dimanche 10 décembre 2017

La prose liminaire d'Une saison en enfer : quelle lecture, quels enjeux : Davies, Brunel, Molino ?



Interlude. Essayons d'imaginer la rencontre du poète avec la Beauté, plutôt sur une scène disco avec une sensuelle Pamela Hensley en bikini avec un casque à cornes pointées vers le bas, ou bien une soirée karaoké où exprimer avec toutes les affectations de voix du rocker une insatisfaction devant un ange nommé Gabrielle. Je n'écoute pas de Johnny, mais j'ai quand même cherché à être de circonstance.




L’analyse du premier alinéa n’a pas à nous retenir outre-mesure dans la perspective qui est la nôtre. Les critiques, et en l’occurrence Margaret Davies, Pierre Brunel, Yoshikazu Nakaji et Jean Molino, s’accordent pour y lire une concorde entre gens d’une société civile chrétienne bien ordonnée. Le mot « agapes » est souvent retenu avec juste un travers de critiques récents dont la crise d’érudition les amènerait presque à privilégier la référence antique païenne à Lucrèce. Nous savons que la métaphore du « festin » s’inscrit clairement dans un discours sur la religion. Il ne faut pas toujours chercher à montrer que nous sommes plus subtils, plus érudits, que la lecture immédiate. Margaret Davies parle elle de « liesse communale », sans se rendre compte de la qualité du mot « communale ». Rimbaud avait soutenu l’avènement de la Commune en 1871 et, suite à la semaine sanglante, Rimbaud a composé un long poème intitulé « Les Premières communions ». Il me semble que même à l’époque de Rimbaud les premières communions étaient célébrées en mai et que ce sut le cas de sa jeune sœur Isabelle en 1871 même. Ce que je comprends, c’est que chez lui Rimbaud se morfondait, assistant impuissant à l’espèce d’enrégimentement catholique de toute la famille au moment où la répression bat son plein contre les communards prisonniers ou en fuite. Et l’enveloppe sonore est capitale dans cette mise en tension que représente le poème « Les Premières communions » : Commune et communion. Si ce substrat ne recouvrait aucune importance comment expliquer le soin scrupuleux qu’a mis Rimbaud à faire figurer la mention « premières communions » dans le poème « Après le Déluge », où nous savons, à moins d’une inébranlable mauvaise foi, qu’il est question des lendemains de la Commune, de la reconstruction de la France après la semaine sanglante. La communion avec Dieu s’oppose avec la communion de la Sociale en quelque sorte. « Les Sœurs de charité » et « Les Premières communions » sont deux, je ne dirai pas « avant-textes », mais jalons essentiels dans le développement de la pensée de Rimbaud qui va aboutir à la rédaction d’Une saison en enfer. Et l’idée de communion implique celle de charité. Tout cela est étroitement solidaire. Pour ce premier alinéa, la lecture est à peu près la même pour tous. C’est sur son intégration à l’ensemble que les discours vont diverger. Nous aurons à revenir sur la subordonnée « si je me souviens ».
La deuxième partie rassemble un certain nombre d’alinéas, six en tout, nous allons du second au septième alinéas. Il s’agit d’un moment de révolte. Nous écarterons d’emblée l’idée que cette révolte ait aussi un caractère initiatique comme le soutient Nakaji. Quelques points plus précis doivent intéresser la réflexion. Par exemple, le second alinéa est une sorte de transition. La rupture survient « Un soir », certes, mais ces deux mots ne nous propulsent pas tout seuls en-dehors du festin. Toute la scène décrite au second alinéa fait partie du festin. Certains rimbaldiens : Cecil Arthur Hackett, Antoine Adam, Antoine Fongaro, Mario Richter, Yann Frémy et quelques autres, même Bruno Claisse, soutiennent que la « beauté » serait une prostituée, voire la beauté maléfique des Fleurs du Mal. Or, si l’influence d’une expression du poème « La Maison du berger » de Vigny qui assimile la Muse à une catin est toujours possible, le discours de Rimbaud est non équivoque. La « beauté » fait partie du festin. Elle est du côté de la justice, des valeurs d’ordre de la société et du côté de l’espérance, de la charité, de ses valeurs chrétiennes. Les articulations sont claires. Trouvant amère la beauté, le poète s’arme contre la justice et veut étouffer l’espérance. Songeant à revenir au festin où la beauté