dimanche 29 octobre 2023

Petit complément autour de la rime "daines"/"soudaines" du poème "L'Homme juste"

Edité le 30 octobre au matin (il est 10H15), vu l'importance des nouveaux éléments apportés !

Tout à fait indépendamment de moi, puisqu'il n'y a eu aucun contact, Jacques Bienvenu a réagi à son tour à l'article tout frais paru sur les deux derniers quintils de "L'Homme juste" et il en a profité pour renvoyer à ma précédente mise en ligne "Rigolomania avec Marc Dominicy".


Attention, ce qui suit va se découper en plusieurs petits sujets, et on va revenir sur le contenu des quintils également.

Pour rappel, dans une de ses publications, Bienvenu avait exploité la rubrique de Banville de mars 1872 dans la revue L'Artiste, et en la lisant je m'étais rendu compte de la présence de cette rime "daines" / "soudaines", sachant que, tout récemment, j'avais déjà déchiffré le vers du manuscrit de "L'Homme juste", et j'ai ensuite publié une analyse complète parue sur le blog "Rimbaud ivre" qui incluait cette forme d'indice ou de preuve, il existe aussi un article dans une revue universitaire classique, la revue non rimbaldienne, mais au titre rimbaldien "Nous t'affirmons, méthode".
Evidemment, cette réaction de soutien est pour l'instant quasi unique et elle vient de l'un des deux médias qui ont publié ma découverte à l'époque. Il faudrait bien évidemment que d'autres rimbaldiens se manifestent et surtout que les prochaines éditions soient enfin au point, parce que c'est là l'essentiel, et je vais expliquer pourquoi ce qu'il se passe est choquant, mais d'abord, revenons sur le problème du déchiffrage.
André Guyaux a accueilli lui aussi ce résultat puisqu'il en a  tenu compte dans l'établissement du texte, mais à ce que j'ai compris il a confié une relecture du manuscrit à Aurélia Cervoni qui aurait lu "de daines" et non "ou daines", et on se retrouve avec cette anomalie qu'on m'attribue dans l'édition de La Pléiade des œuvres complètes d'Arthur Rimbaud d'abord une prudence hypothétique, ensuite une lecture "de daines".
Non, je ne propose pas la leçon "ou daines", j'affirme que c'est ce qui est écrit sur le manuscrit. Nous avons un défaut d'espacement qui crée une suite collée "oudaines", le "o" est mal bouclé, mais on peut parfaitement reconnaître le mouvement pour boucler le "o" comme dans "soudaines" deux vers plus loin, C'est un "o" mal bouclé, je ne peux pas le dire autrement, et je ne vois pas ce que cela a d'incompréhensible pour le public. Sur son site internet, désormais de référence pour la revue Parade sauvage, Alain Bardel offre un extrait de fac-similé et met tout le monde à égalité  quand il présente les solutions. Il parle de "manuscrit confus" et soutient que je n'ai fait que proposer une solution. Non ! La partie confuse du manuscrit, c'est d'ailleurs intéressant de l'observer, c'est tout ce qui précède dans le même vers. On a un tiret et une interjection "Ô" dont on doit évaluer si elle est biffée ou non, on a une transcription maladroite avec deux "x" : "exèxre", on a deux déterminants consécutifs "ces ces". Dans la section "oudaines", seul le bouclage imparfait du "o" est confus.
Peu importe que des gens ont proposé par le passé "à bedaines", "à fredaines", un mot indéchiffrable se finissant par "[...]daines", et que de nos jours Marc Dominicy invente "ou de naines", peu importe que Guyaux et Cervoni lisent "de daines", peu importe que Murphy s'imagine que j'ai proposé la leçon "d'aines". Sur le manuscrit, il est écrit "oudaines" un micro espacement est perceptible pour rendre "ou daines", et quand on sait que Rimbaud s'adonne aux césures acrobatiques, quand on sait que forcément il faudra supprimer un déterminant "ces", quand on constate que l'interjection "Ô" n'a pas été biffée, il n'y a aucun ajout à faire par l'imagination pour lire simplement l'alexandrin que voici : "- Ô j'exècre tous ces yeux de chinois ou daines[.]" La césure passe après le déterminant "ces" tout simplement,  et c'est ce qui explique sans doute que Rimbaud se soit repris et l'ait transcrite, cette forme  "ces", à deux reprises.
Il y a un moment où il faut arrêter le débat. L'oeuvre de Rimbaud, elle a été imprimée à partir de manuscrits. Et des coquilles, des erreurs, on a pu en corriger quand on a eu accès aux manuscrits. Là, parce que le manuscrit a été déchiffré non pas par Murphy, non pas par Guyaux, non pas par Forestier, Guyaux, etc., non pas par un professeur d'université agrégé, mais par le quidam, on se retrouve avec un crime de lèse-majesté où il est interdit à jamais de trancher le débat. En 2023, Dominicy se promène et il développe tout ce qu'il a envie de développer, les gens seront d'accord ou pas avec lui, mais au bout du compte, il n'aura pas le consensus, mais plus rien n'aura de consensus, à  jamais. Comment se fait-il que cet extrait manuscrit qui n'est pas raturé soit la chasse gardée de rimbaldiens officiels au point qu'on n'admettra plus jamais l'avoir déchiffré ? Ce sujet, il va ressortir en 2098, en 2027 ? Qu'est-ce que c'est que ce cirque ? Evidemment qu'indifférents à la gloire de Murphy, Brunel, Steinmetz, les nouvelles générations me donneront raison, mais en l'état on assiste à un phénomène de cécité étonnant. Le passage n'est pas raturé et il fait débat à l'infini... Personne n'est sûr de  rien, et seul un rimbaldien pourra déchiffrer le manuscrit, puisque visiblement personne même n'en vient à rire de ces rimbaldiens qui publient massivement pour contester la lecture évidente "ou daines".
Un mot sur le fait de dire qu'un critique littéraire propose. C'est un peu facile ! Evidemment que pour des raisons de bienséance, le critique qui se met en scène n'affirme pas avoir raison, ça doit venir de la reconnaissance du public. Mais là, ce qui se passe, c'est  que les critiques rimbaldiens sont  contrôlés par les chapelles universitaires. Il y a des allégeances, tout le tsouin-tsouin. Si les pontes ne sont pas contents de ne pas avoir découvert la vérité par eux-mêmes, il suffit de noyer le poisson. Il y a plusieurs façons de faire : ne pas en parler, faire celui qui n'a pas réévalué le sujet depuis, laisser le brouhaha comique des collègues s'installer. Vu que Murphy ne dit rien, vu que Guyaux a mal transcrit la solution dans la Pléiade, Bardel il panique, il ne se sert pas de ses yeux, il se dit que le déchiffrement n'est pas évident. Ben, tiens !  Et c'est pour cela que je ne peux accepter le chantage de la politesse, je ne propose pas une solution, j'affirme que c'est la solution, c'est une évidence, et ne pas le voir ça suppose un problème qui est soit de bêtise, soit de mauvaise foi. C'est tout ! On peut avoir des passages difficiles à déchiffrer et des débats  interminables, mais là ce n'est pas le cas. C'est un système de castes qui est en train d'empêcher l'acceptation de l'évidence !

