Après la transcription du poème liminaire "Propos du Cercle", les zutistes ont tourné la page et laissé Arthur Rimbaud remplir le verso. Rimbaud a recopié un poème qu'il a composé avec Verlaine, selon une distribution déjà connue de plusieurs Vilains Bonshommes. Verlaine a composé les quatrains, et introduit dans le secret de cette pratique ludique Rimbaud a composé les tercets. Le sonnet est sans doute plus ancien qu'il n'y paraît. Il est reporté après un certain temps inconnu de succès, quelques jours, une semaine ou deux, dans le corps d'un nouvel Album de poètes délurés. Rimbaud recopie le "Sonnet du Trou du Cul" qui est de lui et de Verlaine. Il appose un surtitre "L'idole." avec les techniques de transcription de l'éditeur des parnassiens Alphonse Lemerre : minuscule à l'initiale du nom et point. Puis, il enchaîne avec une création personnelle "Lys". Il s'agit d'un simple quatrain. Cela pourrait témoigner d'une relative paresse, mais donc le quatrain a suffi à Rimbaud pour concentrer tout le sel parodique qu'il avait envie de mêler à sa lecture des vers d'Armand Silvestre. Rimbaud n'a pas pratiqué le recours au surtitre, il s'est contenté de la fausse signature. On observe pourtant des faits graphiques particuliers, puisque Sylvestre ainsi orthographié contient le mot "lys" à l'envers en attaque syllabique de nom. L'orthographe est Silvestre, mais la corruption est amusante puisque le mot "lys" peut aussi s'écrire avec un "i". Or, ce jeu sur le y et sur le i fait allusion à un jeu similaire pratiqué par Armand Silvestre dans non pas le titre de son recueil, mais dans le titre de la section dont Rimbaud a tiré un poème à parodier. Silvestre a composé une section de "Sonnets payens", l'orthographe avec un "y" nous dérobant l'orthographe avec tréma sur un i : "païens". Et cette sectio est emblématique pour Silvestre, puisque sa contribution au second Parnasse contemporain comporte une section intitulée "Nouveaux sonnets païens".
En clair, quand Rimbaud corrompt le nom Silvestre en Sylvestre, il joue avec le nom du poète, mais aussi avec son propos. Il est en train de nous dire que ce Silvestre se prend à bon compte pour un "payen" comme il l'écrit, il se prend pour un dieu sylvestre, et de là il prétendrait nous faire remonter jusqu'à Pan. Les lys vont contraster avec cette prétention faunesque en tant que fleurs distinguées symbole de la royauté. Le jeu avec le Y dans le nom Sylvestre compense bel et bien l'absence de surtitre. Rimbaud épingle le projet de composition de "Sonnets payens" et sa cible correspond donc au premier recueil de Silvestre, intitulé Rimes neuves et vieilles, titre qui est un jeu de mots avec le titre à usage interne "Sonnets payens", puisque c'est d'être païennes que les rimes sont d'un éternel sang neuf et en même temps vieilles d'une tradition venant de la plus haute antiquité.
Enfin, ce jeu sur le "y" au nom "Silvestre" vient du fait que George Sand a préfacé le recueil d'Armand Silvestre. Cette préface nous apprend qu'elle a eu le privilège de lire les épreuves du livre à publier et tellement charmée elle a décidé d'en soutenir la publication par une préface, alors même qu'elle ne connaissait pas l'auteur. En tête de son deuxième recueil paru en 1870, Les Renaissances, Silvestre a mis un remerciement à sa bienfaitrice, ce qui prolonge aussi pour lui la publicité d'un tel patronage. Mais, après sa préface, George Sand a publié deux romans dont le héros est un certain Sylvestre, un héros qui porte le nom du poète qu'elle a préfacé, mais avec l'adjonction d'un "y" qui justifie une lecture étymologique particulière. Le premier roman paru en 1866 s'intitule tout simplement Monsieur Sylvestre. Même si Rimbaud n'a pu manquer de lire des ouvrages de George Sand par lui-même, il est évident qu'il côtoyait tous ceux qui pouvaient lui apporter sur un plateau les éléments intéressants au sujet de cet Armand Silvestre avec lequel il semble avoir échangé lors du dîner des Vilains Bonshommes.
