samedi 6 janvier 2024

"Avril-août, 1873", "printemps" "idiot", "déjà l'automne", lettre à Andrieu, le naufrage de la Saison !

Je vous offre deux articles en un et bien sûr des idées originales sur Une saison en enfer.

Le premier point que je tiens à soulever, c'est la délimitation de la "saison" vécue par le poète se croyant en enfer.
La prose liminaire indique la venue du printemps et la section "Adieu" l'arrivée de l'automne. On dirait bien que le poète a délimité un cadre pour dire que la "saison" infernale s'est déroulée l'été, mais sous la forme inversée d'une nuit mentale. Et, en guise de péritexte, nous avons cette mention tout de même inhabituelle : le poète a daté la période de composition de son livre avec la mention finale "avril-août , 1873", ce qui coïncide exactement avec ce que nous apprend d'un côté la lettre à Delahaye de mai 1873 sur le "Livre païen" avec trois histoires déjà écrites, un tiers du projet en cours, et, de l'autre côté, la mise sous presse du livre Une saison en enfer par l'imprimeur Poot en septembre 1873. Je me suis rendu compte soudainement que la date "avril-août, 1873" est un complément à la fiction qu'on a eu tort de traiter au plan biographique. Je vais vous expliquer tout ça dans ce qui va suivre.
Le deuxième point que je vais traiter plus loin, ça va être un nouvel éclairage sur l'abandon exprès d'Une saison en enfer par Rimbaud. Et je vais mettre cela en relation avec le cas des Romances sans paroles.

Donc, Rimbaud a daté son œuvre Une saison en enfer non pas simplement du moment où il a achevé son récit, mais il a voulu exhiber les dates butoirs, début et fin, de la composition, et apparemment en toute sincérité : "avril-août, 1873." Les auteurs et notamment les poètes n'ont pas pour usage de mettre une date à la fin de leur création. Ils vont plutôt dater une préface, un avant-propos. L'année de publication apparaîtra sur la couverture, sur une page mentionnant le travail d'impression, et bien sûr sur les recensions officielles des publications du moment. La simple mention "1873" serait passée inaperçue, mais Rimbaud a précisé la durée que lui a pris sa rédaction. Cela coïncide avec les données biographiques comme nous l'avons dit plus haut. Rimbaud semble avoir commencé la composition de la Saison à Roches lors de son retour en France, en avril 1873, et au cours du mois de mai il avait déjà composé trois histoires qui remaniées semblent à coup sûr former le tout de "Mauvais sang", éventuellement "Mauvais sang" et "Nuit de l'enfer". La détention de certains brouillons par Verlaine permet d'affirmer que Rimbaud avait déjà composé "Mauvais sang", "Nuit de l'enfer" et "Alchimie du verbe" avant le mois de juillet 1873, et on peut raisonnablement penser qu'il en allait de même des sections "Vierge folle" et "L'Impossible". Rimbaud a encore composé jusqu'à sa rencontre avec Verlaine à Bruxelles et le coup de feu du 10 juillet. On peut parier que malgré le libellé de la justice belge sur une blessure à la main empêchant Rimbaud d'exercer son métier (belle note humoristique si vous songez à "Mauvais sang", avouez que vous n'y aviez jamais pensé !) la composition a continué lors du séjour à l'hôpital. Rimbaud a eu une permission le 19 juillet qui, selon toute vraisemblance, au-delà des péripéties liées à l'arrestation de Verlaine et aux frais de Rimbaud pour son hospitalisation et son retour à Charleville, a permis de rencontrer l'imprimeur Poot. Rimbaud n'a certainement pas quitté la ville de son futur imprimeur pour ne le contacter qu'à Charleville, et il va de soi que le 19 juillet le projet était déjà très avancé. Rimbaud n'aurait eu aucune raison autrement de précipiter la rencontre d'un imprimeur. On sait que son projet de "livre" était arrêté déjà en mai 1873, vu la lettre à Delahaye. Les rimbaldiens qui attribuent une valeur importante au coup de feu du 10 juillet n'ont rien compris aux données qui nous sont parvenues sur la genèse de ce livre. Mais, évidemment, la finition doit bien dater du mois d'août, c'est la date revendiquée par Rimbaud à la fin de son récit, et cela cadre avec le délai de mise sous presse en septembre 1873. Rimbaud viendra à Bruxelles récupérer des exemplaires de sa Saison en enfer à la toute fin du mois d'octobre, au moment même où Verlaine, si je ne m'abuse, change de prison, passant de Bruxelles à la ville de Mons, petite ville, mais chef-lieu de la province du Hainaut. En 2023, Mons est une ville de presque 100.000 habitants avec une agglomération de 300.000 habitants. En comparaison, Valenciennes, capitale du Hainaut français, est une ville de 40.000 habitants avec une agglomération de 330.000 habitants. Maubeuge, l'autre ville française proche de Mons, compte 30.000 habitants et une agglomération de 110.000 habitants. Et puis, la troisième ville française peu éloignée de Mons, c'est tout simplement Douai (Cambrai est à peu près à même distance), ville de Douai importante en Rimbaldie, qui a une population de 40.000 habitants et une agglomération de 500.000 habitants. La ligne de chemin de