(Article
à part. Style familier parfois. Il s’agit de proposer un parcours dans l’œuvre
de manière à montrer que la poésie de Rimbaud a en grande partie cessé d’être
énigmatique et de manière à baliser ce qui peut réclamer une mise au point
prioritaire par une étude fouillée. Ce parcours me permet aussi de signaler à
l’attention les études essentielles sur tel ou tel texte, et de situer aussi ma
voix dans le débat critique ambiant. En revanche, je manque à mon sujet
(« les clefs ») sur certains points qui méritent des études
transversales comme la versification, la lecture d’Hugo, Coppée, Banville,
etc., le romantisme dans l’œuvre, mais je remédierai bien sûr à tout cela. Je
place cette série « Les clefs… » en tête du blog, car il s’agit
d’articles de repérage et les lecteurs pourront s’en servir comme d’un guide
avant de se reporter à d’autres articles plus approfondis. Cet ensemble me
permet aussi de formuler rapidement un certain nombre de considérations
importantes.)
Les Pauvres à
l’Eglise
J’ai
été obligé de me rendre à la messe tous les dimanches jusqu’à l’âge de treize
ans. Rimbaud a connu cette même expérience à une époque beaucoup plus dévote
que la mienne. Le poème est une revue de la société réunie à la messe. La
population présente est décrite comme hypocritement religieuse ce qui permet
d’offrir en miroir l’athéisme contraint de Rimbaud. Le poème a une composition
rhétorique soignée avec des articulations fortes et il se ponctue par le
contraste social des « Dames des quartiers / Distingués » qui, selon
l’ambiguïté syntaxique de la tournure « Font baiser », accordent le
baise-main à la religion qui vient d’être décrite comme « Farce »
pour le peuple qui vient, lui, en mendier sournoisement les effets. Le poème
est particulièrement hugolien jusqu’à cette image ludique : « Ces
aveugles qu’un chien introduit dans les cours ». On rêve de retrouver une
autre version manuscrite pour s’empresser de remédier à la mauvaise
transcription d’un vers 17 où manque un segment de deux syllabes impossible à
situer dans l’économie des hémistiches : « Dehors, le froid, la faim,
l’homme en ribotte »[.]
Les Poètes de
sept ans
Le
choix symbolique des « sept ans » déconcerte, mais pas outre-mesure.
La lecture de référence est celle de Steve Murphy dans son livre Le Premier Rimbaud ou l’apprentissage de la
subversion. Je suis beaucoup plus réservé quant à celle proposée par
Christophe Bataillé qui ne m’a pas paru aussi heureux que pour son article sur
le poème Roman. Il me semble
extrapoler quand il imagine une sociologie similaire à celle du film Rocco et ses frères de Visconti. En
revanche, si Steve Murphy rabat le « livre du devoir » sur la
« Bible à la tranche vert-chou », j’avoue avoir été tenté parfois d’y
voir un jeu de mots entre « livre du devoir » et « livre des
devoirs » comme d’autres critiques rimbaldiens. J’ai soutenu à tort ce
point de vue du livre scolaire, je pense, en privilégiant des indices peu
fermes et qui m’éloignaient de la trame directe des considérations du poème. En
fait, le « livre du devoir » est nettement caractérisé, alors que la
Bible est un exemplaire quelconque qu’introduit l’article indéfini
« une », ce qui veut dire que Rimbaud n’a pas établi de connexion
entre les deux mentions « livre du devoir » et « Bible ».
