A la fin de "Vierge folle", l'Epoux infernal fait une allusion indirecte au personnage masculin principal de La Dame aux camélias :
- Tu vois cet élégant jeune homme, entrant dans la belle et calme maison : il s'appelle Duval, Dufour, Armand, Maurice, que sais-je ? Une femme s'est dévouée à aimer ce méchant idiot : elle est morte, c'est certes une sainte au ciel, à présent. Tu me feras mourir comme il a fait mourir cette femme. C'est notre sort à nous, cœurs charitables..."
Armand Duval est le nom de l'amant de la courtisane Marguerite Gautier dans le roman La Dame aux camélias d'Alexandre Dumas fils. Il s'agit d'un classique secondaire de la littérature française, ce qui fait que le lecteur de 2023 peut se rendre dans une librairie pour faire l'achat du roman en question et ensuite le lire et éprouver la finesse d'allusion de Rimbaud dans le passage cité ci-dessus. Nous savons par ailleurs qu'il s'agit d'un roman à succès des débuts littéraires d'Alexandre Dumas fils qui transpose pour partie son vécu. Armand Duval est une représentation de l'auteur lui-même, d'où la symétrie des noms "Dumas" et "Duval", et l'identique initiale en "A" pour "Armand" et "Alexandre", la suite graphique "and" favorisant nettement le rapprochement. Avec le relief de la préposition "Du", les noms "Duval" et "Dumas" favorisent les jeux de mots, ce que Rimbaud prolonge ici avec le nom "Dufour". Notons que Rimbaud ne cite pas le héros de La Dame aux camélias, puisqu'il en fragmente l'identité : "Duval, Dufour, Armand, Maurice". Personne pour l'instant n'a identifié un "Maurice Dufour". L'emploi du prénom Maurice demeure gratuit en l'état de nos connaissances. Le glissement de "Duval" à "Dufour" a toutefois un aspect comique qui ressort. Une interprétation que les rimbaldiens ne déduisent pas du texte, mais qui me semble pourtant s'imposer, c'est le mépris de Rimbaud pour Dumas fils, puisque le personnage qui pourrait s'appeler "Armand" "Duval" est traité de "méchant idiot", il est vu aussi comme la cause de la mort d'une femme au cœur charitable.
Les rimbaldiens se contentent d'identifier une allusion à l'histoire de La Dame aux camélias sans impliquer une critique directe de Dumas fils. Par ailleurs, il faut rappeler que Dumas fils, à l'époque, composait essentiellement des drames pour le théâtre, et son roman La Dame aux camélias date de 1848 et a été adapté pour le théâtre par Dumas lui-même à partir de février 1852. Et cette pièce a eu elle aussi un énorme succès. Rares sont les éditions courantes actuelles qui offrent le texte de la pièce à la suite du roman. De nos jours, c'est surtout le roman qui est édité au format de poche. C'est suite au succès de la pièce que, en 1853, Verdi a immédiatement composé sur ce sujet l'opéra La Traviata dont, même sans le savoir vous avez dû entendre certains airs dans votre vie, comme c'est souvent le cas avec les opéras de Verdi.
Des romans, contes et nouvelles de Dumas fils, il n'est guère resté que La Dame aux camélias. il existe aussi une curiosité pour l'année 1866, L'Affaire Clémenceau, mémoire de l'accusé, ouvrage qui ne parle bien sûr pas du personnage qui allait devenir historique à partir de la Commune. Le théâtre de Dumas fils est tombé en désuétude, mais il connaissait du vivant de l'auteur un relatif succès. On cite principalement Le Fils naturel et Un père prodigue, mais vu les enjeux de "Vierge folle" empressons-nous de souligner une série sur l'image de la femme : La Dame aux camélias de 1852, l'origine des tendances du théâtre de Dumas fils, Diane de Lys, autre adaptation d'un récit en prose, L'Ami des femmes, Les Idées de Mme Aubray, La Princesse Georges, La Femme de Claude, et en collaboration nous avons encore Le Supplice d'une femme et Héloïse Paranquet. Le titre La Princesse Georges fait penser au nom de plume de la romancière George Sand qui couvait précisément Dumas fils et qui a également collaboré avec lui dans l'écriture d'une pièce en 1864 Le Marquis de Villemer.
Après les événements de L'Année terrible, Dumas fils va produire un certain nombre d'essais, certains tardifs ne peuvent avoir été connus de Rimbaud, comme La Question du divorce en 1880, mais en 1872 nous avons deux ouvrages, d'un côté L'Homme-Femme et de l'autre La Question de la Femme, ce dernier ouvrage publié par une association féministe est un recueil de citations tirés des publications antérieures de Dumas fils.
