samedi 12 juin 2021

"N'oublie pas de chier sur le "Dictionnaire Rimbaud" si tu le rencontres (troisième partie : projets de recueils, établissement du texte, les 20 dernières années)

Dans la deuxième partie de mon compte rendu critique du Dictionnaire Rimbaud paru en février 2021, j'ai insisté sur une chronologie. L'édition critique de Steve Murphy du tome I Poésies des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud, chez Honoré Champion, date de 1999, ce qui remonte à plus de 20 ans, et c'est en 2001 que Steve Murphy a également publié l'article où il affirmait que la pagination des manuscrits des Illuminations était de Rimbaud lui-même.
En clair, le Dictionnaire Rimbaud de 2021 défend pour l'essentiel des conclusions philologiques sur lesquelles nous avons vingt ans de recul.
Les gens qui ont contribué à ce Dictionnaire, parmi lesquels Steve Murphy lui-même, ont écrit quantité d'études ces vingt dernières années, mais tout se passe comme si quelque chose s'était figé en 1999, puis en 2001. Ajoutons qu'en 2002, nous avons eu droit à un tome 4 des Œuvres complètes qui offrait l'ensemble des fac-similés des écrits rimbaldiens alors disponibles. Mais cet ouvrage où les reproductions sont très souvent miniaturisées sert plutôt finalement de caution au travail déjà accompli en 1999 et en 2001 plutôt que de support pour donner un nouvel élan à la recherche philologique, puisque rien d'intéressant n'aurait eu lieu ces vingt dernières années.
Oui, il y a eu la découverte du manuscrit de "Famille maudite" en 2004. Mais il s'agit d'un ajout à l'ensemble. Qui plus est, Steve Murphy s'est empressé de publier l'étude philologique de cette nouvelle version connue du poème "Mémoire". Oui, il y a eu la découverte du texte imprimé "Le Rêve de Bismarck" dans un numéro du Progrès des Ardennes. Mais, là encore, il s'agit d'un document qui vient s'ajouter à l'ensemble, et comme il est en prose il n'a de toute façon pas à figurer dans le tome I Poésies de 1999. Et la tendance actuelle à considérer que le sonnet "Poison perdu" serait bien une œuvre de Rimbaud va dans le même sens d'un ajout.
Quelques mises en vente de manuscrits jusque-là confisqués dans des collections privées ont permis de progresser dans l'établissement de certains textes. Il faut considérer le cas particulier de "Plates-bandes d'amarantes...", puisque cela a révélé le titre exact du poème "Juillet", l'orthographe exacte des mots du premier vers selon Rimbaud : "Platebandes d'amaranthes...", ainsi qu'une déchirure au niveau du vers 3 laissant supposer l'absence d'un mot monosyllabique à la rime qui pourrait, selon un très haut degré de probabilité être "Père", voire commencer par un "P", mais sans certitude absolue. Il faut considérer aussi le cas du poème "Génie" avec l'abondance remarquable de mots soulignés sur le manuscrit qui n'avaient jamais été mis en italique depuis la première édition.
Remarquons également qu'en 1999 Steve Murphy n'a pas distribué les poèmes en vers en fonction de projets de recueils, bien que cette idée avait toute sa sympathie. L'idée qu'il existe un "recueil Demeny" vient de Bouillane de Lacoste, a été revalorisée plus tard par Pierre Brunel et a été soutenue par une étude de Steve Murphy dans les années 1990. Et Murphy était également favorable à l'idée de considérer comme un prototype de recueil la suite paginée établie, non par Rimbaud, mais par Verlaine, avec un aveu pourtant rédhibitoire d'une liste indiquant qu'il manquait des poèmes pour constituer un ensemble complet.

Revoyons un peu tout ça.

Pour ce qui concerne les Illuminations, le démenti à l'idée d'une pagination de la main de Rimbaud même (article de Murphy de 2001) date de 2012. Il s'agit d'un article en deux parties mis en ligne par Jacques Bienvenu sur son blog Rimbaud ivre. J'ai participé à ce démenti, je suis cité dans cet article, et Jacques Bienvenu ou moi-même étions alors d'anciens collaborateurs de la revue Parade sauvage. Et nos publications dans cette revue étaient encore récentes, tandis que notre lutte victorieuse contre la photographie dite du "Coin de table à Aden" ne permet pas de considérer que l'audience du blog Rimbaud ivre était confidentielle et ignorée des rimbaldiens.
Michel Murat avait publié en 2002 un ouvrage intitulé L'Art de Rimbaud. En 2013, il en a proposé une nouvelle édition revue et augmentée. Il a alors développé quelques chapitres sur le livre Une saison en enfer. En revanche, la partie sur les poèmes en prose n'a été retouchée qu'à la marge et l'auteur n'a mentionné, avec une fin de non-recevoir péremptoire, qu'une seule partie de l'article de Bienvenu sur la pagination. Dans le Dictionnaire Rimbaud de 2021, Murat n'a collaboré qu'à un seul article, celui sur les "Manuscrits" des Illuminations. Pour la première fois, Murat ne dit pas que la pagination est de Rimbaud ni que cela a été démontré par Murphy. Il ne va pas jusqu'à reconnaître que la preuve est même établie que ça ne peut pas être de la main de Rimbaud. Cependant, Murat ne cite pas l'article de Bienvenu, pas même pour une seule partie.
Sur 20 ans, sur ce sujet fondamental, il y a une étude en deux parties à citer. Cela n'a pas été fait.
Voici les liens pour consulter l'article en question.

