pièces de Corneille, Molière et La Champmeslé, sachant que sa genèse se serait faite dans une oeuvre intitulée Les Tragiques
On voit que le trimètre apparent se fonde sur une rigoureuse symétrie grammaticale qu'appuie soit le recours à la triple anaphore, autrement dit la triple répétition du même mot en début de chacun des trois segments, soit le recours à une symétrie de formulation
Les deux procédés sont pratiqués par Aubigné, tandis que Corneille, Molière et La Champmeslé n'ont opté que pour le principe du trimètre à partir d'une triple répétition
Nous verrons que quand ils adopteront le trimètre les romantiques commenceront précisément par la triple anaphore, puis certains comme Hugo procèderont à la symétrie grammaticale des trois segments
Mais ce tour d'horizon ne sera pas complet, si je n'évoquais la question des alexandrins classiques que certains analysent en trimètres
J'en donne un exemple dans Le Misanthrope de Molière :
Moi, votre ami ? Rayez cela de vos papiers. (Le Misanthrope, v.8)
Puis une suite plus longue d'exemples :
On
le retrouve encor plus plein d’extravagance. (Le Misanthrope, II, 4, v.574)
Pour
de l’esprit, j’en ai sans doute, et du bon goût (Le Misanthrope, III, 1, v.791)
Et
là-dessus, on voit Oronte qui murmure, (Le
Misanthrope, V, 1, v.1505)
Et
vous pouvez conclure affaire avec Madame. (V, 4, v.1708)
Amphitryon,
c’est trop pousser l’amusement : (Amphitryon,
II, 2, v.930)
Mais
si la chose avait besoin d’être prouvée, (idem,
v.949)
Arrête.
Quoi ! tu viens ici mettre ton nez, (Amphitryon,
III, 6, v.1746)
(Sosie)
Souffre qu’au moins je sois ton ombre. (Mercure) Point du tout. (idem, v.1774)
Les
autres n’ont ni sœur ni fille à me donner ; (Corneille, Othon, I, 1, v.59)
Notre
union aura des voix de tous côtés, (Othon,
IV, 5, v.1051)
Que
ma froideur lui semble injuste ou légitime, (Agésilas, I, 2, v.224)
C’est
un malheur encor plus grand que le trépas. (Agésilas,
I, 3, v.284)
Et
Lysander pourra souffrir cette injustice ? (Agésilas, II, 2, v.515)
Vous
ne savez que c’est d’aimer ou de haïr, (Agésilas,
II, 6, v.748)
Personne ne parlant de trimètre à l'époque de Molière et Corneille, et les trimètres apparents n'étant qu'une poignée dérisoire dans l'oeuvre même de Corneille et Molière, sans oublier qu'en sus ils se concentrent dans les dernières oeuvres, qu'est-ce qui pourrait justifier qu'on parle de trimètres pour ces vers qui se lisent sans problème en tant qu'alexandrins en deux hémistiches de six syllabes
Or, nous verrons avec les romantiques que le problème va se poser différemment Dans la mesure où la pratique du trimètre est connue et abondante les mêmes types de vers, les mêmes configurations que personne ne peut admettre comme trimètre chez Racine, Molière ou Corneille, vont avoir une chance d'être des trimètres au XIXème, mais cela ne se fera pas sans éprouver l'oeuvre d'ensemble de tout auteur concerné par le sujet
Et là nous entrons dans une dimension historique du problème d'identification des trimètres, puisque cette identification ne pourra plus être tranchée par une méthode mécanique prouvant l'objectivité du constat
Enfin, avant de parler des romantiques, rappelons que Sainte-Beuve, bien que sa compréhension historique des phénomènes ne soit pas du tout pertinente, pas plus que celle de Banville, Sainte-Beuve donc (ou bien Joseph Delorme) a écrit sur le vers en opposant le vers classique à un vers français maintenu jusqu'à Mathurin Régnier