Enfin, Dumas fils a publié des réactions à chaud au lendemain de la Commune où il a injurié copieusement les insurgés vaincus. Le texte le plus célèbre a été publié en juin 1871 même dans la presse Le Monde illustré avant une édition en plaquette de trente pages Lettre sur les choses du jour et une seconde plaquette de trente pages a été publié au début de l'année 1872 Nouvelle lettre sur les choses du jour. Ces deux lettres ont entraîné la réaction de Tony Révillon, un proche du Clémenceau personnage historique, qui a lui-même publié une plaquette en réponse aux deux lettres de Dumas fils. J'ignore si Tony Révillon est parent avec le musicien communard Ferdinand Révillon, qui lui était un ami personnel de Verlaine (lettre du 17 juillet 1869 à Nina de Callias qui parle de la "femme charmante" de Ferdinand Révillon. Toutefois, le fils de Tony Révillon se réclamera de Camille Pelletan, un zutiste qui était proche de Victor Hugo à la fin de l'année 1871.
Pour l'instant, les rimbaldiens n'allaient pas plus loin que la célébrité de La Dame aux camélias et comme l'adaptation théâtrale allait être jouée à Londres en juin 1873 cela n'encourageait pas à chercher un autre prétexte à l'allusion fine de Rimbaud.
Et c'est là que la coïncidence de la représentation londonienne a fermé la voie à une recherche plus prometteuse.
Verlaine parle très peu de Dumas fils dans la correspondance qui nous est parvenue de lui, mais il le fait à deux reprises en mai et juin 1873 même, c'est-à-dire avant la représentation théâtrale londonienne et au moment même où Rimbaud compose Une saison en enfer. Rimbaud a commencé Une saison en enfer en avril 1873 selon les données fiables que nous possédons (lettre "Laitou" à Delahaye et datation fournie pour le livre lui-même). Le 16 mai 1873, Verlaine qui dans d'autres courriers d'époque, dit qu'il compose alors énormément de vers, étale ses projets dans une lettre à Edmond Lepelletier et il écrit ceci :
[...] Je fourmille d'idées, de vues nouvelles, de projets vraiment beaux. - Je fais un drame en prose, je te l'ai dit, Mme Aubin. - Un cocu sublime (pas à la manière de Jacques, le mien est un moderne extrêmement malin et qui rendra des points à tous les aigrefins de ce con de Dumafisse. [...]
Je cite d'après la transcription de Pakenham de son tome I de la Correspondance générale de Verlaine (page 313). Verlaine semble avoir oublié de refermer la parenthèse.
Remarquez qu'il y a une corruption du nom "Dumas" qui devient "Dumafisse", via l'habitude de l'appeler "Dumas fils". Remarquez aussi que Dumas fils est traité de "con". Je disais que dans "Vierge folle", l'expression "méchant idiot" épinglait nécessairement l'auteur suggéré par les mentions "Armand" et "Duval". Sur son courrier, Verlaine a souligné "cocu sublime", mais aussi l'adjectif "moderne". D'ailleurs, il y aurait un lot de citations à faire remonter du courrier de Verlaine pour les premiers mois de l'année 1873, tant ils entrent en résonance avec certains propos d'Une saison en enfer : "Ma santé est toute détraquée", "tout dernièrement", "Je suis mourant de chagrin, de maladie, d'ennui, d'abandon", "Je suis en proie à la sottise et à l'avidité la plus grossièrement féroces : tout cela m'a tué", "ma vie est bien finie maintenant", "Me sentant plus malade qu'à l'ordinaire et craignant que ce ne fût la crise inévitablement rapprochée de la fin", "lettre d'adieux à mes vrais amis", "les forces me manquèrent", "ma pauvre existence damnée", "je me sentais positivement crever", "me sauver cette fois, non d'une claquaison prochaine, mais d'une crise qui eût certes été mortelle dans la solitude", "j'ai bien besoin de témoignages amicaux", "L'heure me presse et d'ailleurs ma faiblesse est extrême", "on m'a cassé ma vie", "il y aura pour moi mains et mains, et il importe que je sache d'avance celles que je ne serrerai pas", "à Namur, où par parenthèse j'ai cru mourir encore une fois de je ne sais quelle attaque cérébrale", "je m'ennuie atrocement", etc., etc. D'ailleurs, la phrase "Je fais un drame en prose" a de quoi résonner avec la lettre de Rimbaud à Delahaye des jours qui suivent.
