Le poème "Bannières de mai" est particulièrement intéressant à étudier comme poème de Rimbaud. Il est représentatif du dérèglement des rimes dans la période du printemps et de l'été 1872. Il a le toupet d'être particulièrement charmant, et cela sans profiter pourtant comme "Chanson de la plus haute Tour" et de "L'Eternité" du vers court de cinq syllabes qui précipite une certaine musicalité. Il est aussi le premier d'une série intitulée "Fêtes de la patience" qui doit être rapprochée de "Comédie de la soif", sauf que systématiquement les éditeurs et rimbaldiens opposent la perception de "Comédie de la soif" comme un seul poème subdivisé en petits poèmes de celle des "Fêtes de la patience" envisagées comme une série de quatre poèmes. C'est un poème de rapport à la Nature, ce qui suppose aussi qu'on puisse mieux en délimiter la portée symbolique. Il y a encore d'autres raisons à son intérêt. Il est le seul des quatre poèmes des "Fêtes de la patience" à ne pas être mentionné dans "Alchimie du verbe" et son brouillon correspondant. Certes, "Âge d'or" ne fera pas non plus partie du texte définitif. Et puis, il y a le fait que les "Fêtes de la patience" existent sous forme de doublon manuscrit. Initialement, la revue La Vogue a publié les quatre poèmes connus sous le titre "Fêtes de la patience" au sein du recueil des Illuminations, à partir des manuscrits qu'ils avaient en leur possession, et "Bannières de mai" a alors été publié sous le titre "Patience d'un été". Et comme l'unité des quatre poèmes n'a pas été envisagée par la revue La Vogue il n'y a ni titre alors inconnu "Fêtes de la patience", ni un défilement dans l'ordre canonique actuel. La découverte de la série manuscrite détenue par Jean Richepin a eu une incidence particulière sur les éditions des poésies de Rimbaud, puisque, pour une fois, c'est l'état manuscrit le plus ancien, celui donc qui provient de Richepin, qui a tiré à soi le prestige éditorial. Normalement, les rimbaldiens privilégient les dernières versions mises au point par l'auteur, cas à part de "Alchimie du verbe" et encore ! Mais, ici, l'état le plus ancien est le seul qui fixe un ordre aux quatre poèmes, et comme les rimbaldiens sont obnubilés par l'idée d'empêcher de remuer et voler les poèmes rimbaldiens, ils ont par exception décidés de privilégier les manuscrits de Richepin. Ajoutons que le poème est daté "Mai 1872" et qu'il entre en résonance avec plusieurs autres poèmes datés des mois de mai et juin 1872, au-delà de la série "Fêtes de la patience". Enfin, au dos de l'un des deux manuscrits connus, figure la citation du vers de la romance "C'est moi" de Desbordes-Valmore. Vous voyez que les raisons de s'intéresser à ce poème ne manquent pas.
Commençons par la période de composition. Dans la notice au Dictionnaire Rimbaud de Vaillant, Frémy et Cavallaro aux éditions Classiques Garnier, Yoshikazu Nakaji formule au sujet de "Bannières de mai" un propos que j'ai déjà appliqué à "Comédie de la soif", sinon à "Larme", "Bonne pensée du matin" et "La Rivière de Cassis", mais qui ne me paraît pas pertinent dans le cas de nos quatre poèmes. Pour moi, il est clair que si Forain n'a pas reçu les "Fêtes de la patience" et si "Âge d'or" est daté de juin et non de mai comme les trois précédents, c'est que cette série a été composé à Paris après au moins la composition de tous les manuscrits remis à Forain. Nakaji considère que les quatre "Fêtes de la patience" sont des mises au propre de poèmes qui ont dû être composés avant le retour à Paris, et on comprend la logique du raisonnement vu que ce n'est pas à Paris que Rimbaud peut admirer la Nature avec les tilleuls, les groseilliers, la prairie et ses mouches. Mais Rimbaud a-t-il vu la mer en mars-avril 1872 pour composer "L'Eternité" ? Il n'a aucune raison de reproduire un moment vécu immédiat dans les "Fêtes de la patience". Le poème a été selon toute vraisemblance composé au cours du mois de mai 1872 à Paris.
