L'écrasante majorité des lecteurs a un rapport superficiel à la versification d'un poème
Il est admis que la forme donne un rythme mesuré régulier et que la structure des rimes et des strophes contribue à la recherche d'élégance de l'énoncé, mais la versification n'est pas impliquée dans un effort de compréhension à la lecture
Reprenons le cas de Voyelles Le lecteur doit prendre en considération plusieurs éléments : les rimes, les positions de mots à la césure ou en fin de vers, les phénomènes de rejets et contre-rejets, les hémistiches et envisager encore les relations entre les strophes, séquences ou modules
Une figure supplémentaire apparaît dans Voyelles avec le non respect de l'alternance des cadences féminines et masculines
Sur un plan prosodique, la poésie favorise également les rapprochements du côté des répétitions et du côté des reprises de phonèmes
Pour les rimes, nous avons deux paires dans le premier quatrain : "voyelles"::"cruelles" et "latentes"::"éclatantes", mais il faut songer ici que les deux paires du second quatrain reprennent les mêmes rimes ensuite : "ombelles"::"belles" et "tentes"::"pénitentes"
La rime "latentes"::"éclatantes" est facile à suivre : "latentes" suppose par étymologie "ce qui est caché", mais l'étymologie est parfois moins pertinente qu'un sens plus spécifié et il faut entendre surtout "ce qui ne se manifeste pas ou pas encore ou pas pleinement" Le mot "éclatantes" fait contraste à "latentes" et en même temps le contient, l'inclut phonétiquement On peut entendre à l'oreille "latentes" dans "éclatantes", la naissance latente du "A noir" s'articule dans quelque chose d'éclatant
La rime "ombelles"::"belles" est très facile à exploiter au niveau du sens, à condition de ne pas s'en limiter aux mots à la rime : "frissons d'ombelles", "rire des lèvres belles" L'adjectif explicite la valeur de séduction féminine implicite dans "frissons d'ombelles", procédé de gradation qui lie aussi les éléments du poème entre eux
Les paires "voyelles"::"cruelles" et "tentes"::"pénitentes" sont plus difficiles à comprendre
Mais, il faut considérer deux aspects de la question, deux aspects qu'ignorent superbement les commentaires habituels du poème, d'autant que si je passais en revue les études sur Voyelles très peu (c'est un euphémisme) ont maladroitement ou non traité de la signification des couples "éclatantes"::"latentes" et "ombelles"::"belles"
Le premier aspect à ne pas occulter, c'est que les rimes sont les mêmes pour les deux quatrains, il convient donc de les réunir, et le deuxième aspect qui est vraiment cette fois méconnu des études c'est qu'il faut distinguer la rime et la position à la rime des mots La rime est une liaison ostentatoire, mais la simple position d'un mot en fin de vers, en fin de strophe, permet elle aussi des comparaisons
En l'absence de rime, les comparaisons de fin de vers ont un moindre degré de pertinence, mais les rapprochements ne sont pas à exclure pour autant, d'autant que plus haut nous avons opposé deux paires de rimes où les mots avaient des liens étroits pour la signification, et d'autres non Or, si deux mots en fin de vers ne riment pas entre eux mais offrent l'intérêt de pouvoir s'articuler l'un à l'autre au plan du sens, le rapprochement ne sera pas moins pertinent que pour deux mots qui riment entre eux mais n'offrent pas une liaison immédiate pour le sens
Il convient également de prêter attention à la linéarité de la lecture, j'ai pris garde plus haut à commenter l'ordre de succession qui va du mot "ombelles" au mot "belles" par exemple
Citons les huit mots à la rime pour les deux premiers quatrains de Voyelles : "voyelles", "latentes", "éclatantes", "cruelles", "tentes", "ombelles", "belles", "pénitentes"
Les voyelles sont colorées, ce qui permet d'entrer en résonance avec "latentes" et "éclatantes", les voyelles sont éclatantes, y compris le noir abdomen des mouches et elles ont pourtant une origine mystérieuse dont on aimerait une manifestation valant révélation suprême Les tentes liées au motif du blanc sont des surfaces qui renvoient la lumière blanche avec éclat Nous avons donc bien une liaison pertinente de quatre des mots à la rime entre eux dont seulement trois riment entre eux : "voyelles", "latentes", "éclatantes", "tentes" et nous pouvons y ajouter les "ombelles" qui substituent à la toile blanche des tentes des pétales de fleurs Le "rire des lèvres belles", sans même dévier sur l'idée de dents blanches les complétant, offre aussi une idée d'éclat
