Je viens d'acheter le dernier tirage de l'édition 2009 par André Guyaux dans la collection de la Pléiade des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud. A la fin du volume, sur le verso de la dernière page de couleur blanche, on peut lire : "a été achevé d'imprimer [...] le 4 novembre 2016".
Normalement, il ne doit s'agir que d'un nouveau tirage de l'édition de 2009, mais les tirages sont l'occasion de modifications malgré tout et plus les modifications sont importantes, plus la différence avec l'établissement d'une nouvelle édition est mince. Normalement, les modifications doivent moins être des retouches que des corrections qui s'imposent. Il doit essentiellement s'agir d'éliminer quelques coquilles et erreurs. Le problème va de pair avec la question de la mise en page. Si vous modifiez le texte, une ligne de bas de page peut devenir la première ligne de la page suivante, et si votre ajout de texte est significatif vous allez avoir un déplacement significatif d'une partie du texte d'une page à une autre. Et comme il est question de changement de page à chaque nouveau texte, voilà que le nombre de pages augmente pour l'ouvrage tout entier. Une modification au début de l'ouvrage peut entraîner un décalage d'une page pour la quasi totalité du volume. En effet, si l'ouvrage se veut une édition de référence, il devient problématique que tel critique puisse citer un passage d'une page 128 qui dans votre exemplaire est à la page 129 ou bien que tel autre puisse évoquer ou résumer dans ses grandes lignes un commentaire qui n'est plus à la page indiquée ou qui a été remanié complètement. Ceci permet de mieux aborder l'article suivant qui s'intéresse à l'évolution du texte de l'édition 2009 des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud dans la collection de la Pléiade.
André Guyaux rédige des notices en général bien écrites et synthétiques. Il est assez peu expansif, ce qui est un critère important pour un travail d'annotations qui ne concerne pas que des spécialistes et des universitaires. Il faut remarquer en même temps qu'il avait déjà repris en mains l'édition de 1960 des Œuvres de Rimbaud par Suzanne Bernard dans la collection "Classiques Garnier". J'ai lu que cette édition de Suzanne Bernard fut la première grande édition annotée des œuvres de Rimbaud, ce qui éclipserait donc au passage la première édition dans la collection de la Pléiade par Jules Mouquet et André Rolland de Renéville en 1946. L'édition de Suzanne Bernard a été suivie par une nouvelle édition dans la collection de La Pléiade par Antoine Adam en 1972. En 1981, André Guyaux a revu et corrigé le texte de l'édition de Suzanne Bernard, ce qui a fait l'objet d'un compte rendu de Bernard Leuilliot dans la revue Romantisme que nous pouvons consulter en ligne en cliquant ici. André Guyayx a ajouté des remarques en distinguant ses interventions par un système de parenthèses et d'initiales (S. B.) / (A. G.). Or, le texte a été modifié à plusieurs reprises. J'ai, à l'occasion, travaillé sur une édition de 1987 et sur une autre que je possédais et qui était une révision datant de l'an 2000.
Dans les années 80, les éditions annotées se sont accumulées. Nous pouvons signaler à l'attention une édition peu connue, celle des Œuvres poétiques d'Arthur Rimbaud par Cecil Arthur Hackett. Elle date de 1986 et c'est à l'évidence une édition qui fait transition entre le travail d'Antoine Adam de 1972 déjà cité et le travail de Jean-Luc Steinmetz dont l'édition en trois volumes s'était en partie imposée comme la référence au cours des années 90. Il s'agissait d'une édition en Garnier-Flammarion. En parallèle, Louis Forestier a fourni une version annotée commune pour les "Folio classiques" et la collection "Poésie Gallimard". Forestier a également fourni une version annotée pour la collection "Bouquins" chez Robert Lafont, laquelle a été remaniée vers 2004. La très critiquable édition de Daniel Leuwers, encore qu'elle avait le mérite de l'exaltation, au Livre de poche a été remplacée par celle de Pierre Brunel dans deux formats distincts en 1998 et en 1999. Pierre Brunel a adopté pour l'édition au format de poche le principe des deux volumes, puis le regroupement en un seul volume pour la collection La Pochothèque.
