vendredi 8 août 2025

Article "speed" 3 : compte rendu par anticipation du livre de Bardel sur les Illuminations

Pour connaître l'actualité des publications rimbaldiennes, je consulte régulièrement le site d'Alain Bardel, et voilà que je tombe sur l'annonce de son nouveau livre Les Illuminations ou Rimbaud l'Obscur. Ce livre sortira en octobre 2025 et aura à peu près le même format que son livre sur Une saison en enfer avec une similaire couverture verte.
J'en profite au passage pour commenter la page des actualités ce 8 août 2025 à midi.
On a quatre colonnes avec autant de photographies de première de couverture et défilent de gauche à droite quatre publications, à gauche celle à paraître de Bardel sur Les Illuminations, puis nous avons le fac-similé d'Une saison en enfer d'Oriol qui est en lien avec le premier livre de Bardel, puis la couverture du dernier numéro de Parade sauvage auquel Bardel a participé et enfin le livre d'Odile Hamot, dont je constate qu'il n'a fait l'objet d'aucun article de Bardel, ce qui est mauvais signe. Si le livre avait été marquant, Bardel aurait placé une étude de ce que l'autrice disait d'intéressant sur tel sujet. Là, néant.
Notons que plus bas, à droite, on a une autre publication d'actualité lié à la revue Parade sauvage et plus précisément un "Hommage à Steve Murphy". Les aléas peuvent jouer, mais on a une vitrine Bardel-Murphy-Parade sauvage.
Bardel a supprimé son dernier article sur la pagination des Illuminations, mais on voit que plusieurs de ses derniers articles portent sur ce recueil (au sens neutre) et précisément sur la pagination, avec un parti pris anormal puisqu'il a été prouvé que la pagination n'était pas de Rimbaud.
Donc, Bardel s'appuie sur les dates commémoratives pour publier deux ouvrages sur les principaux écrits en prose de Rimbaud : 2023 les cent cinquante ans d'Une saison en enfer et 2025 les cent cinquante ans des Illuminations partant de l'idée d'un recueil remis entre les mains de Verlaine fin février 1875.
Il se peut que le hasard joue dans le cas des Illuminations, puisqu'il fallait laisser du temps après le premier ouvrage, tandis que le choix du mois d'octobre n'a pas de signification ici. A part que Bardel aime bien contrarier des gens comme moi et Rimbaud qui avons notre anniversaire les 18 ou 20 octobre avec une espèce de cadeau empoisonné.
Parlons-en du poison.
Vu les articles claironnants l'authenticité de la pagination, contre les preuves et les faits, sur son site, jusqu'à une date récente, on comprend que Bardel s'est tu sur son site parce que le tour vient de son livre et que celui-ci va prendre le relais.
C'est pour ça que si j'avais voulu j'aurais pu faire un compte rendu amusant du livre à venir. Mon idée était plus cruelle encore, puisque je prévoyais de faire un compte rendu comme si nous étions en 2036. En 2036, je suppose qu'il y aura les commémorations de la publication même d'Une saison en enfer et des Illuminations, et en déambulant dans les rues j'imaginais un compte rendu rétrospectif avec tout le recul des dix, onze ans écoulés de 2025 à 2036. Je rigolais tout seul. En 2036, plusieurs rimbaldiens ne seront plus là ou n'auront plus la moindre activité publique. On peut se demander qui sera à la tête des études rimbaldiennes, des publications, qui organisera des colloques, des séminaires, des conférences, des recueils collectifs...
De 2009 à 2012 environ, plusieurs rimbaldiens nés dans la décennie 1940 environ ou un peu autour, ont publié leurs livres sur Rimbaud, notamment dans les collections des Classiques Garnier, ils ont souvent publié un recueil des articles récapitulatifs en gros de leur carrière, et en prenant soin bien évidemment de ne pas me mettre en avant, sinon le plus à la marge : ce fut le cas aussi de Bruno Claisse qui s'est ingénié à ne pas me citer sur les poèmes en prose tout en reprochant à Guyaux de ne pas me mentionner pour la source de l'alexandrin solitaire attribué à Ricard dans l'Album zutique, sachant que l'intertexte de Leconte de Lisle dans "Soir historique" vient de moi et que mon antériorité est constatable sur le forum de discussion des archives du site en principe canadien poetes.com. J'avais donné cette source à Bruno Claisse à Paris en juin 2003. Le livre augmenté L'Art de Rimbaud de Murat a augmenté le déni, et il y a eu le scandale du livre de Bernard Teyssèdre où mes découvertes étaient admises en notes de fin d'ouvrage et en bibliographie mais significativement tues dans le corps de l'ouvrage et tenues comme des découvertes du domaine public, alors qu'on ne fait cela avec aucun rimbaldien installé. Et cela était fait sans anticiper que j'allais couper les ponts avec la revue Parade sauvage. C'est psychologiquement que les rimbaldiens installés font un blocage, sauf qu'évidemment avec le temps ils sont tout surpris de voir que ça se retourne contre eux, mais sans jamais changer leur fusil d'épaule. Ils vont persévérer.
 C'est pour ça que c'est intéressant de penser déjà à 2036, parce qu'une lame de fond va finir' par renouveler le personnel rimbaldien, et au-delà des justices à rendre à certains vrais découvreurs, sujet sur lequel je ne me fais pas beaucoup d'illusions, il va y avoir aussi un déverrouillage des consensus rimbaldiens erronés, parfois même trafiqués.
