lundi 5 juillet 2021

Du sans intérêt, mais pour passer le temps, l'article "Portraits photographiques" du Dictionnaire Rimbaud 2021

Une bafouille qu'on peut laisser à son monde sans importance. Extraits cités de l'article mis en rouge.

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 PORTRAITS PHOTOGRAPHIQUES (Alsquith)

Depuis la mort de Rimbaud, les photographies du poète ont toujours été des objets de fascination, comme en a témoigné la découverte de celle qu’on a pu tenir pour la dernière d’entre elles, en 2008.

Première phrase peu claire. La photographie du Coin de table à Aden a fait parler d'elle dans les médias en 2009 ou en 2010. Mais il faut que le lecteur réagisse rapidement déjà pour comprendre de quelle photographie on parle, article trop allusif. Puis, la formulation "celle qu'on a pu tenir" est un peu ambiguë. Elle ne dit pas clairement qu'elle est tombée.
Ensuite, on a un commentaire où systématiquement les références renvoient à Lefrère pour les différentes photographies faites en France (enfance et adolescence du poète).

(Lefrère 2001 : 46)
(Lefrère 2001 : 209)
Selon Lefrère, cette photo aurait pu être prise un ou deux ans avant l’introduction de Rimbaud dans le monde littéraire à Paris, voire par un photographe à Charleville. Certains indices soutiennent cette thèse
(Lefrère 2001 : 349)
(Lefrère 2001 : 384).

D’autres photographies témoignent de la période où Rimbaud vécut en Afrique, en Éthiopie, et au Yémen. Il reste notamment trois autoportraits que Rimbaud envoya à sa famille de Harar.
Là, dans ces deux phrases, on a un truc un peu confus. L'article s'appelle non pas "Photographies", mais "portraits photographiques". Donc, dans "D'autres photographies", on est invités à comprendre celles qui sont autant de témoignages du visage de Rimbaud. L'astuce, c'est que le Yémen est mis en avant, alors que les trois photos à Harar sont toutes africaines. Il n'existe aucun portrait photographique de Rimbaud au Yémen.

La photographie de la partie de chasse, plébiscitée vers 1998, n'est que présumée, tandis que celle du Coin de table à Aden est tombée, il n'y a aucune photographie yéménite connue de Rimbaud.
Lefrère est à nouveau cité par-dessus tout au sujet des photographies au Harar (le pote Dubar est mentionné également dans cet article).
Lefrère y voit «un vrai portrait de bagnard, à la tristesse accablante – l’image de la résignation» et note que «Claudel trouvait terrible cette photographie “où on le voit tout noir, les pieds et la tête nus, en costume comme de forçat, les pieds nus aux rives de ce fleuves d’Abyssinie”» (Lefrère 2001 : 860-861).

On a le témoignage personnel de Lefrère qui est mis à côté de celui de Claudel, puis on a l'information que ça vient du livre de Lefrère. Tout se passe comme si on admirait à la fois Lefrère pour sa biographie et pour ce qu'il gambergeait.

On redécouvre Rimbaud en colonial dans un portrait de groupe retrouvé par Arnaud Delas, directeur d’une galerie parisienne, dans un lot de photographies des années 1880 (découverte rendue publique en 1998). Elle porte la légende manuscrite «Environs d’Aden. Avant le déjeuner à Sheick Otman» et montre un groupe de six hommes, trois assis au premier rang et les autres debout au deuxième rang, habillés en costume blanc – à part l’homme assis au milieu – et portant des fusils de chasse. Ils posent devant la maison de maître d’Hassan Ah, un notable d’Aden.

Lefrère est tenu à l'écart pour la photographie de la partie de chasse. Il est vrai que c'est plutôt Jeancolas qui a fait la promotion de cette ineptie. Mais rien n'est dit sur les doutes qui peuvent entourer cette photographie dans cet article.

Je cite enfin le dernier paragraphe :

En 2008, une nouvelle photo fut découverte par deux libraires, Alban Caussé et Jacques Desse, dans une brocante parmi un lot de photographies
d’Aden. Elle montre un groupe de gens assemblés sur le perron d’une maison et porte au dos le nom « l’Hôtel de l’Univers», lieu où Rimbaud vécut, peut-être en convalescent, au début de son séjour à Aden. Le groupe comprend sept personnes (six hommes et une femme) qui ont l’air assez détendues : un homme semble même habillé en pyjama. Cinq se reposent sur des chaises, dont l’homme à la tête familière. Un débat concernant l’authenticité de la photo a suivi sa présentation au Salon du livre ancien en 2010. Son attribution est aujourd’hui vivement contestée (Bienvenu 2015).

L'article se finit sur le cas de cette seule photographie. De nouveau, Lefrère n'est pas cité, ce qui est plus étonnant que pour la photographie précédente.
L'article se finit sur une référence à un article de Jacques Bienvenu qui se trouve dans la bibliographie qui suit, mais l'article pose un problème de lecture : "une nouvelle photo fut découverte... parmi un lot de photographies." (Authentique !) Heu ? ça veut dire quoi ?

Et ça veut dire quoi : "son attribution est aujourd'hui vivement contestée" ?
Vaillant, Alsquith et les autres, ils n'ont pas d'avis sur la question ? Tous ces gens se sont tus pendant la polémique. Ici, on admirera un article qui est écrit de telle façon qu'on peut croire qu'ils avalisent le fait que la photographie est tombée, sauf qu'ils ne le disent jamais franchement. C'est-il pas loufoque ? Je me doute que le français n'est pas la langue maternelle de Nicole Alsquith, mais quand même... On peut mieux rédiger que ça.

Au passage, l'idée du gars en pyjama, plutôt absurde, ce n'est pas du Lefrère ? On rend hommage aux "bons mots" de Lefrère ? Pour ce qui est des "bons mots", nous ne devons pas avoir les mêmes valeurs.
Notez cette autre ambiguïté : "l'homme à la tête familière" ? Le gars dont on a dit qu'il ressemblait à Rimbaud n'a jamais ressemblé à Rimbaud.
Et puis cette autre formulation ambiguë est à relever : "Un débat concernant l'authenticité de la photo..." Heu ? ça veut dire quoi "l'authenticité de la photo" ? Le débat est de savoir si c'est Rimbaud ou non sur la photographie, pas de savoir si la photographie peut être datée ou non d'époque et du lieu.
Enfin, l'article de Bienvenu mis dans les références bibliographiques ne résume pas du tout le débat et n'est pas l'article qui a fait tomber la photographie ! Le truc de Brice Poreau, ça vient après. Ce qui a fait tomber la photographie, c'est les identifications successives de Lucereau et Dutrieux (dont pas un mot n'est dit ici).
Bref !
Sur mon CV, je vais pouvoir écrire : "N'a contribué en aucune façon à l'écriture du Dictionnaire Rimbaud 2021."
Tous ceux qui en diront du bien, c'est uniquement diplomatique et par politique politicienne. Vous voyez bien que ce livre ne vaut rien, mais rien du tout.

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