J'ai enfin reçu mon exemplaire du livre de Raymond Clauzel Une saison en enfer et Arthur Rimbaud. J'appréhendais un peu son mauvais état, parce que j'ai pris un exemplaire nettement moins cher que les autres sur la toile, mais ça va, il ne part pas en lambeaux, est complet, tient bien en main, n'a pas un côté abîmé. Sa particularité, c'est qu'il est recouvert d'un papier blanc légèrement plastifié, un peu comme du papier sulfurisé en plus résistant, ce qui fait très scolaire et le papier de protection n'étant que superficiellement translucide, il empêche de voir la couverture. Le titre n'est pas "Une saison en enfer d'Arthur Rimbaud", mais bien "Une saison en enfer et Arthur Rimbaud". C'est un livre assez conséquent avec un texte qui va de la page 9 à la page 150. Malheureusement, ça ne parle pas de but en blanc du texte du livre Une saison en enfer. L'auteur revient sur la vie antérieure et le parcours de Rimbaud, il ne commente pas du tout le texte au plus près, pas même des extraits. Il procède par pas mal d'affirmations péremptoires et surtout il établit certains patronages pour sa lecture, et ça on ne peut pas l'anticiper si on ne l'a pas lu soi-même. On peut anticiper qu'une lecture sous l'angle d'un repentir touchant pour un chrétien d'Une saison en enfer va se référer à Dante, par exemple, mais Clauzel met en avant aussi Ernest Renan et quelques autres noms qui ne sont pas considérés comme très rimbaldiens, puis il met en avant Nietzsche. Clauzel part d'un présupposé de convergence d'époque entre Rimbaud et Nietzsche, en incluant un peu de Renan, quelques autres noms, et puis surtout cet auteur italien que je ne connaissais pas, Giovanni Papini, et son livre Un homme fini. Papini est un auteur italien quelque peu connu mais controversé à cause bien évidemment des événements du vingtième siècle, mais comme je ne connais pas encore tout ça je vais juste souligner ce qui impose des recoupements immédiats. Le livre de Clauzel date de 1931, et ce ne serait qu'à partir de 1935 que Papini se rapprocherait du parti au pouvoir en Italie. Papini est né en 1881 et à ses débuts littéraires il joue les déclarations fracassantes sur la mort de la philosophie, puis en 1912 anticlérical il fait scandale en prêtant une relation homosexuelle à Jésus-Christ avec l'apôtre Jean. Et c'est à ce moment-là qu'il publie son autobiographie Un homme fini. Il écrit ensuite quelques recueils poétiques, puis il vire de bord, se convertit au catholicisme et publie en 1921 une Vie du Christ. Cela éclaire d'un jour précis la lecture de Raymond Clauzel, mais avant d'en rendre compte je vais relire le livre et prendre des notes, ça va demander un peu de travail pour organiser une étude claire qui va à l'essentiel.
Il y a quatorze chapitres et le douzième est celui qui nous intéresse : "XII - La Vierge Folle et l'Epoux infernal". C'est tellement la partie essentielle de l'ouvrage que son auteur annonce à quelques reprises et notamment dans les toutes premières pages du "Prologue" qu'il va montrer que la Vierge folle n'est pas Verlaine.
Face à lui, il y a donc la plaquette du colonel Godchot de seulement 45 pages, sachant que l'étude sur Une saison en enfer se termine à la page 36.
J'ai déjà rendu compte de l'analyse de Godchot pour son article sur le prétendu autodafé des exemplaires de la Saison, pour tout ce qui concerne la prose liminaire, "Mauvais sang" et "Nuit de l'enfer". Je vais reprendre avec deux autres articles, l'un sur les dernières sections de "L'Impossible" à "Adieu", l'autre sur les deux "Délires".
Je vais faire un article à part sur Raymond Clauzel.
Il faut vous attendre à trois articles, et je ferai peut-être l'article sur Clauzel avant le dernier article sur la plaquette du colonel Godchot.
Il faut vous attendre à trois articles, et je ferai peut-être l'article sur Clauzel avant le dernier article sur la plaquette du colonel Godchot.
Ensuite, j'ai bien envie de faire une grande étude récapitulative où je traiterai aussi des livres de Davies, Bardel, Nakaji, Brunel, Murat, Vaillant et quelques autres. Je serai en mesure d'envoyer du lourd comme on dit. Je vais produire une étude comme jamais il y en a eu sur le sens global du livre Une saison en enfer.
Je reviens maintenant sur deux points que je n'ai pas traité, alors que c'était prévu, dans mes précédents comptes rendus de la plaquette du colonel Godchot.
J'ai été frappé par une citation inexacte : "conscience si morte" au lieu de "contenance si morte". Les citations approximatives sont monnaie courante dans le livre de Clauzel, mais celle-ci se trouve sous la plume de Godchot. Je voulais en parler, et j'ai bien fait d'oublier, parce que, maintenant que j'ai lu le livre de Clauzel, je me dis que c'est pour avoir lu plusieurs fois ce mot dans le livre de Clauzel qu'obnubilé Clauzel a écrit "conscience" au lieu de "contenance" en citant "Mauvais sang".
Pour le début de la prose liminaire, je reviens sur la question des sources. En critiquant l'étude de Godhot, j'ai épinglé les rimbaldiens qui essaient à tout prix de fausser le sens du livre Une saison en enfer en exhibant des sources qui en termes de rapprochements sensibles fournissent une armature lourde. Je fais partie des gens qui aiment bien trouver des sources concrètes de Rimbaud, qui aiment bien de montrer qu'il a réécrit un passage littéraire d'un prédécesseur. D'ailleurs, je suis profondément agacé que les rimbaldiens n'enregistrent pas l'importance de la rime "ombelle"/"belle" reprise à Victor Hugo. Je suis face à des débiles mentaux qui se contentent de constater que la rime est la même et qui pensent à une coïncidence. C'est une bêtise tellement crasse que rien n'arrivera jamais à la nettoyer. Mais, là, les mêmes clampins vont arriver et dire : "Mais comment ? le festin de Gilbert, le festin de l'antiquité chez Lucrèce est une référence plus claire qu'un festin biblique, et patati patata, et vous ne voyez que la Muse était assise comme une pute sur les genoux des poètes dans "La Maison du berger" et que Rimbaud reprend cela dans sa Saison et donc la Beauté c'est la Muse.
Non ! Il y a un moment où il faut savoir arrêter d'être débile. La lecture de la prose liminaire d'Une saison en enfer est conditionnée par ses éléments internes. Et c'est cette cohérence qui doit prévaloir. Si la source contredit le texte que nous lisons, il faut revoir l'analyse. Soit la source n'est pas bonne, soit la source est réécrite au point de ne pas dire la même chose que ce qui se trouve dans la source.
Ce n'est pas une bonne démarche d'arriver en montreurs de similarités pour affirmer à l'emporte-pièce que ça explique le sens du texte étudié de manière univoque.
La logique doit primer.
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