lundi 3 juin 2024

"L'Humanité chaussait le vaste enfant Progrès", cherchez les sources dans les vers de Ricard

Dans la nouvelle édition en 2009 des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud par André Guyaux dans la collection de la Pléiade, plusieurs découvertes miennes alors inédites étaient recensées, puisque j'avais communiqué un dossier à André Guyaux sur les sources des contributions zutiques rimbaldiennes, sur la signature "PV" d'un manuscrit et sur le déchiffrement de deux vers de "L'Homme juste", ainsi que les sept images scannées des minutes des procès de Verlaine dans l'affaire de Bruxelles. Ajoutons que dans les révisions de cette édition de 2009, une autre de mes découvertes est actée, puisque dans les révisions de cette édition depuis je crois 2014 le mot "outils" de la version imprimée originale d'Une saison en enfer est admis en tant que coquille et remplacé par la leçon "autels" correspondant au brouillon manuscrit connu pour la fin de "Mauvais sang".
J'ai publié plusieurs articles de mise au point sur l'Album zutique en 2009 et 2010. L'in figure dans un numéro spécial Rimbaud de la revue Europe.
Il reste que je n'ai jamais rédigé une étude poussée personnelle au sujet du monostiche attribué à Ricard, alord que plusieurs rimbaldiens ont proposé des études qui tenaient compte pourtant de la source que j'avais révélée : Bruno Claisse, Bernard Teyssèdre et Robert Saint Clair. J'avoue ne pas avoir lu le dernier, vu que je considère ses développements comme sans réel intérêt. Le cas de Teyssèdre est plus compliqué, puisqu'il échangeait avec d'autres personnes, comme on peut le deviner partiellement à la lecture des remerciements. L'article de Claisse devrait être le plus intéressant, il a repris son article paru dans le volume collectif Rimbaud et le foutoir zutique dans un volume personnel sur Rimbaud. Cependant, il s'agit d'une réflexion qui très vite s'éloigne du profil du vers étudié et part dans des spéculations difficilement vérifiables.
Je propose de revenir sur une étude serrée des sources au monostiche inventé par Rimbaud. En 2009, pour sélectionner les œuvres à lire de Louis-Xavier de Ricard, je me fondais sur le tome I de l'Anthologie des poètes français contemporains par Walch, parue en 1906. Sa notice recensait les deux recueils du poète : celui de 1862 Les Chants de l'aube et celui de 1865 Ciel, Rue et Foyer. Les deux recueils pouvaient être consultés en fichiers numériques sur le site Gallica de la BNF. Ma date butoir étant le mois d'octobre 1871, je déplorais de ne pas avoir accès au poème de 1863 La Résurrection de la Pologne et au texte Le Cri de la France de 1871, dernier texte dont j'ignorais s'il était en vers ou en prose, ainsi que le mois de parution. Il y a aussi un texte en prose sous la Commune que je recherche et que je n'ai pas encore lu à tête reposée, il doit porter le titre "Révolte populaire" de mémoire, tandis que si je ne m'abuse Le Cri de la victoire est un texte en prose.
Donc, pour moi, la base, c'est d'éplucher les deux recueils Les Chants de l'aube et Ciel, Rue et foyer, avec la plaquette La Résurrection de la Pologne, puis il me faut me reporter aux collaborations spécifiques de Gautier à certaines revues qu'il tendait à diriger, notamment la Revue du progrès, puis à tenir compte des publications en prose au moment de la Commune.
De nos jours, il est enfin loisible de consulter en ligne la plaquette La Résurrection de la Pologne. Sans affirmer ni pouvoir affirmer que Rimbaud ait lu cette plaquette, on va voir que c'est inévitablement intéressant à comparer au monostiche zutique.
Vous pouvez consulter l'Anthologie de Walch sur Wikisource. Voys y avez une sélection mince de quatre poèmes de Louis-Xavier de Ricard : "Sérénité" de Ciel, Rue et Foyer, "La Mort de Rollant" dédicacé "A M. G. Walch", "La Garrigue" et un fac-similé manuscrit d'un poème court, d'un sonnet je dirais, mais hélas aucun mot, aucune lettre n'en a encore été déchiffré par Steve Murphy, Marc Dominicy ou une personne autorisée.



