dimanche 26 juillet 2020

Il y a 150 ans... le 26/07, que chantaient-ils ?

Les maux de tête reprennent de plus belle depuis hier, c'en est désespérant, ce ne serait pas à cause de la guerre qui approche ? Cela me fait un point commun avec le fils de Napoléon III. Il ne doit pas bien dormir avant son baptême du feu, le pauvre !
Je compte pourtant publier des articles très rapprochés dans le temps dans les jours qui viennent, surtout à partir du 2 août pour rendre compte de l'avancée des affrontements. Mais même avant, je voudrais parler des préparatifs de la guerre et aussi du départ de l'empereur de Paris. J'ai mes raisons pour ça, vous verrez bien.
Demain, Rimbaud aura terminé le sonnet qui est en cours, "Vénus Anadyomène". J'espère en parler de cela aussi. D'ailleurs, c'est intéressant d'observer que Rimbaud aurait composé très rapidement le sonnet "Morts-de-Quatre-vingt-douze..." dans les jours où la déclaration de guerre par la France est devenue évidente, puis après il semble s'être détourné de l'actualité martiale. Il a composé un poème sur l'abus de la prostitution "Vénus Anadyomène", en faisant le portrait d'une femme de la misère, et il semble avoir composé le long poème "Le Forgeron", là encore dans le courant du mois de juillet 1870. On peut se demander si "Le Forgeron" n'est pas un fait exprès pour protester contre la guerre, puisqu'au même moment sont publiées dans la presse des courriers de l'Internationale où les ouvriers de France et d'Allemagne en appellent à la fraternité des travailleurs en faveur de la paix, du travail et de la liberté (c'est mis en italiques dans les textes). Le "- Nous sommes Ouvriers ! Sire, Ouvriers ! - nous sommes / Pour les grands temps nouveaux où l'on voudra savoir," me semble un écho à ce texte que j'ai récemment cité.
Rimbaud va publier également un poème érotique "Trois Baisers" d'ici peu dans La Charge, périodique hostile au régime.
Pour le sonnet "Morts de Quatre-vingt-douze...", Benoît de Cornulier a insisté sur le jeu avec la particule "de" dans un article de référence, puisque nous avons un coup exceptionnel de la préposition "de" suspendue à la césure et un parallèle cinglant entre la noblesse de ceux qui sont morts pour des valeurs et ceux qui ont un nom à particule. Cornulier fait assez justement remarquer que le poème pourrait presque se résumer en trois vers, le premier et le dernier vers du sonnet prenant en sandwich notre précieux trimètre :

Morts de Quatre-vingt-douze et de Quatre-vingt-treize,
Morts de Valmy, Morts de Fleurus, Morts d'Italie,
- Messieurs de Cassagnac nous reparlent de vous !

Mort(s) réplique à "Monsieur" ou "Messieurs" et le "de" est suspendu à la césure pour une mise en relief de la particule d'anoblissement. Les nobles ont d'ailleurs souvent pour nom des lieux, ce qui permet de conforter le rapprochement sarcastique. Les morts de la Révolution sont des nobles de Valmy, de Fleurus ou d'Italie. Il y a juste sur un point où je reprendrais l'étude de la signification métrique. Dans un enjambement ou rejet à la césure, on peut autant souligner ce qui précède que ce qui suit, et dans le cas présent, la forme "Fleurus" est également soulignée. La ville belge de Fleurus, pas loin de Charleroi, contient une étymologie de fleur. Il est donc aussi question de sève et de résurrection dans la Nature, motif explicite de sonnets qui vont suivre comme "Le Mal" ou "Le Dormeur du Val", ce qui permet bien de sentir que le choix de Fleurus n'est pas innocent dans le chevauchement de la césure sur ce trimètre. D'ailleurs, un intérêt de mon article du 18 juillet était de citer plus longuement des passages de l'appel de Cassagnac et même des extraits de l'ensemble de la première page du numéro de journal exploité par Rimbaud pour composer son sonnet. Or, Cornulier a insisté également sur les allusions à l'ensemble de "La Marseillaise" dans la composition du sonnet.
Je crois qu'aujourd'hui il serait bienvenu de s'intéresser aux chansons patriotiques du régime impérial que Rimbaud pouvait entendre à tout bout de champ, car il en avait certainement la tête pleine quand il composait ses nouvelles pièces.
Il y a bien sûr "La Marseillaise" qui, ironie du sort, est pour partie un plagiat d'un auteur germanique, mais autrichien pas allemand. Beaucoup de gens ont l'hypocrisie de ne pas admettre l'évidence, ou alors l'imbécillité est chez eux un devoir professionnel, mais il va de soi que "La Marseillaise" s'inspire d'un concerto de Mozart.
Mais, au-delà de "La Marseillaise", il faut songer aussi au "Rhin allemand", un poème de Musset mis en musique et qui était une réplique à un chant allemand d'un certain Becker mis en musique par Robert Schumann. Je vais vous mettre plusieurs liens. Il y a aussi "Le Chant du départ" et même "Le Chant des girondins".
Je mets des liens pour des performances à écouter, car bien sûr on ne chante plus ainsi de nos jours et il faut pourtant se pénétrer de l'esprit de ce qui était chanté à l'époque. Et il faut évidemment s'attarder aux paroles, car on peut apprécier comment elles entrent en résonance avec les poèmes d'époque de Rimbaud qui lui s'opposait à ce "patrouillotisme".







Le titre allemand varie parfois, on note que la musique française démarque quelque peu la musique de Schumann, pas complètement mais un peu quand même.











Je reviendrai sur tout cela ultérieurement.
A bientôt !

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