Il s'agit d'une peinture drolatique par le texte désinvolte qui y est introduit et par les notes au dos du tableau qui sont censées en préciser le cheminement tout comme pour le prétendu portrait de Rimbaud par Garnier révélé à la même époque.
Le tableau de Jef Rosman aurait été découvert par hasard à Paris, et non à Bruxelles!, après la Seconde Guerre Mondiale, au marché aux Puces.
Il s'agit de loin du faux rimbaldien le plus comique qui ait jamais été.
Le portrait de Rimbaud par Jef Rosman est-il authentique?
J'en ai profité pour corriger quelques erreurs de mon article "Iconographie" sur ce blog, erreurs qui n'ont rien à voir avec le Jef Rosman.
J'en ai surtout profité pour remanier un peu mes considérations sur les photographies Carjat et pour préciser où trouver le dessin représentant Isabelle Rimbaud que je rapproche du prétendu dessin représentant Arthur Rimbaud d'après un dessin d'Isabelle. Il faut comparer sourcil, oeil, nez, bouche, oreille, la ligne des joues étant distincte.
Citation de l'extrait remanié concernant ce dessin :
Rappelons enfin que le beau-frère posthume n'a jamais rencontré Rimbaud. Ses oeuvres, tableaux ou sculptures, n'ont aucune valeur iconographique. Un dessin est pourtant signalé à l'attention. Il s'agit du visage de Rimbaud de trois quarts d'après un dessin d'Isabelle Rimbaud. La mention "d'après un dessin d'Isabelle Rimbaud" est perfide, car si elle signifie aujourd'hui que Berrichon a dû s'inspirer d'un dessin d'Isabelle représentant son frère, il s'agit en réalité d'un visage imaginaire d'Arthur Rimbaud à partir des traits d'Isabelle Rimbaud, comme le prouve, outre les photographies connues d'Isabelle Rimbaud, un similaire dessin la représentant de profil, coiffée d'un chapeau. Ce dessin figure dans l'un des encarts de la biographie Arthur Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère parue chez Fayard en 2001, juste en-dessous d'une photographie du "docteur Beaudier".
Citation d'un extrait remanié concernant les photographies Carjat :
-
Deux portraits photographiques d’Arthur
Rimbaud pris par Carjat. Ils ont été pris le même jour avec le même costume,
dans les premiers temps de son arrivée à Paris, à peu près en octobre 1871
d’après le témoignage verlainien. A mon sens, le portrait connu de Verlaine par
Carjat a probablement été pris lui aussi le même jour. Cela nous donnerait
trois portraits clefs de deux grands poètes pour un seul passage chez un
photographe. Précisons en outre que, apparemment, les originaux des portraits
de Rimbaud par Carjat ne sont pas connus. La meilleure version de la
photographie mythique daterait du début du vingtième siècle et elle est
conservée au Musée Rimbaud à Charleville-Mézières, mais il existe d’autres
tirages encore de ce portrait sans oublier l’original perdu dont on se demande
ce que Berrichon et sa femme ont bien pu en faire. L’autre photographie est
connue par quatre documents clefs : un positif sur verre daté de 1900 par
l’expert du Musée d’Orsay, une photographie sépia de la vente Jacques Guérin
montée sur une carte de l’atelier Carjat mais qui a l’inconvénient de
correspondre aux traits plus grossiers du positif sur verre, un médaillon
fac-similaire publié plusieurs fois dans des états différents en tête d’un
texte de Delahaye à partir de 1905, une photographie déchirée insérée dans une carte
sortie de l’atelier Carjat sur laquelle figurent des mentions manuscrites erronées d’un
ancien possesseur (Rimbaud en 1870, etc.), photographie qui a été vendue en 2004. A moins qu’une expertise ne
parvienne à établir une des photographies en circulation comme étant directement
sortie de l’atelier du photographe en 1871, sinon 1872, nous ne semblons
pouvoir prétendre connaître que des tirages beaucoup plus tardifs par le
beau-frère posthume Paterne Berrichon, et ces tirages tendent à comporter des
retouches. Il est vrai que deux tirages de la photographie sont montés sur
des sortes de cartes portant l’estampille de la maison Carjat, mais il n’est pas
impossible que Berrichon ait remplacé la photographie originale par un tirage
plus récent, notamment dans le cas de la photographie de la vente Jacques Guérin
en 1998. Berrichon et sa femme ont pu se laisser déterminer par le souhait
d’exposer une photographie dont les traits parussent s’imposer à tout le monde.