Mais, le jeu de mots n’ayant pas à primer, le « livre du devoir » est
le livre qui délivre la morale et pourrait bien finalement désigner la Bible
elle-même, ou bien il s’agirait d’un manuel de morale pour la cellule
familiale, l’idée d’une expression allégorique pure et simple étant peu
plausible (« fermant le livre du devoir » pour « ayant terminé
son sermon »). Finalement, l’idée du travail scolaire ne tient pas
vraiment face aux mentions qui s’accumulent : « devoir »,
« âme », « livrée », « répugnances »,
« obéissance », « hypocrisies », « tirait la
langue »,… Le poète accomplit d’ailleurs sa révolte en faisant le choix de
s’enfermer dans les latrines, ce qui correspond à un refus de l’hygiène sociale
dont le « livre du devoir » était le pourvoyeur. Une autre difficulté
caractérise le vers 30 : « Elle avait le bleu regard, – qui
ment ! » Dans l’absolu, cette phrase peut s’interpréter de deux
manières différentes. Soit la mère présente un « bleu regard » à son
enfant, soit la mère reçoit le « bleu regard » de son enfant, c’est
tout le problème du recours à un verbe passe-partout peu chargé de sens tel que
« avoir ». Ceci dit, il me semble que le sens qui s’impose le plus
naturellement à l’esprit, d’autant que la qualité de langue du poème en vers le
favorise, c’est celui d’une mère qui présente dans sa frayeur un « bleu
regard » tactique qui permet un instant d’épanchement aux tendresses de
son fils. De là, l’intérêt manifeste du décrochage énonciatif de la proposition
relative à valeur de commentaire : « – qui ment ! » A
l’heure actuelle, dans les écoles, il est déconseillé, si pas défendu,
d’enseigner aux enfants la nuance qui distingue « proposition relative
déterminative » et « proposition relative explicative ». J’ai
appris cette nuance très tôt à l’école primaire en Belgique. Elle serait trop
compliquée à comprendre pour les collégiens français actuels. Le poème
manifeste clairement le rejet du christianisme et l’adhésion aux émeutes
révolutionnaires du temps, au nom d’un principe de rébellion d’enfant
démasquant la fausseté du jeu social. La fin du poème est un morceau de
bravoure à la syntaxe audacieuse et aux images saisissantes dont on comprend la
nature symbolique. La « prairie amoureuse » se superpose au mouvement
des « foules ». Les « sombres choses » confirment la ligne
de conduite adoptée et le spectacle cataclysmique final avec l’attente des
flots désirés, pour parodier Chateaubriand, évoque l’éveil de l’âme à l’appel
révolutionnaire en posant clairement le principe métaphorique de l’émeute
populaire comme déluge renversant le vieux monde. Le poème est antidaté dans la
version transmise à Demeny « 26 mai 1871 » pour commémorer la Commune
dans la douleur de la Semaine sanglante, en manifestant aussi que la répression
ne suppose aucun terme à l’attente rimbaldienne.
La
correcte transcription du vers 33 est un point important de l’histoire des
études rimbaldiennes. La présentation d’un fac-similé du manuscrit lors de la
vente Jean Hugues en 1998 a révélé que Rimbaud n’avait pas écrit
« rives », mais « rios ». Publiant sa thèse littéraire sur
Rodolphe Darzens au même moment (1998-1999), Jean-Jacques Lefrère avait imprimé
un texte de commentaire inédit de Darzens où une énumération de termes du poème
contenait précisément le mot « rios ». Puis, dans sa récente Correspondance posthume, il a reporté le
même texte, mais après avoir corrigé le nom « rios » en
« rives ». Intrigué, nous avons obtenu des renseignements sur le
document original de Darzens, qui est conservé à la Bibliothèque Rimbaud de
Charleville-Mézières. Darzens a bien écrit « rives » et non
« rios ». Ce point est important, car il s’est désolidarisé de
l’édition du Reliquaire par
Genonceaux, alors que c’est l’établissement du texte dans cette édition
sulfureuse de 1891 qui a imposé la fortune de la leçon « rives »
adoptée nécessairement par les éditeurs jusqu’en 1998.
