mardi 26 novembre 2013

Le livre Théorie du vers de Benoît de Cornulier

Je voudrais rendre compte ici d'un ouvrage fondamental, Théorie du vers de Benoît de Cornulier, lequel est accompagné d'un sous-titre Rimbaud, Verlaine, Mallarmé
Les autres ouvrages de Cornulier sont beaucoup plus soumis à des efforts de synthèse et à des déploiements minutieux du raisonnement sur la rime ou le mètre Certains très importants comme l'article sur la critique du rôle de l'accent dans le vers ne sont pas évident à lire par tout le monde Quant aux commentaires de poèmes de Rimbaud, quand ils sont accompagnés d'une analyse métrique, ce qui n'est pas toujours le cas (la métrique n'est pas très présente dans les commentaires de Chant de guerre Parisien ou Jeune Ménage), il faut dire qu'ils partent toujours d'acquis antérieurs ou qu'ils apportent de nouvelles réponses à la science qu'on peut avoir acquise si on a lu les travaux antérieurs de Cornulier
Le grand livre à lire, c'est Théorie du vers car ce n'est pas une synthèse ou un supplément, c'est l'analyse à fond, à vif, avec sa pléthore d'arguments savoureux pour tous ceux qui aiment la jubilation intellectuelle, c'est aussi le rapport à tout ce que les métriciens ont écrit auparavant, c'est un ouvrage agréablement polémique mais dans les formes, polémique du moins au sens où les piques sont présentes, c'est un ouvrage qui nous renseignant sur les errements passés nous fait comprendre pourquoi la réponse cohérente est importante et neuve, c'est un ouvrage avec des exercices, c'est un ouvrage qui n'a pas encore pour l'essentiel de ces chapitres le jargon métricométricien et quand ce jargon apparaît c'est au moment où il est précisément défini et amené par les justifications de chapitres faciles à lire
Le livre est très dense, mais il reste facile à lire, on comprendra quand même immensément de choses à sa lecture
Et si la passion prend, on y revient

Alors, il y a aussi tout le problème de l'antériorité du livre de Jacques Roubaud La Vieillesse d'Alexandre C'est Jacques Roubaud qui, le premier, a donné un modèle de codage des syllabes de l'alexandrin pour en dégager les régularités et c'est Jacques Roubaud, le premier, qui a déclaré par écrit que "Qu'est-ce pour nous, mon Coeur" sabrait toutes les règles de composition de l'alexandrin et notamment liquidait l'héritage de l'alexandrin déjà assoupli par Hugo
Or, Cornulier s'est imposé avec son propre système de codage et un article important sur "Qu'est-ce pour nous, mon Coeur", ce qui veut dire qu'il vient après, qu'il améliore, mais que l'idée ne vient pas de lui

Déjà, il y a des points à modérer Même si dans l'édition du Livre de poche, Pierre Brunel soutient que la versification de "Qu'est-ce" est toujours celle classique de l'alexandrin, et encore, fait exprès, je ne cite pas les mots exacts qu'il a employés, les gens savaient quand même que l'alexandrin de Chénier n'était pas tout à fait classique, que celui d'Hugo encore moins et qu'on continuait de s'en éloigner avec Verlaine comme avec le Rimbaud de 1871 et 1872
Mais ces évolutions sont perçues comme secondaires parce que l'égalité de la mesure dans la composition des hémistiches n'est pas au centre des débats
Dans l'esprit des gens, la plupart des vers classiques ont deux hémistiches de six syllabes ou une forme ternaire de trois fois quatre syllabes, mais avec les romantiques dès les premières audaces de la période 1820-1833 on décrète que quand la mesure normale n'est pas évidente ça peut se mesurer de manière diverse Du coup, il n'y a plus moyen d'établir une différence objective entre les vers d'Hugo et ceux de Rimbaud en 72 autre que l'abondance de plus en plus grande des vers déviants
Par ailleurs, j'ignore si Jacques Roubaud a publié une partie de sa thèse avant ce livre, mais l'ouvrage de Roubaud et celui de Cornulier sont publiés à très peu d'années d'intervalle sachant que le livre de Cornulier fait suite à une thèse qui a pris quelques années Les ouvrages sont en partie contemporains tout de même Par ailleurs, le codage adopté par Cornulier est pour ainsi une inversion de celui de Roubaud et est bien meilleur Mais aussi, il faut se reporter à l'ouvrage de Cornulier pour juger de tout ce qu'il apporte lui de personnel, on ne peut pas lire uniquement Roubaud et positionner un livre par rapport à l'autre dans le temps, et puis c'est tout