L'autre édition importante est celle dirigée par Steve Murphy chez Honoré Champion, dont seulement trois volumes sur les quatre prévus ont été publiés. Il s'agit cette fois d'un ouvrage s'adressant à des spécialistes et surtout chercheurs. Toutefois, outre que le tome I sur la poésie en vers appelle des corrections, il est dommage que le volume sur la prose de Rimbaud (Déserts de l'amour, Une saison en enfer et Illuminations) n'ait jamais vu le jour et que sa parution paraisse désormais assez compromise.
C'est donc à la lumière de tous ces rappels que je me fais une joie de citer donc un passage remanié du nouveau tirage de l'édition 2009 des Œuvres complètes de Rimbaud dans la Pléiade.
Aux pages 252 et 253, nous avons donc la transcription de la huitième section de "Mauvais sang". A trois lignes de la fin, au lieu de la leçon "outils" systématiquement observée par toutes les éditions antérieures, nous rencontrons la mention "Les autels" flanquée d'une note "a". La note prend non pas la forme d'un chiffre, mais d'une lettre. Ceci a son importance. Les notes sous forme de lettres concernent l'établissement du texte, les notes sous forme de chiffres signalent un commentaire à l'attention ou une remarque critique. Et, en effet, à la page 928, nous avons des notes 1 à 6 qui offrent des éléments disons d'analyse, mais une seule note sous forme de lettre, notre note "a" que je cite : "Le texte imprimé donne outils, recitifé d'après le brouillon (p. 282)."
A la page 938, la notice consacrée au brouillon correspondant de "Mauvais sang" ne revient pas sur ce problème d'établissement du texte.
En revanche, c'est depuis un certain temps déjà que les brouillons sont publiés, tant bien que mal au plan des transcriptions, dans les éditions annotées des œuvres de Rimbaud. La mention "autels" était admise, mais soit elle était simplement constatée et donc considérée comme une variante, soit elle n'était pas commentée du tout, comme c'est le cas dans les éditions en Garnier-Flammarion de Steinmetz, que ce soit celle d'Une saison en enfer (avec les alors dits "Vers nouveaux") ou qu'il s'agisse de son remaniement récent dans une édition en un seul volume des Œuvres complètes.
Considérons maintenant le problème autrement.
Quels sont les ouvrages critiques de référence sur Une saison en enfer ?
Prenons la préface d'André Guyaux au volume collectif "Dix études sur Une saison en enfer".
L'éditeur de Rimbaud dans la Pléiade cite en premier une étude qu'il me semble le seul à mentionner et que je n'ai jamais eue entre les mains. Il y aurait une importante "explication de Mauvais sang par Emilie Noulet" dans les pages 93 à 165 de son livre Le Ton poétique paru chez José Corti en 1971. Cette étude est également référencée dans l'édition 2009 au plan de la notice consacrée à "Mauvais sang".
Ensuite, André Guyaux signale à l'attention le "commentaire procuré par Margaret Davies en 1975". Je croyais posséder cette étude. Il existe un volume, d'ailleurs de format similaire, que j'ai ici quelque part chez moi, qui rassemble des études d'auteurs anglo-saxons. En réalité, j'ai maintenant ce volume entre les mains. Je n'en ai lu que le début, mais je peux déjà déclarer que c'est le meilleur livre qui ait jamais été publié sur Une saison en enfer.Tout ce que je vais citer ensuite n'est pas aussi bon. Je vais d'ailleurs m'empresser de m'en servir pour un nouvel article de fond sur la prose liminaire d'Une saison en enfer. Je ferai des citations et j'expliquerai pourquoi c'est le meilleur texte sur Une saison en enfer.
Si vous voulez les références, les voici : Margaret Davies, "Une saison en enfer" d'Arthur Rimbaud : analyse du texte, Minard, coll. "Archives des lettres modernes", 1975.
