Je profite de ce que j'ai remis la main sur mon exemplaire du Petit traité de poésie française de Banville pour consulter ce qu'il a dit sur la forme fixe qu'est le triolet. Il s'agit d'un extrait du chapitre IX "Les Poëmes traditionnels à forme fixe", ce qui veut dire que Rimbaud n'a pu le lire avant de composer "Le Cœur supplicié". Le discours tenu par Rimbaud dans la lettre à Banville du 15 août 1871 exclut l'hypothèse d'une rencontre avec le maître parnassien à Paris entre le 25 février et le 10 mars, par exemple. Et ce chapitre n'avait pas encore été publié en mai 1871 apparemment.
Ceci dit, il faut imaginer Rimbaud une fois monté à Paris à la mi-septembre 1871 et qui finit même par loger chez Banville. Il a dû lire l'ensemble du traité à ce moment-là et forcément en lisant les lignes qui vont suivre sur le genre du triolet il a dû penser, tout mécaniquement, aux triolets qu'il avait écrits et d'ailleurs conservés sous le nouveau titre du "Cœur volé".
Je lis la définition et les commentaires aux pages 211 et 212 de mon édition de 1883. Je vais toutefois découper ma citation en deux, je vais d'abord traiter de l'illustration poétique choisie par Banville :
LE TRIOLET. Voici trois Triolets, que je détache d'un poèmle écrit en Triolets agiles et gracieux, Les Prunes :
De tous côtés, d'ici, de là,Les oiseaux chantaient dans les branches,En si bémol, en ut, en la,De tous côtés, d'ici, de là.Les prés en habit de galaEtaient pleins de fleurettes blanches.De tous côtés, d'ici, de là,Les oiseaux chantaient dans les branches.Fraîche sous son petit bonnet,Belle à ravir, et point coquette,Ma cousine se démenait,Fraîche sous son petit bonnet.Elle sautait, allait, venait,Comme un volant sur la raquette :Fraîche sous son petit bonnet,Belle à ravir, et point coquette.Arrivée au fond du verger,Ma cousine lorgne les prunes ;Et la gourmande en veut manger,Arrivée au fond du verger.L'arbre est bas ; sans se dérangerElle en fait tomber quelques-unes.Arrivée au fond du verger,Ma cousine lorgne les prunes.ALPHONSE DAUDET. Les Prunes. Les Amoureuses.
Banville est bien évidemment obligé d'être modeste et il sacrifie ici au succès du poème "Les Prunes" de Daudet. On observe tout de même l'incroyable médiocrité du premier de ces trois triolets, ce sont carrément des vers de mirliton. Les deux autres triolets sont un peu plus travaillés. On remarque que Banville n'a pas été très attentif, puisqu'il introduit du coup le triolet comme strophe de poème, alors que dans le commentaire qui va suivre il va en parler en tant que poème de huit vers. Il y a un flottement imprécis dans l'analyse de cette forme, et Banville a manqué l'occasion d'exhiber un poème en un seul triolet, ce qui est d'autant plus dommage qu'il va signaler à l'attention son caractère mordant, lequel n'est pas sensible dans l'extrait de Daudet.