fer entre Bruxelles et Mons avait été créée en 1841. Pour rappel, la ville natale de Rimbaud, Charleville, est certes proche de la frontière belge, mais du côté des Ardennes. A l'est de Charleville, il y avait la ville de Bouillon où Verlaine et Rimbaud se donnaient rendez-vous avec Delahaye en mai 1873, mais c'était dans la province du Luxembourg, quand Verlaine résidait dans sa famille belge, et c'était donc à l'opposé de la direction de Mons. Le contour de la frontière franco-belge étant bien irrégulier, par le nord, pour aller en Belgique, il faut soit rejoindre Rocroi, soit rejoindre Givet dans une espèce de golfe français s'encastrant dans le territoire belge, pour atteindre respectivement les provinces du Hainaut (Chimay) ou de Namur (Dinant). En clair, Mons, excentré tout à l'ouest, n'était pas sur la route directe reliant Bruxelles à Charleville. Et avec le parcours de nos poètes en juillet 1872, nous savons que le trajet de Charleville à Bruxelles se faisait plus volontiers par la ligne de chemin de fer liée à l'exploitation du charbon qui passait par Walcourt et Charleroi (provinces de Namur, puis du Hainaut, mais sans passer par Mons). Charleroi est à l'est de Mons, plus à l'intérieur de la Belgique et bien dans l'axe vertical Charleville-Bruxelles, et c'est la plus grande ville francophone de Belgique avec Liège : 200.000 habitants (agglomération de 425.000), compte non tenu de la capitale, même si le chef-lieu est Mons. En clair, si Rimbaud est allé à Mons porter un exemplaire d'Une saison en enfer à Verlaine, c'est que sa relation à Verlaine lui tenait encore à cœur.
Pourquoi diable Rimbaud a-t-il voulu préciser les dates butoirs de sa composition ? Est-ce que cela a un lien si intime avec les données biographiques ? Cela inclut le drame conclusif de la relation avec Verlaine, mais le mois d'avril correspondait à un retour en France, et le projet de livre est antérieur au coup de feu du 10 juillet. On peut imaginer que Rimbaud saisisse rétrospectivement le prétexte du drame de Bruxelles. A la marge, le "dernier couac !" de la prose liminaire entre en résonance avec le drame du coup de feu, même si je m'empresse de bien maintenir que le lien n'est pas admissible au plan du régime de fiction d'Une saison en enfer qui parle de comportement suicidaire personnelle au poète. On peut imaginer à la marge que Rimbaud rédigeait la section "L'Eclair" à l'hôpital entre le 10 et le 19 juillet, d'où l'idée d'introduire sa description en tant que convalescent en milieu hospitalier. Et bien sûr, le drame de Bruxelles est partie prenante d'un drame infernal, drame au demeurant non raconté dans "Vierge folle", ce qui prouve que le récit n'est pas pleinement biographique comme on le prétend. Bref, il y aurait une coloration affective à la marge, sauf que ça ne tient pas. Rimbaud a eu une relation de plusieurs années avec Verlaine. Il l'a sans doute rencontré au printemps 1871 à Paris, et, en tout cas, ils furent souvent ensemble de la mi-septembre 1871 au 10 juillet 1873. La mention "août" est proche de l'événement de juillet, mais la mention "avril" ne renvoie à rien au plan biographique.
Puis, s'il est question de transposer en récit infernal la vie biographique de Rimbaud, il est clair qu'il n'y a aucune raison de prendre au sérieux la délimitation "avril-août" comme correspondant approximativement à une saison (une partie du printemps, une partie de l'été). La section "Alchimie du verbe" contient des poèmes qui, quand nous connaissons leurs datations, furent composés au printemps 1872, sinon en août 1872.
Et c'est pour cela que très vite nous renonçons à considérer l'importance de cette datation "avril-août, 1873". Nous méprisons même la virgule. Rimbaud ou l'imprimeur Poot ont fait une erreur, ils auraient dû écrire : "Avril-août 1873." Nous ne concevons même pas que la virgule a un important effet de mise en relief, parce que je suis convaincu que Rimbaud a mis exprès cette virgule pour que nous pensions que l'espace qui va de avril à août correspond à une sorte de saison.
Et, là, j'en viens à mon idée nouvelle. C'est que, quasi personne ne devant connaître les faits biographiques réels concernant Rimbaud et Verlaine parmi les lecteurs attendus, Rimbaud n'a pas du tout cherché à exhiber une dimension biographique, mais cette datation "avril-août" fait résolument partie du régime fictionnel. Le poète dit clairement à son lecteur que le récit raconte "une saison en enfer" qui est allée du mois d'avril au mois d'août 1873. Cela coïncide avec la réalité du temps de composition, mais c'est ce qui a trompé les rimbaldiens sur son emploi, car Rimbaud voulait réellement que les lecteurs pensent que les "feuillets" du "carnet de damné" soient perçus comme une suite d'impressions composées sur l'espace d'une saison de cinq mois, saisons au sens mixte de printemps et d'été, ce qui au demeurant est un mélange déjà effectué dans les poèmes en vers de 1872 : songeons à la variante de titre de "Bannières de mai" à "Patience d'un été" en tête de la série des "Fêtes de la patience".