Au passage, sans parler des articles de Jacques Bienvenu lui-même, notamment sur l'intégralité du fac-similé retrouvé de la lettre de Gênes de 1878, je me permets de rappeler à l'attention un article de démenti sur la datation "5 mars" d'une lettre de Rimbaud datée de 1875, lettre qui intéresse le débat sur la fin de transcription des Illuminations et les séjours carolopolitains de Verlaine et Nouveau.

Passons à la mise au point sur les prétendus projets de recueils. Dans le Dictionnaire Rimbaud de 2014 dirigé par Baronian, nous avons une entrée "Cahiers de Douai" avec quelques lignes de commentaire de la plume de Jean-Marie Méline, parfait inconnu pour moi, mais peu importe. Il est précisé que rien ne justifie une telle "appellation" qui s'est imposée par "habitude" parmi les rimbaldiens. La notice de Méline fait état de "vingt-deux poèmes" qui sont scrupuleusement cités l'un après l'autre. L'auteur indique qu'ils sont également "regroupés sous l'appellation 'Recueil Demeny' ", mais en-dehors de cette concurrence des appellations, Méline ne dit à aucun moment qu'il s'agit d'un recueil en tant que tel. Toutefois, une remarque erronée apparaît dans son écrit, puisqu'il parle d'un séjour d'une "vingtaine de jours, en septembre 1870, chez les sœurs Gindre, la famille adoptive de Georges Izambard, à Douai". Six manuscrits sont datés d'octobre 1870 ("Rêvé pour l'hiver" est même plus précisément daté (ou antidaté) d'un voyage en train le 7 octobre), ce qui signifie qu'ils n'ont pu être remis que lors du second séjour, point sur lequel nous allons revenir un peu plus bas. Concurremment au sein du même dictionnaire, André Guyaux a rédigé une notice "Recueil Demeny" où il fait l'historique des éditions des vingt-deux poèmes en fonction ou non d'un présupposé de recueil remis à Demeny en 1870. Guyaux a déjà contesté cette idée de recueil dans son édition des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud dans la collection de La Pléiade en 2009 et nous ne pouvons manquer de citer la fin d'une notice de 2014 dont nous partageons les conclusions :
[...] Les poèmes, suivis d'une signature au bas de chaque texte, figurent sur des feuillets volants, non numérotés (de telle sorte qu'aucun ordre déterminé par Rimbaud n'est envisageable), ils ne sont précédés d'aucune page de titre. Parler de "cahier" ou de "recueil" est un abus de langage.
Nous avons publié le lundi 19 juillet 2010 sur le blog Rimbaud ivre de Jacques Bienvenu une très longue étude intitulée "La Légende du 'recueil Demeny' " qui est l'étude la plus fouillée et la plus conséquente à ce jour sur le sujet.

