Vous ne perdrez rien à aller vous renseigner sur Ambrose Burnside, photo à l'appui, c'est de lui que vient l'expression "Sideburns" pour désigner un style fourni de rouflaquettes. Sideburns c'est une inversion à partir de son nom.
Maintenant, passons à la citation que Maxime du Camp lui attribue.
Une recherche Google ne renvoie comme résultats sur la phrase attribuée à Burnside par Maxime du Camp qu'au seul 'ouvrage de Maxime du Camp Les Convulsionnaires de Paris, y compris en mode texte des extraits de La Revue des Deux Mondes qui sont le texte même du livre de du Camp. Une recherche sur Gallica apporte un nouvel ouvrage "Les Folies de Madame Lutèce", avec une date de publication importante pour nous "1871". L'ouvrage est précédé d'un surtitre : "Imitated from the English". Sous le titre une épigraphe "Paris ressemble à une maison de fous habitée par des singes." qui proviendrait d'une "Lettre du général Burnside".
Ce qui est étrange, c'est que cette lettre semble avoir été connue en 1871, mais sans qu'elle ne soit pour autant recensée, citée sur internet.
Burnside a rencontré une poignée de fois Bismarck en octobre 1870 et il est reparti ce mois-là précisément, à ce que j'ai cru comprendre.
Je me préparais à lire l'ouvrage Les Folies de Madame Lutèce, quand une prolongation de ma recherche sur le site de la Bibliothèque Nationale de France m'a mis sur une autre piste. J'ai ensuite reprise la recherche Google autrement.
Burnside a rencontré une poignée de fois Bismarck en octobre 1870 et il est reparti ce mois-là précisément, à ce que j'ai cru comprendre.
Je me préparais à lire l'ouvrage Les Folies de Madame Lutèce, quand une prolongation de ma recherche sur le site de la Bibliothèque Nationale de France m'a mis sur une autre piste. J'ai ensuite reprise la recherche Google autrement.
En réalité, la formule ne serait pas de Burnside, mais du général Sheridan, c'est ce que rapporte Lorédan Larchey dans son Mémorial illustré des deux sièges de Paris, 1870-1871. Sheridan est un général, mais attention voici une troisième attribution avec une faute d'orthographe, cette fois à "l'embassadeur des Etats-Unis" dans un ouvrage de 1889 inititulé Journal de Fidus - La Révolution de septembre - II La Capitulation - La Commune.
A la page 51, lien ici, l'auteur (Eugène Balleyguier apparemment) écrit pour le mois de décembre 1870 : "Paris, selon le mot qu'on attribue à l'embassadeur des Etats-Unis, est, en ce moment, "une maison de fous habitée par des singes" ; singes de la révolution en effet, qu'ils sont préoccupés d'imiter et de copier." Mais, comme en consultant l'ouvrage de Maxime du Camp, je me suis rendu compte de cette étonnante symétrie : Burnside aurait dit à Bismarck "Paris est une maison de fous habitée par des singes", Bismarck aurait dit à un journaliste américain : "Les Français sont des Peaux-Rouges", cette fois encore, j'ai rencontré un doublon suspect. En effet, j'ai lu attentivement la note qui accompagne ce passage du "Journal de Fidus", et là j'ai enfin la piste d'un document officiel qui pourrait à l'avenir apparaître comme le seul document légitime face à deux citations fictives.
Je cite cette note qui figure de toute façon sur notre lien ci-dessus : "Ce n'était pas une opinion isolée [NB : celle non vérifiée de l'ambassadeur américain] : dans une conférence qu'il eut, le 21 octobre, avec le maire de Versailles, M. de Bismarck lui rapporta que quatre généraux américains, MM. Sheridan, Burnside, etc., étaient allés à Paris, dans le but d'amener la paix, mais qu'ils en étaient revenus en disant : 'Il n'y a rien à faire ; ils ne veulent même pas consulter le pays. Ce ne sont pas de vrais républicains ; ce sont des tyrans ou bien des fous.' (Dieuleveut, Versailles, quartier général prussien.) - Notez que le récit de cette conférence a été rédigé par le maire de Versailles, consigné sur le registre des délibérations municipales, et que le maire, après l'avoir entendu, s'écria, lui, qui voulait faire aussi une tentative : "Je n'insiste plus pour aller à Paris !" Peu importe ce que le maire a pu s'écrier, c'est le texte de ce registre qu'il faut consulter. Tout le reste est légendes urbaines en ce qui concerne Paris ou la France asile de fous, singes et Peaux-Rouges dans l'opinion des généraux américains.