Bien sûr, vous allez me dire que la prose liminaire et les poèmes en vers de 1872 contenus dans "Alchimie du verbe" s'opposent à cette thèse. Pour les poèmes en vers de 1872, une fois non admis biographiques dans le régime de fiction, on pourrait les coincer éventuellement de la période avril-août 1873, mais le commentaire en prose les accompagnant déroule un certain récit, et de toute façon le récit de la prose liminaire suffit à faire entendre que cette délimitation pose problème. Oui, mais le problème ne se pose que si nous considérons que l'abandon au mal du poète est tout entier lové dans la délimitation saisonnière. La section "Mauvais sang" suffit à nous avertir que ce n'est pas si simple. Je vous propose donc de traiter cette idée calmement, étape par étape.
Nous avons en effet une preuve de l'intention de Rimbaud de délimiter la saison entre "avril" et "août", dans la mesure où l'arrivée du printemps est exhibée dans la prose liminaire et la mention d'une surprise de l'annonce de l'automne dans "Adieu". Certes, il y a un important degré d'anticipation de l'automne en plein mois d'août. Mais, quelque part, les enfants qui rentrent à l'école au début du mois de septembre ne prennent-ils pas déjà le pli de la fin de l'été ? Les approximations ne sont pas un véritable problème. Le récit aurait été spirituellement assez gâché si une correspondance stricte avait été respectée.
Ceci dit, autant la mention de l'automne est imparable pour situer la fin du récit dans le temps, autant la mention "printemps" est prise dans un récit qui suppose de nombreux événements la précédant. Et vous m'excuserez de développer les réflexions les plus triviales sur la temporalité du récit pour donner du corps à la réflexion. Donc, le poète s'est révolté un certain soir contre la Beauté et contre la justice, et il s'est affronté au moins en pensée aux bourreaux, aux fléaux, à l'espérance humaine, puis il s'est allongé dans la boue et laissé séché. Toutes ces actions pourraient être faites en une seule journée, voire en une seule soirée. On a l'impression peut-être d'une certaine étendue du temps pour s'armer contre la justice, s'enfuir et confier son trésor, mais le poète n'a fait qu'appeler les bourreaux et les fléaux, n'a fait qu'exécuter l'espérance humaine et la joie en esprit. Tout cela peut se faire en quelques heures d'agitation mentale, et s'allonger dans la boue, puis se sécher, cela a pu se faire le lendemain de l'injure faite à la beauté.
Toutefois, il est impossible de réduire cela à l'écoulement d'une soirée ou de deux jours. Il est clair que l'arrivée du printemps suppose qu'il s'est passé un certain temps : "Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot." En clair, la révolte contre la Beauté a pu avoir lieu en hiver, en automne, et voire dans un cas extrême, en été. Je rappelle que je fais exprès de raisonner trivialement. Du coup, il serait plus logique en régime fictionnel de considérer que la saison implique plusieurs saisons, au minimum un recoupement hiver, printemps, été de la seule année 1873. le mot "saison" perd même sa raison d'être, puisqu'il ne signifie plus rien qu'une période vaguement délimitée de l'existence d'un homme. De plus, après le "printemps", nous avons une autre ellipse temporelle, puisque le poète dit que "tout dernièrement" il a failli mourir, ce qui suppose que du temps s'est passé entre la révélation d'idiotie du printemps et le risque de "couac !" mais aussi entre le risque de "couac !" et le temps de composition de la prose liminaire.
Et, de toute façon, le temps de la saison doit correspondre aux feuillets de celui qui se présente explicitement comme un damné. Donc, le poète a écrit tous les feuillets pendant la saison passée en enfer, puisqu'il se dit damné, sans oublier que dans "Nuit de l'enfer" il formule une loi cartésienne selon laquelle qui croit être en enfer s'y retrouve de facto. C'est la loi de la cogitation infernale pour ainsi dire.
Or, "Mauvais sang" suppose un développement temporel long dans son récit, avec des rappels à l'enfance et à un refus du christianisme qui ne date pas d'hier. C'est là qu'il faut comprendre la subtilité du récit. Le livre s'appelle Une saison en enfer et il est la collection de textes d'une sorte de journal intime composés pendant cette saison qui va d'avril à août 1873 (Rimbaud confondant cela avec la réalité biographique de la composition par jeu). Peu importe que "Mauvais sang" et "Alchimie du verbe" traitent d'événements sur du temps long, ce qui appartient au temps de la "saison", c'est la composition des proses. La "saison en enfer" correspond au temps de l'écriture des sections de "Mauvais sang" à "Adieu", et pas du tout à l'étude chronologique des faits du récit. Le poète admirait le "forçat" "Encore tout enfant", cela veut dire qu'il s'agit d'un fait du passé antérieur à la "saison en enfer".
