jeudi 1 août 2024

Sur "Les Mains de Jeanne-Marie", Rimbaud, lecteur d'un livre de Gautier Tableaux de siège : Paris, 1870-1871

Pour avoir une légitimité scientifique, il faut des publications dans des revues à comité de lecture où vous êtes lus à la loupe par ceux qui sont censés être vos pairs. Vous êtes même invités à améliorer votre article avant son éventuelle publication. Puis, la validité de votre travail est assurée par le fait que votre article est cité par les autres scientifiques et fait l'objet de reprises intéressantes dans les études d'autres savants.
En rimbaldie, rien de tout cela, puisque pour publier il faut montrer patte blanche et copiner, et puisque les articles ne sont commentés et cités qu'en fonction du statut officiel que vous imposez au monde.
Enfin, bref !
Prenons aujourd'hui le cas du poème "Les Mains de Jeanne-Marie". Les deux études de référence sur ce poème sont un article déjà ancien : "Jeanne-Marie la sorcière" qu'Yves Reboul a repris dans son livre Rimbaud dans son temps paru aux Classiques Garnier en 2009, puis un article fort long de Steve Murphy "Une place au soleil : 'Les Mains de Jeanne-Marie' ", qu'on trouve dans le volume murphyen Rimbaud et la Commune, paru en 2010, lui aussi aux Classiques Garnier. Mais, depuis plus longtemps encore, on sait que le poème "Les Mains de Jeanne-Marie" démarque le poème "Etude de mains" du recueil Emaux et camées de Théophile Gautier. Il le pastiche ou le parodie a priori. Il va de soi que le jugement des rimbaldiens penche plutôt du côté du registre parodique, mais sans clairement déterminer de quel esprit parodique il peut bien retourner. Pour Murphy, la forme rend hommage à Gautier dans une charge d'époque contre ceux qui font le procès des femmes de la Commune.
Le poème est connu aussi pour l'interrogation lexicologique sur le mot "cousine". Seul Yves Reboul s'est refusé à juste titre à ce jeu-là, prenant le mot "cousine" dans son sens premier et y voyant une référence à l'idée d'un mariage arrangé avec la cousine de bonne famille.
J'ai un élément qui va en ce sens, mais qui n'a pas droit de cité dans les revues à comité de lecture. Au mois de mars 1872, la comédie en vers de 1864 d'Albert Glatigny Vers les saules était jouée sur un théâtre parisien. Cette comédie contient la rime "usine" /" cousine" du poème "Les Mains de Jeanne-Marie", ce qui passera difficilement pour une pure coïncidence.
A l neuvième scène de la comédie de Glatigny, en présence de Marcel, Eléonore et Henriette, Henri, "majestueux" selon la didascalie, dit à Ponchartrain :
Vous n'avez pas toujours, pour moi, l'un de vos proches,
Eté, comme Bayard, un oncle sans reproches,
Et je vais demander souvent aux usuriers,
Quand les temps sont mauvais, l'argent que vous pourriez
Me donner. Vous m'avez refusé ma cousine
Pour lui faire épouser je ne sais quelle usine ;
Mais je serai clément, comme le sont les dieux,
Plus peut-être. Je suis miséricordieux,
Mais juste cependant. Parlez, j'ouïs la cause.
Le sens du mot "cousine" n'est pas problématique dans la comédie de Glatigny, et ce passage est la source du quatrain rimbaldien suivant des "Mains de Jeanne-Marie" :
Ce ne sont pas mains de cousine
Ni d'ouvrières aux gros fronts
Que brûle, aux bois puant l'usine,
Un soleil ivre de goudrons.
Profitons des points communs sensibles entre "Voyelles" et "Les Mains de Jeanne-Marie", ainsi que de la date attribué à cette dernière composition : "Fév. 72" pour évaluer si d'autres éléments de la pièce Vers les saules n'ont pas pu inspirer Rimbaud. Le premier point intéressant à relever ensuite, c'est le motif des doigts et des mains.
La comédie Vers les saules débute par un vers d'Henri qui déclame qu'il rejette son coeur, une dénommée Blondine l'entend et le prend au mot, autrement dit "prend ce cœur en main". Elle persifle quelque peu en pensant en faire une "boucle d'oreille" et parmi les images qui s'enchaînent je relève les vers suivants :
La pelote de son où mes doigts inhumains
Enfonceront l'acier qui mord ma chevelure ;
[...]
En chemin, je relève ces vers qui ne sont pas sans me faire songer, malgré le contraste aux visions du "A noir" :
Abeille, vous savez où le miel se picore :
Ce corsage, ces yeux vifs, témoins éclatants,
Vont proclamer partout vos dix-huit ans.
"Corsage" pour "corsets", pluriel masculin de l'adjectif épithète à la rime "éclatants", mention d'un insecte tel que l'abeille, on a en quelque sorte un contre-modèle aux deux vers :
A, noir corset velu des mouches éclatantes
Qui bombinent autour des puanteurs cruelles[.]
