mardi 21 mai 2024

Murger : une lacune vertigineuse dans la revue Parade sauvage !?

Grosse surprise pour moi : Alain Chevrier a publié un excellent article sur l'influence des Poésies de Murger sur Rimbaud, et notamment sur "Ma Bohême" dans la revue Parade sauvage, il y parle aussi des poèmes en prose avec des retours à la ligne après une virgule ou un point-virgule.
Mais Murger n'exploite pas les liens aux deux quatrains de Sensation, ni ceux discrets à Rêve pour l'hiver, ni le poème Ophelia que j'ai signalé récemment comme source au poème Oohelie de Rimbaud.
Il manque aussi des liens avec Les Effarés et ainsi de suite.
Il y a des articles de Philippe Rocher et Tim Trzaskalik sur Ophelie ou Murger n'est mentionné qu'à cause des poèmes de Banville.
L'influence sur Rimbaud est pourtant directe. Pire encore, le poème Ophelia est daté et antérieur à Harmonie du soir de Baudelaire. Verlaine s'est lui aussi inspiré de la méthode de Murger de reprises d'hemistiches dans ses premiers recueils, dans Fêtes galantes notamment. 
Il y a aussi une césure importante sur la préposition "sur".
Le patronat baudelairien travaillant main dans la main avec le patronat rimbaldien, Murger pourrait être persona non grata dans la critique universitaire ambiante. Affaire à suivre.


Je donne une idée.
Pour le poème "Les Effarés " je viens de récupérer plusieurs articles : un de Cornulier "Pas de Noël pour Les Effares", un article de Murphy et un de Pierre Laforgue.
Laforgue renforce les liens du poème avec Les Misérables de Victor Hugo et Cornulier souligné les allusions à Noël avec notamment le mot medianoche.
Il y a quelques semaines j'ai montré que le poème Les Effarés avait parmi ses sources principales deux poèmes de Chatillon : son célèbre A la grand-pinte et une nuit de Noël avec grillons.
Le motif du grillon se retrouve d'ailleurs dans Murger.
A propos de l'emploi du mot misère dans Les Effarés il renvoie à Murger et à la Bohême comme épreuve. Et donc pas seulement aux Misérables.
Les poèmes Sensation, Rêve pour l'hiver, Ma Bohême, Ophelie s'inspirent des Nuits d'hiver de Murger et l'influence de Banville sur Rimbaud implique la Bohême selon Murger mais aussi Ronsard. Une nuit d'hiver de Murger imite à la fois Mignonne,... et Bel aubepin verdissant.  Philippe Rocher dans son article sur Ophelie qui vient en 2023 trois ans après celui de Chevrier de 2020 sur Murger et ma Bohême, dit que Rimbaud est le premier poète français à faire un poème entier sur Iphelie puisque c'était par allusions chez Banville. Et on cite les vers du poème de Banville A Murger avec la rime Ophelie folie et plus encore.
Or, Chevrier en 2020 invitait Parade sauvage à lire le début des Nuits d'hiver. Deux poèmes plus loin il y a Ophelia modèle poétique pour Rimbaud mais aussi pour Harmonie du soir de Baudelaire et le premier poème des Fêtes galantes.
Dans un hommage à Fremy ou Lefrere, Wagneur cite Verlaine se justifiant d'aimer Murger même s'il n'était pas un écrivain majeur.
J'ai un dossier accablant...

1 commentaire:

  1. Passionnant cas d'étude le recueil Les Nuits d'hiver de Murger, le tout de ses Poésies semble tenir en un seul volume daté de 1861, année de sa mort, puisqu'il reprend les fantaisies et surtout les ballades poèmes en prose avec en prime un ensemble d'articles de Gautier, Janin, Houssaye, etc. Le poème "La Courtisane" est une source thématique pour Venus anadyomene. J'en reparlerai. Châtillon, Coran, Murger, trois noms qui comptent pour les sujets Bohême et Nona de Rimbaud en 1870.... D'ailleurs, je n'oublie pas chez Murger le titre de section Les Amoureux. Sans Gengoux, Glatigny aurait été ignore des rimbaldiens. Il l'est encore pour Le Bois, la rime usine cousine ou pour les poêles parus dans Le Rappel en 71-72.

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