Les ouvrages qui sont ensuite cités sont l'édition critique de Pierre Brunel chez José Corti en 1987, la thèse de Yoshikazu Nakaji publiée en 1987, encore chez José Corti, avec le titre Combat spirituel ou immense dérision ?, la thèse de Danielle Bandelier publiée en 1988 Se dire et se taire. Les travaux de Brunel et Nakaji sont souvent cités comme les deux études de référence sur Une saison en enfer, mais ils ne vont pas sans défaut, et surtout je me suis rendu compte depuis hier à quel point l'ouvrage de Margaret Davies est d'un intérêt supérieur. Celle-ci dit plein de choses, magnifiquement formulées, qui sont justes, qui rejoignent nettement mon discours analytique, et Brunel, Nakaji, Frémy, Murat et tous les autres ont trop peu repris les éléments très fins du livre de Margaret Davies, voire s'en sont éloignés. En tout cas, pour la prose liminaire, je ne relève qu'une seule erreur dans le discours de Margaret Davies, au milieu d'une foule de remarques lumineuses, pleines de bon sens, avec un don de la formule concise et claire. L'ouvrage de Danielle Bandelier a des qualités, mais il est très difficile d'en rendre compte. Il s'agit d'une approche universitaire très particulière qui ne commente pas vraiment le sens de l’œuvre. Le livre de Pierre Brunel me paraît assez fragile. Le livre de Nakaji est le plus important après celui de Davies, mais il a des défauts assez importants. Nakaji est un auteur japonais, ce qui veut dire que son travail n'est pas sans mérite, puisqu'il fait référence sur Une saison en enfer, mais on voit très bien qu'il n'a pas pu dominer la découverte des références culturelles occidentales. Par exemple, il cite un nombre considérable de fois l'exemple du "chaman" pour montrer de manière discutable des rites initiatiques dans la rage du poète de "Mauvais sang". Certes, l'idée d'une initiation vaut pour les lettres dites "du voyant" et "Alchimie du verbe", mais cela ne s'impose pas pour la révolte exprimée dans la prose liminaire d'Une saison en enfer, ni pour le discours de "Mauvais sang", de l'Epoux infernal dans "Vierge folle", etc. Les méthodes employées par Nakaji témoignent d'une influence des approches critiques universitaires à la mode dans les années 70 et au début des années 80 par ailleurs. Ceux qui liront conjointement le livre de Nakaji et celui de Davies comprendront qu'il y a une aisance importante du côté de la lectrice de langue anglaise qui fait vraiment la différence.
Face à tous ces ouvrages de référence, André Guyaux préfaçait donc un volume collectif intitulé Dix études sur Une saison en enfer. Ce volume a été publié en 1994 par les éditions de la Baconnière, en Suisse. D'où viennent ces dix études ? Tout simplement, il y a eu un colloque qui s'est tenu à Marseille pour le centenaire de la mort d'Arthur Rimbaud qui s'est étalé sur quatre jours et qui a précédé donc le jour anniversaire du 10 novembre. Il existe un volume d'articles sur les trois premiers jours du colloque, le volume donc du colloque de Marseille, mais le samedi 9 novembre toutes les interventions furent consacrées au livre Une saison en enfer et ce livre réunit sauf erreur les neuf interventions de cette journée et une étude ancienne de Marc Eigeldinger, lequel rimbaldien est décédé quelques semaines après un événement auquel il n'a pu participer.
Il n'est pas accessoire de préciser l'origine de cet ouvrage. Nous avons donc des interventions de rimbaldiens connus, et de rimbaldiens connus pour s'être consacrés à Une saison en enfer, puisque nous avons des études de Pierre Brunel, de Danielle Bandelier et de Yoshikazu Nakaji. Il manque bien évidemment Margaret Davies, sinon Emilie Noulet. Parmi les autres intervenants, nous notons la présence de Mario Richter et d'Hiroo Yuasa, qui tous deux ont consacré plusieurs articles souvent cités à la Saison. Jean-Luc Steinmetz a donc lui aussi parlé ce jour-là d'Une saison en enfer. Editeur de Rimbaud en Garnier-Flammarion, Steinmetz a publié sur l'ensemble de l'oeuvre de Rimbaud, pas spécialement sur Une saison en enfer, mais il a publié un article sur "la charité" que je vais traiter prochainement et, un peu à l'exemple de certaines pages de l'édition critique d'Une saison en enfer par Pierre Brunel, il a publié en 2013 un ouvrage un peu particulier de méditations et réflexions personnelles à partir du livre de Rimbaud : l'autre saison d'après Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud (éditions nouvelles Cécile Defaut, collection "lelivrelavie"). A côté de l'étude ancienne d'Eigeldinger "L'anomie dans Une saison en enfer", Hermann H. Wetzel a proposé une étude "Les 'points d'ironie' dans Une saison en enfer" et Atle Kittang, cette autre "S'évader, s'expliquer" dont le titre, qui est une citation rimbaldienne, semble quelque peu en écho au titre de la thèse de Bandelier Se dire et se taire. Contrairement à beaucoup de rimbaldiens, j'ai d'énormes réserves sur le discours d'Atle Kittang, mais j'en rendrai compte également.
