mardi 5 septembre 2017

Actualités du blog

Pris dans beaucoup d'activités à la fois, je ne maintiens pas le rythme de publications voulus sur certains sujets. Je tiens absolument à poursuivre pourtant ma série sur Rimbaud lecteur des Châtiments et la guerre franco-prussienne. Elle permet d'asseoir des considérations définitives sur un nombre conséquent de poèmes de l'année 1870 et d'en fixer pas mal d'autres sur des pièces ultérieures. Je vais voir si je peux la clore d'ici le 31 octobre, sinon je me fixerai une autre limite du 31 décembre. Cette série sera accompagnée d'un sommaire en tête de chaque article afin que le lecteur puisse consulter facilement tout le corpus d'articles. D'autres séries suivront. Je voudrais assez rapidement clore un tour d'horizon sur les poèmes de 1870, plusieurs poèmes de 1871 et sur l'Album zutique, sachant que, dans ce dernier cas, des travaux menés parallèlement sont destinés à une publication sur un support papier. Je travaille aussi à lire quantité d'ouvrages sur la Commune ou d'ouvrages permettant d'affiner la compréhension politique de l’œuvre de Rimbaud. Cela fera l'objet d'articles selon mon humeur, la même remarque vaut pour les autres parties de l’œuvre de Rimbaud et sur les questions de versification. Je vais enfin lancezr une série d'enquêtes sur la présence de Rimbaud et Verlaine en Belgique en juillet-août 1872, mais cela ne démarrera vraiment qu'en novembre ou décembre.
Dans ma bibliographie politique pour le mois d'août, j'avais cité par ailleurs l'ouvrage L'unique et sa propriété de Max Stirner. Je me suis procuré un exemplaire du Delahaye témoin de Rimbaud, et, surprise !, Delahaye envisage un lien avec le poème "L'Eternité". Je verrai bientôt ce que cela va donner. Je rappelle par ailleurs que j'ai publié sur le blog Rimbaud ivre une série d'articles où je plaidais l'authenticité des extraits de poèmes livrés par Delahaye alors que je contestais ouvertement les prétendus souvenirs de Labarrière, réécritures de madame de Blanchecotte comprises. La note b au bas de page 63 cite deux vers que Delahaye attribue justement à Rimbaud en les précédant d'une parenthèse qui retient justement mon attention "(inédites, perdues)". Cette succession est assez frappante. Le mot "inédites" n'a pas les mêmes implications que le mot "perdues".
J'ai également pu revenir sur le célèbre dizain de Verlaine qui prête à Rimbaud un intérêt tardif pour le roman de Victor Hugo Quatre-vingt-treize. Delahaye en parle à la note de bas de page c qui chevauche les pages 70 et 71 de l'édition de ses Souvenirs par Eigeldinger et Gendre à La Baconnière. Delahaye vient à l'évidence de raconter un énorme bobard, selon lequel Rimbaud aurait dans un premier temps d'abord admiré Les Orientales en poésie et Angelo au théâtre. L'aura dont profite le recueil des Orientales vient de ce qu'il fut le recueil propulsant réellement Hugo, et même si Banville a consacré ce recueil par ses répliques Occidentales, les autres recueils d'Hugo n'ont cessé d'impressionné les poètes. Verlaine conteste l'oeuvre de l'exilé, mais admire les demi-teintes des recueils des années 1830. Baudelaire admire lui au contraire les recueils de l'exil, à l'exception sans doute des Chansons des rues et des bois. Rimbaud semble plus proche de Baudelaire en fait de jugement sur Hugo que de Verlaine. Delahaye précise toutefois que Rimbaud n'aurait lu Les Châtiments qu'après, ce qui, si on prend son témoignage au sérieux, implique qu'en 1969 quand il se confie à Delahaye Rimbaud n'a quasi encore rien lu d'Hugo probablement.
Ce qui m'intéresse, c'est ce discours de la note à cheval sur les pages 70 et 71 : "Vers la fin de 1874, déjà brouillé avec la littérature, n'ouvrant plus guère un ouvraghe d'imagination, il avouait cependant avoir lu Quatre-vingt-treize, et, resté, malgré tout bon critique, me disait : "Hugo a entrepris d'écrire un roman sans amoureux... choses nouvelle, hardie... Son livre est bien, en somme." Il en parlait aussi avec estime dans sa dernière lettre à Verlaine. Celui-ci, qui voulait, depuis sa conversion, voir Hugo "de l'autre côté de la barricade", raillait de façon très crue, dans l'un de ses dizains comiques, le juge trop bienveillant [citation de deux vers du dizain de Verlaine : Quatre-vingt-treize a des beautés et c'est senti / Comme une merde (ici un vilain mot) [merde...]] Puis, dans la lettre qu'il m'adressa le 3 septembre 1875, revenait encore sur l'appréciation émise par Rimbaud : "93 a des beautés" mais que vieux pou !..." [sic pour les guillemets fermants sans guillemets ouvrants correspondants] Il n'est guère de poète ou d'écrivain très sensible qui n'aient exprimé sur Hugo vingt opinions contradictoires."
