En juin 1871, Alexandre Dumas fils écrit, à chaud, une lettre pour célébrer Thiers, dénoncer la Commune, donner son opinion sur les devoirs et intérêts de la France, sur les causes de la guerre franco-prussienne, où il se fait dorer la pilule en s'attribuant une prescience des événements dont témoigneraient certaines de ces préfaces rédigées sous le Second Empire, par exemple en 1868.
Cette lettre est célèbre, sans que nous le sachions, puisque c'est d'elle que viennent plusieurs citations injurieuses de Dumas fils à propos des communards et de leurs femmes, citations qu'on retrouve dans le livre de Paul Lidsky de 1970 environ Les écrivains contre la Commune.
Il s'agit d'une lettre publiée sous forme de plaquette, elle n'est pas très longue, seulement 31 pages adressées au docteur Henri Favre, page 1, avec la date finale du 6 juin 1871 en bas de la page 31, ce qui dit bien à quel point le texte violent a été composé sans aucun recul. J'ai voulu avoir accès au document original, j'ai évité une compilation plus tardive que j'ai pu glaner sur le site Gallica de la BNF et j'ai opté pour une consultation de la plaquette de 1871 même sur GoogleBooks. J'ai pu y lire le texte en intégralité.
Pour l'essentiel, il n'y a pas pour moi une ample provision d'extraits à citer en rapport avec Une saison en enfer. C'est assez dingue, parce que cette plaquette a provoqué la réaction d'Antoine Révillon dit "Tony" qui a publié une plaquette aussi mince et où j'ai identifié deux passages qui ont tout l'air d'être des sources directes d'Une saison en enfer. L'alinéa : "Il faut être de son temps|,]" offre un rapprochement particulièrement saisissant avec "Il faut être absolument moderne."
Ici, dans cette lettre de Dumas fils, il n'y a rien qui s'impose d'évidence. Tout de même, vers la fin de la plaquette, mon sentiment de devoir citer ce document remonte un peu. Ce document est un témoignage, donc il faut le lire pour se plonger ensuite dans une lecture mieux contextualisée d'Une saison en enfer, mais vers la fin de la plaquette je commence à trouver que les propos de Dumas sur l'oisiveté et le travail prennent vraiment un relief particulier qui force le rapprochement avec certains passages de la "Saison". La revendication d'oisiveté dans la Saison est plus subtile à comprendre il me semble après la lecture de la lettre de juin 1871 de Dumas fils. J'estime donc qu'un petit article à part n'est pas voler votre temps. Et, du coup, même si ce que je qualifie de source concerne plutôt le traitement de l'oisiveté et la valeur du travail, je vais signaler à l'attention d'autres petits éléments suggestifs.
La lettre commence par du "Cher ami," ce qu'on peut mettre en tension avec le "pas une main amie" de la Saison. La lettre est adressée au docteur Henri Favre. D'après mes recherches, il est né à Poitiers en 1827 et mort en 1916. Il était à la fois docteur en médecine et écrivain. Les trois oeuvres qui lui sont attribuées dans la banque de données de la BNF sont plus tardives : un Balzac et le temps présent en 1888, et un Au pays de l'occulte, les coffrets de famille en 1905, avec tout de même en 1872 le volume La Bible, les Trois Testaments, examen méthodique, fonctionnel, distributif et pratique de la Bible. Il avait une correspondance avec George Sand également. Dans une lettre datée de Nohant du 30 août 1872, George Sand se dit surprise qu'avec son accord Alexandre Dumas fils se soit attribué les thèses de son livre récent sur la Bible pour les claironner à son nom. George Sand veut avoir son propre mot à dire sur l'homme et la femme, et elle n'est pas d'accord avec les idées de Favre et Dumas fils, d'autant que Sand considère que le débat prend des proportions où les propos finissent par se couvrir d'interprétations excessives.
Quant à la lettre datée du 6 juin 1871, il se trouve qu'elle a été publiée à partir du 17 juin dans la revue Le Monde illustré, l'organe de presse qui publiait des articles de Paul de Saint-Victor, une nouvelle fournée de dizains de Promenades et intérieurs de Coppée, des pré-originales du recueil des Humbles, etc.