En
même temps, la corruption « rives » a eu l’inconvénient de laisser
penser aux spécialistes de versification que Rimbaud ne considérait pas comme
systématique la division en deux hémistiches de six syllabes d’un quelconque de
ses alexandrins. Il existe encore à l’heure actuelle un débat sur la
possibilité de composer au sein d’alexandrins classiques des trimètres (trois
hémistiches 4-4-4) ou semi-ternaires (hémistiches 8-4 ou 4-8 pour dire vite)
qui n’impliquent pas de césure normale à la sixième syllabe. J’ai travaillé à
démontrer que ce point de vue était anachronique, faussé qu’il était par les
pratiques nées à la toute fin du dix-neuvième siècle. Mais j’aurai l’occasion
de traiter de ce sujet pour lui-même une autre fois. Toujours est-il que
l’éviction de la leçon « rives » permet de définitivement considérer,
au-delà même de Rimbaud, que les alexandrins des grands poètes du dix-neuvième
siècle ont tous, d’Hugo à Verlaine, une césure systématique après la sixième
syllabe. Rimbaud ne chahutera cette règle que dans les poèmes « seconde
manière » de 1872 qui doivent inclure Tête
de faune. Verlaine et une nouvelle génération de poètes emboîteront le pas
à Rimbaud plus précisément au milieu des années 1880, sans que l’idée de
compensation par un vers ternaire ou semi-ternaire ne soit la bonne pour
autant. Pourtant, la mention « rives » à la césure aurait pu à la
limite s’expliquer comme recours à une césure lyrique sur le modèle médiéval donné
par François Villon par exemple, mais la correction « rios » élimine
le débat.
Mes Petites
amoureuses
La
strophe s’inspire de Musset (Chanson de
Fortunio) et continue Les Reparties
de Nina, et donc il s’agit d’une satire de la veine des poèmes à Ninon. Il
faut imaginer un Musset déniaisé auteur de cette performance lyrique. Le titre
est la reprise à peine altérée d’un autre de Glatigny Les Petites amoureuses et certains éléments du poème n’excluent
même pas une allusion au recueil Les
Amoureuses de Daudet, bien qu’une espèce de coup double me paraisse
naturellement douteuse. On appréciera la forme chansonnière bien commentée par
Benoît de Cornulier qui s’est penché sur la particularité du bouclage, la
deuxième strophe, et non la première, revenant légèrement altérée en conclusion
du poème. L’attaque contre la laideur supposée des « amoureuses » est
une façon de faire tomber le masque hypocrite de la galanterie dans une révolte
contre le modèle social. La phrase : « – Vous crèverez en Dieu,
bâtées / D’ignobles soins ! » vaut explication de toute la débauche
agressive du poème. Certains mots du poème ont posé des difficultés aux
lecteurs. Pour ce qui concerne le mot « éclanches » qu’on a voulu
parfois ramener aux cuisses, il n’est pas acceptable de lui chercher une autre
signification qu’épaule en principe de mouton détachée du corps. Le
parallélisme est clair entre deux quatrains successifs. Les
« éclanches » reprennent l’idée des « omoplates [qui] se
déboîtent » et les « hanches » à casser reprennent l’idée de
« reins qui boitent ». La présence du mot « étoile » au
vers 35 mérite elle l’attention. Le mot « fouffes » dont je peux
attester un emploi dans une locution belge « Retirez toutes vos fouffes de
là » veut bien dire « chiffons ». Profitant de l’occasion donnée
pour révéler le sens d’un mot rare, certains critiques font proliférer des
interprétations qui n’ont d’utile que le fait d’être la proposition qui aura
leur cœur parce qu’ils y auront mis leur nom. Ce n’est pas très excitant comme
conception de la recherche littéraire. Mais la palme revient au nom
« pialats ». Je sais qu’un dictionnaire recense une définition
concernant les cratères lunaires, mais elle n’a pas retenu l’attention, étant
considérée jusqu’à présent comme peu convaincante. Cette découverte a-t-elle
été publiée quelque part d’ailleurs ? J’y reviendrai. Le mot
« pialats » figure dans la strophe de bouclage du poème, il revient
donc à deux reprises, mais surtout sa première occurrence au vers 6 est
surdéterminée par la prosodie du vers d’incipit : « Un hydrolat
lacrymal lave », ce qui, dans la proximité du nom « hydrolats »,
amène évidemment à interpréter ces « pialats » qui sont
« ronds » comme des quasi équivalents de « crachats »
métaphorisant une pluie baveuse de pleurs, mais la syntaxe nous surprend en
enchâssant « lunes (rondes) » et « pialats ronds » :
« Blancs de lunes particulières / Aux pialats ronds ». Resterait à
interroger l’origine du nom de famille « Pialat ». Le rapprochement
avec le mot « crachats » inviterait à distinguer une forme exprimant
une figure proche du pleur et du cri « pial- », « piaill- »
associée à un suffixe « -ats ».