figurait de manière centrale, le poète se rend compte qu’il a affaire à la « charité ». En clair, Rimbaud se moque éperdument que la « Beauté » puisse être une catin, il n’est pas dans la recherche de convenance du discours de Vigny. Le poème de Vigny est assez retors puisque le vieillard qui le premier en Grèce prostitue la Muse n’est autre qu’Homère, qu’il est suivi par Horace et Voltaire avant le mépris des tribuns, avant que Vigny ne propose la rédemption, l’attendrissement pour les prostituées étant un poncif un peu naïf de la littérature romantique. Mais, pour s’en tenir à l’essentiel, dans « La Maison du berger », Vigny dénonce la prostitution de la « Muse » et ce qu’Homère et les autres en ont fait, en évitant de se mettre en scène : « Un vieillard » « t’assit sur ses genoux ». Dans Une saison en enfer, c’est le poète lui-même qui s’empare un peu cavalièrement d’une partenaire : « Un soir, j’ai assis la Beauté sur mes genoux. » Ce poète ne se reproche rien, il fait des reproches à la Beauté. C’est bien la preuve que ce lien supposé à la prostitution est sans conséquence pour la lecture du texte. Quant à la filiation baudelairienne, il me semble assez évident que Baudelaire ricanerait lui-même de ceux qui croient lui rendre ainsi hommage. Passons sur le fait que l’allégorie de la « Beauté » puisse être assez générale que pour ne pas impliquer une sorte de privilège à sa création par Baudelaire et Rimbaud. Dans Les Fleurs du Mal, il y a deux poèmes avec une allégorie nommée la Beauté. Dans les deux cas, ce sont deux êtres sataniques. Dans le sonnet « La Beauté », il y a une mise en scène de sa fascination malsaine sur les poètes qui entraîne un péché d’idolâtrie. Et dans ce sonnet, elle est un point fixe immobile dans l’univers. Dans le poème « Hymne à la Beauté », j’ose espérer que les lecteurs ne suspendent pas leur jugement quand le poète s’interroge sur l’alternative ange ou démon, puisque la possibilité d’une confusion prouve que c’est un être satanique. Si vous ne comprenez pas ça, arrêtez de lire de la poésie, passez à autre chose. D’ailleurs, à cette nouvelle allégorie baudelairienne de la Beauté, des actes maléfiques lui sont attribués comme marcher sur des morts dont elle se moque, cela étant dit en passant pour les lecteurs qui s’accrochent et veulent encore croire en eux-mêmes. Dans Une saison en enfer, nous n’avons pas comme dans l’une ou l’autre mise en scène de Baudelaire une « Beauté » extérieure à notre monde qui vient pour nous tenter. Nous avons une « Beauté » parfaitement intégrée à la société. Dans les poèmes de Baudelaire, la Beauté cherche à détourner les poètes du monde dans lequel ils vivent et de la religion, forcément. Dans la prose de Rimbaud, la Beauté est l’incarnation la plus haute du festin dirions-nous, puisque c’est elle qui médiatise tout le rejet d’ensemble de la vie extraordinaire de ce « Jadis » immémorial. Elle ne fascine par pour extraire les gens du monde du bien, elle provoque le rejet d’elle-même et du monde du bien. Parions que Baudelaire, lui, ne s’y serait pas trompé et qu’il aurait admiré le texte de Rimbaud tel qu’il est. La Beauté chez Baudelaire enivre, chez Rimbaud elle est amère. L’opposition est tranchée, et ce n’est pas une opposition entre les deux poètes, c’est qu’ils ne parlent pas de la même chose. L’un a défini la Beauté dans le Mal, l’autre dans l’équation Beau=Bien=Vrai. Ce n’est pas la même allégorie, tout simplement. Il y a d’ailleurs d’autres enjeux à souligner. Dans la prose liminaire, nous avons donc l’épisode de la « Beauté » qui provoque la rupture et une mention de « bons tours » qui ont été joués « à la folie » au cours de la révolte. Or, le cœur du livre Une saison en enfer, ce sont deux sections réunies sous le titre commun « Délires ». Le thème de la folie contenu dans le mot « Délires » est consolidé par le titre « Vierge folle » du premier récit et par sa mention dans la phrase introductrice du récit « Alchimie du verbe » : « A moi l’histoire d’une de mes folies. » Mais ce n’est pas tout. La « Vierge folle » est une femme que le poète, Epoux infernal, a assise sur ses genoux. Et la mention allégorique de la beauté revient à la fin de la section « Alchimie du verbe » : « Cela s’est passé. Je sais aujourd’hui saluer la beauté. » Tout