Le drame en prose n'est autre que Madame Aubin. Le titre ressemble à une allusion au titre de Dumas fils Les Idées de Mme Aubray. Le problème, c'est que la gestation de Madame Aubin fut longue. La pièce ne fut publiée qu'en 1886 dans le volume Louise Leclercq. L'incarcération a dû mettre le projet en berne. Cette pièce Mme Aubin n'en demeure pas moins un témoignage importante pour tenter de cerner les préoccupations de Verlaine et Rimbaud dans les premiers mois de l'année 1873. Verlaine revendiquant la composition de nombreux vers, il faut évidemment songer aussi aux fameux récits diaboliques dont il n'est pas crédible qu'ils aient pu être intégralement composés lors des premiers mois d'incarcération.
Mais venons-en à la deuxième mention de Dumas fils dans une lettre de Verlaine. Il s'agit d'une lettre à Emile Blémont cette fois, lettre très longue datée du "Mardi Midi 25 juin 73". Dans très peu de jours, Verlaine abandonnera Rimbaud à Londres et partira pour Bruxelles avec les suites que nous savons. La date du 25 juin permet aussi de penser que la représentation londonienne de La Dame aux camélias est d'actualité pour Rimbaud et Verlaine. En tout cas, Verlaine parmi les sujets divers qu'il aborde conteste l'opinion formulée par Camille Pelletan sur les idées de Dumas fils dans la revue La Renaissance littéraire et artistique dirigée précisément par Blémont. Je cite l'extrait en question :
Nous avons ici deux troupes françaises. L'une à Princess Theatre, Desclée, etc., l'autre à St-James theatre, les artistes de l'Alcazar de Bruxelles. J'y vais presque tous les soirs que je n'ai pas de leçons. Les billets pleuvent. Hier, avoir revu pour la 10e fois au moins les Cent Vierges. Que c'est drôle ! - C'est des colons qui n'ont pas de femmes. On leur en envoie. Quatre d'entre elles, dont 2 hommes déguisés, s'insurgent et soufflettent leurs maris obligatoires. Sur ce, Sir Plupersonn, le Gouverneur de l'Ile Verte, s'exclame : "Ces dames, on les envoie ici pour accomplir le plus saint des devoirs, et leur première besogne est de calotter leurs maris !"Je ne suis pas de l'avis de Pelletan sur Dumas fils. Et l'Homme-femme n'est pas si apocalyptique que ça, - bien que je ne sois pas disposé à suivre le "Tue-là !" qui est là pour la vente. - Mais, vrai, Mme Aubray, la Princesse George, c'est très fort et très neuf. Je ne connais pas encore la Femme de Claude. Mme Desclée va, j'espère, la jouer.Mon drame est fait - dans ma tête. Mon roman aussi. Mon prochain volume de vers, L'Ile [...] aussi.
Verlaine cite le titre abrégé "Mme Aubray", juste avant de parler de son drame déjà fait dans sa tête, ce qui confirme l'idée que le théâtre de Dumas fils a à voir avec la genèse de Mme Aubin. Le nom "George" n'a pas de "s" final, influence possible de la romancière Sand. Verlaine n'a pas eu accès à une édition du théâtre complet de Dumas fils, semble-t-il, il ne connaît pas encore La Femme de Claude. Il va tous les soirs disponibles voir la même troupe théâtrale française et cela implique de revoir plusieurs fois certaines pièces dont Les Cent vierges qu'il apprécie en particulier. Notons que Rimbaud doit souvent l'accompagner à ce moment-là. Quand Verlaine dit apprendre l'anglais en lisant tout Poe, tout Swinburne et des recueils de chansons populaires, on songe aussi qu'il s'agit de lectures communes avec Rimbaud (le Robertson mentionné est en revanche l'auteur d'une méthode pour apprendre l'anglais, je ne crois pas qu'il soit question d'un écrivain réaliste plus obscur). Dans la lettre à Lepelletier, l'allusion à Dumafisse était suivie précisément d'une allusion aux représentations londoniennes des Cent Vierges et de Mme Angot. Il est clair que ces pièces populaires tombées dans l'oubli devraient intéresser les rimbaldiens et les verlainiens.