Blondine explique qu'elle a entendu les cris désespérés d'Henri et que cela l'a attirée :
Cela m'a fait du mal. Et puis je suis venue
Tendre à votre douleur une main, inconnue
Il est vrai, mais qui peut rendre vos maux moins lourds.
Allez-vous repousser ma patte de velours ?
Et Henri répond alors :
Cette petite main, je l'aime et je la baise,
Mais elle ne peut rien pour moi. [...] 
J'ai hésité à relever qu'il se disait "cassé" en plus d'obèse et triste.
Je relève aussi une description féérique à rapprocher du début des "Mains de Jeanne-Marie" pour le cadre :
Votre hâtif hiver est formé de brouillard ;
Mais le brouillard s'en va, quand les clartés sereines
Embrasent l'horizon par les yeux des sirènes ;
[...]
Je passe sur les "bras nus" et les "flèches" de Cupidon qui frappent les "ombreuses tonnelles", je relève une mention du mot "tente" à la rime :
Vous aimiez une femme, et la femme inconstante
Vers un autre pays porte aujourd'hui sa tente !
Je suis entré dans un délire mécanique où j'imagine la possibilité d'une influence des rimes de Vers les saules sur la création des rimes de "Voyelles", "éclatants" pour "éclatantes", "belle" pour "lèvres belles" et même "ombreuses tonnelles" que je rapprocherais du choix "ombelles". Enfin, bref ! Je ne m'interdis aucune réflexion. Et je repars sur le relevé des mentions de la main, parce qu'évidemment dans "Les Mains de Jeanne-Marie" il y a une idée de mariage avec une âme-soeur, donc ce n'est pas impertinent de relever tous les jeux métaphoriques de la comédie où figure la rime "cousine" / "usine" :
Nous pouvons nous donner + la main. Je suis fâchée [...]
Il va de soi que j'introduis un + pour signaler le franchissement de la césure au vers précédent.
On retrouve l'idée d'une nature embaumée ("soir charmé" dans "Les Corbeaux" et "crépuscule embaumé" dans "Le Bateau ivre") :
Or j'ai quitté Paris et j'ai pris les gondoles
Pour les champs embaumés où, sous les girandoles,
Etoiles que l'ont met aux feuillages touffus,
Les sons du violon, mêlés aux bruits confus,
Semblent prendre nos pieds et leur coudre des ailes !
Je relève le trimètre suivant avec une césure sur le pronom sujet "tout", fait peu banal sur l'ensemble d'une pièce à la versification très régulière :
Où tout rayonne, où tout flamboie, où tout fourmille !
Toutes les citations qui précèdent concernent la seule scène 1, à l'exception de la rime "cousine"/"usine" qui figure à la scène IX.
Henriette qui avait abandonné Henri exprime des regrets et parle d'un attachement à vie dans son coeur, à comparer avec le quatrain final du poème de Rimbaud, tandis qu'accompagnant l'oncle Ponchartrain une Eléonore parle de faire de beaux rêves.
Henriette et Henri se croisent et le motif des mains qui s'enchaînent l'une  l'autre est reconduit : "Quand nos mains se donnaient l'étreinte fraternelle [...] Et le même sourire illuminait nos lèvres." Comparez encore avec le passage du motif des mains au motif des lèvres dans le poème en octosyllabes de Rimbaud.
A propos du motif des "vibrements divins", appréciez la perfide attaque d'Henriette jalouse contre une Blondine qu'elle n'a jamais vue : "Rien en elle ne vibre, en elle rien ne chante[.]"
J'hésite à relever "froides cruautés" pour "puanteurs cruelles" dans ma liste de suggestions d'inventions à la rime pour "Voyelles".
Je suis tenté aussi de relever tel passage à comparer au premier quatrain de "Entends comme brame..." : "quand les bourgeons timides / Annonceront avril et les prés refleuris".
Puis je repense au contraste avec le "A noir" de ce rêve d'amant qui déclare à Henriette : marcher "éveillant les échos bruyant autour" d'eux avec les "chansons éclatantes" qui "Agitent le rideau des feuilles palpitantes".
Econduit par Henriette qui retourne vers Henri, Marcel insulte Ponchartrain, le nargue et tente de séduire sa compagne Eléonore qui est en fait son épouse, et nous retrouvons encore une fois ce motif de l'attachement des mains :
Mais je vous vois, madame, et je vous fais la cour ;
Je tombe à vos genoux, je saisis vos petites
Menottes, qui nous font songer aux clématites ;
A la neige, au jasmin si pur, au lys vainqueur.
J'y répands mes baisers. Voulez-vous de mon cœur ?
Vous riez doucement. Car, sur votre visage,
Le rire est un rayon dans un frais paysage,
Et je prends votre bras, que vous m'abandonnez.
Il continue :
Vos mains sont d'un enfant ; j'adore votre front,
Ciel pur que les soucis jamais n'obscurciront ;
Vos douces lèvres sont pareilles aux grenades.
Une abeille y viendrait guide ses promenades.
[...]