Toutefois, il est amusant de noter que l'extrait est constitué de trois triolets ce qui coïncide avec les limites du poème de Rimbaud. Le poème "Les Prunes" est plus long, et Banville n'a fourni dans ses Odes funambulesques que deux poèmes en triolets enchaînés, l'un de deux triolets, l'autre de cinq ou six triolets, je ne sais déjà plus. Mais, on me dira de ne pas m'attarder sur la coïncidence qui veut que "Le Cœur supplicié" ait trois triolets comme l'extrait cité ici. En revanche, vu les implications critiques complexes de "Tête de faune" à l'égard de Banville et Glatigny, je remarque avec amusement que le premier triolet de Daudet cité ici, celui que je considère comme fait en vers de mirliton, se termine par la rime "blanches"::"branches" (vers 2, 6 et 8) qui est une rime du second quatrain de "Tête de faune". On retrouve les "fleurs", ici des "fleurettes", avec le contraste des cadres entre bois et verger, puis le chant des oiseaux dans les branches ne va peut-être pas aller de pair avec le bouvreuil, chanteur des plus discrets, mais au moins avec les notes mêlées du rire et du baiser sous la feuillée. Je relève d'autres détails. Rimbaud a dû lire ce traité très tôt à son arrivée à Paris, et j'observe que la "cousine" est qualifiée de "gourmande". Je pense au poème "Jeune goinfre", une des "Conneries" qui ciblent Amédée Pommier le métromane, mais je ne perds pas de vue que la pratique du sonnet en vers d'une syllabes, sinon de deux (cas de "Jeune goinfre") ou trois ou quatre, par les membres du Cercle du Zutisme est liée aux attaques de Daudet et d'autres dans le Parnassiculet contemporain. Daudet a commis un "Martyre de saint Labre, sonnet extrêmement rhythmique" tourné contre Verlaine qui en a détesté Daudet de belle manière. J'en profite aussi pour signaler à l'attention le motif de la "cousine". Il est question de "cousines" dans "Les Mains de Jeanne-Marie" et la tentation est de trouver une signification lexicale rare au mot "cousines". Dans son étude du poème, Yves Reboul considère qu'il faut prendre le mot au sens littéral et qu'il s'agit d'une ironie sur le rapport social aux cousines avec lesquelles on a des rapports très policés qui vont parfois jusqu'au mariage bien convenant. C'est un peu cette figure mièvre et bourgeoise de la cousine qui apparaît ici, et en vis-à-vis au milieu de la page 213 nous avons mention à la rime de "Ninette" puis "Ninon" dans une villanelle. On a sans doute ici un bon exemple du poncif de la "cousine" en poésie ou en littérature qui permet d'éclairer le sens d'un vers souvent considéré comme difficile à comprendre dans "Les Mains de Jeanne-Marie".
Reprenons la citation à la page 212 avec le développement de Banville au sujet du triolet :
Le Triolet est une des conquêtes de notre temps, qui non-seulement l'a renouvelé et se l'est assimilé, mais qui lui a donné un mouvement, une force comique et un éclat qu'il n'avait jamais eu autrefois.Ecrit sur deux rimes, il se compose de huit vers, et commence le plus habituellement par un vers masculin.Prenons, pour être clair, la combinaison où il commence par un vers masculin. Dans ce cas, le premier vers, le troisième vers et le cinquième vers (masculins) riment ensemble, d'une part ; - et d'autre part, le second vers et le sixième vers (féminins) riment ensemble. - Puis le premier vers (masculin) reparaît - comme Refrain - de façon à former le quatrième vers ; et le même premier vers (masculin) suivi du second vers (féminin) reparaissent - comme Refrain - de façon à former le septième et le huitième vers.Petit poëme bon pour la satire et l'épigramme et qui mord au vif, faisant une blessure nette et précise.
Le début du commentaire est amusant, puisque Banville rend anonyme sa réintroduction, mais personnifie verbalement cet apport à tel point qu'on pourrait remplacer la mention "notre temps" par Banville. J'en arrive même à demander si Banville n'a pas repris une phrase telle quelle d'une recension antérieure le concernant !?
[...] notre temps [ou Banville] qui non-seulement l'a renouvelé et se l'est assimilé, mais qui lui a donné un mouvement, une force comique et un éclat qu'il n'avait jamais eu autrefois.
