dimanche 17 décembre 2023

Avant ma recension du livre d'Alain Bardel sur Une saison en enfer...

Vous l'avez compris au titre, j'ai acheté à 19 euros le volume sur Une saison en enfer d'Alain Bardel. Je devrais le retirer mercredi.
Je prévois d'effectuer sur ce blog de solides mises au point sur le livre Une saison en enfer dans les prochains jours et je suis donc bien obligé de tenir compte des informations les plus récentes, puisqu'inévitablement Bardel est quelqu'un qui lit les publications sur Rimbaud et qui en rend compte. J'ai déjà un large aperçu des lectures de Bardel sur  Une saison en enfer. J'ai déjà échangé avec lui, je l'ai rencontré quelques fois quand je vivais à Toulouse. Je prétends que s'il n'écrit plus que la charité n'est pas la vertu théologale dans Une saison en enfer c'est parce que ça a fait partie des débats que nous avons eus. Je maintiens aussi qu'il n'est pas un rimbaldien de référence.
Et, justement, venons-en maintenant à préciser ce qu'il faut lire pour comprendre Une saison en enfer. Dans son récent ouvrage, Alain Vaillant prétend qu'il y a eu un déluge de lectures au sujet du livre Une saison en enfer et du coup on pourrait croire que les références bibliographiques forment une élite de ce qu'il convient de lire sur le fameux volume de 1873.
Ce n'est pas le cas ! Et je vais le montrer par un contraste.
En ce qui concerne Rimbaud, les meilleurs commentateurs sont ceux qui arrivent à fournir une lecture poussée sans faille d'un texte, en sachant que pratiquement tous les poèmes de Rimbaud posent des difficultés ardues. Si je me laisse de côté, les meilleurs commentaires de Rimbaud viennent de personnes qui n'ont quasi jamais écrit sur Une saison en enfer. En  clair, ni Margaret Davies, ni Pierre Brunel, ni Yoshikazu  Nakaji, ni Yann Frémy, ni Michel Murat, ni Jean Molino, ni Hiroo Yuasa, ni même Mario Richter, ni Alain Bardel, ni Danièle Bandelier ne sont cités comme ayant fait une explication décisive d'un quelconque poème de Rimbaud, pas même pour avoir mis une nouvelle perspective sur la table.
Je laisse de côté les créations dans le cadre scolaire et le poème "Les Etrennes des orphelins". Pour l'année 1870, nous avons un ensemble de 22 poèmes, une nouvelle Un coeur sous une soutane et un récit en prose "Le Rêve de Bismarck". Pour la nouvelle, Murphy, Ascione et Chambon sont ceux qui y ont consacré le plus d'énergie, je la laisse aussi de côté, ainsi que "Le Rêve de Bismarck".
Sur cet ensemble, Steve Murphy a pesé pour un ensemble conséquent de poèmes, et il y a au moins trois poèmes où il a bouleversé les perspectives : "Vénus anadyomène", "Le Châtiment de Tartufe" où il est scandaleux de ne pas admettre à sa suite l'acrostiche "Jules Cés..."  complété par la signature mordante du poète, et enfin "L'Eclatante victoire de Sarrebruck" (en tout cas, il met à mal l'idée de ramener le sonnet à une description de vignette connue). Murphy a également pas mal apporté à une meilleure compréhension de plusieurs autres poèmes de  1870.
Même si cela part au début d'une volonté de manifester l'intérêt de son expertise métrique, Benoît de Cornulier a également contribué de manière conséquente à une meilleure compréhension du sens des poèmes de 1870. Il a pesé sur "Morts de Quatre-ving-douze..." et "Ma bohême".
Jean-François Laurent a apporté une contribution décisive au "Dormeur du Val" en identifiant les allusions au Christ du poème et en soulignant qu'il était plutôt question d'une résurrection symbolique : "Il dort dans le soleil". Steve Murphy a renforcé cette lecture en soulignant la date de composition "octobre 1870" et en cherchant à établir la valeur républicaine du poème, même si sur certains points la lecture peut paraître forcée. J'ai moi-même participé à défendre cette position du débat en soulignant qu'on réduisait un peu vite la signification du sommeil  à un euphémisme. Une grande partie des phrases du poème ont une structure sujet-verbe qui ne fait que répéter "il dort", ce qui  rend un peu dérisoire la prétendue révélation finale du dernier vers. L'écrasante majorité des lecteurs continue pourtant de lire "Le  Dormeur du Val" comme un poème pacifiste, ce qu'il n'est pas du tout. Cela vient d'une alternative mal comprise ou mal posée. Les lecteurs se maintiennent dans l'habitude de lecture pacifiste pour des raisons simples, mais fortes. D'abord, ils ont été habitués à cette lecture officiellement par l'effet doxa. Ensuite, c'est une impression qui se défend à la lecture et qui s'explique par la force de cruauté du dernier vers : "[...] Il  a deux trous rouges au côté droit." C'est une lecture entièrement fondée sur l'acceptation du principe de la chute du dernier vers. Enfin, si le poème est républicain, pourquoi finir sur la mention des "trous rouges" ? Et c'est là que l'alternative doit être mieux posée. Le poème est républicain, mais cela ne veut pas dire que la mort y soit présentée de gaieté de coeur, sans aucun sentiment pathétique.
