J'attends la livraison d'un exemplaire du livre de Raymond Clauzel sur Une saison en enfer qui me sera utile pour l'analyse du livre du colonel Godchot qui le cite en s'y opposant. A propos de la biographie Rimbaud d'Enid Starkie, titre identique à la biographie de Pierre Petitfils, il y a un défaut d'impression du chapitre "Le Drame de Bruxelles", on a la première ligne du poème "Vagabonds" cité plus bas en lieu et place des premiers mots prévus que, du coup, je ne connais pas, mais rien de grave.
J'ai aussi acheté pour douze euros Le Livre des Sonnets publié par Alphonse Lemerre à la fin du XIXe siècle, où Rimbaud n'est pas cité.
J'en reviens alors à notre sonnet "Voyelles". Je vais le citer et souligner quelques passages par différentes couleurs par anticipation des rapprochements que je vais effectuer ensuite.
A noir, E blanc, I rouge, U vert, O bleu : voyelles,Je dirai quelque jour vos naissances latentes :A, noir corset velu des mouches éclatantesQui bombinent autour des puanteurs cruelles,Golfes d'ombre ; E, candeurs des vapeurs et des tentes,Lances des glaciers fiers, rois blancs, frissons d'ombelles ;I, pourpres, sang craché, rire des lèvres bellesDans la colère ou les ivresses pénitentes ;U, cycles, vibrements divins des mers virides,Paix des pâtis semés d'animaux, paix des ridesQue l'alchimie imprime aux grands fronts studieux ;O, Suprême Clairon plein des strideurs étranges,Silences traversés des Mondes et des Anges :- O l'Oméga, rayon violet de Ses Yeux !
Je vais commencer par le second quatrain avec la rime "ombelles"/"belles". C'est une rime rare en soi. Rimbaud reprend la mention "ombelle" dans le poème "Famille maudite" réintitulé "Mémoire" ensuite, mais il ne la place pas à la rime mais à l'intérieur du vers en écho avec la véritable rime "ombrelle"/"elle". Mon intuition me fait considérer cette rime comme rare pour l'ensemble de la poésie en vers du XIXe siècle. Je n'ai pas le souvenir de l'avoir rencontrée sous la plume de Lamartine, Vigny, Musset, Gautier, Nerval, Banville, Leconte de Lisle, Verlaine et tant d'autres. Je pense qu'on pourra me contredire avec des contre-exemples tirés de poèmes que j'ai forcément lus, mais cela n'empêchera pas d'en arriver à la conclusion d'une réelle rareté.
Et cette rime est rare également sous la plume de Victor Hugo qui en a tant écrit des vers.
Prenons alors le recueil Les Contemplations. Après une préface où il est question de l'universalité du "moi" du poète, le recueil est scindé en deux parties : Aujourd'hui et Autrefois qu'un abîme sépare, comme dit Hugo, et qui n'est autre que "le tombeau".
Hugo parle non de parties, mais de deux volumes "Autrefois" et "Aujourd'hui", et chaque volume est composé de trois livres. Le premier "Volume" est composé de trois livres qui ont les titres suivants : "Aurore", "L'Âme en fleur'" et "Les Luttes et les rêves".
A la différence du volume "Aujourd'hui", le volume "Autrefois" est lancé par un poème liminaire sans titre qui n'appartient à aucun de ses trois livres constitutifs, c'est un peu le "chapeau" de cette partie du recueil et il s'agit d'un poème de vision : "Un jour je vis..." Il est question d'un poète au bord des flots qui sent face à lui deux abîmes, celui de la mer et celui des cieux, et à l'horizon il voit un navire qu'il assimile symboliquement à l'homme quand tout le reste du décor est la représentation du Seigneur Dieu : mer, vent, astre.
Le premier livre "Aurore" commence par un festival de poèmes magnifiques, même quand ils ne sont guère connus. L'utilisation du vers de trois syllabes dans "A ma fille" est d'une finesse rythmique exceptionnelle. Le poème "Mes deux filles" cite discrètement l'un des plus beaux des Sonnets pour Hélène de Ronsard :
Te regardant assise auprès de ta cousine,Belle comme une Aurore, et toi comme un Soleil,[...]Dans le frais clair-obscur du soir charmant qui tombe,L'une pareille au cygne et l'autre à la colombe,Belles, et toutes deux joyeuses, ô douceur ![...]
