Impossible de préparer quoi que ce soit, ces jours-ci. D'ici la semaine prochaine, j'espère pouvoir m'y remettre, mais c'est dommage de ne pas profiter du mauvais temps pour écrire la suite de mon étude "Pommier zutique". Je vais scinder cela en deux ou trois autres articles. Il y aura un article sur les trois Conneries, dont Paris, et sur l'ensemble des sonnets monosyllabiques, et un autre article sur le fameux monostiche attribué à Ricard. Je devrais aussi proposer ma propre mise au point sur Mérat.
Je n'ai rien à dire sur la mort d'Yves Bonnefoy, il ne m'intéresse pas du tout et il n'avait rien compris à Rimbaud. D'ailleurs, aucun poète du vingtième siècle n'a su écrire quelque chose de brillant témoignant d'une réelle compréhension de l'œuvre de Rimbaud, pas même ceux qui avaient du talent ou un certain génie : Valéry, Aragon, Reverdy, Char,...
J'observe que Circeto continue de s'intéresser à la photo du Coin de table à Aden. Veut-il résumer sa vie à identifier le gusse qui, sans raison physique solide, a été pris pour Rimbaud ? Quand, au départ, j'avais dit que ce n'était évidemment pas Rimbaud, qu'il ne lui ressemblait pas, on m'a raillé. J'avais droit à des discours plus farfelus les uns que les autres qui y trouvaient une ressemblance. Maintenant qu'il est prouvé que ce n'est pas Rimbaud, il faudrait considérer que la démonstration est insuffisante tant qu'on n'aura pas mis un nom sur ce type-là. Mais qu'il s'appelle Machin ou Bidule, qu'il soit une future connaissance ou non de Rimbaud, cela ne me fait ni chaud ni froid quant à cette photographie. Par exemple, on dit qu'il y aurait Maurice Riès assis sur cette image, est-ce que ça me met de l'émotion au cœur ? Non, pas du tout. Par ailleurs, j'ai cru remarquer que Circeto croyait en la possibilité d'améliorer la méthode de Brice Poreau. Il a formulé cela je ne sais plus où dans ses articles sur le sujet et ce n'était apparemment pas ironique. Mais, non, mille fois non, la méthode de Brice Poreau n'est pas améliorable, elle est nulle et non avenue. Point final. J'ai beaucoup ri quand j'ai lu sur le blogue "Rimbaud ivre" qu'une telle méthode aurait été utilisée dans un cadre judiciaire. Il y a de quoi se rouler par terre, au moins on rigole bien à lire tout ce débat sur les identifications photographiques.
Circeto serait bien plus avisé, s'il veut devenir expert en iconographie rimbalienne, de s'intéresser à la photo de classe. S'agit-il, oui ou non, des deux frères Rimbaud ? Voilà un vrai sujet d'iconographie rimbaldienne. Ou bien Circeto pourrait s'intéresser à la photographie de la partie de chasse. S'il ne reste qu'une seule personne à identifier sur le "Coin de table à Aden", il en reste six sur la photographie de la partie de chasse, je dis "six" de mémoire, car la dernière fois que j'ai regardé cette photographie je ne sais pas à quand ça remonte. Il n'y a pas plus de raison de prétendre reconnaître Rimbaud sur la photographie de la partie de chasse que sur la photographie du Coin de table à Aden. Les arguments sur la tête penchée, le visage fermé, le regard de défi, les épaules tombantes et les grandes mains, cela n'a rien de sérieux.
J'ai remarqué également un phénomène étrange sur le blogue "Rimbaud ivre". Jacques Bienvenu a publié un article qui met en pièces l'authenticité du tableau de Jef Rosman. Une fois qu'on a lu cet article, l'authenticité du tableau n'est plus du tout défendable. Pourtant, suite à sa récente conférence sur les portraits de Rimbaud, on a droit à un discours mitigé. Une vidéo rendant compte de la conférence laisse planer l'idée qu'une expertise appuie quand même l'authenticité du tableau.