Après, à un plus haut degré d'attention et d'intelligence, quelqu'un de familier avec la poésie de Rimbaud, moi en tout cas, va faire le rapprochement entre l'idée de rime qui est couleur dans Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs et un pluriel "voyelles" à la rime qui est la reprise de cinq couleurs
Six mots à la rime sur huit ont donc un emploi pertinent, ils se relient clairement entre eux six Deux mots échappent à cette série et précisément deux mots participant de rimes distinctes d'un côté "voyelles"::"cruelles", de l'autre "tentes"::"pénitentes"
On remarque tout de même que les termes qui échappent à la série "cruelles" et "pénitentes" ont l'intérêt de se répondre entre eux, d'une part par leur position chacun en fin de quatrain, d'autre part par le sens Il s'agit visiblement d'effets de bouclage de quatrain à quatrain, mais il s'agit aussi d'une relation particulière de l'éclat vocalique confronté à la souffrance ou douleur, etc
Nous allons confirmer ce point en observant de plus près les autres faits de versification
Passons maintenant aux mots qui prennent un relief inévitable en étant placés devant la césure
"I rouge," "quelque jour", "noir corset velu", "autour", "candeurs" ("frissons" manuscrit de la main de Verlaine), "glaciers fiers", "sang craché", "ou les"
Je reviendrai plus tard sur le "I rouge" et sur "candeurs" ou "frissons", et sur "glaciers fiers", je laisse tomber une analyse de positionnement sur "quelque jour" et "sang craché" parce que je ne pense pas avoir quelque chose de fort à dire là-dessus Pour "noir corset velu", on voit très bien la valeur du positionnement et on peut dire que René hiatus Etiemble et Suzanne Bernard n'ont pas lu Voyelles comme un sonnet, mais comme un texte en prose Ils identifient les images du A noir à des idées sur la mort, quand le "A noir" est précisément le corset et non l'image globale fournie par le poème D'ailleurs, même lu en prose, cela devait s'imposer à la lecture, le positionnement à la césure permet une accentuation de l'idée, une mise en relief en fait
Mais, je remarque encore que si "cruelles" et "pénitentes" sont deux mots qui se font écho l'un à l'autre, quoique sans l'aide de la rime, en occupant une place conclusive dans chaque quatrain, les deux césures des vers 4 et 8 sont elles-mêmes quelque peu parallèles : "autour" et "ou les"
Ces deux césures dramatisent chacune des relations particulières des voyelles colorées à un milieu, et on peut encore revoir ainsi la comparaison des vers 4 et 8, puisque la locution prépositionnelle "autour des" introduit une idée de lieu tout comme la préposition "Dans" en tête du vers 8, mais à chaque fois les spécifications de lieu sont abstraites : "puanteurs cruelles", "colère" et "ivresses pénitentes"
Le poète a clairement voulu exprimer le combat des voyelles couleurs pour la vie dans un cadre où il faut savoir endurer pénitences et cruautés
Deux lecteurs du poème sont en phase avec cette analyse au plan des rimes : moi et Pascal, et il me semble que le reste de l'humanité depuis les décès de Rimbaud et Verlaine est très mal placé pour prétendre lire réellement ce sonnet
Ou vous lisez ce que je viens de dire, ou vous ne savez pas lire le poème et vous avez besoin d'apprendre à bien diriger des inférences à la lecture Et en-dehors de la subtilité "voyelles" gamme de couleurs à la rime en réponse au traité de Banville, toutes ces inférences ne sont que spontanées, il n'y a rien de sorcier à penser le retournement "latentes"::"éclatantes", ou bien la relation d'implicite à explicite pour "frissons d'ombelles"::"rire des lèvres belles", ou bien à percevoir la relation "voyelles"-couleurs, "éclatantes", éclat blanc des tentes, des pétales d'ombelles, éclat du rire des lèvres belles et il n'est pas sorcier de confronter tout cela au couple symétrique "cruelles"::"pénitentes" Il n'y a rien de sorcier à conclure que le "A noir", c'est le corset qui voyage en bourdonnant autour de choses sordides, mais qu'il n'est pas pour autant ces choses sordides mêmes
Il n'y a rien de sorcier à noter l'importance des formes prépositionnelles "autour des" et "Dans"
"Les voyelles affirment la vie dans les drames" ou toute autre phrase semblable, est-ce que c'est ce que vous trouvez dans les commentaires abondants et habituels du poème ? Oui ? Ou plutôt non ?
