tag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post7555229141835235806..comments2024-03-18T10:43:10.955-07:00Comments on Enluminures (painted plates): Le trimètre classiqueDavid Ducoffrehttp://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comBlogger8125tag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-19713083936151857392013-11-24T20:23:54.824-08:002013-11-24T20:23:54.824-08:00Pour le vers de Molière, je maintiens qu'il es...Pour le vers de Molière, je maintiens qu'il est certain que la structure trimètre y est appliqué, étant donné la netteté de la répétition qui double la triple "à moi", d'une répétition de "monsieur", et nécessairement la variation "de grâce" est un fait exprès<br />Pour moi, la logique est de constater la répétition et la forme trimètre, puis de constater que l'altération volontaire avec l'occurrence "de grâce" a permis à l'auteur de ne pas être réellement dans la tension du trimètre et de justifier plus aisément la prérogative de la lecture binaire<br />Il s'agit d'un cas de nuance intéressant, nous avons un cas d'espèce, un trimètre qui ne s'appuie pas nettement sur la balance d'un segment médian enjambant<br />Evidemment, on répliquera que c'est l'unique trimètre à ne pas supposer la tension du segment médian qui permet d'imposer le rythme ternaire dérangeant<br />Donc, on sera tenté d'affiner les critères définitoires et de dire que ce n'est pas un trimètre parce qu'il lui manque un aspect à l'évidence important de la définition, et que sans cette restriction nous serions obligés de l'inclure comme une anomalie dans la catégorie des trimètres<br />Ma réponse est "et alors?"<br />Je prétends que c'est un trimètre faussé, donc qu'on dise le "faussé" n'est pas un trimètre, ou qu'on dise que c'est un trimètre à part, ce sera pour moi sans grand intérêt<br />Le jeu de répétition est indiscutable, on peut s'appuyer là-dessus sans oublier d'ailleurs malgré tout la ponctuation qui mériterait un débat philologique, mais la virgule est aussi à l'intérieur du second hémistiche et si elle manque sur le livret d'époque à la césure je ne le savais pas et défendais la thèse trimètre avec une virgule<br />Mais ce n'est pas tout<br />Si on l'écarte de la catégorie trimètre, le critère pour l'écarter, celui de la balance d'un enjambement par un segment médian, risque d'imposer d'identifier comme trimètres tous les vers qui auront une double ponctuation appuyée après les 4ème et 8ème syllabes, ce qui est insoutenable pour la période classique et, si cela risque d'être valable dans nombre de cas pour les vers romantiques, cela entraîne sur la pente glissante de l'a priori théorique<br />Alors que là j'en suis à un trimètre ostentatoire sur des critères extrêmement clairs: l'anaphore (répétition nette) et la symétrie grammaticale, ce que je double de l'exclusion de toute configuration de coupes à l'italienne ou de césures féminines aux 4ème et 8ème syllabes<br />Il est vrai que, si on s'en tient au cadre du trimètre classique, l'anaphore est toujours solidaire d'une symétrie grammaticale en sous-main sauf dans le cas précis du vers de Molière<br />L'anaphore ne serait qu'un habit de plus, ce serait la symétrie grammaticale qui ferait le trimètre<br />Mais, il y a encore toute l'histoire des assouplissements du trimètre par les romantiques à observer de prèsDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-85972497683724573362013-11-24T20:23:17.533-08:002013-11-24T20:23:17.533-08:00Au passage, il faut observer que les trimètres cla...Au passage, il faut observer que les trimètres classiques jouent en partie sur les configurations déconseillées, mais non proscrites<br />Aubigné ne fait pas exactement partie du classicisme français et sa versification rattachée au XVIème siècle permet naturellement le rejet de COD du verbe à l'infinitif "mener" En revanche, dans Agésilas, pour "voyez + Cotys", Corneille