Je prends la peine de signaler les poèmes retenus à l'attention par les anthologies de référence d'époque.
Dans l'anthologie de Lemerre de 1888, la notice est rédigée par Emmanuel des Essarts. Les poèmes retenus sont "Aphrodité Anadyomené", "Sérénité" et "Souhait", tous trois extraits du recueil Ciel, rue et foyer.
Il faut aussi recenser les poèmes parus dans les trois tomes du Parnasse contemporain. Au plan des études rimbaldiennes, on peut écarter le poème du troisième Parnasse contemporain de 1876. Dans l'absolu, il pourrait s'agir de pièces plus anciennes déjà connues pour diverses raisons par Rimbaud lors de son séjour parisien, mais ce n'est manifestement pas le cas du fragment "L'Apologie du sire Pugnaire de Faucancourt". Le poème est suivi d'une épigraphe qui date la composition de 1875 : "Castelnau-sur-le-Lez. - Mas-du-diable. 1875". Le lieu cité en épigraphe fait une partie du sujet de ce morceau épique à la Victor Hugo. Ricard pratique le niveau d'enjambement de Victor Hugo dans La Légende des siècles : rejets d'épithètes, rejets de verbes, mais pas de rejets sur des déterminants, des prépositions ou des pronoms préverbaux. Il y a une césure sur trait d'union "va-nu-pieds" et parmi les trimètres, on relève une répétition comparable au cas de "J'ai mon fémur !" d'une pièce incomplète inédite de Rimbaud citée par Delahaye : "Il pleut du sang ! Il pleut du sang ! Il pleut du sang !" Malheureusement, Ricard ne sait pas écrire en vers, il écrit à la va-comme je te pousse au fil de la plume, les rejets sont très mal amenés, n'ont aucune saveur rythmique, aucune mise en scène pertinente. Le discours de Ricard est celui d'un bavasseur et il n'a aucune science dynamique du vers. Je ne retrouve pas dans cette pièce les mots clefs du monostiche zutique qui nous intéresse. Laissons tomber.
En tant que co-directeur de publication, Ricard a fourni plusieurs poèmes au premier Parnasse contemporain de 1866 : "Dernières ténèbres", "Le Printemps", "Le Mercure", "Le Jardin", "Une Vierge", "L'Hiver", "Ronde nocturne", "La Mer des yeux" et "La Mort", et il faut y ajouter "Exil" dans le bouquet de sonnets qui clôt le volume. On peut relever en écho idéologique à : "L'humanité chaussait le vaste enfant Progrès[,]" le vers du sonnet "Exil" : "Je fuis vers l'horizon d'où viendra la Justice[.]" Mais ce rapprochement est maigre en soi.
Le poème "Dernières ténèbres" en alexandrins a une versification pas terrible, mais moins ridicule que celle du fragment publié en 1876. Il s'agit malheureusement de rejets déjà lieux communs sous la plume des romantiques : "Tressaille", etc., que Ricard exploite sans grande science. On relève une césure plus audacieuse et d'époque dans un tel volume collectif parnassien : "L'Océan pleure ; et ses immensités funèbres", vers où la césure est après le possessif "ses" et non après "pleure" bien sûr. Il s'agit d'une versification un peu entre Hugo et Verlaine, mais le niveau de Ricard est faible. Il n'a pas du tout le talent des deux autres. Les poèmes "Le Printemps" et "L'Hiver" ont l'intérêt de relever d'une forme originale, un caprice : le sonnet estrambote. Ce type de sonnet se compose de deux quatrains sur les deux mêmes rimes et de trois tercets. La liaison de rime entre les tercets est assurée en toute simplicité sur le mode AAX BBX CCX, où X note pour moi la rime de liaison qui revient donc à trois reprises.
Le poème "Le Jardin" est une pièce orientalisante (Hugo, Leconte de Lisle, "gazhels d'Hudhud") assez laborieuse. Evidemment, malgré la médiocrité de l'artiste, on peut relever l'écho idéologique des deux derniers vers avec l'auteur de "Credo in unam" :
[...]
L'éternelle vigueur de sa sève amoureuse
Rajeunira sans fin son éternel printemps !
J'aurais pu citer des vers des poèmes plus haut cités "Aphrodité Anadyomené" ou "Sérénité" pour les rapprocher de la pensée rimbaldienne de "Credo in unam", mais je vous invite à parcourir un peu les poésies de Ricard pour éprouver vous-même les liaisons et la très sérieuse différence de talent. Je remarque que dans son anthologie de 1888 Lemerre a pris soin de ne pas reprendre les poèmes de Ricard déjà parus dans les trois tomes du Parnasse contemporain. Le poème "Sérénité" a en revanche eu l'honneur de la "bis repetita" en passant de l'anthologie Lemerre à l'anthologie Walch, mais rien n'indique que pour Rimbaud le poème "Sérénité" avait un quelconque relief particulier dans la production de Ricard.
Le poème "La Vierge" est à placer pour sa manière entre Baudelaire et Rimbaud, mais en le disant on pouffe inévitablement de rire, tant Ricard ne souffre pas la comparaison.