Le meilleur article est pour moi celui d'Hiroo Yuasa qui offre une remarquable lecture au sujet de "Délires I". C'est l'étude la plus importante depuis le travail de Margaret Davies.
Enfin, il faut mentionner l'étude qui ouvre ce volume. Jean Molino semble avoir publié son unique article sur Rimbaud et plus particulièrement sur Une saison en enfer. Il s'agit d'une étude fort mauvaise, mais qui a eu une influence non négligeable.
Le rôle du préfacier est assez diplomatique. Voici ce que dit André Guyaux dans sa préface où il annonce chacun des articles constitutifs du volume : "Jean Molino nous rappelle, avec quelques exemples probants, à plus d'exigence, à plus d'attention philologique". L'étude de Jean Molino occupe donc une place importante, la première dans ce volume. Son étude est flanquée d'un sous-titre "Problèmes de méthode" qui continue d'en dire assez long sur le caractère intimidant de son approche. L'étude de Molino va des pages 9 à 29, et sur les pages 29 et 30 nous avons une série de "Références" qui sont proposées. Peu d'études rimbaldiennes sont mentionnées. En revanche, cela ne manque pas de références d'ouvrages portés sur la théorie littéraire et les problèmes d'interprétation. L'auteur cite plusieurs de ses travaux dans les références, ce qui est légitime, mais ce qui nous apprend encore plus sur l'influence qu'a pu être la sienne. Un de ses articles intitulé "Interpréter" semble l'introduction clef d'un volume collectif L'Interprétation des textes paru en 1989 puisque cet article irait des pages 9 à 52 de l'ouvrage en question. Voici les autres titres d'articles qui sont référencés : "Pour une histoire de l'interprétation : les étapes de l'herméneutique", "L'Ontologie naturelle et la poésie", "Les genres littéraires", "Fait musical et sémiologie de la musique". Il faut ajouter à cela son ouvrage en plusieurs volumes écrit avec Joëlle Gardes-Tamine : Introduction à l'analyse de la poésie. Il est facile de tomber sur des ouvrages de Joëlle Gardes-Tamine dans une bibliothèque de lettres. Or, dans la préface, nous apprenons que le colloque a été organisé par André Guyaux, Louis Forestier et Joëlle Gardes-Tamine, justement. Je ne connais aucune étude sur Rimbaud de la part de cette dernière, mais je connais ses ouvrages sur la rhétorique, etc., et je constate qu'elle organisait ce colloque où Jean Molino est intervenu sur la prose liminaire du livre Une saison en enfer. On m'excusera d'avoir précisé le cadre intimidant que je viens de dresser, mais pour moi il y a un problème important qui se pose. L'étude de Jean Molino a une influence importante sur les études d'Une saison en enfer. Avant cette étude, Margaret Davies proposait à un point près une lecture exacte de la prose liminaire d'Une saison en enfer ! Yoshikazu Nakaji approchait de cette lecture exacte également. En revanche, Pierre Brunel avait envisagé une lecture un peu différente. Jean Molino a remis en cause la lecture de Pierre Brunel en argumentant contre elle, mais il n'a fait qu'y associer allusivement d'autres commentaires anciens comme celui d'Antoine Adam. Pire encore, dans le volume Dix études sur Une saison en enfer, Hiroo Yuasa, bien qu'il travaille sur un autre texte, formule précisément la lecture de la prose liminaire qui était celle, non pas de Pierre Brunel, mais d'au moins Nakaji, Davies, voire Adam, mais en subissant l'influence malgré tout de Molino, puisque, fait extraordinaire, dans un même ouvrage, Molino et Yuasa se mettent tous deux à envisager que la charité dont il est question dans Une saison en enfer n'est pas la charité chrétienne, mais la charité au sens commun. Plus tard, Nakaji publiera un article sur la notion de "charité" dans Une saison en enfer où il s'alignera sur ce glissement de sens qui vient du colloque de Marseille en 1991.