Rappelons quelques faits. A son retour à Paris, les premiers numéros de la revue La Renaissance littéraire et artistique commencent à paraître. La publication a démarré à la toute fin du mois d'avril, le 27 de mémoire, et le nom de la revue est une référence justement au printemps. Rimbaud va mentionner le mois d'avril dans "Entends comme brame..." et les quatre "Fêtes de la patience" sont à l'évidence des discours qui jouent sur l'idée de renaissance : éternité retrouvée ou avènement d'un temps où les cœurs s'éprennent. Rimbaud avait annoncé à Verlaine qu'il composait des sortes de prières, et ces "Fêtes de la patience" correspondent à des appels au printemps qui se démarquent quelque peu de l'idéologie du titre La Renaissance littéraire et artistique, et on peut à bon droit penser que Rimbaud prévoyait de lancer ces poèmes dans cette revue-là précisément.
En ce sens, je précise que le 18 mai 1872 Verlaine a publié dans la revue La Renaissance littéraire et artistique un poème alors intitulé "Romance sans parole" qui deviendra la première des "Ariettes oubliées" du recueil Romances sans paroles. Le 29 juin, la revue publiera encore sous le titre "Ariette" ce qui deviendra la cinquième des "Ariettes oubliées" dans le recueil de 1874. Et, dans ce dernier, la série des neuf "Ariettes oubliées" est datée de "Mai, juin 1872".
Le poème de Verlaine s'inspire pour de nombreux éléments de la romance "C'est moi" de Marceline Desbordes-Valmore et c'est précisément au dos du manuscrit de "Patience D'un été" que Rimbaud va citer un vers de ce poème-là précisément qui a inspiré le poème publié le 18 mai 1872 : "Prends-y garde, ô ma vie absente !"
Je ne vous apprendrai rien si je vous dis qu'on voit aussi dans ce vers la source probable de la phrase d'Une saison en enfer : "La vraie vie est absente !" Mais aviez-vous remarqué l'idée de "nuit vraie" dans la sixième des "Ariettes oubliées" :
Voici que la nuit vraie arrive...Cependant jamais fatiguéD'être inattentif et naïfFrançois les bas bleus s'en égaie.
L'idée de cet avènement de la nuit fait penser au refrain des cœurs qui s'éprennent de "Chanson de la plus haute Tour". L'emploi de "fatigué" à la rime rappelle la "fatigue amoureuse" de la première ariette de la série verlainienne, et surtout le couple "inattentif et naïf" paradoxalement complément de "fatigue" : "jamais fatigué / D'être inattentif et naïf" me fait fortement songer à ce que dit Verlaine de Rimbaud qui vira au printemps 1872 dans le naïf et l'exprès trop simple. Dans la sixième des "Ariettes oubliées", Verlaine trahit le système des rimes en surenchérissant sur un jeu de correspondance des cadences masculines et féminines que Banville avait expérimenté dans un poème en distiques de son recueil Stalactites de 1846. Notons que l'autre romance mal rimée parmi les "Ariettes oubliées" est précisément la troisième qui est flanquée en épigraphe d'une phrase attribuée à Rimbaud : "Il pleut doucement sur la ville." Verlaine va pousser le jeu moins loin que Rimbaud et surtout ne pas s'y tenir, mais la convergence est capitale au mois de mai 1872.
On peut éprouver les ressemblances de "Bannières de mai" avec "C'est moi" ou les "Ariettes oubliées".
Le poème de Marceline Desbordes-Valmore est composé de vingt-quatre vers contre vingt-six pour "Bannières de mai". Le mètre exclusif de la pièce rimbaldienne est l'octosyllabe, mais ce vers est utilisé en partie par la poétesse douaisienne dans "C'est moi", et le vers cité par Rimbaud est précisément l'un d'entre eux : "Prends-y garde, ô ma vie absente !" Le vers dominant dans "C'est moi" est plus court, il s'agit de l'hexasyllabe. "C'est moi" est composé de quatre sizains qui sont une juxtaposition d'un groupe de quatre vers de six syllabes et de deux vers de huit syllabes. Le schéma des rimes ABABAB rend indissociables les deux mesures.
Le début du poème de Desbordes-Valmore offre une similitude avec la fin de la première séquence de dix vers du poème rimbaldien :
Si ta marche attristéeS'égare au fond d'un bois,Dans la feuille agitéeReconnais-tu ma voix ?Et dans la fontaine argentée,Crois-tu me voir quand tu te vois ?
 Il est question d'une personne qui marche en s'égarant dans un bois, tandis que Rimbaud s'imagine sortir et être blessé par un rayon, et dans les deux cas l'action évoquée est hypothétique, introduite par une subordonnée en "si" :
Je sors. Si un rayon me blesseJe succomberai sur la mousse.