désobéit à son époque, son procédé était fortement déconseillé cette fois, toujours un rejet de COD<br />Pour la pièce Ragotin, nous avons un contre-rejet d'épithète : "maudit + amour", ce qui est toléré dans la farce ou la comédie sans ambition<br />En revanche, les vers d'Aubigné et Corneille avec les anaphores "jamais" et "toujours" ne posent aucun problème aux oreilles classiques, puisqu'il s'agit d'un détachement d'un adverbe, matière sur laquelle les classiques étaient laxistes, comme on le voit avec ces étonnants rejets des adverbes "encore" etc, qui ne sont pourtant pas naturellement détachables à la césure à mon oreille de personne née au vingtième siècle<br />J'ai cité le vers du Misanthrope "Moi votre ami, Rayez cela de vos papiers" parce que cela me fait toujours le même effet d'étrangeté que les proscriptions n'aient rien eu à voir avec la mélodie réelle des énoncés, ou alors il y a eu un bouleversement profond du rythme des mots dans la phrase entre le XVIIème et aujourd'hui La seule solution est de lire lentement ces vers pour favoriser la manifestation d'un "repos" à la césureDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-84609195183839791522013-11-24T13:06:23.066-08:002013-11-24T13:06:23.066-08:00Traîner les pieds, [mener + les bras], hocher la t... Traîner les pieds, [mener + les bras], hocher la tête,<br /> Jamais le bien, [jamais + rançon], jamais la vie,<br /> Voyez le Roi, [voyez + Cotys], voyez mon père :<br /> Toujours aimer, [toujours + souffrir], toujours mourir.<br /> A moi, Monsieur, à moi, + de grâce, à moi, Monsieur :<br /> Maudit château ! [maudit + amour] ! maudit voyage !<br /><br />La différence du vers du Bourgeois gentilhomme avec les autres trimètres classiques vient de la remise en cause de la balance de l'enjambement<br />Dans les autres cas, le segment médian a des contours imposés qui ne s'étendent pas aux bornes métriques, alors que, dans le cas du vers moliéresque la triple structure syntaxique ne s'impose pas, il y a dissolution de cette possibilité, du coup nous retrouvons l'idée qu'on peut opposer le premier hémistiche au second<br />Opposer n'est pas le bon mot, pour les autres vers aussi, le premier s'oppose au second, mais pour les autres vers cette opposition se fait dans la tension, alors que dans le cas du Bourgeois gentilhomme il y a possibilité d'un détachement limpide, non problématique<br />Cela confère un statut particulier au vers du Bourgeois gentilhomme, mais la répétition est de l'ordre du fait et rien n'interdit même dans l'absolu la symétrie ternaire, puisque ce n'est pas parce que "de grâce" n'est pas sur le même plan que "Monsieur" qu'elle est exclue<br />Le vers du Bourgeois gentilhomme est un peu moins trimètre que les autres du point de vue de la solidarité de ces éléments constitutifs, mais la volonté d'allusion à la possibilité du trimètre n'en reste pas moins patente<br />La répétition est ostentatoire et elle indique clairement ce jeu ternaire<br />Il est vrai qu'un ultime ménagement, une dérobade rompt cette logique en étant confortée par le livret<br />Le jeu intellectuel reste et je ne peux pas passer à côté de ce vers dans l'histoire du trimètre classiqueDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-90322000796196372682013-11-24T12:40:14.501-08:002013-11-24T12:40:14.501-08:00Le fait de lire avec des suspensions a une justifi...Le fait de lire avec des suspensions a une justification intemporelle, l'assimilation de la césure à un repos<br />Ci-dessus, j'oppose un vers de Ma Bohême lu actuellement comme un évident trimètre (voir l'article de Cornulier sur Ma Bohême réfutant cette idée) et un vers de Molière qu'on oublie<br />Les critères discriminants ne sont pas mélodiques, mais objectivement une répétition d'un côté et une improbable césure à l'italienne de l'autre<br />En revanche, je vous déconseille de lire les vers de Rimbaud ou