Enfin, en ce qui concerne "Roman", la lecture de référence est celle de Christophe Bataillé à ses débuts dans la revue Parade sauvage. Malheureusement, par la suite, il n'y a plus eu d'autres articles de Bataillé qui  m'ait semblé devoir faire aussi nettement référence. L'article de Bataillé avait l'intérêt de creuser les références de Rimbaud prises sur le vif à la ville de Douai,  avec les parfums de bière de la ville qui renvoyaient à son activité brassicole. Et en fait de renouvellement de la perspective, Bataillé établissait une lecture suivie où le célèbre vers : "On n'est pas sérieux, quand on a dix-sept ans" n'était plus un slogan rebelle du poète, mais au contraire un propos de vieux qui rabâche sa sagesse. Il va de soi que la leçon des vieux triomphe dans le poème, mais on échappe au slogan libertaire, pour une comédie satirique plus fine, tout en nuances subtiles. J'ai moi-même participé au débat sur "Roman". J'ai d'abord trouvé bon de rappeler que le motif de la promenade était un cliché, notamment chez Flaubert, et surtout, en bon lecteur de la biographie   de Rimbaud parue chez Fayard, autrement dit en bon lecteur qui sait faire quelque chose des informations, j'ai fait le rapprochement entre la date de naissance du fils de Demeny qu'il a eu avec une femme de dix-sept ans et la date de composition de "Roman".
Il est un autre poème qu'il convient de citer :  "Rages de Césars". Dans l'Œuvre-Vie, édition du centenaire dirigée par Alain Borer, Marc Ascione a produit une étude poussée de  ce poème, concurrente de celle publiée par Steve Murphy la même  année, et s'il faudrait relire les deux études pour les départager, il y a quand même un fait troublant dans la lecture d'Ascione qu'aucun rimbaldien, à part moi, ne rapporte jamais, comme si aucun rimbaldien n'avait lu les articles d'Ascione ni l'Œuvre-Vie. En fait, Ascione dit carrément que le sonnet pourrait être postérieur au 14 octobre 1870, puisqu'il ferait allusion à l'incendie du château de Wilhelmshohe. Jusqu'à présent, seuls sept sonnets du dossier remis à Demeny sont admis comme des compositions d'octobre 1870, tous les autres poèmes sont considérés comme antérieurs au mois d'octobre, et à ceux qui me diront que tel n'est pas le cas, qu'ils pensent autrement, je rappelle qu'on oppose clairement l'ensemble de sept sonnets sur du papier distinct, des cinq autres sonnets du premier ensemble manuscrit.
Pour les autres poèmes de 1870, il n'y a pas d'études de référence. Je précise tout de même mes petits exploits. J'ai identifié les références aux poèmes de Musset, et au-delà à Glatigny et Ofenbach, dans "Les Reparties de Nina", et j'ai démontré avec les conséquences énormes que cela laisse supposer que les sizains de "Ma Bohême" et les sizains de "Rêvé pour l'hiver" réécrivaient un sizain du poème final des Odes funambulesques de Banville et le dernier sizain de "A une Muse folle", le dernier poème de l'édition originale des Cariatides en 1842. J'ai également identifié le poème "Au désir" de Sully Prudhomme comme modèle formel suivi par Rimbaud dans la composition de "Rêvé pour l'hiver".
Passons maintenant aux poèmes de l'année 1871 et du début de l'année 1872, hors Album zutique.
Une lecture qui a eu un retentissement particulier est celle d'Yves Reboul au sujet du poème "L'Homme juste", paradoxalement le poème désespérément tronqué. En 1985, dans le numéro 2 de la revue Parade sauvage, il a déclaré absurde qu'il puisse être question du Christ et il a identifié que Rimbaud s'adressait à Victor Hugo. Notons tout de même que bien plus tard Steve Murphy a lui-même apporté une contribution importante à ce poème. C'est un poème sur lequel j'ai apporté un tout autre type de contribution décisive, puisqu'en consultant le fac-similé disponible depuis la fin du millénaire précédent j'ai déchiffré deux vers prétendus illisibles. Et tout cela intéresse de près le livre  Une saison en enfer si vous y réfléchissez bien. Hugo voulait l'amnistie pour les réfugiés et prisonniers communards. Rimbaud n'attaque pas que les discours réactionnaires. Des démarches plus conciliantes peuvent aussi l'irriter au plus haut point. Et Rimbaud épingle la notion de "Juste", ce qui coïncide parfaitement avec le début de la prose liminaire, la Beauté  amère est injuriée et le poète s'arme contre la justice, et il rejette plus loin la charité, comme ici il se moque de ce Juste qui dit "charités crasseuses et progrès" !
Le poème "Les Premières communions" a lui aussi été abondamment commenté, contre les obstinations d'Antoine Fongaro, par une série d'articles convergents de Marc Ascione, Steve Murphy et Benoît de Cornulier.