Le poème II est magnifique aussi et puis il y a ce poème IV sans titre qui le poursuit en idée quelque peu et où figure la rime "ombelle"/"belle".
Dans le poème II, "Le poëte s'en va par les champs...", c'est le poète lui-même qui écoutant en lui-même une lyre est regardé par les fleurs et les arbres qui saluent le rêveur reconnaissable à la "sereine lueur" qui jaillit "de son front". Le poème IV s'ouvre pas une autre splendeur frontale : "Le firmament est plein de la vaste clarté;" et je ne vous apprends pas que "clarté" est un mot de la famille lexicale de "clairon". Et sur la base de ce rapprochement, je peux m'en permettre un autre dans la foulée entre "plein de la vaste clarté" et "Clairon" "plein des strideurs étranges".
Et je parle depuis quelque temps de chercher les poèmes qui ressemblent à "Voyelles" pour le sujet tout en lui étant bien évidemment antérieurs. Et dans cette démarche, je sais par avance que les poèmes des Contemplations vont tenir une place de choix, et justement non content de rapprocher "vaste clarté" et "Suprême Clairon", "plein de la vaste clarté" et "plein de strideurs étranges", je me permets de faire remarquer le procédé similaire entre Rimbaud qui transforme en images soit le noir, soit la lettre couleur A noir, et Hugo qui traduit la "vaste clarté" en valeurs par le truchement de mots : "Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté". La "vaste clarté" est porteuse de significations, et il s'agit de valeurs positives, enthousiasmantes, qui sont aisées à assimiler aux images du "E blanc" dans le sonnet "Voyelles" de Rimbaud lui-même. Le blanc chez Rimbaud porte des valeurs de royauté et de fierté des êtres, des valeurs d'élan également avec "Lances des glaciers fiers". Le mot "candeurs" convient parfaitement au vers 2 que je viens de citer et que je peux répéter du poème hugolien : "Tout est joie, innocence, espoir, bonheur, bonté". Les mots "innocence" et "bonté" sont très proches de "candeur". Notez que Rimbaud joue aussi avec "candeur" ou son adjectif correspondant "candides" dans "Le Bateau ivre" ou "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs". A cette aune, l'emploi du mot n'est pas anodin dans "Voyelles". Or, Rimbaud a en réalité modifié le vers 5 de "Voyelles", puisque sur la copie faite par Verlaine il y avait une répétition du mot "frissons" du vers 5 au vers 6. La reprise du mot "frissons" concernait les seules images du "E blanc", sa mise en relief ostentatoire étant alors quelque peu maladroite, à tel point que c'est notre argument décisif pour considérer que la copie faite par Verlaine est antérieure à l'état autographe.
Je rappelle qu'Emile Blémont détenait cet autographe. La copie faite par Verlaine doit dater de l'éloignement de Rimbaud de mars à début mai 1872 et la copie autographe a dû être remise en mai 1872 à la naissante revue La Renaissance littéraire et artistique à des fins de publication avec peut-être un manuscrit des "Corbeaux", si ce dernier n'avait pas été remis avant que Rimbaud ne quitte Paris en mars 1872. En juin, la revue n'avait publié aucun des deux poèmes, ce qui impatientait Rimbaud qui invita Delahaye à chier dessus. Et c'est très important à prendre en considération, parce qu'en mai 1872 Rimbaud reprend en le réadaptant un vers du poème "Les Corbeaux" dans "La Rivière de Cassis" : "chers corbeaux délicieux", et il cite un vers du poème "C'est moi" de Marceline Desbordes-Valmore sur un manuscrit d'un autre poème daté de mai 1872, poème "C'est moi" qui est comme je l'ai démontré sur ce blog la source d'inspiration du poème "Romance sans paroles" que Verlaine a fait publier dans La Renaissance littéraire et artistique, à peu près au moment du retour de Rimbaud sur Paris, et en tout dans l'un des tout premiers numéros. Et si vous suivez attentivement la trame que je suis en train d'établir, vous remarquez que le mot "frissons" est clef dans le poème de "Verlaine" : "C'est tous les frissons des bois", etc., et que nous avons un ensemble de poèmes qui ont le même esprit que les poèmes de Victor Hugo au début des Contemplations. La Nature est vivante et parle, le poète déchiffre ce langage des êtres. Et il s'y ajoute la communion du moi, jusqu'au titre du poème de Desbordes-Valmore, ce qui devient un "nous" dans le poème de Verlaine : "Cette âme, c'est la nôtre", poème qui s'ouvre une citation d'une ariette de Favart que Rimbaud lui avait offert par courrier entre la toute fin de mars et le tout début du mois d'avril. Et le titre "Romance sans paroles" n'est plus le titre d'un recueil de 1874 né dans une pensée propre à Verlaine qui ne concerne pas Rimbaud, puisque nous sommes en train d'établir que le titre "Romance sans paroles" entre en résonance avec les idées du sonnet "Voyelles" auquel il rend probablement hommage !