Evidemment, je l'avais anticipé puisque j'en parle dans mes articles d'époque : la mise en facteur commun "yeux de chinois ou daines"  n'est pas courante dans la poésie en vers littéraires. Malgré tout c'est du français compréhensible et une forme grammaticale admise dans la vie de tous les jours. Je n'ai pas cherché, mais même au plan littéraire elle doit bien avoir pas mal de manifestations. Alors, je n'ai pas lu l'article entier de Dominicy, je ne paierai pas deux euros pour ça. Je me contente de son résumé. Il prétend que "yeux de chinois" c'est une allusion à la trisomie. Ben, non ! C'est une allusion au rire du chinois riche content de son sort matériel, cliché du magot chinois qu'on peut avoir en sculpture. Nous avons cette expression du "magot chinois" à l'époque de Rimbaud, je crois que madame de Blanchecotte s'en sert dans ses écrits de témoignage sur la Commune. Et j'ai cité le poème de Victor Hugo "Un bon bourgeois dans sa maison", tiré des Châtiments. Or, c'est la source  qu'a mentionnée  Marc Ascione lui-même pour le même poème et le même passage je crois dans l'édition du centenaire d'Alain Borer parue en 1991. A vérifier. De  toute façon, ayant déjà lu le texte d'Ascione à l'époque, je devais être sous son influence.
Mais, justement, cette mise en facteur en commun "yeux de chinois ou daines", plutôt que "yeux de chinois ou de daines" confirme l'idée que c'est cette joie insouciante que cible le poète. Les yeux sont équivalents qu'ils soient chinois ou qu'ils soient ceux d'une daine. La daine n'est pas trisomique, que je sache ! Plutôt que la joie insouciante, on a un groupe de regards sociaux inoffensifs avec le chinois bienveillant qui reçoit chez lui et la daine qui sera plus apeurée qu'agressive. C'est cette parodie d'innocuité des poètes que veut moquer Rimbaud évidemment.
Le mot "douceur", il est essentiel aux deux quintils ajoutés : "doux / Comme le sucre", "idiots doux". C'est cette douceur dans le regard que cible le poète, et si Dominicy veut prétendre que "idiots doux", ça fait penser aux trisomiques et à leur regard, je me permets de préciser que le poème d'Ernest d'Hervilly que cite Banville contient non seulement la rime "daines"/"soudaines", mais encore l'expression "sanglots doux", avec cette affectation de l'adjectif placé après le nom auquel il se rapporte : non pas "doux sanglots" mais "sanglots doux" comme on a "les sanglots / Des violons / De l'automne".