Verlaine en pratiquant les effets de sens et en ayant un peu d'emphase à la manière d'enregistrements du début du vingtième<br />HOu lallalah<br />Malheureux<br />C'est très mal vu La société, l'université, les recruteurs aux concours exigent de lire avec une voix blanche, vous êtes critiques, distant, pas poète, non non non, nous vivons à l'heure des penseurs froids, soyons de notre temps<br />C'est très très mal vu le manque de naturel à la lecture, la théâtralisation<br />ça passe pour idiot, débile et à côté de la plaque<br />La même personne lira superbement mais comme de la prose en formulant au moins correctement les syllabes et sera encensée, puis elle lira superbement en s'appliquant à produire des effets de sens avec toutes ces césures chahutées elle sera incendiée<br />Il y a des gens de goût et d'une vraie distinction pour vous expliquer qu'il ne faut pas être aussi idiots que Rimbaud et Verlaine l'ont été et qui vous mettent en garde contre le ridiculeDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-2615951675462187262013-11-24T12:17:41.771-08:002013-11-24T12:17:41.771-08:00Je reviens sur l'exemple en cause
A moi, Mons...Je reviens sur l'exemple en cause<br /><br />A moi, Monsieur, à moi, de grâce, à moi, Monsieur :<br /><br />On observe bien une différence avec les deux trimètres de Corneille<br />Dans le cas de Corneille, la symétrie est complète, figée, alors que dans le cas du Bourgeois gentilhomme, la symétrie est rompue, "de grâce" n'est pas sur le même plan que "Monsieur"<br />Du coup, cela permet de trouver très naturel un détachement mélodique avec d'un côité "A moi, Monsieur, à moi" puissant et de l'autre un moins performant "de grâce, à moi, Monsieur"<br />Mais cela n'empêche en rien de voir la superposition ternaire<br />L'auteur n'est pas con, il met une répétition pour quelque chose<br />La réfutation vaut pour ceux qui lisent le vers en trimètre sans autre forme de procès<br />Et il est vrai aussi que ce trimètre est moins stable que ceux de Corneille<br />Maintenant, la question mélodique doit être minorée<br />Dans le cas du vers de Ma Bohême<br />"Comme des lyres, je tirais les élastiques"<br />Puisque la reconnaissance de la césure normale est perturbée "lyres, je", le lycéen, l'étudiant de lettres, le candidat à l'agrégation va dire c'est un trimètre, ça existe<br />Il ne sait pas pourquoi l'auteur a composé un trimètre, mais voilà par la science le mal est réparé<br />Il suffit de dire que c'est un trimètre et tout va bien, on peut dormir tranquille<br />Or, je veux encore bien qu'un trimètre soit une commodité sans effet de sens, mais il faudra qu'on m'explique pourquoi les coupes du trimètre autoriseraient ce qui est interdit à la césure normale, même quand il y a trimètre<br />"Comme des ly+res, je tirais + les élastiques"<br />On voit que le "res" fait une césure à l'italienne<br />En 1870, comme en 1871, Rimbaud n'a proposé aucun, strictement aucun vers avec une telle récupération, à tel point que quand cela apparaît dans Mémoire cela fait date, mais c'est en 1872<br />Or en 1870 et 1871, à plusieurs reprises, nous trouvons des pronoms préverbaux à la césure, dont un autre "je", ainsi que des prépositions, dont le "de" avec sa voyelle qui est aussi un "e"<br />La théorie du semi-ternaire et même du trimètre nous habitue à penser que les poètes font aux coupes 4è et 8è ce qui ne se fait pas à la césure 6è<br />On peut dire que le traitement est différent, point, mais cela n'est pas vraiment logique car il resterait absolument extraordinaire que ce que le poète s'autorise à ces syllabes 4è et 8è pour un trimètre exprès il se les interdise pour la 6ème syllabe y compris quand il s'agit de trimètres<br />Je lis les trimètres comme les alexandrins normaux et comme les alexandrins chahuteurs du style Ma Bohême avec une césure à la 6ème syllabe, donc un effet de suspension que j'accentue