Poursuivons l'enquête métrique propice aux inférences
Poursuivons l'enquête métrique propice aux inférences
Il n'y a pas véritablement de phénomène de rejet à la césure ou en fin de vers dans le premier quatrain, mais un rejet est à observer d'un quatrain à l'autre
"Golfes d'ombre" aurait dû figurer dans le premier quatrain pour que nous conservions un semblant de régularité
L'idée était de deux vers pour chacune des trois premières couleurs traitées dans les quatrains, puis de trois vers pour chacune des deux dernières dans les tercets, phénomène d'expansion
Or, fait curieux, la fin des associations du "A noir" mange sur les vers dévolus au "E blanc", et même peut-on dire que le noir s'invite dans le quatrain du blanc et du rouge
Le premier quatrain était celui du commencement, celui du A première lettre de l'alphabet, celui du "noir" matriciel comme le montre l'étude des mots employés "corset" et "golfes"
Le second quatrain est celui du sacre du blanc et du rouge avec un contraste entre le blanc pur candide et un rouge beaucoup plus tourmenté
Le rejet "Golfes d'ombre" a son importance, il sert à une mise en scène du passage du noir au blanc
Mais laissons-le encore quelques instants de côté
Au plan de la versification, j'ai déjà un peu parlé de symétrie de quatrain à quatrain, mais il me reste un dernier point : les hémistiches C'est bien d'étudier les césures, mais les césures créent des hémistiches
Voici ce que cela donne pour les huit premiers vers de Voyelles, je vais placer les seize hémistiches les uns à la suite des autres, car si je me contentais d'indiquer la césure, cela détournerait quelque peu l'attention de l'unité mélodique des hémistiches
A noir, E blanc, I rouge,
U vert, O bleu : voyelles,
Je dirai quelque jour
Je dirai quelque jour
vos naissances latentes :
A, noir corset velu
A, noir corset velu
des mouches éclatantes
Qui bombinent autour
Qui bombinent autour
des puanteurs cruelles,
Golfes d'ombre ; E, candeurs
des vapeurs et des tentes,
Lances des glaciers fiers,
Lances des glaciers fiers,
rois blancs, frissons d'ombelles ;
I, pourpres, sang craché,
I, pourpres, sang craché,
rire des lèvres belles
Dans la colère ou les
Dans la colère ou les
ivresses pénitentes ;
L'étude de la distribution en hémistiches permet de bien appuyer sur une coïncidence importante : les trois couleurs noir blanc rouge ou les trois voyelles A E I sont traitées dans les quatrains et mentionnées dans le premier hémistiche du vers 1, les deux couleurs vert bleu ou les deux voyelles U et O sont traitées dans les tercets et mentionnées dans le second hémistiche du vers 1
"Corset" et "candeurs" ont une forme de mise en relief tout à fait comparable, il en ira un peu différemment pour "pourpres", mais nous notons tout de même une réunion qui interpelle : "pourpres, sang craché"
Je ne vais pas essayer de dire quelque chose d'original sur chaque hémistiche, mais je relève bien sûr que le premier hémistiche du vers 5 qui inclut l'enjambement met en tension "Golfes d'ombre" et "candeurs", et j'aurais envie de dire que dans cet hémistiche, nous notons un faux air de hiatus, faux parce que ce n'en pas un en tant que tel entre le "e" final d'ombre et le E majuscule : "Golfes d'ombre, E candeurs"
Cette fois, j'ai passé en revue l'ensemble des procédés de versification au sens strict Je pourrais aller plus loin, mais je me contente de dégager ce qu'il y a de plus remarquable, partant ce qu'il y a de plus pertinent pour comprendre la visée de sens du poème J'ajouterais à la limite l'idée que "vapeurs" et "tentes" sont en facteur commun dans un même hémistiche, tous deux rattachés à "candeurs", ce qui suppose une compréhension associant les virtualités de sens de ces deux mots et non une dissociation
Mais je peux passer maintenant à un complément prosodique sur les reprises de phonèmes