Un sanglot doux m'étouffe et me rend anxieux.

Et ce "sanglot doux", c'est un peu comme un bonbon du poète, ce qu'on peut rapprocher de "ruminant toujours mon ennui", métaphore alimentaire des deux quintils ajoutés à "L'Homme juste".
Vous avez le fac-similé dans l'article de Bienvenu cité en lien plus haut.
Et quand, au début des deux quintils ajoutés par Rimbaud, vous avez une "gorge cravatée / De honte", vous ne remarquez pas que ça ressemble beaucoup en tant qu'image à ce qu'écrit Ernest d'Hervilly :

Sur les bords de la Marne, elle prit froid, et, pâle,
Me pria de nouer derrière elle son châle.
La cravate de honte se noue autour du cou comme le châle unit le couple dans une même passion ou compassion douloureuse.
Elle va durer encore combien de temps la querelle des impressions ? Les rimbaldiens auraient accepté mon déchiffrement à l'époque, ils auraient pu rebondir sur des comparaisons plus subtiles entre le poème d'Hervilly et les deux quintils, et me griller la politesse... En dix vers d'ajout, la rime "daines"/"soudaines, l'adjectif "doux" derrière le nom auquel il se rapporte, des symétries frappantes dans les images.
Je me demande même si "l'assaut des fiers toutous" et la rime en "-tée" ne viennent pas de l'impression comique produite par l'expression "lapin sauté" en italique dans le poème d'Hervilly toujours. En tout cas, les "enfants / Près de mourir", ça cerne de près le cliché du poème d'Hervilly, il pleure une jeune femme morte, non ? Il évoque le passé d'une femme déjà morte et qui prenant froid était "près de mourir".
Certes, les rapprochements que je fais n 'arrivent pas comme une explication lumineuse de tout ce que Rimbaud a voulu écrire dans ces deux quintils, mais ce qu'il faut voir c'est que Rimbaud en a assez fait pour attraper Hervilly dans son orbe, pour l'inclure dans sa raillerie.
Enfin, finissons sur l'aspect comique de l'intervention de Bienvenu, c'est-à-dire que Bienvenu parle d'un Rimbaud qui en veut à Banville d'avoir cité comme modèle de sa génération un autre poète que lui qui demeurait ignoré, sur le carreau, en plein dans une réaction de ma part où je fais ce reproche aux rimbaldiens d'exclure mes résultats pour les mêmes raisons de préséances sociales intéressées.
Bienvenu rappelle donc que la rime "daines"/"soudaines" fait partie d'un extrait de poème d'Ernest d'Hervilly cité par Banville dans une recension datée  de mars 1872, Rimbaud a été blessé par les propos de Banville. Bienvenu cite un passage clef de l'hommage fait à l'auteur des Baisers dans la revue L'Artiste qui a en effet toute son importance :  parmi les jeunes poètes qui, il est vrai, se signale à l'attention depuis déjà quelques années, Ernest d'Hervilly serait le plus original et le plus nouveau. Il ne s'agit pas de résumer la réaction de Rimbaud à un ressenti face à cette phrase, mais ça a effectivement son poids, et il faut noter que le propos de Banville est même problématique pour Verlaine et d'autres. Verlaine a vraiment commencé à publier régulièrement de la poésie à partir de 1865 ou 1866, il y a à peine six ans, et plusieurs jeunes poètes du Parnasse sont bien meilleurs qu'Ernest d'Hervilly. Nul doute que Rimbaud a pris un peu cela en dépit pour lui-même, de toute façon et l 'aspect amusant dans le relevé de Bienvenu c'est qu'on a du coup une comparaison renouvelée entre le fait que les poètes et plumes que fréquentaient Rimbaud lui ont fait barrage, ne voulaient pas trop vite le reconnaître et qu'il a pu réagir en jaloux, ce qui fait un parallèle à mon avantage quant à la situation présente, et rappelle mon article "N'oublie pas de chier sur le Dictionnaire Rimbaud, si tu le rencontres !"
En effet, Rimbaud ne supporte pas de ne pas être identifié comme le nouveau grand poète, mais il faut aussi préciser qu'il ne le dit pas tout nu dans son poème, on voit bien dans "L'Homme juste" qu'il critique le milieu d'ensemble des poètes parisiens dont Banville et Hervilly sont deux éléments saillants. Banville devait aussi faire partie des gens qui disaient à Rimbaud de se modérer, sur le sujet de la Commune ou sur d'autres. Et il va de soi qu'il était plus facile pour Rimbaud d'épingler les rimbaldiens sur leur tiédeur politique plutôt que sur leurs réprobations face à ses mauvais blagues.
