Le poème "Ce qui retient Nina" ou "Les Reparties de Nina" est l'un des cas les plus déroutants de déroute de la critique rimbaldienne avec la prose liminaire d'Une saison en enfer. Dans le cas de la prose liminaire, les rimbaldiens ont mis parfois en doute qu'il était question de la charité comme vertu théologale, et ils éprouvent des difficultés invraisemblables à comprendre que Satan est en colère parce que le poète refuse le "dernier couac !" Les rimbaldiens passent leur temps à imaginer que Satan se récrie parce que le poète refuse la "charité" ou parce que, selon leur lecture alambiquée, le poète dénoncerait comme un rêve la période où il s'est armé contre la justice. J'ai plusieurs fois réagi, mais il n'y a rien à faire.
Le cas des "Reparties de Nina" est similaire. Ils étudient le poème pour lui-même, ce qui est très bien, ils font des hypothèses intéressantes pour l'interprétation du poème, mais ils ne font rien du diminutif Nina.
En mai 2011, j'ai publié sur le blog Rimbaud ivre de Jacques Bienvenu, un article à ce sujet : "Nina ou Ninon ?"
J'y faisais une découverte factuelle imparable. Les quatrains du poème "Les Reparties de Nina" ont une forme rarement déployée dans la grande poésie littéraire du dix-neuvième siècle : une alternance d'octosyllabes et de vers de quatre syllabes. Cette forme a un emploi célèbre à l'époque avec la "Chanson de Fortunio". L'intérêt, c'est que dans les éditions des poésies de Musset, nous avons la succession de cette "Chanson de Fortunio" et du poème "A Ninon". Et dans "Ce qui retient Nina", il y a des échos au poème "A Ninon" où il est question pour Musset de guetter la réponse que pourrait faire Ninon.
Rimbaud ne peut pas avoir choisi le diminutif "Nina" par hasard et il se trouve que son emploi demeure rare en poésie malgré tout.
Reprenons la question.
Musset est le poète qui a introduit les mentions des diminutifs Nina, Ninon ou Ninette en poésie. Il s'agit d'un renvoi au personnage historique Ninon de Lenclos, femme qui a des attaches dans la noblesse, mais dont le surnom est bien sûr populaire. Ninon est une façon paysanne pour dire affectueusement "petite Anne". Au passage, cela nous fait un lien inattendu entre "Ce qui retient Nina" et "Fêtes de la faim", poème du calembour "Anne, fuis sur ton âne !". Le poème "Fêtes de la faim" a justement la forme d'une chanson avec pas mal de variations dans les vers et dans les strophes, mais on y trouve des quatrains alternant vers de sept syllabes et vers de quatre syllabes, tandis que le refrain avec le calembour sur le prénom Anne est en vers de quatre syllabes :
Ma faim, Anne, Anne,Fuis sur ton âne.
Tournez les faims, paissez, faims !Le pré des sons !Puis l'humble et vibrant veninDes liserons ;[...]
Vous remarquez la construction artificielle qui évite l'octosyllabe : "Tournez les faims, paissez les faims !" Nous retrouvons l'idée d'une chanson, et nous pouvons aussi comparer le rejet d'Anne invitée à fuir au sort des laiderons dans "Mes petites amoureuses".
Ce n'est pas tout. J'ai cité un quatrain qui contient la forme conjuguée "paissez" et l'adjectif "vibrant", j'y reviendrai plus bas.
Pour l'instant, force est de constater que les rimbaldiens ont tout intérêt à mieux soupeser la valeur du prénom Nina et de la référence à Musset. Rimbaud a composé "Ce qui retient Nina" en août 1870, puis "Mes petites amoureuses" un peu avant le 15 mai 1871, puis "Fêtes de la faim" en août 1872, et ces trois poèmes relèvent d'une constante référence à un certain esprit lyrique dont Musset est un parfait modèle. Et ce modèle est à chaque fois tourné en dérision. Cette constante passe par-delà les propos des lettres dites "du voyant" dont les rimbaldiens s'ingénient à la considérer comme un mur isolant les poésies de jeunesse de l'année 1870.
Revenons au diminutif "Nina". Le modèle historique est Ninon de Lenclos, le diminutif est paysan est l'équivalent de ce qui arrive avec Suzon, Madelon, etc., et l'équivalent aussi de Mimi Pinson, héroïne de Murger que Musset ne manque pas de mentionner, il lui consacre même un poème.
