dimanche 21 janvier 2018

Prochainement

Je m'absente quelques jours, mais prochainement je vais lancer ma série sur la versification. Je commencerai donc par une étude sur André Chénier. Je le considère comme important. C'est un génie du rythme. Même dans le cadre d'une métrique régulière, j'aurais plein de choses à commenter. Il a eu une influence décisive via Vigny sur la versification romantique et donc de tout le dix-neuvième siècle, mais je voudrais aussi dégager son influence sur Hugo. Je me bats pour qu'on admette un peu mieux la valeur d'Hugo et son influence décisive sur des romanciers comme Zola ou des poètes comme Rimbaud, mais Hugo doit lui-même énormément à ce qui l'a précédé, dont Shakespeare ou Chénier. Je pressens que la souplesse de versification hugolienne doit beaucoup à celle de Chénier, et que cela ne peut pas se cerner par une étude des critères de déviance à la césure.
D'autres articles sur la versification sont à venir, j'en ai déjà annoncé et précisé un peu le profil. Il y a aussi un plan important. Les études métriques ont parfois l'air de partager des arguments dont on dira volontiers que finalement ils sont tombés dans le domaine public. L'histoire des études métriques est un peu compliquée à comprendre dans la nuance. Face à l'étude de Roubaud qui pose une métrique une fois pour toutes, les études de Martinon, Morier et Cornulier relèvent plus d'une approche évolutive de l'histoire métrique. Je dois encore méditer la manière d'en rendre compte sur ce blog. Il faut aussi que je fasse une mise au point importante sur la question du semi-ternaire. Au fur et à mesure de ses écrits, Cornulier a renoncé à l'argument du semi-ternaire, mais il n'y a pas de date à ce renoncement. Cependant, comme la notion était présente dans Théorie du vers, beaucoup de travaux se réclamant de son exemple continuent d'évoquer le semi-ternaire ou bien un aspect de la théorie du semi-ternaire. C'est le cas notamment de Jean-Michel Gouvard dont la thèse a été publiée sans changement des années après sa soutenance sous la forme d'un livre universitaire de référence intitulé si je ne m'abuse Critique du vers. Je voudrais rendre aussi compte de tout cela, mais ce n'est pas évident de trouver la formule pour en parler. L'important, ce sont mes thèses déjà bien étayées. Verlaine n'a jamais renoncé à la césure même quand elle semble indécelable. Rimbaud n'a pas renoncé à la césure dans le cas des alexandrins et des vers de dix syllabes. Je me prétends en mesure d'en donner la preuve. En revanche, je n'arrive pas à une démonstration complète pour les vers de onze syllabes, même si une exception pour cette seule mesure paraît forcément improbable. J'ai quelques arguments. Partant de l'idée que la métrique n'est pas la même pour tous, je considère que le trimètre parmi les alexandrins est devenu autonome, mais qu'il ne l'est que dans des cas singuliers avant 1885, par exemple une citation maladroite de Wilhelm Ténint dans son livre sur la versification romantique. Ce n'est qu'à partir de la fin du dix-neuvième siècle que sont apparus chez des poètes franchement secondaires des trimètres et aussi ces fameux semi-ternaires, cette fois authentiques, dans la mesure où une nouvelle génération de poètes n'a pas compris la logique des audaces parnassiennes et s'est sentie emportée par la radicalité des audaces de Rimbaud, du dernier Verlaine et des décadents ou symbolistes. Et très vite, on a eu ensuite le vers de douze syllabes qui n'avait ni les deux hémistiches de six syllabes, ni la forme d'un trimètre ou d'un semi-ternaire. Le vingtième siècle a vécu sur un anachronisme. L'interprétation des vers de Rimbaud en 1872 et du Verlaine plus tardif a été faite en fonction des conceptions des poètes les plus libérés des contraintes de versification du premier tiers du vingtième siècle. Du coup, la césure était connue, mais devenait même accessoire dans les vers déviants précoces d'un Baudelaire ou d'un Banville.
Sur "Voyelles", je viens de publier un article que je considère comme très fort. Une suite est à venir également. Je dois revenir sur le mot "vibrements" et sur le mot "cycles". L'article que je viens de mettre en ligne se concentre sur un cycle qui va du "A noir" au "I rouge", avec cette beauté de déploiement : embryon du "A noir", éclat sur la frêle coquille ou fleur blanche, éclosion d'un oeuf plein de sang ou transformation de la fleur en fruit rouge. Le mot "tentes" est sans doute métaphorique pour la couverture générale, mais même au sens premier la délicatesse de choix du mot "tentes" permet d'envisager cette fantastique structure d'élaboration de la vie en trois étapes : embryon, don de lumière sur l'enveloppe matricielle et jaillissement de l'être ou du fruit. Mais l'embryon naît de la mort et les images du "I rouge" y retournent. En ce sens, on peut parler d'un cycle. C'est alors que le sonnet bascule dans les tercets avec une reprise du mot "cycles". Un ami, auteur de l'étude décisive sur "Credo in unam" dans la revue Parade sauvage, convaincu que ma lecture de "Voyelles" relève d'une certaine évidence, m'avait très tôt indiqué cet aspect des choses. Du "A noir" au "I rouge", un cycle s'effectue, puis le "U vert" nous fait passer à un plan plus ample de reprise avec le pluriel "cycles". Là, je viens donc de peaufiner l'idée embryon, lumière externe sur l'enveloppe et fruit qui gicle, la liaison aussi entre les "ivresses péntientes" et le jugement dernier entre quatrains et tercets (ça je l'avais déjà dit, mais peu importe), et enfin en méditant sur l'idée de reprise sur l'idée de "cycle", j'ai brutalement réalisé l'idée toute simple qui m'avait échappé jusqu'à présent. Les animaux paissant dans les pâtis sont l'image amplifiée et apaisée des mouches qui paissent sur les corps en décomposition. Avec ce que je viens de dire, tous les lecteurs sont en mesure de comprendre que je suis définitivement celui qui a su lire le sonnet "Voyelles". L'étude complémentaire sur le tercet du "U vert" viendra en son temps.
Voilà.

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