Reprenons le poème IV du livre "Aurore" des Contemplations. La composition n'est pas très longue, quarante alexandrins. On y trouve ce vers : "La fleur parle au rayon", qui fait songer au poème "Stella" que Rimbaud cite comme l'horizon du vu hugolien et qui fait songer à la formule "la fleur qui me dit son nom" du poème en prose intitulé si pas "Aurore" du moins "Aube" au sein du recueil des Illuminations. Et ce poème IV contient aussi son lot de vers développant la métaphore d'une lecture spirituelle des signes universels de la Nature et du cosmos : "Le vent lit à quelqu'un d'invisible un passage / Du poëme inouï de la création[.]" Mais sachez que c'est précisément à la suite de cette mention qui, plus que d'évidence, a marqué Rimbaud : "la fleur parle au rayon", que vous avez les deux alexandrins hugoliens fournissant la rime "ombelle"/"belle" que Rimbaud a reprise au pluriel dans "Voyelles" :
L'oiseau parle au parfum ; la fleur parle au rayon ;Les pins sur les étangs dressent leur verte ombelle ;Les nids ont chaud ; l'azur trouve la terre belle,[...]
Et, comme par hasard, le sonnet "Voyelles" dans sa chute fournit précisément une occurrence énigmatique du mot "rayon" à la rime ici chez Hugo devant le couple "ombelle"/"belle" : "rayon violet de Ses Yeux !"
Pensant à la citation de Favart par Verlaine, je remarque aussi la présence du nom "haleines" à la rime avec "plaines" deux vers après la rime "ombelle"/"belle". En effet, seuls deux alexandrins avec la rime "flottants"/"printemps" séparent la rime "ombelle"/"belle" de la rime "haleines"/"plaines".
Les vers de Favart tirés de l'Ariette oubliée et cités par Verlaine sont :
Le vent dans la plaineSuspend son haleine.
Il est question d'une "humble antienne" chez Verlaine, mais d'un "hosanna" chez Hugo :
O coteaux ! ô sillons ! souffles, soupirs, haleines !L'hosanna des forêts, des fleuves et des plaines,S'élève gravement vers Dieu, père du jour :Et toutes les blancheurs sont des strophes d'amour :Le cygne dit : Lumière ! et le lys dit : Clémence !Le ciel s'ouvre à ce chant comme une oreille immense.Le soit vient ; et le globe à son tour s'éblouit,Devient un oeil énorme et regarde la nuit ;[...]
Je l'ai déjà dit ! Dans "une fleur qui me dit son nom" du poème "Aube", la révélation du nom de la fleur vient de ce qu'elle est reflétée par le lever du jour, et vous notez ici que Victor Hugo emploie de la même manière, et avant Rimbaud, le verbe "dire" : le blanc du cygne est sa prise de parole pour dire "Lumière" en allant jusqu'à la célébration. Et le lys est blanc parce qu'il prend la parole pour inviter à la clémence. Et en si bon chemin, vous ne saurez nier l'intérêt d'un rapprochement entre "candeurs des vapeurs et des tentes" et cet alexandrin : "Et toutes les blancheurs sont des strophes d'amour". Pensez aussi à "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs".
Notez aussi l'oreille prêtée au ciel qui est à rapprocher de la vision du "rayon violet de Ses Yeux" dans l'échange de regard entre terre et ciel du sonnet "Voyelles". Chez Hugo, la transformation en oeil est réservée au globe qui porte le genre humain, l'originalité étant que toute la Nature et pas seulement l'Homme admire le ciel et lui rend grâce. Plongés dans l'obscurité, les éléments terrestres admirent les étoiles.