Le livre de Cornulier a également été précédé d'un long article dans une revue universitaire et il convient de le citer car une idée essentielle a été prononcée dans l'article qui n'a pas été reprise dans le livre, le cas fameux de la césure étymologique au mot "pén+insules" du Bateau ivre Michel Murat reprend cette idée qu'il mentionne dans le livre L'Art de Rimbaud, mais il s'agit d'une idée de Cornulier publiée en 1980, qui n'a pas été envisagée par Jacques Roubaud et qui est passée à la trappe ensuite
Benoît de Cornulier a essentiellement publié des études sur la versification, mais son travail sur Rimbaud s'intéresse au commentaire de certains poèmes et il a publié aussi un livre Effets de sens qui est un des premiers ouvrages français à s'intéresser aux approches américaines (le pragmatisme, Grice) au succès si important par la suite chez les linguistes et, mais le mot n'est pas pertinent quand il s'agit de la pensée anglo-saxonne, chez les "philosophes"

 Je vais donc traiter de ce livre en suivant le fil de ses parties constitutives et en citant des extraits Il faudrait tout citer, tout lire Mais je vais donner des "morceaux choisis" si on peut dire

La première partie "Notions de métrique" qui contient des exercices permet au lecteur d'éprouver certaines vérités inattendues, de déniaiser son rapport à la versification, trop conditionné par l'acceptation des discours d'autorité en la matière
L'idée fondamentale, c'est qu'il n'y a qu'un cas de vers faux que nous percevions, c'est quand il manque au moins une syllabe à un vers ou qu'à l'inverse il y en a de trop, ce qui rompt l'égalité avec les autres, et donc si c'est la seule perception que nous ayons d'une anomalie dans le vers, c'est donc que symétriquement nous percevons cette égalité
Si nous sommes choqué par une inégalité, c'est que nous percevons une égalité
L'ouvrage va s'attacher à montrer que les études de versification n'auraient pas dû lâcher ce point pour des considérations indémontrables ou pour des considérations que précisément ce livre va infirmer
Il s'agit alors d'une redécouverte de la pertinence des définitions les plus simples du vers classique
Le vers, c'est une égalité entre des segments syllabiques Cette égalité est en fonction d'un nombre de syllabes, mais attention nous ne percevons pas ce nombre lui-même, nous sommes simplement sensible à l'égalité syllabique des vers entre eux
Nous n'entendons pas 5, puis 5, mais l'égalité qu'il y a entre deux vers de cinq syllabes
Et pour les mesures complexes, nous n'entendons pas 6+6=12, 5+5=10, 4+6=10, etc, mais nous entendons l'égalité et l'alternance 4-6 4-6 4-6, et j'oserai dire pour ne pas chercher mes mots l'alternance 6-6 6-6
Nous ne pratiquons pas l'addition quand nous lisons des décasyllabes et des alexandrins
Evidemment, cela demande aussi que soit déterminée la limite de notre perception et que soit justifiée la tradition qui veut que nous passions des mesures simples de une à huit syllabes à des mesures composées, complexes, au-delà de huit syllabes
Cornulier ne le prouve pas, est-ce seulement possible de prouver cela ?, mais il déclare que des tests qu'il a effectués l'ont amené à ne jamais rencontrer la moindre personne qui soit capable de reconnaître l'égalité de vers de neuf syllabes sans césure de son invention, alors que certains reconnaissant des égalités pour des vers de huit syllabes, encore n'est-ce pas la majorité des gens
Les exercices du début du livre nous permettent de l'éprouver pour nous-même
La vérification empirique a jusqu'à un certain point un caractère suffisant, si vous ne reconnaissez pas l'égalité de vers sans césure au-delà de neuf syllabes c'est que le problème de cette limite se pose bien et n'attend pas la dix-septième syllabe pour le faire
C'est cette question de l'égalité qui fait que le débat portant sur la césure va permettre de déterminer que seules les césures fixes, même si c'est un pléonasme grossier, ont une pertinence métrique, alors que les césures, coupes ou accents mobiles n'ont forcément aucun intérêt métrique
Si la métrique n'est affaire que de perception de l'égalité, les formes irrégulières n'ont pas l'intérêt que leur ont prêté tant de théoriciens du vers
Il faut donc éliminer le superflu et revenir à l'essentiel, car une partie des analyses métriques confondent l'analyse du rythme qu'on trouve aussi bien dans la prose que dans le vers avec les analyses qui portent sur la mesure du vers proprement dite Il faut bien distinguer rythme au sens large (pas musical) et mesure