Je n'ai pas encore lu les deux romans en question de George Sand. J'ai lu plusieurs romans de Sand, j'en possède un certain nombre, ainsi que des recueils d'histoires courtes, mais je n'ai pas encore lu ces deux-là. Tant pis ! Il n'est pas certain que Rimbaud les ait lus rapidement entre le 30 septembre de sa rencontre de Silvestre au dîner des Vilains Bonshommes et la transcription de "Lys" sur le corps de l'Album zutique obligatoirement quelques jours avant que Charles de Sivry ne sorte de Satory le 18 octobre et vienne le signifier par une transcription de son cru sur ledit Album. La préface de George Sand contient enfin le calembour "spiritualiste malgré lui" qui vient de Molière et qui justifie quelque peu la présence de modernes "clysopompes", par souvenir des "clystères" présents dans les comédies de Molière à personnages de médecins comme Le Malade imaginaire. Il va de soi que Rimbaud joue sur la tension entre les pôles dualistes du spiritualisme et du matérialisme. Et une des subtilités de la parodie "Lys" de Rimbaud, c'est qu'un matérialisme peut en cacher un autre, puisqu'il est question de retombées financières avec les mentions "argent" et "beurre". Il se trouve qu'Armand Silvestre a fait une bonne affaire en publiant sous un pseudonyme Ludovic Hans deux ouvrages de mépris pour les communards, de critique vive de l'expérience communaliste : Le Comité central et la Commune d'un côté et de l'autre Paris et ses ruines. Verlaine parle précisément d'une bonne affaire que Silvestre a fait avec ces deux livres dans sa correspondance connue pour les mois de juillet§août 1871. Le livre Le Comité central et la Commune est très proche dans l'idée et la forme du livre de Catulle Mendès Les 73 Journées de la Commune. Silvestre rejoint donc Mendès, Lemerre et plusieurs parnassiens hostiles à la Commune. Dierx est à inclure qui publie une plaquette où prédomine l'espoir de revanche contre l'Allemagne, et bien sûr il faut citer François Coppée qui critique la Commune et invite lui aussi à une revanche pour la guerre franco-prussienne. Silvestre a pu paraître sympathique à Rimbaud le 30 septembre, il a été prévenu ensuite, et il sait que Silvestre fait partie donc d'un groupement ennemi, puisque, quand on veut être un poète voyant, les positions défendues dans les ouvrages ont leur importance vitale. Pour le reste, George Sand n'a pas eu tort d'apprécier les vers d'Armand Silvestre. Il a un certain talent, et ils sont particulièrement licencieux, sensuels. Cet aspect-là n'était sans doute pas pour déplaire à Rimbaud.
Toujours est-il qu'il fallait un passage à réécrire pour créer une parodie en quatre vers. Le choix s'est porté sur un sonnet qui est vraiment au début du recueil. Il s'agit du troisième poème seulement du recueil, et du troisième poème de la série "Sonnets payens", aux pages 8 et 9 du recueil.
Je vais citer ce sonnet !
Rosa, l'air est plus doux qui baigne ta poitrine ;Avril emplit d'odeurs les feuillages ombreux.- Tout renaît, et le long des sentiers amoureux,Partout saigne la rose et neige l'aubépine !La fleur sous les buissons entr'ouvre un œil peureuxEt livre au vent du soir l'ombre de son étamine.- Tout aime ! - Viens, Rosa, les amants sont heureuxA l'ombre du grand bois qui pend à la colline !Mais, Rosa la prêtresse ignore les frissonsQu'avril nous porte avec ses blanches floraisons ;Jamais les doux gazons n'ont baisé sa sandale.Des ténèbres du temple elle cherche l'horreur,Et, du feu qui nous brûle, immobile vestale,Garde, comme un autel, le tombeau de son cœur.
Pour composer le quatrain "Lys", Rimbaud s'est remémoré certains passages de son poème envoyé à Banville "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", s'est inspiré aussi de la préface de George Sand et de son calembour "spiritualiste malgré lui" tirant du côté des médecins à clystère de Molière, ce qui nous vaut déjà une grande partie du premier vers, mais il a réécrit le deuxième et le sixième vers de ce sonnet, reprenant au passage l'occurrence rare à la rime : "étamine", l'accordant au pluriel par souci de ne pas rester dans la reprise telle quelle au modèle : "étamines".
Je cite le quatrain de Rimbaud :
Ô lys ! ô balançoirs ! clysopompes d'argent !Dédaigneux des travaux, dédaigneux des famines,L'aurore vous emplit d'un amour détergent,Une douceur de ciel beurre vos étamines !