L’importance et l’authenticité d’un original aux couleurs passées leur auraient-elles
échappé complètement ? Nous ne saurions nous contenter en tout cas de la
preuve par ces montages sur cartes. Sur certains tirages de la moins connue des
deux photographies Carjat (positif sur verre, de 1900 selon le Musée d’Orsay,
et portrait sépia de la vente Jacques Guérin), l’aggravation des ombres tend à
conférer au poète une tête d’enfant en train de bouder, mais certaines versions
moins ombrées révèlent le visage adolescent du poète. C’est le cas des
différents fac-similés signalés à l’attention par Jacques Bienvenu et publiés
par Delahaye vers 1905-1906, lequel Delahaye a déclaré qu’il s’agissait du
portrait le plus ressemblant qui puisse se trouver. Le portrait offert par
Delahaye a été retouché au fur et à mesure des éditions, l’image étant loin
dans tous les cas de la qualité photographique, mais sans que ces retouches et
effets de reproduction seconde n’empêchent la révélation des traits adolescents
du pourtour du visage. Surtout, les traits adolescents apparaissent encore sur
la photographie Carjat en partie déchirée qui a été vendue vers 2003-2004 avec
le support d’une carte de la maison Carjat, laquelle photographie nécessiterait
une expertise nettement plus approfondie et sérieuse étant donné l’enjeu
d’importance qu’elle présente. Il s’agit peut-être de la seule photographie
originale connue et de la plus apte à nous donner une idée précise du visage de
Rimbaud. C’est LE portrait à posséder.
Plus célèbre, l’autre photographie par
Carjat, dont nous ignorons où se trouve l’original, nous offre une
figure
idéale de poète, mais le visage, d’une nette beauté sur ce document,
serait
quelque peu transfiguré, d’autant que les contours des joues et du
menton moins
nets, plus estompés, laissent la part belle à une reconfiguration liée à
l’effet de la prise de vue photographique. Le meilleur état de cette
photographie est celui conservé depuis longtemps par le Musée Rimbaud. La Fondation Catherine Gide a légué un autre tirage jusqu'alors inédit de cette photographie au même Musée Rimbaud.
Toutefois, même sous son meilleur tirage, la photographie si célèbre ne
reflèterait
pas aussi fidèlement que souhaité le visage authentique, comme c’est le
cas de l'autre photographie Carjat dans le cas des tirages moins ombrés,
enseignement
que nous estimons pouvoir tirer des études sur le sujet menées par
Jacques
Bienvenu qui rappelle que cet avis d’authenticité était appuyé par
Izambard
aussi bien que par Delahaye, à quoi il convient d’ajouter que Verlaine
envisageait de publier une photographie de Rimbaud plus ressemblante que
celle
qui a pris aujourd’hui une dimension mythique. Toutefois, la photographie sépia de la vente Jacques Guérin peut éventuellement sortir directement de l'atelier Carjat.
Dans ce cas, on peut songer aux remerciements d'Isabelle Rimbaud à
Mathilde quand elle reçoit une photographie intacte en comparaison de
celle qu'elle conservait.
L'idée serait alors que la photographie déchirée était celle conservée
jusqu'alors par Isabelle, la sépia serait la photographie conservée par
Mathilde que Verlaine n'aurait pu publier comme la plus ressemblante
lorsqu'il s'occupait de faire connaître l'oeuvre de son ancien ami.
Ces ombres ont le défaut de donner à Rimbaud un visage boudeur d'enfant
néandertalien, mais, dans le cas d'une authenticité de la carte de
visite à photographie sépia, et dans le cas d'une confirmation du
scénario selon lequel Isabelle aurait confronté le portrait sépia
transmis par Mathilde à celui déchiré et passé qu'elle conservait, ces
ombres seraient non pas des retouches de Paterne Berrichon comme nous
avons pu le penser et l'écrire, mais un défaut d'origine de la
photographie. A cette aune, trois considérations me paraissent importantes. Premièrement, les deux photographies ont été prises le même jour. Deuxièmement, pour peu que les ombres soient minimisées, le pourtour adolescent du visage de Rimbaud apparaît.
Troisièmement, ombres ou pas, la photographie qu'on dira du "Rimbaud
boudeur" serait plus ressemblante selon Verlaine, Delahaye et Izambard
que la photographie du "Rimbaud rêveur".
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