samedi 22 novembre 2025

Conception en miroir de la prose liminaire et de "Adieu" dans Une saison en enfer !

Je reviens sur la compréhension globale du livre Une saison en enfer en pointant du doigt une conception symétrique voulue par Rimbaud, mais qui ne retient pas l'attention des rimbaldiens.
Je me vante donc d'être le seul à lire correctement la prose liminaire, mais j'ai établi cette lecture il y a plus de quinze ans, elle a même été publiée dans deux articles distincts, d'abord dans la revue Parade sauvage, un article sur les "poèmes de bilan", ensuite dans un numéro spécial dirigé par Yann Frémy "trouver son sens au livre Une saison en enfer. Plusieurs rimbaldiens ont infléchi leurs lectures respectives en fonction de ma lecture, mais sans que je ne sois jamais cité, sauf que leurs lectures demeurent chargées de divergences avec ma propre lecture et j'entends donc continuer de les critiquer.
Dans l'édition fac-similaire du cent cinquantenaire d'Une saison en enfer en Poésie Gallimard, vous avez un intervenant nouveau dans le monde rimbaldien qui a rédigé la préface, Yannick Haenel, et son discours sur Une saison en enfer est très éloigné du mien, il s'agit d'une reconduction de la lecture issue de Steinmetz et Molino qui a dominé les deux décennies des années 90 et 2000, avant mon intervention. Son auteur pense que Rimbaud cherche bien la charité comme clef, charité qui n'est donc pas la vertu théologale. C'est le discours de Steinmetz qui a une diffusion importante avec l'édition qu'il dirige en Garnier-Flammarion depuis 1989 et c'est aussi le discours de Jean Molino. C'était aussi le discours d'Alain Bardel sur son site internet Arthur Rimbaud, qui en porte encore des traces, jusqu'à ce que je précise fermement que la mention "charité" par Rimbaud renvoie clairement à la vertu théologale et qu'en l'occurrence la fin de non-recevoir est absolue.
J'ai justement entre les mains le livre Une saison en enfer ou Rimbaud l'Introuvable d'Alain Bardel qui est avec le livre paru la même année 2023 d'Alain Vaillant le dernier livre d'essai critique d'un rimbaldien en date. Bardel qui m'a lu, puisqu'il cite mes articles dans la bibliographie et dans l'introduction, ainsi que, par exception, un article du présent blog, a visiblement tenu compte de ma lecture. Il commente à peu près correctement l'enchaînement narratif des alinéas sur "le dernier couac", la charité comme clef et Satan, mais ici sans me citer. Il y a une peur des rimbaldiens de parler de l'article de Jean Molino et de son influence, autant que de parler de moi. Je ne sais pas trop pourquoi. Toutefois, il y a un indice que Bardel n'a pas renoncé à un Rimbaud tourné vers la charité. Je martèle que le point contre lequel se révolte Rimbaud, c'est la mort. Et je martèle que "Gagne la mort" est une inversion fleurie pour dire "perds la vie". Dans ses notes accompagnant la prose liminaire, pages 106 et 108 de son livre, Bardel évite de mettre en relief ce refus de la mort et préfère développer quelque chose qui est juste de prime abord, mais qui nous détourne de la pensée réelle du locuteur. Satan se récrie non seulement parce que Rimbaud ou si vous préférez le poète recule devant la mort, piège tendu par Satan, mais aussi parce que la mort du poète doit se faire "en état de péché capital" (page 106). Certes, mais, Bardel dit lui-même sur la même page 106 que Rimbaud "rejette comme chimérique la solution chrétienne surgie dans son esprit." Donc, discrètement, Bardel remet sur le tapis une aspiration à la charité, malgré la contradiction avec son commentaire de l'alinéa brutal sur l'inspiration qui prouve que le poète a rêvé. Bardel va même jusqu'à dire que Satan est une figure antagonique exprimant la confusion mentale du poète, et donc ce serait une part d'un cyclothimique Rimbaud qui s'inquiéterait d'être tentée en soi par la conversion et le retour à la charité.
