dimanche 4 décembre 2016

Conférence prochaine

J'ai été invité à participer à une conférence en mars prochain à Paris et ce sera une mise au point sur l'Album zutique en privilégiant mes récentes découvertes sur le sonnet monosyllabique. Ma série va se poursuivre sur ce blog, mais à son rythme. J'ai juste une date-butoir pour en finir avec l'approfondissement de mes recherches.
Du point de vue de la réflexion, je suis très content de mon article sur la "jeune Oise". Il est à mettre en relation avec ce que j'ai pu écrire sur "Juillet" et notamment avec l'identification de cette "Henriette" qui rebutait tant les lecteurs. Je pense que je vais travailler une prochaine série d'articles sur les poèmes de 1872.
J'ai d'autres projets d'articles plus ponctuels.
Je constate qu'il est question de la vente d'un revolver qui serait celui que Verlaine aurait acheté et utilisé pour blesser Rimbaud. Je considère que ça manque de preuves et je n'y crois pas trop. J'ai l'impression qu'on donne des indices qui présentent la chose comme évidente, tout en avouant du bout des lèvres que ce n'est pas limpide. Des gens ne font-ils pas taire leurs doutes pour ne pas gêner la vente ?
De toute façon, cette vente n'a aucun intérêt.
Passons.
Je ne résiste pas à présenter l'équivalence de ma situation de chercheur dans le domaine du rock. Il est vrai que cette fois je n'ai jamais profité d'aucun canal officiel pour publier mes découvertes. J'ai diffusé cela sur le net, sur des forums, comme d'habitude dans le plus grand mépris.
Comme tout cela est assez symptomatique des sociétés malades dans lesquelles nous vivons et comme cela ressemble au manque d'engouement spontané des gens pour ce que je mets au points sur Rimbaud ou d'autres sujets, je vais étaler ici un peu de cette autosatisfaction que tout le monde m'envie.

Accrochez-vous. Pour vérifier mes dires, vous pouvez utiliser les moteurs de recherche sur internet et le livre suivant qui vient de sortir : Les Rolling Stones - La Totale par Philippe Margotin et Jean-Michel Guesdon.
Donc, j'ai découvert l'origine de plusieurs chansons des Rolling Stones, mais aussi des Who. Ce débat rend mal à l'aise depuis quelque temps dans la mesure où il est devenu de notoriété publique que le groupe Led Zeppelin a plagié la plupart de ses titres célèbres sur d'autres groupes. Ils s'en sortis dans le cas de la célèbre chanson "Stairway to heaven" dans la mesure où la justice américaine n'était pas saisie par l'auteur de la chanson plagiée, Randy California qui est décédé, mais par ses ayant droits. Il y a visiblement un fonctionnement de la justice américaine qui consiste à considérer que les ayant droits cherchent à récupérer un peu d'argent par ce qu'ils ont hérité et qu'à moins qu'ils soient en situation de force par leur fortune il n'y a pas de raison de leur accorder ce qu'ils réclament. Les justices américaine et française ont également une conception étrange du jugement quand dans les parties civiles la famille défend celui que tout accuse, un exemple flagrant vient des situations où les enfants prennent la défense de leur père accusé du meurtre de leur mère. Enfin bref. Personne ne saurait mettre en doute que la chanson "Stairway to heaven" est un plagiat de la chanson "Taurus" du groupe Spirit. Un nombre considérable de chansons de Led Zeppelin sont du plagiat pur et simple. De son côté, le chanteur George Harrison a été condamné pour plagiat. Il s'agit de la chanson "My sweet lord" qui fut un de ses succès après la séparation des Beatles, et effectivement la mélodie est identique à "He's so fine" du groupe de filles The Chiffons. Pour être honnête, même si l'ex-Beatles a été condamné, l'idée d'une réminiscence inconsciente n'est pas à exclure.
Passons aux Rolling Stones et aux Who. Ils n'ont pas été aussi plagiaires et malhonnêtes que Led Zeppelin. Ils ont même retravaillé leurs sources d'inspiration, et je ne suis pas pour courir systématiquement sur tout motif venant d'un tel autre artiste, cela contribuerait à tuer la création et on sait que les vers de Rimbaud, Baudelaire, Verlaine réécrivent bien souvent les vers de prédécesseurs, ce qui nous ramène à une même problématique de la création qui ne se fait pas ex nihilo.
Les Stones et les Who ont tout de même leurs petites cachotteries. J'en ai trouvé un paquet. Je mets l'essentiel ici.
Il y a quelques années, j'ai lancé sur le net que le motif joué sur une espèce de xylophone dans "Under my thumb" était la reprise des notes d'introduction d'un célèbre "It's the same old song" du groupe soul The Four Tops, titre connu en français (C'est la même chanson). J'ai également signalé à l'attention que le titre "Paint it black" reprenait la mélodie d'une chanson des Supremes "My world is empty without you" et que le martèlement du "Paint it Paint it" venait du martèlement doucereux de Diana Ross "Baby baby" sur ce succès des mêmes Supremes "Where did our love go". J'ai ajouté que le célèbre "Pinball Wizard" des Who s'inspirait du titre "London social degree" de Billy Nicholls, sachant que l'album de Billy Nicholls n'est pas sorti à l'époque, mais que Pete Townshend en possédait un exemplaire et que Billy Nicholls est devenu par la suite le producteur des Who dans les années 70. Sous forme d'énigme, j'avais laissé entendre que "London social degree" s'inspirait d'un titre sixties dont le souvenir m'échappait... Il s'agissait de "You keep me hangin' on", une chanson célèbre s'il en est dans le répertoire des Supremes dont ne pas oublier qu'elles eurent une flopée de hits dans les années soixante.
Récemment, dans un livre, je ne sais plus lequel, mais pas celui que j'ai référencé plus haut, j'ai lu que les deux références sur "Under my thumb" et "Paint it black" étaient citées par des internautes, blogueurs, et par des journalistes. Celui qui a lancé ses identifications, c'est moi.
Là, tout récemment, j'ai remis le couvert sur les forums de fans des Rolling Stones. Cela fait grincer des dents, cela m'attire un certain mépris malgré les évidences.
 