Nina est une déformation italianisante de Ninon, peu importe les raisons, et Ninette une autre variante encore.
Ninon de Lenclos m'intéresse encore dans le débat, parce que si nous n'avions que la série Ninon, Madelon, Suzon, nous serions dans les paysannes que les nobles abusent, les paysannes de Molière abusées par Dom Juan, etc. Cependant, Ninon introduit l'idée de la pute de luxe, de la femme entretenue. La Ninon historique serait même une proche de la célèbre Marion de Lorme. Je rappelle que Marion de Lorme c'est le titre du deuxième grand drame romantique de Victor Hugo représenté brièvement en 1829 avant que la censure ne s'en mêle. En clair, non seulement Musset fait référence à Ninon de Lenclos, mais il se positionne par rapport à Hugo. On sait que les spécialistes de Musset n'ont de cesse de prétendre que Musset se moque des admirateurs du grand romantique et suit sa propre voie, mais voici encore une preuve que c'est faux. Et Marion correspond avec l'ajout du suffixe "-on" commun à "Ninon" à une variante du prénom Marie.
Comment peut-on se prétendre spécialiste soit de la poésie, soit de la littérature du dix-neuvième siècle si on ne sait pas lier Marion, Ninon et Nina entre eux, et voir les liens qui relient des œuvres de Victor Hugo, de Musset et de Rimbaud entre elles ?
Ninon étant une prostituée, cela donne un caractère d'évidence à la chute de "Ce qui retient Nina", le bureau est bien l'homme qui l'entretient. Je rappelle qu'une femme à la tête d'un bureau dans un village français en 1870 ça sent un peu bien son anachronisme...
Musset est le poète qui introduit les mentions Nina, Ninette, Ninon dans les vers au dix-neuvième siècle. Tout commence avec la comédie A quoi rêvent les jeunes filles dont le titre même fait écho à la variation de titres du poème de Rimbaud : "Ce qui retient Nina" puis "Les Reparties de Nina". L'écho du premier titre est particulièrement sensible, ce qui la retient, c'est ce à quoi elle rêve.
Parmi les personnages de cette comédie, nous avons deux jumelles Ninon et Ninette, "filles du duc Laërte", origine noble qui confirme la référence à Ninon de Lenclos soit dit en passant. Nous avons aussi une "Flora", servante coiffée d'un suffixe en "-a", à cela s'ajoutent le duc Laërte, son neveu le comte Irus, un Silvio et deux domestiques Spadille et Quinola.
La première scène du premier acte consiste en un dialogue entre les deux jumelles sur le point d'aller se coucher. Ninette doit traverser le parc, et Ninon lui demande si cela ne lui fait pas peur. On songe un peu à "Rêvé pour l'hiver". Ninette prétend que non et qu'elle sera protégée par son chien qui se nomme... Bacchanal, ce qui n'est pas un calembour pour bac anal, quoique...
Et Ninette se retirant, Ninon se met à prier, ce qui fait songer aux petites amoureuses crevant en Dieu.
Ninette revient épouvantée, elle a été embrassée à plusieurs reprises par un homme.
Ninette repart accompagnée de la servante Flora et Ninon après avoir accordé un instant de réflexion à la mésaventure de Ninette songe au "jeune homme étranger" qu'on lui présentera "demain" et qu'elle pense devoir être son futur mari. Et notons qu'elle parle de sa tante qui était "laide" "Hier soir à souper", puisque Rimbaud fait des "amoureuses" des "laiderons" dans son poème de mai 1871.
Ninon cherche à s'endormir, mais une voix vient lui chanter la sérénade avec une offre d'amour, et un discours où pour l'amour on donne tout, on renonce à tout.
C'est un peu le modèle du poète qui fait sa déclaration dans "Les Reparties de Nina" et c'est un peu ce qu'inverse la création satirique "Mes petites amoureuses".
En parallèle, à la scène 2, le comte Irus cherche à porter un "habit rose" avec une "culotte bleue", on songe encore à "Rêvé pour l'hiver", et ses domestiques le lui déconseillent, l'huile a coulé sur la culotte et l'habit rose est tout "rempli de crotte", mot "crotte" à la rime qui fait songer à la vache qui "fientera, fière, à chaque pas" de "Ce qui retient Nina".
Le duc Laërte invite le comte Irus à plus de simplicité, raillant l'apparat, sauf que dans "Ce qui retient Nina" l'apparat compte dans la décision finale.