Pour l'instant, je n'en sais pas beaucoup plus sur le docteur Henri Favre, mais ça rejoint le portrait grinçant fait par Tony Révillon dans sa "réponse" où Dumas est décrit comme à la fois catholique et physiologiste, disciple de Desbaroles. Charles Cros a épinglé de la sorte Dumas fils et le docteur Henri Favre dans son article sur "L'Eglise des Totalistes" dans sa Revue du monde nouveau en 1874 :
[...] Nous avons tout lieu de croire que le promoteur de ce terrible mouvement n'est autre que l'égérie mâle de M. Alexandre Dumas fils, la nymphe qui se nomme Henri Favre.
Cet article intéresse l'histoire de l'Album zutique, puisqu'il cite les trois sonnets zutiques de Valade "Monologue de l'amour maternel", "Combat naval" et "Suicide du soupeur blasé".
Intéressons-nous plutôt à la lettre. Dumas fils revient de Versailles où il est allé voir ce qu'il y avait à voir selon lui, il chante son admiration pour un Thiers en nouveau César : "il a vu, il a su, il a prévu", et il se chante lui-même en nouveau Thiers : "J'avais su, j'avais vu, j'avais prévu."
Pour parler du présent et de l'avenir, il se fonde sur les "prédictions" de sa préface à sa pièce Le Fils naturel de 1868. On y lit du Victor Hugo : les institutions s'écroulent, un vent nouveau fait s'effondrer les vérités d'autrefois. On peut relever une métaphore des "nuits de l'âme" lourdement justifiée : "qui a ses jours et ses nuits comme les mondes physiques". Je peux bien citer cela, puisque nous avons une nuit de l'âme dans Une saison en enfer. Dumas fils poursuit avec la métaphore hugolienne de la lumière dont il faut voir qu'elle n'est pas couchant, mais aurore. Puis, Dumas fils se prévaut d'une réponse quelques mois plus tard au journal Le Gaulois où superbe de prescience il annonce que dans deux ans on ne s'intéressera pas aux livres et aux comédies, mais le drame sera dans la rue et à la Chambre. Il écrivait : "La littérature est finie, l'action commence." Et, en décembre 1869, dans sa préface à L'Ami des femmes, Dumas fils parlait de profils féminins qui annonçaient la catastrophe et donc l'écroulement d'une société avec l'invasion finale des barbares, des étrangers et de la populace, mais pour préparer la reconstitution par le religieux et le politique. Il faut avouer que Dumas fils est passablement taré.
Et je cite un passage de cette préface citée en juin 1871, passage qui aura sa reprise à la toute fin de la lettre elle-même ! Il s'adresse aux femmes déchues qu'il invite à se ressaisir et clame :
[...] Les temps prédits sont proches. Dieu a de nouveau prévenu Noé. Il va falloir être avec les hommes dans le déluge, ou avec l'Homme dans l'arche.
Le motif de l'arche est présent dans les poèmes en prose des Illuminations, on ne perd rien à opérer ici le rapprochement.
Dumas fils a donc des éléments troublants qui lui permettent de faire l'intéressant en juin 1871 et il frime en accompagnant cela d'injures pour les communards, le sang encore tout chaud de la semaine sanglante circulant dans l'atmosphère ambiante :
[...] j'ai vu passer au-dessous de moi cette série de désastres qui commencent à M. Leboeuf et qui finissent, s'ils sont finis, au sieur Cerisier, délégué de la Commune, présentement fusillé dans un égout qu'il a sali.
Dumas précise que la Prusse a vaincu par des coups en traître et qu'il ne faudra peut-être pas dix ans pour voir la revanche. En flaubertien, il bave sur tout ce qu'il a vu à Versailles et sur la "population molle, incolore et huileuse" qui "tache" tout ce qu'elle touche. Comme en pur flaubertien, Dumas fils voit la bêtise partout et déteste tout groupe, il critique la foule agressive qui vient harceler les prisonniers communards, ce dont Tony Révillon le félicite en passant dans sa réponse, mais bon, on a déjà eu le sieur Cerisier qui fusillé a sali l'égout, et on aura le célèbre mot sur les femmes de la Commune plus loin. Innocents ou non, de toute façon, les "prisonniers" sont tous "stupides et hagards". Flaubert sait un peu plus arrondir les formes.
