J'ai lu la notice de Jules Janin pour introduire la sélection de poèmes de Lamartine dans l'anthologie de Crépet, le pote à Baud'lair'. Putain, c'est une purge, c'est assommant à lire, j'aurais vécu un cauchemar si je n'étais pas tombé sur des passages exploitables pour "Ce qu'on dit au poète à propos de fleurs", "Le Bateau ivre", pour un sonnet des Amies de Verlaine, pour un poème de jeunesse de Verlaine aussi, puis j'ai repéré la rime "haie"::"claie" qui m'intéresse à cause d'un des deux sonnets des "Immondes", qui, précisément, ont ces rimes de tercets à la Pétrarque dont je parle dans le titre du présent article. Je suis lessivé après ma lecture, j'ai voulu lire les poèmes de Lamartine en-dehors de "L'Isolement" et du "Lac", histoire de me mettre un peu dans le sentiment de la sélection qui avait été faite, mais j'ai craqué, j'ai plus l'énergie. Du coup, je suis allée à Charles Nodier, j'ai pas lu la notice, je voulais directement découvrir le gars qui écrit en vers. Premier poème, j'accroche, j'ai pas le moteur, mais là je suis pas réveillé, mais fouetté par la découverte. J'ai le poème suivant "Sonnet écrit sur l'album d'Emile Deschamps en 1828". Il y a une épigraphe de Molière un peu farcesque : "C'est un sonnet !" On fait dans l'autodérision. Mais ce qui m'a tué c'est que c'est un sonnet sur deux rimes avec des quatrains à rimes croisées et un enchaînement sur des tercets à la Pétrarque, et cela bien avant le recueil de Philoméla. Et ce tome 4 et final des Poètes français est paru en 1863, ce qui veut dire que l'anthologie rappelait à l'existence ce sonnet l'année même de la sortie de Philoméla. Alors, les deux rimes, c'est "-ger" (consonne d'appui impliquée à cause du "é") et "-ose", avec la variante "-ause" pour un vers. Et le truc vraiment qui m'étonne, c'est la mention du mot "hysope" calé contre la césure au premier hémistiche du vers 4. Je cite le sonnet en respectant la ponctuation qui me déconcerte parfois un peu :
Mon nom parmi leurs noms !.... y pouvez-vous songer !Et vous ne craignez pas que tout le monde en glose !C'est suspendre la nèfle aux bras de l'oranger,C'est marier l'hysope aux boutons de la rose.Il est vrai qu'autrefois j'ai cadencé ma prose,Et qu'aux règles des vers j'ai voulu la ranger ;Mais sans génie, hélas ! la rime est peu de chose,Et d'un art décevant j'ai connu le danger.Vous... cédez à la loi que le talent impose :Unissez dans vos vers Soumet à Béranger,Et l'esprit qui pétille à la raison qui cause ;Volez de fleur en fleur, comme dans un vergerL'abeille qui butine et jamais ne se pose ;Ce n'est qu'en amitié qu'il ne faut pas changer.
Pas la peine de comparer ce sonnet avec "Oraison du soir" ? Peut-être ! Je relève quand même une coïncidence de haut niveau avec la mention "hysope" et les rimes de tercets à la Pétrarque. Il y a un ton de persiflage et je pense quand même exploiter quelque chose des vers 4, 11 et 12, sinon 10. Je verrai, je dois y réfléchir.
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