Quant à Ninon et Ninette, elles ne peuvent plus dormir, l'une à cause d'une chanson, l'autre à cause d'un baiser appuyé.
Soyons même plus précis. Outre l'intérêt érotique pour les moustaches, Ninette emploie le verbe "frémir" : "Ce baiser singulier me fait encor frémir." Rimbaud l'emploie à son tour dans "Ce qui retient Nina" :
On sent dans les choses ouvertesFrémir des chairs[.]
Le baiser ayant été volé à Ninette au seuil d'un parc à onze heures du soir, le rapprochement est d'autant plus pertinent.
Et face à l'oiseau qui "filerait son andante," nous avons ce vers de Ninon, l'autre jumelle :
Un jeune rossignol chante au fond de mon cœur.
De manière frappante, Rimbaud fait dire à son poète auprès de Nina qu'elle serait "Amoureuse de la campagne", ce qui anticipe de loin en loin le titre "Mes petites amoureuses", mais il y a d'autres idées que présupposent cette création lexicale ostentatoire et bien volontaire. Il sera question de la trivialité et du scatologique de cette campagne qui finalement fera fuir Nina. Dans sa lettre de "Laitou" envoyée à Delahaye en mai 1873, Rimbaud jouera à nouveau sur le trivial et le scatologique et il citera parodiquement un hémistiche du poème "Souvenir" de Musset qui est une citation de Rousseau : "Ô nature ! ô ma mère !" Et justement, dans A quoi rêvent les jeunes filles, nous avons un récit d'éveil des émois amoureux chez deux jumelles avec une vanité égoïste. Ninette s'amuse à penser que contrairement à sa sœur elle n'est plus une enfant, mais en même temps les deux jumelles s'exaltent pour les manifestations érotiques, bien sûr idéalisées, de la Nature : (Ninon) "rameaux, l'un dans l'autre enlacés !" et (Ninette) "Ô feuilles des palmiers, reines de la verdure, / Qui versez vos amours dans les vents embrasés !".
Evidemment, Silvio est parfaitement conscient qu'il fait la cour aux deux jumelles, mais il ne se le reproche pas, puisqu'il considère qu'il se laisse aller à la passion sincère et qu'il ne joue d'aucune éloquence, ce qui est en contradiction flagrante avec les faits.
Le duc Laërte a pour projet de marier une de ses filles au fils unique de son grand ami. Ce fils, c'est Silvio. Mais Laërte a des théories sur le cœur romanesque des jeunes filles qui rêvent d'un aventurier qui vient les enlever. L'époux idéal doit s'annoncer par la fenêtre, etc.
Tout cela n'a pas l'air de concerner le poème "Ce qui retient Nina" de Rimbaud. Pensez tout de même à la satire. Vous avez d'un côté une thèse sur le désir sexuel brutal où la femme a envie d'être forcée, d'être entraînée en-dehors de son monde tranquille, évidemment sans les conséquences fâcheuses qui pourraient aller avec, et de l'autre une femme qui pense positivement à la sécurité que lui fournit un grossier "bureau" qui l'entretient.
Vous avez dans "Ce qui retient Nina" une rime "t'embête"/"petite tête" qui peut faire écho à certaines rimes de la comédie de Musset. Le duc Laërte s'adresse ainsi à son neveu le comte Irus :
Et vous, vous avez l'air, mon neveu, d'une bête,N'êtes-vous pas honteux de vous poudrez la tête,[...]
ce qui invite à considérer que le poète qui s'adresse à Nina correspond moins au séduisant Silvio qu'au repoussant comte Irus.
Laërte revient plus loin à la charge avec une rime équivalente lors d'un échange avec Silvio, et cette fois si la rime est distincte : "êtes"/"tête", l'intérêt est d'avoir l'expression telle "petite tête" précisément reprise par Rimbaud :
Quel travail il se fait dans ces petites têtes !
Et si vous trouvez tous ces rapprochements encore bien légers entre les poèmes, sachez qu'ils s'accumulent. Il est question du "long peignoir" plongé "dans la luzerne" du côté rimbaldien, et du côté du Spectacle dans un fauteuil Laërte qui imagine un faux drame pour impressionner ses filles demande à Silvio de s'habiller d'un "large manteau noir", cependant que "Ces dames, pour leur part, descendront en peignoir."