Dans cette étude, nous traitons de l'origine de l'appellation "recueil Demeny" par Bouillane de Lacoste, nous évoquons l'ouvrage de 1983 de Pierre Brunel au titre significatif : Rimbaud, Projets et réalisations. Puis, nous faisons état de l'édition en Garnier-Flammarion des Poésies d'Arthur Rimbaud en 1989. Enfin, nous revenons aussi en conséquence sur un article peu connu de Steve Murphy, mais qui a contribué à légitimer l'idée de recueil : "Autour des 'cahiers Demeny' de Rimbaud ", Studi francesi n°103, gennaio-aprile 1991, p. 78-91. Il faut ajouter que nous avons épluché aussi les témoignages d'Izambard, notes de bas de page incluses, pour en tirer tout un parti significatif. Enfin, nous avons rappelé qu'adhérant à l'idée d'un recueil, Jean-Jacques Lefrère, dans sa biographie de Rimbaud chez Fayard, avait tout de même émis une objection de taille : le fait que la signature du poème apparaisse poème après poème.
Dans cette étude, nous développons un nombre conséquent de considérations qui permettent de fermer progressivement toutes les portes.
Nous traitons en particulier du mot d'adieu au crayon adressé bien sûr à Demeny qui figure sur les feuillets de la transcription de "Soleil et Chair" et qui suffisent à eux seuls à invalider l'idée d'un recueil remis à des fins d'édition à la Librairie Artistique, puisque le poète exprime un doute sur le fait que Demeny daigne lui écrire ! Je cite : "Vous m'écrirez ? Pas ?" A partir de l'ordre des manuscrits légèrement désordonné, nous en arrivons même à la conclusion glaciale et cruelle que Demeny n'a probablement jamais lu ou relu ces manuscrits depuis le départ de Rimbaud. Il faut lire mon article pour comprendre de quoi il s'agit.
Toutefois, je voudrais profiter de l'occasion pour souligner deux points de mon article qu'aujourd'hui je reverrais. D'abord, sur la place du sonnet "Le Dormeur du Val" avant qu'il ne soit remis à Darzens, je n'ai aucun moyen d'être sûr de ce que j'ai pu avancer dans cette étude de 2010. Mais il est un autre problème dans mon étude.
En juillet 2010, quand je l'ai publiée, je me suis accroché à l'idée qu'un premier ensemble de manuscrits avait été remis à Demeny en septembre, et un autre ensemble en octobre 1870. Toutefois, je faisais remarquer par les pliures et l'évolution du moyen de transcription (de l'encre à la plume) que les manuscrits correspondant au premier ensemble avaient été remis en plusieurs étapes à Demeny. Rimbaud recopiait quelques poèmes, puis il les amenait à Demeny, puis il en copiait de nouveaux, et les amenait à Demeny, et ainsi de suite. Je faisais remarquer aussi le problème posé par la nature différente des deux manuscrits contenant "Les Effarés" et "Roman", deux poèmes qui, par exception, étaient datés de la dernière dizaine de jours du mois de septembre 1870. Le manuscrit du poème "Les Effarés" remis à Demeny est daté du "20 sept. 70" et le manuscrit de "Roman" est daté du "29 sept. 70". Les deux poèmes semblent avoir été composés à Douai. Toutefois, la date du 29 septembre ne va pas sans nous alerter quelque peu, puisque s'il est indiscutable que le poème évoque un cadre douaisien (dans son article sur ce poème, Christophe Bataillé a notamment insisté sur la production de bière dans cette ville) on peut se demander si Izambard n'avait pas déjà ramené le fugueur chez sa mère un peu avant le premier octobre.
En fait, l'idée, c'est que, si Rimbaud a remis le premier ensemble de manuscrits à Demeny en septembre, le poème "Roman" daté du 29 septembre a fait l'objet d'un recopiage dans toute l'imminence d'un prochain départ. Il faut aussi noter que selon Murphy il y a un rapprochement à faire entre l'encre noire utilisée pour la transcription du poème "Les Effarés" et le début de transcription de "Soleil et Chair", poème pour partie recopié au crayon, pour partie à l'encre noire. Et c'est sur la transcription de "Soleil et Chair" que figure le mot d'adieu de Rimbaud à Demeny, mot où notre poète précise qu'il n'a pas pu rencontrer le collègue douaisien. Rimbaud a remis de derniers manuscrits sur une table en l'absence de cette personne qu'il comptait voir et qu'on prétend l'éditeur potentiel recherché, que disons-nous ? déjà "engagé" par lui. Il était également question d'un "sauf-conduit" et on pouvait penser qu'il en avait besoin pour ce premier retour de Douai à Charleville.
Toutefois, des difficultés subsistent. En 2009, dans son édition des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud dans la collection de La Pléiade, Guyaux envisageait déjà que tous les poèmes ont pu être remis lors du seul séjour d'octobre. Cela coïnciderait avec les propos de Rimbaud lui-même dans sa lettre à Demeny ultérieure du 10 juin 1871 où il n'est question que d'un seul séjour : "[...] brûlez tous les vers que je fus assez sot pour vous donner lors de mon séjour à Douai [...]". Rimbaud a en réalité effectué deux séjours douaisiens et cette réalité factuelle permet d'éluder la difficulté dans un premier temps en parlant d'un singulier elliptique ou stylistique ("mon séjour" au lieu de "mes séjours"). Cependant, de septembre à octobre, le cas du fugueur s'est aggravé, et il n'est pas vain de penser que le "sauf-conduit" participe à une montée en puissance des pressions administratives pour que l'enfant retourne à sa mère. Mais, d'autres éléments encore sont à prendre en considération. Pour la première fugue, Rimbaud ignorait tout de son avenir et celle-ci s'est jouée dans un mélange d'intérêts, entre d'un côté le désir de rencontrer le milieu littéraire parisien avec Verlaine en point de mire et de l'autre l'envie brûlante d'assister à la tendance insurrectionnelle parisienne face à un Empire dont, si pas l'effondrement prochain, au moins les déconvenues militaires étaient de plus en plus patentes autour du 29 août. En revanche, la seconde fugue était un peu plus organisée et notre poète souhaitait devenir journaliste. Il est impossible de répondre, car c'est affaire de conviction intime, mais on peut se demander si Rimbaud a plutôt eu tous ces manuscrits sur lui en septembre ou bien en octobre.
On peut imaginer que Rimbaud a lancé la composition du poème "Roman" lors de son premier séjour douaisien en septembre, mais, et cela qu'il ait terminé sa composition à Douai ou à Charleville, il n'est pas inenvisageable que Rimbaud ait remis à Demeny des copies d'inventions de son premier séjour seulement au cours de son second séjour en octobre. De fil en aiguille, on comprend qu'il n'est pas impossible que les manuscrits des sept sonnets dont six sont datés d'octobre aient été transcrits avant l'ensemble des quinze poèmes plus anciens. Il est délicat de trancher à ce sujet et j'aimerais reprendre à tête reposée l'enquête dans son ensemble.