Faut arrêter le délire. Personnellement, à une époque où je ne m'intéressais pas à l'iconographie sauf pour combattre celle du "Coin de table à Aden", j'avais pu dire du tableau de Jef Rosman "j'espère qu'il est authentique, parce qu'il est sympathique et rigolo". Mais, en fait, en y réfléchissant à tête reposée, il est faux et son authentification ne repose que sur la confection du cadre qui peut être d'époque. C'est le visage de la photographie connue de Rimbaud mis sur des draps. Le faussaire méprisait tellement la naïveté de l'acquéreur qu'il a exagéré les discours écrits sur son table, le désinvolte "blessé après boire" et les explications grotesques au dos du tableau.
Faut arrêter le délire. Personnellement, à une époque où je ne m'intéressais pas à l'iconographie sauf pour combattre celle du "Coin de table à Aden", j'avais pu dire du tableau de Jef Rosman "j'espère qu'il est authentique, parce qu'il est sympathique et rigolo". Mais, en fait, en y réfléchissant à tête reposée, il est faux et son authentification ne repose que sur la confection du cadre qui peut être d'époque. C'est le visage de la photographie connue de Rimbaud mis sur des draps. Le faussaire méprisait tellement la naïveté de l'acquéreur qu'il a exagéré les discours écrits sur son table, le désinvolte "blessé après boire" et les explications grotesques au dos du tableau.
Demain, je prends un tableau, j'écris au dos, et sur la foi de ce que j'écris au dos du tableau je le fais passer pour un authentique portrait de Rimbaud!
Ce tableau prétendument belge et signé Rosman a été vendu sur un marché aux puces à Paris après la Seconde Guerre Mondiale.
De toute façon, le rimbaldisme est farci d'erreurs passionnellement entretenues. Je viens d'écouter la vidéo de lectures commentées de Rimbaud par Michel Murat et Stanislas Roquette. Les poèmes "Le Bateau ivre" et "Voyelles" sont tous les deux admis comme des poèmes de l'été 1871, histoire de monter à Paris épater le cercle mondain des poètes. Le poème "Roman", écrit à Douai au moment où Demeny courtise une très jeune fille dont il aura un enfant neuf à dix mois plus tard, passe pour un poème adolescent de Rimbaud. Le livre Une saison en enfer a été écrit suite à une crise sentimentale, c'est le mot employé par Michel Murat, sauf que Rimbaud ne prétend pas l'avoir écrit de juillet à octobre 1873, mais d'avril à août 1873, ce qui n'est pas la même chose. Pour son souhait de "nouvel amour", Rimbaud serait l'équivalent d'un poète américain qui lui était contemporain, Walt Whitman, alors que Rimbaud se nourrit à des sources anciennes, le "Je est un autre" est une variante du "Connais-toi toi-même" et le "nouvel amour" des "nouveaux hommes" est une reprise athée du projet de l'Eglise. Rimbaud arrache à saint Paul son discours "Il faut revêtir l'Homme nouveau". La comparaison avec Walt Whitman embrouille tout et donne une fausse image des aspirations de Rimbaud. Murat fait observer à juste titre que Rimbaud est proche du romantisme, c'était le titre de ma thèse abandonnée "Rimbaud et le romantisme", mais j'aimerais savoir de quel droit on peut opposer le romantisme à la modernité et dire que la modernité commence avec Baudelaire, Rimbaud en ayant retenu la leçon. Là, il faudra qu'on m'explique. Baudelaire est lui-même un romantique, d'ailleurs, il l'a écrit, en plus.
