Je ne sais pas si cela a déjà été relevé, mais Martel, étant le préfacier de la réédition de la biographie Rimbaud chez Fayard, il me souvient vaguement que, dans une émission de Bernard Pivot, Jean-Jacques Lefrère répondait déjà par une pirouette de fin de non-recevoir à l'idée de transférer Arthur Rimbaud, et à ce moment-là lui seul, au Panthéon. Je ne pense pas que Lefrère soit un grand rimbaldien, pas plus que l'un quelconque des pétitionnaires ou que Villepin ou qu'un éditeur d'une version courante des poésies de Rimbaud (du moins, ce n'est qu'un poste occupé, pas une preuve qu'on maîtrise le sujet), mais donc le biographe interviewé faisait remarquer que la tombe de Rimbaud était autrement fréquentée et vivante à Charleville-Mézières. Qui se rend sur le tombe de Victor Hugo ? C'était cela en substance la réponse. Marrant, le grand écart entre le biographe et son préfacier.
Sinon, parmi les gens, notamment anglosaxons qui ont aidé la biographie médicale à se faire, il y avait feu Pakenham. Je prends son édition de la Correspondance générale tome I de Verlaine. J'aurais bien aimé avoir la suite. Je vais citer un extrait d'une lettre de Verlaine à Rimbaud qui date de 1872 et qui est antérieure au départ pour la Belgique qui sera suivi d'un long séjour anglais. En effet, la relation entre les deux auteurs s'est progressivement détériorée, mais la lettre du 2 Avril 72 est celle mythique du "délicat envoi" de "l'Ariette oubliée, paroles et musique !" Je ne me rappelle plus comment cette lettre nous est parvenue et j'ai un mal de tête, mon train-train quotidien désormais, qui exclut toute tentative de rechercher l'information rapidement de ma part. Cependant, Verlaine répond à un courrier de Rimbaud à nous inconnu et écrit ceci : "Le 'petit garçon' accepte la juste fessée l' 'ami des crapaud' retire tout" et un peu plus loin il ajoute : "Et de même que je ne t'emmiellerai plus avec mes petitgarçonnades [...]". On peut se dire que "petitgarçonnades" est une reprise de l'accusation mentionnée d'être un "petit garçon", ami des "crapauds", sachant qu'au passage la femme de Verlaine était pourtant proche de la Commune et de Louise Michel pourtant, mais le mot "garçonnade" fait aussi songer au "droit de garçonnades", ce qui ouvre l'hypothèse d'une lecture à deux niveaux de sens. Et Verlaine a l'air d'indiquer que Rimbaud ne goûte pas ce style de construction dans sa relation à Verlaine. Or, la panthéonade actuelle, c'est bel et bien de la petitgarçonnade, non ? Cette lettre a l'air de faire sentir ce que penserait Rimbaud de ce qui lui arrive en 2020, et pas seulement à cause de l'expression "l'ami des crapauds" qui n'était que l'aspect le plus évident de sa désapprobation.
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