mardi 11 août 2020

Il y a 150 ans... Le Mal

Bon, sans surprise, devinez avec quelles sensations dans la tête je me lève le matin ces jours derniers ou devinez les sensations que j'ai là maintenant !
Je vous ai minimalement indiqué le repère chronologique des batailles importantes. Le 2 août, la bataille de Sarrebruck, faux début d'offensive par l'armée française qui devient un objet de dérision. Rimbaud et Verlaine feront partie des écrivains qui épingleront l'événement sous son jour comique : "L'Eclatante victoire de Sarrebruck" sonnet de Rimbaud et "L'Enfant qui ramassa les balles..." dizain de Verlaine qui fut plus tard attribué à Rimbaud qui en avait fait la copie manuscrite, mais poème signé "PV" qu'il faut bien attribuer finalement à Verlaine. Au passage, c'est une faute morale que de jouer l'intimidation avec les avis d'autorité de Murphy, Guyaux et Lefrère notamment qui ont voulu considérer que le dizain était quand même de Rimbaud. Ce n'est pas simplement une erreur, c'est un tort, une faute morale de rimbaldien que de ne pas accepter la primauté de l'argument de la signature "PV" dans le débat. On peut tout imaginer dans la vie. On peut soutenir que "Le Bateau ivre" a été composé par Verlaine qui a fait croire que c'était de Rimbaud, on peut broder des explications à l'envi pour soutenir que "L'Enfant qui ramassa les balles..." c'est un poème de Rimbaud qui a été signé "PV" par un indélicat, on peut tout raconter, mais à un moment donné il y a une hiérarchie des indices et preuves philologiques à respecter : ce dizain a été recopié par Rimbaud sur un manuscrit, mais il fait partie d'un diptyque de deux dizains créés par Verlaine, la signature "PV" et la confrontation des deux poèmes en faisant foi. Si vous pensez que Rimbaud a composé "L'Enfant qui ramassa les balles...", mais que nos deux poètes n'ont pas voulu expliquer à Régamey que le diptyque avait été fait à deux, c'est votre problème, c'est votre pensée, mais du point de vue philologique, vous pouvez dire ma pensée s'appelle un tel, ma pensée s'appelle machin, c'est pareil, ça ne vaut rien.
En tout cas, la guerre commence véritablement le 4 août, et du 4 au 6 août, la France connaît trois défaites militaires majeurs, une le 4, deux le 6 août.
Je serais dans les temps, j'aurais déjà commenté le poème "Le Mal", ses liens avec le sonnet "Morts de Quatre-vingt-douze...", avec les chansons patriotiques "Marseillaise", "Chant du départ", "Chanson des Girondins", etc., avec la boucherie sanglante que furent les combats entre les 4 et 6 août, avec certains discours dans la presse. J'aurais comparé la fin de "L'Eclatante victoire de Sarrebruck" en tant que sonnet soupçonné d'avoir été écrit en août et la fin du poème "Le Mal", à cause du "gros sou lié dans leur mouchoir" qui fait irrésistiblement songer à un calembour inabouti : "Lui donnent un gros soulier dans leur mouchoir" (avec négation de la césure et emploi de soulier à la place de coup de pied). Je ne suis pas le premier à avoir pensé à ce calembour, je l'ai vu au détour d'une lecture d'un critique rimbaldien dans un article des années 80 je pense. C'est un calembour très agaçant pour moi, car il s'impose à mon esprit, alors qu'il n'est pas dans la logique stricte du discours du sonnet, alors qu'il a sous forme de calembour une syntaxe douteuse : "donnent un gros soulier dans leur mouchoir", alors qu'il supposerait qu'on frappe dans un mouchoir, alors qu'il fait porter des souliers aux mères éplorées. Pourtant, le dernier vers de "L'Eclatante victoire de Sarrebruck", on a un personnage "présentant ses derrières" pour se faire mettre autant que botter d'importance. Je vais vivre ma vie avec ce calembour associé au poème "Le Mal" comme si j'y sentais la présence de quelque chose que Rimbaud a voulu essayer et auquel il a renoncé in extremis, non sans en laisser l'armature partielle dans le vers.
Je n'arrive pas à tourner le dos à cette impression, et ça m'énerve.
Mais, évidemment, ce que je voulais faire, et ce que je ferai dès que j'irai mieux, ce sera expliquer comme jamais les liens du sonnet "Le Mal" avec des passages précis des Châtiments de Victor Hugo et aussi avec des passages précis dans la presse et les chansons d'époque au sujet des mères éplorées et des bataillons qui croulent. Mais, là, j'ai une chape de plomb sur le crâne, je suis incapable de prendre un livre et de passer mon temps à chercher. Je le ferai plus tard. Je voulais aussi exploiter le lien avec l'article de Cassagnac à partir du rapprochement entre "Morts de Quatre-vingt-douze..." et "Le Mal".
Je voulais citer aussi les poèmes de Bergerat dont "Les Cuirassiers de Reichshoffen" en annonçant de loin en loin l'écriture satirique de "Chant de guerre Parisien", et j'aurais évoqué les Idylles prussiennes de Banville et quelques autres poèmes. Une critique Geneviève Hodin avait insisté également sur la lecture par Rimbaud des Ïambes de Barbier. Bref, j'avais envie de bien tout poser.

Il y a un autre sujet important à traiter et si je ne m'abuse j'ai raté la date du 9 août déjà, c'est l'agitation sociale, et les premiers mouvements de la future tendance communaliste, avec les projets de Blanqui, etc. Il faut que je me rattrape dans les jours qui viennent. Le 13 août, ce sera la publication d'un poème de Rimbaud dans la presse.
J'espère très vite revenir en forme, même si je n'y crois pas trop.

1 commentaire:

  1. Autre petit problème avec le soulier, la diérèse, qu'il faudrait aussi expliquer…

    RépondreSupprimer