Pour finir, je reviens sur l'idée d'un Rimbaud qui cherche à tout prix à publier. Le discours officiel des rimbaldiens est sans doute tenu par des universitaires. Pour un universitaire, pour parvenir à tel résultat, on fait telle démarche, tel parcours, etc. Mais, Rimbaud ne fonctionne pas comme un univeritaire. Il est passionné, il écrit à quinze ans trois poème "Par les beaux soirs d'été...", Credo in unam, "Ophélie", il a envie que la terre entière le sache. C'est dans cet esprit-là qu'il écrit à Banville. Certes, sa démarche s'accompagne du désir d'être publié, mais les rimbaldiens se trompent en croyant identifier une démarche de personne qui cherche à être publié. Rimbaud cherchait à être lu et à vivre dans une société de poètes, en jouissant des échanges privilégiés que cela apporte. La lettre à Banville du 24 mai 1870 ne doit pas être lue au premier degré. Personne ne croit sincèrement, j'espère, qu'il demande à être publié dans la livraison finale du second Parnasse contemporain. Il s'agit bien sûr d'un discours pour chauffer Banville, Rimbaud lui montrant qu'il croit en lui-même. Rimbaud a remis des poèmes à Izambard et à Demeny pour être lu, pas pour être publié immédiatement par eux. Et, quand, dans la lettre du 17 avril 1871 à Demeny, Rimbaud parle de la librairie artistique, il ne dit à aucun moment qu'il souhaite être publié, il montre qu'il fait ses premiers pas dans le circuit des poètes. Beaucoup de rimbaldiens semblent n'avoir jamais connu les fièvres adolescentes. C'est pourtant très clair dans le cas de Rimbaud. Dans le cas de la lettre du 15 mai à Demeny, les rimbaldiens sont convaincus que Rimbaud est sincère quand il dit que Mérat est un voyant ou que Baudelaire est un vrai dieu. Moi, je ne le crois pas du tout. Les rimbaldiens sont déterminés à croire qu'un grand écrivain ne peut témoigner d'aucune faiblesse quand il se forge un avis. Un écrivain peut se tromper ou peut formuler un avis pour des raisons tactiques, mais un avis aussi important que celui sur Baudelaire ne doit souffrir aucune minoration dans le cas de Rimbaud. L'enjeu est beaucoup trop important. Personnellement, je fonctionne différemment et je trouve très suspect que Rimbaud mêle l'exaltation à une réticence aussi violente. Baudelaire serait un dieu pour les idées, mais il serait mesquin pour la forme. N'importe quel fin psychologue, je ne parle pas des gens qui en font profession, n'importe quel fin psychologue comprend qu'il y a anguille sous roche. La forme est capitale en poésie et le projet de Rimbaud donne la priorité aux formes nouvelles. C'est une critique grave qui est faite de Baudelaire. Ensuite, on constate une humeur contrariée de Rimbaud. Il admire et raille à la fois, mais surtout en passant de l'un à l'autre c'est la raillerie qui demeure. Pour moi, il est clair que Rimbaud, désireux de se mélanger au cercle des poètes parisiens, vient d'apprendre à Paris, entre son passage à la Librairie artistique, sa rencontre avec Gill et sa quête de l'adresse de Vermersch, que l'époque ne jure que par le souffle nouveau de la poésie de Baudelaire et cela contrarie son impression première qui est portée sur la forme et qui lui fait dire qu'il y a là quelque chose de mesquin. Et c'est un fait que le discours sur la nouveauté de Baudelaire, tout le monde le tenait, tandis que l'accusation de mesquinerie de la forme cela n'apparaissait nulle part. La démarche est inverse pour Hugo, le trop cabochard a écrit un vrai poème qui est un roman. La raillerie le cède à l'admiration.
Entre Hugo et Baudelaire, Rimbaud a mis les seconds romantiques, ce qui fait que l'inspection des idées nouvelles et le rejet des choses mortes oppose plus spécifiquement Baudelaire à Banville, Leconte de Lisle et Gautier, que Baudelaire à Hugo.
Mais, bon, tout cela ne sera toujours qu'études néantes. Chacun a sa lecture de Rimbaud fixée dans la tête, les arguments n'y font plus rien, ils ne serviront en privé qu'à aménager sa lecture personnelle dans les coins.
Pour finir, je reviens sur l'idée d'un Rimbaud qui cherche à tout prix à publier. Le discours officiel des rimbaldiens est sans doute tenu par des universitaires. Pour un universitaire, pour parvenir à tel résultat, on fait telle démarche, tel parcours, etc. Mais, Rimbaud ne fonctionne pas comme un univeritaire. Il est passionné, il écrit à quinze ans trois poème "Par les beaux soirs d'été...", Credo in unam, "Ophélie", il a envie que la terre entière le sache. C'est dans cet esprit-là qu'il écrit à Banville. Certes, sa démarche s'accompagne du désir d'être publié, mais les rimbaldiens se trompent en croyant identifier une démarche de personne qui cherche à être publié. Rimbaud cherchait à être lu et à vivre dans une société de poètes, en jouissant des échanges privilégiés que cela apporte. La lettre à Banville du 24 mai 1870 ne doit pas être lue au premier degré. Personne ne croit sincèrement, j'espère, qu'il demande à être publié dans la livraison finale du second Parnasse contemporain. Il s'agit bien sûr d'un discours pour chauffer Banville, Rimbaud lui montrant qu'il croit en lui-même. Rimbaud a remis des poèmes à Izambard et à Demeny pour être lu, pas pour être publié immédiatement par eux. Et, quand, dans la lettre du 17 avril 1871 à Demeny, Rimbaud parle de la librairie artistique, il ne dit à aucun moment qu'il souhaite être publié, il montre qu'il fait ses premiers pas dans le circuit des poètes. Beaucoup de rimbaldiens semblent n'avoir jamais connu les fièvres adolescentes. C'est pourtant très clair dans le cas de Rimbaud. Dans le cas de la lettre du 15 mai à Demeny, les rimbaldiens sont convaincus que Rimbaud est sincère quand il dit que Mérat est un voyant ou que Baudelaire est un vrai dieu. Moi, je ne le crois pas du tout. Les rimbaldiens sont déterminés à croire qu'un grand écrivain ne peut témoigner d'aucune faiblesse quand il se forge un avis. Un écrivain peut se tromper ou peut formuler un avis pour des raisons tactiques, mais un avis aussi important que celui sur Baudelaire ne doit souffrir aucune minoration dans le cas de Rimbaud. L'enjeu est beaucoup trop important. Personnellement, je fonctionne différemment et je trouve très suspect que Rimbaud mêle l'exaltation à une réticence aussi violente. Baudelaire serait un dieu pour les idées, mais il serait mesquin pour la forme. N'importe quel fin psychologue, je ne parle pas des gens qui en font profession, n'importe quel fin psychologue comprend qu'il y a anguille sous roche. La forme est capitale en poésie et le projet de Rimbaud donne la priorité aux formes nouvelles. C'est une critique grave qui est faite de Baudelaire. Ensuite, on constate une humeur contrariée de Rimbaud. Il admire et raille à la fois, mais surtout en passant de l'un à l'autre c'est la raillerie qui demeure. Pour moi, il est clair que Rimbaud, désireux de se mélanger au cercle des poètes parisiens, vient d'apprendre à Paris, entre son passage à la Librairie artistique, sa rencontre avec Gill et sa quête de l'adresse de Vermersch, que l'époque ne jure que par le souffle nouveau de la poésie de Baudelaire et cela contrarie son impression première qui est portée sur la forme et qui lui fait dire qu'il y a là quelque chose de mesquin. Et c'est un fait que le discours sur la nouveauté de Baudelaire, tout le monde le tenait, tandis que l'accusation de mesquinerie de la forme cela n'apparaissait nulle part. La démarche est inverse pour Hugo, le trop cabochard a écrit un vrai poème qui est un roman. La raillerie le cède à l'admiration.
Entre Hugo et Baudelaire, Rimbaud a mis les seconds romantiques, ce qui fait que l'inspection des idées nouvelles et le rejet des choses mortes oppose plus spécifiquement Baudelaire à Banville, Leconte de Lisle et Gautier, que Baudelaire à Hugo.
Mais, bon, tout cela ne sera toujours qu'études néantes. Chacun a sa lecture de Rimbaud fixée dans la tête, les arguments n'y font plus rien, ils ne serviront en privé qu'à aménager sa lecture personnelle dans les coins.
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