Et en fait de versification régulière, il y a le poème tardif "Les Mains de Jeanne-Marie" dont les études de référence viennent d'Yves Reboul et de Steve Murphy, avec certains conflits de points de vue qui demeurent toutefois. Avant moi, apparemment, car j'ai trouvé ce résultat de manière indépendante, Georges Kliebenstein a identifié la ville de Khengavar, et il y a deux publications de Kliebenstein dont tenir compte sur le sujet, parce qu'il a fait un progrès sur la question orthographique de l'un à l'autre article. J'estime avoir moi-même apporté un élément important quant aux "Mains de Jeanne-Marie" en signalant à l'attention le livre de Théophile Gautier d'actualité Tableaux du siège, ouvrage où le grand poète peste sur les communards et célèbre la Madone de Strasbourg... Notons aussi que cela peut intéresser la lecture d'Une saison en enfer où cette le fois le poète s'écriera qu'il "n'aura jamais sa main", parallèle de discours métaphorique sur les entraves et l'aliénation.
En ce qui concerne "Les Corbeaux", le débat est à mettre entre ma lecture et celle d'Yves Reboul, sachant que j'apporte les rimes de la fin du poème "Plus de sang" de Coppée" quand Reboul amène la mention "claire-voies" dans l'avant-dernier poème de L'Année terrible. Il reste un problème de débat, puisqu'il faut achever de relier "soir charmé" et "crépuscule embaumé" entre "Les Corbeaux" et "Le Bateau ivre", ce que ne fait pas du tout Reboul dans son article, et ce qui pour moi pose problème.
Je vais me retenir de fixer les lectures de référence sur d'autres poèmes en vers réguliers de 1871 et du début de 1872.
Passons aux poèmes de l'Album zutique. J'en suis le spécialiste évident, malgré l'imposture du livre de Teyssèdre qui s'attribue ma découverte sur la chronologie des compositions. J'ai identifié les créations à partir de reprises de Belmontet pour "Vieux de la vieille" et les "Hypotyposes saturniennes ex Belmontet", j'ai identifié les sources chez Armand Silvestre pour le quatrain "Lys". J'ai identifié les réécritures d'Amédée Pommier dans les sonnets intitulés "Conneries" et dans l'ensemble des sonnets en vers d'une syllabe de tout l'Album zutique. J'ai identifié la source chez Ricard du monostiche  zutique rimbaldien, et je précise qu'il y a encore un gros travail de mise au point à faire sur sa signification. J'ai fait divers apports en ce qui concerne les parodies de Coppée et j'ai notamment identifié comme source aux "Remembrances du vieillard idiot" le récit en prose "Ce qu'on prend pour une vocation". Pour "Vu à Rome", j'ai identifié pas mal de sources dans les poèmes de Léon Dierx, mais je prends le temps encore de laisser mûrir tout cela. Le "schismatique" renvoie sans doute à l'actualité des vieux catholiques en Allemagne.
Steve Murphy fait partie des rares à avoir commenté longtemps avant l'engouement du millénaire des productions zutiques obscènes. Malheureusement, certaines lectures sont particulièrement forcées, je pense notamment au dizain "J'occupais un wagon..." 
Murphy a quelques lectures zutiques de référence, avec "Le Sonnet du  Trou du  Cul" et "Jeune goinfre". Yves  Reboul a une lecture importante du sonnet "Paris". Enfin, en ce qui concerne "L'Angelot maudit", pour lequel j'ai identifié une réécriture de "L'Heure du berger" de Verlaine et aussi le modèle de poèmes satiriques du dix-huitième siècle, la plus belle contribution est celle sur le cloaque et la traduction de Dante par Ratisbonne que nous a fournie Benoît de Cornulier.
Alors, sur les poèmes en vers réguliers, je n'ai pas cité Antoine Fongaro qui a contribué à pas mal d'élucidations intéressantes sur des détails des textes, ni les enquêtes lexicales de Jean-Pierre Chambon.
Passons maintenant aux poèmes en vers irréguliers de 1872.
Sur "Tête de faune", en ce qui concerne le sens et les sources, Murphy a pesé par une lecture proposée en 1990, mais pour la métrique c'est moi qui ai coiffé tout le monde. Dès Théorie du vers, Cornulier a considéré que le poème semblait changer de mesure quatrain par quatrain. Et il a été suivi par Jean-Pierre Bobillot, Jean-Michel Gouvard, Michel Murat, Philippe Rocher, Marc Dominicy, Alain Chevrier. Non, la césure est après la quatrième syllabe tout au long du poème.
Pour les poèmes en vers irréguliers, je suis le meilleur spécialiste des césures. J'ai dépassé Cornulier, j'ai identifié la régularité forcée des césures dans "Qu'est-ce", "Mémoire", "Jeune ménage", "Juillet", et j'ai mis en avant l'idée que la césure était après la quatrième syllabe dans les vers rimbaldiens de onze syllabes, avec en tout cas un immensément haut degré de probabilité dans le cas de "Larme". Et j'ai mis en avant l'influence de Marceline Desbordes-Valmore sur la composition et la signification de "Larme" par la même occasion.