Le témoignage n'est pas entièrement fiable, par exemple la phrase creuse attribue à Rimbaud sur un roman sans amoureux est peu crédible. Delahaye veut rendre compte du dizain. Il ne comprend d'ailleurs pas visiblement que le discours prêté à Rimbaud est celui d'une ambivalence que Rimbaud a toujours cultivée et qu'il a mise en pratique à au moins deux reprises dans sa grande lettre dites "du voyant" contre Hugo et contre Baudelaire. D'un côté, Hugo "trop cabochard" "a bien du vu", et de l'autre Baudelaire "vrai poète" pour le renouveau sulfureux des idées a une forme poétique désespérément "mesquine". On sait qu'à l'heure actuelle une critique rimbaldienne bien majoritairement acquise à Baudelaire refuse de considérer à sa juste mesure la perfidie contre Baudelaire, tous bramant que Baudelaire était pour Rimbaud était "un vrai dieu". On va encore m'en vouloir si je réponds qu'ils ne savent donc pas lire et qu'ils ne comprennent la rhétorique rimbaldienne qui élève d'une main et fait tomber de l'autre. Hugo en fait les frais dans la parole que Verlaine attribue à Rimbaud dans son dizain. Mais Delahaye indique bien ce que je répète depuis longtemps. Même si Rimbaud injurie le roman d'Hugo quelque peu, il y trouvé de l'intérêt. Rimbaud injurie tout le monde. Comme moi, il refuse toute forme de révérence à quelque autorité que ce soit. Une fois qu'on a compris cela, on comprend qu'Hugo est réellement mis à part dans le panthéon que s'est forgé Rimbaud en son âme. Il n'idolâtre pas, mais qu'est-ce qu'il affectionne la lecture hugolienne. Songeons encore que dans mon récent article sur Une saison en enfer je finsi sur une formule forte de crise de l'existence vécue dans l'écriture. Hugo et Rimbaud sont des gens sincères en Littérature, ce qui n'est pas du tout le cas de Verlaine, qui est faux comme pas permis et en ce sens-là bien différent de son ami Arthur, et ce qui n'est pas le cas des Fleurs du Mal qui n'ont pas du tout la force éthique des poèmes de Rimbaud et d'Hugo. Mais bref ! Même si ce n'était probablement pas la dernière, Delahaye précise que Rimbaud a écrit dans une lettre à Verlaine son intérêt pour ce roman d'Hugo et surtout Delahaye décrit avec une précision remarquable la réaction agacée de Verlaine. Delahaye n'envisage sans doute pas toutes les raisons de la colère de Verlaine. N'oublions pas qu'Hugo connaît l'histoire du couple Verlaine et qu'il est du parti de Mathilde qui l'a sollicité. Ce que dit Delahaye, lequel n'y pensait probablement pas quand il rédigeait cette note, coïncide avec la constance avec laquelle Verlaine va mépriser l'oeuvre poétique d'Hugo depuis l'exil, à rebours de tous les avis les plus autorisés, à rebours même nous l'avons dit plus haut de l'appréciation baudelairienne. Le dizain de Verlaine est précis. Rimbaud s'oppose à "Tronche" Cabaner et à Cros sur l'appréciation du roman hugolien. Et Verlaine est plutôt du parti de Cros et Cabaner. On a donc des preuves que Rimbaud était passionné par les écrits de Victor Hugo, malgré la fronde des gens qu'il fréquentait, Cabaner étant connu pour contester Hugo par d'autres témoignages encore.
Alors, ce témoignage du dizain de Verlaine, doublé du témoignage de Delahaye, est-ce du détail, de l'insignifiant, du relatif, et bien moi je ne le pense pas.
Enfin, si je me suis procuré le livre des Souvenirs familiers à propos de Rimbaud, c'est que j'essaie de préciser où eurent lieu les réunions de l'Hôtel des Etrangers. J'étais resté sur l'idée d'un entresol ciblé par Delahaye, quand je suis tombé sur une note du livre de Denis Saint-Amand qui cite une autre version du témoignage de Delahaye où celui-ci dit ne plus se souvenir si c'était au premier étage ou pas. Il faut que je retrouve toutes les versions du témoignage de Delahaye, car, si les versions de Delahaye se contredisent et envisagent un local dans les étages, cela conforterait la jolie idée que nos poètes se sont réunis à la fameuse fenêtre ouverte sur le Boul' Mich' comme tend à l'exprimer et la vignette sur l'Album zutique et un des "propos du cercle" du sonnet liminaire "la femme d'en-dessous / Accouche", mais pas en poète.
Je voudrais avoir les plans de l'intérieur de l'Hôtel à l'époque de Rimbaud pour voir si on peut exclure ou non l'idée d'un "entresol". Ce qui me gêne, c'est que par la fenêtre, Delahaye aurait au moins vu le "Boul' Mich'" ce qui aurait dû le marquer un petit peu, mais il est vrai qu'il a l'air flottant pour certains souvenirs de lieux. Un entresol cela aurait été un lieu tout à fait sombre par ailleurs. C'est aussi bête que ça, j'ai envie de savoir si nous avons raison de nous arrêter sur une fenêtre précise quand nous nous baladons sur le très passant boulevard Saint-Michel, ça m'obsède, j'ai besoin de me représenter avec assurance un lieu de commémoration.



2 commentaires:

  1. Bonjour,
    Je vois que vous souhaitez avoir les plans de l'Hôtel des Etrangers. Il n'y a pas de plan de l'immeuble aux Archives de Paris mais le "calepin" de la rue Racine en donne un descriptif. J'en ai publié un extrait sur mon blog : lechercheurindependant.blogspot.fr (article du 30/09/2016).
    Je peux vous faire parvenir la totalité de ce descriptif si cela vous intéresse.
    Cordialement

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    1. Merci beaucoup pour votre message et vous avez très bien fait de m'indiquer l'existence de votre blog où j'ai repéré des articles que je vais lire avec intérêt demain. Je suis en effet intéressé par ce que vous pouvez me communiquer et par un éventuel contact pour parfaire les renseignements sur la rue Séguier, la rue de Buci, lieux où je me suis rendu à pied pour les inspecter moi-même.

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