cela veut clairement dire que la notion de « beauté » concerne à la fois l’éternel féminin et l’art. Davies et des commentateurs plus anciens n’étaient pas contaminés par la prétendue filiation baudelairienne. En revanche, dans les années soixante et soixante-dix, l’idée qui prédominait était d’une allusion à la poésie parnassienne. C’est une lecture biaisée. Le Parnasse est un mouvement précis, alors que Rimbaud dans « Alchimie du verbe » des « célébrités de la peinture et de la poésie moderne ». Le cadre n’est pas le même. Rimbaud se dresse contre les institutions. Enfin, « Alchimie du verbe », compte rendu d’expérience littéraire accorde une importance maximale, ne doit pas occulter tout le reste du livre Une saison en enfer, et notamment le récit intitulé « Vierge folle » qui ne doit pas former pour rien un diptyque avec « Alchimie du verbe ». Clairement, il s’impose de considérer que Rimbaud vise l’équation Beau=Bien=Vrai qui va concerner la religion, l’amour et l’art. C’est ça que vise Rimbaud : qu’est-ce que vous voulez que ce soit d’autre ?
Un point important dans l’étude de Margaret Davies concerne la phrase suivante : « Je parvins à faire s’évanouir dans mon esprit toute l’espérance humaine. » Elle n’est pas la seule à avoir envisager la relation à La Comédie de Dante. Il y a même une étude un peu folle qui consiste à essayer de retrouver un maximum de liens possibles entre « L’Enfer » de Dante et Une saison en enfer de Rimbaud. En revanche, Davies insiste sur la présence d’un unique verbe conjugué au passé simple au milieu d’un récit porté par les passés composés. Les passés composés sont employés dans la mesure où le poème a une forme de bilan. Les actions passées sont regardées en fonction d’une situation présente. Le passé simple est un temps coupé du présent, avec un procédé original où on se représente l’action de son début à sa fin. C’est un temps qui crée un effet de saturation particulier. Effectivement, ce passé simple dramatise bien l’extinction de l’espérance, ce qui prouve que Rimbaud écrit en fonction d’un plan bien concerté. En étouffant l’espérance, vertu théologale, il ne fait aucun doute que Rimbaud imagine une plongée infernale sur le modèle de Dante dont la phrase d’avertissement au linteau de l’Enfer est bien connue : « Lasciate ogni speranza voi ch’entrate » (« Laissez toute espérance vous qui entrez »). Le poète se met dans les bonnes dispositions pour franchir le seuil infernal, c’est clairement ce que dit le texte de Rimbaud. Après, chercher d’autres influences de La Comédie de Dante, ça c’est un autre débat.
L’autre jalon important dans cette révolte est celui de la venue du printemps. Comme le livre s’intitule Une saison en enfer, beaucoup de rimbaldiens (Hackett en 1973, Molino en 1991-1994, etc., etc. se font un jeu de montrer que Rimbaud a pu placer des bornes en ce sens. Le récit commencerait au « printemps » et se finirait en « automne ». La « saison en enfer » aurait lieu l’été avec une transposition de la chaleur du soleil en fournaise pour damnés. Pour les paresseux, cela est prouvé en deux temps. Le mot « printemps » est mentionné dans la prose liminaire et le mot « automne » dans la section « Adieu ». Pour la mention « Adieu », il n’y a rien à dire. La fin de l’enfer coïncide bien avec l’arrivée de l’automne. En revanche, la mention « printemps » pose forcément problème. La révolte a commencé « Un soir », mais nous ne savons pas en quel saison. La venue du « printemps » succède à une belle série d’actions : fuite et rejet de la Beauté, guerre à la justice, étranglement de l’espérance et de la joie, appels réitérés à des affrontements avec des bourreaux, fusils, etc., choix du malheur comme dieu, développement de « l’air du crime », « tours » joués « à la folie ».