Le poème de Victor Hugo introduit la présence rêveuse inquiétante de Satan, ignorant quel Satan adolescent allait retourner la spiritualité de son propos en un discours excluant "Dieu", ce "père du jour" selon Hugo.
Il est question d'extase et de rayonnement chez Hugo, et Satan est rêveur parce que quelque peu subjugué, lui l'être de Lumière tombé dans l'ombre et souhaitant remonter.
Mais je n'oublie pas non plus la mention des "frissons" dans "Voyelles" qu'on ne peut manquer d'associer à l'éclat du jour se répandant dans la Nature, du haut des "glaciers fiers" aux petites "ombelles", en passant par les "tentes" des humains. Dans le poème de Victor Hugo, il est question d'un "azur frissonnant", et l'adjectif "frissonnant" est significativement placé en relief après la césure :
Tout regorge de sève et de vie et de bruit,De rameaux verts, d'azur frissonnant, d'eau qui luit,[...]
Indiquons enfin par rapport au "rire des lèvres belles" que dans les poèmes avoisinants Hugo célèbre le rire et le définit aussi pour ne pas le confondre avec son mauvais emploi.
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Plus tard, je ferai un relevé de la rime banale "étranges"/"anges" dans la poésie du XIXe siècle, mais par la force des choses il y a d'autres rires rares dans "Voyelles", à cause des mots "latentes" et "virides".
Notons que "pénitentes" est aussi une mention rare, que le mot "voyelles" à la rime l'est aussi si ce n'est que son emploi semble naturel à cause du titre et sujet de la composition. J'observe des contrastes intéressants au plan des rimes : "voyelles" / "cruelles" ou "virides" / "rides".
Pour l'adjectif "latentes", sa rareté à la rime est vertigineuse en poésie. Je prétends l'avoir rencontré dans une revue du XIXe siècle consultable à la bibliothèque municipale de Toulouse dans un sonnet de quelques années postérieur à la composition de "Voyelles", c'était peut-être dans une publication de l'année 1878, je ne sais plus exactement, et cela était le fait d'un obscur poète à ses heures qui avait eu la chance d'être retenu pour une publication. En tout cas, comme par hasard, celui qui emploie cet adjectif à la rime comme Rimbaud, et très peu de temps avant lui, c'est Armand Silvestre dans son recueil Les Renaissances. Je rappelle que dans l'Album zutique nous avons la succession d'un sonnet et d'un quatrain formée par la parodie de L'Idole de Mérat : le "Sonnet du Trou du Cul", et la parodie du premier recueil de Silvestre Rimes neuves et vieilles : le quatrain "Lys". Et sur la marge laissée à gauche, Pelletan et Valade ont repris cette idée en composant l'un un sonnet et l'autre un quatrain, et le sonnet de Pelletan est un peu par son sujet une façon de transition entre le "Sonnet du Trou du Cul" et "Voyelles". Or, sur un feuillet, Verlaine a fait se succéder une transcription du sonnet "Voyelles" et d'un quatrain sans titre du genre du "Madrigal". Et je considère qu'Armand Silvestre ciblé dans "Lys" est une double cible pour justement "Voyelles" et "L'Etoile a pleuré rose..." Notez par ailleurs que la construction "pleuré rose" ressemble à l'expression "pleuré mort" d'un vers des poésies de Leconte de Lisle, et que justement l'emploi de l'adjectif "latents" au masculin pluriel à la rime par Silvestre se fait dans un poème composé de plusieurs sonnets numérotés qui s'intitule "Le Doute" et qui est dédicacé "à Leconte de Lisle", tout en s'inscrivant dans une section intitulée "La Vie des Morts".
Le sonnet II sans titre fournit un quatrain de rimes croisées très comparable à "Voyelles", puisque nous avons une rime en "-elle" justement, mais au singulier, pour les vers externes : "éternelle"/"nouvelle" qui correspond au modèle plus grinçant : "voyelles"/"cruelles", et puis une rime : "latents"/"printemps", qui fatalement correspond à la rime féminine avec la même assonance en "an" : "latentes"/"éclatantes". Les "mouches éclatantes" font une variante originale à l'idée d'un éclatant printemps en quelque sorte. Et justement, l'idée des "mouches éclatantes" entre en résonance comme par hasard avec le premier hémistiche : "La Mort revêt d'éclat..."