Je n'exclus pas que le second vers soit inspiré du poème "Le Lys" de Coppée qui est "dédaigneux", et même d'un autre vers de Coppée sur le travail et la famine, mais laissons cela de côté. La rose est remplacée par le motif du lys qui a déjà toute une histoire pour Rimbaud avec "Ophélie", Banville et "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs". Au-delà de George Sand, "clysopompes" reprend "clystères d'extase" au poème envoyé deux mois plus tôt à Banville, et "balançoirs" pourrait corriger l'idée "balançoires" à la rime avec cette orthographe dans toujours le poème envoyé à Banville. La parodie de Silvestre est tranché puisque les deux derniers vers du quatrain de Rimbaud concentrent les réécritures. La mention "L'aurore" se substitue à la mention "avril", ce qui est à la fois simple et subtil. L'aurore correspond à un commencement de la Nature comparable au printemps du mois d'avril, et Rimbaud a pu apprécier que Silvestre sublimait plus d'une fois la valeur mystique de l'aurore. Le sonnet que j'ai cité plus haut développe aussi l'image d'une fleur réveillée par le jour, ce qui fait penser au poème en prose "Aube" des Illuminations, sans qu'il en soit bien sûr la nécessaire source d'inspiration. Le sonnet que Rimbaud a parodié est habilement choisi puisqu'il contient en germe le titre du second recueil Les Renaissances avec la mention "Tout renaît", bientôt prolongée par le cliché "Tout aime" aussi déployé par Hugo et d'autres auparavant. En clair, Rimbaud nous montre qu'il est capable en un quatrain de résumer le propos principal de Silvestre poète sur deux recueils et dans le même mouvement de le noyer d'implications satiriques. L'expression "amour détergent" est particulièrement cinglante. Et le spiritualiste devient bien gras avec son attirance pour le beurre, ici soutenue par l'allusion verbale : "beurre vos étamines."
Je citerai à nouveau ce poème dans une étude sur l'influence de Silvestre sur plusieurs pièces de Rimbaud, et je placerai cela dans une synthèse de relevés opérés sur les œuvres de Silvestre que Rimbaud a pu lire, puis sur des oeuvres que Rimbaud en principe n'a pas lues, mais qui permettent de situer Silvestre par rapport à Lemerre et aux attentes du public dont il pouvait avoir les faveurs, qui permettent aussi de confirmer que Rimbaud a ciblé des constances qui n'ont pas quitté Silvestre de toute sa carrière littéraire.
Mais, je voulais qu'on puisse s'arrêter sur un constat qui passerait inaperçu noyé dans une étude massive sur Silvestre, un constat qui intéresse pourtant en retour les études rimbaldiennes mêmes. Donc, Rimbaud a transcrit en une colonne un sonnet et un quatrain. Je pars du principe qu'il a directement enchaîné avec les transcriptions en une colonne sur la page suivante de deux dizains à la manière de Coppée et d'un monostiche attribué à Louis-Xavier de Ricard. Mais peu importe ici pour cette fois ! Dans la marge gauche, quelque temps plus tard, Pelletan a composé un sonnet "Avril où le ciel est pur..." qui est faussement attribué à Charles Cros, puis Valade a reporté un quatrain. La transcription postérieure de cette colonne est prouvée par le fait que Valade a incurvé son écriture en transcrivant un vers plus long pour éviter le texte "Lys" de Rimbaud.
Dans le jeu de miroir, le poème de Pelletan est censé correspondre au sonnet de Rimbaud et le quatrain de Valade à la parodie qui a été faite d'Armand Silvestre. Or, ce n'est pas du tout ce qui apparaît. Le poème de Valade fait directement référence au sonnet liminaire de la page précédente "Propos du Cercle", son lien avec "Lys" de Rimbaud est assez lâche, mal assumé. Quant au sonnet de Pelletan, sa part obscène peut partiellement s'inscrire en symétrique du "Sonnet du Trou du Cul", mais sa cible parodique Charles Cros et son recours au vers de sept syllabes fait songer à une parodie d'un poème zutique retranscrit plus loin que Cros et Pradelle avait composé ensemble et semble-t-il reporter dans feu l'Album des Vilains Bonshommes en 1869 ou 1870 : "Ventre de jade...", sonnet qui est un blason du corps aussi avec son attaque "Ventre" et donc probablement une parodie ancienne du recueil L'Idole de Mérat. Du coup, le vis-à-vis du sonnet de Pelletan avec la création commune de Rimbaud et Verlaine a du sens. Mais, le poème commence par la mention "Avril..." et contient le mot "floraisons" à la rime. Et là, c'est étonnant de constater que le sonnet païen parodié par Rimbaud contient le mot "floraisons" à la rime, au niveau des tercets lui aussi, qui plus est. La mention "Avril..." en attaque de poème correspond à la mention "Avril..." en attaque de l'un des deux vers réécrits par Rimbaud qui a remplacé la mention de mois par "L'Aurore".
Avril où le ciel est pur,Où les cadavres verdoient,Où les gourmes se nettoient,Où Dieu dit : FUTUATUR,Avril où ceux qui s'emploientA tailler des plumes surLes registres qui poudroient,Se cachent derrière un mur,Je t'aime, car tes arômes,Tes floraisons polychrômesGalvanisent tous mes nerfs,Et font vibrer dans les bouchesDes Cydalises farouchesLes langues des Cabaners.