Et donc Verlaine dit ne pas être d'accord avec un article de Camille Pelletan sur l'essai de 1872 L'Homme-femme d'Alexandre Dumas fils. Camille Pelletan est en liaison avec Tony Révillon, premier point important à souligner. Verlaine dit un désaccord sur lequel il faudrait se pencher, mais pour cela il faudrait d'abord que je lise pour en rendre compte l'article de Pelletan, surtout qu'après la formule "ce con de Dumafisse" il faut se garder de penser à une admiration au premier degré de la part de Verlaine. Rimbaud, vu le texte de "Vierge folle", n'est sans doute pas admiratif en tout cas. Dumas fils a tenu des propos d'une violence extrême sur les communards, et notamment sur des gens exécutés sommairement (le sieur Cerisier) et sur les femmes (les femelles de la Commune ressemblent à des femmes quand elles sont mortes). Dumas fils quand il écrit qu'il faut tuer ceux qui ne sont pas d'accord avec le bon peuple et qu'il publie cela en juin 1871 même valide les actes versaillais de la Semaine sanglante. Il y a un problème béant posé par Dumas fils. Rimbaud ne l'ignore certainement pas. Notons tout de même que, pour sa part, Verlaine se détache de la réprobation politique pour admirer le côté artiste et drôle avec Mme Aubray et La Princesse Georges, tout en se disant supérieur à Dumas fils dans les idées et conceptions.
Verlaine minimise la perception du côté apocalyptique de l'essai olé-olé de Dumas fils et il épingle le côté racoleur de l'idéologie du "Tue-la". Je n'ai pas encore rendu compte du texte L'Homme-femme, mais il s'agit d'une réponse à un texte de presse de M. de Ideville qui posait la question si le mari avait le droit de tuer sa femme adultère, en liaison avec des faits divers récents dont un concernant un certain monsieur Dubourg, et cela rejoint l'idée de la fin de "Vierge folle" qu'Armand Duval a tué un coeur charitable dans La Dame aux camélias, coeur charitable toutefois d'une prostituée de luxe. Et nous avons un chassé-croisé où la Vierge folle occupe bien qu'elle soit une femme perdue, le rôle d'Armand Duval qui pourrait causer la mort de l'Epoux infernal en jouant abusivement de sa charité et de son dévouement.
Ces citations du courrier de Verlaine étant faites, il y a clairement une importante analyse à fournir avec des documents désormais bien délimités pour éclairer les intentions de Rimbaud quand il compose "Vierge folle", mais encore quand à la fin de "Adieu" dans Une saison en enfer il joue ainsi avec l'hypocrisie, le mensonge de la société, pour réécrire la leçon hypocrite des écrivains livrée par Révillon : "Il faut être de son temps" en "Il faut être absolument moderne" et pour prendre le contrepied de Dumas fils qui dit se dispenser de conseiller Dieu qui sait ce qu'il a à faire, ce qu'épinglait Révillon dans sa réponse, pour dire "La vision de la justice est le plaisir de Dieu seul." Il n'est plus question d'un Rimbaud qui avoue l'impuissance humaine, mais il est question d'un persiflage où Rimbaud jouant l'humilité humilie l'orgueil de Dumas fils qui prétend savoir ce qu'est la morale, ce qu'est la politique bien entendue où la semaine sanglante devient un acte irréprochable.
Donc, prochainement, compte rendu du livre L'Homme-femme, puis de l'article de Pelletan, puis d'au moins les pièces Les Idées de Mme Aubray et La Princesse Georges, et puis on fera Mme Aubin et Les Cent vierges et Mme Angot.
Il y a un nombre conséquent de lectures à faire. Et je n'oublie pas la liaison entre l'image de la sainte au ciel et l'ironie sur l'assomption (mariale) de l'Epoux infernal.
Lecture est faite de La Princesse Georges dans une édition de 1972 qui contient une préface. J'en citerai un ou deux passages de la préface. La pièce, elle se lit, même si elle manque de relief. Il y a quelques phrases senties mais mal intégrées genre "un Dieu est mort pour l'homme, et au contraire des animaux il ne fera rien pour les siens." Il y a une astuce finale pour un retournement de situation faisant dénouement.
RépondreSupprimerDumas fils dit dans la préface que le théâtre est immoral comme la vie moyenne des gens est immorale.
Après, malgré l'intelligence qu'il se prête, Dumas fils ne comprend rien à la réalité. Dans la préface, il met l'adultère sur les instincts opposables à l'âme, ce qui est faux. C'est trop facile de dire "je ne voulais pas tromper". On sait ce qu'on fait, point barre. Ou tu te mets avec une personne en assumant ce que tu es, ou tu t'engages à une fidélité, mais tu ne te cherches pas des excuses quand tu as trompé. "Je ne voulais pas, ce fut plus fort que moi..." Faut arrêter le sketch. Et à la fin de la pièce, le délire du prince qui passe pour respectueux parce qu'il ne faisait pas l'affront d'être franc devant sa femme, qui fait sa petite lettre pour dire les choses respectueusement après le mauvais coup (où il détourne de l'argent), et la femme qui n'est pas choqué par cette imitation singesque et plus qu'hypocrite, cynique !, de la retenue respectueuse. Non, faut arrêter le sketch.
