La Sologne peut être un nom de substitution pour les régions du Centre : l'Orléanais, le Berry et la Touraine. Elle est connue pour ses marais et ses forêts, et pourrait être différenciée des bords de Loire qui concernent pourtant également Orléanais, Berry et Touraine. Il y aurait d'un côté donc le Val de Loire ou le pays des châteaux de la Loire ou le bassin de la Loire et de l'autre un aspect paysager de marais et forêts caractérisé comme solognots. Pourtant, la Sologne ne peut manquer de concerner aussi les villes du bord de Loire, un château sur le Cosson comme Chambord, etc.
Mais, autant dans Malines, Verlaine vise les maisons cossues, les prairies des vaches, autant la mention de "cent Solognes longues comme un railway" vise autre chose comme image rendue par cliché dans Michel et Christine de Rimbaud.
Je ne suis pas paysager, mais bon lors de leur fugue en 1872 Rimbaud et Verlaine seraient passés en Belgique via Charleville[-Mézières]. De Charleville à quelques kilomètres après la frontière belge, la région est ardennaise, on arrive enfin au porte des Ardennes, puis dans un paysage un peu différent soit celui du Hainaut, soit celui de la province de Namur. Ils sont montés immédiatement à Bruxelles. Le 22 juillet, Verlaine abandonne sa femme à la frontière en gare de Quiévrain. Rimbaud était-il dans le train? Ils se sont peut-être rejoints à Walcourt, et en tout cas ils s'y sont trouvés. Puis ils sont passés à Charleroi où ils sont demeurés à nouveau.
Walcourt est la première ville candidate pour une identification du paysage décrit dans Michel et Christine. La ville de Charleroi ne répond déjà plus du tout au critère solognot.
Ils restent à Charleroi du 22 juillet au 9 août et reviennent alors à Bruxelles. Ils partent début septembre pour l'Angleterre.
Reste à déterminer quand les deux poètes ont pu se rendre à Liége, et quand ils ont pu se rendre à Malines. Notons qu'ils s'y sont bien arrêtés, puisque le "détail fin / Du château de quelque échevin" est sans aucun doute une allusion à la maison échevinale dans le centre de Malines. J'ai fait une recherche à cette adresse sur Google Earth, m'offrant le plaisir de marcher dans des rues où Verlaine et Rimbaud furent piétons (Aldermen's House, Mechelen).
L'identification du paysage de Michel et Christine à celui de Malines, hypothèse que suggère le poème de Verlaine qui porte ce nom de ville flamande en titre, pose problème. Il est certain que la destination malinoise a à voir avec l'installation ferroviaire de prestige en Belgique, mais Liège implique aussi des forêts ardennaises, ce qui peut justifier l'idée de railway coupant des forêts en ligne droite du genre de la Sologne.
Il me faudrait une spécialisation sur la Belgique : la carte de ses réseaux ferrés de l'époque avec la proximité des forêts et des marais notamment.
Enfin, il est question d'un orage dans le poème, et l'été est propice aux orages.
Je me demande s'il n'est pas possible de resserrer la datation de poème en déterminant la référence de lieu et de temps qui sous-tend la création de Michel et Christine.
Le début d'été 1872 a été particulièrement chaud à Paris et à Bruxelles, comme l'attestent les articles de La Renaissance littéraire et artistique et aussi le poème Juillet décrivant les alentours du "Boulevart du Régent" plongés sous un ciel au "Bleu de Sahara". Il faudrait étudier la météo jour par jour des provinces belges, et notamment de Walcourt, Malines et Liège, jour par jour, du 7 juillet 1872 au 7 septembre 1872.
Je ne crois pas pour être exhaustif sur le sujet que l'allusion à la Sologne puisse concerner la traversée flamande jusqu'à la Mer du Nord, encore moins l'Angleterre.
L'idée de ces "cent Solognes longues comme un railway" est à rapprocher du début d'un poème de la section "Paysages belges" des Romances sans paroles. Je ne veux pas dire Malines comme on s'y attend, mais Bruxelles, Simples fresques II, avec son premier vers "L'allée est sans fin". Le même début de poème est comparable au début de Juillet de Rimbaud, au ciel "bleu de Sahara" répond ici le "ciel, divin / D'être pâle ainsi". L'image des châteaux pour Royer-Collards conforterait un rapprochement encore avec l'idée de châteaux de la Loire en Sologne. Mais le ciel pâle indique aussi que le temps bleu ne s'est pas maintenu.
Le poème Simples fresques I confirme cette hypothèse d'une allusion au temps qu'il fait lors de la confection des poèmes, avec la mention des "apparences d'automne". Le poème est situé sur une épigraphe d'une version manuscrite "Près de la ville de Bruxelle [sic] en Brabant" mention accompagnée d'une indication de titre Complte d'Isaac Laquedem, titre qui indique d'où vient la mention versifiée de lieu. C'est une allusion au motif du juif-errant déjà présent dans Walcourt. Le motif du juif-errant s'arrêtant dans une ville (non identifiée) près de Bruxelles dans le Brabant date du Moyen Âge, elle viendrait d'un écrit médiéval d'un habitant de Tournai.