Mais, comme des pratiques déviantes sont apparues et ont fini par devenir massives, la deuxième partie du livre présente une méthode non intuitive d'analyse de la mesure des vers pour vérifier s'il y a une mesure ou pas dans ces vers

Cet ouvrage mettait par terre l'érudition universitaire en la matière, le magistère des poètes également, et l'ouvrage fait état de ces réactions d'hostilité à quelques reprises : dans les Remerciements, il cite "Jean Molino (pour m'avoir encouragé par ses critiques), Monique Parent (pour m'avoir découragé par ses critiques)"
Note 2 page 16, en bas de page, nous lisons les réactions d'Yves Bonnefoy et Monique Parent qui sont convaincus que la perception d'une égalité entre deux vers de douze syllabes n'est pas le moins du monde problématique, et même pour des égalités de plus de syllabes encore
Il faudrait y ajouter toutes les critiques de ceux qui ne veulent pas renoncer à l'étude des accents dans les vers, ce qui entraînera d'autres mises au point importantes de la part de Cornulier

Voilà dans les grandes lignes ce qu'offre ce livre, je n'ai bien sûr pas encore exposé la méthode et je ne vais en tout cas pas vous parler trop des exercices, car ce serait manger le morceau Il forme le premier chapitre (Testez votre capacité métrique) de la première partie (Notions de métrique)
J'indique qu'il y a des exercices sur l'égalité syllabique, mais aussi des exercices sur le rapport entre la rime et le mètre pour montrer que la rime n'a rien à voir avec la définition métrique du vers, ni sa reconnaissance, il y a un exercice sur l'impossibilité du dénombrement des syllabes, sur les consonnes et voyelles pour montrer qu'on perçoit l'égalité pour les syllabes, mais pas pour des suites égales de trois sons
Vous comprendrez que je ne veuille pas vous enlever la possibilité de vous laisser surprendre
Ces exercices sont accompagnés de démonstrations argumentées avec pour conclusion qu'au-delà de huit syllabes la perception n'est plus possible pour personne, elle est déjà problématique pour la plupart des gens avant huit syllabes d'ailleurs Mais aussi le seul rapport métrique est l'égalité, il n'y en a pas d'autre Pas d'addition, etc Et au passage Cornulier met à mort la légende du vers impair qui serait plus musical, le poème de Verlaine L'Art poétique n'a pas à être lu au premier degré
C'est aussi une des grandes mises au point du livre, puisqu'à l'époque c'était un lieu commun que de répéter cette idée comme essentielle à l'esthétique verlainienne
Le deuxième chapitre intitulé "mesures complexes" nous amène au problème de l'identification des césures
Il est introduit par une épigraphe de Renan : "Il se sauve en multipliant les exceptions, qui elles-mêmes sont à ses yeux des espèces de règles" (Renan, De l'origine du langage)

Le chapitre se subdivise en six sous-parties Cornulier commence par critiquer les aberrations des théories du vers antérieures avec une sous-partie traitant de leur "confusion du mètre et du rythme", et une seconde confrontant l'idée de "césures" mobiles à la notion de césure Le troisième chapitre traite de la tradition française avec le répertoire des mètres et dénonce le mythe de la "supériorité présumée de l'alexandrin" Mais, le problème de l'altération sensible dans le traitement des alexandrins à partir du XIXème siècle nous amène à trois nouveaux chapitres, l'un qui se pose la question d'un rapport possible entre un vers fondamental et un vers d'accompagnement, le suivant qui s'intéresse aux faits culturels qui permettent de passer d'une équivalence naturelle à une équivalence acquise, le dernier qui s'intéresse au statut particulier des syllabes féminines