En gros, dans deux mois, Bardel va publier un livre qui va agacer les gens comme moi, puisque sans parler de toutes les inconnues des citations et non citations, on sait que ça va être un ouvrage qui va défendre la pagination autographe contre les faits, les preuves, et on sait que les gens ne réagiront qu'aux paroles d'autorité comme on sait qu'avec l'article de Marc Dominicy sur les vers de "L'Homme juste" il y a une volonté de déni qui défie toute raison dans le milieu des rimbaldiens de la revue Parade sauvage. Puis, les rimbaldiens ont d'autres arguments qu'ils n'appellent pas des cordes à leur arc, mais de la légitimité. On peut faire ce qu'on veut et écrire ce qu'on veut en publiant sur Rimbaud. On est libre de ses convictions et de ses choix. Et aussi on est libre de ne pas écrire sur Rimbaud, de ne pas réagir à la publication de quelqu'un. La pagination n'est pas autographe, on le sait, mais Murphy n'est jamais revenu publiquement sur ce débat pour dire s'il avait quelque chose à changer à son article paru dans le numéro 1 de la revue Histoires littéraires. Et, normalement, il était engagé à le faire dans son édition des Oeuvres complètes d'Arthur Rimbaud chez Honoré Champion, où il manque significativement le tome III consacré en partie à l'établissement du texte des Illuminations.
Cela ne coûte rien d'écrire un article pour réagir au débat dans une revue. Pourquoi n'est-ce pas fait ? Michel Murat qui comme beaucoup étaient convaincus par l'étude de 2001 a reconnu que ça ne tenait plus dans le Dictionnaire Rimbaud paru en 2001. Mais il y a tous ceux qui ont été enthousiates, qui ont été acquis, qui l'ont écrit, puis qui n'en parlent plus.
C'est pour ça que l'idée de compte rendu anticipé est marrante et plus marrante encore si on se projette en 2036. Les digues vont rompre d'ici là. Au passage, il n'est même pas exclu que je sois de nouveau en avant dans les publications en vue. Qu'est-ce que vous en savez que je suis retiré à jamais, au fait ? Alain Vaillant, un chouya plus jeune que la plupart des rimbaldiens célèbres, devait prendre la relève, mais il a déjà publié des synthèses, livres ou articles, et il est déjà un peu démonétisé. Il aura peut-être du contrôle par son poids universitaire. Il va surtout y avoir une influence croissante d'Adrien Cavallaro qui annonce une édition des œuvres complètes de Rimbaud si j'ai bien compris, mais il n'a pour l'instant aucun apport personnel majeur, il n'est pas non plus dans la ligne de la revue Parade sauvage sur certains sujets et notamment sur les prétendus recueils, notamment il conteste comme moi, Guyaux et Bienvenu l'idée du "Recueil Demeny", fumisterie sans nom. Et dans ce recul de dix ou onze ans, en 2036, les gens ils se demanderont pourquoi les rimbaldiens publiaient des articles en se taisant scrupuleusement sur l'analyse des Illuminations en tant que recueil articulé ou non, pourquoi ils laissaient passer que la pagination était autographe ? On se demandera aussi comment ils pouvaient penser que David Ducoffre enfonçait des portes ouvertes en commentant "s'ouvraient tous les coeurs" et "La charité est cette clef". Sur "L'Homme juste", le rire va devenir public. Mais il y a aussi un autre truc intéressant. J'imaginais un compte rendu de 2036 où j'épinglais les propos des diverses recensions suite à la publication du livre de Bardel. Et c'est pour cela que mon compte rendu par anticipation je ne peux pas le mener à bien ici, puisqu'il faudrait faire dire à certains rimbaldiens ce que je les sens capables de dire, sauf que du coup j'influencerais justement leurs choix à venir.
Mais ça va être marrant de lire ce qu'ils vont pondre comme merveilles. Je sens qu'on va bien rire. Et si vous êtes perspicaces, vous l'avez compris ! Le livre de Bardel, pas fait par Murphy ou un universitaire, ce sera le chant du cygne de la thèse de la pagination autographe et du recueil bien organisé dans son défilement de poèmes. Après cette publication, il n'y aura plus de publication de cet ordre d'envergure, sauf à imaginer qu'un rimbaldien célèbre en prenne le risque. Ce sera aussi un chant du cygne parce que l'essentiel sera la collecte des recensions. Les rimbaldiens seront obligés de prendre position, ou ils continueront de se taire à leur grand dam. C'est le début de la fin, et ça c'est réjouissant.
Enfin, Bardel a un peu raté son projet final. Il avait la chance sur les poèmes en prose de fournir des commentaires moins aventureux que sur Une saison en enfer ou sur les poèmes en vers. Il y aura moins de lectures biographiques invraisemblables, moins de considérations psychologiques bizarres, moins de considérations farfelues. Le texte des poèmes en prose se prête déjà moins à ces dérives et Bardel avait le double mérite d'avoir considéré Bruno Claisse comme le principal commentaire de ces proses et en même temps de connaître à fond toute la littérature critique au sujet de cet ensemble de compositions. Et il pouvait recadrer des analyses socio-politiques. Et là, on le voit sur son blog, il revient à des interprétations biographiques quant à "Jeunesse", et surtout il passe son temps à chercher à justifier la thèse murphyenne de la pagination autographe. Il est dans la conviction que Murphy est un philologue rimbaldien qui surclasse tout le monde et qu'on ne saurait le contredire sur quelque chose d'aussi gros et qui a dans un premier temps eu une vraie faveur parmi les rimbaldiens.
Il va se planter et ne s'en sortira que par la complaisance diplomatique de ses pairs. Oui, de ses pairs !

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