Rappelons que Rimbaud est devenu persona non grata du dîner des Vilains Bonshommes à partir d'une réunion houleuse du 2 mars 1872, mois du premier anniversaire de la Commune soit dit en passant, dispute qui a impliqué le pourtant communard Carjat, mais les rumeurs prétendent que Rimbaud a aussi insulté Ernest d'Hervilly ce jour-là. Il est clair que les deux quintils ajoutés à "L'Homme juste" représentent un élargissement de rancune. Le poème "L'Homme juste" réglait son sort à Victor Hugo, qui était pourtant l'un des seuls écrivains en vue à prendre tout de même la défense des communards après la Semaine sanglante, et on peut penser que Rimbaud est déçu de la tiédeur des sympathies du milieu dans lequel il se trouve, et est mortifié quand il y a absence d'intérêt pour ce passé récent.
Rimbaud n'a aucune raison d'allonger de deux quintils un poème sur le sujet de la Commune au profit d'une digression vaguement allusive à une querelle récente qui n'est pas spécialement connue du public. Nous passons du singulier du titre "L'Homme juste" au pluriel "Ô Justes".
D'évidence, Rimbaud n'aime pas la publicité faite par Banville à Hervilly, mais les deux quintils sont rattachés au poème "L'Homme juste", dénoncent la mise en scène de la douceur bienveillante du poète dont les "yeux de chinois" et les "yeux de daines" sont deux facettes, deux moyens de paraître inoffensifs, gentils, et ces deux quintils aboutissent à une dénonciation de gens qui se prétendent les justes. Rimbaud dénonce des "yeux de chinois ou daines" qui se font passer pour des justes... C'est dit en toutes lettres. Et du coup, je ne vois pas très bien comment on aurait sur un trisomique se prenant pour un  juste.
Alors, je ne suis pas Rimbaud, Frémy n'est pas Ernest d'Hervilly, mais il faut arrêter le cirque des relations sympathiques entre critiques rimbaldiens. Il n'y a pas eu le moindre livre d'hommages à Antoine Fongaro ou à Bruno Claisse, je me permets de le faire remarquer, lesquels ont indiscutablement plus compté dans la vie de la critique rimbaldienne que Yann Frémy. Je n'ai pas été invité à participer au livre hommage à Michael Pakenham, alors que malgré l'affaire Teyssèdre j'étais toujours à échanger des courriels amitieux avec lui. Il ne l'aurait pas souhaité que je publie un article dans cet hommage ?
Qui décide des hommages ? Ils sont écrits pour qui ? Ils sont une production de chapelle universitaire qui retournent à la chapelle universitaire. Vous le saviez que je réagirais à l'article sur les quintils "L'Homme juste", c'est une drôle de façon de faire des hommages apaisés que vous avez là ? Je ne comprends pas. On a une inféodation de la critique littéraire à quelque chose qui n'a rien à voir avec Rimbaud, on a un système de castes universitaires en représentation qui décident de la vérité, qui décident de ce qu'on peut révéler ou non aux lecteurs, qui décident aussi ce que sont les bonnes manières, la bienséance, etc. Tel est le cirque ! "Ah oui, je suis le meilleur ami de Rimbaud, je n'en ai jamais dit du mal, qu'est-ce qu'on s'entendrait bien lui et moi le critique rimbaldien, ou moi l'amateur éclairé de ses poésies !" Ah oui on te refuse la vérité, il faut rester poli, mordre sa langue et passer à autre chose.
Un article de critique rimbaldienne, c'est "hop je me balade, hop hop hop je suis dans la rue, je me tourne, je vois une vitrine, et je raconte quelque chose de plaisant dessus pour que vous veniez à votre tour vous y recueillir entre gens de bon goût !" Désormais, il y a une vitrine manuscrit indéchiffrable de Rimbaud qui va tourner encore pendant cent cinquante ans. Ce manuscrit indéchiffrable, ne riez pas, aura son cercle zutique, on en fera des réunions. Des réunions mondaines, ça va de soi.