On peut étudier le rythme dans un poème, mais nous éviterons pourtant ici des considérations aussi subtiles que celles pouvant porter sur le rythme On peut aussi étudier les phonèmes Mais, inévitablement, les vers, les mots eux-mêmes sont faits de phonèmes, et il faut s'en tenir à ce qui présente un caractère saillant et invite à une inférence spontanée pour le sens Ce n'est pas parce qu'un "b" ou un "a" se trouve dans un mot qu'il faut à tout prix l'exploiter
Il n'est pas évident de postuler des remarques intéressantes sur les voyelles et consonnes du premier vers Aucune liaison pertinente n'est observable entre les cinq voyelles nommées et les phonèmes employés pour nommer des couleurs correspondantes, et les consonnes et voyelles sont variées Pour les deux premiers vers, on peut bien observer un fait rythmique avec les voyelles nasales dans "naissances latentes" ou avec des recoupements au plan des consonnes comme "blanc", "bleu" ou "noir", "vert", mais cela reste très limité et il est quelque peu aléatoire d'aller donner du sens outre-mesure à de tels rapprochements, sachant que ce qui a visiblement primé c'est le choix des couleurs, pas le choix de leurs enveloppes sonores respectives
On pourrait broder sur l'allure rythmique de "puanteurs cruelles", etc
Mais, il faudra ici s'en tenir à ce qui est saillant
Un premier élément saillant vient du verbe "bombinent" qui n'est pas usuel en français, c'est la reprise d'un verbe latin peu connu également Or, dans la succession rapide des mots "éclatantes" et "bombinent", l'étrangeté inconnue du mot "bombinent" justifie d'y entendre une équivoque sonore avec "éclats" et "bombes"
Des éclats d'artillerie seraient responsables des "puanteurs cruelles" et les mouches prolongeraient leur action destructrice sur les corps
Les "puanteurs cruelles" signifient clairement que les corps n'ont pas encore été enterrés Nous avons ici un refoulé de la civilisation, nous sommes dans une situation de guerre avec une Nature qui agit sur les corps
Le paradoxe, c'est que l'action de la Nature est de régénération, comme cela est supposé dans des poèmes antérieurs de Rimbaud Les corselets noirs sont des golfes qui amassant les ombres créent des sortes d'embryons, le blanc va leur succéder
C'est tout le sens assez sensible du premier hémistiche du vers 5 dont la construction incorporant un rejet de quatrain à quatrain sans cela n'a pas de raison d'être
Mais, un autre jeu sur les phonèmes doit retenir l'attention Le terme "ombre" va recevoir en réponse le mot "ombelles"
Je peux élargir ce spectre par un autre rapprochement puisque la séquence "omb" est à la fois dans "bombinent", "ombre" et "ombelles" (ce sont des fleurs), sachant que "bombinent" fait quelque peu songer, même s'il est question de "mouches" et non d'abeilles, même si le sens de "bombinent" est autre, fait quelque peu songer à "butinent"
Mais je vais laisser de côté l'analyse acrobatique incluant "bombinent" pour me concentrer sur l'unité sensible du couple "ombre"::"ombelles" dans le bouclage des vers 5 et 6
Car j'en reviens à cette idée de rejet
Le mot "ombre" est le dernier des associations du "A noir" et il a excédé le positionnement à la rime, rime en "-elles" en l'occurrence "cruelles", et le mot "ombelles" est précisément un composé de l'amorce du mot "ombre" et de la rime en "-elles"
La mise en scène rimbaldienne est très claire et, au passage, j'imagine mal comment de telles subtilités pourraient être déployées sans coût dans une création parodique férocement ironique et sans foi
Un dernier jeu sur les phonèmes est à observer, mais je partirai de la version de la main de Verlaine Le suffixe en "-eurs" de "puanteurs cruelles" se retrouve dans "vapeurs" et il va encore se retrouver dans "strideurs"
Le mot "strideurs", en écho à "puanteurs cruelles", suppose un son difficilement supportable Le sonnet est ainsi traversé de considérations ambivalentes
Le mot "vapeurs" est assez intéressant, puisque les "vapeurs" évoquent certes le lever du jour, la rosée matinale, mais aussi la vie, par exemple la vapeur d'un souffle (une haleine) qui permet de s'assurer que quelqu'un dans les "puanteurs cruelles" est finalement encore vivant Il s'agit ici d'une première figure du cycle La vapeur suppose aussi quelque peu une relation intérieur / extérieur à certains égards Il est question de "frissons de vapeurs"