Le poème "Ronde nocturne" est du Sully prudhomme écolier, comme l'illustre la citation que je fais du seul dernier quatrain :
Et mon cœur, plein des magnifiques
Rayonnements de vos beautés,
Salue en vous, formes mystiques,
Le chœur des chastes voluptés.
Le poème "La Mer des yeux" témoigne de réels efforts pour approcher de la manière de Baudelaire. Il y a énormément d'emprunts aux Fleurs du Mal dans cette pièce qui, sans être ridicule, nous conforte quand même dans l'idée que Ricard ne parviendrait jamais à devenir un authentique poète.
Le poème "La Mort" est enfin une pièce un peu plus enlevée au plan rythmique, mais cela vient du lieu commun de l'inspiration, et les derniers vers retombent dans la production heurtée chaotique, même s'ils peuvent être cités en tant qu'ils expriment une grande idée tacite du "A noir" de "Voyelles" :
- C'est ainsi que la Mort, du souffrant au content,
Va, souriant parfois, au Sage qui l'attend
Et la comprend, sachant que les amas funèbres
Des corps, confusément pourris dans les ténèbres
Internes du sol creux qu'ils viennent rajeunir,
Sont le fumier fécond, où germe l'Avenir.
Le rejet de l'adjectif "Internes" ne s'impose pas, ce qui transforme la fin du poème en un rythme de prose impossible à l'oreille.
J'ai bien évidemment garder le plus important pour la fin, les deux poèmes du second Parnasse contemporain. La fin de la publication du Parnasse contemporain par livraisons a repris après la guerre franco-prussienne et la Commune, et la publication d'ensemble du second tome a eu lieu durant l'été juillet-août 1871, quand le monostiche zutique date du mois d'octobre suivant selon toute vraisemblance. Ricard a offert deux poèmes à la revue : "Dieu" et "Danton", deux pièces idéologiques et politiques qui, du coup, peuvent intéresser la lecture du monostiche politique : "L'humanité chaussait le vaste enfant Progrès." Dans le monostiche zutique, nous avons une double lecture possible selon l'interprétation du verbe "chaussait" : soit l'humanité met des chaussures aux pieds de l'enfant, soit l'humanité se chausse d'un enfant pour chaussure. Cette dernière thèse de lecture m'invite à relever le premier quatrain du poème "Dieu" :
C'est une heure d'angoisse indicible, que l'heure
Où, las de nos désirs sans cesse démentis,
Nous voulons, maudissant la vie extérieure,
Rentrer dans l'idéal dont nous étions sortis.
Plus loin, on relève le quatrain, suivant avec son premier vers un peu moins maladroit de conception que l'image du quatrain initial :
Ainsi qu'en un désert nous errons en nous-mêmes,
Et, fouillant du regard les horizons lointains,
Nous nous épouvantons de voir que nos blasphèmes
Se sont réalisés dans nos mauvais destins.
Et je cite la fin du quatrain qui suit :
Nous marchons, ayant peur de retourner la tête
Vers le geste de Dieu qui nous pousse en avant.
Et il me faut enchaîner avec d'autres vers pour bien vous persuader qu'on se rapproche de la note du monostiche zutique :
Ainsi nous parviendrons, après un long voyage,
Au paradis lointain promis à nos aïeux ;
Nous réaliserons l'espérance des sages
Et nous accomplirons la parole des dieux.
Nous avons un poète Ricard qui s'aligne sur l'idée de providence divine, on n'a même pas le décalage d'un messianisme laïc, et il affirme cette foi dans le progrès sur laquelle ironise Rimbaud dans l'Album zutique. La promesse de paradis lointain a pris un nouveau délai avec la répression de la Commune et les massacres de la Semaine sanglante. Bien sûr, Ricard et Rimbaud, malgré leurs divergences, sont tous deux des sympathisants de la Commune. Il s'agit donc d'une ironie ciblée de la part de Rimbaud. Il raille sa conception providentialiste du progrès, conception dans la veine enthousiaste et optimiste de Victor Hugo.
Et la marche se fait vers un horizon qui promet très précisément un état d'enfance :
Les horizons profonds, que nul regard ne sonde,
Derrière le brouillard ténébreux & vermeil,
Gardent à nos désirs la jeunesse d'un monde
Où nous rajeunirons sous un plus beau soleil.
Il y a une ironie d'amertume qui dans un certain sens ne raille pas complètement Ricard, mais si je cite la suite immédiate et lamartinienne (je pense à des vers précis de "L'Isolement") du poème "Dieu" de Ricard il y a tout de même une pointe de sarcasme qui s'y mêle :
Là, dans l'effusion des clartés éternelles,
Nous nous reposerons avec sérénité,
Et les siècles, présents au fond de nos prunelles,
Seront la vision de l'immortalité.