Il lui parle des "yeux où le soleil lui-même étincela", etc.
Et c'est là que Pontchartrain appelle son neveu au secours qui lui rappelle d'emblée le refus passé d'une cousine.
L'oncle se retire et Blondine fait son retour, ce qui nous vaut une rime "chênes" / "chaînes" avec métaphore de l'oiseau :
L'oiseau du souvenir gazouillait dans les chênes,
Et mon cœur s'est repris à ses premières chaînes.
C'est ainsi qu'Henri lui donne son congé.
Complice du soleil, Blondine sourit complaisamment à cette trahison, puisqu'il retrouve la joie, ce qu'elle souhaitait pour lui. Marcel tente alors de s'immiscer en amoureux nouveau de Blondine, et il essuie la réplique "Nous verrons". La pièce se termine par une pirouette où le quatrième mur est brisé : "Notre auteur n'a voulu peindre que son caprice / Dans cette comédie où tout va de travers."
Les rapprochements avec "Voyelles" et quelques autres poèmes ne vous semblent pas convaincants en l'état. En tout cas, vous avez la rime "usine" / "cousine" et ses implications de mariage bourgeois, et puis vous avez une idylle qui sert de contre-modèle pour la métaphore des mains.
Passons à la suite.
Donc, Rimbaud s'est inspiré directement du poème "Etude de mains" de Gautier et il en a repris le principe du quatrain d'octosyllabes à rimes croisées. Plusieurs mots, plusieurs expressions passent du poème d'Emaux et camées aux "Mains de Jeanne-Marie" : "Sous le baiser neigeux saisie" / "Oh ! quel Rêve les a saisies", "Dans l'éclat de sa pâleur mate," / "L'éclat de ces mains amoureuses", "Rêves d'impossibilités" / "Un rêve inouï des Asies," et la reprise la plus sensible concerne la tournure d'ensemble des deux quatrains suivants :
A-t-elle joué dans les boucles
Des cheveux lustrés de don Juan,
Ou sur son caftan d'escarboucles
Peigné la barbe du sultan,

Et tenu, courtisane ou reine,
Entre ses doigts si bien sculptés,
Le sceptre de la souveraine
Ou le sceptre des voluptés ?
Pour atténuer l'imitation, Rimbaud a décalé dans son poème le lancement des phrases interrogatives, puisqu'il ouvre une interrogation au vers 4 qui est le dernier du premier quatrain. L'imitation n'en est pas moins sensible, dans la mesure où "Juana" démarque "don Juan" et où "voluptés" suit deux vers plus loin à la rime. Notez toutefois que Gautier ne consacre que deux quatrains à s'interroger sur la main d'Impéria, et dans la deuxième partie du poème où il parle de la main du criminel Lacenaire il n'y a aucune envolée d'une quelconque phrase interrogative. En revanche, Rimbaud va poursuivre les questions lancinantes et finalement agressives dans son poème tout au long des six premiers quatrains, bien qu'il y mélange quelques phrases non interrogatives.
Rimbaud ne s'est pas inspiré que de la partie sur "Impéria", il a repris des éléments des quatrains consacrés à la main coupée de Lacenaire : "immobilité convulsive", etc. Il s'est en particulier intéressé aux rimes du quatrain suivant :

On y voit les œuvres mauvaises,
Ecrites en fauves sillons,
Et les brûlures des fournaises
Où bouillent les corruptions ;

Cela nous vaut le quatrain suivant où, d'ailleurs, les éléments de description repris du côté de Lacenaire servent à fustiger en retour les mains de toute bourgeoise infatuée du type d'Impéria, et le mot "sillons" de Gautier a fait résonner en Rimbaud l'écho des paroles de la Marseillaise :
Remuant comme des fournaises,
Et secouant tous ses frissons,
Leur chair chante des Marseillaises
Et jamais les Eleisons !