En quelque sorte, on pourrait dire que le poète était déjà en enfer au vu de son comportement, il n'aurait pas passé qu'une saison en enfer. La "saison en enfer", ce ne serait que la partie de son séjour en enfer où il a cherché à faire une mise au point. Le récit infernal ne serait donc concerné que par le propos de l'alinéa suivant de la prose liminaire :
   Or, tout dernièrement m'étant trouvé sur le point de faire le dernier couac ! j'ai songé à rechercher la clef du festin ancien où je reprendrais peut-être appétit.
Et, de fait, il est bien sensible que les feuillets du damné correspondent à un discours organisé, même si les articulations ne sont pas fournies en toute clarté aux lecteurs, discours organisé autour de la question centrale : comment échapper à la mort et à l'enfer.
De fait, on peut comprendre que les sections "Mauvais sang", "Vierge folle" et "Alchimie du verbe" font les bilans d'expériences qui excèdent le cadre de la "Saison". En clair, le poète écrit "Mauvais sang", "Vierge folle" et "Alchimie du verbe", quand il se sent en enfer et veut s'en sortir, mais en faisant une mise au point sur des événements antérieurs, et "Mauvais sang" parle d'un état de "race inférieure" qui préexiste à l'idée de saison, puisqu'il s'agit d'un état établi pour lui "de toute éternité", et donc d'un état attaché à sa naissance.
Mais, on le sent, cette lecture offre encore des difficultés résiduelles. On a bien l'impression avec le titre Une saison en enfer que le poète ne fait de passage en enfer que le temps d'une saison. On sent bien que l'idée est bâtarde de faire croire que le poète ne raconte que sa dernière saison en enfer, ce qui est d'ailleurs inexact, puisqu'il parle de son lointain passé.
Normalement, le séjour infernal pour les lecteurs commence avec l'injure à la Beauté qui a éclaté "Un soir" bien avant le mois d'avril 1873 de printemps (pensé ici au plan du régime de fiction). Et c'est là que le mot de Rimbaud sur "l'exécution du catéchisme" prend tout son sens. Le poète ne se percevait pas en enfer malgré sa rage satanique, malgré son "mauvais sang". Il n'entre en enfer qu'à partir du moment où il y réfléchit et donc se croit en enfer. Evidemment, on a une preuve narrative de cette subtilité avec la section "Nuit de l'enfer" et son ouverture : "J'ai avalé une fameuse gorgée de poison." Le poète constate alors que la nuit "roule dans ses yeux", etc. Donc, "Mauvais sang" décrit ce qu'était le poète avant son basculement en enfer. Et comme beaucoup de rimbaldiens le disent, la plongée en enfer devient effective avec "Nuit de l'enfer", tandis que la remontée va s'effectuer dans les trois dernières sections, avec le "à présent je me révolte contre la mort" de "L'Eclair". L'enfer est un lieu extérieur à la vie. La lueur apparaît avec "Matin" où donc on comprend que le poète est comme dans un couloir avec la lumière du jour au bout, et puis "Adieu" consacre la sortie. Le problème, c'est que "Vierge folle" et "Alchimie du verbe" parlent toujours d'expériences plus anciennes, tandis que "Mauvais sang" non seulement parle d'expériences plus anciennes, mais est supposé se dérouler avant la plongée infernale de "Nuit de l'enfer".
C'est là que la subtilité du "je me crois en enfer, donc j'y suis" doit être prise en considération. Le poète plonge en enfer dès le commencement de rédaction de "Mauvais sang", puisque cela fait partie du "carnet de damné". Le simple fait de passer son temps à fixer par écrit une réalité d'être de mauvais sang relève d'une prise de conscience qui vaut plongée en enfer.
La section "Mauvais sang" décrit clairement le propos de Satan : "Tu resteras hyène", à tel point que je suis convaincu que la phrase, d'ailleurs si belle rythmiquement : "j'ai toujours été race inférieure", n'est pas gâchée par une coquille, mais authentiquement rimbaldienne. Les deux expressions sont elliptiques : "Tu resteras une hyène" et "J'ai toujours été de race inférieure", rendues en "Tu resteras hyène", et "j'ai toujours été race inférieure". Certes, il y a bien : "je suis de race inférieure de toute éternité", sauf que "je suis race inférieure de toute éternité" ne passe pas aussi bien en style. Il faudrait croire que le prote belge a oublié un mot créant un effet rythmique de génie renforçant le lien avec "Tu resteras hyène". Pourquoi ne pas croire à deux coquilles du prote tant qu'on y est. Il est impossible d'affirmer qu'il y a là une coquille, le sens n'est nullement altéré, la grammaire s'y retrouve sans être véritablement bancale. En clair, il n'y a aucune raison légitime pour polir l'énoncé. Il faut le maintenir tel quel. Il est efficace et il est dans l'esprit du discours, dans l'esprit stylistique du récit. Il faut le garder, faute de preuve d'une volonté de langage plus châtié de la part du poète.