Après le centenaire, les études sur Une saison en enfer se sont raréfiées. Il faut au moins mentionner le livre de Marie-Paule Berranger qui commente plusieurs textes de Rimbaud, dont "Mauvais sang". S'il m'est impossible pour l'instant de rendre compte du livre, certes secondaire, de Marcotte La Prose de Rimbaud, je pourrai parler de l'ouvrage pas très bon d'Alain Coelho consacré à Une saison en enfer. Je rendrai compte des articles de Mario Richter, d'Hiroo Yuasa, de quelques autres.
Mais donc, dans les années 2000, la principale nouvelle publication sur Une saison en enfer semble le livre de Yann Frémy tiré de sa thèse "Te voilà, c'est la force". Toutefois, l'ouvrage est assez délicat à analyser. Si une certaine réflexion est investie avec des formulations qui peuvent donner à réfléchir, l'analyse de Frémy procède d'une manière un peu particulière. On constate souvent un renforcement spontané d'idées consacrées, par exemple la prétendue filiation avec la "Beauté des Fleurs du Mal". Le commentaire va développer les implications d'une réflexion sur l'idée d'énergie appliquée à la lecture d'une œuvre de Rimbaud, mais à partir d'une compréhension littérale moins fouillée. Cela rend la lecture difficile, parce que n'étant pas d'accord sur le sens littéral, sur les enjeux de sens immédiats, il arrive plus d'une fois que nous suivions un raisonnement qui nous paraît au mieux annexe, au pire erroné. Le principal problème, c'est que ce que nous cherchons en priorité c'est à déterminer le sens de l’œuvre, à envisager quels sont les enjeux, quelles sont les réponses apportées par le poète à ses questionnements.
Rimbaud ayant été inscrit au programme de l'Agrégation en 2010, plusieurs ouvrages réunissant des études sur le livre Une saison en enfer ont été publiés cette année-là, notamment le volume dirigé par Steve Murphy et publié par les Presses universitaires de Rennes Lectures des Poésies et d'Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud, tandis que Yann Frémy a dirigé deux ouvrages collectifs d'articles portant sur Une saison en enfer, l'un paru dans la Revue des sciences humaines que je n'ai pas sous la main et l'autre aux Classiques Garnier dont le titre est une nouvelle citation de Rimbaud, en écho à l'article de Kittang cité plus haut : "Je m'évade. Je m'explique".
Michel Murat a pour sa part publié une édition revue et augmentée de son livre L'Art de Rimbaud avec un supplément sur la Saison, tandis que moi sur ce site je vais donc offrir dans les jours, semaines et mois qui viennent une nouvelle fournée d'études sur le livre Une saison en enfer.
J'annonce donc un compte rendu sur l'article de Jean Molino avec mise en perspective, une nouvelle étude de la prose liminaire avec hommage rendu au travail de Margaret Davies, ce qu'elle n'aura pas volé, une étude sur la notion de "charité" dans Une saison en enfer et une lecture fouillée de "Vierge folle". Sur la "charité" et "Vierge folle", les gens n'ont pas l'habitude de m'entendre m'exprimer, ce sera du neuf. Je prévois, mais à plus longue échéance, de revenir sur cette fameuse correction "autels" et non "outils". J'ai déjà expliqué les raisons pour lesquelles cette correction s'impose à un esprit un tant soit peu perspicace.
