mercredi 27 mars 2024

Les poésies de Charles Coran : rhythme à trois temps et rhythme brisé...

Depuis longtemps, j'ai signalé à l'attention que j'avais repéré deux poèmes particuliers du poète Charles Coran. Murphy a fait allusion à cette découverte encore inédite dans une note de l'un de ses livres plus récents, peut-être son Rimbaud et la Commune. J'ai fait allusion à cette découverte dans un article mis en ligne par Jacques Bienvenu sur son site Rimbaud ivre.


Je n'habitais déjà plus à Toulouse en 2011, et c'est dans la bibliothèque municipale de cette ville que j'avais lu une édition en trois tomes des Poésies de Charles Coran et j'avais demandé une reproduction des pages comportant les deux poèmes qui m'intéressaient, mais je n'avais aucune annotation, et donc sans retourner consulter les documents ma découverte était scientifiquement peu exploitable. Je ne pouvais pas écrire d'article. Je me contentais alors d'indiquer que ces deux pièces curieuses existaient.
Sur le site Gallica de la BNF, aujourd'hui encore, je ne parviens à consulter que les seuls deux premiers tomes des Poésies de Charles Coran. J'ai pu consulter enfin le tome 3, mais dans des conditions laborieuses, sur le site Wikisource.

Charles Coran est né en 1814, il appartient donc plutôt à la génération romantique, mais il revendique n'appartenir à aucune école. C'est un breton et un ami du poète alors plus connu Auguste Brizeux. Il s'est éteint en 1901 et a donc survécu à Rimbaud et Verlaine, et je dis bien Rimbaud et Verlaine, parce que je pense aussi à Verlaine en lisant les poésies de Charles Coran.
On peut comparer Charles Coran à Auguste de Châtillon. Il s'agit de deux poètes qui n'ont pas connu une réelle célébrité et qui n'étaient pas des écrivains de profession. Le recueil Rimes galantes de Coran qui date de 1847 a été louangé par Sainte-Beuve en 1863, tandis que Théophile Gautier a rédigé une préface à la première édition des Poésies d'Auguste de Châtillon en 1866.
Je me permets une petite digression. La préface de Gautier aux Poésies de Châtillon peut être consultée elle aussi sur une page du site Wikisource que je m'empresse de mettre en lien : cliquer ici. J'y relève le passage suivant : "ce sont des pièces de vers descriptives ou philosophiques" qui semblent le modèle repoussoir des propos à Satan au début d'Une saison en enfer : "vous qui aimez dans l'écrivain l'absence des facultés instructives ou descriptives" et plus loin Gautier attribue pourtant à Châtillon la "franche saveur gauloise"... Il est question aussi de l'auberge de la Grand'-Pinte dans cette préface, et il y a l'idée d'un poète demeuré dans les limites de l'art, dont la simplicité chansonnière s'adresse aux naïfs comme aux lettrés. Il faut avouer qu'en ce moment je cherche si l'expression "cassis" dans "La Rivière de cassis" ne renvoie pas à Gautier (je pense d'ailleurs à ce qu'en dit Nerval dans ses Petits châteaux de Bohême). Gautier employait tout comme Stendhal le néologisme "touriste" que Rimbaud cingle dans "Soir historique" : "touriste naïf, retiré de nos horreurs économiques". Nerval est le traducteur du Faust de Goethe, ouvrage dont Rimbaud demande un exemplaire à Delahaye en mai 1873, et sans doute dans la traduction même de Nerval. Mais, Châtillon lui-même est un vieux poète en comparaison de la jeunesse de 1860 qui va publier quelques poèmes dans le Parnasse contemporain, et c'est le cas également de Charles Coran qui publie quatre poèmes dans le Parnasse contemporain de 1866, puis trois autres dans le second Parnasse contemporain (1869-1871).
Dans le premier Parnasse contemporain, les contributions de Charles Coran se situent plutôt en fin d'ouvrage, mais il ne fait pas partie des poètes offrant un bouquet final de sonnets. Ses quatre contributions ont pour titre : "Le Songe", "Bain de mer", "Polichinel" et "Sonnet".
Sans vouloir à tout prix parler de sources, il est amusant de rapprocher les deux premiers vers du sonnet "Le Songe" (à cause du verbe "guider") du début du "Bateau ivre" et les rapprochements intéressent aussi le poème "Bain de mer" jusqu'à son titre :

Emporté ce matin par un dernier sommeil,
Je guidais, dans mon rêve, un quadrige en ivoire ;
Ce char resplendissant trouble encor ma mémoire,
Avec ses chevaux blonds, tels que ceux du soleil.