Vous pouvez chercher, il n'existe aucune manière plus logique, plus aboutie de poser que le récit correspond bien à une saison comme période intégrale de passage en enfer. Les actes de "Mauvais sang" n'étaient pas encore une vie en enfer. Ecrire "Mauvais sang", c'est méditer sur son état et enfin croire être en enfer. Partant de là, le poète agit alors pour s'en sortir.
Je veux bien qu'il y ait d'inévitables difficultés résiduelles, qu'on aille débusquer que dans tel récit du passé le poète conçoit déjà sa pente infernale, mais à un moment donné il faut laisser de côté les discours de pinailleurs. On a un schéma bien établi très intéressant.
Evidemment, il me faudra revenir sur l'identification exacte du "poison". Je me garde ça pour une tentative critique ultérieure.
Obnubilés par les repères biographiques, nous avions donc tous tant que nous sommes mépriser l'idée que la mention "avril-août" avait un sens fictionnel. Et, surtout, vous comprenez maintenant comme le feuillet "Mauvais sang" écrit en "avril" en régime de fiction (accordé à un fait biographique du côté de l'auteur) peut dater le début de l'enfer du "tout dernièrement" après le "printemps" amenant au "rire de l'idiot".


Passons maintenant au deuxième point que je voulais développer dans cet article.
Depuis la révélation de la lettre à Andrieu, les rimbaldiens ont négligé un point important quant aux vœux d'être publié de Rimbaud, du moins d'après le peu que j'ai lu autour de cette lettre.
En mai 1873, Rimbaud est dans la ferme familiale de Roches. Ainsi que Verlaine, il a quitté Londres, il est revenu en France en avril. Verlaine est entre la France et la Belgique. En mai, Verlaine réside dans la province du Luxembourg, et du coup, Verlaine et Rimbaud se rencontrent de temps en temps à mi-chemin l'un de l'autre, dans la ville belge frontalière de Bouillon. Delahaye devient alors plus que jamais un complice des deux poètes. Cette fois, Delahaye est le compagnon des deux poètes en même temps lors de telles escapades. Or, Rimbaud était monté à Paris en septembre 1871 pour s'imposer dans le milieu littéraire. Il avait déjà publié dans quelques revues auparavant, avait travaillé pour l'une d'elles le Progrès des Ardennes et il avait même tenté sa chance avec le Nord-Est dont il est question dans la lettre à Delahaye de mai 1873. A Paris, personne ne s'est empressé de publier un quelconque poème de Rimbaud. Il a été mis en attente indéfinie, et ça a durée presque dix mois. Evidemment, le comportement de Rimbaud y est pour quelque chose, surtout à partir de mars 1872 avec l'incident Carjat. Toutefois, il a déjà dû bien patienter de la mi-septembre 1871 au 02 mars 1872, cela faisait déjà cinq mois et demi qu'il rongeait son frein. C'est énorme, mine de rien. On ne parle pas de publier un recueil, mais de placer un poème dans une revue. Certes, le projet à venir de la revue La Renaissance littéraire et artistique pouvait l'inciter à être patient quelque peu, sauf qu'après l'incident Carjat Rimbaud ne pouvait plus être prioritaire pour un milieu mondain où tous les écrivains soit se connaissent, soit sont au courant des potins concernant les collègues. Rimbaud a été agacé comme il l'a fait savoir dans une lettre de juin 1872 à Delahaye où la merde est partout et méritée pour la revue. Rimbaud et Verlaine sont partis pour la Belgique, pays réputé plus libre en fait de publications, et pays qui avait son lot de réfugiés communards potentiellement sympathiques au poète. Je ne sais pas si les poursuites de la femme de Verlaine, sinon celles de la mère de Rimbaud, ont joué, mais la situation belge n'a pas paru satisfaisante aux deux poètes au cours du mois d'août. Ils ont embarqué pour l'Angleterre, mais cela ajoutait encore deux mois perdus pour publier dans le curriculum vitae rimbaldien. Le séjour londonien était moins favorable à des publications de poèmes en français, surtout si l'objectif est d'avoir un certain retentissement. Les séjours en Angleterre sont de l'ordre des voyages dont les écrivains feront ensuite une relation à leur retour en France. L'Angleterre est aussi l'occasion de découvrir le vrai monde artistique de la révolution industrielle. Le travail du fer, les miracles nouveaux, c'est avant tout anglais. La Tour Eiffel de fin de dix-neuvième siècle ne doit pas donner d'illusions rétrospectives. Il y a eu un retour en France en hiver de Rimbaud, mais en avril c'est un retour printanier plus particulier, et loin de l'expérience révélatrice d'un "affreux rire de l'idiot", nous sommes au contraire dans l'ambition cette fois de décoller au plan littéraire avec un livre. Rimbaud n'a guère d'accès à des publications de poèmes dans la presse, il a déjà éprouvé cette difficulté, il choisit de tout miser sur un livre. Alors, le sujet grave et sérieux du livre, c'est un autre débat, mais concrètement le poète veut enfin se lancer avec une œuvre qui fasse parler de lui. Il le dit clairement à Delahaye et ceux qui disent que le projet était peu ébauché et a été profondément remanié pour passer de "Livre païen" à Une saison en enfer vont plus que vite en besogne, sans rien pour étayer leurs dires. Vous voulez débattre des différents titres auxquels songèrent un Stendhal pour Le Rouge et le Noir, un Hugo pour Les Misérables, et ainsi de suite ? On se permet de supposer des variations du projet sur un changement de titre, comme si c'était si simple de dérouler tout un récit supposé à partir d'un titre.