Accroupissements
Le
poème est assez curieux. Il présente le portrait caricatural d’un moine que son
vaste appétit a rendu malade (« l’estomac écoeuré ») et qui, migraineux,
craint encore l’éclat d’un soleil brillant lui rappelant l’idée de
« chaudron récuré ». La forme « Bien tard » du début de
poème est équivoque, puisque notre moine est en réalité resté au lit. Le poème
décrit l’écoulement de cette journée de convalescence où, malgré le refus du
soleil, il n’est plus possible de supporter le froid (« frileux »,
« grelottant »), et le récit ne nous épargne pas un abandon aux
fonctions d’excrétion les plus élémentaires. Mais, la seconde partie du poème
témoigne d’un basculement érotique entraîné par l’effet calorifique du soleil
auquel les narines du moine ont enfin consenti. Le spectacle de la chambre
devient une ménagerie étrange à l’image répugnante de son occupant et le
réchauffement monte à ce point au cerveau du moine qu’il semble communier non
plus avec Dieu, mais avec Vénus, la mention du nez, qui reprend l’idée des
narines aspirant plus tôt dans la journée les rayons du soleil, permettant une équivoque
obscène et blasphématoire au dernier vers : « Fantasque, un nez
poursuit Vénus au ciel profond. » L’apposition de l’adjectif
« Fantasque » en tête de phrase et de vers permet toutefois de
maintenir le moine à distance du Credo in
unam… Le poème a-t-il un prétexte dans l’actualité ? Steve Murphy
pense que le « frère Milotus » pourrait désigner Louis Veuillot,
défenseur de l’Eglise au gros nez vérolé qui faisait la joie des
caricaturistes, mais l’identification n’est pas évidente, tandis que la portée
générale du poème se comprend sans peine, en dépit d’un traitement abrupt d’un
instant de vie que Rimbaud n’a pas pris la peine de clairement introduire et
justifier, comme ce sera encore le cas dans d’autres poèmes, ne prenons que ne
fût-ce que Les Assis comme exemple.
Chant de guerre
Parisien
Il
me faudra produire ma synthèse sur ce poème, mais il y a deux lectures de
référence, l’article de Benoît de Cornulier repris dans son livre De la métrique à l’interprétation, essais sur
Rimbaud et l’analyse de Steve Murphy reprise dans son livre Rimbaud et la Commune. J’ai développé
mes idées sur la datation et la signification de la forme adoptée dans ma
Chronologie des écrits de Rimbaud. On peut ajouter que l’avant-dernier quatrain,
par son allusion aux « douches de pétrole » en clinique, manifeste un
rejet ironique de l’institution psychiatrique, organe répressif au service du
pouvoir. L’ironie à l’égard des thèses psychiatriques se retrouvera à nouveau
au cœur du livre Une saison en enfer.
Le Cœur
supplicié / Le Cœur du pitre / Le Cœur volé
Le
titre initial invite à considérer qu’il est question de la tentation du suicide
suite aux outrages décrits dans le poème. Le second insiste sur l’ironie de la
pièce à cet égard. Le troisième est plus neutre tout en exposant clairement son
sujet. Le poème est une suite de triolets enchâssés sur le modèle d’un poème de
Banville, modèle appliqué aussi par Charles Cros (« Sidonie a plus d’un
amant »). Rimbaud s’inspire bien sûr de l’exemple banvillien, ce que
conforte la ressemblance prosodique entre « flots
abracadabrantesques » et le titre de recueil Odes funambulesques. Ceci a retenu l’attention de Jacques Bienvenu
qui s’étonne de la pratique archaïque des triolets dans le discours de
nouveauté de l’une des célèbres lettres dites « du voyant ». Beaucoup
de commentateurs enferment le poème dans un dégoût purement lyrique. En évitant
de rappeler une énième fois une série de lectures assez sottes, le poème évoque
clairement une étrange ambiance de chambrée militaire sur un bateau. Le poète
se réfugie à l’arrière pour épancher sa douleur. Les mots
« caporal », « troupe », « général »,
« pioupiesques » évoquent l’armée impériale. Le poème annonce quelque
peu le bateau ivre, mais le bateau est ici le pays qui, semblant mené par les
railleurs soudards de l’armée impériale, entraîne le poète empli de nausée a
cherché une décision pour lui-même. Il convient de surmonter les atermoiements
et de se jeter à l’eau, celle de flots qui s’identifient aisément au peuple
communard à l’époque. Rimbaud se moque ici des indécisions de personnes telles
qu’Izambard qui acceptent le cours des événements.