Les frissons sont à prendre ici en bonne part, ils vont tendre aux "frissons" de fleurs, mais dans les deux autres versions du poème qui nous sont parvenues, deux versions ultérieures, manuscrit autographe et texte peut-être le plus tardif de la revue Lutèce, le terme "frissons" cède la place au mot "candeurs" qui ajoute une nouvelle occurrence du suffixe en "-eurs" et ce faisant les met nettement en relief au plan des vers 4 et 5
Et cette fois, l'écho permet d'opposer pleinement le caractère négatif du mot "puanteurs" à la valeur positive du mot "candeurs"
Le mot "candeurs" est d'autant plus pertinent qu'il implique l'idée de blanc dans son étymologie et qu'il s'agit d'un mot très présent dans la poésie de Rimbaud, d'un mot clef
Dans Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs, il est question de s'exalter vers des candeurs "Plus candides que les Maries", autrement dit d'atteindre à une pureté à laquelle ne saurait prétendre la religion
Or, dans Mémoire, il est question d'une "Madame" "foulant l'ombelle trop fière pour elle"
En commentant ce poème dans un article du récent nouveau numéro 24 de la revue Parade sauvage, Benoît de Cornulier attire précisément l'attention sur le fait que "fouler les fleurs" est une image liturgique qui veut dire qu'on foule les humbles, qu'on foule les fleurs blanches de Marie, ce qui donne un sens ironique à l'expression "trop fière pour elle"
Dans Voyelles, au vers 6, Rimbaud a mis précisément côte à côte les fiers et les humbles :
"Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles"
Nous passons de la grandeur des montagnes, et je pense au Dormeur du Val, aux "petites fleurs blanches" pour citer Hugo
L'humain semble intercalé entre ces deux extrêmes, mais je me méfie beaucoup de l'idée de rapprocher les mentions "tentes" et "rois blancs" pour suggérer un orient solaire Le mot "rois" suppose des sujets et des opprimés s'il est appliqué à des personnes concentrant le pouvoir entre leurs mains, il me semble que "rois blancs" est une apposition à "glaciers fiers" avec une reprise de "fiers" à "rois", et pas du tout un pluriel mis sur le même plan que "Lances" et "frissons"
La leçon "rais blancs" de la copie de Verlaine va en ce sens d'ailleurs
La signification métaphorique d'une royauté d'éclat au soleil est en tout cas assurée
J'ai bien conscience de braver un interdit majeur Etablir le premier par écrit le sens profond du sonnet Voyelles était réservé à un ponte Je pense que du coup cette lecture est indésirable pour quelques décennies, mais je ne suis pas repentant Vu qu'il existe internet et que je suis présent dans la principale revue d'études rimbaldiennes Parade sauvage, ainsi que dans Rimbaud vivant, je pense que malheureusement cette lecture est au purgatoire pour quelques décennies, puisque plus que jamais la piquer ne passera pas inaperçu
Je reprendrai la suite de l'étude inférentielle du poème
Je pense que beaucoup moins de gens me lisent à partir du moment où je joue les prolongations sur Voyelles, où je réemploie des conclusions, où j'annonce une avalanche de parties pour une étude, où je choisis des titres vagues, mais ils se trompent Ce que je suis en train d'écrire, c'est cent mille fois mieux que lire les actualités dans le journal Je pourrais commenter un autre poème, mais chaque article que je mets en ligne développe à chaque fois des considérations importantes et à chaque fois on atteint un rayonnement plus intense
Je ne comprends pas très bien pourquoi les gens préfèrent me citer pour ma découverte des centons de Belmontet, pour des considérations philologiques, pour la datation des Illuminations, et pas du tout pour mes commentaires de poèmes, ce qui est de très loin pour moi le principal
Je n'y comprends rien, mais je fais avec
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