Mais, surtout, dans la même lettre à Delahaye, ce qui est frappant c'est que Rimbaud parle en même temps de son livre et du recueil à venir de Verlaine qui n'est autre que Romances sans paroles. Il est question du choix de l'imprimeur pour le recueil de Verlaine. Notons un fait particulier. Les poèmes ont aussi une datation biographique suivie section par section, ce que nous retrouvons donc dans l'édition originale de 1874, puisqu'évidemment le drame de Bruxelles a retardé la publication de ce livre.
La stratégie littéraire de Verlaine et de Rimbaud, c'était de publier chacun un ouvrage au même moment, pour éventuellement ensuite se soutenir mutuellement dans les déclarations en public.
Le recueil de Verlaine était composé de poèmes plus anciens, des poèmes composés de mai 1872 à octobre 1872 en gros, avec un ajout final d'un poème daté d'avril 1873 "Beams". Notez que le recueil de l'un se finit, quand l'autre commence "avril-août 1873". Notez que la section "Vierge folle" dont on prétend qu'elle est une charge contre Verlaine est plutôt d'inspiration verlainienne, d'un côté avec l'exemple du poème "Birds in the night" des Romances sans paroles, de l'autre avec les nouveaux projets en cours de Verlaine de récits diaboliques genre Amoureuse du diable", "La Grâce", "L'Impénitence finale", etc.
Rimbaud et Verlaine composent chacun de leur côté tant qu'ils sont en France ou en Belgique, ils repartent à Londres, ils composent dans la promiscuité, puis Verlaine quitte soudainement l'Angleterre et il y a eu une dispute violente avec Rimbaud qui se le reproche comme l'attestent les courriers de début juillet récupérés par la justice belge. Rimbaud est resté quelques jours seuls, il a sans doute fait avancer son projet. En revanche, autour du 10 juillet, nous avons quelques jours intenses où la poésie n'a pas vraiment eu sa place. Dès le séjour à l'hôpital, esprit calme ou pas, il en alla différemment.
Or, malgré son incarcération, Verlaine va assurer la publication des Romances sans paroles, même si ça va subir un délai jusqu'en mars 1874.
Dans l'intervalle, Rimbaud contacte l'imprimeur Poot, date la plus vraisemblable du 19 juillet avec un ouvrage sans doute déjà quasi fini ou peu s'en faut, et de l'argent lui est octroyé pour lancer la mise sous presse. Il restait un solde à payer. Le livre ne peut être vendu sans débourser ce solde. Rimbaud parvient à obtenir quelques exemplaires à titre d'auteur, et là il va se contenter d'en diffuser à quelques amis, un exemplaire est transmis à Verlaine incarcéré à Mons. Les rimbaldiens actent un renoncement immédiat, du moins ils parlent de l'événement comme si Rimbaud renonçait immédiatement sur un coup de tête. En réalité, il faut nourrir l'événement d'un certain contexte.
Rimbaud a manqué d'argent, mais ce n'est pas le véritable problème. Les rimbaldiens s'arrêtent à l'idée que faute d'argent le projet est abandonné. Mais les livres existaient. Rimbaud aurait pu patienter pour rassembler la somme, il pouvait relancer le projet. C'est à ça qu'il faut réfléchir si on veut comprendre ce qu'il s'est passé. Evidemment, même sans trop se creuser de questions, on comprend que Rimbaud considérait qu'avec l'incarcération de Verlaine il était inutile d'espérer faire la promotion du livre Une saison en enfer. Payer le solde, c'était perdre de l'argent pour un livre invendable. Rimbaud pouvait se dire cyniquement que le livre imprimé existait matériellement et qu'un jour il pourrait l'exhiber à nouveau, le faire imprimer ailleurs, légalement ou non vis-à-vis de l'imprimeur Poot. Peu importe ! Dans l'immédiat, il ne voyait qu'une perte d'argent inutile et il avait fait un passage à Paris pour sonder le terrain.