Je tiens à entrer dans tous les détails du texte. Satan n'est pas ici décrit comme une part de l'esprit troublé de Rimbaud, ça c'est une extrapolation critique propre à une lecture subjective personnelle. Ensuite, l'expression à l'indicatif futur simple : "Tu resteras hyène," témoigne d'un Satan peu inquiet de la perdition morale de Rimbaud, puisque la signification est clairement que, de toute façon, même en survivant, le poète demeurera un être maudit. Autrement dit, le poète mourra plus tard aussi en étant voué à l'enfer. Moi, ce que je lis, c'est que l'invitation à la mort par Satan signifie une perte immédiate de la valeur de la vie présente sur Terre. Vous voyez que le diable se glisse dans les détails.
C'est la même chose pour la distinction entre le festin et la charité. Rimbaud est fasciné par le songe du festin qu'il croit un festin et qui finalement n'est qu'un rêvé. Il n'est pas fasciné par l'idée de la charité qu'il rejette expressément et qui est l'élément de réflexion qui l'amène à considérer que le festin ne fait pas partie de son souvenir. Il s'agit là aussi d'un aspect important de ma lecture de la prose liminaire que les rimbaldiens ont bien du mal à s'approprier à leur tour. Bardel cite le festin de Lucrèce comme référence, montrant que l'idée remonte à l'Antiquité païenne, sauf que le discours de Rimbaud vise clairement la concorde chrétienne. Le jeu du poète est subtil, puisque la subordonnée relative : "où s'ouvraient tous les cœurs" apparaît comme une image dont le poète n'identifie pas qu'elle est une définition de la charité. Et je rappelle que la notion de charité est centrale dans la littérature à l'époque de Rimbaud et même très au-delà. Je ne sais plus quand ultérieurement François Coppée conçoit un texte "La Charité du soldat" avec l'idée de la charité que reçoit un pauvre d'un plus pauvre. C'est l'univers de Coppée que cible satiriquement Rimbaud. Les rimbaldiens vantent les poèmes où Rimbaud met à mal l'idéologie coppéenne, mais dans Une saison en enfer il y a une tentation inverse de considérer que Rimbaud est converti à la charité coppéenne. Je ne comprends pas pourquoi les rimbaldiens louvoient ainsi. "Saluer la beauté" lu comme un hommage sincère, c'est faire de Rimbaud un moraliste à la Coppée.
A la page 108, il y a un dernier point de l'annotation par Bardel de la prose liminaire, un troisième donc, où, en dépit d'une ressemblance globale avec ma lecture, je ne suis pas d'accord dans l'interprétation. Bardel annoter la formule : "Ah ! j'en ai trop pris !" Il est question des pavots et Bardel l'identifie aux illusions en mettant dans le même sac les illusions de Satan et celles de la religion, puisqu'il fait suivre son énumération d'une mention du "dévouement". Certes, Bardel oppose les illusions à la rédemption, mais outre qu'il ne distingue pas les plans dans la prose liminaire de "j'ai rêvé" et "aimables pavots", il met bien le "dévouement" dans les illusions des seuls pavots. Enfin, je n'adhère bien sûr pas à l'identification finale de Satan  à Verlaine. En revanche, Bardel cite pour appuyer à tort cette identification une source que Murphy avait révélée en 2002 le sonnet "Luxures" de Verlaine qui s'intitulait d'abord "Invocation" et qui figure dans Jadis et naguère. Rimbaud cite ce sonnet dans "Jeunesse II", mais le sonnet "Invocation" a été écrit en mai 1873 au moment même où Rimbaud écrit les premiers récits atroces du futur livre Une saison en enfer. Et dans ce sonnet "Invocation", Verlaine cite en italique l'expression "tous les appétits" : "Chair ! Amour ! ô tous les appétits vers l'absence." Or, si cela ne doit pas justifier une identification de Satan à Verlaine, il y a des choses intéressantes à dire. D'abord, cela indique que la prose liminaire que les rimbaldiens ont besoin de dire avoir été composée en dernier, en août 1873, pour justifier leur lecture du "dernier couac" par rapport au  drame de Bruxelles est en réalité nourrie d'une pensée que partageaient clairement Rimbaud et Verlaine en mai 1873. Il y a une connivence entre les deux poètes dont témoigne le sonnet "Luxures". Rimbaud peut s'inspirer de ce sonnet comme source pour sa prose liminaire, puisque d'évidence celle-ci est postérieure à mai 1873, mais aussi le sonnet "Invocation"/"Luxures" témoigne d'une concertation forte entre les deux poètes. Et puis, il y a cette perle de l'expression "vers l'absence" qui nous rappelle le vers cité de Marceline Desbordes-Valmore au dos de "Patience d'un été" : "Prends-y garde, ô ma vie absente", et plus directement la phrase : "La vraie vie est absente" de "Vierge folle" où le propos est attribué à "L'Epoux infernal", indice d'échanges entre les poètes et d'une primauté de Rimbaud sur certaines réflexions même si parfois elles apparaissent premièrement sous la plume de Verlaine. Il y a un problème de manque en ce monde, d'absence pour employer le terme de Rimbaud et Verlaine.