La chanson de 1968 "Jumpin' Jack Flash" s'inspire de la chanson "Before it's too late" de Jackie Day parue fin 66 début 67 sur un catalogue soul anglais très connu d'un certain Guy Stevens. Cela explique le mystère du titre "Day" devient "Flash", "it's a gas" vient quelque peu de "it's too late". Le motif de guitare vient du motif soul de Jackie Day, et même si Keith Richards a retravaillé le motif la liaison est plus qu'évidente. Il n'y a pas besoin de faire histoire de la musique pour s'en rendre compte, sauf que comme d'habitude je ne rencontre que du silence ou de la mauvaise foi sur le net. Imaginez-vous combien c'est agréable de partager mes découvertes. Cerisqe sur le gâteau, n'étant pas un découvreur passif, j'ai rermarqué un point intéressant dans la structure des chansons. J'avais depuis longtemps remarqué un point commun sensible entre les deux titres de 68 des Stones Jumpin' Jack Flash et Street fighting man, titres bruyants pour certaines oreilles mais réellement très beaux pour le mélomane que je suis. Ces deux titres sont accompagnés de maracas, ce qui rappelle l'influence de leur idole Bo Diddley, mais surtout vers la fin des deux chansons, aux deux tiers, nous avons une saturation soudaine, soit par un clavier au son d'harmonica sur Jumpin' Jack Flash, soit par un hautbois indien dans Street fighting man. Les deux chansons ont en plus une ressemblance d'allure générale dans le mode refrain-couplets. Bref. Or, cette astuce de l'effet sonore de saturation apparaît aux deux tiers de la chanson It's too late au moyen cette fois d'un saxophone. Quand j'étais petit, je croyais que face à une telle évidence tout le monde plie, personne n'a envie de passer pour sot. Depuis maintenant pas mal d'années, je sais que je me trompais. Le premier réflexe humain pour se défendre, c'est le mutisme, le second c'est la mauvaise foi. En revanche, le temps passant, l'humain finit toujours par reprendre ce que vous lui avez appris sans exprimer de reconnaissance, sans avouer qu'il a eu des réticences, ou bien en cloisonnant le monde. Il y aura les gens devant lesquels ne rien reconnaître et ceux devant lesquels se libérer et se confier.

 