si j'estime ne pas vouloir manquer la césure<br />Je lis donc aussi de manière binaire les trimètres classiques d'Aubigné, Corneille et les trimètres classiques reproduits tels quels par Hugo et d'autres, et je lis même les trimètres assouplis avec cette suspension binaire et ce clivage mélodique des hémistiches<br />Lully a très bien fait, ce n'est pas un problème pour moiDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-56847536111931440162013-11-24T11:27:02.363-08:002013-11-24T11:27:02.363-08:00Peu importe, puisque les trimètres classiques sont...Peu importe, puisque les trimètres classiques sont des alexandrins à deux hémistiches de six syllabes de toute façon Je suis contre l'idée du trimètre mesure de substitution, et chez les classiques, et chez les romantiques Du coup, la contradiction n'est pas en mesure de prendre<br />Ensuite, il est évident que l'auteur est parfaitement conscient du placement de sa triple répétition et là je trouve ça sans appel<br />Enfin, une similaire contre-argumentation peut être déployée pour le vers de Suréna dont il est admis culturellement que c'est le trimètre classique de référence<br />Le vers d'Aubigné remanié prouve bien cette sensibilité au jeu d'une répétition d'abord diffusée sur le premier hémistiche<br />Je comprends bien dans l'objection que l'idée, c'est la courbe de l'intonation qui peut accentuer la séparation des deux hémistiches et éloigner le spectre d'une lecture ternaire, mais la lecture à effet de sens du vers de Suréna fait pareil, puiqu'inévitablement la césure à effet de sens joue sur son idée traditionnelle de repos, plutôt que sur celle d'accent<br />Quand je lis des césures à effet de sens, je pratique la suspensionDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-76559719456012708572013-11-24T09:20:46.865-08:002013-11-24T09:20:46.865-08:00En faveur du traitement rythmique en 4-4-4, on pou... En faveur du traitement rythmique en 4-4-4, on pourrait citer la ponctuation "A Moi, Monsieur, à moi de grâce, à moi, Monsieur" dans le livre (livret) de 1670 du Bourgeois gentilhomme, lecture qui passe très bien pour les lecteurs actuels (d'où pas même une note dans l'édition Pléiade 2010).<br /> Mais la justesse de cette ponctuation est douteuse. Quant au sens, "de grâce" est particulièrement justifié pour une deuxième demande, "de grâce, à moi Monsieur", hémistiche consistant plausible; "de grâce" ajoute la supplication à l'insistance.<br /> Quant au rythme, on peut signaler qu'il s'agit d'un vers à chanter par des spectateurs qui crient pour qu'on leur donne le "livre du ballet". Or, chargé de la mise en musique, Lulli a clairement traité "de grâce, à moi, Monsieur" en unité (hémistiche 6v). On peut entendre cette musique sur le CD du Bourgeois gentilhomme produit par Hugo Reyne et la Symphonie du Marais (Accord 2002).Licorne et Reboudinhttps://www.blogger.com/profile/16552036115447260111noreply@blogger.comtag:blogger.com,1999:blog-6825711916074358486.post-2788624449466826502013-11-23T13:29:50.289-08:002013-11-23T13:29:50.289-08:00J'ai quelques coquilles à corriger, notamment ...J'ai quelques coquilles à corriger, notamment duex trois accords rigolos pour les verbes "à varier" au lieu de "a varié", mais je suis fatigué, j'ai juste corrigé la coquille pour le sens : vers mesuré de Jean-Antoine de Baïf et non pas d'Aubigné, ce qui va rendre les choses bien confuses<br />Sinon, j'avais travaillé à partir de l'édition des Tragiques en Poésie Gallimard et donc j'avais surligné la césure du vers 474 des Vengeances au passage, mais pas pu repérer le moindre trimètre, puisque voici le vers donné couramment :<br /><br />Jamais le bien, jamais + nulle rançon nie vie<br /><br />Pas la peine que je propose mes services chez Gallimard, ils me dauberont et un chef-d'oeuvre comme moi ça se mériteDavid Ducoffrehttps://www.blogger.com/profile/11857014836500885270noreply@blogger.com