Voici les temps venus que l'histoire révèle.
Nul mystère étoilé n'obscurcit le ciel bleu,
Et l'homme, créateur de l'époque nouvelle,
Sent s'apaiser en lui les angoisses de Dieu !
Je rappelle qu'à la fin d'Une saison en enfer Rimbaud parodie cette assurance dans la quête des "clartés éternelles", et au début de son premier recueil Les Chants de l'aube Ricard s'adressait à Quinet, l'un des historiens qui développent cette idée qu'après la Révolution française l'avenir de la religion chrétienne est de voir Dieu dans l'accomplissement individuel de tout homme. Les images ici cités sont fort hugolienne avec les siècles visibles au fond des prunelles, et on peut songer aussi à la magie élocutoire du sonnet "Voyelles".
Il me semble assez évident que quand Rimbaud écrit son monostiche sur l'Album zutique en octobre 1871 il sait que les deux poèmes "Dieu" et "A Danton" seront automatiquement à l'esprit de tous les lecteurs présents autour à l'Hôtel des Etrangers. On peut difficilement faire l'impasse d'un rapprochement entre le poème "Dieu" et l'alexandrin solitaire : "L'Humanité chaussait le vaste enfant Progrès".
De plus, sur la même page manuscrit, en haut sur la colonne de gauche, mais sans doute transcrit plus tard, nous avons le poème "Vue à Rome" faussement attribué à Léon Dierx qui traite d'un climat schismatique, sachant pour parler comme Ricard que Léon Dierx permet de faire une allusion par calembour au pape Léon X qui excommunia Luther, précipitant le schisme entre catholicisme et protestantisme autour de 1521. Au-dessus du monostiche attribué à Ricard, Rimbaud a produit deux parodies de dizains à la manière de l'anticommunard François Coppée, et les mots "mai" et "communale" mentionnés par Rimbaud permettent de comprendre clairement les intentions polémiques de ses deux compositions.
Et puis, il y a le poème "A Danton" où Ricard s'interroge sur la promesse de l'avenir et en appelant à Danton encourage l'homme révolutionnaire à se ressaisir pour mieux se battre.
En clair, "Dieu" et "A Danton" ont tous deux un intérêt de résonance à la lecture du monostiche zutique, le style de Ricard pouvant être comparé toutes proportions de génie gardées avec "Paris se repeuple" :
[...]