Les Assis
J’ai
proposé une lecture de ce poème dans le volume d’hommage à Steve Murphy de la
revue Parade sauvage. J’ai travaillé
à discréditer l’anecdote verlainienne qui ramène ce poème à une simple humeur
d’un moment contre un bibliothécaire. Il est vrai que ceux qui vivent sur une
chaise ont de grandes chances de passer leur temps à lire, mais cette occupation
est plutôt celle du public des bibliothèques et le poème a un substrat
politique évident qui rend suspecte l’identification étrange proposée par
Verlaine, lequel a tout l’air de vouloir détourner l’attention. Il est vrai
que, tout génie qu’il est, Rimbaud a le défaut de ne pas exposer clairement ses
sujets. Loin de me réjouir de cette modernité, je préfère la clarté de la
poésie hugolienne sur ce point-là. Rimbaud a eu le tort de s’enferrer à
composer des poèmes que lui seul comprenait spontanément. J’avais annoncé une
suite à mon étude, mais je ne l’ai pas encore écrite. Mon premier article
permet d’inviter le lecteur à lâcher prise avec l’anecdote du bibliothécaire, même
si, éventuellement, il reste loisible d’y revenir pour cerner ce qu’elle
pourrait avoir de juste. C’était un acte nécessaire pour que le lecteur s’intéresse
aux enjeux réels du poème. Notre lecture prétend indiquer des intertextes
précis du côté de Leconte de Lisle et de Coppée, l’important à éprouver étant l’intertexte
possible de Leconte de Lisle. Notre lecture développe l’idée que Rimbaud raille
ceux qui se réjouissent du second siège des Versaillais contre la Commune après
le siège de Paris par les Prussiens. Nous précisons dès lors les métaphores
politiques que supposent les termes clefs « sièges », « soleil »
ou « blé » du poème.
Paris se
repeuple
J’ai
proposé de réviser l’établissement de la seconde version connue du poème L’Orgie parisienne ou Paris se repeuple
dans un article publié dans le volume collectif Rimbaud « littéralement et dans tous les sens », Hommage à
Gérard Martin et Alain Tourneux. Ce poème évoque le repeuplement de Paris
après la Semaine sanglante, ce qui fait qu’il est légèrement antidaté dans tous
les cas, puisqu’il est accompagné de la mention symbolique « Mai 1871 ».
Les « Barbares » sont les communards, c’était la thèse de quelques
commentateurs qu’Yves Reboul a achevée de démontrer dans son étude parue dans
la revue Parade sauvage : « Barbares,
boulevards et bandits ». Je prévois un article sur ce poème dans la mesure
où il présente un lien intertextuel avec le sonnet Voyelles.
Les Sœurs de
charité
C’est
le seul poème en vers « première manière » pour lequel une lecture de
référence manque. Je vais essayer de combler cette lacune sur ce blog.
« Oh !
si les cloches sont de bronze… »
J’ai
plaidé l’authenticité de ce poème cité par Delahaye. Les rimbaldiens semblent l’avoir
délaissé comme suspect, sans se rendre compte qu’il fallait à tout le moins que
quelqu’un l’ait écrit, et ceci vaut pour d’autres fragments cités par Delahaye
que nous ne recenserons pas ici, nous l’avons déjà fait dans notre « Chronologie ».