Sur l'ensemble de la comédie, Musset a inversé le cliché du père qui contrôle tout le mariage de sa fille. Ce père entend tout diriger, mais selon un projet romanesque complexe. Il veut que sa fille soit séduite par une aventure, mais il tient aussi à la moralité de l'aventurier et s'assure, du moins en le questionnant, que Silvio est bien vierge.
A tout hasard, je relève ces vers troublants dans la bouche de Laërte s'adressant à Silvio :
Vous êtes, mon enfant, plus blanc qu'une génisse ;Votre bon petit cœur est plus que son lait ;[...]
J'ai évidemment du mal à ne pas songer aux passages suivants de "Ce qui retient Nina" : "route / Blanche" avec un "troupeau qui broute", odeur de "laitage", puis d'une "étable", avec de "grands dos / Blanchissant sous quelque lumière" et fientes de vache... avec plus loin l'enfant et son "museau blanc" fourré dans des tasses...
En élargissant la comparaison, je n'oublie pas que Rimbaud va jouer à plusieurs reprises sur le symbole de candeur du blanc : "Plus candides que les Maries," etc., dans ses poésies.
Dans la suite de la comédie, les jumelles sont rivales, mais en se révélant le secret du mots qu'elles ont l'une et l'autre reçu, elles comprennent qu'elles ont le même amoureux suborneur, sauf qu'en déclarant vouloir se venger elles ne cessent d'en faire un portrait idéalisé, séducteur, à leur souhait... Même quand elles sont conscientes d'être jouées, elles rêvent d'une aventure érotique. Telle est la corruption de discours du roué Musset.
En réalité, la morale corrompue de Musset ne tient à rien du tout puisqu'il a mis en place le personnage repoussoir du comte Irus qui réduit à rien les révélations sur le cœur des femmes. On n'a rien d'autre qu'une opposition entre un homme qui sait plaire en société, qui est plus avisé, plus fort aussi, capable de s'affirmer avec un cuistre. Mais, évidemment, la comédie joue pour sa part sur quiproquos et rebondissements.
Se sentant abusées et ne démêlant pas ce qu'il s'est passé, les deux sœurs se promettent le couvent. On retrouve un motif des "Petites amoureuses", mais dans la scène finale où le dénouement n'apparaît que dans les tout derniers vers (Ninon étant celle qui sera épousée), je relève d'autres sources d'inspiration très intéressantes pour Rimbaud.
Appréciez ces vers prononcés par Ninette :
Nous vivrons loin du monde, au fond d'une prairie,A garder nos moutons sur le bord des ruisseaux.Nous filerons la laine ainsi que vos vassaux.
Encore une fois, cela donne un certain éclairage satirique sur l'étrange déclaration amoureuse du poète face à Nina. On retrouve cette idée de vouer sa vie à la campagne à s'occuper de travaux de la ferme.
At aux six vers de Ninette que j'ai réduit à trois dans ma citation, Laërte réplique par une question qui est précisément identique à celle du poète face à Nina dans le dernier quatrain :
Vous viendrez, n'est-ce pas, dîner de temps en temps ?
Dans le premier quatrain de "Ce qui retient Nina", nous avions l'interjection "hein ?" comme équivalent du "n'est-ce pas" :
Ta poitrine sur ma poitrine,Hein ? nous irions,[...]
Mais "Vous viendrez, n'est-ce pas,..." est tout entier repris dans le quatrain final :
- Tu viendras, tu viendras, je t'aime,Ce sera beau !....Tu viendras, n'est-ce pas ? et même....- Mais le bureau ?
Ajoutons que tout le lyrisme déployé par le poète dans "Ce qui retient Nina" a un net équivalent dans l'avant-dernière scène de A quoi rêvent les jeunes filles ? quand Silvio fait sa déclaration à Ninon :
Je vous aime, Ninon, comme voilà mon cœur.Vos yeux sont de cristal, - vos lèvres sont vermeillesComme ce ciel de pourpre autour de l'occident.
Vous avez le parallèle : "Je vous aime"."je t'aime" et la mention de couleur à la rime "vermeilles" ou "vermeil".
Mais c'est l'élan lyrique qui est similaire encore, et notez qu'après "vermeille" à la rime on a "vert" ce qui devient "vert et vermeil" chez Rimbaud :
Votre taille flexible est comme un palmier vert ;Vos cheveux sont légers comme la cendre fineQui voltige au soleil autour d'un feu d'hiver.[...]
J'abrège la citation.
Dans l'article de 2011, je ne parlais que de deux sources, "La Chanson de Fortunio" et "A Ninon", deux poèmes consécutifs dans les poésies nouvelles de Musset.