Autre coup de tonnerre, le riff de "Satisfaction". Je ne sais pas si c'est moi qui avais émis l'hypothèse que c'était peut-être une accélération des notes de cuivre du titre Nowhere to run du groupe Martha (Reeves) and the Vandellas, groupe soul que j'aime beaucoup, célèbre aussi, groupe très apprécié des Stones, des Who et d'autres. Car, il faut préciser que si les fans actuels ou même anciens des Stones et des Who n'écoutent quasi tous que du rock, voire du gros rock au son lourd, les Stones, les Who écoutaient énormément de soul. C'est aussi une raison des réticences propres aux fans vénérant le rock stonien, vénération coupée des sources considérées comme compromettantes dans le cas d'une rock attitude en gros. Keith Richards a témoigné qu'au début le morceau était un peu dans le style du "Dancing in the street" de Martha and the Vandellas, titre repris dans les années 80 en duo par David Bowie et justement Mick Jagger, sauf que la comparaison entre Dancing in the streets et Satisfaction, je ne la vois pas trop, à la limite dans la manière de chanter, mais superficiellement. Ce que je cherche, c'est le motif à la guitare, et les notes lentes de cuivre de Nowhere to run sont un meilleur candidat. Néanmoins, la liaison ne me paraissait pas du tout évidente. J'ai trouvé un rapprochement cette fois autrement décisif. "Satisfaction" est à peu près le rock le plus célèbre de la planète avec "Johnny B Goode", c'est l'un des plus grands succès commerciaux en 45 tours, il est sur le podium en gros. Or, il s'agit d'un titre du début des Stones, et c'est un peu une situation similaire à ma recherche sur "Lys" parodie d'Armand Silvestre par Rimbaud dans l'Album zutique. Je n'avais eu qu'à relire les premières publications d'Armand Silvestre, deux minces recueils lus en deux heures de temps. J'y trouvai le modèle des vers de la parodie et le mot "étamines" à la rime, dans un seul sonnet.
J'ai passé en revue les chansons jouées par les Stones à leurs débuts. Il y avait un projet avorté de 45 tours avec un titre des Coasters, Poison Ivy, et au même moment un titre qu'ils ont joué en studio sans le sortir sur aucun album Love potion number 9. Ce titre a été d'abord joué par les Clovers en 59, et il a eu un succès avec la reprise par le groupe anglais The Searchers. Mais entre ces deux versions, il y a eu une interprétation par les Coasters. Un an avant Satisfaction, on entend son célèbre motif mais coincé dans je ne sais pas comment une ambiance calypso (j'exagère bien sûr). J'aime beaucoup les Coasters, rock avec des bases simples mais c'est très bien fait, mais quand je parle d'ambiance calypso on comprend que mon rapprochement soit mortel à bien des coeurs de fans ne jurant que par le rock tiré du côté du gros rock. Il est évident que les Stones connaissaient cette version et donc cette antériorité du motif sur Satisfaction. Au passage, le motif s'entend sur une seule des trois versions de la chanson. On m'a proposé de publier un livre sur une telle découverte, mais les réactions sur les forums stoniens ont été tout autres : froid glacial et refus. En prime, je dirais que l'instrumental à jeu de mots "Stoned" en face de leur deuxième 45 tours en 63 coïncide là encore avec le titre "Let's go get stoned" joué par les Coasters comme par Ray Charles. En même temps, la refonte du motif nous met au-delà du plagiat passif.



Pour info et comparaison : Martha and the Vandellas - Nowhere to run

J'ai plusieurs autres découvertes sur les origines des chansons des Stones. Sur le forum anglais, un intervenant veut bien admettre que la chanson "It's only rock'n'roll" ressemble à la fin de la chanson "Blues power" jouée par Clapton en janvier 73 sur scène avec un futur membre des Stones, Ron Wood, réputé avoir inspiré le morceau. Personne dans la presse n'avait vu que la source était ce titre Blues power joué en live et le fan ne concède que la ressemblance, il n'ira pas jusqu'à dire ah ben oui c'est la source. J'en ai d'autres encore des sources à donner. J'en viens maintenant à un plagiat des Who qui va nous ramener à l'actualité.
Le titre "Magic bus" est très célèbre et très prisé parmi les fans des Who. Sa version sur scène dans l'album Live at Leeds est mythique. Le titre est sorti en 1968 et il passe pour une création originale, mais dans le style de Bo Diddley.
C'est faux. Il s'agit d'une reprise ou plagiat du titre "Catfish Blues" de Robert Petway. Comme dans le cas de Jackie Day, on peut jouer à établir des échos : "Magic" pour "Catfish" (avec "Mannish" du "Mannish boy" en intermédiaire) et "Bus" pour "Blues" (ou pour "boy" en filant l'idée d'un titre conçu à partir de deux titres de blues).