Le rapprochement des mots "comique" et "éclat" me fait songer au vers 8 de "Tête de faune", mais on va encore me dire que j'en fais trop. Le paragraphe final est lui aussi important avec la mention clef "bon pour la satire et l'épigramme". Et, comme j'en fais toujours trop, je persifle et signe en disant que "mord au vif" me fait songer aussi à "Tête de faune". Il est carrément question de "blessure nette et précise". On peut concevoir qu'Izambard a été remué s'il a lu ce traité avant de témoigner sur Rimbaud dans les années 1880. Rimbaud a dû l'être également et c'est la raison de mon titre d'article "Gag". Banville dit, bien que ce soit assez gratuit, que le triolet commence en général par un vers masculin, et il enfonce le clou quand il dit que c'est "pour être clair" qu'il va expliquer "la combinaison où il commence par un vers masculin." Cette insistance sur le premier vers masculin a pu être blessante, ou navrante, pour Rimbaud. En effet, Banville parle d'une forme qui a "un mouvement", "une force comique", et le premier vers masculin est répété à trois reprises, tandis qu'une répétition de vers féminin conclura le poème ou le triolet en tant que strophe. Rimbaud a fait exactement l'inverse en son poème :
Mon triste cœur bave à la poupe...
Je ne serais pas surpris que cette contradiction ait agacé Rimbaud et qu'il y ait perçu une critique intuitive sur le mouvement comique que doit avoir le triolet. Cela a l'air aléatoire, mais Rimbaud a eu deux choix possibles et il a opté pour celui qui semble le moins convenir selon Banville. Ce n'est évidemment pas très grave et Rimbaud a dû très vite tourner la chose à son avantage, en se disant qu'il avait pris le contrepied de la bonne attente.
Il est question d'Erato au sujet de la forme suivante, la Villanelle, décrite des pages 213 à 215. Erato est la Muse de la poésie lyrique et même érotique, et c'est le titre d'un poème des Cariatides de Banville dont Glatigny a extrait trois vers d'épigraphe à sa pièce intitulée Le Bois, mais tout cela on en reparle, bien prochainement.
J'ai supprimé un message d'Alphonse Daudet. Il avait perdu son sang-froid. Il parnassiculète quand ça lui arrive. Finalement, j'aurais dû publier le message. C'était vraiment la mimétique de Daudet. Evidemment, je n'explique pas tout et pourquoi je me permets en passant de relever la rime "branches"::"blanches" comme commune à l'extrait cité des Prunes par Banville et au poème "Tête de faune", je partais tout de même de l'idée que le lecteur comprend spontanément le caractère cliché et ostentatoire de la rime "blanches"::"branches" dans le cas de Rimbaud. Il faudra que je rende compte du coup de l'essai "De l'habitude" de Félix Ravaisson avec l'habitude comme nature seconde, le privilège de l'habitude inconsciente comme désir et activation de l'intuition quant au réel. Je prépare aussi un truc sur les "bois sidérals" des "Poètes de sept ans". Il faut bien comprendre qu'il va y avoir encore quelques articles sur "Tête de faune" et que, si je peux le dire, c'est que je sais où je vais.
RépondreSupprimerDommage que vous n’ayez pas publié le message dans lequel j’indiquais le rapprochement à faire avec le poème de Daudet dont le vers « Les oiseaux chantaient sous les branches » et le poème dans « Alchimie du verbe » avec « Le loup criait sous les feuilles » et la mention « cueillette »...
SupprimerNo stock, et pas de commissions.
SupprimerPour votre punition, vous méditerez cent fois les premières pages du "Rimbaud" de Jacques Rivière. : "Rimbaud commence par la colère et par l'injure. [...]" Vous mettrez cela en relation avec plusieurs de mes derniers articles, trois au moins. Vous évaluerez si le propos de Rivière est exact, partiellement exact ou erroné à propos de Rimbaud, je rappelle qu'il prétend avoir une "clé" qu'il exhibe à la deuxième partie, puis je rappelle qu'il parle d'un Rimbaud l'insulte à la bouche feutré à l'abri d'une consécration posthume. Je pense que c'est un très bon ouvrage à méditer.
Quand je lis cet ouvrage, je pense aux rimbaldiens et je me dis comment ils continuent à faire semblant d'aimer Rimbaud de nos jours, vu qu'ils luttent contre ce que j'ai à dire et qu'en prime je dénonce leur jeu social factice.