Il existe un poème important dans ce débat, c'est le sonnet "Rages de Césars". Il y est question d'un "cigare en feu" et du souvenir du château de Saint-Cloud pour un Napoléon III emprisonné à Wilhelmshöhe. Le sonnet ne peut être antérieur à la fin du mois de septembre 1870. Mais, s'il date du premier séjour douaisien, il n'a pas été daté comme l'ont été les poèmes "Les Effarés" et "Roman", ce qui est quelque peu étonnant. Mais ce n'est pas tout. Le 14 octobre même, alors que Napoléon III est toujours prisonnier comme décrit dans le sonnet, le château de Saint-Cloud a été incendié par les Prussiens, puisque les combats se poursuivaient auprès de la capitale. En 1991, dans l'édition du centenaire d'Alain Borer des œuvres complètes d'Arthur Rimbaud, Marc Ascione tirait déjà argument de ce fait historique pour commenter la signification satirique des quatorze vers. Il faudrait se reporter à la presse d'époque, éventuellement le Courrier des Ardennes, ou mieux encore la presse diffusée à Douai en octobre 1870, pour déterminer si Rimbaud ne s'est pas inspiré, pour composer son sonnet, de saillies faites dans la presse, saillies qu'il aurait mélangées à la reprise d'éléments satiriques des Châtiments de Victor Hugo. J'ai déjà signalé à l'attention que, dans Le Monde illustré de septembre 1870, l'idée d'un Napoléon III qui fume énormément malgré la défaite et la mention "Le pauvre homme !" qui semble une citation telle quelle du Tartuffe de Molière figuraient toutes deux dans un même article. Il faut admettre que l'idée d'une allusion à l'incendie du château de Saint-Cloud dans le sonnet "Rages de Césars" a du sens et qu'à cette aune le poème ne pourrait être antérieur à la relation de cet événement dans la presse. Le poème pourrait être nécessairement postérieur au 14 octobre 1870. Pour précision, dans le dictionnaire dirigé par Baronian, la courte notice sur "Rages de Césars" a de nouveau été confiée à Jean-Marie Méline qui n'évoque pas du tout l'incendie de Saint-Cloud le 14 octobre, celui-ci insistant plutôt sur la chute de l'Empire : "Ce sonnet antibonapartiste, qui a été inspiré à Rimbaud après la terrible déroute de Sedan du 1er septembre 1870, fait partie des poèmes confiés à Demeny, en octobre 1870." Et si Méline parle de manuscrits remis en octobre cette fois, rappelons que dans la notice "Cahiers de Douai" il était question de manuscrits remis en septembre, contradiction qui révèle un manque d'attention aux enjeux de précision de toute cette chronologie littéraire.
Pourtant, le débat sur l'allusion ou non à l'incendie du château de l'empereur n'est pas d'une maigre importance, puisqu'il engage la meilleure compréhension possible d'un sonnet de Rimbaud et permet de réenvisager à nouveaux frais la transmission de copies de vingt-deux poèmes à Demeny en 1870.
En attendant, dans le Dictionnaire Rimbaud de 2021, nous n'avons pas d'article "Cahiers de Douai" ou "Recueil Demeny". Tout ce sujet rimbaldien a été escamoté, alors même que nombre de contributeurs à cet ouvrage sont partisans de l'idée d'un vrai projet de recueil remis à Demeny, à commencer par Brunel et Murphy. Or, pour compenser, il nous reste à nous reporter à deux articles, d'un côté l'article "Manuscrits" d'Alain Bardel, de l'autre l'article "Rages de Césars".
La notice "Rages de Césars" du Dictionnaire Rimbaud de 2021 est due à la plume d'Adrien Cavallaro qui se cite lui-même bien volontiers dans les références bibliographiques. Celui-ci affirme tout aussi péremptoirement que Méline que le manuscrit a été remis en octobre à Demeny, ce qui est possible, mais ce qui reste à démontrer. Mais, surtout, il n'est fait à aucun moment mention de la thèse d'Ascione selon laquelle le "fin nuage bleu" d'un "cigare en feu" serait une perfide allusion à l'incendie du château de Saint-Cloud par les prussiens. Ajoutons que l'idée de mettre le feu avec sa pipe passe de "Rages de Césars" au texte en prose "Le Rêve de Bismarck" composé peu après le second séjour douaisien et publié le 25 novembre 1870 dans Le Progrès des Ardennes.
Les études sur le sonnet "Rages de Césars" ne courent pas les rues. Pourtant, ni Méline ni Cavallaro (2021, et apparemment 2013 !) ne semblent connaître la lecture d'une certaine étendue d'Ascione qui figure pourtant dans un ouvrage qu'aucun rimbaldien ne peut prétendre ignorer : l'édition "Œuvre-Vie" du centenaire de la mort d'Arthur Rimbaud ! Il me semble qu'avant de faire une notice il faut minimalement lire les études les plus connues sur un poème. Et cette absence de mention a à voir avec un problème de compétences requises pour écrire une telle notice.
L'article sur les "Manuscrits" a été confié à Alain Bardel et il s'agit inévitablement d'une notice assez longue qui court sur plusieurs pages. Il s'agit surtout d'une approche tendancieuse. Le sujet des recueils est noyé dans une étude surdimensionnée, alors qu'il ne figure aucune entrée "Cahiers de Douai" ou "Recueil Demeny". Bardel fait en plusieurs parties de l'article l'apologie du travail de Steve Murphy et quand enfin il en vient à traiter du cas des manuscrits remis à Demeny il ne manque pas de pratiquer les affirmations péremptoires et de confondre son intime conviction avec une vérité factuelle. Je cite :
   Mais Rimbaud n'a pas attendu 1874 et les Illuminations pour songer à rassembler ses poèmes dans l'optique de les publier. Lorsque, en 1989, dans son édition de poche des Poésies chez GF, Jean-Luc Steinmetz présente pour la première fois comme un ensemble à part, sous le titre "[Cahier de Douai]", les textes soigneusement recopiés par Rimbaud en septembre et octobre 1870, il interprète à juste titre comme un geste éditorial sui generis le don de ces poèmes à Paul Demeny, co-directeur d'une petite maison d'édition parisienne. Steve Murphy a pu montrer qu'ils ne se présentent nullement comme un "cahier" mais comme une liasse de feuillets qui révèle cependant un certain souci d'organisation. Car l'ordre dans lequel ces feuillets étaient disposés au sein du dossier détenu par Demeny (ordre correspondant à celui suivi par Darzens dans le Reliquaire) renvoie peut-être (comme Steve Murphy en risque prudemment l'hypothèse) à une volonté rimbaldienne de clore le recueil sur une séquence de sonnets, de la même façon que Verlaine, dans ses Poèmes saturniens, propose une section exclusivement composée de sonnets. Autant de raisons pour que l'éditeur se fasse une obligation de respecter cet agencement.