La citation attribuée à Burnside ou Sheridan n'intéresse pas l'étude de l'oeuvre de Rimbaud. Il en va différemment de l'assimilation des Français à des Peaux-Rouges attribuée à Bismarck, mais elle n'a aucun certificat d'authenticité, pour l'instant aucune attestation datée de 1870 ou 1871 (je vais continuer à chercher sur Gallica à ce sujet, je fais une pause) et il est beaucoup plus simple de considérer que l'assimilation des communards à des Peaux-Rouges était une insulte assez courante, et que Rimbaud s'inspire sans aucun doute de la rhétorique anticommunarde, celle du poème "Le Drapeau rouge" de Victor Fournel, rhétorique qu'il retourne en valeur positive.
Après, il est toujours loisible de broder sur l'idée que les Peaux-Rouges auxquels pense Bismarck mangent quelquefois les singes des généraux américains, ou qu'un Parisien avait besoin de penser à un missionnaire de la patrie de Fennimore Cooper pour se dire que "Rouges" à son époque est une forme tronquée du mot "Peaux-Rouges".
A la page 51, lien ici, l'auteur (Eugène Balleyguier apparemment) écrit pour le mois de décembre 1870 : "Paris, selon le mot qu'on attribue à l'embassadeur des Etats-Unis, est, en ce moment, "une maison de fous habitée par des singes" ; singes de la révolution en effet, qu'ils sont préoccupés d'imiter et de copier." Mais, comme en consultant l'ouvrage de Maxime du Camp, je me suis rendu compte de cette étonnante symétrie : Burnside aurait dit à Bismarck "Paris est une maison de fous habitée par des singes", Bismarck aurait dit à un journaliste américain : "Les Français sont des Peaux-Rouges", cette fois encore, j'ai rencontré un doublon suspect. En effet, j'ai lu attentivement la note qui accompagne ce passage du "Journal de Fidus", et là j'ai enfin la piste d'un document officiel qui pourrait à l'avenir apparaître comme le seul document légitime face à deux citations fictives.
Je cite cette note qui figure de toute façon sur notre lien ci-dessus : "Ce n'était pas une opinion isolée [NB : celle non vérifiée de l'ambassadeur américain] : dans une conférence qu'il eut, le 21 octobre, avec le maire de Versailles, M. de Bismarck lui rapporta que quatre généraux américains, MM. Sheridan, Burnside, etc., étaient allés à Paris, dans le but d'amener la paix, mais qu'ils en étaient revenus en disant : 'Il n'y a rien à faire ; ils ne veulent même pas consulter le pays. Ce ne sont pas de vrais républicains ; ce sont des tyrans ou bien des fous.' (Dieuleveut, Versailles, quartier général prussien.) - Notez que le récit de cette conférence a été rédigé par le maire de Versailles, consigné sur le registre des délibérations municipales, et que le maire, après l'avoir entendu, s'écria, lui, qui voulait faire aussi une tentative : "Je n'insiste plus pour aller à Paris !" Peu importe ce que le maire a pu s'écrier, c'est le texte de ce registre qu'il faut consulter. Tout le reste est légendes urbaines en ce qui concerne Paris ou la France asile de fous, singes et Peaux-Rouges dans l'opinion des généraux américains.
La citation attribuée à Burnside ou Sheridan n'intéresse pas l'étude de l'oeuvre de Rimbaud. Il en va différemment de l'assimilation des Français à des Peaux-Rouges attribuée à Bismarck, mais elle n'a aucun certificat d'authenticité, pour l'instant aucune attestation datée de 1870 ou 1871 (je vais continuer à chercher sur Gallica à ce sujet, je fais une pause) et il est beaucoup plus simple de considérer que l'assimilation des communards à des Peaux-Rouges était une insulte assez courante, et que Rimbaud s'inspire sans aucun doute de la rhétorique anticommunarde, celle du poème "Le Drapeau rouge" de Victor Fournel, rhétorique qu'il retourne en valeur positive.
Après, il est toujours loisible de broder sur l'idée que les Peaux-Rouges auxquels pense Bismarck mangent quelquefois les singes des généraux américains, ou qu'un Parisien avait besoin de penser à un missionnaire de la patrie de Fennimore Cooper pour se dire que "Rouges" à son époque est une forme tronquée du mot "Peaux-Rouges".
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