Petit article du matin après avoir bu mon café et avant d'aller travailler. J'ai acheté un groupe de cinq articles en format informatique du livre collectif dirigé par Judith Wulf Le XIXe siècle à la loupe, hommage à Steve Murphy chez les Classiques Garnier. J'ai pris l'article de Bardel car je prévois bien évidemment de démonter tout son discours quand son livre sortira en octobre. Il y a l'article de Goujon avec les deux sonnets inédits et autographes de Mérat qui n'ont pas été inclus dans le recueil L'Idole et où il y a un vers faux, j'ai buté sur un vers où il y a la mention "à ce point", il y a une syllabe de trop, non ?J'en reparlerai, j'ai pris l'article de Richter sur la synesthésie, en remarquant que Richter fait partie des rimbaldiens qui continuent d'employer le mot "voyance" proscrit depuis 1980 environ. Cette proscription concerne la revue Parade sauvage, mais aussi d'autres rimbaldiens puisque c'est André Guyaux qui a souligné que Rimbaud n'employait jamais ce mot tel quel, puis cela a été relayé par Fongaro et Reboul notamment. Le terme "voyance" aurait des connotations plus folkloriques que le terme "voyant" que Rimbaud reprend à Hugo, Vigny, etc.
Enfin, je me suis pris l'article d'Henri Scepi qui est une lecture du chapitre "Adieu" d'Une saison en enfer. L'article est assez abstrait, je vais devoir le lire à tête reposée, là je l'ai juste survolé, mais une phrase m'a fait tiquer au tout début : l'Adieu a été précédé par "je disais adieu au monde dans d'espèces de romances" dans "Alchimie du verbe". Pour moi, ce n'est pas un lien logique qui va de soi, c'est même un contresens. Dans "Alchimie du verbe", le poète décrit le passé où il souhaitait encore la mort, où il se révoltait contre ce monde justement. Le poète disait "adieu au monde dans d'espèces de romances", mais "Cela s'est passé. Je sais aujourd'hui saluer la beauté."
Cela rejoint justement le lien des sections "Matin" et "Adieu" que commente Scepi au début de son article. Scepi dit que Matin comme Adieu claironnent des étapes finales de l'épreuve infernale. Or, Matin, c'est le moment où les choses se renversent et Adieu c'est le bilan qu'on fait une fois que le Matin est acquis. Le "Matin" doit nous rappeler la phrase de la prose liminaire : "Et le printemps m'a apporté l'affreux rire de l'idiot". Désormais, le poète sait reconnaître un matin et il sait accepter le spectacle des "splendides villes" sans l'injurier.
Mais cela est très vite complexe à commenter, vous avez besoin de ménagements. En revanche, vous pouvez d'ores et déjà entendre l'opposition entre un "adieu au monde" qui est du côté du "dernier couac" et aussi plus clairement encore qui est du côté de l'abandon à l'enfer, puisque l'adieu au monde c'est le choix de l'enfer en principe, même pas du paradis, et l'adieu à l'enfer lui-même qui par définition est le contraire de l'adieu au monde.
Evidemment, on peut louvoyer en disant que l'adieu du poète est fait à son attitude passée plutôt qu'à l'enfer, mais dans la logique du récit c'est la même chose dépasser sa révolte passée c'est sortir de l'enfer.
Je note que Scepi sur les débats autour du récit "Adieu" mentionne un article de Murphy sur les derniers vers et la Saison qui fait une synthèse du débat, synthèse intéressée d'ailleurs, puisque Murphy veut soutenir que les derniers poèmes en vers non datés sont postérieurs au mois d'août 1872, ce que les progrès ne cessent de fragiliser : "Juillet" date probablement du séjour belge de juillet-août 1872, malgré la thèse de lecture de Cornulier qui d'ailleurs passe après la période à boucher septembre 72-mars 73, "Michel et Christine" est rapproché de "Malines" d'août 1872, "Famille maudite" pour "Mémoire" favorise l'idée d'une composition d'avant juillet 1872, le poème "Les Corbeaux" date de mars 1872 et en tout cas d'avant le fait d'envoyer chier la revue dans laquelle il a été publié...
Enfin, bref !
Je traiterai bientôt de la lecture dans "Adieu" en confrontant tout ce qu'on dit les rimbaldiens auparavant. Je rappelle aussi que pour "l'enfer des femmes" et "absolument moderne", j'ai cité des sources du côté d'Alexandre Dumas fils dans des articles mis en ligne sur ce blog il y a un an ou moins ou à peine plus.
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Je cherchais des comptes rendus du livre d'Odile Hamot, je n'en trouve pas sur internet, pas même sur Fabula. 55 euros au format PDF, c'est un peu rebutant pour moi. Le début de l'introduction m'inquiète énormément, la table des matières avec les titres des sous-parties me semble catastrophique. Il faudra pourtant que j'y jette un oeil.
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