1 commentaire:

  1. On aura compris qu'une recherche complémentaire est à faire pour commenter les propos de Rimbaud sur les "charités crasseuses", on se doute bien que les deux quintils ne ciblent pas uniquement un poème d'Hervilly et la recension de Banville. On a une recherche à faire avec un contexte autour de mars 1872, des écrits récents dans la presse où les justes du style Banville et cie s'expriment après la semaine sanglante.
    J'en profite pour signaler un autre sujet. Sur Gallica, on a les oeuvres complètes de Joseph Autran dans une édition de 1875, avec d'ailleurs sur le premier volume une anomalie dans les pages de sommaire. Autran était prolixe en prose. Nous avons une préface à ce volume des oeuvres complètes (il lui restait deux ans à vivre) où il explique qu'il retouche ses anciennes publications, donc je vais vraiment tout lire dans toutes les versions, j'ai déjà lu Les Poèmes de la mer par le passé. Surtout, il dit que la publication a été interrompue en 1870 et il signe "avril 1872". Si Autran était d'actualité cela fait écho au "Bateau ivre" composé avant avril 1872, mais en gros fin 1871, totu début de 1872. Et l'expression "poème de la mer" vient du titre Les Poèmes de la mer d'Autran, comme l'a dit Claisse (et je croyais Ascione avant lui, mais je n'arrive pas à retrouver ce fait). D'ailleurs, je vais citer des passages intéressants à comparer au "Bateau ivre"... Autran ne s'appelle pas jean comme l'écrit Gouvard dans Critique du vers mais Joseph, il a été lancé par une ode à Lamartine et il est devenu académicien en 1869 à la place de Ponsard. Marrante coïncidence, "Poème de la mer" avec Autran et "Quand la borne est franchie, il n'est plus de limite", cela rend la lecture du "Bateau ivre" plus satirique encore... Autran a fait un discours académique avec un éloge de Ponsard, l'auteur de la tragédie Lucrèce, et j'ai été frappé de voir des passages du genre, "qui a fait son Coriolan, qui a fait tel truc", et plus loin Musset nommé l'auteur de Rolla ! Cela ressemble tellement à "un tel a fait son Rolla" que j'en viens à me demander si Rimbaud a pu lire ce discours avant mai 1871. Je vais faire un article sur Autran pour fixer toutes mes idées.

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