La série "Sonnets payens" de Silvestre contient elle-même des sonnets en vers courts, du moins en octosyllabes. J'observe la symétrie évidente entre le vers 10 (milieu du premier tercet) du sonnet parodié par "Lys" de Rimbaud et le vers 10 (tout autant milieu de premier tercet) du sonnet de Pelletan : "blanches floraisons" contre "floraisons polychrômes" Le vers 10 du sonnet de Silvestre commence par une mention du mois d'avril également : "Qu'avril nous porte avec ses blanches floraisons;" ce qui veut dire que le premier vers du sonnet de Pelletan : "Avril où le ciel est pur," est inspiré à la fois du vers 2 réécrit par Rimbaud : "Avril emplit d'odeurs les feuillages ombreux[,]" "L'Aurore vous emplit d'un amour détergent[,]" mais aussi par ce vers 10 qui crée dans le sonnet de Silvestre une sorte de boucle de vers 2 à vers 10. Le vers de Pelletan : "Avril où le ciel est pur", reprend l'idée de pureté du lys au quatrain parodique de Rimbaud, tout en étant quelque peu une idée issue de l'expression de Silvestre : "blanches floraisons". Or, pour les floraisons, Pelletan choisit d'en exhiber de multiples couleurs avec une corruption orthographique de l'accent circonflexe, en rime à "arômes" : "floraisons polychrômes".
Cette idée d'un printemps qui apporte des fleurs de multiples couleurs peut parler à Rimbaud. Je rappelle que "Lys" qui parle d'une fleur blanche s'inspire du poème déjà envoyé à Banville en août "Ce qu'on dit au Poète à propos de fleurs" où il est question de passer des lys de couleur blanche à des poèmes blancs, noirs, rouges, verts, bleus et roses. Je considère très clairement que le sonnet de Pelletan avec ses "floraisons polychrômes" fait partie de la genèse du sonnet "Voyelles"... Cela ne s'arrête pas là. Les mots "frissons" et "vibrer" sont des termes clichéïques de la poésie romantique, puis de la poésie parnassienne, et ils expriment une certaine idée religieuse de la Nature divinisée, ce que Rimbaud exploite sous la référence à Vénus dans "Credo in unam". Il ne faut pas les méjuger au nom de leur caractère clichéïque, ils sont des termes de ralliement puissants pour les poètes qui les emploient au dix-neuvième siècle, parmi lesquels Rimbaud et Verlaine eux-mêmes. Or, le verbe "vibrer" est fort significativement déployé par Silvestre dans plusieurs de ses poèmes, notamment au début de son second recueil Les Renaissances, et sous la forme du néologisme de Gautier "vibrements" Rimbaud reprend l'idée dans le sonnet "Voyelles". Pelletan emploie ce verbe vers la toute fin de son sonnet au moment de sa chute humoristique, voire potache.
Je l'ai déjà dit par le passé sur ce blog, je range le sonnet de Pelletan parmi les sources au sonnet "Voyelles" de Rimbaud. Et j'ai déjà dit que "Voyelles" et "L'Etoile a pleuré rose..." s'inspiraient des deux premiers recueils de Silvestre. La nouveauté, c'est que je prouve désormais que Pelletan s'inspire lui-même des poésies de Silvestre, à partir précisément de ce qu'il sait de la parodie de Silvestre par Rimbaud qu'est "Lys".
Si vous êtes intelligents, vous avez compris la portée de cette brève N°2....
A suivre !
Passionnant
RépondreSupprimerOui, merci, ça fait du bien de l'entendre.
SupprimerJe rappelle que sur la copie de Verlaine, nous avons deux mentions du mot "frissons" d'un vers à l'autre, vers 5 et 6, et je donne bien sûr raison à Rimbaud de l'avoir finalement évitée sur l'autographe, mais il reste une mention "frissons" au vers 6 et donc "vibrements" vient au vers 9, étonnamment comme au vers 9 du sonnet où Gautier a lancé le néologisme "vibrement" (en même temps que dans la nouvelle "La Cafetière"), et Pelletan emploie dans son sonnet, non seulement "floraisons polychromes" qui prouve que Pelletan est au courant du sonnet précis parodié par Rimbaud dans "Lys", mais Pelletan exploite le mot clef "vibrer" (conjugaison de vibrer verbe de la famille de vibrement), tandis que le sonnet en jeu de Silvestre place "frissons" à la rime, et pire encore : "frissons qu'avril nous porte avec ses blanches floraisons" est un équivalent de "frissons d'ombelles" quelque part, jonction de "frissons" et de "floraisons blanches". Et vibrer est significativement exploité par Silvestre dans d'autres poèmes. Vibrer et frissons sont des termes clefs de Credo in unam, et j'insiste sur cette idée qu'il ne faut pas y voir des clichés, mais des termes de ralliement, puisque justement c'est le mauvais poète qui n'exhibe que le cliché qui n'est que cliché. Vous avez "frissons" et "vibrements" dans "Voyelles", et ce n'est pas un mauvais poème à clichés pour autant.