Et, maintenant que j'ai dit ça, je voudrais dérouler la comparaison symétrique de la prose liminaire et de "Adieu", le début et la fin d'Une saison en enfer.
En principe, la prose liminaire est un texte particulier du point de vue de la chronologie du récit. C'est le premier texte qu'il convient de lire, c'est l'introduction, mais il s'agit d'un écrit qui surplombe le reste en le considérant comme déjà écrit : "je vous détache ces quelques hideux feuillets de mon carnet de damné." Donc, le personnage qui parle a déjà vécu tous les retournements de sa pensée qui vont de "Mauvais sang" à "Adieu". A cette aune, il est important de mesurer qu'il dédie toujours son œuvre à Satan et qu'il considère les feuillets comme véritablement "hideux", ce qui doit servir d'avertissement à la lecture de la clausule de "Alchimie du verbe" ou bien sûr à la lecture de "Adieu" où affleure des formules d'apparence pieuse.
Comme la prose liminaire est un texte à considérer en surplomb, on pourra plutôt être tenté de comparer les pointes du chemin parcouru, faire contraster "Mauvais sang" et "Adieu", sauf que malgré tout la prose liminaire n'en reste pas moins l'introduction et "Adieu" la conclusion.
"Mauvais sang" fait le portrait initial de la hyène qu'est Rimbaud selon Satan et finalement selon le concerné lui-même. Et le vice dont parle Rimbaud est bien celui d'être une hyène. A cette aune, on comprend que le festin de jadis n'a jamais existé, et que Rimbaud est né un soir où il a immédiatement injurié la beauté, parce que je vous connais, vous allez vous poser des questions logiques qui vous empêcheront de comprendre qu'il n'y a pas eu de festin avant l'injure à la beauté.
"Mauvais sang" pose un cadre et la subtilité c'est que "Nuit de l'enfer" vient après. La saison en enfer ne commence véritablement qu'à partir de "Nuit de l'enfer", "Mauvais sang" étant l'exposé des prédispositions fatales si je puis dire. "Vierge folle" et "Alchimie du verbe", intégrés étrangement comme des pièces rapportées qui contrastent avec le discours continue des autres sections, sont des illustrations de la vie infernale. Les sections "L'Impossible", "L'Eclair" et "Matin" sont le récit du combat pour reprendre les choses en main et enfin "Adieu" apporte une conclusion. 
Reprenons maintenant la prose liminaire.
L'alinéa de l'injure à la Beauté renvoie donc un peu plus loin qu'à Mauvais sang, à l'ensemble "Nuit de l'enfer", "Vierge folle" et "Alchimie du verbe". La Beauté injuriée va être remplacée par la Vierge folle qui sera elle-même décevante et "Alchimie du verbe" va raconter l'enfer qu'a été la vie du poète tout le temps de ce rejet de la Beauté, mais l'enfer sera moins le rejet de la Beauté que la souffrance causée par des attentes illusoires et fatalement déçues.
Evidemment, il y a du jeu entre l'état de hyène dans "Mauvais sang" et la damnation effective dans "Nuit de l'enfer", mais ce n'est pas un vrai problème de lecture. Rimbaud a introduit une solution de continuité métaphorique avec l'absorption du poison, et ce poison est un abandon à la mort !