Comme si des consultations de son site ne suffisaient pas à s'en assurer, rappelons que Bardel ne peut pas ignorer l'existence de mon discours, ni l'existence du discours de Guyaux qui figure tantôt dans l'édition dite de référence des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud dans la collection La Pléiade en 2009, tantôt dans la notice "Recueil Demeny" du Dictionnaire Rimbaud de 2014 dirigé par Baronian. Il n'ignore pas non plus la recension de Jean-Jacques Lefrère au sujet de l'édition rimbaldienne de 2009 dans La Pléiade. Bardel rédige une notice qui ne fait aucun cas des avis divergents. Il affirme une vérité clanique. Puisqu'il n'ignore pas le texte de Lefrère, nul doute qu'il y a un caractère de menace d'infâmie quand il écrit : "Autant de raisons pour que l'éditeur se fasse une obligation de respecter cet agencement." Les nuances existent, mais elles sont déplacées de niveau. Le projet de recueil est une évidence, mais c'est l'idée d'une section finale de sonnets qui mérite une réserve prudente. Bardel daigne uniquement signaler à l'attention les restrictions ou objections qui partent de son clan. Murphy a montré qu'il ne s'agissait pas d'un cahier, ni de plusieurs cahiers, mais d'une liasse de feuillets. Remarquons que Steinmetz ignorait ce fait en 1989, tout comme Brunel en 1983. En réalité, en maintenant son adhésion à l'idée d'un recueil, Murphy a sous-évalué une objection majeure, et Bardel poursuit dans cette veine, en dépit des mises au point de moi ou de Guyaux en 2009, 2010 et 2014. L'extrait que j'ai cité est clairement péremptoire : "[Steinmetz] interprète à juste titre comme un geste éditorial..." et il relève d'une logique partisane indiscutable, puisque l'opposition est passée sous silence, que ce soit dans le texte même de la notice ou dans la rubrique de références bibliographiques qui l'accompagne. Bardel n'est pas un professeur d'université. En revanche, le principal directeur de la publication l'est et dans son "Avant-propos", je rappelle qu'il a écrit ceci :