[...]
Tes cheveux rutilants éblouissant mes yeux.

[...]

                              **

                         Bain de mer 

[...]
L'Océan n'était plus amer :
[...]
Comme un Triton, j'aimais dans l'onde,
Et comme à Paris, dans la mer.

Je disais au flux de la lame :
[...]
Je pressais d'une étreinte vague
Des frissons d'eau pris à des seins.

L'élément qui partout pénètre
M'inondait d'un secret bien-être ;
Je sentais d'humaines chaleurs,
Des parfums, ceux que l'eau dérobe
En baisant sous leur courte robe
Des attraits qui sentent des fleurs.

J'aurais voulu jusqu'à nuit close
Prolonger ce bain à la rose,
[...]
Ramené par elle au rivage,
Je cherchais encore à la nage
Les sillons qu'elle avait tracés.

[...]
Je vous laisse méditer la valeur de rapprochement avec "Le Bateau ivre" de chacune de mes citations.
Dans le second Parnasse contemporain, Coran s'en tient à trois nouvelles contributions : "A Watteau", "L'Amour anacréontique" et "Dans l'herbe". Ces titres ne vous font-ils pas songer à ceux des poèmes du recueil Fêtes galantes de Verlaine publié précisément en 1869. Il va de soi que la publication du second Parnasse contemporain ne s'est faite que par livraisons de 1869 à 1871. En gros, les nouvelles contributions de Coran sont postérieures à la publication des Fêtes galantes de Verlaine. Oui, mais en 1863, Sainte-Beuve a salué le recueil de 1847 de Coran qui s'intitulé Rimes galantes et où vous trouverez très précisément la référence à Watteau et au contexte régence des fêtes galantes.
Le dernier poème de Coran pour le volume de 1866, simplement intitulé "Sonnet", me faisait songer à Baudelaire et à son poème "Le Masque", notamment au plan du second sonnet. Cette sensation me revient à la lecture du poème "A Watteau". Coran y oppose l'image érotique frivole que nous pouvons avoir de Watteau d'après ces peintures et la réalité grave de son visage rendu dans un marbre conservé au Louvre. Coran y fait un parallèle avec sa propre image. Ses poésies sont frivoles et érotiques, et pourtant il a une vie bien plus posées et même triste. Pour rappel, il n'a profité que d'un an de son mariage avant de se retrouver veuf. Dans la préface à ses poésies en trois tomes, Coran développe à nouveau cette idée qui oppose l'image du poète dans ses vers à celle de sa plus sombre et solitaire réalité. Le poème "A Watteau" est écrit en alexandrins, ce qui nous éloigne des Fêtes galantes de Verlaine, mais on peut sentir les échos d'idées : "caquette en vers", etc. Précisons que l'ensemble du second Parnasse contemporain relié en un seul volume n'a été publié que durant l'été 1871, après la semaine sanglante et avant la montée de Rimbaud à Paris. Rimbaud a donc dû lire le poème "A Watteau" au moment même où il part vivre sous le toit de la belle-famille de l'auteur des Fêtes galantes. Ce n'est pas un indice négligeable, puisque Rimbaud peut avoir été tenté à ce moment-là d'évaluer les ressemblances et différences entre les manières de Coran et Verlaine. Dans la lettre à Demeny du 15 mai 1871, Rimbaud avait rangé Coran dans la catégorie des gaulois à la Musset :
   Rompue aux formes vieilles, parmi les innocents, A. Renaud, - a fait son Rolla ; - L. Grandet, - a fait son Rolla ; - les gaulois et les Musset, G. Lafenestre, Coran, Cl. Popelin, Soulary, L. Salles ; [...]
Rimbaud ne semble pas ignorer les origines bretonnes de Coran, il a identifié sa manière érotique, et j'ignore si le 13 mai 1871 il avait lu la livraison contenant les trois poèmes de Coran (je n'ai plus en tête les mises au point de Yann Mortelette à ce sujet, quoi que cette fois Coran soit plutôt en début d'ouvrage), mais le poème "A Watteau" revendique un travail dans "les limites de l'art" pour parler comme Gautier au sujet de Châtillon :
Maître Watteau, dans l'art d'agrémenter un rêve,
Je suis votre confrère & non pas votre élève.