En revanche, le projet de Verlaine est allé à terme, et c'est pour cela que je trouve capital de citer la lettre de juin 1874 à Andrieu dans ce débat sur le naufrage de la Saison à cause de Rimbaud lui-même ne l'ayant pas lancée du tout. En juin 1874, la publication des Romances sans paroles est toute récente, on sent que la promotion ne prend pas, que le monde parisien juge le condamné Verlaine, mais c'est à la limite une période où on peut encore espérer un sursaut. Et c'est à ce moment-là que Rimbaud écrit à Andrieu un projet de livre, une sorte d'Histoire splendide qui a beaucoup à voir avec les sections "Mauvais sang" et "L'Impossible" d'Une saison en enfer, les implications biographiques sulfureuses en moins. Je pense que Rimbaud comprenait que le contenu même d'Une saison en enfer pesait contre lui après l'incarcération de Verlaine et il était donc passé à un tout autre projet de livre, puisque je rappelle que si Rimbaud veut publier un livre avec le soutien d'Andrieu, c'est que s'il reçoit de l'argent alors qu'il pourrait relancer Une saison en enfer, livre dont les exemplaires existent, sont disponibles, il va le mettre dans un autre travail d'impression à quelques centaines d'exemplaires.
J'avoue ne pas avoir lu attentivement ce qui s'est écrit sur la lettre à Andrieu, mais je n'ai pas l'impression que son importance a été cernée en ce qui concerne Une saison en enfer. Le plus dingue, c'est que c'est au hasard de mes lectures que je me suis rendu compte de l'importance de Quinet comme source à Une saison en enfer avant de constater l'argument massue en ce sens que m'offrait la lettre à Andrieu, lettre de juin 1874 à trois mois de distance de l'édition en mars des Romances sans paroles !

5 commentaires:

  1. Encore un article coup de massue donc, et pensez à lire celui intitulé "Réflexions". Je remarque que vous avez des choix un peu mal influencés, vous privilégiez les débuts de comptes rendus d'actualités, des articles dont le titre précis vous inspire, ou si j'enchaîne rapidement deux articles vous lisez le dernier pas l'avant-dernier, ce n'est pas systématique, puisque tous mes articles sont lus, mais j'observe les variations.
    En tout cas, là, ça devient criant. Comme tous les rimbaldiens, ceux de la Parade sauvage qui m'ont laissé la clef ou les autres, et comme moi, et les amateurs de Rimbaud d'un jour, et le reste, vous vous dites que le milieu littéraire aurait dû aider à publier un poème de Rimbaud rapidement en 1871-1872, les dirigeants de la revue auraient dû manger un peu leur chapeau vu l'enjeu, et ici, toute proportion gardée, c'est pareil. Alors, le critique littéraire vient après l'auteur et n'est pas un découvreur scientifique premier, il occupe une place secondaire par rapport aux artistes, mais vu les implications pour le futur des écrivains, il va bien falloir que mes mises au point remontent. Des gens achètent des revues Le Magazine littéraire ou Lire ou la Revue des deux mondes, etc., etc., ils font des conférences universitaires, des tas de gens publient sur Rimbaud et donc trouvent encore plus d'acheteurs.
    Là, au niveau de la mise au point, on est au top niveau. J'élucide les énigmes de l'énonciation confuse rimbaldienne dans Une saison en enfer, j'arrive à trouver la voie rationnelle dans les aspérités du texte. Je ne fais pas du Rimbaud non trouvé ou de la Saison dont si nous avions la clef elle ne vaudrait pas la peine d'être lue. Là, ça envoie, c'est de l'intelligence pure sur la temporalité de la saison ce qui a au-dessus, c'est pas j'ai relevé des indices, il y a une capacité à concevoir l'enfer comme une croyance mentale dans le temps fictif de l'écriture. C'est du top niveau. Plus ça va, plus le mutisme des rimbaldiens prend l'eau.
    A part ça, je lis comme livre d'Augustin Thierry Essai sur l'Histoire de la formation et des progrès du tiers état. Je me fais mal aux yeux avec une édition de 1893 (mais auteur mort en 1856). Je ne vois pas des sources de réécritures, pour l'instant, mais je peux déjà produire un article sur le caractère de réponse de "Mauvais sang" à ce genre de discours.

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    1. De toute façon, à un moment donné, vous allez devoir me solliciter pour publier mes articles. Il y en a bien parmi vous qui ne se sentent pas impliqués depuis une décennie dans le mutisme volontaire et dans les minorations arrangées.
