Bon, dans une époque de sombres crétins, je mets encore des articles en ligne où j'étudie la poésie.
J'ai aussi des doutes sur mes lecteurs. Les deux articles "Le Voyage mental" ont eu moins de succès que les articles "trois erreurs d'approche d'un tel", etc. L'article sur le schéma narratif avec son titre qui fait réfléchir est dans la même impasse.
A part ça, j'ai étudié de près deux article sur Une saison en enfer. J'exploite le livre Lectures des Poésies et d'Une saison en enfer de Rimbaud, dirigé par Murphy et paru aux Presses Universitaires, en 2009.
Un de mes articles y figure. Il est excellent, malgré une partie centrale à corriger sur le poison et Nuit de l'enfer, et encore c'est instructif. Il y a d'ailleurs dans ce volume collectif l'article de Laurent Zimmermann sur le poison qui tout en se maintenant dans une thèse erronée remet bien en cause la thèse du poison baptême ou conversion. Il y a l'article de Pierre Laforgue sur les "damnés de la terre". Et puis, il y a l'article d'Henri Scepi : "Logique de la damnation", dont je vais prochainement rendre compte. Cela fait au moins quatre articles de référence. J'ai laissé mon livre dans une autre pièce, donc je ne sais plus ce que je peux citer d'autre comme bons articles précisément dans ce volume-là, lequel volume n'a que la moitié de ses articles consacrés à Une saison en enfer. Mais, bref, c'est un ouvrage de référence. Puis, il y a un article dont je vais rendre compte, celui de Vincent Vivès sur "l'usage des intensités". Je vais le décortiquer, parce que c'est un article complètement lunaire sous une apparence sérieuse. Le propos tenu se développe de manière suivie et nourrie, comme si c'était sérieux, sauf que les raisonnements sont pleins de failles et les affirmations impromptues, sans aucune justification, créent une patine qui endort efficacement la vigilance, encore que ça reste une lecture très floue malgré tout. Puis, j'ai une super idée qui m'est venue. Le critique littéraire peut jouer aux écrivains qui a des traits de plume, des saillies d'esprit, en rédigeant un article d'étude littéraire. Et il y a une sorte de légitimité qui lui est spontanément accordée, puisqu'il vaut mieux que le critique littéraire sache un tant soit peu lui-même pratiquer la rhétorique et les tours stylistiques des bons écrivains, cela va donner une impression de maîtrise du domaine, si pas du sujet. Puis, si les gens comme moi contestent, on va se retrouver avec l'éternelle blague : quand c'est un poète qui le fait, c'est bien, quand c'est un critique, c'est mal. Je vais donc essayer de montrer que le critique littéraire ne fait pas la même chose qu'un grand écrivain en dépit des apparences. Je vais faire éclater la bulle. Je vois à peu près ce que je dois faire et l'article de Vivès va me servir de galop d'essai, pour après faire quelque chose de plus d'ampleur. Puis, je vais épingler aussi des analyses biaisées. Pour "ça ne veut pas rien dire", Vivès prétend que le sens ne saurait être : "ça veut dire quelque chose", car c'est la double négation qu'il faut commenter, et il part dans une analyse étymologique : "rien" vient du latin res, rem, ce dont on se contrefiche bien pas mal ici, et il finit par ne garder que ce qui est en-dehors de la double négation (drôle de façon de la considérer comme importante) pour retenir "ça veut dire", et là il part dans le vouloir-dire hors-sens des intensités.
Je vais mettre un peu de temps à rédiger l'article, mais bon je pense qu'il est grand temps de s'attaquer à cette façon d'écrire et de penser.
Pour "ça ne veut pas rien dire", la double négation s'explique tout simplement par l'idée qu'un propos peut en rapporter un autre. Le professeur dirait : "ça ne veut rien dire", le poète dit : "non", et au lieu d'écrire ça en plusieurs phrases, il envoie à la tête du phrase : "ça ne veut pas rien dire." Autrement dit, il l'anticipe et ne lui laisse pas le temps de se braquer.
Il faut arrêter les délires interprétatifs, alors que la beauté d'écriture de "ça ne veut pas rien dire" elle est de bon sens dans ce que je viens de préciser.
Pour l'article de Scepi, d'abord, il y a un passage où il dit à peu près ce que je dis : l'histoire est avant tout un récit par les livres d'une histoire officielle avec ses codes, etc. Il cite un peu plus loin les passages sur les souvenirs et met ça en relation avec l'idées des images. Bref, sans s'y confondre, il approche de très près ma propre lecture sur les références nécessairement livresques de l'histoire de France dans "Mauvais sang" et il manque de peu l'élucidation du principe du souvenir.
Il prend aussi le temps de dire que l'enfer n'est pas celui d'Hadès, mais celui de l'axiologie chrétienne, on pourrait croire à une vérité de La Palice, mais ce n'est pas si anodin que ça de le rappeler.
Et puis, il prend pour référence le mythe romantique du damné et il précise que, normalement dans le cadre romantique, le damné, qui est par définition voué au mal, incarne un héroïsme qui va modifier la société et qui va être rédempteur. Et Scepi va un peu développer que le cas est différent dans Une saison en enfer, mais à mon sens Scepi n'a pas pris la pleine mesure du contraste entre le modèle romantique rédempteur et le modèle rimbaldien. En effet, je vais encore travailler l'article, mais même si cet article me plaît, j'ai l'impression que mes raisonnements vont plus loin sur la non-correspondance du modèle au héros d'Une saison en enfer. Donc ce sera un article de compte rendu, mais où je vais profiter d'une idée qu'il met en place pour creuser d'une façon mienne ma propre perception de la fin de la damnation. Je ne vais pas renouveler ma lecture qui est déjà très ferme, mais peut-être que je vais trouver le terrain qui permettra de mieux me faire comprendre auprès du public rimbaldien. Je sens qu'il y a un truc à jouer, donc je vais faire ça dans les jours à venir.
En vérité, j'ai pas mal d'autres boulots en cours, donc ça risque de traîner dix jours, mais j'y attache de l'importance.
A bientôt !
Vos devoirs pendant ce temps : lire les articles récents de ce blog que vous avez négligés, manifester contre l'envoi de troupes françaises en Ukraine, participer à une demande de destitution de Macron, écrire publiquement et massivement des articles contre l'emprise des Etats-Unis et la corruptions des dirigeants et partis politiques des pays de l'Union européenne.
Bye !
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