Robert Petway est un inconnu. Il a joué avec Tommy McClennan, puis il est entré deux fois en studio pour enregistrer une poignée de titres à son nom dont "Catfish Blues", superbe blues comme on peut en juger, superbe blues qui a inspiré des variantes à deux bluesmen plus connus, Elmore James et Muddy Waters. La variante de Muddy Waters, qui conserve des paroles de "Catfish Blues", s'intitule Rolling Stone : c'est cette variante qui a donné son nom aux Rolling Stones. Or, à l'époque même où Pete Townshend enregistre son "Magic bus" avec les Who, lequel est une reprise claire et nette de Robert Petway jamais identifiée par quiconque à part moi, Jimi Hendrix et les Rolling Stones eux-mêmes reprennent le titre "Rolling Stone" ou "Rolling' Stone blues" de Muddy Waters mais avec le titre Catfish. Le titre des Stones restera une chute de studio, celui de Jimi Hendrix est disponible partout. Et si j'ai parlé d'une double réécriture de filou "Magic bus" étant inspiré de deux titres "Catfish Blues", la chanson reprise, et "Mannish boy", c'est que "Mannish boy" était elle-même comme "Magic bus" une chanson revisitée, le "I'm a man" de Bo Diddley avec son riff célèbre de guitare. Un an avant Bo Diddley, Willie Dixon avait enregistré un "Hoochie coochie man", mais l'hommage de Muddy Waters invite à penser que Bo Diddley a joué le titre sur son premier enregistrement officiel, alors que l'année précédente en 54 les portes lui étaient fermées. Il est délicat d'affirmer l'antériorité pure et simple de Willie Dixon. Et de toute façon, ce" célèbre riff de "I'm a man" n'est pas une création telle quelle de Muddy Waters, Bo Diddley ou Willie Dixon, c'est un motif blues qui a déjà quelques décennies qui a fini par être isolé et rendu plus percutant. Il se trouvait déjà dans le "Policy dream blues" de 1935, et je pourrais lancer toute une étude sur l'origine des chansons de Bo Diddley, de Chuck Berry et de plusieurs bluesmen réputés. Il y a de quoi tomber de haut, vu que personne ne montre jamais l'histoire réelle et sensible des motifs musicaux.
Mais, revenons à l'actualité. Les Rolling Stones viennent de faire sortir le 2 décembre un album de reprises de blues. L'opération est franchement commerciale comme les Stones nous y ont habitués ces dernières années. Ce nouvel album contient quatre reprises de Little Walter, joueur d'harmonica pour Muddy Waters notamment, quelques reprises de Willie Dixon dont on a parlé et une reprise Ride 'em on down d'Eddie Taylor qui a les honneurs d'un clip vidéo, encore que les bruits mêlés au clip ne soient pas très heureux. Or, il y a un titre "Ride 'em on down" dans le maigre répertoire de Robert Petway. Les deux chansons se ressemblent, mais il y a des différences qui pourront laisser planer un doute chez certains, alors je fais tomber ma carte maîtresse, les notes du livret accompagnant mon CD de chansons blues de Tommy McClennan et Robert Petway, Cotton Pickin' Blues : "Ride 'em on down would also be recorded in Chicago by Eddie Taylor" Et dans la foulée je cite aussi ceci à propos de l'ami bluesman de Robert Petway, car si ce derneir a disparu de la circulation, Tommy a été pris en photo en belle compagnie à Chicago : "Little was heard of McClennan too, although Broonzy photographed him, Sonny Boy Willimason, Elmore James and Little Walter in 1953, walking down a south side Chicago street".
Je m'en garde sous le coude, si mes rapprochements ne vous semblent pas assez accablants ils ne le seront jamais.

Voilà le monde dans lequel je vis, malgré internet et la possibilité d'écrire en français ou en anglais sur des plateaux où les fanas doivent inévitablement graviter.

Before it's too late a inspiré Jumpin' Jack Flash. Un fan : Peut-être.
Catfish Blues a inspiré Magic bus. Un fan : Peut-être.
Le riff de Satisfaction est né d'une interprétation de Love potion number 9 que le groupe connaissait bien. Un fan ou mille fans : Peut-être.
Il y a une coquille dans Une saison en enfer "autels" doit corriger "outils". Des inconditionnels de la poésie rimbaldienne : Peut-être.
Il faut lire "ou daines" dans L'Homme juste. Les mêmes inconditionnels : Peut-être.
La "strideur des clairons" en commun à "Paris se repeuple" et "Voyelles", d'autres éléments en ce sens, le fait que le clairon soit un instrument militaire pour avertir et rassembler les troupes, cela veut bien dire que "Voyelles" est un hommage aux morts de la Commune. Les admirateurs de Rimbaud : c'est à voir.
Il n'y a aucune anomalie de la ponctuation dans "Barbare" de Rimbaud, juste qu'il a hésité quant à la ponctuation à l'intérieur de la parenthèse "(elles n'existent pas) contre (elles n'existent pas.)". Les fans de Rimbaud : Peut-être.
Le "gagne la mort" dans la bouche de "Satan" c'est une inversion de "perds la vie". Les mêmes : Peut-être.
Vous parlez entre fans de groupes et chanteurs rock ou blues, mais écoutez-vous souvent du blues, du rock, de la musique ? Les fans : oui, sûrement. (J'écoute la radio, je fredonne un morceau qui passe à la télé, je dis "ah!" quand on parle des stones au journal de vingt heures, je vais sur des forums, je collectionne, et j'écoute du gros rock dont parler entre amis)
Vous aimez Rimbaud et en parlez bien souvent, mais vous le lisez parfois ? Les fans : oui, peut-être.

Quel monde, mais quel monde ! Pfffh!....

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