[...] chacun de nos contributeurs était donc libre (et responsable) de ses interprétations - à la condition qu'elles aient été validées par nous et que nous les ayons jugées, non pas toujours conformes aux nôtres, mais à ce qu'il nous paraissait admissible de publier.

S'il y a des choses admissibles, il en est donc d'inadmissibles. Et à lire l'extrait cité plus haut de Bardel, je pose la question : où commence l'inadmissible ? Vaillant parlait lui-même dans son "avant-propos" d'une certaine "gravité" et un peu plus loin il écrit encore ceci :
[...] La vocation qu'embrassent les notices sur l'œuvre est ainsi, dans la mesure du possible, celle du bilan critique autant que d'une interprétation qui engage les auteurs : un tel dictionnaire doit servir à ordonner et à hiérarchiser la masse surabondante des gloses rimbaldiennes. Il nous semble d'ailleurs, après des décennies qui ont renouvelé en profondeur l'approche du texte de Rimbaud, qu'il est aujourd'hui possible, et souhaitable, d'aspirer à un certain consensus critique [...]
La conciliation critique ne me paraît pas compatible avec une phrase de menace telle que celle-ci : "Autant de raisons pour que l'éditeur se fasse une obligation de respecter cet agencement." Et je ne vois pas comment reconnaître un "bilan critique" et un tri opéré dans la "masse surabondante des gloses rimbaldiennes" dans une phrase péremptoire brève perdue au milieu d'un article de longue haleine qui parle de nombreux sujets à la fois : "il interprète à juste titre comme un geste éditorial...", sans citer l'existence non seulement d'avis opposés, mais de contestations en règle des thèses imposées par l'auteur de la notice, autrement dit sans même qu'il n'y ait la moindre remise en cause des arguments de la partie adverse.
Et tout cela est d'autant plus dérangeant que Bardel ne s'appuie que sur des études qui ont plus de vingt ans, avec une prédilection pour les seuls travaux de Murphy (l'article dans la revue Studi Francesi en 1991 et l'édition critique des Poésies en 1999). Sur ces vingt dernières années, il était peu d'ouvrages à citer, il y avait l'article de Guyaux en 2014 dans le Dictionnaire Rimbaud, sinon ses notices dans l'édition de La Pléiade en 2009, et il y avait mon article "La Légende du 'recueil Demeny' ". Mais ce n'est pas tout ! J'ai aussi contesté l'idée de présenter comme un prototype de recueil la suite paginée de poèmes de Rimbaud établie par Demeny.
Il faut tout de même constater que nous en sommes à trois articles contestant les unités de trois prétendus projets de recueil rimbaldiens, articles qui figurent tous sur le blog Rimbaud ivre. Ces articles ont systématiquement été passés sous silence dans ce Dictionnaire Rimbaud de 2021. Deux de ces articles sont de moi, et j'ai participé au troisième, tandis que je suis le spécialiste reconnu de l'Album zutique désormais selon certains écrits rimbaldiens, et selon un certain nombre élevé de résultats factuels, ce qui veut dire que j'occupe une place privilégiée dans l'analyse des manuscrits et des dossiers de poèmes. Et si on est libre de ne pas être d'accord avec la moindre de mes thèses, le jeu de la critique littéraire exige de motiver les opinions contraires par une contre-argumentation qui n'apparaît nulle part dans cet ouvrage. Pourtant, cet ouvrage, je le rappelle, n'offre aucune entrée "Cahiers de Douai" ou "Recueil Demeny", ni la moindre entrée "Recueil Verlaine" ou "Dossier Verlaine". Le sujet des prétendus recueils de Rimbaud est en réalité traité par-dessus la jambe, au moins pour les dossiers de poèmes en vers.
Il reste à parler de l'établissement du texte. Je ne vais pas revenir ici sur la signature "PV" en bas du manuscrit de "L'Enfant qui ramassa les balles..." En revanche, il faut citer une coquille que j'ai dénoncée dans la version imprimée originale du livre Une saison en enfer. Le mot "outils" à la fin de "Mauvais sang" est une coquille pour "autels" comme permet de l'attester clairement le brouillon du passage correspondant qui nous est parvenu. Cela est cité dans le Dictionnaire Rimbaud, mais minimisé, voire contesté avec condescendance. Précisons que dans les révisions de son édition des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud André Guyaux a corrigé la coquille "outils" en lui substituant la leçon "autels" désormais, acte essentiel dans la réception critique du livre Une saison en enfer, puisque c'est la compréhension du texte lui-même qui est en jeu, et là pour le coup, réellement, cette seule variation d'un mot a un effet considérable sur la lecture.
Mais ce n'est pas tout. La notice sur le poème "L'Homme juste" a été confiée à nouveau à Alain Bardel, lequel commente le poème, mais ne fait aucun cas du progrès acquis dans l'établissement du texte. Un renvoi à l'article où je déchiffre les deux passages réputés illisibles du poème apparaît dans les références bibliographiques, mais ne fait l'objet d'aucune remarque. Si lire Rimbaud est le plus important, n'importe-t-il pas de prévenir le lecteur qu'un terme a été mis à cette hérésie du passage entre crochets : "chinois [...]aines", ou "chinois [à bed]aines" ? La remarque vaut pour le vers suivant avec ma confirmation de la lecture "Nuit" envisagée par Murphy en 1999. La leçon "ou daines" n'est d'ailleurs jamais donnée correctement par les éditeurs ou les critiques rimbaldiens quand ils en font cas, ce qui, au passage, pose à nouveau la question du problème de compétences. Mon déchiffrement a été publié initialement dans une revue universitaire, mais je rappelle la référence du second article de mise au point sur le sujet, article mis en ligne et que Bardel a donné minimalement dans les références bibliographiques, se gardant bien toutefois de se prononcer. Cet article mis en ligne contient un extrait fac-similaire du prétendu passage illisible, et tous ceux qui s'y reporteront auront de bonnes raisons de rire de l'incompétence des rimbaldiens, puisqu'à part Reboul et Bienvenu qui m'ont donné absolument raison (éventuellement Cornulier), mon déchiffrement est rendu de façon erronée : "d'aines", "de daines", etc., ou bien ravalé au rang de simple conjecture, ou bien ignoré avec sans doute beaucoup de défiance. Je vous laisse juger sur pièce, parce qu'à un moment la farce il faut bien qu'elle cesse.