Le poème Chevaux de bois concerne lui le champ de foire de "St Gilles-lez-Bruxelles"
Tous ces poèmes bruxellois sont datés d'août 1872, tout comme Malines.
Ce dernier source devenue évidente de rapprochement avec Michel et Christine fait encore état de "prés sans fins" et d'une "plaine immense". Il est surtout question d'un Sahara de prairies, donc d'une région moins peuplée, plutôt d'élevage avec des maisons cossues pour vivre en retrait, puisqu'il est question de "château de quelque échevin".
Fénelon est convoqué avec corruption d'une célèbre phrase de son Télémaque souvent reprise, sinon réécrite par les écrivains.
Le motif ferroviaire est central et on ne peut que penser à l'importance du train en Belgique à cette époque.
Peut-être notre recherche météorologique doit-elle être peu postérieure au neuf août. La région brabançonne serait bien celle qui était concernée dans l'esprit de Rimbaud par l'image des "longues Solognes".
La ligne de train impliquant Malines reste une bonne candidate.
La ligne Bruxelles-Malines est inaugurale, précoce, elle date de 1835.
Pour ce qui est des trains en Sologne, il faut savoir que le réseau ferroviaire français était centré sur Paris. Il y avait des lignes vers l'Angleterre, la Belgique, l'Allemagne et l'Italie : Amiens, Dunkerque, Lille, Valenciennes, Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille. Pour ce qui concerne la Sophocle, nous avons une ligne pour le centre passant par Bourges et vers l'Espagne passant par Tours. Il y avait encore une transversale Bordeaux-Sète passant par Toulouse et une ligne Lyon-Mulhouse. Puis cela s'est encore développé.
Mais le problème est d'envisager une connaissance par train ou autrement de la Sologne par Rimbaud.
Avec la Loire, la Sologne présente aussi la possibilité de transports maritimes, avec le Pont-de-Cé pour arrêter les vikings, mais bref nos connaissances biographiques sur Rimbaud ne nous poussent jamais de ce côté-là.
Marais, forêts, prairies et châteaux isolés, c'est sans doute la représentation de la Sologne que peut se faire Rimbaud par culture littéraire. C'est aussi le Centre qui est concerné et une région de France fortement liée à Paris. C'est en-dessous géographiquement et c'est l'Orléanais, voire la Touraine, des régions qui furent toujours au coeur du royaume français.
Est-ce que les longues Solognes en Belgique ne seraient pas et d'une liées au train qui fait défiler le paysage sans fin, et de deux à une idée de Brabant assimilé à une sorte d'Orléanais bourgeois autour de Bruxelles ?
Autre détail. Je ne comprends pas pourquoi dans la biographie Arthur Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère, page 515, il est écrit "Le samedi 7 septembre, deux semaines après l'aller-retour Bruxelles-Quiévrain, Rimbaud et Verlaine se rendirent en train à Ostende, où ils embarquèrent sur un bateau à destination de Douvres."
Certes, le biographe ignorait alors que Rimbaud et Verlaine avaient résidé à Charleroi et n'étaient revenus à Bruxelles que le neuf août, mais la tentative de Mathilde pour récupérer son épopux date du 22 juillet, il doit s'agir d'un lapsus, car deux semaines cela ne nous renverrait qu'au 22 août environ.
Ce qui m'intéresse, c'est que le champ de foire de Saint-Gilles est un peu à l'extérieur de Bruxelles et la population bruxelloise s'y rendait tous les dimanches si je ne m'abuse.
Le poème Chevaux de bois ferait référence à l'un des dimanches suivants connus par les deux poètes : dimanche 11 août, dimanche 18 août, dimanche 25 août, sachant que les dimanches 18 et 25 semblent de meilleurs candidats, vu que notre poète a bien l'air d'avoir composé deux "simples fresques" auparavant.
Là encore, une expertise météorologique ne serait pas inutile. Il faudrait préciser les jours d'orage antérieurs au 18 août et le dimanche possible où un "ciel en velours / D'astres en or se vêt lentement" selon une des versions connues du poème Chevaux de bois.
Jamais un tel degré de précision n'a été envisagé en ce qui concerne la datation des "Paysages belges" de Verlaine.
Photo (1907 env.) de l'estaminet Au Jeune Renard
Autre
Autre
Une quatrième que je n'ai pu dégager des autres
L'idée de ces "cent Solognes longues comme un railway" est à rapprocher du début d'un poème de la section "Paysages belges" des Romances sans paroles. Je ne veux pas dire Malines comme on s'y attend, mais Bruxelles, Simples fresques II, avec son premier vers "L'allée est sans fin". Le même début de poème est comparable au début de Juillet de Rimbaud, au ciel "bleu de Sahara" répond ici le "ciel, divin / D'être pâle ainsi". L'image des châteaux pour Royer-Collards conforterait un rapprochement encore avec l'idée de châteaux de la Loire en Sologne. Mais le ciel pâle indique aussi que le temps bleu ne s'est pas maintenu.