On a vu que la limite de perception faisait grincer les dents à l'époque, et cela reste en partie vrai aujourd'hui, bien que le renouveau des études métriques ait fait un certain chemin (à l'Université du moins), mais il s'agissait là d'une fin de non-recevoir La partie sur la confusion du mètre et du rythme est une réfutation en règle des théories métriques divergentes et contradictoires dont quelques présupposés communs faisaient à tort consensus Ici, il convient de citer Cela ne peut guère être résumé, car c'est dense et des citations montreront bien mieux combien nous avons affaire à une leçon critique implacable On distinguera parmi ces noms celui de Martinon qui fut un spécialiste intéressant du vers et qui ici est sévèrement remis en cause Je précise que j'ai reçu une forme de l'enseignement ci-dessous critiqué, et au lycée, et à l'Université :

         Aujourd'hui, c'est quasiment devenu un jeu scolaire, tant les critiques modernes en ont répandu l'exemple, que de saucissonner tant bien que mal tout vers classique en petits tronçons d'à peu près une à six syllabes qu'on baptise souvent pieds, ce terme technique procurant l'illusion qu'il s'agit d'un découpage véritablement métrique, d'une analyse de la structure métrique en tant que telle Donnez à un licencié ès lettres à "scander" cet alexandrin de Malherbe : Et rose, elle a vécu ce que vivent les roses, il vous rendra sans hésitation, sans égard à l'identité de l'auteur, après quelques traits de crayon, une "scansion" du genre suivant : Et rose - elle a vécu - ce que vi - vent les roses (2-4-3-3), ou : Et rose -elle a vécu - ce que vivent - les roses (2-4-4-2), ou : Et rose -elle a vécu - ce que vivent les roses (2-4-6), etc heureux s'il condescend à accorder, après le mot vécu, une coupe 6è Cet étudiant fait ce que font ses maîtres taillant des pieds dans l'alexandrin Ainsi, Becq de Fouquières (1879) scandant : Roi, - père, - époux heureux, - fils - du puissant - Atrée (1-1-4-1-3-2) F de Gramont (p 83-86) scandant : Sur leurs - débris - éteints - s'étend - un lac - glacé (2-2-2-2-2-2), ou : Le siè - cle se fermait, - et la - mélancolie (2-4-2-4) Martinon (1909, p623) scandant : Cependant, - par un sort - que je ne con - çois pas (3-3-4-2), et : Nabucho - donosor, - qui régnait - dans Assur (3-3-3-3) M Grammont (1965, p 120-121) scandant : Si je vous le - disais, - pourtant, - que je vous aime (4-2-2-4), et : Ninon, - vous êtes fine, - et votre in - souciance (2-4-3-3) Deloffre (1973, p 134-135) scandant : Nature, - rien de toi ne m'émeut, - ni les champs (3-6-3) Mazaleyrat (1974, p 138) taillant majestueu - sement dans un hémistiche de Vigny  [:::] Ces multiples découpages sont rarement argumentés

Notez que la scansion d'un vers de Verlaine par Deloffre fait défaut à cette coupe 6è encore heureuse chez l'étudiant scandant un vers de Malherbe
Poursuivons :

      Quel est le sens de cette activité ? Elle paraît liée à l'idée que, du point de vue strictement métrique, un 8-syllabe ne peut pas être simplement un 8-syllabe, et un alexandrin ne saurait être une chose aussi simple qu'une combinaison de deux 6-syllabes ce serait trop simple, trop évident [:::] On méprise avec Tenint (1844, p 19-28) les "prosodistes de la vieille école", qui, faute d' "imagination", n'avaient pas découvert la césure présente dans les vers (ou demi-vers) de 5 à 8 syllabes "PARCE QU'ELLE EST MOBILE" (c'est Tenint qui imprime en capitales cette formidable découverte)