Et je vais citer un dernier article, sauf qu'il n'a pas été mis en ligne cette fois. Il est en effet un poème en vers de Rimbaud qui pose d'énormes problèmes d'établissement : "L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple". Le poème est connu par deux versions imprimées, mais aucun manuscrit.
En 2012, dans un volume collectif Rimbaud "littéralement et dans tous les sens" en hommage à Alain Tourneux, j'ai publié un article "Mais que sont devenus les manuscrits de Paris se repeuple ?" Il y est question du volume du Reliquaire annoté par Vanier en prévision de son édition des Œuvres complètes d'Arthur Rimbaud de 1895. Je rappelle que dans son édition philologique de 1999 Steve Murphy prétend citer les premières versions connues de chaque poème en vers ou de chaque premier extrait connu d'un poème en vers. Il s'appuie sur un manuscrit quand c'est possible, et à défaut sur les premières versions imprimées. Aussi, pour les deux versions connues de "Paris se repeuple", il se contente de citer les deux versions imprimées. Toutefois, si un manuscrit est disponible, Murphy citera autant une copie de la main de Verlaine ou de quiconque qu'une transcription de la main de Rimbaud lui-même, et c'est bien normal que Murphy procède ainsi. Or, dans cet article, je montre qu'il existe une version manuscrite de strophes de "L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple" antérieure à la publication de 1895 ! Et je souligne que la leçon du texte manuscrit a subi des altérations sur le texte final imprimé, et j'ajoute que ces strophes sont mélangées au texte imprimé de la version de "Paris se repeuple" du Reliquaire et que cela n'est pas sans conséquences pour une réflexion à nouveaux frais sur les variantes, les faits de négligence au plan de la ponctuation des paroles rapportées, et que cela peut inviter à réévaluer la question de la modification dans l'ordonnancement des quatrains.
Bardel se contente dans sa notice sur "Paris se repeuple" d'un commentaire du poème, et sur ce plan-là le travail fait est valable, mais à aucun moment il ne cite mon article avec tout de même la réévaluation qu'il implique quant à l'établissement du texte, sachant que les lecteurs qui n'aiment pas la critique littéraire et dont les positions rageuses sont de toute façon une hypocrite comédie pourront tout de même difficilement contester l'intérêt du meilleur établissement du texte possible.
Je précise que je possède des photographies de cet exemplaire du Reliquaire conservé à l'Albertine à Bruxelles. Ce document n'a jamais été consulté par Steve Murphy. Il n'est pas seulement intéressant pour les quatrains transcrits de manière manuscrite. Il y a d'autres annotations en jeu. Ces photographies sont toujours inédites, alors que leur analyse permet de comprendre qui possédait certains manuscrits en 1895, manuscrits dont les cheminements sont aujourd'hui encore considérés comme inconnus.
Et si Bardel n'a pas recensé cet article et si l'équipe de direction n'a pas corrigé le tir, il s'agit à nouveau d'un problème de compétences requises, puisque cet article figure dans un ouvrage collectif où prédominent nettement l'équipe de la revue Parade sauvage et puis du coup celle des contributeurs au Dictionnaire Rimbaud de 2021.
Je ne vais pas vous l'écrire aujourd'hui, mais j'ai donc un établissement du texte de "L'Orgie parisienne ou Paris se repeuple" distinct de celui établi par Murphy dans l'édition philologique de 1999. Il s'agit de points qui sont plus proches du détail : présence de majuscules ou non, petites différences de ponctuation, puis problème d'établissement de certains mots. Rien de très important. Il y a eu tellement de quantités de sujets rimbaldiens primordiaux à traiter ces vingt dernières années.
Bref, dans tout ce qui est dans l'article ci-dessus. J'ai quand même l'air d'indiquer que les contributeurs au Dictionnaire Rimbaud de 2021 considèrent qu'il ne s'est rien passé au sujet de la réflexion sur les projets ou non de Rimbaud en fait de recueils depuis vingt ans, qu'il ne s'est pas passé grand-chose non plus en fait d'établissement plus fiable du texte rimbaldien en-dehors des découvertes de nouveaux textes et des révélations de fac-similés pour des manuscrits jusqu'alors inaccessibles.
Ces vingt dernières années, il ne s'est rien passé, si ce n'est du recensement mécanique, mais il faudrait admirer ce qui s'est passé avant 2001. Et, après cela, on nous parle sans rire de l'avenir de la recherche rimbaldienne avec les contributeurs de ce Dictionnaire qui passent le relais.
Tout se serait-il joué au plan de l'élucidation du sens des poèmes ? On va voir cela de plus près dans la prochaine partie de notre recension, partie finale en principe, même si je vais devoir faire une section sur les poèmes en vers, une à part tout de même sur l'Album zutique, une sur Une saison en enfer et une sur les poèmes en prose, sans oublier qu'il y aura aussi quelques aspects particuliers à traiter : métrique, etc.