Vraiment, si j'empruntais la règle de mon goût,
Je la devrais aux Grecs, à leurs marbres surtout.
[...]
En clair, il y a de fortes chances que quand Rimbaud écrit de Coran qu'il est lié aux "formes vieilles", qu'il est dans la gauloiserie et dans la continuité de Musset, il fasse référence aux vers que je viens de citer. Mais Rimbaud connaissait probablement déjà les recueils mêmes de Charles Coran où il est si souvent question de Ninon, personnage qui justifie l'assimilation du poète à un Musset, et Rimbaud qui a écrit un poème "Ce qui retient Nina" / "Les Reparties de Nina" reprend le patron strophique de la "Chanson de Fortunio" pour composer le poème "Mes Petites amoureuses" qui figure précisément dans la lettre du 15 mai 1871. Or, dans le poème "Mes Petites amoureuses", nous rencontrons le mot "mouron" à la rime, ce qui a déjà été rapproché d'une rime du recueil Les Amoureuses d'Alphonse Daudet, recueil d'un disciple donc de Musset en quelque sorte, et justement le mot "mouron" apparaît à la rime dans l'un des trois poèmes de Coran figurant dans le second Parnasse contemporain, et j'oserai souligner en songeant à un poème tel que "Fêtes de la faim" que le poème "Dans l'herbe" fait d'ailleurs rimer "mouron" avec "liseron" :
J'ai poussé dans de l'herbe folle,
Comme un modeste liseron.
Je gaminais, après l'école,
Avec le trèfle & le mouron.
Vous avez peut-être ri plus haut du rapprochement de deux vers de Coran avec "Le Bateau ivre" au prétexte d'un emploi commun du verbe "guider". A partir du moment où vous ne pouvez nier que Rimbaud ait eu quelque chose à l'esprit en jugeant Coran "rompu[ ] aux formes vieilles" et "gaulois", force vous est de constater que la lecture de Coran est utile pour illuminer la malice de passages de "Mes petites amoureuses" ou de "Fêtes de la faim".
Pour sa part, le poème "L'Amour anacréontique" est une pièce ronsardienne qui mêle le désir de boire à l'amour.
J'en arrive à la question des recueils de Charles Coran. L'édition des Poésies en trois volumes est postérieure à la période poétique de Rimbaud. Qui plus, les ouvrages sont remaniés. Des poèmes sont supprimés, d'autres sont ajoutés, et nous avons même des déplacements de recueil à recueil.
Charles Coran a publié un premier recueil intitulé Onyx en 1840. Affecté par l'épreuve du deuil de son épouse, le poète ne publie un second recueil qu'en 1847, celui-là même qui a été félicité par Sainte-Beuve en 1863, lequel déplorait que depuis Coran avait cessé de publier. Il s'agit du recueil Rimes galantes qui suppose une influence sur Verlaine. Enfin, en 1869, Coran a publié un recueil intitulé Dernières élégances. Voilà ce que Rimbaud et Verlaine avaient pu lire de Coran en 1871 : trois recueils, et sept poèmes épars dans les deux premiers volumes du Parnasse contemporain. Le recueil Dernières élégances est quelques peu démembré dans les tomes II et III de l'édition des Poésies de Charles Coran vers 1884, où nous avons pour le tome II des rubriques "Elégances" et "Dernières élégances", puis pour le tome III des rubriques "Sous les rides" et "Mélanges". Le recueil de 1869 est séparé en deux sections "Elégances" et "Sous les rides", tandis que son titre passe à une fournée de nouveaux poèmes. Je schématise, parce qu'il y a d'autres nuances à prendre en considération, mais peu importe ici.
Ainsi, le poème qui ouvre le tome III des Poésies et qui lance la nouvelle section intitulée "Sous les rides" figure vers la fin du recueil de 1869. Ce poème a un titre et un sous-titre : Alter ego (rhythme à trois temps). L'orthographe "rhythme" est d'époque, c'était celle de Rimbaud lui-même.
Ce poème a une valeur historique, puisque c'est un poème tout en trimètres, le titre et le sous-titre sont bien évidemment des jeux de mots par rapport à cet emploi exclusif du trimètre.