Daudet est également un cas très intéressant. Rimbaud réécrit et fait de la satire, Daudet réécrit et fait de la satire, mais l'un est un poète, l'autre non. Et si je dois expliquer, je ne resterai pas coincé à la blague des Inconnus sur les chasseurs.
Enfin, l'habitude de Ravaisson, autre lecture imposé, un chef-d'oeuvre concis (80 pages) de philo française du XIXe malgré une mobilisation vertigineuse et rapide de grandes notions. Derrière l'idée d'habitude seconde, l'auteur développe à la fois l'idée qui est une force de l'habitude active et intuitive comme le sont mes études et l'habitude négative, par exemple de la destruction masochiste de soi parce que l'habitude fait que la douleur est moindre dans un acte qui fait souffrir ce qui peut devenir désir, un peu comme il arrive à des personnes comme Circeto et autres qui ne vivent que dans la dépendance d'autrui et ont pris l'habitude de ne pas être eux-mêmes.
Quelques coquilles : "autre lecture imposée", mais surtout "l'auteur développe l'idée qu'il est une force de l'habitude... et qu'il est aussi une habitude négative..."
SupprimerJe n'ai pas mis votre message tel quel, parce que les lecteurs lisent avec des habitudes justement, et votre message tel quel allait s'avérer un antirimbaldisme contagieux mettable par ceux qui disent aimer lire Rimbaud, c'eût été le plus dommage.
On ne peut pas laisser passer l'idée d'une analyse désinvolte des reprises de rimes bateaux. Il est évident que de faire un lien automatique entre les rimes "blanches"::"branches" d'un poète, entre les suffixes péjoratifs en "-ette" de divers poèmes aboutit à discréditer une approche plus nuancée, plus subtile, avec du contexte en arrière-plan.
Spontanément, le lecteur ne comprend pas non plus les enjeux, puisqu'il est jaloux de l'originalité de son auteur favori, alors que Glatigny et Banville c'est déjà une poésie de la réécriture, non spécifiquement satirique. Banville, en particulier le funambulesque, et Glatigny démarquent souvent un grand poème admiré et veulent que le lecteur identifie la source. C'est tellement évident que cela fait quantité de pages dans le livre de Jean Reymond sur Glatigny.
Rimbaud a appris la désinvolture de la marqueterie des plagiats à l'école avec les compositions en vers latins, mais au-delà de la satire ou de la base solide sur laquelle partir par désir d'émulation, la citation a une valeur de dialogue recherché, tandis que les rimes ne sont pas prises pour la virtuosité, le mérite de les avoir trouvées, mais aussi pour leurs valeurs sociologiques, pour leur valeur de cliché qui participe du registre comique, satirique, etc., du poème, pour leur facilité à indiquer à qui on réplique en poésie, etc., etc.
Subtilités dont le lecteur d'aujourd'hui, comme celui du vingtième siècle, se contrefiche autant que des césures. Tiens, ça me rappelle de citer les premières pages de La Vieillesse d'Alexandre de Roubaud sur l'indifférence à la versification des critiques et amateurs de poésies qui lisent Le Bateau ivre comme si le vers était accessoire.
Vous me concèderez que ce n’était qu’un simple commentaire rapide qui me venait à la suite de la lecture de votre article, comme il me vient que vos derniers articles doivent être mis en relation avec « Après le déluge ». Je n’ai pas prêté gare à vos lecteurs car je m’adressai à vous, et que, je dois dire, j’avais en tête qu’ils sont au courant de l’ensemble des articles publiés sur ce blogue.
RépondreSupprimerM’enfin.
Les lecteurs de ce blog ne sont au courant de rien du tout, sauf un ou trois.
SupprimerEt votre réponse est un peu à côté de ce que je venais de développer pour vous expliquer ce qui se passe.