Deux vers des Satyres, oeuvre contemporaines de la publication des Tragiques d'Aubigné, m'interpellent quant à la question du trimètre, mais ils ne présentent pas les critères apparents de triple anaphore ou triple symétrie grammaticale
On pourrait sommairement les considérer comme des alexandrins binaires qui n'ont rien à voir avec la question du trimètre Pourtant, nous touchons là un point-limite important, je les propose pour l'instant simplement à l'observation du rare lectorat intelligent qui a saisi l'importance considérable de mon blog :
Facile
au vice, il hait les vieux et les dédaigne (Satire V)
Quand il en sort, il a plus d’yeux, et plus aigus[]
(Satire XI)
Le second offre un recoupement homogène dans le second hémistiche, alors que le premier sépare le verbe de son COD avant de rebondir sur une autre proposition
Ceci dit, le second vers cité est en fonction d'une ellipse : Quand il en sort, il a plus d'yeux, et il les a plus aigus
Je trouve que ces deux vers illustrent à merveille un point-limite de la réflexion L'absence de trimètre dans l'oeuvre de Régnier invite à la considérer comme des alexandrins binaires classiques
Remarquons que l'un ou les deux vers étaient justement cités dans les arts poétiques et traités de l'époque, et critiqués comme de mauvais exemples de césures, les règles du XVIIème étant sans pitié pour certaines pratiques encore tolérées ou admises au XVIème siècle
Il ne saurait donc être question de resserrer ma réflexion sur le seul objet trimètre, il y a un véritable enjeu à bien maîtriser la situation métrique de ces deux vers de Mathurin Régnier
Je dis bien que l'un au moins de ces deux vers était cité comme mauvais exemple de césure!
A suivre!
J'ai quelques coquilles à corriger, notamment duex trois accords rigolos pour les verbes "à varier" au lieu de "a varié", mais je suis fatigué, j'ai juste corrigé la coquille pour le sens : vers mesuré de Jean-Antoine de Baïf et non pas d'Aubigné, ce qui va rendre les choses bien confuses
RépondreSupprimerSinon, j'avais travaillé à partir de l'édition des Tragiques en Poésie Gallimard et donc j'avais surligné la césure du vers 474 des Vengeances au passage, mais pas pu repérer le moindre trimètre, puisque voici le vers donné couramment :
Jamais le bien, jamais + nulle rançon nie vie
Pas la peine que je propose mes services chez Gallimard, ils me dauberont et un chef-d'oeuvre comme moi ça se mérite
En faveur du traitement rythmique en 4-4-4, on pourrait citer la ponctuation "A Moi, Monsieur, à moi de grâce, à moi, Monsieur" dans le livre (livret) de 1670 du Bourgeois gentilhomme, lecture qui passe très bien pour les lecteurs actuels (d'où pas même une note dans l'édition Pléiade 2010).
RépondreSupprimerMais la justesse de cette ponctuation est douteuse. Quant au sens, "de grâce" est particulièrement justifié pour une deuxième demande, "de grâce, à moi Monsieur", hémistiche consistant plausible; "de grâce" ajoute la supplication à l'insistance.
Quant au rythme, on peut signaler qu'il s'agit d'un vers à chanter par des spectateurs qui crient pour qu'on leur donne le "livre du ballet". Or, chargé de la mise en musique, Lulli a clairement traité "de grâce, à moi, Monsieur" en unité (hémistiche 6v). On peut entendre cette musique sur le CD du Bourgeois gentilhomme produit par Hugo Reyne et la Symphonie du Marais (Accord 2002).