Le poème Simples fresques I confirme cette hypothèse d'une allusion au temps qu'il fait lors de la confection des poèmes, avec la mention des "apparences d'automne". Le poème est situé sur une épigraphe d'une version manuscrite "Près de la ville de Bruxelle [sic] en Brabant" mention accompagnée d'une indication de titre Complte d'Isaac Laquedem, titre qui indique d'où vient la mention versifiée de lieu. C'est une allusion au motif du juif-errant déjà présent dans Walcourt. Le motif du juif-errant s'arrêtant dans une ville (non identifiée) près de Bruxelles dans le Brabant date du Moyen Âge, elle viendrait d'un écrit médiéval d'un habitant de Tournai.
Le poème Chevaux de bois concerne lui le champ de foire de "St Gilles-lez-Bruxelles"
Tous ces poèmes bruxellois sont datés d'août 1872, tout comme Malines.
Ce dernier source devenue évidente de rapprochement avec Michel et Christine fait encore état de "prés sans fins" et d'une "plaine immense". Il est surtout question d'un Sahara de prairies, donc d'une région moins peuplée, plutôt d'élevage avec des maisons cossues pour vivre en retrait, puisqu'il est question de "château de quelque échevin".
Fénelon est convoqué avec corruption d'une célèbre phrase de son Télémaque souvent reprise, sinon réécrite par les écrivains.
Le motif ferroviaire est central et on ne peut que penser à l'importance du train en Belgique à cette époque.
Peut-être notre recherche météorologique doit-elle être peu postérieure au neuf août. La région brabançonne serait bien celle qui était concernée dans l'esprit de Rimbaud par l'image des "longues Solognes".
La ligne de train impliquant Malines reste une bonne candidate.
La ligne Bruxelles-Malines est inaugurale, précoce, elle date de 1835.
Pour ce qui est des trains en Sologne, il faut savoir que le réseau ferroviaire français était centré sur Paris. Il y avait des lignes vers l'Angleterre, la Belgique, l'Allemagne et l'Italie : Amiens, Dunkerque, Lille, Valenciennes, Nancy, Strasbourg, Lyon, Marseille. Pour ce qui concerne la Sophocle, nous avons une ligne pour le centre passant par Bourges et vers l'Espagne passant par Tours. Il y avait encore une transversale Bordeaux-Sète passant par Toulouse et une ligne Lyon-Mulhouse. Puis cela s'est encore développé.
Mais le problème est d'envisager une connaissance par train ou autrement de la Sologne par Rimbaud.
Avec la Loire, la Sologne présente aussi la possibilité de transports maritimes, avec le Pont-de-Cé pour arrêter les vikings, mais bref nos connaissances biographiques sur Rimbaud ne nous poussent jamais de ce côté-là.
Marais, forêts, prairies et châteaux isolés, c'est sans doute la représentation de la Sologne que peut se faire Rimbaud par culture littéraire. C'est aussi le Centre qui est concerné et une région de France fortement liée à Paris. C'est en-dessous géographiquement et c'est l'Orléanais, voire la Touraine, des régions qui furent toujours au coeur du royaume français.
Est-ce que les longues Solognes en Belgique ne seraient pas et d'une liées au train qui fait défiler le paysage sans fin, et de deux à une idée de Brabant assimilé à une sorte d'Orléanais bourgeois autour de Bruxelles ?
Autre détail. Je ne comprends pas pourquoi dans la biographie Arthur Rimbaud de Jean-Jacques Lefrère, page 515, il est écrit "Le samedi 7 septembre, deux semaines après l'aller-retour Bruxelles-Quiévrain, Rimbaud et Verlaine se rendirent en train à Ostende, où ils embarquèrent sur un bateau à destination de Douvres."
Certes, le biographe ignorait alors que Rimbaud et Verlaine avaient résidé à Charleroi et n'étaient revenus à Bruxelles que le neuf août, mais la tentative de Mathilde pour récupérer son épopux date du 22 juillet, il doit s'agir d'un lapsus, car deux semaines cela ne nous renverrait qu'au 22 août environ.
Ce qui m'intéresse, c'est que le champ de foire de Saint-Gilles est un peu à l'extérieur de Bruxelles et la population bruxelloise s'y rendait tous les dimanches si je ne m'abuse.
Le poème Chevaux de bois ferait référence à l'un des dimanches suivants connus par les deux poètes : dimanche 11 août, dimanche 18 août, dimanche 25 août, sachant que les dimanches 18 et 25 semblent de meilleurs candidats, vu que notre poète a bien l'air d'avoir composé deux "simples fresques" auparavant.
Là encore, une expertise météorologique ne serait pas inutile. Il faudrait préciser les jours d'orage antérieurs au 18 août et le dimanche possible où un "ciel en velours / D'astres en or se vêt lentement" selon une des versions connues du poème Chevaux de bois.
Jamais un tel degré de précision n'a été envisagé en ce qui concerne la datation des "Paysages belges" de Verlaine.
Photo (1907 env.) de l'estaminet Au Jeune Renard
Autre
Autre
Une quatrième que je n'ai pu dégager des autres
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