Au plan du sens, Benoît de Cornulier a tout de même son lot de contributions décisives avec "Qu'est-ce" et "Jeune ménage", si ce n'est que j'ai amélioré la lecture pour le sens de "Qu'est-ce" par une analyse des effets de sens à la césure. Cornulier a identifié également qui était Henriette dans "Juillet", ce qu'il a trop peu mis en valeur dans une lecture pour le reste complètement erronée du poème. Yves Reboul a donné une lecture qui a fait date au sujet de "Michel et Christine", et pour "Bonne pensée du matin", nous avons à nouveau une concurrence entre les articles de Reboul et Murphy.
Il n'existe pas vraiment de lecture de référence pour les autres poèmes en vers irréguliers de 1872, ni pour "Les Déserts de l'amour".
Pour les proses qui réécrivent parodiquement et satiriquement des passages des évangiles, la lecture de référence est celle d'articles d'Yves Reboul qui établissent que Rimbaud répond à Ernest Renan.
Alors, il existe des textes de Renan plus tardifs qui n'ont pu inspirer le Rimbaud écrivant des poèmes en 1871 ou 1872 ou 1873, mais Rimbaud répond alors à la Vie de Jésus et il faut rappeler que Renan est déjà cité dans "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs". Rimbaud connaissait très bien, au vu de sa lettre à Demeny du 15 mai 1871, les écrivains d'une nature plus intellectuelle : Lamennais ou Taine, il cite les historiens Quinet et Michelet dans sa lettre à Andrieu en juin 1874, et la liaison de Renan à Quinet a du sens autour d'Une saison en enfer.
J'ai laissé de côté le cas des travaux de Jacques Bienvenu. Il a des capacités scientifiques de détective non négligeables et il a un rôle important à souligner l'influence de Banville et tout particulièrement de son traité, mais Bienvenu ne fournit pas des lectures suivies des poèmes.
Et puis quant à Une saison en enfer tous ces commentateurs de référence disparaissent. Il existe quelques articles à la marge de Bataillé, mais peu, dont l'un purement d'analyse formel de l'édition originale. Murphy a publié des articles  sur la Saison dans un volume collectif qu'il dirigeait et dans un autre volume dirigé par Yann Frémy, mais il s'en est tenu à des généralités, à des analyses autour de la création de ce livre, à des mises en garde, à des mises en contexte, mais je ne connais pas d'études de Steve Murphy qui se soit affrontée au sens du livre Une saison en enfer et à l'interprétation de sections ou de passages entiers. Cornulier, Reboul et même Ascione n'ont rien publié sur Une saison en enfer. Concédons toutefois le cas particulier d'Antoine Fongaro qui commente des détails d'Une saison en enfer, comme de tout le reste des écrits de Rimbaud.
Puis, on passe aux poèmes en prose, Les Illuminations. On va retrouver des articles importants de Murphy ou Reboul, même s'ils sont peu nombreux. On retrouve les interventions nombreuses d'Antoine Fongaro. Et puis, il y a un nouveau venu, Bruno Claisse. Il n'a quasi rien écrit sur les poèmes en vers, mais il a publié quantité d'articles sur les poèmes en prose. Il n'est pas apprécié de tous les rimbaldiens, mais pour Frémy, Bardel, Murphy, Fongaro, moi-même, Ascione, et quelques autres, c'est un réel spécialiste des poèmes en prose rimbaldiens, et des gens comme Murphy, et en tout cas (je l'ai entendu de mes oreilles) Ascione, disaient qu'il était capable de ce fait exceptionnel de donner une lecture d'ensemble d'un poème en prose de Rimbaud qui se tenait quand les gens s'en tenaient à des lectures de certains passages et à des analyses affaiblies d'interrogations hésitantes. Ce que j'écris est de moi, mais c'était ça l'idée. Alors, je ne vais pas faire le bilan des articles de référence sur les poèmes en prose. On s'arrête là.