Dumas fils salue en revanche avec le mot sans ironie de "Prud'hommes sensibles les soldats, les marins, les fantassins et gendarmes qui ont massacré des dizaines de milliers de Parisiens, pour, selon les dires de Dumas fils, nous éviter d'être prussiens. Je n'ai pas compris le raisonnement, mais bon... Puis, c'est quoi être prussien ? Pratiquer la semaine sanglante et la célébrer, c'est pas être prussien ou un truc plus sonore encore ? Dumas fils enchaîne, il rappelle la destruction de la maison de Thiers et passe à son éloge. En passant, on a une dénonciation de la République de 1793 à 1871 en passant par 1848 : "le mot république s'étant déshonoré pour la troisième fois avec son concubinage avec la Commune". La République est traitée de "fausse couche perpétuelle de la France". Et ça passe en portrait-charge connu de Courbet : "De quel accouplement fabuleux d'une limace et d'un paon, de quelles antithèses génésiaques, de quel suintement sébacé peut avoir été générée, par exemple, cette chose qu'on appelle Gustave Courbet ? Sous quelle cloche, à l'aide de quel fumier, par suite de quelle mixture de vin, de bière, de mucus corrosif et d'œdème flatulent a pu pousser cette courge sonore et poilue, ce ventre esthétique, cette incarnation du Moi imbécile et impuissant ?" Je remarque que la mention du "Moi" est décidément à l'honneur à l'époque de la colonne Vendôme, colonne que Dumas fils venait quelques pages auparavant d'évoquer dans sa lettre expansive que Thiers avait célébré le César moderne dans vingt volumes plus solides et durables que la colonne Vendôme elle-même.
La logique d'enchaînement des paragraphes n'est plus très claire dans la lettre visiblement improvisée par Dumas fils. Il passe à une charge de Paschal Grousset, épingle Pipe-en-bois en passant. Et il termine par son mot sur les "femelles" de la Commune : "Nous ne dirons rien de leurs femelles, par respect pour les femmes à qui elles ressemblent - quand elles sont mortes." Le texte est daté du 6 juin 1871 et publié dans la presse à partir du 17 juin. La semaine sanglante est encore toute récente.
Dumas fils méprise à la fois le roi et les peuples qui selon lui prouvent ne jamais rien apprendre des désastres passés. Dumas fils souhaite tout de même la République, c'est juste qu'il faut bien cracher dessus et sur ses thuriféraires. Alors, le blasé passe en revue les fictions de la liberté de la presse, du suffrage universel, il en veut, son esprit ! S'il en a un ! Et il tape sur la fiction de la nation en disant que trente-sept millions sont soumis à l'humeur de "cent cinquante mille Parisiens toujours mécontents".
Et Dumas fils justifie ainsi que la capitale soit assiégée et que la province regarde le drame avec dédain, disant : "Tire-toi de là comme tu pourras !"
Dumas fils daube la Monarchie de Juillet, seul Napoléon III trouve grâce à ses yeux. Et il crache son venin tant qu'il peut. Il défend Trochu et Thiers. Il faut dire qu'en fait d'argumentation la technique rhétorique est particulièrement évasive et fuyante. C'est surtout un exposé de rancœurs et de convictions bidouillées. On peut concevoir que Dumas fils ne pense pas trop de mal de la dictature du second Empire et qu'il y voie des aspects positifs, mais on a tout de même des propos inacceptables : pour dénoncer l'absence de fraternité, il reproche la mort de cent otages et jamais ne prend en considération les massacres de la semaine sanglante, et quand il en parle il s'en sert complaisamment pour en remettre une couche dans l'injure.
Dumas fils ironise sur le désir des français de remettre sur le trône les familles dynastiques qui ont été chassées. Le principe n'est pas très cohérent, puisqu'il joue sur les divisions politiques internes. C'est une façon un peu facile d'attribuer une humeur contradictoire au peuple français pour mieux le mépriser. Il crache ensuite sur l'idée de l'homme providentiel qui sauverait la France, ce qui est contradictoire avec son bonapartisme. On arrive à l'idée que cet homme ça doit être nous-même, et il y a un rejet de la formule de l'Homme-Ange pour se prendre en charge soi-même :
"Il nous faut un homme !"Ne le cherchez donc pas si loin, cet homme, vous l'avez tous sous la main. Cet homme, - c'est vous, - c'est moi, - c'est chacun de nous. Soyons chacun un homme, et l'homme providentiel, le grand homme que l'on finit toujours par renverser et par maudire devient complètement inutile.