Après, oui, on passe un bon moment comme peut l'envisager Verlaine. La Desclée a joué la première de la pièce.
J'ai relevé une mention de Seignelay en passant.
Sinon, donc, on a l'argument aussi de la femme qui veut tuer le mari adultère, et une dénonciation de ce que les lois font que seuls les hommes peuvent se le permettre.
Je suis en train de lire la comédie Les Idées de madame Aubray. Je note rapidement deux idées avant des les oublier.
RépondreSupprimerPremier point, un personnage masculin, Vaporeau, dit qu'il aime depuis qu'il a l'âge de raison, et monsieur Barantin lui dit que ça ne doit pas faire longtemps. Il répond alors qu'il aime depuis l'âge de dix-huit ans et qu'il en a vingt-huit. Un âge de raison à 18 ans ? En fait, il semble qu'il existe aussi une notion d'âge de raison adulte, qui serait donc à 18 ans.
Dans "Mauvais sang", je considère qu'il est question de la notion classique, âge de raison à 7 ans. J'ai fait une recherche, l'expression est relevée dans un Dictionnaire de 1690. Le problème aujourd'hui, c'est que outre les ouvrages littéraires, genre Sartre, on a une notion qui est annexée par les discours sans fondement de la psychanalyse, où on fait entrer la découverte de la sexualité, la fin du prétendu complexe universel d'Oedipe, et blablabla.
L'âge de raison, c'est uniquement l'âge de 7 ans à partir duquel on supposait que l'enfant comprenait enfin la différence entre le bien et le mal et pouvait donc exercer sa raison et porter une responsabilité morale. Ce n'est pas une vérité scientifique non plus, c'est bien approximatif comme théorie, mais dans "Mauvais sang", il est question du vice qui a poussé au flanc du poète dès l'âge de raison. Je ne pense pas que ce soit l'âge de raison adulte dont parle Dumas fils, ça n'aurait pas trop de sens. Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi les rimbaldiens associent le vice à l'homosexualité ou au fait d'être prolétaire, ça n'a aucun sens. L'âge de raison est celui où on naît à la morale, donc le vice est celui du "mauvais sang" qui s'oppose à la morale. Il ne devrait pas y avoir de débat sur la signification de ce vice.
Un autre point : Barantin dit de madame Aubray qu'elle est un ange et qu'elle n'est pas assez de ce monde. Là, ça fait penser à "Alchimie du verbe". J'avais une autre idée, mais j'ai oublié de la noter. Ce n'est pas grave, je vais relire deux fois les pièces, j'ai aussi un article de 20 pages une étude critique de 1867 de la pièce Les Idées de madame Aubray. Je me tape aussi la longue et ennuyeuse préface de la comédie L'Ami des femmes, comédie que je vais lire dans la foulée.
Ah oui, il y a eu aussi la masturbation associée au vice, sauf que à l'âge de raison sept ans, c'est un peu jeune. L'état de prolétaire lié à l'âge de raison, ça n'a pas de sens non plus.
SupprimerPour l'homosexualité, très mise en avant dans les essais de 2023 de Vaillant et de Bardel, ça n'a aucun sens. Leur traitement du sujet est d'abord complètement trivial. Les lecteurs, d'autant plus à l'époque, n'allaient pas lire un livre où l'auteur parlerait de son échec personnel dans une vie homosexuelle et de ses difficultés à trouver l'amour, ça n'a aucun intérêt général pour la société. Verlaine va dire dans ses poésies que sera osé le roman d'amour à deux hommes, ce qui peut s'entendre comme combat pour ne pas être discriminé, mais les écrits de Rimbaud ils développent des idées qui n'ont rien à voir avec ça. Quand Rimbaud critique la Vierge folle, on ne voit pas en quoi ce serait au nom de l'homosexualité. Vous dites que la Vierge folle, c'est Verlaine, et puis c'est tout, mais Vierge folle ne sera qu'une charge contre Verlaine, ne fera jamais que parler de la difficulté de trouver l'amour. C'est complètement débile de lire "Vierge folle" et de dire que Rimbaud est déçu même par Verlaine et qu'il va devoir chercher, parce qu'il est sur des marges difficiles de la vie en société. Il faut arrêter d'être débile, on voit bien que ce n'est pas de cela qu'il s'agit dans Une saison en enfer, comme on voit bien que la lecture par l'homosexualité de Vaillant ou Bardel ne décolle pas de considérations terre à terre, voire de considérations de l'ordre de la sphère privée qui ne devraient pas intéresser le public.