Sur mon propre blog, je suis revenu sur cette découverte. J'ai signalé d'autres poèmes où Musset parle de Nina ou Ninon. Je rappelle que le recueil des Poésies nouvelles de Musset se clôt par un "Sonnet au Lecteur" avec pour dernier hémistiche un balancement entre les deux noms des jumelles de la comédie que je viens de traiter : "Ninette ou Ninon". Ici, je viens d'analyser pour la première fois les liens entre A quoi rêvent les jeunes filles et "Ce qui retient Nina". En revanche, j'ai déjà indiqué auparavant que Ninon et Ninette étaient les héroïnes de cette comédie, qu'il y avait une allusion à Ninon de Lenclos, qu suite à l'influence de Musset Zola avait écrit en prose peu de temps avant Rimbaud des Contes à Ninon, que Mimi Pinson de Murger était un équivalent connu de la Ninon de Musset, que le diminutif Nina était pas mal de fois employé par Charles Coran dans ses poésies. J'ai déjà signalé que Musset lui-même a repris la forme strophique de "La Chanson de Fortunio" dans le poème "Le Mie prigioni" et que ce possessif propre à la langue italienne peut faire écho à l'adaptation du titre de Glatigny "Les petites amoureuses" en "Mes petites amoureuses".
J'ai surtout révélé que Rimbaud s'inspirait de la préface de Glatigny à une édition de ses poésies par Lemerre en 1870 avec l'accès à une information capitale. La "chanson de Fortunio" figure non seulement dans la comédie Le Chandelier de Musset, mais dans une parodie d'Ofenbach à laquelle elle donne même son nom. J'ai pu dérouler l'idée que "Mes petites amoureuses" épinglait du coup à la fois Musset, Glatigny et Daudet. J'en suis à montrer aujourd'hui les liens avec "Fêtes de la faim".
Et tout ça, les rimbaldiens n'en ont rien fait.
Ils m'en veulent d'avoir composé l'article : "N'oublie pas de chier sur le Dictionnaire Rimbaud" si tu le rencontres, mais dans ce Dictionnaire sur lequel il y a beaucoup de choses à dire non seulement vous n'avez aucune mention de mon article sur "Les Assis" et donc sur l'importante source qu'est "Napoléon II" de Victor Hugo, et donc sur la justesse de mon interprétation, mais à propos des "Reparties de Nina" dans sa notice Alain vaillant se permet une allusion à mon article de 2011, très fugace et mise entre parenthèse avec dédain : "on a pensée à une parodie de Musset", sachant que pour le lecteur cela n'aura rien de clair puisque Vaillant ne cite pas les sources : "Chanson de Fortunio", "A Ninon", "A quoi rêvent les jeunes filles", "Sonnet au Lecteur", ni qui est ce "on" ? A quoi se référait-il ?
A l'époque, je ne sais pas si j'avais déjà publié ou non l'article sur la préface de Glatigbny et l'opéra d'Ofenbach, je pense que oui, au moins sur internet, puisqu'ensuite j'ai publié cela dans la revue Rimbaud vivant, mais en tout cas, encore une fois, j'ai mis en avant une découverte en béton armé qui n'a pas été prise au sérieux, ou qu'on s'est cru en mesure de passer sous silence, et là à chaque fois que je reprends ce dossier je dévoile de nouveaux faits accablants.
Oui, le rimbaldien fientera bien fier de lui à chaque pas... C'est effectivement ce qui se passe.
Pour finir, un mot sur "Fêtes de la faim".
Avez-vous remarqué que "paissez" et "vibrant" sont dans le même quatrain, tout comme dans "Voyelles", "pâtis" et "vibrements" sont dans le même tercet ?
Prenez en parallèle le poème "Entends comme brame..." : vous avez l'adjectif botanique "viride" à la rime, ce qui accompagne très bien le sujet des petits pois. Cet adjectif au pluriel figure dans le même tercet de "Voyelles" qui réunit "pâtis" et "vibrements".
Vous pensez que c'est anodin ?
Dans "Entends comme brame", le segment "près des acacias" ne désigne-t-il pas la pratique des tuteurs en rames d'acacias ?
Moi, je sens qu'il y a un boulevard à l'analyse satirique qui permet en même temps de constater des constantes créatrices de la part de Rimbaud.
Mais je dois m'en taire, les autres sont déjà tellement jaloux.