La Mort revêt d'éclat la Nature éternelleEt c'est elle qui fait la gloire du Printemps !Aux germes sous la pierre endormis et latentsElle garde l'honneur d'une forme nouvelle.
Je parlais de la première des "Ariettes oubliées" de Verlaine tout à l'heure.
Verlaine s'est inspiré du poème "C'est moi" de Desbordes-Valmore, romance de laquelle Rimbaud cite sur un manuscrit le vers suivant : "Prends-y garde, ô ma vie absente !" Mais Verlaine fournit aussi une anaphore en "C'est..." dans son poème, ce que Rimbaud reprendra dans "Veillées I" visiblement.
C'est l'extase langoureuse,C'est la fatigue amoureuse,C'est tous les frissons des boisParmi l'étreinte des brises[...]
Et, comme par hasard, on a cette anaphore, si pas au début, à la fin du sonnet de Silvestre aux germes "latents". L'anaphore est lancée au début du second quatrain et domine tout le reste de la composition :
C'est la Vestale assise au temple de CybèleQui veille sans relâche aux feux toujours vivants ;C'est la grande Nourrice, et ses derniers enfantsUn jour boiront notre âme au bout de sa mamelle.Oh ! la nouvelle vie et le grand renouveau !- C'est le monde des fleurs qui jaillit du tombeau ;- C'est la rose de mai saignant sur la bruyère ;- C'est l'or que le vent roule aux cimes des moissons ;- C'est l'odeur des jasmins naissant sur les gazons ;- C'est la splendeur des lis qui monte de la terre !
Vous oserez me soutenir que ça n'a rien à voir avec le poème de Verlaine, puisqu'ici on a une célébration fantasque de la Mort. Notez tout de même l'idée que "notre âme" sera bue par les "derniers enfants" de cette "Vestale assise au temple de Cybèle".
Le vers 9 : "Oh ! la nouvelle vie et le grand renouveau !" coïncide avec la mention des "cycles" dans "Voyelles". On a donc une organisation parallèle manifeste entre les deux sonnets.
Vous voulez maintenant une citation intéressante de la rime "anges"/"étranges" dans cette rubrique "La Vie des morts" d'Armand Silvestre ? Je l'ai...
Et si "virides" est désespérant à rencontrer à la rime ailleurs que dans "Voyelles" et "Entends comme brame..." de Rimbaud, j'ai les "verdures marines" à la rime, toujours dans cette série de Silvestre "La Vie des morts". Et je rappelle que depuis Barrère on sait que le tercet final de "Voyelles" cite "La Trompette du jugement" de Victor Hugo, poème conclusif du recueil de 1859 La Légende des siècles qui s'ouvre sur le poème "Le Sacre de la femme" qui doit beaucoup au poème IV du volume "Aurore" que nous avons si abondamment exploité plus haut...
Comme je sais que vous êtes méfiants, défiants, tout ça, tout ça, je vous indique que la rime "latents"/"printemps" figure dans le sonnet II du poème "Le Doute, pages 29 et 30 du recueil Les Renaissances, tandis que la rime "anges"/"étranges" se rencontre à la page 20 au sein du poème "La Neige" dans la partie qui précède "Le Doute" et qui s'intitule "La Nature" :
Quel vent a flagellé l'aile que tu parais,Doux et flottant duvet tombé du vol des anges,Et secoué dans l'air tes floraisons étrangesQui font comme un printemps à l'hibernal cyprès !
Et, en songeant à l'idée de "clarté"/"clairon" comme à la proximité avec "Voyelles" de "L'Etoile a pleuré rose", je n'oublie pas de vous citer la fin de ce poème :
O Neige ! tu m'étreins le front sous le mystèreDe ta froide splendeur et, comme épouvanté,Je pense que, des cieux déchus de leur clarté,Le lait d'une déesse a coulé sur la terre.
Les "verdures marines" sont à la page 24 du même ensemble "La Nature" au sein du poème "Les Parfums" :
Les charnelles senteurs des verdures marines,[...]
Vous ne pensez pas que c'est l'origine de l'expression pareillement forte en gueule : "vibrements divins des mers virides" ?
Le pluriel "rides" est à la rime dans "Nénuphars" vers la fin des Renaissances.
Voilà plus de vingt ans que David persévèreA convaincre d'un sens les rimbaldiens sévèresAu mépris dirimant. Les voyelles en main,Il proclame en tout temps. Hélas ! toujours en vain.
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