L'action de sortir n'est pas sous le régime de l'hypothèse, mais on a le parallèle entre le fait de s'égarer et celui de mourir. Le rapprochement de ces deux vers de Rimbaud est toutefois plus net encore avec la première des "Ariettes oubliées" : "extase langoureuse", "frissons des bois" et "herbe agitée [qui] expire". Le "cri doux" de cette "herbe" correspond quelque peu à un "maladif hallali". Le poème de Verlaine évoque une âme plaintive "Dont s'exhale l'humble antienne", âme qui se confond avec le toi et le moi. C'est très précisément le jeu de la poétesse dans ce vers déjà cité : "Crois-tu me voir quand tu te vois ?" Verlaine a repris la mention verbale "s'exhale" à la romance "C'est moi", et Rimbaud le reprendra à son tour dans le poème "L'Eternité". Le verbe "s'exhaler" suppose une certaine évaporation qui confine à la mort, ce sur quoi joue très clairement la poétesse. Je cite le deuxième sizain qui contient la mention verbale :
Qu'une rose s'effeuille,En roulant sur tes pas,Si ta pitié la cueille,Dis ! ne me plains-tu pas ?Et de ton sein, qui la recueille,Mon nom s'exhale-t-il tout bas ?
L'exhalaison est celle d'un nom, mais à sa source il y a une rose qui s'effeuille et qui se fait piétiner, avant d'être recueillie par pitié. Le poème valmorien suit une progression : la feuille agitée correspond à la voix de la poétesse dans le premier sizain et dans le deuxième sizain la description est assez subtile pour que le nom qui s'exhale vienne autant de la feuille recueillie que du cœur de celui à qui est adressé la romance. Dans le troisième sizain, après la voix et le nom, nous avons droit à un bruit qui formule les vœux de la poétesse, mot qui a un arrière-plan amoureux, et le bruit passe alors de la feuille à l'abeille, ce qui coïncide avec le contraste deux par deux des quatre premiers vers de "Bannières de mai" :
Aux branches claires des tilleulsMeurt un maladif hallali.Mais des chansons spirituellesVoltigent parmi les groseilles.
Notons la variante, grammaticalement plus étonnante, de "Patience D'un été" :
Mais des chansons spirituellesVoltigent partout les groseilles.
 L'analyse grammaticale est totalement différente d'une version à l'autre, puisque dans "Patience / D'un été", si je comprends bien, il faut lire "Mais les groseilles des chansons spirituelles voltigent partout." Notons qu'il n'est pas précisé qui chante dans la première version. Nakaji dans la notice mentionnée plus haut pense qu'il s'agit des oiseaux. Il m'est plus naturel de penser aux insectes qui "voltigent", verbe moins adéquat pour des oiseaux près d'un arbre, comme la "jeune abeille" de la troisième strophe de "C'est moi", tandis que dans "Patience / D'un été", les groseilles sont elles-mêmes les fruits du chant.
Je cite le troisième sizain de "C'est moi" et en même temps le tout dernier qui a lui aussi inspiré la première des ariettes de Verlaine avec "L'eau qui parle en courant", l'énumération et l'emploi du gallicisme "C'est".
Qu'un léger bruit t'éveille,T'annonce-t-il mes vœuxEt si la jeune abeillePasse devant tes yeux,N'entends-tu rien à ton oreille ?N'entends-tu pas ce que je veux ?La feuille frémissante,L'eau qui parle en courant,La rose languissante,Qui te cherche en mourant ;Prends-y garde, ô ma vie absente !C'est moi qui t'appelle en pleurant.
Le titre du poème "C'est moi" est la réponse aux devinettes du poème. Et la poétesse s'identifie aux éléments du décor dont le bruit doit suggérer l'indicible amour. Verlaine a repris le gallicisme, mais il l'a distribué de manière symétrique. Le gallicisme reste énigmatique dans la première strophe sizain et la réponse "C'est moi" est remodelée en fusion "nôtre et mienne" dans le troisième et dernier sizain. Notons aussi que Verlaine a évité l'emploi du mot "cœur", mais a significativement employé son homophone "chœur" pour exprimer le principe de mariage des "petites voix", principe qui est celui même de la romance valmorienne. Verlaine a recouru au cliché romantique "frissons" mais pour reprendre les idées de "feuille agitée", "feuille frémissante" et "rose languissante" : "tous les frissons des bois". Il a repris la rime "pas","tout bas" : "n'est-ce pas ?" remplaçant la question : "ne me plains-tu pas". Il est évident que "L'eau qui parle en courant" est adaptée dans "sous l'eau qui vire, / Le roulis sourd des cailloux." Il est évident que "l'herbe agitée expire" reprend "rose languissante / Qui te cherche en mourant". Verlaine ne reprend pas l'idée des pleurs, mais il la suggère, et puis il va la reprendre dans d'autres des "Ariettes oubliées", notamment dans la quatrième, celle en vers de onze syllabes qui s'inspire directement aussi de poèmes de Desbordes-Valmore.
