mardi 28 octobre 2025

A une Raison et deux vers de Marceline Desbordes-Valmore !

Je développais il y a peu l'idée que la prose du poème précis "A une Raison" correspondait à ce qu'avait Rimbaud en vers au printemps et à l'été 1872, l'exprès trop simple et le faux naïf.
J'ai oublié de rappeler que je lisais en quatre groupes de quatre syllabes le second alinéa : "Un pas de toi. C'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche !" Mais cela se fait moyennant des élisions problématiques : "levé(e)" et "nouveaux homm(es)".
Je soutiens toujours la lecture démarquée à partir de la référence à l'alexandrin de l'alinéa central : "Ta tête se détourne : le nouvel amour ! Ta tête se retourne, - le nouvel amour !"
Un peu étonné, je constate que certains rimbaldiens considèrent que le calembour sur les préfixes n'irait pas de soi : "se détourne" et "se retourne". Rimbaud dirait platement que la déesse tourne la tête d'un côté puis de l'autre, ce qui est assez risible au plan du sens.
En tout cas, les vers que je fournis ci-dessous prouve que j'ai une lecture spontanée de grand amateur de poésies.
Le recueil de 1830 des Poésies de Marceline Desbordes-Valmore est assez conséquent, il a été publié en deux ou trois volumes, et la section intitulée "Mélanges" commence par un poème "La première heure de l'année" qui bien sûr a de quoi faire penser aux "Etrennes des orphelins", mais de manière inattendue je me suis rendu compte d'un coup d'un seul que les deux vers suivants étaient précieux à rapprocher de "A une Raison" :
 
Ecoute : c'est l'adieu d'un si doux souvenir !
Ecoute : c'est l'espoir d'un si doux avenir !
D'un côté, on a un recours au gallicisme qui ressemble quelque peu au deuxième alinéa de "A une Raison" : "Un pas de toi ! c'est la levée des nouveaux hommes et leur en-marche."
De l'autre, on a ce modèle qui fait un peu songer à un soulignement de contre-rime fondé sur une variation d'une seule syllabe : "d'un si doux [...]venir" avec l'alternance "sou-" et "a-". Cela se double de la symétrie "adieu" et "espoir" dans les premiers hémistiches qui pour le reste se répètent de l'un à l'autre.
Rimbaud exploite clairement le même principe : "se détourne" / "se retourne", et juste après un emploi du gallicisme au second alinéa.
Au passage, je fais remarquer que dans Une saison en enfer, si la formule : "la vraie vie est absente", rappelle inévitablement le vers valmorien : "Prends-y garde, ô ma vie absente !" il se trouve que l'expression "changer la vie" a aussi son équivalent dans les vers amoureux de la poétesse : "changé ta vie". 
Je dis ça, je dis rien.

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