Je reviens toutefois sur le cas de Bruno Claisse. A la fin de sa vie, tout de même, il a lâché deux articles sur Une saison en enfer. Et, en plus, puisque j'ai eu des échanges sur Une saison en enfer je peux vous dire qu'il se sentait très proche de ce que j'écrivais en 2009 et 2010 dans les volumes collectifs dirigés l'un par Murphy, l'autre par Frémy. Le point qui m'en éloignait, c'était évidemment que je n'acceptais pas qu'on parle de monisme pour refuser le dualisme à la lecture d'Une saison en enfer. C'était le travers de Mario Richter et aussi celui de Claisse depuis qu'il était sous l'influence des théories d'Henri Meschonnic. Mais, j'ai débattu du détail du texte de la Saison avec Claisse pour la prose liminaire, "Mauvais sang" et la fin de "Alchimie du verbe", et il m'exposait ses idées sur "Il faut être absolument moderne." Claisse avait effectué une lecture phrase par phrase d'Une saison en enfer dans le cadre de son travail d'enseignant dans une école normale supérieure, travail inédit pour les rimbaldiens, puisque finalement Claisse n'a publié que deux articles. Toutefois, cette lecture n'était pas exempte de faiblesses. Claisse s'appuyait bien évidemment sur les travaux antérieurs de Brunel et de Nakaji, et par exemple il était comme moi sous l'influence de cette idée que la "Nuit de l'enfer" c'était la fausse conversion du christianisme. Mais il y avait des parties de l'oeuvre qu'il commençait petit à petit à maîtriser, et il ne faut pas perdre de vue que Claisse était un chercheur qui remettait en cause ses propres travaux. Il a fait évoluer sa lecture de "Marine" avec celle de "Mouvement", surtout il a répudié sa lecture initiale de "Barbare", il a contredit son premier article sur "Solde" par un second, et il a fait pareil avec "Matinée d'ivresse". Il a transformé sa lecture d'un poème "Villes". Et dans le cas de la phrase : "Il faut être absolument moderne", il est passé d'une adhésion à ce qu'en disait Meschonnic à une remise en cause personnelle où cette fois Meschonnic se trompait.
La recherche de Claisse sur Une saison en enfer avait ceci d'intéressant et d'important qu'elle était motivée par l'idée que Rimbaud combattait les mensonges idéologiques, ceux de la partie adverse, comme ceux de son milieu de révolte. Et la dialectique lui donnait des résultats intéressants, et il appréciait de voir une démarche dialectique similaire dans les travaux d'Hiroo Yuasa, lequel a fait une conférence en présence de moi et Claisse lors du colloque de Charleville-Mézières en 2004, sinon en 2002. Mes échanges autour d'Une saison en enfer eurent de l'importance en 2009 avec Bruno Claisse, après sa santé a décliné, puis il y a eu l'affaire Teyssèdre et ma première phase de rupture avec les rimbaldiens.
Voilà le tableau par quelqu'un qui ne parle pas la langue de bois et qui est bien placé, banni du monde des rimbaldiens, pour dire clairement ce qu'il pense.
Donc, tout ça pour  dire que quand on exhibe l'édition critique de Pierre Brunel chez José Corti en 1987, le livre de Yoshikazu Nakaji tiré d'une thèse publié toujours en 1987 chez José Corti, le livre de Frémy, les ouvrages anciens de Margaret Davies (années 1970) ou les actualités d'Alain Vaillant, d'Alain Bardel et d'Aline Pourquellerevienne, ce n'est jamais que du "à défaut". Même les pages de Michel Murat dans le remaniement de son livre L'Art de Rimbaud ne répondent pas aux attentes d'une révolution critique utile à une meilleure compréhension du texte.
Le livre de Pierre Brunel soutient quantité d'idées qu'on sent bien toutes personnelles et facilement contestables. On ne ressort pas de la lecture du livre de Nakaji avec des idées claires sur la signification d'Une saison en enfer.
Il faut faire un sort aux ouvrages de Margaret Davies. Il s'agit d'un cas très particulier. Il s'agit d'une critique dont le français n'est pas la langue maternelle, mais cela ne serait rien, Steve Murphy est dans ce cas, mais il s'agit de publications du début de la décennie 1970. De plus, les autres publications de Margaret Davies sur Rimbaud ne sont pas du tout prises au sérieux par les rimbaldiens actuels, et le discrédit avait touché les livres de Davies sur Une saison en enfer. Dans les années 1990 et au début des années 2000, les trois ouvrages considérés comme de référence sur Une saison en  enfer étaient l'édition critique de Brunel, le livre de Nakaji et le livre de Bandelier (livre d'analyse formelle qui ne dit rien du sens de l'oeuvre). Il n'était pas question de citer Margaret Davies. Celui qui a réagi contre cette anomalie, c'est moi-même. C'est moi qui ai écrit et fait savoir aux rimbaldiens qu'elle devait être citée au même titre que Brunel, Nakaji ou Bandelier, et surtout c'est moi qui ai dit que c'était même la meilleure lecture d'entre les ouvrages dits de référence. De Davies, je possède la première étude et puis le livre lui-même qui a suivi.