Effarement, clameurs furieuses des lâches
Accroupis sous le pied des tyrans consternés !
Cris des hommes nouveaux se ruant à leurs tâches !
Magnanime rumeur des peuples nouveau-nés !

[...]
L'esprit ressuscité des grandes républiques
Surgit à l'horizon comme un nouveau soleil.

Et l'espace doré des lueurs qu'il épanche,
Montre, resplendissante en d'étranges clartés,
La Justice, debout, terrible & toute blanche,
Appuyant sur ses flancs ses poings ensanglantés.

Ah ! nous tous, citoyens de la cité future,
Isolés & proscrits dans ces temps abhorrés ;
Nous qui voulons tenter la suprême aventure
De la liberté sainte & des espoirs sacrés ;

Nous, vaincus & raillés, pouvons-nous nous promettre
D'obtenir quelque jour la revanche du sort ?
Ce n'est pas aujourd'hui que nous aurions dû naître :
Notre vie est manquée, & nos destins ont tort.

Nous sommes condamnés, fils des races nouvelles.
Les orgueils du vainqueur ont piétiné nos fronts.
[...]

Nos âmes, renaissant aux audaces sublimes,
Secoûront les langueurs qui nous ont avilis :
Danton, mâle ouvrier des œuvres magnanimes,
Sois le témoin prochain des serments accomplis.

[...]

Sois présent, comme un dieu terrible, à nos orages !
Ensanglante d'éclairs vengeurs ces vils troupeaux
De lâches qui, l'œil clos & repus de carnage
Lèchent le sang des forts qui rougit leurs couteaux.
Un tel poème fragilise l'idée de considérer purement et simplement le monostiche zutique comme une charge à l'égard d'un Ricard ayant une foi un peu sotte dans le progrès qu'il exprimerait en exemple de parfait mauvais poète écolier. Dans les vers cités, j'ai relevé à deux reprises l'idée de fronts piétinés, image à rapprocher d'évidence du poème "Les Destinées" de Vigny, et image qui est un peu aussi une inversion du fait de prendre pour chaussure le progrès.
Enfin, avant d'interroger les deux recueils de Ricard et éventuellement ses écrits en prose les plus marquants, il nous reste à faire un sort au poème "La Résurrection de la Pologne".
Le poème a été publié en plaquette en 1863. La couverture comporte deux épigraphes : une en prose de Lemercier, une en alexandrins d'Auguste Barbier où on croit reconnaître des vers tels quels des Châtiments de Victor Hugo et où on relève l'emploi de l'adjectif "poussif" proche du "Bateau ivre". Le prologue en prose est complètement tourné à la manière rhétorique hugolienne. Le poème lui-même est composé de huit parties numérotées. Il s'agit d'une mince plaquette de seize pages avec cet unique poème et nous avons une reprise des mêmes vers de la séquence initiale I à la séquence finale VIII, et même si le poème est en rimes plates, un blanc typographique isole le premier vers, commun forcément aux parties I et VIII : "Enfin, la Liberté voit arriver son heure !" Ainsi détaché, ce vers suscite encore une fois un écho idéologique profond avec celui, subrepticement ironique, du monostiche zutique.
Ricard reproche à la France son abandon de la Pologne face aux forces russes et germaniques, en lui rappelant qu'avec la Révolution de 1789 elle avait promis un fer libérateur au monde. Et nous rencontrons dans ce poème les mentions avec une majuscule initiale du nom "Humanité" :
France ! en avant alors ; venge l'Humanité,
France, soldat du peuple et de la Liberté !
Mais, sainte Humanité, fais aussi qu'elle puisse
A côté des forfaits inscrire ta justice,
             Et les jésus près des larrons !
L'idée clef, c'est qu'aujourd'hui tout peuple est un Christ. Et "Les peuples surgirons de leurs repos funèbres[.]"
La Liberté, soudain, soulevant leurs ténèbres,
            Leur ouvrira tout l'avenir :
[...]
Et s'adressant à la France, Ricard lui dit :
Il faut, l'harmonisant dans ses formes durables,
Faire jaillir du bloc des peuples innombrables,
        Une nouvelle Humanité !
Ah ! tends la main à ceux qui montent vers l'aurore[.]
Mais quand l'Humanité refusera ses bras
Aux menottes de fer des tyrans des Etats ;
[...]
Alors, on verra l'ordre et la paix fraternelle,
Couvrant l'humanité des clartés de son aile,
Faire éclore, au grand jour, la sainte Liberté.
[...]
Ici, il est temps de marquer une pause dans la carrière.
Une seconde partie de l'article réunira les sources potentielles dans les deux recueils de Ricard, et je prévois certains développements en impliquant des mentions d'Amédée Pommier.
En attendant, je vous dis "bonsoir" !
Je prévois aussi d'ici peu de citer des passages de l'article de Barrère sur "Voyelles", lequel a été salement traité par le jaloux et incompétent René Etiemble. Et il y aura quelques petites remarques terribles comme toujours sur cet inépuisable sonnet.

Et qu'est-ce qu'on fait après un vers de Ricard ? On ne marche pas, on danse !

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire