Je complète ce que j'ai donc à mettre de côté au sujet des romans de Zola.
Le roman La Curée a été publié en feuilleton dans La Cloche, un "organe de la gauche libérale" note le commentaire de Philippe Bonnefis pour l'édition au Livre de poche, à partir du 29 septembre 1871. La publication a été suspendue après la 27ème livraison sur décision du Parquet. Zola a eu le droit de le publier en volume, l'interdiction n'a concerné que la publication en feuilleton. Le roman est sorti en volume le 30 janvier 1872. Selon ces remarques faites par Bonnefis, il faut donc se méfier de ce qui est dit sur la page Wikipédia qui date la sortie du roman d'octobre 1871, ce qui est donc un peu inexact et trompeur.
Certes, il y a du coup eu un certain silence de la presse sur la sortie du roman comme nous l'apprend toujours le même commentaire, mais celui-ci apporte des informations qui peuvent aller dans une autre direction. Premièrement, il faut se rappeler que le roman de Flaubert Madame Bovary avait été condamné pour atteinte aux bonnes mœurs en 1857, sous le second Empire (qui a d'ailleurs eu plusieurs phases). Ce qu'il faut comprendre, c'est que Flaubert, bien plus que Baudelaire, a été victime d'un resserrement du contrôle moral à son époque. Il existe dans la littérature française, et au dix-neuvième siècle notamment, des romans ou des publications littéraires plus sulfureuses que Madame Bovary. Et l'exemple de Zola montre bien qu'il n'a pas fallu attendre longtemps pour avoir de nouveau des romans avec des femmes adultères. Les frères Goncourt font par ailleurs le point entre Madame Bovary et les Rougon-Macquart, sans oublier l'autre grand roman de Flaubert L'Education sentimentale où il s'en faut de peu que Marie Arnoux ne passe elle aussi à une relation adultère consommée. Nous pourrions citer d'autres romans Le Rouge et le Noir avec l'adultère de madame de Rênal, Indiana de George Sand auquel il me semble probable que Madame Bovary doit beaucoup, et ainsi de suite. Nous pourrions rappeler évidemment un roman plus ancien : Manon Lescaut. En tout cas, la condamnation qui frappe La Curée de Zola à la fin de l'année 1871 pouvait déjà attirer l'attention d'un Rimbaud, surtout que cela aurait été le premier roman attaqué par le gouvernement de Thiers pour son immoralité. Deuxièmement, Philippe Bonnefis nous apprend que le journal Le Constitutionnel a attaqué la publication en feuilleton en cataloguant Zola comme faisant partie "de la bande à Vallès", accusation calomnieuse, fausse, puisque Zola était opposé à la Commune, la dénonçait. J'ai aussi un livre sur Gambetta avec sa correspondance. Un problème semblable se pose. Opposant à Napoléon III, puisqu'il a pris position sous la seconde République, alors qu'il est encore bien jeune, Gambetta est un personnage connu de la Troisième République, mais il ne plaît pas aux communards. Pour Zola, la question qui se pose, c'est, est-ce que malgré la faible publicité pour son roman, Rimbaud en a eu vent ? Zola fréquentait certains peintres, ce qui pourrait être un angle d'enquête. Le problème, c'est que la célébrité de Zola n'est venue que quelques années plus tard, au moment de L'Assommoir. Il devait tout de même être connu que son projet allait prétendre concurrencer La Comédie humaine de Balzac.
Reprenons donc l'étude des romans zoliens. Une petite idée générale me trotte depuis quelque temps à l'esprit. D'abord, il n'est pas vrai que Balzac a créé le retour des personnages avec le passage de personnages principaux à un rôle secondaire. Cela apparaît déjà dans les récits de la mythologie grecque et aussi dans les cycles médiévaux, celui de la Table ronde et du roi Arthur avec l'exemple des romans de Chrétien de Troyes. Ceci dit, la structuration sociale n'a rien à voir et le projet de Balzac demeure original. On lit un roman et au détour d'une page un personnage d'un autre roman fait une brève apparition. Pour moi, le projet zolien ne reprend pas franchement cet aspect des choses. Un personnage peut revenir d'un roman à l'autre, mais c'est conditionné par le choix des héros princpaux. Ce qui serait intéressant, c'est de croiser incidemment un Rougon dans Nana ou dans L'Assommoir ou bien Macquart dans L'Argent ou Son Excellence Eugène Rougon, éventuellement voire qu'un personnage secondaire d'un roman du côté des Rougon est aussi un personnage secondaire du côté des Macquart. Je me trompe ou rien de tel ne se produit dans les romans de Zola, à l'exception du volume des origines La Fortune des Rougon où inévitablement tout le monde se rencontre.
J'ai l'air de n'indiquer qu'un jeu, mais je trouve que ce n'est pas une remarque sans intérêt. Passons cependant.
Dans La Curée, j'ai observé une description de serre avec des plantes exotiques et des lianes, ce qui ramène subrepticement mon esprit à la décoration particulière du parc royal de Bruxelles décrit dans Juillet. J'ai relevé aussi un passage sur la mode d'aller patiner, ce qui intéresse l'étude des poèmes de Verlaine et un peu quand même celle de Rimbaud, à cause de "Fête d'hiver" par exemple.
Qu'ai-je relevé d'autre ? Un long passage étonnant où quand il parle affaire et fait des comptes, Aristide Saccard tisonne. Cela s'étend sur plusieurs pages et la scène est importante puisqu'Aristide est en train de travailler sa femme pour lui voler la fortune qui vient de sa famille. Le roman zolien est postérieur au poème "A la Musique" de Rimbaud, mais le motif a l'air d'avoir été prégnant à cette époque. Je pense que Rimbaud et Zola ont puisé le motif dans une littérature secondaire d'époque.
Je fais une enquête dans le même ordre d'idées au sujet de "Bottom". Le décor de "Bottom" me semble avoir un modèle littéraire qu'il reste à débusquer. Dans La Curée, nous avons les peaux d'ours, les cristaux, le lit luxueux, l'effet d'aquarium de la serre, la coloration à base de gris, etc. Cela a éveillé automatiquement mon attention, c'est-à-dire que l'accroche a été imprévue pour moi. Pour les description du luxe chez Zola et aussi chez le Rimbaud des poèmes en prose, je songe inévitablement à la manière de Théophile Gautier et j'observe la mention "symphonie en jaune mineur" (ou majeur) dans le roman La Curée.
Philippe Bonnefis a publié un article sur Rimbaud, je crois, qui s'intitule "Onze notes...", mais je n'en ai aucun souvenir. Le début de son commentaire ne m'a pas séduit du tout. Il met en parallèle le fait que La Curée, premier roman à Paris de la série avec les fondations de l'Empire et les travaux d'Haussmann, entrent en tension avec une publication au moment de sa chute. Zola a écrit le premier chapitre juste avant la guerre, mais le second et la suite n'ont été écrits qu'après la Commune. On a droit à un gros délire métaphorique sur une présence incognito des pétroleuses, etc., dans La Curée. On peut décider écrire n'importe quoi pour dresser une belle construction métaphorique sur la genèse du roman.
Philippe Bonnefis a publié un article sur Rimbaud, je crois, qui s'intitule "Onze notes...", mais je n'en ai aucun souvenir. Le début de son commentaire ne m'a pas séduit du tout. Il met en parallèle le fait que La Curée, premier roman à Paris de la série avec les fondations de l'Empire et les travaux d'Haussmann, entrent en tension avec une publication au moment de sa chute. Zola a écrit le premier chapitre juste avant la guerre, mais le second et la suite n'ont été écrits qu'après la Commune. On a droit à un gros délire métaphorique sur une présence incognito des pétroleuses, etc., dans La Curée. On peut décider écrire n'importe quoi pour dresser une belle construction métaphorique sur la genèse du roman.
Après, je pense que j'ai déjà oublié deux idées que je voulais travailler sur les romans La Fortune des Rougon et La Curée, c'est pour cela que je rédige vite des articles pour ne pas oublier au fur et à mesure le travail à faire ultérieurement.
Sinon, je me suis fait hier un délicieux plat de lentilles avec une base d'oignons, de carottes et de morceaux de lards pas tout frais, mais salés, poivrés, de la ventrèche, du thym, du laurier, un clou de girofle, de l'ail, et aujourd'hui je fais reprendre le tout et c'est encore meilleur, et j'ai ajouté de la saucisse. Comme dirait Rick Hunter : "ça marche pour moi". C'est grossier et bâclé Rick Hunter, mais bon faut se détendre.
Euréka ! Ce que j'avais oublié sur La Curée, c'est une phrase, peut-être de Maxime, qui ressemble au premier vers des Premières communions de Rimbaud. Rimbaud a écrit "Vraiment, c'est bête, ces églises des villages !" Et je prétends que ce vers est le modèle de Verlaine dans son poème "Bruxelles - Chevaux de bois" : "C'est ravissant comme ça vous soûle / D'aller ainsi dans ce cirque bête", mais là j'ai une phrase qui "c'est bête, ces églises des villes", ce qui ne pouvait que retenir mon attention. Je vais devoir la retrouver.
RépondreSupprimer