Dans un monde normal, ce que j'ai fait sur "Voyelles", tout le monde viendrait en parler, se greffer sur les réflexions en y adhérant. Vous connaissez peut-être les articles rassemblés par une journaliste autour de "Voyelles" et du livre Cosme. En gros, c'était un piège : il a fallu acheter le livre puisque j'étais convié à réagir, les réactions ont été mises sur un pied d'égalité avec le livre, Frémy a sorti cette perle "ah oui oui c'est très intéressant et d'ailleurs il manque une virgule au premier vers de la copie faite par Verlaine, c'est du fait exprès pour le 666 (c'est quand même un ambassadeur de Parade sauvage, de certaines radios et d'un dictionnaire à venir du prof je crois en Sorbonne Alain Vaillant), on a une conclusion aussi sans aucune plus-value dont le seul résultat est de discréditer toutes les paroles comme non solides. L'auteur du livre Cosme peut ainsi en renonçant à sa lecture s'appuyer sur un constat d'impasse qui selon lui rendrait ridicules les rimbaldiens. Cet humour est aux dépens de Rimbaud et de son poème dans la foulée, non ?
Je viens de vous expliquer que mes derniers articles à insultes que tout le monde va lire selon des grilles dénigrantes s'appuie sur des références au texte de Rivière. Vous voyez ce que je dis sur la notion d'habitude (et j'ai pensé au vers de Coppée bien sûr en élaborant ma réponse) est d'un niveau extrêmement élevé de réflexion. Vous voyez que j'explique que le recours à la rime suppose des connotations des emplois, alors que les lecteurs ne voient que la virtuosité, le choix heureux, et sinon la nécessité qui laisse aller voir ailleurs les aspects géniaux d'un poème. Je n'ai pas ressenti cette maîtrise-là dans votre discours quand vous avez proposé à ma suite des rapprochements.
Je ne produis pas d'oeuvres littéraires, parce que je n'ai aucune considération pour la société, je pense d'ailleurs que culturellement et pas seulement on va dans le mur avec un effondrement de la vie des générations à venir en France. Il n'en reste pas moins que ce que j'écris, je suis humain il y a des erreurs, des bévues, mais c'est de très très très très haute volée, et il n'y a personne au monde à l'heure actuelle qui semble capable de discuter Littérature avec moi. C'est comme ça !
Je précise mon idée sur les rimes, surtout que j'ai tendance à laisser retomber au néant pas mal de mes idées et de mes phrases bien tournées. Les rimes ont une vie sociale. Au dix-neuvième siècle, écrire des vers est encore un phénomène courant. Aujourd'hui, il n'est question que d'en lire. La plupart des poètes n'écrivent même pas en vers et ils ne peuvent être comparés aux grands poètes du dix-neuvième siècle, puisque s'ils se pensent bastion ils sont plutôt dans une voie de garage de la société actuelle, ce qui fait que la sélection sociale n'aura rien à voir. Mais même si un poète aujourd'hui écrit en vers, Roubaud le dit déjà en 78, il n'a plus le même outil qu'au dix-neuvième. Son acte n'aura pas les mêmes significations. Et j'ajoute alors l'idée sur la vie sociale des rimes. Au dix-neuvième siècle, les gens savent que telle rime est courante, semi-courante, mais ils connotent l'emploi des rimes, parce qu'il y a une pratique sociale bien prégnante et des interactions. Les lecteurs d'aujourd'hui ne lisent les vers et les rimes que passivement. Ils n'imaginent pas qu'il y a une gymnastique cérébrale pour voir que les rimes mobilisent aussi des connotations. Aujourd'hui, on en est à la rime "girafe"::"carafe" est exceptionnelle, il faut juste l'amener gracieusement ensuite, la rime "branche"::"blanche" est nulle, rebattue. Banville parlait de la rime "amours"::"toujours" ou de la rime "amour"::"jour" qu'il faut savoir renouveler dans son emploi. Cela, les gens s'en aperçoivent, mais les emplois connotés et que ce soit une richesse de poète en soi, pour eux, non c'est utiliser les rimes comme de la prose. Ils n'ont pas compris.