La réalité n'est pas supportable. Le poète veut des pouvoirs surnaturels qui lui permettraient de s'évader de la réalité et l'alternative de la mort, du renvoi explicité par Rimbaud au néant est une tentation dont "Nuit de l'enfer" fait le récit. La révolte contre la mort sera une étape décisive de la guérison de Rimbaud et donc de la fin du séjour infernal en tant que tel, ce qui ne veut pas dire que la réalité soit idéale.
Et maintenant que j'ai bien posé ce cadre, je voudrais souligner un fait qui peut facilement passer inaperçu dans la mesure où les lecteurs vont être plus sensibles à la continuité d'allure qu'à des symétries qui introduisent des échos d'une partie à l'autre du livre.
Ce qui me frappe, c'est les tours verbaux dans la prose liminaire et dans "Adieu". Jugez-en !
Dans la prose liminaire, le poète se révolte et s'écrie : "Et je l'ai trouvée amère[,]" "Et je l'ai injuriée." Plus loin, je suis frappé par des phrases au passé composé avec l'auxiliaire "avoir" avec des effets de hiatus qui sont normaux en prose : "J'ai fait le bond sourd de la bête féroce", "J'ai appelé les bourreaux pour, en périssant, mordre la crosse de leurs fusils", J'ai appelé les fléaux", "Et j'ai joué de bons tours à la folie", on peut relayer cela avec les phrases où l'auxiliaire est "être" : "Je me suis armé contre la justice", "Je me suis enfui", "Je me suis allongé", "je me suis séché" et il faut y ajouter le passé simple : "Je parvins..." Mais je vous demande d'être sensible aux phrases avec l'auxiliaire "avoir". Vous avez la répétition "J'ai appelé" où figure le hiatus, et c'est une formule de quelqu'un qui se présente en mage, et plutôt en démon qu'en ange. On se rappelle le vers de Verlaine : "Mortel, ange ou démon". Or, cela est exactement symétrique des phrases où dans "Adieu" le poète dénonce l'illusion des pouvoirs surnaturels qu'il s'est prêté. Jugez-en par le montage suivant :
 
           J'ai appelé les bourreaux, j'ai appelé les fléaux, j'ai joué de bons tours à la folie, j'ai créé toutes les fêtes, tous les triomphes, tous les drames. J'ai essayé d'inventer de nouvelles fleurs, de nouveaux astres, de nouvelles chairs, de nouvelles langues. J'ai cru acquérir des pouvoirs surnaturels.
 
 Les rimbaldiens ne font pas le rapprochement, alors que l'écho a été programmé par Rimbaud. A la lecture spontanée, on peut faire le rapprochement, mais paradoxalement la démarche critique peut entraîner un aveuglement, puisque les formules de la prose liminaire sont du côté du négatif, tandis que celles de "Adieu" ont quelque chose d'un démiurge exaltant qui s'identifiant à Dieu fait plutôt acte positif de créateur. Ceci dit, Rimbaud va préciser juste après dans "Adieu" que ce faisant il se croyait "dispensé de toute morale". Oui, il faut rapprocher les énoncés, car il y a une idée clef sous-jacente qui est précisément formulé par Verlaine dans "Invocation", celle de diriger "tous les appétits vers l'absence" !
Reconnaissez que vous ne l'avez pas vue venir cette conclusion !
La comparaison entre la première partie de "Adieu" et la prose liminaire va mécaniquement plus loin. Après l'appel démiurgique aux fléaux, autre façon de se prendre pour Dieu qui est dans la Bible celui qui envoie les fléaux parfois, Rimbaud parle de sa confrontation au printemps. Dans "Adieu", il décrit sa confrontation à l'automne, plus longuement même. Il faut noter aussi que Rimbaud imite un discours de chrétien en chaire : "Notre barque élevée dans les brumes immobiles tourne vers le port de la misère, la cité énorme au ciel taché de feu et de boue", c'est très clairement du Bossuet dans la construction grammaticale emphatique. L'apposition : "le port de la misère, la cité énormé au ciel taché de feu et de boue", c'est une parodie du style oratoire chrétien. L'image de la barque, c'est un procédé figuratif chrétien. Cela est suivi d'exclamations qui ont là encore le profil de la littérature compassionnelle chrétienne : "Ah ! les haillons pourris..." Et si pas toujours la parodie, le pastiche est explicite : "les mille amours qui m'ont crucifié !" (ici parodie), "et qui seront jugés !" (pastiche évident, parodie sensible non ?), tout cela finit dans un goulot d'étranglement amusant et pourtant sérieusement satirique : la crainte de l'hiver pour ceux qui connaissent la misère concrète propre à cette vie : "Et je redoute l'hiver parce que c'est la saison du comfort !" ce qui en tour elliptiuque veut dire que en hiver tu ne peux pas vivre correctement sans comfort, façon prosaïque d'entendre le rapport à la misère, loin de la dominante de la misère chrétienne de l'âme devant la clarté divine.