Peu importe, puisque les trimètres classiques sont des alexandrins à deux hémistiches de six syllabes de toute façon Je suis contre l'idée du trimètre mesure de substitution, et chez les classiques, et chez les romantiques Du coup, la contradiction n'est pas en mesure de prendre
RépondreSupprimerEnsuite, il est évident que l'auteur est parfaitement conscient du placement de sa triple répétition et là je trouve ça sans appel
Enfin, une similaire contre-argumentation peut être déployée pour le vers de Suréna dont il est admis culturellement que c'est le trimètre classique de référence
Le vers d'Aubigné remanié prouve bien cette sensibilité au jeu d'une répétition d'abord diffusée sur le premier hémistiche
Je comprends bien dans l'objection que l'idée, c'est la courbe de l'intonation qui peut accentuer la séparation des deux hémistiches et éloigner le spectre d'une lecture ternaire, mais la lecture à effet de sens du vers de Suréna fait pareil, puiqu'inévitablement la césure à effet de sens joue sur son idée traditionnelle de repos, plutôt que sur celle d'accent
Quand je lis des césures à effet de sens, je pratique la suspension
Je reviens sur l'exemple en cause
RépondreSupprimerA moi, Monsieur, à moi, de grâce, à moi, Monsieur :
On observe bien une différence avec les deux trimètres de Corneille
Dans le cas de Corneille, la symétrie est complète, figée, alors que dans le cas du Bourgeois gentilhomme, la symétrie est rompue, "de grâce" n'est pas sur le même plan que "Monsieur"
Du coup, cela permet de trouver très naturel un détachement mélodique avec d'un côité "A moi, Monsieur, à moi" puissant et de l'autre un moins performant "de grâce, à moi, Monsieur"
Mais cela n'empêche en rien de voir la superposition ternaire
L'auteur n'est pas con, il met une répétition pour quelque chose
La réfutation vaut pour ceux qui lisent le vers en trimètre sans autre forme de procès
Et il est vrai aussi que ce trimètre est moins stable que ceux de Corneille
Maintenant, la question mélodique doit être minorée
Dans le cas du vers de Ma Bohême
"Comme des lyres, je tirais les élastiques"
Puisque la reconnaissance de la césure normale est perturbée "lyres, je", le lycéen, l'étudiant de lettres, le candidat à l'agrégation va dire c'est un trimètre, ça existe
Il ne sait pas pourquoi l'auteur a composé un trimètre, mais voilà par la science le mal est réparé
Il suffit de dire que c'est un trimètre et tout va bien, on peut dormir tranquille
Or, je veux encore bien qu'un trimètre soit une commodité sans effet de sens, mais il faudra qu'on m'explique pourquoi les coupes du trimètre autoriseraient ce qui est interdit à la césure normale, même quand il y a trimètre
"Comme des ly+res, je tirais + les élastiques"
On voit que le "res" fait une césure à l'italienne
En 1870, comme en 1871, Rimbaud n'a proposé aucun, strictement aucun vers avec une telle récupération, à tel point que quand cela apparaît dans Mémoire cela fait date, mais c'est en 1872
Or en 1870 et 1871, à plusieurs reprises, nous trouvons des pronoms préverbaux à la césure, dont un autre "je", ainsi que des prépositions, dont le "de" avec sa voyelle qui est aussi un "e"
La théorie du semi-ternaire et même du trimètre nous habitue à penser que les poètes font aux coupes 4è et 8è ce qui ne se fait pas à la césure 6è
On peut dire que le traitement est différent, point, mais cela n'est pas vraiment logique car il resterait absolument extraordinaire que ce que le poète s'autorise à ces syllabes 4è et 8è pour un trimètre exprès il se les interdise pour la 6ème syllabe y compris quand il s'agit de trimètres
Je lis les trimètres comme les alexandrins normaux et comme les alexandrins chahuteurs du style Ma Bohême avec une césure à la 6ème syllabe, donc un effet de suspension que j'accentue si j'estime ne pas vouloir manquer la césure