           Alter ego
        (rhythme à trois temps)

J'ai vu jadis, dans un musée... était-ce à Rome ?
Oui, je m'y vois, au Vatican, un hermès d'homme.
La tête avait double visage, un sage, un fou,
Amalgamés, par le ciseau, sur un seul cou
Le sage était un amateur de paix obscure ;
Sur son front clair on relisait tout Epicure.
De son regard, droit devant lui cherchant à voir,
Il dénonçait la volupté dans le devoir.
Son compagnon, le fou, portait l'oreille en pointe,
Des yeux de faune, et, dans ses yeux, la joie empreinte.
Sa bouche ouverte avait gardé l'amour des vins
Et des baisers, ces goûts bénis des dieux sylvains.
- Presque attendri, je contemplais le marbre jaune,
J'adorais voir l'humble penseur doublé d'un faune,
Et je disais, en emportant ce souvenir :
"Un devin grec m'aura sculpté pour l'avenir.
Oui, c'est bien moi, tel qu'en mes vers, mi-fous, mi-sages ;
Mon humeur double est un hermès à deux visages."
Il s'agit d'un poème en dix-huit vers, un discours de rimes plates, neuf paires de vers, mais doit-on parler d'un poème en alexandrins ou d'un poème en trimètres, son "alter ego" ?
Poète plus âgé, Charles Coran ne pratique pas les césures audacieuses des parnassiens dans le reste de son oeuvre. Il est donc délicat de lui prêter une césure à la Baudelaire après le déterminant "un" : "Mon humeur double est un + hermès à deux visages." Même si cela donne l'impression de faire retour sur une même césure au vers 1 "dans un + musée". Pas plus qu'il n'est souhaitable d'identifier une césure particulièrement chaotique à la façon d'un Rimbaud ou d'un Verlaine : "tel qu'en + mes vers" (j'ai failli dire Mallarmé à cause de son vers célèbre...). Il va de soi qu'il n'y a pas d'enjambement de mots à la césure au vers 2 (au Va+tican), ni en d'autres vers : "un a+mateur", "on re+lisait", "droit de+vant lui", "la vo+lupté", "je con+templais", "en em+portant". Pas question de relever une césure lyrique, faible, sur un "e" d'adjectif antéposé à sa base nominale : "double visage", "humble penseur". Et pas de césures non plus pour "par le + ciseau", "et dans + ses yeux". Le poème est tout simplement composé en trimètres. Quelques vers pourraient plaider le découpage régulier, mais ils sont plutôt vers le milieu et la fin du poème : "avait gardé", "ces goûts bénis", "m'aura sculpté". Le cas le plus troublant est le suivant : "Son compagnon, le fou, portait l'oreille en pointe." C'est le seul vers de l'ensemble où l'alexandrin cherche à dominer le trimètre, le seul ! La maîtrise du jeu de Coran est total jusqu'à ce petit vers qui estompe au maximum la forme du trimètre. Notez que Coran ne compose pas des trimètres appuyés sur des répétitions et des symétries. Et surtout, il a habilement évité que la forme ternaire ne soit trop accentuée. Prenez le troisième vers, après deux éléments distincts mais faiblement scandés : "La tête avait double visage", le poète émiette le troisième membre rythmique : "un sage, un fou", et à l'avant-dernier vers, il reprend les mots "sage" et "fou" dans un trimètre où les deux premiers membres sont plus nettement scandés et où le troisième membre toujours divisé en deux a tout de même un balancement interne : "Oui, c'est bien moi, tel qu'en mes vers, mi-fous, mi-sages[.]]
Armand Renaud innovait dans la forme avec son recueil des Nuits persanes et dans le présent poème c'est le cas de Coran, cas exceptionnel, mais cas réel. Cela rend piquante l'idée de dire que Coran et Renaud sont rompus aux formes vieilles (Rimbaud a écrit "Rompue" sur le manuscrit, sans doute parce qu'il a dû modifier sa phrase en même temps qu'il la transcrivait).
Le poème "Alter ego" est le troisième de Coran que je vous propose de rapprocher de la lecture du "Masque" de Baudelaire, et je pense que vous comprenez très vite de quoi je parle.
Un fait amusant encore à observer, c'est que Coran développe le motif des yeux de faune dans un poème qui bascule du modèle de l'alexandrin au pur poème en trimètres. Au début de l'année 1872, Rimbaud compose un premier poème "nouvelle manière" où la métrique est tellement chahutée que les rimbaldiens n'arrivent pas à reconnaître la mesure traditionnelle pourtant clairement énoncée par la reprise "Dans la feuillée" des deux premiers vers. Même Benoît de Cornulier n'a pas su identifier la césure du poème, et il a proposé en parfaite contradiction avec les principes de son livre Théorie du vers l'idée que le poème changeait de mesure approximative quatrain par quatrain : 4-6, 5-5, 6-4, lecture qui fait hélas consensus, alors que j'ai clairement montré statistiquement que c'était la lecture régulière 4-6 traditionnel qui devait primer.
En revanche, dans l'édition définitive de ses Poésies, tome III, l'autre poème qui nous intéresse pour son audace métrique ne figurait pas dans le recueil de 1869, il semble s'agir d'une composition plus tardive, vers 1873. Ce poème s'intitule "Sur l'herbe", comme un clin d'oeil aux Fêtes galantes de Verlaine si on peut dire, et il a pour sous-titre "(Rhythme brisé)". Il s'agit d'un poème tout en distiques, ce qui va dans le sens d'une allusion au recueil de Verlaine se terminant notamment par les distiques de "Colloque sentimental". Le poème de Coran alterne alexandrin et vers de dix syllabes aux deux hémistiches de cinq syllabes.