L’Homme juste
Dans
une étude de 1984 qu’il ne m’a pas été loisible de consulter, Marc Ascione aurait
suggéré qu’il pouvait y avoir dans ce poème une allusion à la proscription de
Victor Hugo, puis, en 1985, dans un article de la revue Parade sauvage n°2, Yves Reboul a identifié « l’homme juste »
en démontrant qu’il ne pouvait s’agir que de Victor Hugo. Une étude plus
récente de Steve Murphy est revenue sur ce poème pour en préciser le sens et
les implications métaphoriques. Je me demande comment l’ensemble des lecteurs
pouvait identifier Jésus-Christ à un « Croyant très doux », puisqu’il
semble que l’expression « l’homme juste » avait été perçue jusque-là
comme une périphrase pour désigner celui-ci. J’ai déchiffré les vers qui
étaient abusivement considérés comme illisibles sur le manuscrit, en publiant
ensuite un article qui a été repris sur le blog Rimbaud ivre de Jacques Bienvenu, fac-similé à l’appui. Très
précisément, j’ai d’abord lu sans aucune difficulté le manuscrit, à ma grande
surprise, puis j’ai construit les arguments qui permettent de démontrer ce que
les autres ne parviennent pas à lire. J’ai essayé de faire déchiffrer après
coup les passages concernés par d’autres personnes. Personne n’y est parvenu, alors
que je prétends n’avoir eu aucun mal. Les difficultés viennent de ce que le mot
« daine » pour la femelle du daim n’est pas connu, qu’il aurait été
plus châtié d’écrire « de chinois ou de daines » que « de
chinois ou daines » et de ce que le lecteur du manuscrit semble peiner à
séparer la collision des mots « ou » et « daines ». Le « ou »
est à peine mal formé pour le reste. J’ai fait jouer des éléments différents
dans ma démonstration : le fait qu’on ne trouvera pas facilement un
adjectif masculin se terminant par « -aines » même en s’aidant d’un
dictionnaire des rimes, les jeux métriques dont témoignent les tâtonnements du
brouillon, la présence avec intertexte à la clef de la même rime chez un autre
poète au même moment, etc. Cette lecture est souvent déformée (« d’aines »,
« de daines »,…) lors des recensions (quand recension il y a) et
rabaissée au rang d’hypothèse, comme si la décision avait été prise de l’illisibilité
à tout prix. Des gens à qui j’ai proposé l’exercice du déchiffrement et qui
partent visiblement du principe que je ne suis rien sur la scène publique m’ont
répondu que je croyais avoir déchiffré ce vers, philosophant sur les certitudes
qui ne reviennent qu’à soi. C’est assez consternant. Il est vrai qu’il nous
manque toujours les vingt premiers vers du poème, alors pourquoi s’intéresser
au déchiffrement de trois syllabes ?… Quelqu’un m’a même écrit que ce
déchiffrement n’expliquait pas le poème pour autant, ce qui est assez cocasse.
Les Premières
communions
Plusieurs
études intéressantes au sujet de ce poème, notamment de la part de Benoît de
Cornulier, Steve Murphy et Jean-Pierre Chambon. Il me faudra en présenter une
synthèse.
Ce qu’on dit au
Poète à propos de fleurs
Une
étude intéressante de Steve Murphy dans son livre Stratégie de Rimbaud. Jacques Bienvenu a proposé une thèse
stimulante à ce sujet et en a développé des éléments convaincants dans
plusieurs articles, dont un intitulé « Ce qu’on dit aux poètes à
propos de rimes ». Il me faudra produire une synthèse pour ce long poème
également, surtout dans la mesure de mes rapprochements avec le sonnet Voyelles.
[Contributions à
l’Album
zutique]
Sonnet du Trou
du Cul
(L’Idole)
Parodie
à deux (Verlaine et Rimbaud) du recueil L’Idole
d’Albert Mérat. Les lectures de référence sont celles de Steve Murphy et, plus
récentes, de Philippe Rocher, lequel multiplie toutefois le relevé de
calembours qui ne sont pas automatiquement des jeux de mots volontaires de la
part des auteurs, mais une sorte de jeu avec le poème qui nous est offert pour
en développer les implications à la lecture. Dans un article paru dans la revue
Europe en 2009, j’ai moi-même touché
un mot du positionnement des deux auteurs Rimbaud et Verlaine par rapport à
leur cible Albert Mérat dont les rimbaldiens disent gratuitement qu’il a fui le
cercle du zutisme puisqu’il n’a pas écrit dans l’Album, alors que sa présence est évoquée à plusieurs reprises par
les autres intervenants, mais en considérant encore que ce sonnet était plutôt
antérieur aux moqueries de Mérat sur l’homosexualité de Rimbaud et Verlaine que
l’inverse, dans la mesure où il s’agissait d’une invention des premiers temps d’arrivée
de Rimbaud à Paris. J’ai souligné par l’étude des transcriptions qu’il s’agissait
du second poème retranscrit dans l’Album.