Je cite le poème de Verlaine, puis nous allons reprendre les rapprochements sous d'autres angles.
C'est l'extase langoureuse,C'est la fatigue amoureuse,C'est tous les frissons des boisParmi l'étreinte des brises,C'est, vers les ramures grises,Le chœur des petites voix.Ô le frêle et frais murmure !Cela gazouille et susurre,Cela ressemble au cri douxQue l'herbe agitée expire...Tu dirais, sous l'eau qui vire,Le roulis sourd des cailloux.Cette âme qui se lamenteEn cette plainte dormanteC'est la nôtre, n'est-ce pas ?La mienne, dis, et la tienne,Dont s'exhale l'humble antiennePar ce tiède soir, tout bas ?
 Verlaine joue sur les allitérations, "frêle et frais murmure" étant à comparer aux assonances de "maladif hallali". Le vers qui commence par la préposition "Parmi" peut se comparer au vers "Voltigent parmi les groseilles" de Rimbaud. Les chanson spirituelles seraient tout à la fois animales et végétales "Parmi l'étreinte des brises" du côté des "ramures grises".
D'évidence, Rimbaud dans "Bannières de mai" fait écho à la première des "Ariettes oubliées" de Verlaine, au poème alors intitulé "Romance sans paroles" et en même temps fait écho à la romance "C'est moi" de la poétesse. Un point subtil qui ne m'a pas échappé : de la romance "C'est moi", Verlaine a repris exclusivement l'hexasyllabe et Rimbaud l'octosyllabe, sorte de partage voulu à partir d'un unique poème de référence qu'eux deux seuls savaient être la clef de leurs créations respectives !
Non, je me trompe par in attention, Verlaine choisit des heptasyllabes inédits, mais mon erreur m'a plu, j'en conserve la mention. 
Le mot "antienne" correspond au pluriel "chansons spirituelles" de Rimbaud. Notons une subtilité dans l'ariette verlainienne, il ne s'agit pas d'identifier le "roulis sourd des cailloux", puisque le poète met à distance cette interprétation : "Tu dirais", mais il est question d'un sentiment de mort voluptueuse et cela apparaît aussi en toutes lettres dans le poème "C'est moi" où figure ce vers qui, d'évidence là encore, est une clef pour "Bannières de mai" : "Qui te cherche en mourant[.]"
Le principe métaphorique de la poétesse repose sur une idée de communion universelle que le poème de Rimbaud tend à quasi expliciter : "L'Azur et l'onde communient", ce qui deviendra "Azur et Onde communient." Notez l'idée d'alpha et oméga dans la continuité de "Voyelles".
Notons que dans le dernier sizain de "C'est moi", nous avons une succession frappante et significative de "en mourant" à "ô ma vie absente".
Dans la logique de la poétesse, la vie absente n'est autre que l'être aimé et la mise en garde concerne cet être aimé qui doit prêter attention à la rose languissante qui le cherche tout en s'étiolant. Au deuxième sizain, cette rose était heureusement prise en pitié.
Verlaine ne se détache pas pleinement de cette métaphore, puisqu'il y a fusion en une seule âme des deux êtres aimés qui se reconnaissent donc dans tous les éléments vocaux suggérés.
Quant à l'idée d'abandon à la mort, elle est reprise par Verlaine et si elle ne semble que suggérée dans la première des "Ariettes oubliées", l'idée de mort sur un mode mineur est explicite dans la deuxième ariette dont je cite le dernier quatrain :
Ô mourir de cette mort seuletteQue s'en vont, cher amour qui t'épeuresBalançant jeunes et vieilles heures !Ô mourir de cette escarpolette !
Notons aussi que le verbe quelque peu propre à George Sanbd ("t'epeures") semble un écho au poème alors encore récent intitulé "Tête de faune".