      Quant à une procédure de reconnaissance de ces pieds, ou de contrôle de leur pertinence métrique, il n'en est guère question : laissez-vous conduire par votre intuition de fin littéraire, et décidez qu'il y a une coupe (métrique) là où il vous semble naturel, plausible, heureux, de fragmenter le vers qu'il faut à tout prix fragmenter D'une manière significative, le résultat est le suivant [:::] Les scandeurs - d'hémistiches - tendent - à peu près - à scander - l'intérieur - du vers - tout comme - ils scanderaient - la prose
Je vous laisse apprécier la citation précédente que j'ai encore plus ramassé que dans l'original au moyen d'une petite coupure  C'est du 3-3-1-3-3-3-2-2-3-2 "ou quelque chose comme ça"

         Dans cette mesure, ils illustrent seulement le fait que toute suite linguistique se prête plus ou moins naturellement à une ou plusieurs interprétations rythmiques, dont chacune, forcément, a le rythme qu'elle a : ils sont là avec leurs pieds à taille variable comme un médecin militaire qui se donnerait autant de toises que de conscrits, et dirait à chacun, en somme, qu'il mesure ce qu'il mesure, et donc qu'il est "conforme" Si cette métrique avait du sens, la prose n'existerait pas
Alors, c'est pas savoureux?

Toute phrase latine ne peut pas être découpée en spondées ou dactyles, poursuit Cornulier, tandis que, selon les principes appliqués ci-dessus, toute phrase française est du vers Ces découpages posent problème dans la mesure où "ils ne sont l'objet d'aucune règle précise et contraignante caractéristique du vers"

Cornulier dénonce ensuite par les exemples cités l'inconsistance des arguments qui permettent de négocier le cas d'alexandrins qui se plient mal à une lecture avec quatre accents, puisque cette théorie de l'alexandrin alors appelé tétramètre est la théorie accentuelle la plus courante 

            Le vers de La Fontaine : Qu'est-ce donc ? lui dit-il - Rien - Quoi ? rien ? - Peu de chose, blesse-t-il vos convictions, parce que vous croyez l'alexandrin de ce poète tétramétrique, et que le second demi-vers vous semble avoir au moins trois ou quatre accents ? Martinon (1909, p 638) vous rassure : "Le second hémistiche a trois accents Or, deux suffisent à l'oreille : elle n'en prendra donc que deux" car elle sait, n'est-ce pas évident, "aisément se tirer d'affaire L'hémistiche : Nabuchodonosor, chez Hugo, vous embarrasse-t-il parce qu'il vous semble n'avoir qu'un accent et que votre théorie en veut deux ? Les métriciens se pressent pour vous soulager de ce contre-exemple entre autres, Martinon (1909, p 623), selon qui l'oreille, "incapable comme elle est de compter jusqu'à six syllabes sans le secours des doigts, supposera, instinctivement et spontanément, un accent secondaire sur une une syllabe qui, théoriquement, n'en a point" et de scander : Nabucho - donosor (3-3) ou encore Quicherat (1850, p 136), selon qui "il arrive qu'on donne deux accents aux mots trop longs", par exemple dans : Avec BriTANniCUS je me réCONciLIE ou encore Mazaleyrat (1974, p 138) qui vous garantit par l'autorité d' "expériences de diction" que dans un hémistiche comme : majestueusement, chez Vigny, un "accent secondaire de Nebenton (:::) se porte spontanément sur la quatrième syllabe"

Cornulier évoque ensuite l'idée de Guiraud selon qui l'accent secondaire (mobile), sans disparaître car alors il n'y aurait plus de tétramètre, peut se confondre avec l'accent fixe, cette configuration est baptisée le 6-0 Il n'y a plus alors à saucissonner le mot "Nabuchodonosor", il suffit de dire qu'il y a un accent intérieur à la sixième syllabe suivi immédiatement "à zéro syllabe" par l'accent fixe

J'arrête là mes citations, d'autres remarques importantes parsèment cette partie clef du livre
La conclusion en italique est sans appel : "ces scansions ne sont que des déguisements d'analyses rythmiques tout à fait rudimentaires en analyses métriques dont elles extrapolent le modèle formel"

Je fais une pause, à suivre

1 commentaire:

  1. Merci beaucoup pour votre article très enthousiasmant (c'est donc contagieux...) et très utile pour ma découverte de Cornulier !

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