SupprimerAyant lu l’ensemble de vos articles sur ce blogue, j’ai bien lu ce que vous accusez. Et que je ne puis que m’accorder avec. Et que je me fiche de l’ordonnateur -c’est le cas de le dire- poétique Cosme dont le bouquin sera vite oublié.
RépondreSupprimerJe n’ai pas lu le livre de Rivière, j’ai lu sa correspondance avec Artaud, ni celui de Ravaisson. Il me semble normal que je ne m’y étende pas.
Du reste, et je me répète, ce n’était pas autre chose qu’un simple petit commentaire qui se proposait de jeter un rappel rapide à d’autres textes. Vous avez écrit avoir la référence facile. Et bien voilà, ce sont des esquisses des rapprochements qui me semblent avoir beaucoup de sens et que je n’ai pas pris la peine de développer : c’est votre article le plus important, quoi ! ce n’est qu’un jeune oiseau celui qui écrit, et il n’y a personne au monde à l’heure actuelle qui se sente l’envie de discuter Rimbaud avec moi. C’est comme cela !
Je ne vais pas répondre, ce sont vos explications, ok !
SupprimerPour les articles recueillis autour de "Voyelles", j'ai oublié de préciser que, du coup, les intervenants ont proposé de chacun développer quelque chose de leur cru. C'est très révélateur, parce qu'évidemment dans le lot j'étais le seul, si je ne m'abuse, à avoir publié une étude suivie sur "Voyelles", et même deux dans des revues rimbaldiennes, pour ne même pas parler de mon blog qui est "data non grata". Cornulier m'a un peu cité, mais il développe une lecture autre. Les autres sont chacun dans leurs idées. Moi, je l'étais forcément de même puisque je ne pouvais pas connaître les travaux des autres intervenants sur "Voyelles". Ce truc-là aussi a fait très mauvais effet. Toute parole sur le sonnet "Voyelles" est désormais discréditée. Moi, je trouve ça grave, et toute parole en vaut une autre en conclusion pour notre époque.
Le livre de Rivière n'est pas important, je rigole. Il est réédité, fait partie de l'histoire des opinions sur Rimbaud. Mais de la page 11 à je ne sais pas combien c'est un florilège excessif d'ides selon lequel Rimbaud nous insulte copieusement. Il y a des anecdotes mal contextualisées, comme le repas chez Lepelletier qui a tout de même lieu après l'article sur "Mlle Rimbault au bras de Verlaine". On peut comprendre que Rimbaud fasse la gueule à Lepelletier. Rivière dit des choses donc excessives, mais en même il idéalise une figure de poète qui insulte son lecteur. Et là j'ai mis le turbo pour trois articles consécutifs, puisque c'est édifiant et désiré, j'applique, et évidemment ça a du sens.
Quant au volume "De l'habitude" de Ravaisson, avec le prix affiché de 6,10 euros, il est aux éditions Allia, en 2007, avec le texte d'origine, car il existe des éditions avec des erreurs apparemment. Le texte ne fait même pas 70 pages. Il ne s'agit pas d'une source pour Rimbaud peut-être, mais on parle de l'habitude, de la conscience, de l'action et de la passion, de la vie, de la Nature, dans des termes qui cadrent parfaitement avec l'appareil conceptuel contemporain auquel Rimbaud était perceptif. On lit le "Je est un autre" et puis on lit "De l'habitude" ou l'inverse, et on lit aussi Une saison en enfer. Super profit à tirer d'une telle lecture, j'en reparlerai.
Au fait, c'est quoi la vie sociale des attaques de phrase : "Et que... Et que...", etc.
SupprimerEn tout cas, la suite arrive. On va parler de Fortunio et donc forcément de "Ce qui retient Nina" et "Mes Petites amoureuses". Et pas que ! et pas que ! Il y a du lourd qui arrive d'ici demain.