Le raisonnement n'a ni queue ni tête, puisqu'on ne voit pas en quoi en se prenant en charge pour être homme et en se détournant de la monarchie, des républicains et des hommes providentiels, on fait de la saine politique dans un pays. Il n'y a aucun début de logique suivie dans le propos.
Mais, cela est rattrapé par la logique du bon peuple qui doit ne pas vouloir laisser faire le mauvais peuple, logique partisane non avouée qui n'a encore une fois aucun sens politique, sauf à prôner l'extermination du point de vue adverse, et justement tout au long des dernières pages Dumas fils appelle aux meurtres de ceux qui s'opposent à son parti du "bon peuple", justification de fait de la Semaine sanglante.
[...] l'armée a sauvé la France ! Vive la France ! Vive l'armée ! [...]
C'est plus Dumas fils qu'il faut l'appeler, c'est Dumas fils de ..., ou Dumas cloaque de lui-même !
Et il ne s'arrête pas là, je vous laisse apprécier la suite :
Il y a d'un côté :Les gens qui possèdent,Les gens qui travaillent,Les gens qui savent.Il y a de l'autre côté :Les gens qui ne possèdent pas,Les gens qui ne travaillent pas,Les gens qui ne savent pas.Il faut que les gens qui possèdent viennent en aide, par tous les moyens possibles, à ceux qui ne possèdent pas ;Il faut que ceux qui travaillent fassent travailler ceux qui ne travaillent pas ou les exterminent impitoyablement s'ils s'y refusent. L'oisif doit disparaître du monde.Il faut que ceux qui savent renseignent, instruisent, élèvent ceux qui ne savent pas, et, en attendant, les subordonnent, au nom du droit, de la justice, de la nature et de la société, parce que celui qui ne sait pas, quelle que soit la raison de son ignorance, est inférieur et doit être soumis à celui qui sait.
Il est clairement question d'exterminer ceux qui ne plient pas. Il y a refus des opinions contradictoires. Il y a une harmonisation factice d'un groupe méritoire idéalisé qui travaille, possède et sait. Il y a l'idée de gens inférieurs par leur ignorance. On imagine bien tout le parti à tirer d'un tel passage pour commenter plusieurs passages de la Saison : l'oisiveté du crapaud, le refus du travail, l'association du travail et de l'habit à la conversion forcée, l'idée des méchants et des fainéants dont les cadavres s'abattent sur le cœur des autres, les bons élus qui travaillent honnêtement.
Et indifférent aux contradictions que cela suppose, Dumas fils dit que cela vaut pour le collectif et qu'il faut encore faire émerger l'Individu. L'individu "n'existe pas en France", soutient Dumas. Nous avons besoin de guides, et songeons à L'Eclair et à Mauvais sang de Rimbaud, prêtre, professeur, sergent de ville, empereur.
Selon Dumas, il faut que nous sachions en nous-même qu'il y a "une patrie, une société, une religion, une morale, une liberté et une conscience, qu'il faut être prêt à défendre soi-même à n'importe quel prix et en n'importe quel lieu."
Et là Rimbaud il a "horreur de la patrie" et on sent à lire ces propos malsains de Dumas fils que Rimbaud n'est peut-être pas si à côté de la plaque à dire que "La morale est la faiblesse de la cervelle" dans "Alchimie du verbe", puisqu'on lui impose la religion du cancre Dumas fils. Mot d'époque, Dumas fils dit qu'il ne faut plus ergoter et parle de ne plus attendre un Homme Ange :
Il ne s'agit donc plus d'ergoter, de discuter, de philosopher, d'analyser, de s'en remettre aux autres et d'attendre un Homme Ange ; il s'agit, car l'épreuve est décisive et nous sommes tous plus ou moins atteints dans nos profondeurs, il s'agit de nous dégager de nos habitudes, de nos mœurs, de nos facilités, de nos conventions d'hier, de remonter aux sources primitives de la véritable humanité, [...]