Rimbaud enchaîne alors avec une vision qui est à rapprocher en idée du discours à la fin de "Matin" : "Quelquefois je vois au ciel... des nations en joie." Nous passons à la modalité du discours utopique. Et c'est là que vient s'insérer notre séquence de mage prétentieux : "J'ai créé..." qui se dégrade : "J'ai essayé..." Le poète qui se séchait à l'air du crime et s'allongeait dans la boue est rendu cette fois au sol en tant que paysan, et à un travail de la terre, ce qui s'oppose à l'idée d'une vie pas assez pesante volant loin au-dessus de l'action. Et le parallèle avec la prose liminaire s'établir encore sur un autre point, puisqu'après ce renvoi au sol le poète songe à nouveau au dernier couac, mais pour envisager que la charité est soeur de la mort, ce qui revient à assimiler la charité à une force de mort, ce qui confirme donc le rejet de la charité violemment exprimé dans la prose liminaire, la fin du texte revenant au début, sachant que du point de vue logique, si le poète écrit la prose liminaire juste après "Adieu", il est normal qu'il n'y ait pas de contraste d'idée entre la charité envisagée comme soeur de la mort et son rejet catégorique dans la prose liminaire.
Le paradoxe, c'est que cette définition de la charité comme mortifère est suivie d'une demande de "pardon pour [s]'être nourri de mensonge."
Et à partir de là il y a justement dans "Adieu" une amplification finale sur l'absence de "main amie" qui loin de signifier un retour du poète à la charité formule un mépris de l'amitié feinte. Rimbauid nous dit en toutes lettres que derrière l'exaltation des vertus de la charité se cache une immense hypocrisie sociale, ce que Rimbaud n'est ni le premier ni le dernier à formuler. Et j'insiste encore sur la symétrie entre la prose liminaire et la fin de "Adieu", puisque le rire contre les couples menteurs rejoint clairement la déception vécue par le poète quand il a assis la Beauté sur ses genoux. La différence, c'est qu'au lieu de fuir il va pouvoir rire de la situation.
Tout cela, Rimbaud le dit assez explicitement, mais dans l'espèce de confusion magmatique de tous les propos tenus par le poète dans Une saison en enfer, la critique rimbaldienne parvient à ne pas le voir, à ne pas le prendre clairement en considération. Dire d'un côté que Rimbaud prétend trouver la charité pour ce monde ou dire d'un autre côté que la Saison est une espèce d'outrage permanent, tout ça ce n'est pas des lectures exactes du texte de Rimbaud, c'est des impressions de lectures qui se cristallisent sur certains passages et pas sur d'autres. Veux qui parlent d'une quête pure de la charité ou ceux qui parlent d'un recueil de pur outrage sentent très bien que leurs lectures univoques sont confrontées à mille contradictions à la lecture, mais ils ne dominent pas assez le mouvement d'ensemble du livre rimbaldien pour pouvoir discuter autrement de ce qu'ils croient avoir saisi d'important dans cette prose bien retorse.
Je m'arrête là pour cette fois, j'avais envie aussi de parler des liens que j'avais entrevu avec certains ouvrages d'Alexandre Dumas fils ou de gens réagissant par plaquettes interposées à Alexandre Dumas fils, mais ici j'ai une unité de mon sujet et je n'ai pas le loisir de passer mon après-midi à écrire la suite.

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