5 commentaires:

  1. Pour info, je ne vais pas montrer mes photographies de l'exemplaire annoté du Reliquaire conservé à la bibliothèque royale de Bruxelles pour la simple et bonne raison qu'il faut payer des droits. Je précise que j'ai aussi le fac-similé des sept pages du procès de Verlaine et de sa condamnation en appel aussi.
    Le seul de mes articles qui est accompagné de photographies, c'est celui sur Belmontet dans la revue Histoires littéraires, parce que les droits étaient pris en charge par la revue.
    Il y a des photographies de documents dans Parade sauvage, je ne sais pas comment ça se passe pour les droits.
    Mais il faut savoir que j'ai déjà fait une demande de devis à la bibliothèque municipale de Toulouse. En gros, il faudrait que je crache 100 euros pour accompagner mon article de cinq photographies, un truc dans le genre, sachant que je ne suis pas payé pour mon article (le seul article pour lequel j'ai dû être payé, c'est celui dans la revue Europe). En plus, quand je fais des déplacements en Belgique (Albertine, ou archives à Cureghem), à Paris (bibliothèque nationale), j'ai des frais de déplacements, de photocopies. Comme en plus les gens ne citent pas mes travaux. En gros, je fais du rimbaldisme en pure perte...

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  2. Jean-Marie Méline est un des pseudonymes de... Baronian!

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    1. Profitons-en pour signaler à l'attention cette recension de 2015 par Jean-Pierre Bobillot, d'où Jean Baudry tire même les points de suspension pour introduire le nom Baronian.
      http://cahiercritiquedepoesie.fr/ccp-30-1/dictionnaire-rimbaud

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    2. C'est l'occasion du beau jeu de mots : "Sur ce beau billot, plaçons cette tête."
      La recension de Bobillot tient en deux courts paragraphes. Elle se veut salée. Notons que le deuxième paragraphe n'est pas facile du tout à lire et qu'il porte tout entier sur la question du vers libre. Or, j'ai fait un sort au problème posé par la nouvelle entrée "vers libre" du dico 2021 qui vient de la plume de Bobillot précisément. Il nous manque toujours un historique fouillé de la notion de vers libre. Et l'idée d'une absence d'intérêt pour le nombre de syllabes continue de relever d'une pétition de principe non éprouvée dans le cas très précis des possibles vers libres rimbaldiens.
      Et pour le premier paragraphe, donc le ton est donné. Il est clair que l'équipe du Dico 2021 prétend enterrer comme sot le projet de 2014 : "ce n'est pas une réussite", "inconsistante et inutile", "de véritables connaisseurs" (sous-entendu il en est de faux dans ce dico), "notices creuses, contestables ou mal informées" qui ne "disent quasiment rien" sur tel ou tel poème.
      On est d'accord, ça tire à boulets rouges.
      Maintenant, on attend de voir comment les rimbaldiens vont prendre acte de mon compte rendu au sujet du Dico 2021 où je mets autant de distance entre eux et moi, qu'il en a été mis entre l'équipe 2014 et l'équipe 2021.

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    3. Mais je ne me fais guère d'illusions. Nous sommes à l'ère des cuistres, la vérité n'importe pas. Il s'agit juste de faire des livres collectifs pour en parler de temps en temps entre quatre ou cinq copains et de dire qu'on a fait ça dans sa vie. Le Dico 2021, combien de BHL ? C'est ma question du jour.
      Après, heureusement que Bardel a participé activement à ce dictionnaire, heureusement que j'épingle en retour les jalons de la création de ce Dico 2021.
      On voit bien que loin du rimbaldisme (j'imite le début de second paragraphe de la recension de Bobillot) il y a un esprit de caserne. Le maréchal-des-logis Bardel ne peut pas penser les enseignements philologiques rimbaldiens ou le sens de tel poème, "Voyelles" pour en nommer un, sans se demander : "Mais que penserait mon officier ?"
      Le Dico 2021, ce qui le résume, c'est l'esprit de caserne, rien à voir avec l'esprit libre de Rimbaud, c'est le moins qu'on puisse dire.
      Et les universitaires sont payés pour ne pas qu'enseigner, mais faire de la recherche, et ils sont payés... cher.
      Pour "Voyelles", ils sont incapables de se dire que le "A noir" décrit un charnier, qu'un charnier ça renvoie à des événements exceptionnels : catastrophes naturelles ou guerres, et que des guerres il vient d'y en avoir deux dans le pays. Le "A noir" et le "I rouge", nous avons de véritables connaisseurs bien adoubés, mais ils sont incapables d'identifier les allusions aux charniers et aux martyrs de la Commune. Bra^veaux !

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