Une solution est de ne prêter à toute cette révolte qu’une dimension verbale en attente de la chute infernale réelle. Toutefois, les échos avec « Mauvais sang » invitent à penser que c’est déjà l’enfer. Certains peuvent penser que « Mauvais sang » est plutôt un prélude à l’enfer. La saison infernale commencerait avec « Nuit de l’enfer ». Cependant, là encore, des difficultés apparaissent à la lecture de « Vierge folle » qui rapportent au sujet de l’Epoux infernal des phrases en écho avec « Mauvais sang », sachant que la Vierge folle est désignée comme un « compagnon d’enfer » et cette fois dans le nom même d’Epoux infernal on a une identification qui clôt le débat. Faut-il dissocier sur une échelle de progression temporelle l’épisode du poète de « Mauvais sang » voué par là même à l’enfer et l’épisode de l’Epoux infernal qui pourrait dire parfois la même chose mais à partir désormais de l’enfer ? Ces subtilités m’ont l’air d’être tarabiscotées. Même si la transition entre « Mauvais sang » et « Nuit de l’enfer » a bien l’air d’orchestrer un passage en enfer, quand nous lisons la prose liminaire, le « printemps » n’apporte qu’un élément supplémentaire à une série de maux déjà en place. Dans l’alinéa suivant, le poète veut se ressaisir, mais si nous ne considérons pas toute la révolte comme l’expression du séjour en enfer, nous aurions donc droit à une ellipse du passage en enfer même. Franchement, quand je lis le texte, je suis obligé de me dire que l’enfer a commencé dans le basculement du second au troisième alinéa. Je ne vois pas d’autre interprétation possible. C’est vrai que le début de « Nuit de l’enfer » ou la mention de l’automne dans « Adieu » peuvent suggérer une tentation de la part de Rimbaud de faire coïncider la « saison » avec des bornes dans le cycle des saisons. Mais, pour moi, tout cela n’a pas été finalisé et le texte conserve des aspérités qui interdisent de considérer que la saison ne dure qu’un été, sans même parler de l’argument coup de massue. La mention « avril-août 1873 » qui flatte partiellement la thèse de bornes en fonction des saisons n’empêche pas de remarquer que les poèmes cités dans « Alchimie du verbe » datent de l’année précédente. Surtout, c’est l’écriture de la prose liminaire qui ne colle pas. Le printemps est la dernière étape d’une chute infernale, mais l’enfer commence clairement avant ce printemps. Un « affreux rire de l’idiot » comme franchissement du seuil infernal, ce n’est pas très convaincant. Que ça plaise ou non, Rimbaud n’a pas porté à un point de perfection les pilotis métaphoriques. Je trouve assez vain d’aller fouiller là-dedans, on a mieux affaire pour apprécier cette œuvre. En tout cas, Jean Molino prétend lui que les deuxième à septième alinéas représentent la « saison en enfer », jusqu’à la contradiction, puisqu’il dit en même temps que la saison en enfer commence au printemps.
En revanche, si nous considérons que l’enfer commence au moment du rejet de la Beauté, avec l’opposition de deux mondes, la venue du printemps peut entraîner des considérations plus fines sur le sens profond du texte de Rimbaud. Le printemps est la saison du renouveau et de l’espoir, de la joie aussi. Or, le poète a fait s’évanouir « toute l’espérance humaine » en lui et il a étranglé « toute joie ». Le printemps serait-il un équivalent de la « Beauté » qui a rendu le poète amer au point de l’injurier ? C’est un peu difficile à admettre quand on songe à tous les poèmes de Rimbaud sur la Nature, ce en quoi il est très différent de Baudelaire qui préfère le minéral et la ville. Mais en tout cas cet « affreux rire de l’idiot » s’explique par la tension entre le projet de révolte du poète et ce que manifeste la nature. Davies, dans sa lecture, soulignait que le printemps était la saison de l’espoir et cet « affreux rire de l’idiot » est l’expression du blocage du poète à n’en point douter. Bref, la saison en enfer s’est détachée du cycle des saisons naturelles. L’accord se renouera dans « Adieu » avec une coloration négative maintenue du fait du passage à l’automne avec l’annonce de l’hiver, mais ici nous avons une disjonction, une rupture entre abandon infernal et retour du printemps.
Je traiterai de l’analyse de Nakaji pour la seconde partie la prochaine fois. Nous nous rapprochons à grands pas du cœur du débat, la confrontation de la lecture de Pierre Brunel et de celle de Jean Molino pour la troisième partie. Je me suis déjà exprimé certes, mais je vais le faire à nouveaux frais. Bientôt, nous passerons à l’étude du motif de la « charité » dans l’ensemble du livre Une saison en enfer, puis nous étudierons de très près « Vierge folle ». Les lecteurs peuvent remarquer que, en revenant sur des sujets débattus, nous améliorons significativement certains pans de la réflexion.