C'est important de comprendre tout ça et de voir  comment les rimbaldiens vous manipulent. Parce qu'ils citent à nouveau Margaret Davies, mais ils ne vous diront pas pourquoi ils la remettent en avant après un séjour au Purgatoire. Margaret Davies n'est pas efficace sur d'autres parties de l'oeuvre, donc elle est suspecte ou insuffisante sur Une saison en enfer. C'est comme ça que pensent les rimbaldiens. Ils ne cherchent pas plus loin. Et ce n'est pas tout. Au moment du centenaire de la mort de Rimbaud, il y a eu un  colloque où un universitaire ne publiant pas spécialement sur Rimbaud, Jean Molino, a remarqué une contradiction évidente dans la lecture d'Une saison en enfer soutenue par Pierre Brunel et il a commencé à théoriser de manière compliquée le rapport du poète à des illusions provoquées par Satan, et il a commencé à soutenir que la notion de "charité" de l'ouvrage ne renvoyait pas à la vertu théologale. Nakaji a été sous l'influence de cette lecture, Bardel aussi comme l'attestent les versions anciennes des écrits publiés sur son site. Il y avait du coup de bonnes raisons d'écarter la mention de l'ouvrage de Davies, l'allusion à la vertu théologale, c'était la lecture trop simple ! En clair, Davies, sans avoir une clairvoyance extraordinaire, avait une lecture correcte de l'ensemble de la prose liminaire, mais comme ce n'était pas une rimbaldienne impressionnante et que le discours sur les notions se complexifiait on a eu pendant deux décennies des rimbaldiens qui pouvaient ne pas la citer puisque le récit était complexe et que la "charité" ce n'était pas la vertu théologale. Le fait de vouloir à tout prix identifier une allusion à Baudelaire dans l'allégorie de la Beauté injuriée aggravait cette situation critique étrange où la lecture simple de Davies, lecture de bon sens, cédait le pas à des considérations brumeuses complexes. Et je dois ajouter un autre sujet pour l'avenir, c'est le cas de "Nuit de l'enfer" où moi-même je me suis planté. J'ai commis l'erreur de trouver subtile de considérer que le baptême ou la conversion c'était le poison béni conduisant à la "Nuit de l'enfer". Le poète n'était pas chrétien dans "Mauvais sang", mais il reprochait son "baptême" à ses parents. Tant pis pour ma fierté, je me suis planté. Je n'ai pas envie de m'obliger à lire Rimbaud de travers pour sauver la face. Cette erreur était aussi commise par Claisse, et je pense qu'il faudrait en faire la chronologie, parce qu'elle est déjà dans les lectures de Brunel et de Nakaji en 1987. Je dois relire ce que dit Davies elle-même, je l'ai déjà su clairement, mais j'ai le droit comme tout le monde d'oublier. J'oublie parfois même mes propres mises au point passées, mais, en tout cas, je vais faire un grand travail de mise au point sur l'articulation de "Nuit de l'enfer" dans l'ensemble du livre de Rimbaud et je vais pas mal commenter l'enchaînement de "Mauvais sang" à "Nuit de l'enfer" en pistant les risques de contradiction, etc.
De mémoire, en ce qui concerne "Nuit de l'enfer", je me suis démenti d'un article à l'autre, de 2009 à  20 10.
En tout cas, dès 2005, j'ai publié sur le sens de la prose liminaire dans un colloque de la revue Parade sauvage, et dans mes deux articles de 2009 et 2010 j 'ai planté pas mal de clous, et j'ai fait un sort important à l'article de Molino, et même si j'ai continué et approfondi cela sur mon blog, quelque chose d'essentiel avait été dit en 2010.
J'y reviens sans arrêt et je vais le faire jusqu'à la forme ultime mais c'est moi qui ai raison sur le sens de la prose liminaire. Parce que ce qui est marquant, c'est que les gens n'ont pas mesuré les implications contraignantes de mon article, ni Vaillant, ni Bardel (vu son site), ni Murat, ni qui que ce soit. Je vais finir par produire un article où je citerai plusieurs fois le texte de Rimbaud et je mettrai des filtres de couleurs pour qu'on voie concrètement comment chacun lit le texte : Brunel, Molino,  Murat, Vaillant, Bardel, moi, et ainsi de suite.
Prochainement, je vais achever de rendre compte du livre de Vaillant sur la Saison, mais je viens de relire ses articles plus anciens. Il y a un truc étrange. Dans ses articles plus anciens, Vaillant met en place un grand discours méthodologique très calibré, il fait plein de remarques intéressantes et justes sur le dix-neuvième siècle, sur ce que peut être l'état d'esprit d'un jeune de dix-neuf ans au dix-neuvième siècle, et puis ça se gâte quand il commente le texte lui-même, mais surtout à l'époque il ne mettait pas en avant ainsi l'autobiographique, il lui ménageait une place, mais il mettait nettement en garde contre ce genre de clef de lecture, et du coup on s'étonne à la lecture de son ouvrage de 2023 tant il effectue un virage à 180 degrés et tourne le dos à ses propos méthodologiques, comme s'il avait trouvé tellement dur de déchiffrer le sens qu'il avait préféré renoncer à la méthode. C'est singulier.
Je vais revenir sur tout cela prochainement.
Pour ce qui est de la lecture de Bardel, il faut attendre, mais en-dehors de son site il y a ses articles dans des revues, je suis tombé sur un passage sur "Mauvais sang" dans le volume rennois dirigé par Murphy en 2009.