Suprême orgueil de l'homme, ô soif de l'Infini,
           Je puis te subir ; t'abreuver ? nenni !

Mon esprit n'entre pas dans l'inintelligible :
            Qu'il s'enferme heureux dans le Beau tangible !

Pour nombrer l'éternel, mesurer l'absolu, -
             Mes ans, mes calculs n'auraient rien valu.

Je plains vos long discours, docte métaphysique :
             L'inconnu n'admet rien que la musique.

Laissez les sons plonger dans l'Océan divin ;
             Les mots, prose ou vers, le sondent en vain.

Que n'ai-je, au lieu de plume, une réelle lyre !
             Je modulerais un vague délire.

A défaut d'harmonie, essaye, ô ma raison,
             Le silence ému dans l'humble gazon.

Couché la face en l'air, sous le céleste abîme,
             De l'universel j'ai l'instinct sublime ;

Mais, vision sacrée, extatiques amours,
            Je vous sens venir... Raison, au secours !

Vous, distiques ici, saccadés par prudence,
            Des alexandrins rompez la cadence,

De peur que leur accord, lyrisme harmonieux,
             M'entraîne à chercher le secret des cieux.
En lisant ce poème, je songe à "Mystique" des Illuminations, mais Rimbaud a-t-il jamais lu cette pièce de Coran cette fois ?
J'offrirai un complément sur Coran, mais désormais il existe enfin un article de référence pour ces deux pièces métriques particulières. Les métriciens Cornulier, Gouvard, Bobillot, etc., n'en ont jamais parlé à ma connaissance.

1 commentaire:

  1. Je vais publier un article sur les poèmes à Ninon de Coran qui vaudra complément, mais j'ai aussi un article à faire sur Auguste de Châtillon. J'ai identifié quelques sources à certains poèmes de Rimbaud...

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