A suivre donc…

5 commentaires:

  1. Votre blog est incroyable. C'est fou tout ce travail, et c'est merveilleux pour nous lecteur. Je vous lis depuis longtemps et je voulais vous manifester ma gratitude par ce petit commentaire. Sur internet, on lit, on lit, et on oublie que tout les "contenus" gratuits ne tombent pas du ciel et ne nous sont en rien dus. Donc merci pour cette mine d'or à ciel ouvert. Et je rêve d'un recueil de vos articles car vous allez me ruiner en frais d'impression!

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    1. Merci. Ah oui c'est vrai, les impressions ! Le risque pour mon blog, c'est que je publie abondamment. Mais j'ai besoin de cette relance perpétuelle. Les articles, cela viendra. Je n'y crois pas que les éditeurs refuseront un réarrangement de ce qui a déjà été écrit sur le net, pas tous. C'est prévu. Mais si j'ai un lecteur ou deux, mon travail n'est pas perdu (j'en ai légèrement un peu plus que deux).

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  2. Pourquoi les grands universitaires qui vous lisent ne commentent jamais ici ?

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    1. Je ne dirais pas "jamais", il y a une exception.
      C'est normal, il y un double danger d'exposition, celui que je représente et celui que représentent les commentaires.
      Après, je ne crois pas que les critiques se lisent attentivement entre eux. Il n'y a pas de dépouillement systématique des articles dans "Parade sauvage", ni dans les autres revues, ni de lecture systématique des livres, ni même des études sur tel poème précis, etc. Lire à peu près régulièrement ce qui se fait et ce qui s'est fait, ça ne concerne qu'un tout petit nombre de personnes. J'ai une idée d'une partie de ceux qui sont dans le coup. Beaucoup ne lisent pas du tout ce blog. L'important, c'est que ça finisse par bouger dans les éditions et les consensus critiques. Les choses traînent de manière invraisemblable. Les bonnes idées sur Rimbaud étaient plus rares avant les années 80, mais jamais les idées quelles qu'elles soient ne prenaient autant de temps à venir sur le devant de la scène. Par exemple, j'ai lu "Voyelles", le public n'est pas au courant. A ma grande surprise, après Murphy très timidement, Murat a essayé de mettre en avant ce que j'ai fait sur le célèbre sonnet dans une intervention à Venise, mais on sent que c'est verrouillé. C'est comme ça.

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    2. J'ai envie d'ajouter qu'autour de 2009 mes découvertes concrètes ne m'ont pas vraiment profité (Album zutique et livre scandaleux de Teyssèdre mais pas que, déchiffrement de "L'Homme juste" non avalisé,...). Si je refais surface, c'est grâce en partie à Murat, malgré ce qu'il a écrit sur Une saison en enfer, et c'est grâce à la cascade de compléments sur l'Album zutique. Sur Une saison en enfer, je pense que j'aurai le même succès que sur l'Album zutique. "Voyelles", ben, j'attendrai. Sur la versification de 1872, là c'est forcément en bonne voie aussi, mais ça ne se juge qu'entre spécialistes, pas même cinq personnes peut-être. Il faut lire des articles précis pour savoir que sur la versification je carbure. Pour les gens, je ne suis rien, vu qu'on ne parle pas de moi ailleurs que dans ces articles-là.

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