En fait, j'ai publié récemment coup sur coup deux articles prouvant l'importance de la lecture de Quinet. Le premier article "explanations à la Quinet" est très suggestif avec une belle exploitation en introduction de la lettre à Andrieu et un lot de citations vertigineuses, et puis l'article le plus fort c'est celui sur "l'enfer des femmes". Il y a une étude suivie, une véritable identification de la source convoquée par Rimbaud, je montre bien la présence du péché de la luxure en reliant significativement des passages entre eux, et j'éclaire un passage de la fin du livre, de la fin de "Adieu", et ce qui est génial, c'est que au lieu du débat attendu sur "Il faut être absolument moderne" ou sur "posséder la vérité dans une âme et un corps", je jette une lumière limpide sur une autre énigme qu'on considérait secondaire mais tout aussi déroutante : pourquoi le poème dit-il "j'ai vu l'enfer des femmes là-bas" . J'ai élucidé ce passage sans laisser le moindre reste et, du coup, ça va donner de nouveaux ressorts pour l'analyse de "posséder la vérité dans une âme et un corps". Je permets de repenser la cohérence finale, le mot de la fin, alors qu'on hésite sur ce que Rimbaud veut dire et qu'on hésite même à le prendre au sérieux. On se dit que Rimbaud fanfaronne et fait semblant d'être sorti de l'enfer. Là, quelque chose s'est mis en place. Moi, je suis naïf, je me dis que puisque Bardel est un passionné et que de plus il considère que son site veut fournir de l'information sur Rimbaud, il est obligé de référencer l'un ou l'autre de mes deux derniers articles, et il ne le fait pas. J'essaie de comprendre comment cela est possible. Ne pas citer quelque chose d'aussi important comme information rimbaldienne, parce que je suis persona non grata, c'est problématique. Mais que je sois persona non grata ou poil à gratter, vous imaginez qu'il est plus important de déformer la vérité sur Rimbaud pour ne pas me citer. Il est plus important que je n'existe pas que de faire exister Rimbaud. Il est plus important de dire le contraire de ce que je dis que de dire la vérité sur Rimbaud. Ce que je dis sur Quinet, c'est bien, ça permet de mieux comprendre et apprécier Rimbaud à la lecture, mais comme ça vient de moi, il faut ménager la vie de façade des rimbaldiens et de tout un milieu. Vous dites aimer Rimbaud, mais votre attitude n'est pas logique. Et puis, je n'ose pas imaginer comment tout ça doit travailler dans le for intérieur.
Moi, je vais acheter le livre de Bardel, je l'ai déjà acheté d'ailleurs, je vais le lire quand il arrivera, et je vais voir si je peux en faire un profit pour mieux comprendre Rimbaud. Il y a plein de façons de faire, soit je suis d'accord avec un développement, soit on m'apporte une piste, soit je ne suis pas d'accord et j'analyse ce qui ne va pas, soit ça me paraît faux et  révolté je me donne avec énergie pour apporter une  solution argumentée.
C'est ça que je vais faire et je vais en rendre compte. Et je fais ça avec tous les commentateurs de Rimbaud.
Pourquoi m'en empêcher ?
Et donc j'essaie de comprendre le blocage autrement aussi. Bardel fait une lecture de "Mauvais sang" où il y a le traumatisme de la Commune, où il y a un discours politique et social derrière les formules spirituelles étranges, etc. Mais Bardel ramène très nettement le discours de Rimbaud au quant-à-soi biographique. Le traumatisme de la Commune, quand Bardel en parle, c'est celui de Rimbaud dans son être. Bardel identifie la Vierge folle à Verlaine sans autre forme de procès, mais même au-delà de ça Bardel fait partie de la majorité des lecteurs qui lisent le discours de "Mauvais sang" comme personnel. Il y a un bon point, c'est que Bardel considère que le discours de Rimbaud est informé, et on a droit à tel mythe du gaulois selon Augustin Thierry, mais ce qu'il manque à l'analyse de Bardel c'est de considérer que Rimbaud ne raisonne pas d'un jet profus de lui-même, c'est un poète qui produit à partir d'une référence constante à des discours externes. Et il faut que j'arrive à convaincre le public rimbaldien que c'est le noeud du problème. Selon Bardel, chaque phrase correspond à un sursaut profond de Rimbaud lui-même, l'érudition n'est que par-dessus ses émois personnels. Le caractère concerté de l'écriture rimbaldienne échappe encore à Bardel. En réalité, Rimbaud il tisse sa parole en fonction d'arrière-plans très médités. C'est le rapport du poète à sa parole écrite qui est à revoir, sachant que dans le cas du livre de 1873 on  a un paradoxe d'une composition élaborée sous une apparence de paroles décousues spontanées. J'ai l'impression que pour Bardel les sources de Quinet seront perçues, s'il doit un jour en rendre compte, comme utiles, enrichissant la compréhension, mais pas comme d'habiles jeux de miroir. Rimbaud dit qu'il n'a plus de foi en l'histoire, et pourtant il n'arrête pas de s'y référer, fait remarquer je crois Bardel dans son article de 2009, mais "Mauvais sang"  ne donne justement pas "foi" (mot clef, notez-le au passage) à l'histoire officielle. C'est un texte d'affrontement au discours national officiel.
Pour l'instant, pour les rimbaldiens, ce que je peux dire sur l'influence de Quinet, ce n'est pas plus que ce que eux disent sur le mythe du gaulois chez Augustin Thierry, et je vais devoir me battre à nouveau pour affirmer que le lien est indispensable à la compréhension du livre de Rimbaud.