ça serrerait vos cous, ô Femmes
Mauvaises, ça broierait vos mains,
Femmes nobles, vos mains infâmes
Pleines de blancs et de carmins.
Et on arrive au constat que, malgré tout, il y a des éléments du poème "Les Mains de Jeanne-Marie" qui ne se rencontrent pas dans le poème "Etude de mains". Et, en particulier, la série de gallicismes ou de tournures présentatives n'ont pas leur origine dans le poème de Gautier : "Sont-ce... ?", "C'est le sang noir...", "Ce ne sont pas mains de cousine", "Ce sont des ployeuses d'échines" (variante : "casseuses"). Je ne relève pas une seule fois la tournure de type : "C'est, ce sont" dans la pièce d'Emaux et camées.
Alors, venons-en enfin à ce texte en prose très peu connu qu'est Tableaux de siège : Paris, 1870-1871. Gautier ne décrit pas les ruines causés par le siège, il s'agit de petites chroniques datant des deux sièges de Paris. Nous avons des anecdotes sur la vie de Gautier flânant à Paris pendant le siège des prussiens, notamment en octobre et novembre 1870. Nous avons des récits de janvier, février 1871, avec au passage un emploi du mot "strideurs" pour les barrissements des animaux à trompe que sont les éléphants. Nous avons des passages consacrés au mois de mars, à la mort du peintre Regnault, à la mort d'un autre artistes, et puis nous avons une section "Les Barbares modernes" pour le mois de mai où il est question des "mitrailleuses" vues à Versailles.
Dans "Les Mains de Jeanne-Marie", il est question des "mitrailleuses" et aussi de "cieux barbares" mais sans doute pas modernes.
Vu que je ne publie pas ceci dans une revue à comité de lecture scientifique, j'ignore si ce sera jamais un jour validé scientifique comme éléments expliquant des détails de la satire rimbaldienne à l'encontre de Gautier dans "Les Mains de Jeanne-Marie".
Je l'ignore ! Mystère et boule de gomme ! Un savant en parlera-t-il jamais dans le monde très restreint, très choisi et très confiné de la critique rimbaldienne ?
Remarquez aussi en passant qu'on a sur l'ouvrage une publicité pour les autres ouvrages de Théophile Gautier avec mention d'un titre de nouvelle qui a pu inspirer à Verlaine l'expression l'homme aux semelles de vent : "L'enfant aux souliers de pain".
En tout cas, je vous invite déjà à lire le premier chapitre de l'ouvrage avec son chiffre romain I et le titre "Une nouvelle madone. La statue de Strasbourg", récit daté de "Septembre 1870" en en-tête. Cette statue fait l'objet d'une "nouvelle dévotion" à "ses pieds". Elle est une "image sacrée" quand il sera chez Rimbaud questions de "Mains sacrées" et de "Mains d'ange". Et disant cela, Gautier enchaîne précisément avec le gallicisme : "Ce sont...", ce que vous pouvez vérifier aux deux premières lignes au haut de la page 2 :
[...] la sainte statue est parée comme une Madone, et jamais la ferveur catholique n'a couvert de plus d'ornements une image sacrée. Ce ne sont pas, il est vrai, des robes ramagées de perles, des auréoles constellées de diamants, des manteaux de brocart d'or brodés de rubis et de saphirs comme en porte la Vierge de Tolède, mais des drapeaux tricolores lui composent une sorte de tunique guerrière qui semblent rayée par les filets d'un sang pur.
Il s'agit d'une "statue impassible et sereine". où "aucune contraction" ne trahit les sept glaives plantés dans sa poitrine. On dirait qu'elle "sourit" derrière ses "lèvres pâles". Et comparer avec la pièce de Rimbaud l'attaque de paragraphe qui suit :
   Par un de ces mouvements d'exquise délicatesse qui parfois remuent les foules d'un frisson électrique, le peuple semble, en adoptant cette statue comme une image sacrée, comme une sorte de Palladium, et en lui rendant un culte perpétuel, vouloir dédommager la ville malheureuse, lui prouver son ardente sympathie et la soutenir, autant qu'il est en lui dans son héroïque résistance.