Grâce à ce détour par la romance "C'est moi", les dix premiers vers de "Bannières de mai" sont beaucoup moins déconcertants. J'ajoute que les vers 5 et 6 au centre de cette première séquence du poème correspondent au refrain d'attente de "Chanson de la plus haute Tour" :
Que notre sang rien en nos veinesVoici s'enchevêtrer les vignes.
 On y reconnaît l'idée du "temps / où les cœurs s'éprennent". Les groseilles sont à l'image des vignes et du muscle qui fait circuler notre sang, à leur couleur aussi. Et j'en profite pour faire remarquer un écho avec le poème contemporain "La Rivière de cassis", puisque les groseilles sont assez naturelles à rapprocher du fruit qu'est le cassis. J'ajoute à cela que nous avons aussi un rapport entre deux notions opposées : "maladif hallali" contre "Mais que salubre est le vent !"
Je laisse cela de côté pour l'instant.
A la lecture d'ensemble de "Bannières de mai", on comprend aisément que le poète refuse la patience et l'ennui de quelque chose de plus grand et préfère cet appel immédiat, quitte à en mourir. Il y a un refus d'une morale de la réserve face au monde. Le poète ne veut pas se préserver face à la Nature, il consent à ce que les saisons l'usent.
Passons maintenant à un autre sujet qui m'interpelle.
La seconde version manuscrite connue est en réalité la première à avoir été publiée. Le poème a été publié en 1886 sous le titre "Patience d'un été". Avec la connaissance du manuscrit, Steve Murphy et partant les éditeurs récents du poème pensent que le titre du poème est "Patience" et que "D'un été" est un sous-titre.
Je me demande si "Patience" n'est pas le titre toujours de la série de quatre poèmes, mais abrégé en "Patience", le titre de "Bannières de mai" étant alors l'étrange complément du nom instable : "D'un été".
On peut alors comparer le titre lapidaire "Patience" au titre "Faim" dans "Alchimie du verbe", ce serait une réduction équivalente : "Fêtes de la patience"/"Patience" et "Fêtes de la faim".
Notons que les groseilles se récoltent plutôt en juin, voire en juillet qu'en mai, ce qui fait que le titre originel "Bannières de mai" serait un peu contestable, mais pas complètement, et en tout cas il faut écarter l'idée d'une scène vécue en mai et à plus forte raison en avril.
Toutefois, si "Patience" est la réduction du titre "Fêtes de la patience", la série n'est pas maintenue par une copie continue dans les manuscrits de 1886 et les éditeurs de La Vogue ont publié les quatre poèmes séparés par d'autres pièces dans leur recueil des Illuminations. Il me faudrait un peu de temps pour me confronter aux manuscrits en question. Notons que "Patience d'un été" n'a pas suivi le principe d'autres manuscrits où tous les vers commencent par des minuscules et sont en même temps déponctués.
Il y a un véritable avenir pour les études des quatre "Fêtes de la patience". "Bannières de mai" est souvent commenté à partir de l'idée de lumière du printemps tournant à l'été ou à partir de l'idée de mois de Marie ou à partir de l'idée de références, bien sûr déviantes, au discours religieux. Ici, je mets en avant les échanges entre les poèmes de Rimbaud de la même époque et ceux de Rimbaud, et je dégage l'influence tutélaire des romances de Marceline Desbordes-Valmore.
Pour sa part, dans sa notice citée plus haut au poème, Nakaji a envisagé que le passage en prose entre guillemets dans "Alchimie du verbe" correspondait par certains éléments à une version autre de "Bannières de mai".
J'ai aussi dans mon jeu de rapprochements créer une circularité où les poèmes de Verlaine et de Rimbaud se font tellement écho qu'il devient loisible de passer de la première des "Ariettes oubliées" à non seulement "Bannières de mai", mais à "Larme" avec le passage de "tiède soir" à "tiède après-midi", ce qui serait un indice que "Larme" a bien été composé à Paris en mai 1872 et en tout cas après une prise de connaissance du poème "C'est l'extase langoureuse..." de Verlaine, et j'ai osé un rapprochement entre les groseilles et le titre demeuré énigmatique "La Rivière de Cassis", l'identification au sang des victimes de la semaine sanglante n'étant pas clairement satisfaisante pour l'esprit. A noter aussi que "soir charmé" et "crépuscule embaumé" sont des expressions valmoriennes.
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