Lys
La
lecture de référence est mienne. J’ai identifié les passages justifiant qu’il s’agissait
d’une parodie d’Armand Silvestre.
« J’occupais
un wagon… »
Steve
Murphy a proposé un déchiffrement obscène très peu naturel de ce poème auquel
je ne saurais souscrire. J’ai proposé une lecture fondée sur une comparaison
avec un dizain antérieur de Verlaine sur le blog Rimbaud ivre.
« Je
préfère sans doute… »
Je
prévois un article sur les réécritures de François Coppée dans l’œuvre de
Rimbaud, je proposerai alors une lecture de ce dizain, Jean-Luc Steinmetz ayant
identifié le diacre dont il est question dans le texte.
« L’Humanité
chaussait le vaste enfant Progrès. »
J’ai
identifié plusieurs vers de Ricard qui justifiaient que ce monostiche lui soit
faussement attribué. Je développerai ce point ultérieurement. Le principal vers
approchant que j’ai pu découvrir a été cité dans l’édition de la Pléiade en
2009, dans la mesure où je l’avais communiqué.
Vu à Rome
La
lecture de référence est mienne, je l’ai donnée, tardivement par rapport à d’autres
de mes analyses concernant l’Album
zutique, sur le blog Rimbaud ivre.
J’ai identifié les intertextes dans l’œuvre de Léon Dierx et j’ai souligné la
très probable allusion croisée à un poème du Reliquaire de François Coppée.
Fête galante
Il
existe quelques articles sur ce poème qui ne semble pas poser de problème de
compréhension particulier.
Jeune goinfre
La
lecture de référence a été donnée par Steve Murphy dans la revue Rimbaud vivant. Son étude a été reprise
dans le volume du même auteur Stratégie
de Rimbaud. L’intertexte de Louis Ratisbonne a alors été identifié.
Paris
Nous
notons deux articles de référence, un de Steve Murphy dans son livre Stratégie de la Commune et un autre d’Yves
Reboul repris dans son livre Rimbaud dans
son temps.
Cocher ivre
Il
n’existe pas d’étude de référence quant à ce poème. Nous avons toutefois
indiqué la raison « zutique » de la présence abondante de sonnets en
vers d’une syllabe dans l’Album zutique.
Voir notre article « A propos de l’Album
zutique » dans un numéro spécial Rimbaud de la revue Europe en 2009.
Vieux de la
vieille !
Le
texte d’annotation dans l’édition de la Pléiade en 2009 vient de moi. J’ai
découvert les citations composant ce poème dans le recueil Poésies guerrières de Belmontet. L’étude de référence que j’ai
publiée figure dans un numéro de la revue Histoires
littéraires que je ne possède pas.
Etat de siège
Je
reviendrai sur ce poème dans un article sur Coppée et Rimbaud.
Le Balai
Même
remarque que pour le poème précédent. Bernard Teyssèdre a proposé, dans son
livre Rimbaud et le foutoir zutique,
de commenter le point le plus énigmatique de ce poème à la lumière du sonnet de
Verlaine et Valade La Mort des cochons
qui figure à proximité. Les « sœurs mortes » seraient les « règles
éteintes ».
Exil
Steve
Murphy a proposé une étude de ce poème et j’ai rassemblé des extraits de presse
à son sujet, on verra plus tard.
L’Angelot maudit
Steve
Murphy et Benoît de Cornulier ont proposé des lectures importantes de ce poème
dans le volume collectif La Poésie
jubilatoire. J’ai pu identifier la réécriture d’un vers du poème L’Heure du berger de Verlaine.
« Aux
livres de chevet… »
Il
convient désormais de se reporter à mon article publié sur le blog Rimbaud ivre « Du nouveau sur l’Album zutique : en parcourant Le Moniteur universel ». Une étude
plus poussée suivra.