Je lis donc aussi de manière binaire les trimètres classiques d'Aubigné, Corneille et les trimètres classiques reproduits tels quels par Hugo et d'autres, et je lis même les trimètres assouplis avec cette suspension binaire et ce clivage mélodique des hémistiches
Lully a très bien fait, ce n'est pas un problème pour moi
Le fait de lire avec des suspensions a une justification intemporelle, l'assimilation de la césure à un repos
RépondreSupprimerCi-dessus, j'oppose un vers de Ma Bohême lu actuellement comme un évident trimètre (voir l'article de Cornulier sur Ma Bohême réfutant cette idée) et un vers de Molière qu'on oublie
Les critères discriminants ne sont pas mélodiques, mais objectivement une répétition d'un côté et une improbable césure à l'italienne de l'autre
En revanche, je vous déconseille de lire les vers de Rimbaud ou Verlaine en pratiquant les effets de sens et en ayant un peu d'emphase à la manière d'enregistrements du début du vingtième
HOu lallalah
Malheureux
C'est très mal vu La société, l'université, les recruteurs aux concours exigent de lire avec une voix blanche, vous êtes critiques, distant, pas poète, non non non, nous vivons à l'heure des penseurs froids, soyons de notre temps
C'est très très mal vu le manque de naturel à la lecture, la théâtralisation
ça passe pour idiot, débile et à côté de la plaque
La même personne lira superbement mais comme de la prose en formulant au moins correctement les syllabes et sera encensée, puis elle lira superbement en s'appliquant à produire des effets de sens avec toutes ces césures chahutées elle sera incendiée
Il y a des gens de goût et d'une vraie distinction pour vous expliquer qu'il ne faut pas être aussi idiots que Rimbaud et Verlaine l'ont été et qui vous mettent en garde contre le ridicule
Traîner les pieds, [mener + les bras], hocher la tête,
RépondreSupprimerJamais le bien, [jamais + rançon], jamais la vie,
Voyez le Roi, [voyez + Cotys], voyez mon père :
Toujours aimer, [toujours + souffrir], toujours mourir.
A moi, Monsieur, à moi, + de grâce, à moi, Monsieur :
Maudit château ! [maudit + amour] ! maudit voyage !
La différence du vers du Bourgeois gentilhomme avec les autres trimètres classiques vient de la remise en cause de la balance de l'enjambement
Dans les autres cas, le segment médian a des contours imposés qui ne s'étendent pas aux bornes métriques, alors que, dans le cas du vers moliéresque la triple structure syntaxique ne s'impose pas, il y a dissolution de cette possibilité, du coup nous retrouvons l'idée qu'on peut opposer le premier hémistiche au second
Opposer n'est pas le bon mot, pour les autres vers aussi, le premier s'oppose au second, mais pour les autres vers cette opposition se fait dans la tension, alors que dans le cas du Bourgeois gentilhomme il y a possibilité d'un détachement limpide, non problématique
Cela confère un statut particulier au vers du Bourgeois gentilhomme, mais la répétition est de l'ordre du fait et rien n'interdit même dans l'absolu la symétrie ternaire, puisque ce n'est pas parce que "de grâce" n'est pas sur le même plan que "Monsieur" qu'elle est exclue
Le vers du Bourgeois gentilhomme est un peu moins trimètre que les autres du point de vue de la solidarité de ces éléments constitutifs, mais la volonté d'allusion à la possibilité du trimètre n'en reste pas moins patente
La répétition est ostentatoire et elle indique clairement ce jeu ternaire
Il est vrai qu'un ultime ménagement, une dérobade rompt cette logique en étant confortée par le livret
Le jeu intellectuel reste et je ne peux pas passer à côté de ce vers dans l'histoire du trimètre classique
Au passage, il faut observer que les trimètres classiques jouent en partie sur les configurations déconseillées, mais non proscrites
RépondreSupprimerAubigné ne fait pas exactement partie du classicisme français et sa versification rattachée au XVIème siècle permet naturellement le rejet de COD du verbe à l'infinitif "mener" En revanche, dans Agésilas, pour "voyez + Cotys", Corneille désobéit à son époque, son procédé était fortement déconseillé cette fois, toujours un rejet de COD