Tout ça va arriver  bientôt, allons dormir pour cette fois.

Petit bonus : à propos de la phrase "Après, la domesticité même trop loin", Brunel nous apprend dans son édition critique que la correction "mène" date de 1898, elle est postérieure à la mort de Verlaine lui-même ! Elle n'a aucune légitimité particulière.
J'ai trouvé une liste des 1001 verbes les plus courants en français, et j'ai commencé à faire mes propres essais, parce qu'évidemment si un verbe a été oublié par le typographe c'est vraisemblablement un verbe courant et court, pas un verbe long et mémorable. Il n'y a pas tant de possibilités que ça, j'en ai quelques-unes, j'en rendrai compte le moment venu.

4 commentaires:

  1. Un petit correctif à propos de la lecture du prologue par Davies. Même si sa lecture d'ensemble était la meilleure, pour le festin elle le voyait comme païen et antérieur au christianisme. La charité était rejetée comme clef au festin païen. Brunel critique à raison cette lecture de Davies dans son édition critique. Malgré la contradiction que lui reprocha ensuite Molino, Brunel mettait en garde contre la lecture réductrice par l'autobiographie du "dernier couac", il disait avec justesse que le texte donnait des repères sur la signification chrétienne du "festin", alors qu'au plan des sources la référence païenne est bien documentée. Brunel rejoint moi, Claisse et Laurent pour dire que les "lâchetés en retard" ne sont pas des poèmes en attente, et il dit que l'hypothèse d'une allusion aux Illuminations vient d'un certain Thisse. Vaillant fait comme si cette idée était une thèse récente et rare, puisque nouvelle, de Murat. Mais Brunel fait aussi l'hypothèse et cette fois il se trompe, que les lâchetés sont les velléités de retour au festin, que Satan piège le poète par le "festin" et les bonnes intentions, etc. Et Brunel prépare le glissement de la charité vertu théologale à une charité dans la relation à Verlaine.
    Il y a une grande étude à faire sur les hypothèses critiques déformantes appliquées à Une saison en enfer.

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    1. Autre complément important.
      Pour le festin, Brunel cite un passage de l'évangile selon saint Mathieu, il en cite même deux dans ses notes. Et justement, c'est intéressant de voir ça de plus près. Le festin décrit par Mathieu ne correspond pas au récit de concorde rimbaldien, et les tenants d'agapes antiques pourraient s'accrocher, mais pourtant la citation de Mathieu permet de considérer des liens transversaux dans Une saison en enfer.
      Le festin, c'est comme les noces au royaume des cieux entre un roi et son fils, dans le texte de Mathieu (XXII, 2-10), et donc il y a des invitations mais "ceux qui ont été appelés n'en ont pas été dignes", car "ils refusèrent d'y venir", un peu comme notre poète pendant le festin a brisé les coeurs et fait couler le vin par terre en injuriant la Beauté. Et Brunel cite ailleurs, je ne sais plus où, un passage avec la formule "grincement de dents", qui est une formule biblique consacrée pour caractériser ceux qui sont damnés pour avoir refuser l'au-delà chrétien. Et il y a aussi le mot des élus, puisque du coup la noce va faire la part des élus. Donc, on a la chaîne "festins", "faux élus", et "grincements de dents" qui s'affirme comme suite logique articulée dans la Saison.
      Brunel cite d'ailleurs deux ouvrages de Quinet Le Génie de la religion et un texte sur Herder. Il cite aussi un volume de 1868 de Proudhon. Il cite l'Histoire de France de Michelet. Certes, il privilégie Lamennais, mais derrière il a tout de même naturellement ciblé les sources probables de "Mauvais sang", alors que Nakaji, Frémy , etc., n'ont pas repris le travail sur ces sources...

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  2. Je viens de mettre en ligne la première partie d'une étude sur les mentions du mensonge, des vices et des péchés capitaux dans Une saison en enfer, j'effectue des relevés et j'accompagne cela de la revue symétrique des vertus théologales.
    La première partie a traité à nouveau de la prose liminaire, j'ai cité des passages de l'édition critique de Brunel, et puis j'ai fait une étude sur "Adieu". Vous m'en direz des nouvelles !
    C'est sur mon blog consacré exclusivement à Une saison en enfer, je vais y enchaîner les articles dans les jours qui viennent, car je suis en ébullition ! Voici le lien :

    https://lecturedunesaisonenfer.blogspot.com/2023/12/les-mentions-des-peches-capitaux-du.html

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  3. Voilà. J'ai le livre de Bardel sous la main. Coincidencev j'ai employé hier l'expression valeurs négatives en un article.
    Mais bon pleon de contresens. Une absence totale d'analyse des sources d'historiens Quinet Michèle Proudhon alors que c'est dans Brunel 87 et Laforgue 2009.. je vais faire une recension du tonnerre en mettant en avant mes nouveautés dont hier sur Adieu.

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