Hypotyposes
saturniennes ex Belmontet
J’ai
identifié les passages cités dans l’œuvre de Belmontet et la notice même dans l’édition
de la Pléiade en 2009 est de moi. La lecture de référence se trouve dans un
numéro de la revue Histoires littéraires.
Bernard Teyssèdre a voulu refaire cette étude, mais il a tort sur les points
sur lesquels il décide de diverger, notamment quand il croit que Rimbaud a
plutôt lu le recueil Les Nombres d’or
qu’un exemplaire plus récent et plus disponible des Lumières de la vie.
Les Remembrances
du vieillard idiot
Michael
Pakenham a souligné l’importance du poème Angelus
comme intertexte, j’ai souligné celle de la nouvelle de Coppée Ce qu’on prend pour une vocation et
Bernard Teyssèdre a pris en considération un long poème avoisinant de Cabaner.
Je reviendrai sur ce texte. Une étude de Steve Murphy peut retenir également l’attention.
Ressouvenir
Une
rime vient d’un poème de Coppée, sauf que nous ignorons où le poème de Coppée a
pu être publié avant que Rimbaud ne compose sa parodie. Une lecture a été
proposée par Steve Murphy et notre étude sur Belmontet dans la revue Histoires littéraires nous est l’occasion
d’un autre rapprochement.
Le Bateau ivre
La
lecture de référence est nôtre. Il s’agit de l’article Trajectoire du Bateau ivre paru dans la revue Parade sauvage n°22. Un complément est apporté par l’article Ecarts métriques d’un Bateau ivre publié
dans les Cahiers du centre d’études métriques de Nantes, article très
particulier qui est consultable sur internet et qui est aussi une histoire
globale de la versification française et une histoire de l’alexandrin
rimbaldien. De nouveaux éléments ont été signalés à l’attention dans l’article
du blog Rimbaud ivre : « Du
nouveau sur l’Album zutique : en
parcourant Le Moniteur universel ».
Je ne suis pas d’accord avec la lecture proposée par Steve Murphy dans la
continuité de mon article, alors inédit, de 2006. Je proposerai bientôt sur le
blog une synthèse aussi claire que possible de mes apports au sujet du Bateau ivre.
Les Douaniers
L’étude
de référence est celle d’Yves Reboul dans son livre Rimbaud dans son temps. Nous allons y revenir.
Oraison du soir
Plusieurs
articles sur ce sonnet, mais nous proposerons sur ce blog notre propre
commentaire.
Les Chercheuses
de poux
Deux
études à conseiller sur ce poème, celle de Steve Murphy dans son livre Le Premier Rimbaud ou l’apprentissage de la
subversion et celle d’Yves Reboul (Rimbaud
dans son temps), lequel minimise toutefois certains aspects comme l’intertexte
de Catulle Mendès.
Les
« Immondes » (titre apocryphe Stupra)
J’y
reviendrai.
Voyelles
La
lecture de référence est mienne, je vais revenir abondamment sur ce poème dans
les articles à venir du blog, sachant que des études sur des poèmes tels que Paris se repeuple, Ce qu’on dit au Poète à propos de fleurs et Les Mains de Jeanne-Marie auront pour fonction de participer à la
compréhension du sonnet Voyelles
auprès des lecteurs.
« L’Etoile
a pleuré rose… »
L’étude
de référence est celle d’Yves Reboul qui l’a publiée dans la revue Rimbaud vivant, puis reprise dans son
livre Rimbaud dans son temps.
Tête de faune
Je
vais donner ma lecture sur ce blog.
Vers pour les
lieux
J’y
reviendrai.
Les Mains de
Jeanne-Marie
Les
deux lectures de référence viennent de Steve Murphy (Rimbaud et la Commune) et Yves Reboul (article repris dans Rimbaud dans son temps). Je vais
proposer une étude qui partira de la relecture de ces deux articles.
Les Corbeaux
La
lecture de référence est nôtre, mais elle s’étale sur plusieurs articles. Le
premier a été publié dans la revue Rimbaud
vivant, les autres figurent sur le blog Rimbaud
ivre.
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