Pour la pièce Ragotin, nous avons un contre-rejet d'épithète : "maudit + amour", ce qui est toléré dans la farce ou la comédie sans ambition
En revanche, les vers d'Aubigné et Corneille avec les anaphores "jamais" et "toujours" ne posent aucun problème aux oreilles classiques, puisqu'il s'agit d'un détachement d'un adverbe, matière sur laquelle les classiques étaient laxistes, comme on le voit avec ces étonnants rejets des adverbes "encore" etc, qui ne sont pourtant pas naturellement détachables à la césure à mon oreille de personne née au vingtième siècle
J'ai cité le vers du Misanthrope "Moi votre ami, Rayez cela de vos papiers" parce que cela me fait toujours le même effet d'étrangeté que les proscriptions n'aient rien eu à voir avec la mélodie réelle des énoncés, ou alors il y a eu un bouleversement profond du rythme des mots dans la phrase entre le XVIIème et aujourd'hui La seule solution est de lire lentement ces vers pour favoriser la manifestation d'un "repos" à la césure
Pour le vers de Molière, je maintiens qu'il est certain que la structure trimètre y est appliqué, étant donné la netteté de la répétition qui double la triple "à moi", d'une répétition de "monsieur", et nécessairement la variation "de grâce" est un fait exprès
RépondreSupprimerPour moi, la logique est de constater la répétition et la forme trimètre, puis de constater que l'altération volontaire avec l'occurrence "de grâce" a permis à l'auteur de ne pas être réellement dans la tension du trimètre et de justifier plus aisément la prérogative de la lecture binaire
Il s'agit d'un cas de nuance intéressant, nous avons un cas d'espèce, un trimètre qui ne s'appuie pas nettement sur la balance d'un segment médian enjambant
Evidemment, on répliquera que c'est l'unique trimètre à ne pas supposer la tension du segment médian qui permet d'imposer le rythme ternaire dérangeant
Donc, on sera tenté d'affiner les critères définitoires et de dire que ce n'est pas un trimètre parce qu'il lui manque un aspect à l'évidence important de la définition, et que sans cette restriction nous serions obligés de l'inclure comme une anomalie dans la catégorie des trimètres
Ma réponse est "et alors?"
Je prétends que c'est un trimètre faussé, donc qu'on dise le "faussé" n'est pas un trimètre, ou qu'on dise que c'est un trimètre à part, ce sera pour moi sans grand intérêt
Le jeu de répétition est indiscutable, on peut s'appuyer là-dessus sans oublier d'ailleurs malgré tout la ponctuation qui mériterait un débat philologique, mais la virgule est aussi à l'intérieur du second hémistiche et si elle manque sur le livret d'époque à la césure je ne le savais pas et défendais la thèse trimètre avec une virgule
Mais ce n'est pas tout
Si on l'écarte de la catégorie trimètre, le critère pour l'écarter, celui de la balance d'un enjambement par un segment médian, risque d'imposer d'identifier comme trimètres tous les vers qui auront une double ponctuation appuyée après les 4ème et 8ème syllabes, ce qui est insoutenable pour la période classique et, si cela risque d'être valable dans nombre de cas pour les vers romantiques, cela entraîne sur la pente glissante de l'a priori théorique
Alors que là j'en suis à un trimètre ostentatoire sur des critères extrêmement clairs: l'anaphore (répétition nette) et la symétrie grammaticale, ce que je double de l'exclusion de toute configuration de coupes à l'italienne ou de césures féminines aux 4ème et 8ème syllabes
Il est vrai que, si on s'en tient au cadre du trimètre classique, l'anaphore est toujours solidaire d'une symétrie grammaticale en sous-main sauf dans le cas précis du vers de Molière
L'anaphore ne serait qu'un habit de plus, ce serait la symétrie grammaticale qui ferait le trimètre
Mais, il y a encore toute l'histoire des assouplissements du trimètre par les romantiques à observer de près