Je pense au poème "Conte" avec le Génie miroir du Prince et le défaut éternel de la "musique savante". Je précise que je rapproche depuis longtemps le récit "Conte" du passage de "Vierge folle" sur le palais vidé et le fait de ne jamais voir l'Ange d'un autre. On pourrait rire ici du propos de Dumas fils, c'est même naturel, quand après ses diatribes contre les insurgés sauvages il parle de nous dégager de nos habitudes, verbe rimbaldien à la clef, puis de nos moeurs, de nos conventions d'hier, etc., sauf que dans la suite immédiate il affirme que la véritable humanité accepte un Dieu, avec morale, société, famille et solidarité humaine. Solidarité qui exclut la compassion pour les victimes de la Semaine sanglante, puisque les ennemis doivent être exterminés.
Car Dumas fils appelle son monde idéal de ses oeux termine bien en disant : "et mort à tous ceux qui ne voudront pas que cela soit, fussent-ils nos frères ! fussent-ils nos fils !"
Et pour on ne sait quelle raison, si ce monde advient, dans dix ans l'Alsace et la Lorraine sont reprises. Allez chercher un lien logique là-dedans ?
Peu importe le régime, république, roi ou empereur, il faut une nation forte qui sait ce qu'elle veut. Tout le monde au travail et que les autres entendent ce bruit que la France se transforme et se libère ! Et Dumas fils prévient les réflexions du genre "la science ne va pas assez vite" avec l'alinéa et ses interrogations rhétoriques, puisque Dumas ne nous demande que dix ans :
C'est trop difficile ? c'est trop long ?
Et je vous cite le dernier paragraphe imagé :
Vous ne vous sentez plus la volonté nécessaire, vous aimez mieux compter encore sur les Abeilles ou sur le Coq, sur l'Aigle ou sur les Lys ? Alors, c'est le déluge, je vous en préviens, et, nous qui sommes dans l'arche, nous n'avons plus qu'à vous regarder nager - et mourir.
Nager et mourir, c'est la pensée du "Bateau ivre", il ne sera pas sur l'arche.
Voilà, il y avait bien une anomalie. Sur Wikisource, ils attribuent à Alexandre Dumas une "Nouvelle lettre de Junis à son ami A. D." qui est placée après la lettre sur les choses de ce jour de juin 1871. Or, c'est une anomalie, la lettre est d'un personnage qui veut conserver l'anonymat et qui utilise le pseudo "Junius". Elle date de la fin décembre 1870, mais a un avant-propos du début 1871, et cette lettre a été publiée à Londres sans date sur la couverture on dirait.
RépondreSupprimerBref, Dumas fils est plutôt le destinataire, à moins d'une supercherie. Junius semble avoir les initiales J. R. dont il se sert pour l'avant-propos.
En revanche, Dumas fils a bien publié une deuxième lettre comme il est dit dans le livre La Question de la femme. Il s'agit d'une lettre du début de l'année 1872 (datée du 21 janvier en fin de texte) adressée au journaliste Marteau, elle s'intitule Nouvelle lettre sur les choses de ce jour et passe légèrement en-dessous des trente-pages.
L'ouvrage peut être consulté sur Googlebooks, sauf une page du début qui m'a été refusée.
J'ai lu la moitié, puis j'ai survolé, j'avais l'impression que c'était pour partie inutile, mais je suis allé lire directement la fin, et bam, encore des coïncidences troublantes : "Inutile de conseiller Dieu ; il sait ce qu'il a à dire ; et c'est lui qui va parler." Telle est la fin de la lettre publiée en plaquette. On comprend mieux le persiflage de Révillon sur le côté "Dieu et moi" de Dumas fils, mais on a encore un écho avec la fin de "Adieu" de la plaquette Une saison en enfer -(à peine le double de pages en volume que celles de Dumas et Révillon) : "La vision de la justice est le plaisir de Dieu seul." Là, on change d'optique, on n'est plus dans l'humilité de Rimbaud à tout hasard, on est dans le persiflage de Dumas fils qui parle au nom de Dieu et le conseille. De plus, Révillon épingle cette phrase finale de la deuxième lettre de Dumas et Rimbaud la reprend ainsi que la phrase quasi finale de Révillon "Il faut être de son temps" à la fin de "Adieu".
Là, les doutes deviennent difficilement permis. Rimbaud cite clairement ces deux lettres dans son jeu de réécriture. Il me reste à vous rendre compte de la plaquette L'Homme-femme toujours et puis on s'attaquera aux pièces de théâtre de Dumas fils. Je vous ferai aussi quelques citations des Madeleines repenties. Il reste l'article de Pelletan après. Là, j'ai du lourd.