      Et je maintiens que Frémy en directeur de la revue Parade sauvage avec une thèse vague sur l'énergie ça a donné un contrôle anormal sur l'évolution des publications rimbaldiennes, puisqu'il a dirigé des ouvrages collectifs à plusieurs niveaux (édition Rimbaud / Verlaine, numéros de revues, plus Revue Verlaine avec Parade sauvage) et on a tout le tralala de "nous la gentille communauté bienveillante", bienveillante eu égard au jeu de se placer dans les publications, oui ! On me reproche de critiquer l'influence de Bardel à cheval sur son site et la revue Parade sauvage, il en est à publié une édition fac-similaire d'Une saison en enfer sans analyse réelle du fac-similé, en survolant les données sur les prétendues coquilles (il a juste lu ce que disait Guyaux dans la Pléiade), il affirme péremptoirement que la Vierge folle c'est Verlaine et que le récit est pour régler des comptes avec lui. Il y a un soutien mutuel entre Vaillant et Bardel pour leurs livres, la revue Parade sauvage va encenser les deux livres, et le site de Bardel va filtrer la "vérité officielle" de la revue Parade sauvage où les membres ont bien sûr un silence qui laisse faire pour de bonnes raisons tactiques. C'est facile de dire que ce n'est pas leur affaire, Bardel fait ce qu'il veut. Le livre de Vaillant, on en voit aussi les limites, j'ai pointé l'illusion sur le secret de fabrication. Fabula va recenser les deux livres, et malgré la présence du blog de Jacques Bienvenu il n'y a pas de contrepoids à la vérité officielle. La revue Rimbaud vivant n'est pas un contrepoids à la lecture des articles des intervenants, et cette revue jouit d'un a priori négatif de toute façon, c'est la revue à défaut pour les rimbaldiens malgré son renouveau il y a quinze ans environ.
      J'ai raison, ou j'ai tort ?
      Et ce serait aussi inquiétant que celui qui a la clef de la parade sauvage n'appartienne pas à la parade sauvage. Je vous laisse méditer ça.

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  2. Je reviens sur la question de l'identification de la Vierge folle à Verlaine.
    En gros, quand il a composé les poèmes des Romances sans paroles, qu'il ait eu ou non déjà une idée précise du recueil qu'il allait nous pondre, Verlaine exposait en poésies des relations biographiques, en l'occurrence un triangle amoureux entre lui, sa femme Mathilde et Rimbaud. Les poèmes s'adressent plutôt à Rimbaud, tandis que "Beams" est une allégorie de ce qui rapproche Rimbaud et Verlaine (et non pas Rimbaud bien sûr), mais il y a quelques poèmes sur Mathilde dont Birds in the night, long poème dont la nature de plaidoyer par l'homme Verlaine est à rapprocher de "Vierge folle" qui est une confession par la femme (laquelle s'inspire de Verlaine).
    Dans "Vierge folle", Rimbaud s'inspire aussi de poèmes sur des querelles entre mari et femme avec une pente diabolique du récit : "La Grâce", "Amoureuse du diable" et "L'Impénitence finale", trois poèmes proches de "Crimen amoris" qui allaient être inclus dans Cellulairement et finir dans Jadis et naguère. Et ces poèmes ne sont pas de repentance chrétienne et Verlaine se montre plus proche des hommes sataniques que des femmes éplorées dans l'esprit de tels poèmes si on peut dire.
    Donc, "Vierge folle" s'inspire de poèmes de Verlaine et de l'expérience vécue par Rimbaud dans son compagnonnage avec le même Verlaine, compagnonnage qui équivalait à une vie commune mari et femme d'une certaine façon.
    Mais autant Romances sans paroles est clairement au niveau de la lecture biographique et la favorise, autant Une saison en enfer c'est un écrit de Rimbaud. Oui, il n'hésite pas à écrire à titre personnel. Et il témoigne bien d'un échec de vie de couple déréglée vouée à Satan. Mais Rimbaud demeure dans un cadre homme et femme du récit, il donne à son propos une dimension générale.
    Quant à imiter le style de Verlaine, j'ai montré que c'était faux. Il n'imite pas Verlaine, le style est même identique avec ce qu'on a dans "Mauvais sang", "Nuit de l'enfer", etc.
    Et surtout, il ne charge pas Verlaine et dire que Verlaine était déjà prêt à se reconvertir, c'est dire quelque chose sans preuve, qui ne colle pas avec les poèmes d'époque de Verlaine et on sent bien que le récit ne met pas en boîte un Verlaine repentant. Oui, dans ses beuveries, on peut parier qu'il se repentait, surtout en parlant de rejoindre sa femme. Mais si Rimbaud avait voulu charger Verlaine il aurait traité la contradiction de comportement de Verlaine : Mathilde et la respectabilité ou Rimbaud et la déconnade exaltante, il faut choisir. Vierge folle ne correspond pas à un portrait fidèle de Verlaine.

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  3. Au fait, serai-je le premier à parler d'actualité rimbaldienne lambda relayée dans la presse ? Il parait que le manuscrit de "L'Eternité" et deux lettres de Rimbaud dont les ventes viennent de faire grand bruit sont finalement données à la ville de Rimbaud et Delahaye par l'acquéreur. Article de L'Ardennais qui n'est pas Darzens qui m'a été conseillé sur mon smartphone (oui, j'appelle ça un smartphone).

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  4. Je me demande jusqu'où peut baisser la moyenne d'âge pour être président ou Premier ministre. Macron et Attal, ils ont 14 ans à eux deux ?

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