Rimbaud oppose la célébration de la pétroleuse condamnée par Versailles et mise aux fers, il voue un culte symétrique qui vaut raillerie à l'égard des présents propos de Gautier. Et Rimbaud songe bien sûr aussi au chapitre sur les "Barbares modernes" qui vient plus loin dans le même ouvrage.
Malheureusement, cette considération ne fait partie d'aucune des deux études de référence sur "Les Mains de Jeanne-Marie", celles de Reboul et de Murphy, donc vous êtes priés de n'accorder à ce que je dis aucune validité scientifique.
C'est dommage, il y avait quelque chose là pourtant... Oui mais, oui mais...
Gautier s'étend sur la destruction des incunables de la bibliothèque de Strasbourg, sur les oeuvres d'art détruites dans la vielle et parle de la "rue de la Nuée-Bleue, dont le nom romantique [lui] plaisait". Pour le bleu, Gautier affectionne beaucoup la mention "bleuâtre", je ne rencontre ni bleuités, ni bleuisons, mais on a tout de même pas mal de propos sur le bleu du ciel au sein de l'ouvrage ("beau ciel bleu", "Les mâts se dressent rayant l'air bleu de leur ton saumon-clair", "Sa blancheur produit un effet agréable sur le fond bleu du ciel", "brillant dans l'air bleu", "L'admirable ciel bleu qui rayonnait si joyeusement sur notre tristesse", "traversant cette mer plus bleue encore que l'autre", "collines [...] veloutées de verdures bleuâtres", "du noir bleu au gris violâtre", "vagues fumées bleuâtres", "brumes" mettant au "bout des allées des gazes bleuâtres", "Le ciel était d'une pureté incomparable, d'un bleu léger", "dessinant leur contour sur un bleu de pâte tendre", le "clair de lune" impose aux choses une "teinte uniforme entre le gris bleuâtre et l'hortensia", "un ciel d'un bleu d'acier", "Sur un ciel d'un bleu noir scintillent ces mouchetures d'argent", "laissent voir le bleu ou le gris du ciel", "Des fumées bleuâtres montaient des foyers improvisés", "fuites bleuâtres des parcs de Watteau", "un de ces ciels fouettés de blanc et de bleu", "montaient vers le ciel bleu"). Le mot "sérénités" à la rime à la fin du second quatrain de Rimbaud, qui rime d'ailleurs avec "voluptés" repris à "Etude de mains", le mot "sérénités", dis-je, mais sans nul appui d'un comité de lecteurs rimbaldiens scientifiques, a sept occurrences dans le livre de Gautier, mais Gautier emploie exclusivement le singulier : "profonde sérénité", "sérénité céleste du lac Léman", "sérénité indifférente du marbre", "l'imperturbable sérénité de la nature", "la sérénité éternelle au poëte", "une sérénité parfaite", "une sérénité lumineuse". La deuxième occurrence est aisée à rapprocher de l'expression "étangs de sérénités".
Je ne peux manquer la recension du nom "strideurs" : "Cela ronfle comme une pédale d'orgue ou éclate, comme la trompette de Jéricho, avec des mugissements et des strideurs qui assourdissent ou déchirent l'oreille ; c'est bien la voix de l'un de ces monstres de l'ancien monde échappés au déluge et conservant les énergies de la vie primitive." On a la rencontre "sdtrideurs" et "ancien monde" avec la "rauque musique" de l'éléphant au Jardin des Plantes.
Je vous dirai encore que le passage suivant m'a fait penser à "Parade" : "Ces jeux et ces voitures, habitacles de phénomènes, théâtres où les pitres faisaient la parade pendant les foires de banlieue au son d'une musique enragée, font [...]".
Mais je vais m'arrêter là et je parlerai une autre fois du chapitre sur les "Barbares modernes".
Est-ce que ces rapprochements avec "Les Mains de Jeanne-Marie" intéressent la science, je laisse à tout comité de lecture en ce moment:
Vrrrm Vrrm vrrm vrrrm , tchou tchou, pouhou, grosse baudruche gonflée, pschh, vrrm vvremme, pouet pouet, vrrm vrrm, Halte ici Poésie, tchou tchou, vrrmm, meuh meuh ouaf ouaf, pin pon pin pon, wîî hou wîî hou.
On pourra peut-être en parler aux extra-terrestres s'il en reste encore ce jour-là !

1 commentaire:

  1. Un autre élément important à tirer declaclecture des Tableaux du siège de Gautier sera traité dans un prochain article. Eh oui !

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