Je reviens donc au point qui a lancé la rédaction de cet article et le lecteur comprendra pourquoi je dresse ainsi un tableau des éditions de référence sur Rimbaud et des ouvrages critiques phares sur Une saison en enfer. Bien avant Yann Frémy, Daniele Bandelier a considéré que le basculement de "autels" à "outils" relevait de la variante à partir d'un glissement pour l'oreille. Voici sa note à la page 51 du livre Se dire et se taire : "On notera ici l'importance prépondérante accordée, dans la correction, à la forme sonore du mot." Il s'agit de la note 5 qui suit la mise en parallèle du texte imprimé et du brouillon entre "les autels, les armes" et "les outils, les armes", Bandelier ne mentionnant pas l'ajout "le temps". Pour cet ajout, je vais me laisser "le temps" justement, il pourra être question du poème A une Raison, mais comme je l'ai dit le glissement de "autels" à "outils" ne peut pas être phonétique, car c'est la ressemblance graphique qui est forte, pas la ressemblance phonétique ! Ceci dit, cette correction engage une correcte compréhension de l'oeuvre. C'est une approche résolument approximative du sens qui fait que les critiques s'accommodent de la sorte de l'idée d'un passage anodin du mot "autels" au mot "outils", sans oublier que les lecteurs ont d'abord connu la leçon erronée "outils" avant de découvrir la leçon manuscrite "autels". Car ce qu'il faut bien voir dans le problème, c'est que même si spontanément on ne trouve pas évident que "outils" soit une coquille pour "autels", en tout cas, personne, à part moi, ne semble s'être dit que décidément il fallait s'interroger sur le sens des mots "outils" ou "autels" dans le texte de Rimbaud. C'est parce que les commentaires n'ont aucune réponse de près ou de loin à cette question qu'ils ne livrent pas de note, ni de commentaire sur le passage de "autels" à "outils". Ils n'ont rien à dire sur le sujet, c'est ça que trahit le silence sur cette difficulté. Or, je me prétends en mesure d'expliquer les choses, mais j'ai bien compris que je dois préparer ma réponse écrite dans tous ses points de détail. C'est usant comme dirait Rimbaud, mais je vais le faire.
Je reviens donc au point qui a lancé la rédaction de cet article et le lecteur comprendra pourquoi je dresse ainsi un tableau des éditions de référence sur Rimbaud et des ouvrages critiques phares sur Une saison en enfer. Bien avant Yann Frémy, Daniele Bandelier a considéré que le basculement de "autels" à "outils" relevait de la variante à partir d'un glissement pour l'oreille. Voici sa note à la page 51 du livre Se dire et se taire : "On notera ici l'importance prépondérante accordée, dans la correction, à la forme sonore du mot." Il s'agit de la note 5 qui suit la mise en parallèle du texte imprimé et du brouillon entre "les autels, les armes" et "les outils, les armes", Bandelier ne mentionnant pas l'ajout "le temps". Pour cet ajout, je vais me laisser "le temps" justement, il pourra être question du poème A une Raison, mais comme je l'ai dit le glissement de "autels" à "outils" ne peut pas être phonétique, car c'est la ressemblance graphique qui est forte, pas la ressemblance phonétique ! Ceci dit, cette correction engage une correcte compréhension de l'oeuvre. C'est une approche résolument approximative du sens qui fait que les critiques s'accommodent de la sorte de l'idée d'un passage anodin du mot "autels" au mot "outils", sans oublier que les lecteurs ont d'abord connu la leçon erronée "outils" avant de découvrir la leçon manuscrite "autels". Car ce qu'il faut bien voir dans le problème, c'est que même si spontanément on ne trouve pas évident que "outils" soit une coquille pour "autels", en tout cas, personne, à part moi, ne semble s'être dit que décidément il fallait s'interroger sur le sens des mots "outils" ou "autels" dans le texte de Rimbaud. C'est parce que les commentaires n'ont aucune réponse de près ou de loin à cette question qu'ils ne livrent pas de note, ni de commentaire sur le passage de "autels" à "outils". Ils n'ont rien à dire sur le sujet, c'est ça que trahit le silence sur cette difficulté. Or, je me prétends en mesure d'expliquer les choses, mais j'ai bien compris que je dois préparer ma réponse écrite dans tous ses points de détail. C'est usant comme dirait Rimbaud, mais je vais le faire.
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